N°1-2006 Fiche n° 725 ! Environnement " Eucalyptus " TCR Eucalyptus et environnement sur les éventuels impacts environnementaux des plantations dans le contexte français. Cette Fiche Informations-Forêt présente une synthèse des réflexions et des études réalisées en France ou à l’étranger sur les thèmes du sol, de l’eau et de la biodiversité. Une ouverture est également faite sur la thématique de l’acceptation sociale. Le pH De manière générale, l’afforestation d’anciennes terres agricoles tend à faire baisser le pH car l’apport de matière organique et le processus d’humification conduisent à une acidification naturelle du milieu. En France, les relevés effectués sur des parcelles d’une dizaine d’années montrent une différence de quelques dixièmes de points pH par rapport à des peuplements feuillus mais ne révèlent pas de différence significative avec les sols agricoles adjacents. On retiendra que l’eucalyptus n’a pas de vertu améliorante sur ce paramètre mais ne conduit pas non plus à une acidification marquée. Les phénomènes de podzolization n’ont jamais été rencontrés. ! L’eucalyptus est l’une des principales espèces forestières plantées dans le monde. Sa forte croissance, la palette d’espèces disponibles et sa rusticité permettent d’établir rapidement une ressource et de répondre à des besoins divers, industriels (bois de trituration) ou domestiques (bois de chauffe, poteau). D’après la FAO, il y aurait actuellement environ 19 millions d’ha plantés dans plus de 37 pays. - FORÊT Les éléments minéraux Les exportations de biomasse (récolte du bois) occasionnent une perte en minéraux. C’est la répétition des récoltes selon une fréquence élevée qui peut occasionner un appauvrissement des sols s’il n’y a pas une compensation suffisante par des apports extérieurs (dépôt atmosphérique, altération des minéraux du sol, fertilisation, rémanents d’exploitation laissés sur coupe, écorçage). En France, les peuplements sont conduits en Taillis sur des rotations d’une dizaine d’années. Les houppiers ne sont pas valorisés et restent sur coupe. Dans ces conditions, les exportations minérales sont très inférieures à celles de nombreuses récoltes agricoles, excepté pour le calcium (FIF n° 646). L’écorçage, qui est maintenant réalisé de façon quasi systématique, permet en outre de restituer 30 % de l’azote (N) et du potassium (K), 10 % du phospore (P), 80 % du calcium (Ca) et 40 % du magnésium (Mg). En France, l’eucalyptus est planté depuis une vingtaine d’années dans le sud-ouest de la France. Un programme de développement a été initié par le groupe industriel TEMBEC pour l’approvisionnement d’une de ses usines de pâte à papier, située à St Gaudens. La surface plantée avoisine aujourd’hui 1500 ha situés essentiellement dans la région Midi-Pyrénées. Le souhait d’intégrer ce programme de développement de l’eucalyptus dans un cadre durable amène à s’interroger Des études réalisées au Congo1 et en Galice2 en intégrant les différents flux de minéraux montrent que sur des rotations d’une dizaine d’années, si les rémanents d’exploitation sont L’eucalyptus en taillis à courte rotation (TCR). Sylviculture intensive ou culture extensive ? 1 (1) Laclau, Ranger, Deleporte, Nouvellon, Saint-André, Marlet, Bouillet, 2005. Nutrient cycling in a clonal stand of eucalyptus and an adjacent savanna ecosystem in Congo. 3-Input-output budget and consequences for the sustainability of the plantations. Forest Ecology and Management 210 (2005) 375-391. (2) Dambrine, Vega, Taboada, Rodriguez, Fernandez, Macias, Gras, 2000. Bilans d’éléments minéraux dans de petits bassins versants forestiers de Galice (NW Espagne). Ann. For. Sci. 57 (2000) 23-38. - FORÊT L’eau laissés sur place et si l’on procède à un écorçage, il y a un relatif équilibre entre les exportations et les apports extérieurs pour les éléments P, K, Ca et Mg. Seul l’azote présente un déficit marqué. Les essais de fertilisation menés par l’AFOCEL en 1ère et 2ème rotation en Midi-Pyrénées ont montré cependant qu’un apport d’azote n’entraîne aucune augmentation significative de rendement. Les stocks minéraux des sols agricoles de Midi-Pyrénées semblent donc bien pourvus. Néanmoins, cet aspect devra être suivi. Bilan des minéraux majeurs d’une plantation d’eucalyptus selon différents scénarios de récolte au Congo (extrait de Laclau et al, 2005) 50 0 -50 -100 -150 -200 -250 N P K Ca Mg -300 Scénario 1 Scénario 2 Scénario 3 ! Disponibilité de l’eau dans le sol De manière générale, le prélèvement en eau d’un couvert forestier est supérieur à celui d’autres types de végétation. Il en découle des profils hydriques plus secs, notamment dans l’horizon de surface où se concentrent les racines. Plus généralement, l’afforestation d’anciennes parcelles cultivées, quelle que soit l’espèce utilisée, induit une diminution de la recharge du sol et de la disponibilité en eau, et peut réduire le rendement des bassins versants si la surface forestière est significative3,4,5. Ce qui caractérise l’eucalyptus, c’est une croissance rapide et un feuillage pérenne qui entraînent des consommations relativement élevées, du même ordre de grandeur que les résineux. La bibliographie rapporte en outre une tendance à favoriser le développement d’une couche hydrophobe de surface. Celle-ci pourrait rendre plus difficile l’humectation de l’horizon superficiel et contribuer à une plus grande sécheresse du sol en surface. Scénario 4 Scénario 1 : Récolte à diamètre 7 cm avec écorçage Scénario 2 : Scénario 1 et rémanents utilisés en bois de feu Scénario 3 : Récolte à diamètre 7 cm sans écorçage Scénario 4 : Récolte des arbres entiers ! La Le développement rapide et important de l’eucalyptus à travers le monde a suscité des controverses sur les impacts de ces plantations sur leur milieu. Aujourd’hui, les grandes plantations d’eucalyptus (plusieurs milliers d’ha) réalisées dans des pays comme le Brésil ou la péninsule ibérique véhiculent une image négative. INFORMATIONS EUCALYPTUS ET ENVIRONNEMENT Le sol Mots clés " INFORMATIONS AFOCEL matière organique indicatrice de la fertilité des sols ? L’eucalyptus restitue comme tout arbre une quantité importante de matière organique (MO) par sa litière (feuilles, écorces, etc.). Dans les conditions françaises, la litière générée ne s’accumule pas ; l’humus créé s’apparente à un mull. Des études australiennes ont montré dans le cas de plantations de prairies, une baisse de la biodégradabilité et des niveaux de minéralisation de la MO de l’eucalyptus. Une étude réalisée dans l’Aude, sur des plantations issues de friche acidiphile (FIF n° 701), a montré à l’inverse une stabilisation de la biomasse microbienne et une augmentation de la minéralisation du carbone et de l’azote. Qualité de la MO et fonctionnement biologique des sols sont autant d’indicateurs de la qualité des sols. Approfondir les recherches sur ce sujet doit permettre de mieux appréhender la question de la réversibilité des plantations. 2 Mais la consommation doit être mise en rapport avec les précipitations. La FAO (1993) donne les indications générales suivantes : - si les précipitations annuelles (P) sont inférieures à 400 mm, des cultures ne peuvent pas être menées conjointement ou à proximité de plantations d’eucalyptus, - si 400 mm<P<1200 mm, des plantations d’eucalyptus et des cultures peuvent être menées conjointement moyennant une gestion précautionneuse de l’eau, - si P>1200 mm, aucune précaution spéciale n’est nécessaire. restent encore à faire. Cependant, les premiers éléments bibliographiques indiquent que E. gunnii et E. gundal utilisés en France disposent d’un système racinaire essentiellement traçant qui ne leur permet pas d’aller puiser en profondeur les ressources en eau des nappes phréatiques. Evapotranspiration d’une plantation d’eucalyptus en fonction des précipitations annuelles moyennes pour les espèces (la majorité) disposant d’un contrôle stomatique de leur transpiration (FAO, 1993) Evapotranspiration en fonction des précipitations (mm/an) - FORÊT Bilan entrée/sortie (kg ha-1 rotation-1) INFORMATIONS Des études précises sur le comportement de l’eucalyptus dans le contexte de Midi-Pyrénées (3) Evans, 2001.The forest handbook. Vol 1. An overview of forest science. Ed Blackwell Science Ltd. 402 p. (4) Calder, 1992. Water use of eucalypts - a review. in Growth and use of forest plantations Calder, Hall, Adlard (eds) Wiley, Chichester, pp 167-179. (5) Andreassian, 2004. Waters and forests : from historical controversy to scientific debate. Journal of hydrology 291 (2004) 1-27. Pr éc ta ipi tio ns 3 000 2 500 mm 2 000 200 mm Evapotranspiratio n 1 000 1 500 mm 1 000 mm 400 400 mm 0 0 400 1 000 1 200 2 000 3 000 Précipitations annuelles (mm/an) 4 000 Ils valorisent l’eau superficielle et en situation de stress, ils régulent leur croissance par contrôle stomatique. Dans cette situation, des effets de concurrence peuvent exister soit avec la végétation du sous-étage, soit en bordure, avec les parcelles adjacentes. A l’échelle d’un bassin versant, il y a peu de risque d’incidence sur les rendements en eau compte tenu de la dispersion des parcelles et de leur taille limitée (dizaine d’ha). ! En Midi-Pyrénées, les précipitations s’échelonnent entre 650 mm/an (Blagnac) et 1100 mm/an (Tarbes). A certaines périodes de l’année, les précipitations sont inférieures à la demande potentielle des arbres. 4 000 Et la qualité de l’eau ? Les boisements peuvent jouer un rôle positif sur la qualité de l’eau en absorbant les fertilisants en excès, en fixant les métaux lourds ou en favorisant la dégradation des pesticides. L’eucalyptus, qui est planté en France préférentiellement en zones agricoles, pourrait ainsi avoir un rôle d’épurateur d’eau par rapport à des pollutions d’origine agricole. Cet aspect mériterait d’être étudié. Rappelons que l’itinéraire technique préconise une intervention très légère en phytocides ou engrais, et seulement à l’installation. 3 N°1-2006 Fiche n° 725 ! Environnement " Eucalyptus " TCR Eucalyptus et environnement sur les éventuels impacts environnementaux des plantations dans le contexte français. Cette Fiche Informations-Forêt présente une synthèse des réflexions et des études réalisées en France ou à l’étranger sur les thèmes du sol, de l’eau et de la biodiversité. Une ouverture est également faite sur la thématique de l’acceptation sociale. Le pH De manière générale, l’afforestation d’anciennes terres agricoles tend à faire baisser le pH car l’apport de matière organique et le processus d’humification conduisent à une acidification naturelle du milieu. En France, les relevés effectués sur des parcelles d’une dizaine d’années montrent une différence de quelques dixièmes de points pH par rapport à des peuplements feuillus mais ne révèlent pas de différence significative avec les sols agricoles adjacents. On retiendra que l’eucalyptus n’a pas de vertu améliorante sur ce paramètre mais ne conduit pas non plus à une acidification marquée. Les phénomènes de podzolization n’ont jamais été rencontrés. ! L’eucalyptus est l’une des principales espèces forestières plantées dans le monde. Sa forte croissance, la palette d’espèces disponibles et sa rusticité permettent d’établir rapidement une ressource et de répondre à des besoins divers, industriels (bois de trituration) ou domestiques (bois de chauffe, poteau). D’après la FAO, il y aurait actuellement environ 19 millions d’ha plantés dans plus de 37 pays. - FORÊT Les éléments minéraux Les exportations de biomasse (récolte du bois) occasionnent une perte en minéraux. C’est la répétition des récoltes selon une fréquence élevée qui peut occasionner un appauvrissement des sols s’il n’y a pas une compensation suffisante par des apports extérieurs (dépôt atmosphérique, altération des minéraux du sol, fertilisation, rémanents d’exploitation laissés sur coupe, écorçage). En France, les peuplements sont conduits en Taillis sur des rotations d’une dizaine d’années. Les houppiers ne sont pas valorisés et restent sur coupe. Dans ces conditions, les exportations minérales sont très inférieures à celles de nombreuses récoltes agricoles, excepté pour le calcium (FIF n° 646). L’écorçage, qui est maintenant réalisé de façon quasi systématique, permet en outre de restituer 30 % de l’azote (N) et du potassium (K), 10 % du phospore (P), 80 % du calcium (Ca) et 40 % du magnésium (Mg). En France, l’eucalyptus est planté depuis une vingtaine d’années dans le sud-ouest de la France. Un programme de développement a été initié par le groupe industriel TEMBEC pour l’approvisionnement d’une de ses usines de pâte à papier, située à St Gaudens. La surface plantée avoisine aujourd’hui 1500 ha situés essentiellement dans la région Midi-Pyrénées. Le souhait d’intégrer ce programme de développement de l’eucalyptus dans un cadre durable amène à s’interroger Des études réalisées au Congo1 et en Galice2 en intégrant les différents flux de minéraux montrent que sur des rotations d’une dizaine d’années, si les rémanents d’exploitation sont L’eucalyptus en taillis à courte rotation (TCR). Sylviculture intensive ou culture extensive ? 1 (1) Laclau, Ranger, Deleporte, Nouvellon, Saint-André, Marlet, Bouillet, 2005. Nutrient cycling in a clonal stand of eucalyptus and an adjacent savanna ecosystem in Congo. 3-Input-output budget and consequences for the sustainability of the plantations. Forest Ecology and Management 210 (2005) 375-391. (2) Dambrine, Vega, Taboada, Rodriguez, Fernandez, Macias, Gras, 2000. Bilans d’éléments minéraux dans de petits bassins versants forestiers de Galice (NW Espagne). Ann. For. Sci. 57 (2000) 23-38. - FORÊT L’eau laissés sur place et si l’on procède à un écorçage, il y a un relatif équilibre entre les exportations et les apports extérieurs pour les éléments P, K, Ca et Mg. Seul l’azote présente un déficit marqué. Les essais de fertilisation menés par l’AFOCEL en 1ère et 2ème rotation en Midi-Pyrénées ont montré cependant qu’un apport d’azote n’entraîne aucune augmentation significative de rendement. Les stocks minéraux des sols agricoles de Midi-Pyrénées semblent donc bien pourvus. Néanmoins, cet aspect devra être suivi. Bilan des minéraux majeurs d’une plantation d’eucalyptus selon différents scénarios de récolte au Congo (extrait de Laclau et al, 2005) 50 0 -50 -100 -150 -200 -250 N P K Ca Mg -300 Scénario 1 Scénario 2 Scénario 3 ! Disponibilité de l’eau dans le sol De manière générale, le prélèvement en eau d’un couvert forestier est supérieur à celui d’autres types de végétation. Il en découle des profils hydriques plus secs, notamment dans l’horizon de surface où se concentrent les racines. Plus généralement, l’afforestation d’anciennes parcelles cultivées, quelle que soit l’espèce utilisée, induit une diminution de la recharge du sol et de la disponibilité en eau, et peut réduire le rendement des bassins versants si la surface forestière est significative3,4,5. Ce qui caractérise l’eucalyptus, c’est une croissance rapide et un feuillage pérenne qui entraînent des consommations relativement élevées, du même ordre de grandeur que les résineux. La bibliographie rapporte en outre une tendance à favoriser le développement d’une couche hydrophobe de surface. Celle-ci pourrait rendre plus difficile l’humectation de l’horizon superficiel et contribuer à une plus grande sécheresse du sol en surface. Scénario 4 Scénario 1 : Récolte à diamètre 7 cm avec écorçage Scénario 2 : Scénario 1 et rémanents utilisés en bois de feu Scénario 3 : Récolte à diamètre 7 cm sans écorçage Scénario 4 : Récolte des arbres entiers ! La Le développement rapide et important de l’eucalyptus à travers le monde a suscité des controverses sur les impacts de ces plantations sur leur milieu. Aujourd’hui, les grandes plantations d’eucalyptus (plusieurs milliers d’ha) réalisées dans des pays comme le Brésil ou la péninsule ibérique véhiculent une image négative. INFORMATIONS EUCALYPTUS ET ENVIRONNEMENT Le sol Mots clés " INFORMATIONS AFOCEL matière organique indicatrice de la fertilité des sols ? L’eucalyptus restitue comme tout arbre une quantité importante de matière organique (MO) par sa litière (feuilles, écorces, etc.). Dans les conditions françaises, la litière générée ne s’accumule pas ; l’humus créé s’apparente à un mull. Des études australiennes ont montré dans le cas de plantations de prairies, une baisse de la biodégradabilité et des niveaux de minéralisation de la MO de l’eucalyptus. Une étude réalisée dans l’Aude, sur des plantations issues de friche acidiphile (FIF n° 701), a montré à l’inverse une stabilisation de la biomasse microbienne et une augmentation de la minéralisation du carbone et de l’azote. Qualité de la MO et fonctionnement biologique des sols sont autant d’indicateurs de la qualité des sols. Approfondir les recherches sur ce sujet doit permettre de mieux appréhender la question de la réversibilité des plantations. 2 Mais la consommation doit être mise en rapport avec les précipitations. La FAO (1993) donne les indications générales suivantes : - si les précipitations annuelles (P) sont inférieures à 400 mm, des cultures ne peuvent pas être menées conjointement ou à proximité de plantations d’eucalyptus, - si 400 mm<P<1200 mm, des plantations d’eucalyptus et des cultures peuvent être menées conjointement moyennant une gestion précautionneuse de l’eau, - si P>1200 mm, aucune précaution spéciale n’est nécessaire. restent encore à faire. Cependant, les premiers éléments bibliographiques indiquent que E. gunnii et E. gundal utilisés en France disposent d’un système racinaire essentiellement traçant qui ne leur permet pas d’aller puiser en profondeur les ressources en eau des nappes phréatiques. Evapotranspiration d’une plantation d’eucalyptus en fonction des précipitations annuelles moyennes pour les espèces (la majorité) disposant d’un contrôle stomatique de leur transpiration (FAO, 1993) Evapotranspiration en fonction des précipitations (mm/an) - FORÊT Bilan entrée/sortie (kg ha-1 rotation-1) INFORMATIONS Des études précises sur le comportement de l’eucalyptus dans le contexte de Midi-Pyrénées (3) Evans, 2001.The forest handbook. Vol 1. An overview of forest science. Ed Blackwell Science Ltd. 402 p. (4) Calder, 1992. Water use of eucalypts - a review. in Growth and use of forest plantations Calder, Hall, Adlard (eds) Wiley, Chichester, pp 167-179. (5) Andreassian, 2004. Waters and forests : from historical controversy to scientific debate. Journal of hydrology 291 (2004) 1-27. Pr éc ta ipi tio ns 3 000 2 500 mm 2 000 200 mm Evapotranspiratio n 1 000 1 500 mm 1 000 mm 400 400 mm 0 0 400 1 000 1 200 2 000 3 000 Précipitations annuelles (mm/an) 4 000 Ils valorisent l’eau superficielle et en situation de stress, ils régulent leur croissance par contrôle stomatique. Dans cette situation, des effets de concurrence peuvent exister soit avec la végétation du sous-étage, soit en bordure, avec les parcelles adjacentes. A l’échelle d’un bassin versant, il y a peu de risque d’incidence sur les rendements en eau compte tenu de la dispersion des parcelles et de leur taille limitée (dizaine d’ha). ! En Midi-Pyrénées, les précipitations s’échelonnent entre 650 mm/an (Blagnac) et 1100 mm/an (Tarbes). A certaines périodes de l’année, les précipitations sont inférieures à la demande potentielle des arbres. 4 000 Et la qualité de l’eau ? Les boisements peuvent jouer un rôle positif sur la qualité de l’eau en absorbant les fertilisants en excès, en fixant les métaux lourds ou en favorisant la dégradation des pesticides. L’eucalyptus, qui est planté en France préférentiellement en zones agricoles, pourrait ainsi avoir un rôle d’épurateur d’eau par rapport à des pollutions d’origine agricole. Cet aspect mériterait d’être étudié. Rappelons que l’itinéraire technique préconise une intervention très légère en phytocides ou engrais, et seulement à l’installation. 3 N°1-2006 Fiche n° 725 ! Environnement " Eucalyptus " TCR Eucalyptus et environnement sur les éventuels impacts environnementaux des plantations dans le contexte français. Cette Fiche Informations-Forêt présente une synthèse des réflexions et des études réalisées en France ou à l’étranger sur les thèmes du sol, de l’eau et de la biodiversité. Une ouverture est également faite sur la thématique de l’acceptation sociale. Le pH De manière générale, l’afforestation d’anciennes terres agricoles tend à faire baisser le pH car l’apport de matière organique et le processus d’humification conduisent à une acidification naturelle du milieu. En France, les relevés effectués sur des parcelles d’une dizaine d’années montrent une différence de quelques dixièmes de points pH par rapport à des peuplements feuillus mais ne révèlent pas de différence significative avec les sols agricoles adjacents. On retiendra que l’eucalyptus n’a pas de vertu améliorante sur ce paramètre mais ne conduit pas non plus à une acidification marquée. Les phénomènes de podzolization n’ont jamais été rencontrés. ! L’eucalyptus est l’une des principales espèces forestières plantées dans le monde. Sa forte croissance, la palette d’espèces disponibles et sa rusticité permettent d’établir rapidement une ressource et de répondre à des besoins divers, industriels (bois de trituration) ou domestiques (bois de chauffe, poteau). D’après la FAO, il y aurait actuellement environ 19 millions d’ha plantés dans plus de 37 pays. - FORÊT Les éléments minéraux Les exportations de biomasse (récolte du bois) occasionnent une perte en minéraux. C’est la répétition des récoltes selon une fréquence élevée qui peut occasionner un appauvrissement des sols s’il n’y a pas une compensation suffisante par des apports extérieurs (dépôt atmosphérique, altération des minéraux du sol, fertilisation, rémanents d’exploitation laissés sur coupe, écorçage). En France, les peuplements sont conduits en Taillis sur des rotations d’une dizaine d’années. Les houppiers ne sont pas valorisés et restent sur coupe. Dans ces conditions, les exportations minérales sont très inférieures à celles de nombreuses récoltes agricoles, excepté pour le calcium (FIF n° 646). L’écorçage, qui est maintenant réalisé de façon quasi systématique, permet en outre de restituer 30 % de l’azote (N) et du potassium (K), 10 % du phospore (P), 80 % du calcium (Ca) et 40 % du magnésium (Mg). En France, l’eucalyptus est planté depuis une vingtaine d’années dans le sud-ouest de la France. Un programme de développement a été initié par le groupe industriel TEMBEC pour l’approvisionnement d’une de ses usines de pâte à papier, située à St Gaudens. La surface plantée avoisine aujourd’hui 1500 ha situés essentiellement dans la région Midi-Pyrénées. Le souhait d’intégrer ce programme de développement de l’eucalyptus dans un cadre durable amène à s’interroger Des études réalisées au Congo1 et en Galice2 en intégrant les différents flux de minéraux montrent que sur des rotations d’une dizaine d’années, si les rémanents d’exploitation sont L’eucalyptus en taillis à courte rotation (TCR). Sylviculture intensive ou culture extensive ? 1 (1) Laclau, Ranger, Deleporte, Nouvellon, Saint-André, Marlet, Bouillet, 2005. Nutrient cycling in a clonal stand of eucalyptus and an adjacent savanna ecosystem in Congo. 3-Input-output budget and consequences for the sustainability of the plantations. Forest Ecology and Management 210 (2005) 375-391. (2) Dambrine, Vega, Taboada, Rodriguez, Fernandez, Macias, Gras, 2000. Bilans d’éléments minéraux dans de petits bassins versants forestiers de Galice (NW Espagne). Ann. For. Sci. 57 (2000) 23-38. - FORÊT L’eau laissés sur place et si l’on procède à un écorçage, il y a un relatif équilibre entre les exportations et les apports extérieurs pour les éléments P, K, Ca et Mg. Seul l’azote présente un déficit marqué. Les essais de fertilisation menés par l’AFOCEL en 1ère et 2ème rotation en Midi-Pyrénées ont montré cependant qu’un apport d’azote n’entraîne aucune augmentation significative de rendement. Les stocks minéraux des sols agricoles de Midi-Pyrénées semblent donc bien pourvus. Néanmoins, cet aspect devra être suivi. Bilan des minéraux majeurs d’une plantation d’eucalyptus selon différents scénarios de récolte au Congo (extrait de Laclau et al, 2005) 50 0 -50 -100 -150 -200 -250 N P K Ca Mg -300 Scénario 1 Scénario 2 Scénario 3 ! Disponibilité de l’eau dans le sol De manière générale, le prélèvement en eau d’un couvert forestier est supérieur à celui d’autres types de végétation. Il en découle des profils hydriques plus secs, notamment dans l’horizon de surface où se concentrent les racines. Plus généralement, l’afforestation d’anciennes parcelles cultivées, quelle que soit l’espèce utilisée, induit une diminution de la recharge du sol et de la disponibilité en eau, et peut réduire le rendement des bassins versants si la surface forestière est significative3,4,5. Ce qui caractérise l’eucalyptus, c’est une croissance rapide et un feuillage pérenne qui entraînent des consommations relativement élevées, du même ordre de grandeur que les résineux. La bibliographie rapporte en outre une tendance à favoriser le développement d’une couche hydrophobe de surface. Celle-ci pourrait rendre plus difficile l’humectation de l’horizon superficiel et contribuer à une plus grande sécheresse du sol en surface. Scénario 4 Scénario 1 : Récolte à diamètre 7 cm avec écorçage Scénario 2 : Scénario 1 et rémanents utilisés en bois de feu Scénario 3 : Récolte à diamètre 7 cm sans écorçage Scénario 4 : Récolte des arbres entiers ! La Le développement rapide et important de l’eucalyptus à travers le monde a suscité des controverses sur les impacts de ces plantations sur leur milieu. Aujourd’hui, les grandes plantations d’eucalyptus (plusieurs milliers d’ha) réalisées dans des pays comme le Brésil ou la péninsule ibérique véhiculent une image négative. INFORMATIONS EUCALYPTUS ET ENVIRONNEMENT Le sol Mots clés " INFORMATIONS AFOCEL matière organique indicatrice de la fertilité des sols ? L’eucalyptus restitue comme tout arbre une quantité importante de matière organique (MO) par sa litière (feuilles, écorces, etc.). Dans les conditions françaises, la litière générée ne s’accumule pas ; l’humus créé s’apparente à un mull. Des études australiennes ont montré dans le cas de plantations de prairies, une baisse de la biodégradabilité et des niveaux de minéralisation de la MO de l’eucalyptus. Une étude réalisée dans l’Aude, sur des plantations issues de friche acidiphile (FIF n° 701), a montré à l’inverse une stabilisation de la biomasse microbienne et une augmentation de la minéralisation du carbone et de l’azote. Qualité de la MO et fonctionnement biologique des sols sont autant d’indicateurs de la qualité des sols. Approfondir les recherches sur ce sujet doit permettre de mieux appréhender la question de la réversibilité des plantations. 2 Mais la consommation doit être mise en rapport avec les précipitations. La FAO (1993) donne les indications générales suivantes : - si les précipitations annuelles (P) sont inférieures à 400 mm, des cultures ne peuvent pas être menées conjointement ou à proximité de plantations d’eucalyptus, - si 400 mm<P<1200 mm, des plantations d’eucalyptus et des cultures peuvent être menées conjointement moyennant une gestion précautionneuse de l’eau, - si P>1200 mm, aucune précaution spéciale n’est nécessaire. restent encore à faire. Cependant, les premiers éléments bibliographiques indiquent que E. gunnii et E. gundal utilisés en France disposent d’un système racinaire essentiellement traçant qui ne leur permet pas d’aller puiser en profondeur les ressources en eau des nappes phréatiques. Evapotranspiration d’une plantation d’eucalyptus en fonction des précipitations annuelles moyennes pour les espèces (la majorité) disposant d’un contrôle stomatique de leur transpiration (FAO, 1993) Evapotranspiration en fonction des précipitations (mm/an) - FORÊT Bilan entrée/sortie (kg ha-1 rotation-1) INFORMATIONS Des études précises sur le comportement de l’eucalyptus dans le contexte de Midi-Pyrénées (3) Evans, 2001.The forest handbook. Vol 1. An overview of forest science. Ed Blackwell Science Ltd. 402 p. (4) Calder, 1992. Water use of eucalypts - a review. in Growth and use of forest plantations Calder, Hall, Adlard (eds) Wiley, Chichester, pp 167-179. (5) Andreassian, 2004. Waters and forests : from historical controversy to scientific debate. Journal of hydrology 291 (2004) 1-27. Pr éc ta ipi tio ns 3 000 2 500 mm 2 000 200 mm Evapotranspiratio n 1 000 1 500 mm 1 000 mm 400 400 mm 0 0 400 1 000 1 200 2 000 3 000 Précipitations annuelles (mm/an) 4 000 Ils valorisent l’eau superficielle et en situation de stress, ils régulent leur croissance par contrôle stomatique. Dans cette situation, des effets de concurrence peuvent exister soit avec la végétation du sous-étage, soit en bordure, avec les parcelles adjacentes. A l’échelle d’un bassin versant, il y a peu de risque d’incidence sur les rendements en eau compte tenu de la dispersion des parcelles et de leur taille limitée (dizaine d’ha). ! En Midi-Pyrénées, les précipitations s’échelonnent entre 650 mm/an (Blagnac) et 1100 mm/an (Tarbes). A certaines périodes de l’année, les précipitations sont inférieures à la demande potentielle des arbres. 4 000 Et la qualité de l’eau ? Les boisements peuvent jouer un rôle positif sur la qualité de l’eau en absorbant les fertilisants en excès, en fixant les métaux lourds ou en favorisant la dégradation des pesticides. L’eucalyptus, qui est planté en France préférentiellement en zones agricoles, pourrait ainsi avoir un rôle d’épurateur d’eau par rapport à des pollutions d’origine agricole. Cet aspect mériterait d’être étudié. Rappelons que l’itinéraire technique préconise une intervention très légère en phytocides ou engrais, et seulement à l’installation. 3 INFORMATIONS - FORÊT INFORMATIONS AFOCEL - FORÊT La biodiversité La perception sociale Il est régulièrement démontré que le passage d’une forêt constituée d’essences indigènes à une plantation entraîne une baisse dans la biodiversité. Ce phénomène est encore accentué dans le cas de plantations d’essences introduites, ces dernières étant implantées loin de leur aire d’origine et donc, loin du cortège floristique et faunistique qui a évolué avec elles. Le véritable enjeu de la biodiversité repose finalement sur la valeur de l’antécédent cultural. Installer un TCR sur d’anciennes parcelles agricoles à faible biodiversité a moins d’impact que reboiser un vieux taillis de feuillus disposant d’un cortège floristique riche. L’attention ici est portée sur l’impact de la succession et non sur la richesse spécifique intrinsèque à chaque plantation. ! Quelle biodiversité ? L’un des moyens de diminuer l’impact du boisement consiste ainsi à privilégier les plantations sur terrain agricole, ce qui est maintenant fait de manière quasi systématique en Midi-Pyrénées. Au demeurant, caractériser la biodiversité et, a fortiori, évaluer sur elle l’impact d’une perturbation reste complexe. Les espèces d’un biotope sont très nombreuses et il est difficile de les analyser toutes. Le nombre des espèces doit aussi être modulé par leur valeur patrimoniale (la présence de nombreuses espèces banales n’ayant pas la même valeur que la présence de quelques espèces rares ou sensibles aux perturbations). Dans certaines friches anciennes qui peuvent avoir atteint un niveau important de biodiversité, un diagnostic préalable permettrait également de s’assurer de l’absence d’espèces à valeur patrimoniale élevée dont l’existence pourrait être remise en cause par cette artificialisation. ! A propos d’allélopathie La biodiversité est également liée à l’histoire de la parcelle. Ainsi, la microfaune du sol héritée d’un ancien taillis de chêne sera probablement très différente de celle héritée d’une ancienne terre agricole. Les effets allélopathiques de l’eucalyptus (influence sur le développement d’autres végétaux) ont parfois été mentionnés. La bibliographie ne rapporte cependant que peu de cas d’effets allélopathiques avérés. La biodiversité doit aussi être analysée dans le temps car elle évolue en fonction des perturbations, qu’elles soient d’origine humaine ou naturelle (climat, chablis). L’eucalyptus présente par ailleurs un houppier peu dense qui relativise la concurrence pour la lumière avec d’autres espèces. En revanche, la sécheresse superficielle des sols observée dans les plantations est sans doute l’un des facteurs de concurrence avec d’autres espèces les plus significatifs. ! L’anthropisation, facteur de perte de biodiversité L’ensemble des articles traitant de biodiversité et d’eucalyptus conclut d’une façon ou d’une autre à une baisse de la biodiversité dès lors que les auteurs s’attachent à comparer une plantation avec un milieu climacique (telle que peut l’être une forêt mélangée de feuillus, une forêt naturelle ou encore une lande). Cela s’explique en tout premier lieu par l’artificialisation du milieu et ensuite par le fait de comparer des écosystèmes qui n’ont pas le même âge (plantations jeunes comparées à des peuplements climaciques âgés), c’est-à-dire dans lesquels la biodiversité n’a pas évolué sur la même durée et n’est donc pas arrivée au même stade. INFORMATIONS EUCALYPTUS ET ENVIRONNEMENT Définir la perception sociale de plantations d’eucalyptus revient à s’interroger sur l’impact global engendré par ces plantations sur la qualité du territoire et sur les porteurs d’enjeux potentiellement concernés. ! Des plantations à objectif La réalisation d’une plantation ne se fait pas sans des objectifs bien définis. Dans certains cas, les plantations d’eucalyptus ont pour vocation de se substituer aux prélèvements de bois réalisés dans les forêts naturelles6. Dans d’autres cas, elles ont une vocation économique7 ou de diversification des revenus agricoles8. Dans chacun de ces articles qui traitent de la perception des plantations d’eucalyptus et malgré le fait que tous les contextes décrits dans les articles soient fortement différents, on arrive à un constat simple : les plantations d’eucalyptus (comme toutes les plantations) ne sont que des outils, pour certains économiques (production de bois d’œuvre, de bois de trituration, de biomasse énergie,…), pour d’autres, aménagements au sens large (du territoire, paysager, agricole, préservation,…) ou encore, (assainissement de marais, substitution aux prélèvements faits sur de la forêt native,…). Les plantations d’eucalyptus ou de toute autre essence ont un but bien précis. C’est donc sur la nature de cet objectif (sa légitimité pour le mandant et les acteurs potentiellement concernés) ainsi que sur l’incidence des actions qui ont été engagées pour l’atteindre (analysées en terme d’impact sur l’intérêt commun) que se fonde la construction de la perception sociale des plantations d’eucalyptus. C’est également la nature de l’objectif qui va permettre de définir la ou les personnes potentiellement concernées qu’il faudra consulter avant de s’engager dans la démarche de plantation. (6) Plantations en 2ème rotation (Lauragais). A gauche, les conditions du site et les caractéristiques du peuplement ont conduit à un sous-bois pauvre. A droite, un sous bois abondant a pu se développer avec quelques essences forestières précieuses. 4 Harjsen, 1993. Bird fauna and vegetation in natural woodlands and eucalyptus plantations in the High Andes in Bolivia - Implications for development of sustainable agro-forestry techniques. In proceedings of the regional expert consultation on eucalyptus. Bangkok, 4-8 october 1993. Volume 1, pp 89-93 (7) Saiz de Omenaca, 1993. Analisis sociologico de la opinion entre la poblacion rural de Cantabria sobre el impacto de las plantaciones de eucalipto. Invest. Agrar., Sist. Recur. For. 1993 Vol. 2 (1) pp 71-88 (8) Sohail et Suleman, 1999. Impact assessment of eucalyptus planting on Brani farmlands. The Pakistan Journal of Forestry. 1999 Vol. 49(1-4), pp 75-87 - FORÊT AFOCEL CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES ! Le contexte français Un audit réalisé par l’AFOCEL en 2004 a porté sur la perception des plantations d’eucalyptus françaises par les acteurs en Midi-Pyrénées (Chaste, 2004). Les résultats des études menées sur la perception sociale des plantations d’eucalyptus dans d’autres pays que la France sont difficilement transférables tels quels à la situation française. - Les caractéristiques physiques des plantations françaises sont particulières. Il s’agit en général de plantations de petite dimension, dispersées, et généralement situées sur d’anciennes terres agricoles alors que l’essentiel des analyses repose sur des études effectuées en zone tropicale, sur des plantations à grande échelle (dizaine de milliers d’ha) et installées dans des espaces sauvages et anciennement boisés. - Les pays concernés par ces études sont bien souvent des pays en développement qui ne présentent donc absolument pas les mêmes déterminants sociaux-économiques que la France. Ces déterminants sont pourtant bien souvent à l’origine de la construction de la perception des plantations d’eucalyptus des acteurs locaux. Ainsi, par exemple en Midi-Pyrénées, les eucalyptus sont considérés comme pouvant venir concurrencer les pratiques agricoles sur leurs meilleures terres car il est possible de les planter sur les jachères. ! Poursuivre la recherche … L’audit de 2004 a été une première esquisse pour déterminer l’acceptabilité sociale des plantations d’eucalyptus en Midi-Pyrénées. D’autres travaux sont actuellement en cours en collaboration avec des centres de recherche publique et des universités. Il est important d’appréhender les relations des plantations avec leur environnement, en intégrant la dimension sociétale. Nos recherches doivent sortir du cadre d’une balance à deux plateaux opposant l’eucalyptus et l’environnement pour permettre de prendre en compte les objectifs assignés à la plantation et les valeurs défendues par les porteurs d’enjeux dans une nouvelle perspective : la Valorisation Patrimoniale. 5 Les plantations d’eucalyptus du sud-ouest de la France sont des plantations de petites dimensions (dizaine d’ha) et majoritairement installées en terrain agricole, sur des friches. Les peuplements sont conduits en Taillis à Courte Rotation (TCR), avec des rotations comprises entre 10 et 15 ans. Les rémanents d’exploitation sont laissés sur place et l’écorçage est maintenant couramment pratiqué, ce qui permet de limiter de manière significative les exportations minérales. Cette sylviculture intensive n’en reste pas moins une culture très extensive. Dans ce contexte, les plantations d’eucalyptus ont actuellement un impact très modéré sur le milieu, et sans doute insignifiant par rapport à celui des cultures agricoles intensives. Au niveau du sol, l’azote pourrait devenir à terme un facteur limitant de la croissance. Un apport serait alors requis pour maintenir les niveaux de production au maximum des potentialités. Au niveau de l’eau, les impacts à craindre sont seulement des effets de bordure avec des cultures adjacentes. En contexte de déficit, l’eucalyptus régule sa croissance et son système racinaire superficiel n’est pas à même d’avoir un impact sur les nappes phréatiques. Au niveau de la biodiversité, l’installation d’une plantation sur une friche agricole permet de limiter les pertes inévitables de biodiversité liées au passage d’un milieu naturel vers un système de culture. Un diagnostic préalable permettrait en tout cas de détecter des zones à valeur patrimoniale particulière sur laquelle une plantation ne serait pas indiquée ou pour laquelle une adaptation de l’itinéraire technique serait nécessaire. Parallèlement, l’installation d’un boisement a aussi des effets positifs sur le milieu, que ce soit sur la structure des sols, l’apport de matière organique ou la qualité de l’eau, surtout en contexte agricole. Réaliser une plantation ou une culture, et plus généralement, changer l’occupation du sol provoque inévitablement des changements sur le milieu environnant. Ils peuvent s’exprimer au travers du milieu physique ou biologique mais aussi au travers de la perception qu’en ont les différents acteurs du territoire. Quelle est la valeur réelle d’un changement ? Il est important de sortir d’une logique "d’impact environnemental" avec une connotation négative pour envisager de manière plus large les atouts et faiblesses de cette culture en relation avec les objectifs poursuivis et les retombées d’un point de vue économique et social. Pour en savoir plus CHASTE, (2004). Définition d’indicateurs de gestion durable des plantations d’eucalyptus en Midi-Pyrénées. Rapport AFOCEL 36 p. BURGER-LEENHARDT, (1997). Impact environnemental des plantations d’eucalyptus. Synthèse bibliographique replacée dans le contexte français. Rapport AFOCEL 14 p. FAO, (1993). Proceedings of the regional consultation on eucalyptus. volume i. 4-8 octobre 1993, fao regional office for asia and the pacific, bangkok. 196 p. POORE M.E.D. et FRIES C., (1986). Les effets écologiques de l’eucalyptus. Etude FAO Forêts n°59 188 pp. Ed FAO ISBN 92-5-202286-4. Nicolas NGUYEN THE Benoit CHASTE AFOCEL Station Sud Domaine de St Clément 34980 St Clément de Rivière Tél. : 04.67.66.74.74 Fax : 04.67.66.74.60 E-mail : [email protected] ISSN : 0336-0261 6 INFORMATIONS - FORÊT INFORMATIONS AFOCEL - FORÊT La biodiversité La perception sociale Il est régulièrement démontré que le passage d’une forêt constituée d’essences indigènes à une plantation entraîne une baisse dans la biodiversité. Ce phénomène est encore accentué dans le cas de plantations d’essences introduites, ces dernières étant implantées loin de leur aire d’origine et donc, loin du cortège floristique et faunistique qui a évolué avec elles. Le véritable enjeu de la biodiversité repose finalement sur la valeur de l’antécédent cultural. Installer un TCR sur d’anciennes parcelles agricoles à faible biodiversité a moins d’impact que reboiser un vieux taillis de feuillus disposant d’un cortège floristique riche. L’attention ici est portée sur l’impact de la succession et non sur la richesse spécifique intrinsèque à chaque plantation. ! Quelle biodiversité ? L’un des moyens de diminuer l’impact du boisement consiste ainsi à privilégier les plantations sur terrain agricole, ce qui est maintenant fait de manière quasi systématique en Midi-Pyrénées. Au demeurant, caractériser la biodiversité et, a fortiori, évaluer sur elle l’impact d’une perturbation reste complexe. Les espèces d’un biotope sont très nombreuses et il est difficile de les analyser toutes. Le nombre des espèces doit aussi être modulé par leur valeur patrimoniale (la présence de nombreuses espèces banales n’ayant pas la même valeur que la présence de quelques espèces rares ou sensibles aux perturbations). Dans certaines friches anciennes qui peuvent avoir atteint un niveau important de biodiversité, un diagnostic préalable permettrait également de s’assurer de l’absence d’espèces à valeur patrimoniale élevée dont l’existence pourrait être remise en cause par cette artificialisation. ! A propos d’allélopathie La biodiversité est également liée à l’histoire de la parcelle. Ainsi, la microfaune du sol héritée d’un ancien taillis de chêne sera probablement très différente de celle héritée d’une ancienne terre agricole. Les effets allélopathiques de l’eucalyptus (influence sur le développement d’autres végétaux) ont parfois été mentionnés. La bibliographie ne rapporte cependant que peu de cas d’effets allélopathiques avérés. La biodiversité doit aussi être analysée dans le temps car elle évolue en fonction des perturbations, qu’elles soient d’origine humaine ou naturelle (climat, chablis). L’eucalyptus présente par ailleurs un houppier peu dense qui relativise la concurrence pour la lumière avec d’autres espèces. En revanche, la sécheresse superficielle des sols observée dans les plantations est sans doute l’un des facteurs de concurrence avec d’autres espèces les plus significatifs. ! L’anthropisation, facteur de perte de biodiversité L’ensemble des articles traitant de biodiversité et d’eucalyptus conclut d’une façon ou d’une autre à une baisse de la biodiversité dès lors que les auteurs s’attachent à comparer une plantation avec un milieu climacique (telle que peut l’être une forêt mélangée de feuillus, une forêt naturelle ou encore une lande). Cela s’explique en tout premier lieu par l’artificialisation du milieu et ensuite par le fait de comparer des écosystèmes qui n’ont pas le même âge (plantations jeunes comparées à des peuplements climaciques âgés), c’est-à-dire dans lesquels la biodiversité n’a pas évolué sur la même durée et n’est donc pas arrivée au même stade. INFORMATIONS EUCALYPTUS ET ENVIRONNEMENT Définir la perception sociale de plantations d’eucalyptus revient à s’interroger sur l’impact global engendré par ces plantations sur la qualité du territoire et sur les porteurs d’enjeux potentiellement concernés. ! Des plantations à objectif La réalisation d’une plantation ne se fait pas sans des objectifs bien définis. Dans certains cas, les plantations d’eucalyptus ont pour vocation de se substituer aux prélèvements de bois réalisés dans les forêts naturelles6. Dans d’autres cas, elles ont une vocation économique7 ou de diversification des revenus agricoles8. Dans chacun de ces articles qui traitent de la perception des plantations d’eucalyptus et malgré le fait que tous les contextes décrits dans les articles soient fortement différents, on arrive à un constat simple : les plantations d’eucalyptus (comme toutes les plantations) ne sont que des outils, pour certains économiques (production de bois d’œuvre, de bois de trituration, de biomasse énergie,…), pour d’autres, aménagements au sens large (du territoire, paysager, agricole, préservation,…) ou encore environnementaux (assainissement de marais, substitution aux prélèvements faits sur de la forêt native,…). Les plantations d’eucalyptus ou de toute autre essence ont un but bien précis. C’est donc sur la nature de cet objectif (sa légitimité pour le mandant et les acteurs potentiellement concernés) ainsi que sur l’incidence des actions qui ont été engagées pour l’atteindre (analysées en terme d’impact sur l’intérêt commun) que se fonde la construction de la perception sociale des plantations d’eucalyptus. C’est également la nature de l’objectif qui va permettre de définir la ou les personnes potentiellement concernées qu’il faudra consulter avant de s’engager dans la démarche de plantation. (6) Plantations en 2ème rotation (Lauragais). A gauche, les conditions du site et les caractéristiques du peuplement ont conduit à un sous-bois pauvre. A droite, un sous bois abondant a pu se développer avec quelques essences forestières précieuses. 4 Harjsen, 1993. Bird fauna and vegetation in natural woodlands and eucalyptus plantations in the High Andes in Bolivia - Implications for development of sustainable agro-forestry techniques. In proceedings of the regional expert consultation on eucalyptus. Bangkok, 4-8 october 1993. Volume 1, pp 89-93 (7) Saiz de Omenaca, 1993. Analisis sociologico de la opinion entre la poblacion rural de Cantabria sobre el impacto de las plantaciones de eucalipto. Invest. Agrar., Sist. Recur. For. 1993 Vol. 2 (1) pp 71-88 (8) Sohail et Suleman, 1999. Impact assessment of eucalyptus planting on Brani farmlands. The Pakistan Journal of Forestry. 1999 Vol. 49(1-4), pp 75-87 - FORÊT AFOCEL CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES ! Le contexte français Un audit réalisé par l’AFOCEL en 2004 a porté sur la perception des plantations d’eucalyptus françaises par les acteurs en Midi-Pyrénées (Chaste, 2004). Les résultats des études menées sur la perception sociale des plantations d’eucalyptus dans d’autres pays que la France sont difficilement transférables tels quels à la situation française. - Les caractéristiques physiques des plantations françaises sont particulières. Il s’agit en général de plantations de petite dimension, dispersées, et généralement situées sur d’anciennes terres agricoles alors que l’essentiel des analyses repose sur des études effectuées en zone tropicale, sur des plantations à grande échelle (dizaine de milliers d’ha) et installées dans des espaces sauvages et anciennement boisés. - Les pays concernés par ces études sont bien souvent des pays en développement qui ne présentent donc absolument pas les mêmes déterminants sociaux-économiques que la France. Ces déterminants sont pourtant bien souvent à l’origine de la construction de la perception des plantations d’eucalyptus des acteurs locaux. Ainsi, par exemple en Midi-Pyrénées, les eucalyptus sont considérés comme pouvant venir concurrencer les pratiques agricoles sur leurs meilleures terres car il est possible de les planter sur les jachères. ! Poursuivre la recherche … L’audit de 2004 a été une première esquisse pour déterminer l’acceptabilité sociale des plantations d’eucalyptus en Midi-Pyrénées. D’autres travaux sont actuellement en cours en collaboration avec des centres de recherche publiques et des universités. Il est important d’appréhender les relations des plantations avec leur environnement, en intégrant la dimension sociétale. Nos recherches doivent sortir du cadre d’une balance à deux plateaux opposant l’eucalyptus et l’environnement pour permettre de prendre en compte les objectifs assignés à la plantation et les valeurs défendues par les porteurs d’enjeux dans une nouvelle perspective : la Valorisation Patrimoniale. 5 Les plantations d’eucalyptus du sud-ouest de la France sont des plantations de petites dimensions (dizaine d’ha) et majoritairement installées en terrain agricole, sur des friches. Les peuplements sont conduits en Taillis à Courte Rotation (TCR), avec des rotations comprises entre 10 et 15 ans. Les rémanents d’exploitation sont laissés sur place et l’écorçage est maintenant couramment pratiqué, ce qui permet de limiter de manière significative les exportations minérales. Cette sylviculture intensive n’en reste pas moins une culture très extensive. Dans ce contexte, les plantations d’eucalyptus ont actuellement un impact très modéré sur le milieu, et sans doute insignifiant par rapport à celui des cultures agricoles intensives. Au niveau du sol, l’azote pourrait devenir à terme un facteur limitant de la croissance. Un apport serait alors requis pour maintenir les niveaux de production au maximum des potentialités. Au niveau de l’eau, les impacts à craindre sont seulement des effets de bordure avec des cultures adjacentes. En contexte de déficit, l’eucalyptus régule sa croissance et son système racinaire superficiel n’est pas à même d’avoir un impact sur les nappes phréatiques. Au niveau de la biodiversité, l’installation d’une plantation sur une friche agricole permet de limiter les pertes inévitables de biodiversité liées au passage d’un milieu naturel vers un système de culture. Un diagnostic préalable permettrait en tout cas de détecter des zones à valeur patrimoniale particulière sur laquelle une plantation ne serait pas indiquée ou pour laquelle une adaptation de l’itinéraire technique serait nécessaire. Parallèlement, l’installation d’un boisement a aussi des effets positifs sur le milieu, que ce soit sur la structure des sols, l’apport de matière organique ou la qualité de l’eau, surtout en contexte agricole. Réaliser une plantation ou une culture, et plus généralement, changer l’occupation du sol provoque inévitablement des changements sur le milieu environnant. Ils peuvent s’exprimer au travers du milieu physique ou biologique mais aussi au travers de la perception qu’en ont les différents acteurs du territoire. Quelle est la valeur réelle d’un changement ? Il est important de sortir d’une logique "d’impact environnemental" avec une connotation négative pour envisager de manière plus large les atouts et faiblesses de cette culture en relation avec les objectifs poursuivis et les retombées d’un point de vue économique et social. Pour en savoir plus CHASTE, (2004). Définition d’indicateurs de gestion durable des plantations d’eucalyptus en Midi-Pyrénées. Rapport AFOCEL 36 p. BURGER-LEENHARDT, (1997). Impact environnemental des plantations d’eucalyptus. Synthèse bibliographique replacée dans le contexte français. Rapport AFOCEL 14 p. FAO, (1993). Proceedings of the regional consultation on eucalyptus. volume i. 4-8 octobre 1993, fao regional office for asia and the pacific, bangkok. 196 p. POORE M.E.D. et FRIES C., (1986). Les effets écologiques de l’eucalyptus. Etude FAO Forêts n°59 188 pp. Ed FAO ISBN 92-5-202286-4. Nicolas NGUYEN THE Benoit CHASTE AFOCEL Station Sud Domaine de St Clément 34980 St Clément de Rivière Tél. : 04.67.66.74.74 Fax : 04.67.66.74.60 E-mail : [email protected] ISSN : 0336-0261 6 INFORMATIONS - FORÊT INFORMATIONS AFOCEL - FORÊT La biodiversité La perception sociale Il est régulièrement démontré que le passage d’une forêt constituée d’essences indigènes à une plantation entraîne une baisse dans la biodiversité. Ce phénomène est encore accentué dans le cas de plantations d’essences introduites, ces dernières étant implantées loin de leur aire d’origine et donc, loin du cortège floristique et faunistique qui a évolué avec elles. Le véritable enjeu de la biodiversité repose finalement sur la valeur de l’antécédent cultural. Installer un TCR sur d’anciennes parcelles agricoles à faible biodiversité a moins d’impact que reboiser un vieux taillis de feuillus disposant d’un cortège floristique riche. L’attention ici est portée sur l’impact de la succession et non sur la richesse spécifique intrinsèque à chaque plantation. ! Quelle biodiversité ? L’un des moyens de diminuer l’impact du boisement consiste ainsi à privilégier les plantations sur terrain agricole, ce qui est maintenant fait de manière quasi systématique en Midi-Pyrénées. Au demeurant, caractériser la biodiversité et, a fortiori, évaluer sur elle l’impact d’une perturbation reste complexe. Les espèces d’un biotope sont très nombreuses et il est difficile de les analyser toutes. Le nombre des espèces doit aussi être modulé par leur valeur patrimoniale (la présence de nombreuses espèces banales n’ayant pas la même valeur que la présence de quelques espèces rares ou sensibles aux perturbations). Dans certaines friches anciennes qui peuvent avoir atteint un niveau important de biodiversité, un diagnostic préalable permettrait également de s’assurer de l’absence d’espèces à valeur patrimoniale élevée dont l’existence pourrait être remise en cause par cette artificialisation. ! A propos d’allélopathie La biodiversité est également liée à l’histoire de la parcelle. Ainsi, la microfaune du sol héritée d’un ancien taillis de chêne sera probablement très différente de celle héritée d’une ancienne terre agricole. Les effets allélopathiques de l’eucalyptus (influence sur le développement d’autres végétaux) ont parfois été mentionnés. La bibliographie ne rapporte cependant que peu de cas d’effets allélopathiques avérés. La biodiversité doit aussi être analysée dans le temps car elle évolue en fonction des perturbations, qu’elles soient d’origine humaine ou naturelle (climat, chablis). L’eucalyptus présente par ailleurs un houppier peu dense qui relativise la concurrence pour la lumière avec d’autres espèces. En revanche, la sécheresse superficielle des sols observée dans les plantations est sans doute l’un des facteurs de concurrence avec d’autres espèces les plus significatifs. ! L’anthropisation, facteur de perte de biodiversité L’ensemble des articles traitant de biodiversité et d’eucalyptus conclut d’une façon ou d’une autre à une baisse de la biodiversité dès lors que les auteurs s’attachent à comparer une plantation avec un milieu climacique (telle que peut l’être une forêt mélangée de feuillus, une forêt naturelle ou encore une lande). Cela s’explique en tout premier lieu par l’artificialisation du milieu et ensuite par le fait de comparer des écosystèmes qui n’ont pas le même âge (plantations jeunes comparées à des peuplements climaciques âgés), c’est-à-dire dans lesquels la biodiversité n’a pas évolué sur la même durée et n’est donc pas arrivée au même stade. INFORMATIONS EUCALYPTUS ET ENVIRONNEMENT Définir la perception sociale de plantations d’eucalyptus revient à s’interroger sur l’impact global engendré par ces plantations sur la qualité du territoire et sur les porteurs d’enjeux potentiellement concernés. ! Des plantations à objectif La réalisation d’une plantation ne se fait pas sans des objectifs bien définis. Dans certains cas, les plantations d’eucalyptus ont pour vocation de se substituer aux prélèvements de bois réalisés dans les forêts naturelles6. Dans d’autres cas, elles ont une vocation économique7 ou de diversification des revenus agricoles8. Dans chacun de ces articles qui traitent de la perception des plantations d’eucalyptus et malgré le fait que tous les contextes décrits dans les articles soient fortement différents, on arrive à un constat simple : les plantations d’eucalyptus (comme toutes les plantations) ne sont que des outils, pour certains économiques (production de bois d’œuvre, de bois de trituration, de biomasse énergie,…), pour d’autres, aménagements au sens large (du territoire, paysager, agricole, préservation,…) ou encore, (assainissement de marais, substitution aux prélèvements faits sur de la forêt native,…). Les plantations d’eucalyptus ou de toute autre essence ont un but bien précis. C’est donc sur la nature de cet objectif (sa légitimité pour le mandant et les acteurs potentiellement concernés) ainsi que sur l’incidence des actions qui ont été engagées pour l’atteindre (analysées en terme d’impact sur l’intérêt commun) que se fonde la construction de la perception sociale des plantations d’eucalyptus. C’est également la nature de l’objectif qui va permettre de définir la ou les personnes potentiellement concernées qu’il faudra consulter avant de s’engager dans la démarche de plantation. (6) Plantations en 2ème rotation (Lauragais). A gauche, les conditions du site et les caractéristiques du peuplement ont conduit à un sous-bois pauvre. A droite, un sous bois abondant a pu se développer avec quelques essences forestières précieuses. 4 Harjsen, 1993. Bird fauna and vegetation in natural woodlands and eucalyptus plantations in the High Andes in Bolivia - Implications for development of sustainable agro-forestry techniques. In proceedings of the regional expert consultation on eucalyptus. Bangkok, 4-8 october 1993. Volume 1, pp 89-93 (7) Saiz de Omenaca, 1993. Analisis sociologico de la opinion entre la poblacion rural de Cantabria sobre el impacto de las plantaciones de eucalipto. Invest. Agrar., Sist. Recur. For. 1993 Vol. 2 (1) pp 71-88 (8) Sohail et Suleman, 1999. Impact assessment of eucalyptus planting on Brani farmlands. The Pakistan Journal of Forestry. 1999 Vol. 49(1-4), pp 75-87 - FORÊT AFOCEL CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES ! Le contexte français Un audit réalisé par l’AFOCEL en 2004 a porté sur la perception des plantations d’eucalyptus françaises par les acteurs en Midi-Pyrénées (Chaste, 2004). Les résultats des études menées sur la perception sociale des plantations d’eucalyptus dans d’autres pays que la France sont difficilement transférables tels quels à la situation française. - Les caractéristiques physiques des plantations françaises sont particulières. Il s’agit en général de plantations de petite dimension, dispersées, et généralement situées sur d’anciennes terres agricoles alors que l’essentiel des analyses repose sur des études effectuées en zone tropicale, sur des plantations à grande échelle (dizaine de milliers d’ha) et installées dans des espaces sauvages et anciennement boisés. - Les pays concernés par ces études sont bien souvent des pays en développement qui ne présentent donc absolument pas les mêmes déterminants sociaux-économiques que la France. Ces déterminants sont pourtant bien souvent à l’origine de la construction de la perception des plantations d’eucalyptus des acteurs locaux. Ainsi, par exemple en Midi-Pyrénées, les eucalyptus sont considérés comme pouvant venir concurrencer les pratiques agricoles sur leurs meilleures terres car il est possible de les planter sur les jachères. ! Poursuivre la recherche … L’audit de 2004 a été une première esquisse pour déterminer l’acceptabilité sociale des plantations d’eucalyptus en Midi-Pyrénées. D’autres travaux sont actuellement en cours en collaboration avec des centres de recherche publique et des universités. Il est important d’appréhender les relations des plantations avec leur environnement, en intégrant la dimension sociétale. Nos recherches doivent sortir du cadre d’une balance à deux plateaux opposant l’eucalyptus et l’environnement pour permettre de prendre en compte les objectifs assignés à la plantation et les valeurs défendues par les porteurs d’enjeux dans une nouvelle perspective : la Valorisation Patrimoniale. 5 Les plantations d’eucalyptus du sud-ouest de la France sont des plantations de petites dimensions (dizaine d’ha) et majoritairement installées en terrain agricole, sur des friches. Les peuplements sont conduits en Taillis à Courte Rotation (TCR), avec des rotations comprises entre 10 et 15 ans. Les rémanents d’exploitation sont laissés sur place et l’écorçage est maintenant couramment pratiqué, ce qui permet de limiter de manière significative les exportations minérales. Cette sylviculture intensive n’en reste pas moins une culture très extensive. Dans ce contexte, les plantations d’eucalyptus ont actuellement un impact très modéré sur le milieu, et sans doute insignifiant par rapport à celui des cultures agricoles intensives. Au niveau du sol, l’azote pourrait devenir à terme un facteur limitant de la croissance. Un apport serait alors requis pour maintenir les niveaux de production au maximum des potentialités. Au niveau de l’eau, les impacts à craindre sont seulement des effets de bordure avec des cultures adjacentes. En contexte de déficit, l’eucalyptus régule sa croissance et son système racinaire superficiel n’est pas à même d’avoir un impact sur les nappes phréatiques. Au niveau de la biodiversité, l’installation d’une plantation sur une friche agricole permet de limiter les pertes inévitables de biodiversité liées au passage d’un milieu naturel vers un système de culture. Un diagnostic préalable permettrait en tout cas de détecter des zones à valeur patrimoniale particulière sur laquelle une plantation ne serait pas indiquée ou pour laquelle une adaptation de l’itinéraire technique serait nécessaire. Parallèlement, l’installation d’un boisement a aussi des effets positifs sur le milieu, que ce soit sur la structure des sols, l’apport de matière organique ou la qualité de l’eau, surtout en contexte agricole. Réaliser une plantation ou une culture, et plus généralement, changer l’occupation du sol provoque inévitablement des changements sur le milieu environnant. Ils peuvent s’exprimer au travers du milieu physique ou biologique mais aussi au travers de la perception qu’en ont les différents acteurs du territoire. Quelle est la valeur réelle d’un changement ? Il est important de sortir d’une logique "d’impact environnemental" avec une connotation négative pour envisager de manière plus large les atouts et faiblesses de cette culture en relation avec les objectifs poursuivis et les retombées d’un point de vue économique et social. Pour en savoir plus CHASTE, (2004). Définition d’indicateurs de gestion durable des plantations d’eucalyptus en Midi-Pyrénées. Rapport AFOCEL 36 p. BURGER-LEENHARDT, (1997). Impact environnemental des plantations d’eucalyptus. Synthèse bibliographique replacée dans le contexte français. Rapport AFOCEL 14 p. FAO, (1993). Proceedings of the regional consultation on eucalyptus. volume i. 4-8 octobre 1993, fao regional office for asia and the pacific, bangkok. 196 p. POORE M.E.D. et FRIES C., (1986). Les effets écologiques de l’eucalyptus. Etude FAO Forêts n°59 188 pp. Ed FAO ISBN 92-5-202286-4. Nicolas NGUYEN THE Benoit CHASTE AFOCEL Station Sud Domaine de St Clément 34980 St Clément de Rivière Tél. : 04.67.66.74.74 Fax : 04.67.66.74.60 E-mail : [email protected] ISSN : 0336-0261 6