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La Shoah
Un couple humilié par la SA. A la suite de la promulgation des Lois de
Nuremberg, le mariage entre Juifs et non-Juifs est interdit. La femme porte
un panneau où les nazis ont inscrit : « Je suis la plus grande truie, je ne
fréquente que des Juifs », tandis que l’homme porte un écriteau avec
comme mention : « Je n’amène chez moi que des filles allemandes ».
Allemagne, 1935. (Coll. Mémorial de la Shoah/CDJC)
arts, à la culture, à l’armée, à la justice, à
l’enseignement, à la médecine, à la presse
et aux professions libérales.
A l’université, un numerus clausus est ins-
tauré pour limiter l’accès des « non-aryens »
aux études supérieures. De multiples disposi-
tions juridiques frappent les Juifs dans tous
les domaines de la vie quotidienne. Le per-
mis de conduire leur est retiré, et l’abattage
rituel des animaux destinés à la consomma-
tion interdit. Au total, plus de 400 lois et
décrets anti-juifs sont édictés entre 1933 et
1939, et près de 2000 jusqu’en 1945. En
septembre 1935, la Loi pour la défense du
sang et de l’honneur allemand et la Loi sur
la citoyenneté du Reich (les Lois de
Nuremberg) privent les Juifs de la citoyen-
neté allemande et de tous les droits civiques
qui y sont attachés, comme le droit de vote.
Ils sont désormais considérés juridiquement
comme des « sujets de l’Etat »
(Staatsangehörige). L’exclusion politique
s’accompagne d’une séparation biologique.
Les mariages entre Juifs et non-Juifs sont
interdits, et les relations sexuelles qualifiées
de « crimes de profanation raciale ». Plus de
500 000 Juifs « purs » sont directement
concernés par l’application de ces lois.
250 000 autres personnes, issues de mariages
mixtes et appelées Mischlinge, font
l’objet de dispositions particulières.
Jusqu’au déclenchement de la Deuxième
Guerre mondiale, le pouvoir nazi entend se
débarrasser des Juifs en les forçant à émi-
grer. Contraints à l’exil, environ 150 000
Juifs quittent l’Allemagne dans les cinq pre-
mières années du régime. Après l’annexion
de l’Autriche (Anschluss), en mars 1938,
185 000 Juifs autrichiens sont de fait inté-
grés au Reich. Toutes les mesures discrimina-
toires introduites en Allemagne depuis 1933
leur sont immédiatement appliquées, et un
« Centre d’émigration juive », dirigé par
Adolf Eichmann, est créé à Vienne dès le
mois d’avril 1938. Pour chercher une solu-
tion au problème des réfugiés, essentielle-
ment juifs, qui fuient l’Allemagne, une confé-
rence internationale est organisée
à Evian du 6 au 15 juillet 1938.
Elle se solde par un échec, aucun
des 32 Etats participants n’accep-
tant d’assouplir sa politique d’im-
migration pour les accueillir.
Signe de cet abandon, la Suisse
demande à l’Allemagne de faire
apparaître la mention juif sur le
passeport des réfugiés avant de
leur refuser définitivement l’accès
à son territoire en mars1939.
D’une manière générale, l’année
1938 marque un nouveau tour-
nant dans la politique antijuive du
régime nazi. Le 26 avril, les Juifs
sont contraints par décret de
déclarer tous les biens qu’ils pos-
sèdent. C’est le début d’un
processus de spoliation appelé
« aryanisation ». Les entre-
prises appartenant à des Juifs
sont systématiquement confisquées, les
commerces fermés et les travailleurs
indépendants contraints de cesser
toute activité. Deux des sept milliards de