IHK-Infos 06/2013 Seite 24
ne faut pas faire
Les entreprises sont généralement structurées en divisions fonctionnelles. Elles mettent
de vastes procédures en œuvre pour leurs activités quotidiennes. Mais elles doivent aussi
réagir aux évolutions du marché et innover. Innover signifie sortir des chemins battus et
élaborer des projets. Par Alfons Calders
Les projets sont souvent conduits avec amateurisme. Ce qui crée parfois des situations chaotiques.
Il arrive même que des entreprises dont l'activité est centrée sur les projets ne disposent pas d'une
politique systématique pour les réaliser, les évaluer quand ils sont terminés et corriger leur
méthodologie. Les projets ont donc tendance à dériver, à dépasser les budgets et à ne pas générer
le résultat escompté. On accuse alors la loi de Murphy. si une chose peut mal tourner, elle va
infailliblement mal tourner. En fait, ce qui est en cause, c'est l'absence d'approche non structurée:
on ne prépare pas le projet et on n'effectue pas d'analyse des risques. Autrement dit, il n'y a pas de
gestion coordonnée du projet pendant son exécution.
On peut donc se demander comment mettre en place une gestion de projets structurée pour
devenir plus compétitif et pour mieux réagir aux évolutions du marché. Comment passer d'un
fonctionnement classique à une exploitation planifiée? Industrie Technique & Management s'est
entretenu de la professionnalisation de la conduite des projets avec Bart Niemegeers, directeur
général de Pro Head et consultant spécialisé depuis plus de 15 ans dans l'organisation et la gestion
de projets d'ingénierie et industriels. À l'avenir, il souhaite s'orienter vers le coaching d'entreprises
pour les aider à créer une approche structurée en la matière.
PROJET CONTRE PROCÉDÉ
Commençons par une bonne définition. Cela peut sembler logique, mais un projet est une
commande avec un point de départ, un point d'arrivée et un objectif donnés. En théorie, on
démarre d'un cahier des charges, parfois celui du client. Ce qui est spécifique, c'est qu'on ne peut
pas suivre une trajectoire prédéfinie à 100%. Le succès - le résultat et donc la satisfaction du client
- dépend donc en grande partie de la planification et du suivi du projet. Disposer d'un bon chef de
projet ne suffit pas, il faut aussi une bonne équipe et un itinéraire avec des règles du jeu et des
objectifs clairs, le fonctionnement de l'équipe étant déterminant pour le résultat. Nous parlons ici
d'équipes autogérées. Pour les mettre en place, il faut une approche correcte, de la communication
et.. être capable de gérer un projet. La boucle est bouclée.
Cette autogestion structurée est contraire à l'organisation classique centrée sur les flux, qui répartit
les tâches entre les divisions et les départements spécialisés, ceux-ci reprenant chacun à leur
compte un élément du flux d'exploitation. Des tâches sont convenues, par division et par fonction,
des procédures de travail sont mises en place selon le flux entre les divisions. Ces systèmes sont
aussi mis en œuvre par le management pour l'organisation du contrôle. Cette conception a bien
fonctionné par le passé et s'avère utile quand l'activité essentielle est stable, identique, en
cherchant la rentabilité la plus élevée possible.
Mais il y a le risque que ces systèmes de flux créent des cloisonnements. chaque manager rapporte
vers le haut, dans une structure où il n'ya pas de communication entre les divisions mais
uniquement entre les responsables des divisions.
En cette période où chacun tire la couverture à soi, ces systèmes créent souvent chez les salariés
une mentalité égoïste: « ce n'est pas repris dans la description de mon job » ou « je ne suis pas
évalué pour cela, je n'ai donc pas à le faire » La direction réagit en prévoyant plus de procédures,
en écartant les individus qui travaillent selon leur bon vouloir, en allégeant les organisations qui
deviennent alors des structures offrant peu de possibilités et une flexibilité zéro. Pas évident de
permettre à des activités non liées à des processus, comme des projets, de s'épanouir dans ce
contexte. Le problème, c'est que les marchés sont turbulents et que la technologie évolue vite Pour
pouvoir suivre les opportunités et exploiter de nouveaux créneaux, le travail organisé en fonction
des processus va de plus en plus être perturbé par des tâches qui sortent de l'ordinaire. La solution
consiste à passer d'une organisation basée sur les flux à une organisation (liée ou non à des
processus normaux) qui va structurer et gérer les activités liées aux projets.