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Le 21ème siècle : une époque de corruption
Date : 16 février 2016
Paul Craig Roberts ♦
Dans les dernières années du 20e siècle, la corruption est entrée dans la politique étrangère
américaine d'une nouvelle manière.
Sous de faux prétextes, Washington a démantelé la Yougoslavie et la Serbie afin d'avancer un
agenda caché. Au 21e siècle, cette corruption s'est multipliée de nombreuses fois.
L'Afghanistan, l'Irak, la Somalie et la Libye ont été détruits, et l'Iran et la Syrie auraient aussi été
détruits si le président de la Russie ne l'avait empêché. Washington est également derrière la
destruction actuelle du Yémen, et Washington a autorisé et financé la destruction par les
israéliens de la Palestine. De surcroît, Washington a effectué des opérations militaires à
l'intérieur du Pakistan sans lui déclarer la guerre, assassinant nombre de femmes, d'enfants et
de villageois âgés sous couvert de combat contre le terrorisme. Les crimes de guerre de
Washington sont comparables à ceux de n'importe quel pays dans l'histoire.
J'ai documenté ces crimes dans mes articles et mes livres (Clarity Press).
Quiconque croit encore à l'intégrité de la politique étrangère de Washington est une âme
égarée.
La Russie et la Chine ont maintenant une alliance stratégique trop solide pour Washington. La
Russie et la Chine empêcheront de nouvelles attaques de Washington contre leur sécurité et
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leurs intérêts nationaux. Les pays importants pour la Chine et la Russie seront protégés par
cette alliance. Alors que le monde se réveille et constate le mal que l'Occident représente,
d'autres pays iront chercher la protection de la Russie et de la Chine.
L'Amérique est aussi en train d'échouer sur le front économique. Mes articles et mon
livre, L'Échec du capitalisme du laisser-faire, qui a été publié en anglais, chinois, coréen,
tchèque, et allemand, ont montré comment Washington n’est pas intervenu, et de fait a
applaudi, au moment où l'investissement à court terme par des comités directeurs, des
actionnaires, et Wall Street éviscérait l'économie américaine, envoyant les emplois industriels,
les savoir-faire d'entreprise, et la technologie, en même temps que les emplois professionnels
qualifiés négociables en Chine, en Inde et dans d'autres pays, laissant l'Amérique avec une
économie tellement anémiée que le revenu moyen par foyer est en baisse depuis des années.
Aujourd'hui 50% des Américains de 25 ans vivent avec leurs parents ou leurs grands-parents
parce qu'ils ne peuvent pas trouver un travail qui leur permette de vivre indépendamment. Ce
fait brutal est masqué par la presse-tituée US, source d'histoires imaginaires sur la reprise de
l'économie américaine.
Les réalités de nos existences sont tellement différentes de ce qu'il en est rapporté que j'en
reste abasourdi. En tant qu'ancien professeur d'économie, éditeur du Wall Street Journal et
secrétaire adjoint du Trésor pour les politiques économiques, je suis sidéré par la corruption qui
règne dans le secteur financier, le Trésor, les agences de régulation financière et la Réserve
fédérale. Au temps où j'exerçais, il y aurait eu des mises en examen, et des peines de prison
pour les banquiers et les représentants du gouvernement.
Dans l'Amérique d'aujourd'hui, il n'y a pas de libre marché financier. Tous les marchés sont
truqués par la Réserve fédérale et le Trésor. Les agences de régulation, contrôlées par ceux
que ces mêmes agences sont censées contrôler, regardent ailleurs, et quand ce n'est pas le
cas, elles sont quand même incapables de faire respecter quelque loi que ce soit, parce que les
intérêts privés sont plus puissants que la loi.
Même les agences de statistiques gouvernementales ont été corrompues. Les mesures de
l'inflation ont été concoctées pour la sous-estimer. Ce mensonge permet non seulement à
Washington d'éviter de faire payer à la Sécurité sociale les ajustements au coût de la vie, et
cela libère de l'argent pour mener plus de guerres, mais aussi, en sous-estimant l'inflation, le
gouvernement peut créer une croissance du "PIB réel" en comptant l'inflation comme une
véritable croissance, exactement de la même manière que le gouvernement crée 5% de
chômage en ne comptant pas les travailleurs découragés qui ont cherché un emploi jusqu'à ce
qu'ils ne puissent plus assumer le coût de la recherche, et qu'ils laissent tomber. Le taux de
chômage officiel est de 5%, mais personne ne peut trouver de travail. Comment le taux de
chômage peut-il être de 5% quand la moitié des jeunes de moins de 25 ans vivent chez leurs
proches parce qu'ils ne peuvent pas se payer une existence indépendante ? Comme John
Williams (de ShadowFacts) le rapporte, le taux de chômage qui inclut ces Américains qui ont
arrêté de chercher un emploi parce qu'il n'y a pas de travail peut être estimé à 23%.
La Réserve fédérale, l'outil d'une petite poignée de banques, a réussi à créer l'illusion d'une
reprise de l'économie depuis juin 2009 en imprimant des trillions de dollars qui vont se placer
non pas dans l'économie mais dans le prix des actifs financiers. Pour la presse-tituée des
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médias du secteur financier, la hausse artificielle des marchés boursiers et obligataires est la
"preuve" que l'économie croît rapidement.
La poignée de gens instruits qui reste en Amérique, et il s'agit seulement d'une petite poignée,
comprend qu'il n'y a eu aucune reprise depuis la récession précédente, et que la rechute est
juste au coin de la rue. John Williams a souligné que la production industrielle américaine,
quand elle est ajustée correctement en tenant compte de l'inflation, n'a jamais retrouvé son
niveau de 2008, encore moins de son pic de l'année 2000 ; et elle est de nouveau en train de
diminuer.
Le consommateur américain est épuisé, accablé par les dettes et le manque d'augmentation de
revenus. Toute la politique économique des États-Unis est focalisée sur la préservation de cette
poignée de banques new-yorkaises, pas sur la préservation de l'économie américaine.
Les économistes et leurs compères de Wall Street nieront le déclin de la production industrielle,
l'Amérique étant désormais une économie de services. Les économistes prétendent que ces
services de la Nouvelle Économie sont high-tech, mais en réalité ce sont des serveuses, des
barmen, des commis à temps partiel, et des services de santé ambulatoire qui ont remplacé les
emplois de production industrielle et les postes d'ingénieurs, pour un salaire bien moindre,
faisant chuter ainsi la demande globale réelle des États-Unis. Dans les quelques occasions où
les économistes néolibéraux admettent l'existence de ces problèmes, ils en rejettent la faute sur
la Chine.
Il n'est pas sûr que l'économie américaine puisse être réanimée. Pour relancer l'économie
américaine, il faudrait re-réguler le système financier, et ramener les emplois et la part de PIB
que l'externalisation offshore a donnés aux pays étrangers. Cela nécessiterait, comme Michael
Hudson le démontre dans son nouveau livre, Killing the Host, une révolution dans les politiques
fiscales, qui empêcherait le secteur financier de capter les profits et de les capitaliser en titres
de créance dont il tire rémunération.
Le gouvernement américain, contrôlé aujourd'hui par des intérêts économiques corrompus, ne
permettrait jamais des politiques qui affecteraient les bonus des cadres et les profits de Wall
Street. Le capitalisme américain d'aujourd'hui fait de l'argent en bradant l'économie américaine
et les gens qui en dépendent.
Dans l'Amérique de "la Liberté et la Démocratie", le gouvernement et l'économie servent des
intérêts complètement déconnectés des intérêts du peuple américain. Le bradage du peuple
américain est protégé par un immense paravent de propagande fournie par les économistes du
libre-échange et la press-tituée financière payée pour mentir.
Quand l'Amérique sombrera, les vassaux de Washington en Europe, au Canada, en Australie et
au Japon sombreront également. A moins que Washington ne détruise le monde dans une
guerre nucléaire, le monde sera remodelé, et l'Occident corrompu et débauché ne sera plus
qu'une partie insignifiante du nouveau monde.
Source : Paul Craig Roberts et Crises.fr
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Illustration : Paul Craig Roberts
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