Décembre 1941 11 – Diplomatie et Economie Tout l’Axe en guerre contre les Etats-Unis 1er au 5 décembre 6 décembre Edouard Daladier, ambassadeur à Washington Washington DC, 6 décembre, 15h00 – Arrivé l’avant-veille seulement dans la capitale fédérale à bord d’un Stratoliner spécial d’Air France, Édouard Daladier présente ses lettres de créance au président Franklin Roosevelt. Le Département d’État avait d’abord fixé cette cérémonie protocolaire à l’après-midi du lundi 8 décembre. Mais Cordell Hull s’est ravisé, afin que l’amiral William Leahy, nommé de son côté ambassadeur des États-Unis à Alger, puisse y assister avant de quitter le lendemain même Washington en empruntant le Boeing 314 déjà utilisé pour son aller-retour du mois de novembre 1. Les commentateurs américains, reproduits in extenso par Reuters et Havas Libre, soulignent que les ambassadeurs des gouvernements en exil de Tchécoslovaquie, de Pologne, de Norvège, des Pays-Bas, de Belgique, du Luxembourg, de Grèce et de Yougoslavie, ont eux aussi été conviés à la Maison Blanche pour cette occasion. 7 au 9 décembre 10 décembre Hitler veut la guerre avec les Etats-Unis Berlin – Hitler, arrivé de Berchtesgaden la veille en fin de soirée, convoque Ribbentrop pour rédiger une déclaration de guerre aux Etats-Unis d’Amérique et décide de réunir le Reichstag dès le lendemain. De Berchtesgaden, il a déjà ordonné à l’amiral Raeder de transmettre à toutes les unités de la Kriegsmarine l’ordre d’attaquer les bâtiments américains, ce dont Ribbentrop a informé l’ambassadeur du Japon à Berlin, le général Oshima, le 9 au soir. Le 10 à midi, Ribbentrop signale à l’ambassade d’Allemagne à Washington de détruire les livres de code et la machine de codage. De plus, il demande à Hans Thomsen, le représentant allemand (l’ambassadeur en titre, Hans Dieckhoff, ayant été rappelé à Berlin en 1939), d’éviter tout contact avec le Département d’Etat avant le 11 décembre, 14h30 (heure de Washington). « A ce moment, la pire crainte de Hitler était que Roosevelt soit plus rapide que lui pour déclarer la guerre ! » témoigne dans son journal le général Halder, chef d’état-major général de la Wehrmacht, qui était à Berchtesgaden lorsqu’avait été annoncée l’attaque de Pearl Harbor. « Hitler fut enchanté de cette nouvelle, raconte Halder. Il était profondément convaincu que la guerre entre les Etats-Unis et le Japon empêcherait les Américains d’accroître leur aide à la Grande-Bretagne et à la France avant le milieu de 1943. Il escomptait qu’à ce moment, la Russie serait écrasée et que la plus grande partie de ses ressources naturelles seraient contrôlées par l’Allemagne. Hitler méprisait d’ailleurs très profondément les Etats-Unis. Il 1 Leahy remplace William Bullitt, considéré comme trop francophile par Washington. Il ne manquera pas trop aux Français, étant donné le manque d’empressement dont il avait fait preuve au moment de quitter Paris pour Alger en 1940. décrivait ce pays comme “complètement pourri et moralement défaillant, moitié juif et moitié nègre, ravagé par les maladies vénériennes, racialement inapte et incapable d’affronter le monde moderne.” (…) [A cette époque,] le Führer ne réagissait plus aux arguments rationnels. Ses décisions stratégiques ne reposaient que sur ses passions et ses inspirations. » 11 décembre Hitler déclare la guerre aux Etats-Unis ! Berlin – Vers 20h30 (14h30 heure de Washington), au milieu d’un discours de deux heures devant le Reichstag, Hitler annonce triomphalement qu’il déclare la guerre aux Etats-Unis d’Amérique. La foule, bien entraînée, éclate en acclamations. Le Führer est ravi : il a brûlé la politesse à Roosevelt ! 12 décembre Mussolini… suit Rome – A la suite d’Adolf Hitler (mais avec un manque d’enthousiasme que cachent mal ses coups de menton), Benito Mussolini déclare la guerre aux Etats-Unis d’Amérique. Ce que son opinion publique est loin d’apprécier, mais la dite opinion n’a pas droit à la parole. Bonnes manières diplomatiques en temps de guerre Washington-Tokyo – Les Etats-Unis font parvenir au Japon une proposition de rapatriement des personnels diplomatiques des deux pays. Va s’ensuivre une succession de télégrammes pour négocier les clauses de cet accord. La proposition initiale américaine faisait uniquement mention du personnel diplomatique, mais les Japonais vont proposer que soient inclus des civils : journalistes, étudiants, professeurs… Incident aérien en URSS Smolensk – Un chasseur MiG-3 du 400 IAP du IA-PVO (le commandement de la défense aérienne) intercepte un Junkers Ju 86P-1 allemand qui survole la ville. L’avion doit se poser dans la campagne au sud-ouest de Smolensk et son équipage est capturé par les forces de sécurité soviétiques. Cet avion de reconnaissance à haute altitude, appartenant à l’Aufklärungsgruppe Rowehl, participait à des missions régulières au-dessus de la partie occidentale de l’URSS. Il a fallu un appareil spécialement préparé pour atteindre 37 500 pieds et intercepter l’intrus, guidé par l’un des premiers radars “Redoute” d’interception aérienne. Cet incident crée quelque perturbation dans les relations diplomatiques entre le Reich et l’Union Soviétique. 13 au 16 décembre 17 décembre Relations soviéto-américaines Washington – Le Secrétaire d’Etat, M. Cordell Hull, rencontre l’ambassadeur soviétique, M. Maxime Litvinov. Ce dernier affirme nettement que toute négociation entre son pays et les Etats-Unis concernant un possible soutien dans le conflit en cours contre le Japon est conditionnée par l’abrogation des restrictions commerciales mises en place après la guerre finno-soviétique de l’hiver 1939-1940 et par la reconnaissance formelle par les Etats-Unis des frontières soviétiques actuelles en Europe. Cordell Hull indique que des progrès rapides sont envisageables sur le premier point, mais qu’il pourrait être plus difficile de trouver un accord sur le second. Les deux hommes s’entendent néanmoins pour proposer qu’une délégation américaine conduite par Harry Hopkins et Averell Harriman aille à Moscou en visite officielle « avant la fin de janvier 1942 » et qu’une délégation soviétique se rende à Washington en février 1942. 18 au 20 décembre 21 décembre Une princesse dans la guerre Rome – La princesse Marie-José reçoit son amie, la marquise Giuliana Benzoni, dans ses appartements du Quirinal. Giuliana Benzoni fréquente de nombreux antifascistes, qu’il s’agisse de Croce et des intellectuels de l’Association du Mezzogiorno, ou d’universitaires de tendance socialiste. Marie-José lui fait part de son inquiétude quant à l’évolution du conflit, avec l’entrée en guerre des Etats-Unis. Les succès de l’Axe ces derniers mois en Méditerranée risquent d’être bien éphémères, prévoit-elle. Les deux femmes décident de se mettre en contact avec une série de personnalités d’opposition afin de préparer l’avenir… Ces entretiens, auxquelles seront associées d’autres amies de la Princesse, les comtesses Spalletti et Jaccarino et la princesse Pallavicini, seront surnommés “la Conjuration des Dames”. Marie-José elle-même va s’attribuer le pseudonyme de “Beppa” pour dissimuler son rôle, “Beppo” étant le diminutif utilisé par les parents du prince Umberto pour appeler leur fils. Très prosaïquement, pour échapper aux micros de la toute-puissante OVRA, ces nobles dames discuteront souvent… dans les toilettes des appartements de la princesse au Quirinal, rythmant leur conversation au bruit de la chasse d’eau. 22 au 31 décembre