Yoko Tsuno se mobilise contre le cancer du sein

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BELGIQUE - BELGË
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P.P./P.B.
PÉRIODIQUE
TRIMESTRIEL
Septembre 2015
N ° 111
B-21
Yoko Tsuno se mobilise contre le cancer du sein
2
BORDET NEWS - SEPTEMBRE 2015
sommaire
3Edito
4 Cancer du sein et informations sur la qualité des soins :
un droit bien légitime
Pr J.-M. Nogaret
6 De l’importance de la chirurgie dans la prise en charge
du cancer du sein
Dr I. Veys
7 Recherche : la révolution en marche
Dr Ch. Desmedt, Dr Ch. Sotiriou
12 De la recherche aux traitements
Dr Ch. Desmedt, Dr Ch. Sotiriou
14
S’adapter tout au long de la maladie… Des interventions
de soutien psychologique pour les femmes et leur famille
I. Merckaert, Florence Lewis et le Pr D. Razavi
Yoko Tsuno se mobilise… avec Roger Leloup
16
A. Cambier
19
Agenda
Le 25 août dernier, l’ASBL 'Fonds Heuson' s’est mise en liquidation volontaire pour des raisons de simplification de gestion. Ses activités seront
reprises par 'Les Amis de l’Institut Bordet' dès le début du mois d’octobre.
Dans ce cadre, une bourse à la mémoire du Pr Jean-Claude Heuson sera
créée au sein de notre ASBL. Nous reviendrons en détail sur ce changement dans la prochaine édition du Bordet News.
"Bordet News" est la revue trimestrielle des "Amis de l'Institut Bordet" asbl. Editeur
responsable: Ariane Cambier, 121, Boulevard de Waterloo, 1000 Bruxelles. Rédacteur
en chef: Ariane Cambier. Comité de Rédaction : Dr J.-B. Burrion, A. Chotteau, Dr D. de
Valeriola, D. Janssen, Dr D. Lossignol, Pr D. Razavi. Ont collaboré à ce numéro : Ariane
Cambier, Dr Christine Desmedt, Florence Lewis, Isabelle Merkaert, Pr J.-M. Nogaret, Pr Darius
Razavi, Dr Christos Sotiriou, Dr Isabelle Veys. Conception graphique: www.h2so4studio.
com - Riozzi Manuela - cover ©DrAfter123_iStock
AGENDA
Les "Midis des Amis"
Cycle de conférences
organisées par
"Les Amis de l'Institut Bordet": Auditoire Tagnon,
Institut Jules Bordet,
Boulevard de Waterloo, 121
1000 Bruxelles
Renseignements: 02/541.34.14.
> LUNDI 19 OCTOBRE 2015
A 12 heures 30
Dr Christine Desmedt
“C
ancers du sein :
les dernières avancées
de la recherche”
> LUNDI 16 NOVEMBRE 2014
A 12 heures 30
Pr Jean-Marie Nogaret
“D
e l’influence du mode de vie
sur la genèse des cancers ”
> JEUDI 25 OCTOBRE 2015
A 18 heures
“ Conversations avec ma mère”
Avec Jacqueline Bir et Alain
Leempoel. Soirée de gala à
Wolubilis.
> JEUDI 29 OCTOBRE 2015
A partir de 20 heures
Soirée caritative chez Filigranes
Au profit de la recherche contre le
cancer du sein à l’Institut Bordet
> SAMEDI 14 NOVEMBRE 2015
Dès 17 heures
“ Rock for Life ”
Festival au profit des "Amis"
Tête d'affiche: Fred & the Healers
Cité Culture de Laeken
> DIM. 22 NOVEMBRE 2015
À 11 heures
“ Uccle Ladies Run”
Au profit de Bordet’n Wellness
et de la lutte contre le cancer du
sein. Forest de Soigne.
www.amis-bordet.be
www.vrienden-bordet.be
02/541.34.14
du lundi au vendredi de 9 à 17h.
Compte dons :
BE47 0001 0350 7080
3
BORDET NEWS - SEPTEMBRE 2015
Je suis particulièrement fière de vous présenter
cette nouvelle édition du Bordet News entièrement
consacrée au cancer du sein. Roger Leloup, l’un des
plus grands dessinateurs belges de bande dessinée a en effet accepté de mettre son héroïne au
service de notre cause. Ainsi, durant tout le mois
d’octobre, Yoko Tsuno -que vous avez découverte
en couverture- prêtera son image aux petits
miroirs et aux signets que nous mettrons en vente
au profit des « Amis » et de la recherche contre le
cancer du sein à l’Institut Bordet.
Ik ben uitermate trots u deze nieuwe editie van Bordet News voor te stellen die geheel aan borstkanker
is gewijd. Roger Leloup, een van de grootste striptekenaars in België, heeft toegezegd om zijn heldin
ten dienste te stellen van onze zaak. Zo zal Yoko
Tsuno - die u op de omslag heeft zien staan - in
de maand oktober haar gezicht lenen aan de kleine
spiegels en de bladwijzers die we te koop aanbieden
ten voordele van de "Vrienden" en van het borstkankeronderzoek in het Bordet Instituut.
L’interview du Dr Isabelle Veys, chirurgienne
mammo-pelvienne, vous permettra de saisir toute
l’importance du geste chirurgical dans la prise en
charge des pathologies mammaires. Un geste primordial tant dans le processus de guérison même
que dans les aspects esthétiques de l’intervention.
Nous avons souvent évoqué, au cours des derniers
mois, les découvertes majeures réalisées par les
chercheurs de l’Institut Bordet dans la lutte contre
la maladie. Cette édition du Bordet News nous
permet de revenir de manière synthétique, avec les
Docteurs Sotiriou et Desmedt, sur l’ensemble de
ces avancées, dont un certain nombre de patientes
bénéficient d’ores et déjà concrètement. Une révolution est aujourd’hui bel et bien en marche !
Le cancer, s’il affecte les femmes dans leur chair,
les atteint aussi au plus profond de leur être. Il
constitue un véritable séisme auquel elles doivent
faire face. De là toute l’importance, pour les accompagner, des interventions de soutien psychologique proposées tout au long de la maladie par
l’équipe de psycho-oncologie de l’Institut. Des prises en charge que ses intervenants vous présentent
également dans ce numéro.
Enfin, comme vous le savez, la rentrée est souvent
synonyme pour notre association de nombreuses
activités. Nous ne dérogeons pas à la tradition.
Vous pourrez ainsi assister, le dimanche 25 octobre,
à notre grande soirée théâtrale et participer, le
jeudi 29 octobre, à une soirée à notre profit à la
librairie Filigranes… sans oublier, le 22 novembre, la
Ladies Woman Run d’Uccle.
U vindt in dit nummer ook de drie hele grote verwachtingen die prof. Jean-Marie Nogaret, hoofd
van de borstkliniek van het Instituut, heeft voor
het onderzoek dat op dit moment door de Stichting
Kankerregister wordt uitgevoerd naar de kwaliteit
van de zorg die in meer dan 50 borstklinieken in ons
land wordt verleend. Door dit onderzoek moeten
alle patiënten in staat zijn om doordacht te kiezen
in welk ziekenhuis ze behandeld willen worden.
In het interview met Dr. Isabelle Veys, chirurg voor
borst en bekken, leest u over het belang van de chirurgische procedure bij de behandeling van borstkanker. Een belangrijke procedure, zowel voor het
genezingsproces als voor de esthetische aspecten
van de interventie.
We hebben de afgelopen maanden vaak de belangrijke ontdekkingen vermeld die in de strijd tegen de
ziekte werden gedaan door de onderzoekers van
het Bordet Instituut. In deze editie van Bordet News
komen we met artsen Sotiriou en Desmedt kort terug op deze vooruitgang, waaruit een aantal patiënten alvast concreet voordeel halen. Er is nu wel
degelijk een revolutie aan de gang!
Kanker treft vrouwen in hun lichaam, maar ook in
het diepste van hun gemoed. Ze worden met een
echte schok geconfronteerd. Vandaar het belang
van begeleiding en psychologische steun die hen
gedurende de hele ziekte wordt voorgesteld door
het oncologisch psychosociaal team van het Instituut. Ook deze verzorging wordt u door de betrokkenen in dit nummer voorgesteld.
Ten slotte staat de terugkeer naar school in onze
vereniging, zoals u weet, gewoontegetrouw voor
diverse activiteiten. We wijken dit jaar niet af van
deze traditie. Zo kunt u op zondag 25 oktober onze
grote theateravond bijwonen en op donderdag 29
oktober deelnemen aan een avond te onzen gunste
in de bibliotheek Filigranes… en niet te vergeten: de
Ladies Woman Run in Ukkel, op 22 november.
Ik hoop u in de volgende weken te ontmoeten en
wens u veel leesplezier!
J’espère avoir le plaisir de vous rencontrer dans les
prochaines semaines et vous souhaite une excellente lecture !
Ariane Cambier Secrétaire Générale / Algemeen secretaris
© Benoît Deprez/Tif
Vous découvrirez aussi dans ce numéro les très
grands espoirs que Le Pr Jean-Marie Nogaret, Chef
de la Clinique du Sein de l’Institut, place dans
l’étude actuellement réalisée par le Registre Belge
du Cancer sur la qualité des soins prodigués dans
les plus de 50 cliniques du sein de notre pays. Une
étude qui devrait permettre à toutes les patientes
de choisir en toute connaissance de cause l’hôpital
dans lequel elles souhaitent être traitées.
onder vrienden
Geachte mevrouw mijnheer
Beste 'Vrienden'
entre amis
Madame Monsieur
Chers 'Amis'
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BORDET NEWS - SEPTEMBRE 2015
Cancer du sein et
des soins :
Pr Jean-Marie Nogaret
Responsable de la Clinique du Sein
Les résultats définitifs seront communiqués à chaque clinique avant
la fin de l’année. La Communauté
Flamande a d’ores et déjà, puisqu’il
s’agit d’un bien légitime respect
vis-à-vis des patientes et de la population en général, demandé que ces
résultats soient accessibles à tous
notamment via un site internet.
Nous ne pouvons que souhaiter
qu’il en soit de même pour la Région
Wallonie-Bruxelles.
Depuis de nombreuses années, il est
clairement établi que les chances de
guérison, d’ailleurs pour tout type
de cancer, sont plus élevées lorsque
le patient est traité par une équipe
multidisciplinaire performante qui
prend en charge annuellement,
pour chaque type de pathologie,
un nombre important de patients.
Ceci reste bien entendu vrai pour le
cancer du sein.
En mai 1999, à Leuven, se sont
réunis les représentants des diverses
sociétés scientifiques européennes
Le Registre Belge du Cancer finalise
actuellement une remarquable étude
impartiale sur la qualité des soins
prodigués dans les diverses cliniques du
sein (plus de 50) en Belgique.
qui s’occupent du cancer du sein
afin d’établir des normes qualitatives
et quantitatives -l’une ne va effectivement pas sans l’autre-, qui permettraient à toutes les femmes porteuses de cette maladie de bénéficier
de la même qualité de soins et donc
des mêmes chances de guérison.
Ces normes dites « EUSOMA » ont par
ailleurs été reprises comme directive
européenne afin d’être transformées
en texte de loi par chaque pays de
la Communauté.
Ces normes établissaient qu’une
clinique du sein devait impérativement disposer d’une équipe médicale composée de chirurgiens,
d’oncologues médicaux, de radiothérapeutes, d’anatomo-pathologistes, de chirurgiens plasticiens, de
radio-isotopistes, de radiologues…,
dont l’activité professionnelle devait
être essentiellement dédiée à cette
pathologie. La clinique devait également bénéficier d’une équipe paramédicale essentiellement rattachée
à cette clinique dont des infirmières
(des infirmiers), des psychologues,
des kinésithérapeutes…..
La première consultation devait être
obtenue dans un délai de 10 jours et
le diagnostic posé dans un délai de
5 jours. Chaque clinique se devait
d’offrir les traitements reconnus
par les « guidelines » internationaux et discuter pour chaque cas,
lors d’un colloque multidisciplinaire
hebdomadaire.
Pour que cette clinique soit crédible, un nombre minimum de
nouveaux cas annuels de 150 (cela
ne représente en réalité que 3 cas
par semaine !) devait être atteint
et il était également établi qu’un
nombre minimum de 50 opérations
annuelles par chirurgien (un cas
par semaine !) devait être réalisé.
Le suivi des patientes devait être
assuré ainsi que la prise en charge
dans une unité de soins palliatifs
pour les patientes atteintes d’une
maladie évolutive. Tous les dossiers
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BORDET NEWS - SEPTEMBRE 2015
informations sur la qualité
un droit bien légitime
devaient être enregistrés et un audit permanent
devait être réalisé.
A l’Institut Jules Bordet, une telle structure avait
été mise en place dès 1986.
Depuis, notamment grâce au soutien des ‘Amis de
l’Institut Bordet’, cette clinique, qui prend en charge
annuellement plusieurs centaines de nouvelles
patientes, n’a cessé de se développer et de rester
toujours pionnière dans de nombreux domaines à
la fois diagnostiques et thérapeutiques (nouveautés
reprises dans les diverses éditions du Bordet News).
A noter que le Centre Fédéral d’Expertise des Soins
de Santé (KCE) préconise un ensemble de recommandations de bonnes pratiques similaires ou
complémentaires aux normes EUSOMA.
Par respect pour chaque patiente, nous pouvons
espérer que la reconnaissance des cliniques du sein
soit effectuée dans l’avenir sur base d’une évaluation sérieuse de ces divers critères de qualité.
Avant de recevoir officiellement les résultats
objectifs du Registre du Cancer, nous avons déjà
revu (grâce à l’excellent travail du Data Centre de
l’Institut Bordet) les divers indicateurs de qualité
de notre clinique du sein, notamment en ce qui
concerne la survie et la survie sans récidive à 5 ans
en fonction du stade au moment du diagnostic pour
les patientes traitées entre l’année 2000 et l’année
2008. Pour les tumeurs diagnostiquées à un stade
locorégional, la survie varie de 87,2 à 98 %, c’està-dire largement dans la fourchette des chiffres
considérés comme optimaux.
Tous les autres indices de qualité ont également
été revus pour les patientes prises en charge durant
l’année 2012. Par rapport aux normes préconisées,
tous étaient excellents sauf parfois en ce qui concerne le
délai de la prise en charge qui pourrait encore être raccourci. Nous avons bien entendu l’espoir que nous pourrons
prochainement résoudre ce problème lorsque nous aurons
emménagé dans le 'New Bordet'.
Nous ne manquerons pas de vous communiquer dans cette
revue, dès qu’ils seront disponibles, les résultats de l’étude
objective du Registre du Cancer.
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BORDET NEWS - SEPTEMBRE 2015
De l’importance de la chirurgie
dans la prise en charge
En quoi le chirurgien joue-t-il un rôle
essentiel dans la prise en charge du
cancer du sein ?
Dr Isabelle Veys
Chef de Clinique –
Service de chirurgie
mammo-pelvienne
Le cancer du sein se traite de manière
multidisciplinaire. La chirurgie joue dans
cette approche un rôle essentiel. Elle se
veut d’abord thérapeutique. Mais grâce à
l’acte chirurgical, on va aussi obtenir des
données sur le type de cancer auquel on
est confronté et sur son étendue locorégionale, informations additionnelles
notamment fournies par les anatomopathologistes et qui permettront de définir
les traitements systémiques éventuels
les mieux adaptés.
Autrement dit, vous intervenez en
première ligne ?
Le chirurgien intervient effectivement
le plus souvent en première ligne. Les
cancers étant aujourd’hui diagnostiqués
de plus en plus tôt, il est donc confronté
à des cancers de petite taille. C’est donc
bien lui l’acteur premier dans la prise en
charge thérapeutique de la patiente. Ces
cancers étant souvent diagnostiqués à
des stades infra-cliniques, il doit bien sûr
compter en amont sur l’aide des radiologues pour repérer la lésion ce qui permet
de l’enlever de la manière la plus précise
et la moins mutilante possible.
Si la lésion est de petite taille, on ne sait
pas où elle est précisément localisée. Le
radiologue effectue donc un repérage
précis par échographie ou par stéréotaxie en procédant à un tatouage ou à
la mise en place d’un harpon. Il injecte
du noir de carbone pour repérer la lésion
où un harpon est injecté. Le chirurgien
suit quant à lui, durant l’intervention,
le repérage jusqu’à une « flaque de carbone » se situant au-dessus de la tumeur
ou dissèque autour du trajet du harpon.
Arrivé à ce niveau, il sent souvent la
tumeur et peut l’enlever avec des marges
de sécurité suffisantes pour éviter le
risque de voir réapparaître la maladie.
Dans ce cadre, une nouvelle technique
par fluorescence récemment développée à l’Institut Bordet vous vient en
aide ainsi qu’aux anatomopathologistes ?
Oui. Le principe est le suivant. Les cellules
cancéreuses du sein sont avides du vert
d’indocyanine, une molécule fluorescente qui n’est normalement pas 'visible'
mais qui, quand elle est excitée par une
lumière -des photons d’une longueur
d’onde précise-, ré-émet des photons
d’une longueur d’onde différente. La molécule devient alors fluorescente et donc
visible. Son utilisation peut nous aider
lors de l’acte chirurgical, notamment
pour s’assurer de la bonne résection des
lésions. En plaçant la pièce de tumorectomie sous la sonde à infra-rouge et en
ne voyant pas de fluorescence en périphérie, on peut en effet supposer que les
marges sont bonnes.
Dans le cas d’une tumorectomie, cette
technique va également aider le pathologiste ?
Dans le cadre des analyses ‘extemporanées’, c’est-à-dire lorsque l’anatomopathologiste doit donner une réponse
rapide au chirurgien qui attend à côté de
la patiente endormie, avoir une molécule
qui permet directement de « voir » en
fluorescence le tissu tumoral simplifie
une part du travail et rend l’analyse
qu’il réalise plus précise et donc plus
performante.
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BORDET NEWS - SEPTEMBRE 2015
du cancer du sein
Avoir un Service d’anatomopathologie à côté de la
salle d’opération revêt donc pour le chirurgien une
importance capitale ?
Bien sûr ! Avoir un service d’anatomopathologie qui
analyse la pièce opératoire en extemporané (immédiatement en per-opératoire) nous permet de rapidement
savoir si les marges de sécurité que nous avons prélevées
sont suffisantes. De plus, la prise en charge immédiate
de la pièce opératoire permet le cas échéant de conditionner la tumeur suivant des modalités précises comme
par exemple une congélation d‘une partie de la tumeur
afin de procéder à des analyses complémentaires en
vue d’éventuels traitements personnalisés ultérieurs
(tumorothèque).
Que se passe-t-il dans les hôpitaux ne disposant pas
d’anatomopathologistes à proximité du chirurgien ?
Dans ce cas, si les marges prélevées s’avèrent insuffisantes, lors de l’analyse définitive, le chirurgien devra
réopérer.
En va-t-il de même pour l’analyse du ganglion
sentinelle ?
Effectivement. La 1ère porte de sortie du cancer, quand il
quitte le sein, est constituée par les ganglions axillaires.
Depuis les années 90, l’une des grandes révolutions dans
la prise en charge chirurgicale du cancer du sein, a été le
développement de la technique du ganglion sentinelle
(premier relais loco-régional qui draine la tumeur). Au
départ, ce ganglion n’était pas analysé durant l’opération. S’il s’avérait positif, il fallait donc procéder à une
2ème intervention -et donc à une 2de anesthésie- afin
de procéder à un évidement ganglionnaire complet (on
enlève alors l’ensemble des ganglions). Aujourd’hui, dans
des centres comme le nôtre, grâce à la proximité du
service d’anatomopathologie, le ganglion sentinelle est
analysé en per-opératoire. Le pathologiste procède non
seulement à l’analyse du ganglion par des techniques
de coloration classique mais aussi par des techniques
d’immunohistochimie permettant une plus grande précision et sécurité d’analyse. Il est donc très rare que l’on
doive réopérer lorsque le ganglion sentinelle s’est avéré
faussement négatif. Sur les 700 cancers annuels opérés
à l’Institut, seulement 1 à 2 patientes doivent subir
une deuxième intervention. Quel chemin parcouru
dont la santé et le confort de nos patientes tirent un
si grand bénéfice.
Le fait de traiter un nombre important de patientes
par an est aussi important ?
Quand on a une grosse activité, on est plus à l’aise lors
de l’acte chirurgical et on tient également énormément
compte de l’aspect esthétique de l’intervention. Pour
les tumorectomies, on procède à un modelage de la
glande mammaire restante pour que le résultat soit le
plus beau possible.
La technique du Mobetron vous est aussi utile dans
ce cadre-là ?
Oui, avec le recul et la possibilité de procéder à une
radiothérapie per-opératoire grâce au Mobetron, on se
rend compte que les patientes ayant bénéficié de cette
technique il y a 4-5 ans ont des résultats esthétiques
à long terme beaucoup plus beaux , probablement
parce que la peau n’a pas été exposée à la radiothérapie. Les cicatrices sont plus grandes mais s’estompent
davantage.
Quel bilan personnel dressez-vous de votre parcours
de chirurgienne ?
Chaque fois que je dois enlever un sein -et c’est heureusement de moins en moins fréquent-, cela m’est
très difficile. Je suis donc contente que le dépistage ait
énormément progressé au cours des dernières années
et que les bilans sénologiques soient de plus en plus
performants, ce qui permet d’éviter un nombre important de mastectomies.
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BORDET NEWS - SEPTEMBRE 2015
Recherche :
la révolution
Dr Christos Sotiriou,
Dr Christine Desmedt
Laboratoire de Recherche Translationnelle
en Cancérologie Mammaire
La caractérisation moléculaire du cancer du sein
Au début de ce siècle, une révolution
technologique importante nous a permis de mieux caractériser la biologie des
tumeurs mammaires. Cette révolution
concerne les avancées considérables des
techniques de séquençages de l’ADN.
Il serait faux de penser que les équipes de
recherche travaillent seules dans leur coin
pour identifier les mutations présentes
dans les différents cancers. Des initiatives
comme 'l’International Cancer Genome
Consortium' ou le ‘Cancer Genome Atlas’
ont pour objet de constituer de vastes
bases de données où les tumeurs seront caractérisées à différents niveaux
moléculaires. Toutes ces données sont
ensuite partagées entre tous les chercheurs, permettant ainsi de faire avancer
la recherche.
Le Laboratoire de Recherche Translationnelle en Cancérologie mammaire de l’Institut Bordet a activement participé à l’ICGC,
ainsi qu’à d’autres projets caractérisant
les tumeurs mammaires à l’aide de ces
techniques de séquençage et les résultats
ont abouti à des découvertes majeures.
Premièrement, le paysage mutationnel
de chaque tumeur est différent, chacune
présentant une combinaison de mutations
différente. De nouvelles mutations suscep-
tibles d’être ciblées par des traitements
précis ont été identifiées. Elles ne sont
cependant présentes que chez une faible
proportion de patientes.
Deuxièmement, en examinant les différents types de mutations, il a été possible
de reconstruire les processus mutationnels
responsables du développement de la tumeur. Si pour certaines tumeurs, tels que
les cancers du poumon ou de la peau, les
agents mutagènes (le tabac et les rayons
utraviolets respectivement) ont déjà été
bien décrits, de nombreuses inconnues
entourent encore les origines du cancer du
sein. Une étude récente coordonnée par
l’Institut Sanger a démontré que différents
mécanismes mutationnels intervenaient
dans le développement des tumeurs mammaires et qu’ils pouvaient différer d’une
tumeur à l’autre. Alors que le profil mutationnel le plus fréquent semble lié à l’âge,
les mutations affectant les gènes BRCA1
et BRCA2, sont aussi associées à des
profils bien particuliers. Une découverte
aujourd’hui interpelante est celle de la découverte de mutations probablement liées
à l’activité de certains enzymes luttant en
temps normal contre les infections virales
mais qui pourraient également endommager le matériel génétique de leur hôte et
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BORDET NEWS - SEPTEMBRE 2015
en marche
favoriser le développement de cancers. De
manière intéressante, notre laboratoire, en
collaboration avec d’autres, a démontré
que si des mutations existaient au niveau
de l’ADN dans le cancer du sein, d’autres
touchaient l’ARN (le support intermédiaire
des gènes pour synthétiser les protéines).
De nouvelles études approfondies sont
aujourd’hui en cours afin de continuer à
améliorer la compréhension des processus
liés à l’apparition des tumeurs mammaires,
avec l’espoir futur de pouvoir empêcher
leur développement.
Les nouvelles techniques de séquençage
ont aussi permis à notre laboratoire de se
pencher sur des catégories de cancer du
sein moins étudiées comme les cancers du
sein lobulaires, lequel représente 10-15%
de l’ensemble des carcinomes mammaires.
Ces cancers sont aujourd’hui toujours traités en pratique clinique comme les autres
cancers du sein canalaires alors qu’ils
présentent des comportements cliniques
différents. Ils ont ainsi tendance à rechuter plus tard que les cancers canalaires et
préférentiellement dans d’autres organes.
Une étude englobant 600 patientes de
l’Institut Bordet, de l’UCL et de deux
centres à Milan et à Marseille vient de
démontrer que le cancer lobulaire présente des différences génomiques par rapport au cancer canalaire, différences qui
Le Dr Michail Ignatiadis
et Françoise Rothé
pourraient influencer la prise en charge
thérapeutique de la maladie. Ainsi par
exemple, la majorité exprime des récepteurs hormonaux mais pas HER2. Or on
s’est rendu compte que des mutations du
gène HER2 pouvaient être présentes chez
ces patientes sous une autre forme. En
plus des mutations dites HER2, on a aussi
découvert chez certaines de ces patientes
des mutations dans un gène de la même
famille, à savoir le gène HER3, mutations
activant la même voie de signalisation.
Cela signifie que l’on pourrait traiter ces
patientes dont les tumeurs présentent
des mutations pour ces gènes HER2 et
HER3 avec des traitements spécifiques qui
existent déjà.
L’hétérogénéité moléculaire de la tumeur primaire
Dans un quart des cas, le cancer du sein
est dit multifocal, dans la mesure où il
comprend plusieurs tumeurs invasives
dans un même sein au même moment.
Il s’agit d’un type de cancer qui représente un véritable défi pour les pathologistes et les cliniciens car souvent associé
à des caractéristiques plus agressives.
Actuellement, pour définir le meilleur
traitement contre ces cancers, le Collège
Américain des Pathologistes recommande
de caractériser la plus grande lésion et
de définir le traitement sur cette base-là.
Or, une étude que nous avons réalisée à
10
BORDET NEWS - SEPTEMBRE 2015
l’Institut Jules Bordet, en collaboration avec l’Institut
italien Meldola et l’Institut Sanger de Cambridge, a été
plus loin et prouve qu’en réalité, même si les lésions
présentent des caractéristiques pathologiques similaires
-dont l’expression des récepteurs hormonaux et HER2-,
dans un tiers des cas, elles diffèrent d’un point de vue
génomique, surtout quand les lésions étaient éloignées
les unes des autres dans le sein. C’est la raison pour
laquelle plusieurs hôpitaux, dont l’Institut Bordet, ne se
contentent plus aujourd’hui d’analyser la plus grande
lésion. Ces résultats, même s’ils doivent encore être
confirmés sur un plus grand nombre d’échantillons,
suggèrent qu’une analyse plus approfondie de ce type
de tumeur pourrait non seulement avoir un bénéfice
direct pour la patiente en terme de choix et de réponse
aux traitements utilisant les diverses thérapies standard
et ciblées, mais aussi permettre d’acquérir une meilleure
compréhension de l’évolution de la maladie.
L’importance du microenvironnement tumoral
La tumeur n’est pas simplement un amas de
cellules cancéreuses mais un ensemble de cellules cancéreuses et de cellules saines, associées à la tumeur qui
contribuent à son développement et qui forment le
microenvironnement tumoral. Au cours des dernières
décennies, de très nombreuses observations ont mis
en évidence l’importance des interactions entre les
cellules cancéreuses avec leur microenvironnement au
cours des différentes étapes de l’évolution de la maladie. Dans notre laboratoire, en collaboration avec le
laboratoire d’Immunologie du Dr K. Willard-Gallo, nous
nous sommes ainsi penchés depuis plusieurs années sur
certaines cellules présentes dans ce microenvironnement
tumoral, à savoir les lymphocytes. Nous avons notamment démontré dans plusieurs études que certaines
tumeurs présentaient un système immunitaire plus
actif que d’autres avec, à la clef, une meilleure réponse
à la chimiothérapie et à certains traitements ciblés. Ces
résultats sont à la base d’études sur la possibilité de
développer des vaccins permettant de lever le frein du
système immunitaire ainsi que de nouvelles molécules
susceptibles de renforcer celui-ci et de le moduler.
Vers une meilleure compréhension de la progression de la maladie
Jusqu’à présent, le choix du traitement des métastases repose sur l’analyse de la tumeur primaire. Une
meilleure compréhension de la maladie métastatique
est importante afin de pouvoir la traiter au mieux.
Malheureusement, l’étude de la dissémination de la
maladie, de la tumeur primitive à la maladie métastatique, est difficile car elle ne peut être valablement
menée que sur l’analyse de toutes les métastases de la
patiente, autrement dit par autopsie de patientes décédées. Dans une étude entamée il y a 5 ans, nous avons
pu interroger la biologie de toutes les métastases de
patientes conservées à l’Université de Budapest. Nous
avons ainsi pu reconstituer leur historique et constater que dans certaines rechutes proches du diagnostic
initial, les caractéristiques étaient proches, d’un point
de vue génomique, de celles de la tumeur primaire. Par
contre, dans le cas de rechutes plus tardives, les différences moléculaires s’avèrent plus importantes. Ceci
signifie que si la récidive est rapide, l’étude de la tumeur
primaire s’avère suffisante. Par contre, si la rechute se
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BORDET NEWS - SEPTEMBRE 2015
fait des années après le cancer initial, il est recommandé
d’étudier les caractéristiques propres aux métastases en
vue d’un traitement plus adapté.
La médecine dite « personnalisée » s’inscrit dans ce
contexte, et préconise l’application directe des techniques de séquençage à haut débit dans la pratique
clinique quotidienne. Par exemple, l’utilisation du
séquençage ciblé d’un ensemble d’aberrations prédéfinies et cliniquement importantes, pourrait être utile
pour la prise de décision thérapeutique, en particulier
pour le choix de traitements ciblés.
Le concept de la biopsie liquide
Le concept de biopsie liquide est d’identifier les anomalies génomiques (mutations) présentes dans la tumeur
du sein ou les métastases à partir d’une simple prise
de sang. Un des avantages de cette technique est de
pouvoir interroger ces anomalies dans le sang à la place
d’effectuer de multiples biopsies des métastases, ce
qui en pratique est difficile voire impossible à réaliser
et qui comporte, de plus, de nombreux inconvénients.
Récemment, nous avons mené une étude en collaboration avec la société wallonne OncoDNA, qui nous a
permis de montrer qu’il était possible d’identifier dans le
plasma (partie liquide du sang) des mutations présentes
dans les métastases de ces patientes. A titre d’exemple,
nous avons identifié dans le plasma de certaines
patientes, la présence de mutations affectant le gène
du récepteur aux œstrogènes, responsable de la résistance à l’hormonothérapie. D’une manière étonnante,
ces mutations sont rarement détectables à partir de
l’analyse des tumeurs du sein au moment de l’opération.
Les patientes qui présentent ces mutations détectées
dans le sang (plus de 30% des patientes atteintes d’un
cancer du sein avancé) pourraient bénéficier de nouveaux traitements capables de lever cette résistance. Le
but est d’initier prochainement à l’Institut Bordet une
étude mesurant ces mutations dans le sang chez des
patientes bénéficiant déjà d’une hormonothérapie afin
de détecter précocement l’apparition de ces mutations
en vue d’adapter leur traitement d’hormonothérapie.
Il faut aussi savoir que les biopsies liquides permettent
d’identifier plus tôt une éventuelle récidive comparé à
l’imagerie médicale. Ici, l’objectif est de pouvoir mettre
au point un « super-marqueur » qui nous permettrait
de suivre facilement la maladie par une simple prise
de sang afin d’éviter une récidive en administrant un
traitement le plus tôt possible. Toutes ces découvertes
ouvrent des perspectives inédites dans la prise en charge
des cancers du sein, tous types confondus.
Il est important de préciser que toutes ces recherches
n’auraient pas pu avoir lieu sans la participation des
patientes et le soutien généreux des " Amis de l’Institut
Bordet " et de ses donateurs !
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BORDET NEWS - SEPTEMBRE 2015
De la recherche
Traitement de la maladie précoce
(Traitement néo-adjuvant),
chirurgie, radiothérapie et
traitement adjuvant
LE PROCESSUS DE PRISE EN CHARGE EST LE SUIVANT :
1. Examen clinique
Examen des seins et des ganglions lymphatiques voisins, par observation et palpation.
2. Examen radiologique
Examen des seins par mammographie (radiographie) complétée par une échographie des
seins et des ganglions voisins. Une radiographie du thorax, une échographie abdominale et
une scintigraphie osseuse sont réalisées pour exclure la présence de métastases.
3. Examen anatomo-pathologique
Examen en laboratoire d'un échantillon de la tumeur (prélevé lors d'une biopsie) qui confirmera le diagnostic de cancer du sein et fournira davantage d’informations sur les caractéristiques du cancer (grade et type histologique, expression des récepteurs hormonaux…). Dans
le cas de cancers multifocaux, les différentes lésions seront étudiées.
4. Examen moléculaire
Dans certains cas, un examen moléculaire supplémentaire de la tumeur est conseillé afin de
mieux déterminer l’agressivité de la tumeur (tel que le Grade Génomique, développé par le
laboratoire de recherche translationnelle en cancérologie mammaire).
Quelques définitions reprises de ‘Cancer du sein : Un guide pour les patients’ de l’ESMO
Traitement néo-adjuvant: Traitement administré préalablement au
traitement principal, qui consiste
généralement en une intervention chirurgicale, dans l’objectif
de réduire la taille de la tumeur.
La chimiothérapie, la radiothérapie et l’hormonothérapie sont des
exemples de traitements néoadjuvants.
Traitement adjuvant:Un traitement
adjuvant est un traitement prescrit
en complément de la chirurgie. Chez
les patientes atteintes d’un cancer
du sein de stade I à III, les traitements adjuvants possibles sont la
radiothérapie, la chimiothérapie*,
l’hormonothérapie et les thérapies
ciblées*. Dans ce schéma, la radiothérapie constitue un traitement
local alors que la chimiothérapie,
l’hormonothérapie et les thérapies
ciblées peuvent traiter les cellules
cancéreuses qui se seraient propagées dans d'autres parties du corps.
Les traitements de cette nature sont
appelés traitements systémiques.
Thérapie ciblée: Médicaments ou
autres substances telles que des
anticorps monoclonaux permettant
d’identifier et d’attaquer des cellules
cancéreuses spécifiques. Une thérapie ciblée peut avoir moins d’effets
secondaires que les autres types de
traitements anticancéreux.
Type histologique: Catégorie de
classification des tumeurs tenant
compte des caractéristiques de leurs
cellules et de leurs autres structures
observées au microscope.
Grade histologique : Description
d’une tumeur en fonction de l’aspect
anormal des cellules cancéreuses
examinées au microscope et de la
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BORDET NEWS - SEPTEMBRE 2015
aux traitements
Dr Christine Desmedt et Dr Christos Sotiriou
Traitement de la maladie avancée
Traitement de la
maladie métastatique
LE PROCESSUS DE PRISE EN CHARGE EST LE SUIVANT :
1. Examen radiologique
Examens complémentaires pour déterminer la présence des métastases et réalisation d’une biopsie d’une
métastase si possible.
2. Examen anatomo-pathologique
Examen en laboratoire de l’échantillon métastatique (quand il est disponible) qui confirmera le diagnostic de
métastase du cancer du sein et fournira davantage d’informations sur les caractéristiques de cette métastase
(grade et type histologique, expression des récepteurs hormonaux…).
3. Examen moléculaire
Dans certains cas, un examen moléculaire supplémentaire de la tumeur est conseillé afin de mieux déterminer la présence de certaines cibles thérapeutiques qui pourraient permettre à la patiente de bénéficier d’un
traitement dans le contexte d’un essai clinique (programmes PRECISION ou AURORA actuellement en cours à
l’Institut Bordet). Outre les bénéfices potentiels que la patiente pourrait en tirer, la participation à des essais
cliniques est aussi encouragée vu qu’ils représentent le seul moyen de faire progresser la recherche clinique.
4. Contrôle de la maladie
Ceci repose sur l’évolution de l’examen clinique, des symptômes, de la qualité de vie de la patiente, des analyses
de sang et des examens radiologiques successifs. Avec les avancées de la recherche, la maladie pourra bientôt
aussi être suivie de plus près encore par l’analyse moléculaire des biopsies liquides.
vitesse à laquelle la tumeur est susceptible de grossir et de se propager.
Les types de grade sont différents
d’un type de cancer à l’autre.
HER2: Protéine impliquée dans la
croissance des cellules. Elle est retrouvée dans les cellules de certains
types de cancer, dont le cancer du
sein et de l’ovaire. La présence de
HER2/neu dans les cellules cancéreuses prélevées peut être testée
afin d’aider à décider du meilleur
type de traitement.
Récepteurs hormonaux: Il existe
deux hormones (l'oestrogène et la
progestérone) qui sont responsables
de la croissance et du développement normal des seins. Ces hormones peuvent également influencer la croissance de certains cancers
du sein. Des tests seront réalisés sur
un fragment de tissu de la tumeur
pour évaluer s'il y a présence ou non
de récepteurs pour ces hormones
(récepteurs hormonaux). S'il n'y a
pas de récepteurs sur la tumeur, on
dit qu'elle a des récepteurs négatifs. À l'inverse, si la tumeur exprime ces récepteurs, on dit qu'elle
a des récepteurs positifs ou encore
qu'elle est hormonodépendante. La
connaissance de ces récepteurs est
importante, car si la tumeur possède
des récepteurs hormonaux positifs,
certains médicaments peuvent être
utilisés pour ralentir ou stopper la
croissance du cancer (l’hormonothérapie).
Métastase: La propagation du cancer du sein à un autre organe. Une
tumeur formée par des cellules qui
se sont propagées est appelée une
“tumeur métastatique” ou une “métastase”.
BORDET NEWS - SEPTEMBRE 2015
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S’adapter tout au
Des interventions de soutien psychol
Les progrès thérapeutiques réalisés dans le
cadre du cancer ont changé l’horizon de bien
des malades, et ce tout particulièrement en ce
qui concerne le cancer du sein. La guérison
est de plus en plus de l’ordre du possible. Alors
qu’hier, les maladies cancéreuses étaient bien
souvent fatales, elles sont devenues des affections
chroniques associées à un avenir incertain.
Pr Darius Razavi
Ce changement de statut étend le champ
des interventions psychologiques. Dès
l’annonce de la maladie, tout au long
du parcours médical mais également
à la fin de celui-ci, des interventions
sont proposées aux personnes qui le
souhaitent par des psychologues de la
Clinique de Psycho-oncologie de l’Institut Bordet. Ces interventions variées,
individuelles, de couple, familiales ou de
groupe peuvent consister en des prises
en charge brèves ou de plus longue durée
en fonction des besoins et souhaits de
chaque patiente et de ses proches.
Depuis plus de cinq ans maintenant, dans
le cadre des deux « Plans Cancer », des
interventions de groupe ont été proposées aux femmes atteintes d’un cancer
du sein terminant leur traitement de
radiothérapie. A la fin des traitements,
ces femmes vivent très souvent des
émotions contradictoires. Elles peuvent
se sentir soulagées tout en éprouvant des
inquiétudes pour l’avenir. Elles peuvent
se sentir heureuses et impatientes de
retourner à une vie quotidienne tout
en se sentant déboussolées, sensibles
émotionnellement. Elles peuvent avoir
l’envie de faire de nouveaux projets tout
en doutant de l’avenir. Ces interventions
ont permis de les accompagner dans
cette délicate période de transition. Elles
ont également mis en évidence à quel
point la peur que le cancer ne revienne
est présente durant cette période.
La peur que le cancer revienne ou progresse est l’un des problèmes qui, en
effet, a été le plus souvent rapporté
par les patientes dans ces groupes. Ces
plaintes rejoignent la littérature scientifique qui montre qu’il s’agit d’une des
plaintes principales des patientes en
rémission et l’une de celles qui sont le
moins prises en charge. Si cette peur est
normale et légitime lorsqu’elle est transitoire et n’entrave pas le quotidien, elle
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BORDET NEWS - SEPTEMBRE 2015
long de la maladie…
logique pour les femmes et leur famille
©istock/vm
Isabelle Merckaert*, Florence Lewis* et Pr Darius Razavi*
*Clinique de Psycho-oncologie de l’Institut Bordet
peut, chez de nombreuses patientes, se
maintenir au fil du temps ou s’intensifier.
Les femmes peuvent alors se sentir perdues ou confuses. Les émotions semblent
alors incontrôlables et les pensées se
bousculent entraînant des difficultés dans
la « réadaptation » conjugale, familiale,
sociale et professionnelle.
Activée tant par des sensations internes
(douleurs, fatigue, …) que par des stimuli
externes (média, examens médicaux, …),
la peur de la récidive peut ainsi devenir
un précurseur de la détresse émotionnelle,
être associée à des troubles du sommeil,
réduire la qualité de vie et augmenter le
recours inutile aux soins de santé dans
une recherche de réassurance. Il est, par
conséquent, primordial de construire et
d’évaluer des interventions qui permettront d’aider les patientes à mieux réguler
cette peur et l’anxiété qui y est associée.
Les résultats de l’étude réalisée dans le
cadre des deux " Plans Cancer " indiquent
que les interventions de groupe et l’hypnose sont des composantes thérapeutiques adaptées pour aider les patientes
à mieux réguler leur anxiété. Ils confirment la faisabilité et l’acceptabilité de
ce type d’intervention psychologique.
Cette première expérience est prolongée
aujourd’hui dans le cadre d’une nouvelle
intervention de groupe proposée aux
femmes atteintes d’un cancer du sein et
achevant leur traitement par radiothérapie, intégrant les techniques cognitivo-comportementales et l’apprentissage
de l’hypnose. Elle s’appuie également sur
une composante de coaching quotidien
visant à accompagner les patientes dans
leur vie de tous les jours. Un programme
de recherche est également organisé afin
d’évaluer l’efficacité de cette nouvelle
intervention de groupe.
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BORDET NEWS - SEPTEMBRE 2015
Yoko Tsuno se mobilise…
avec Roger Leloup
Interview : Ariane Cambier
Roger Leloup, infatigable scénariste et dessinateur
belge de Yoko Tsuno, a généreusement accepté cette
année de mobiliser sa célébrissime héroïne au profit
de la lutte contre le cancer du sein à l’Institut Bordet.
Nous avons eu le privilège de le rencontrer dans son
antre wavrienne. L’œil aussi malicieux que tendre, cette
figure emblématique de la BD belge nous parle de son
engagement à nos côtés.
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BORDET NEWS - SEPTEMBRE 2015
Roger Leloup, qui est Yoko Tsuno ?
Quelles sont ses principales qualités ?
Yoko est une jeune japonaise qui n’a pas accepté un certain carcan traditionnel japonais.
Compte tenu de sa double origine -elle a une
grand-mère chinoise-, je dirais que Yoko représente à la fois la « poésie » chinoise et l’efficacité japonaise. Elle peut être mise dans toutes
les situations, elle s’adapte toujours. Mais ce
n’est pas une super-woman pour autant. Elle
éprouve aussi des sentiments !
La manière dont vous avez créé la série
Yoko est assez surprenante…
Oui. Les éditions Dupuis me pressaient de rentrer un projet d’album. Or, j’étais cloué au lit
avec une bronchite. Je leur ai donc envoyé une
histoire que je me racontais enfant, pensant
ainsi gagner un peu de temps. Et ils m’ont
répondu de façon enthousiaste ! Comme quoi,
il a fallu que je sois malade pour lancer Yoko !
Que pouvez-vous nous dire de Yoko
tirant à l’arc ?
La première fois que Yoko apprit à tirer à l’arc,
celui-ci était trop grand pour elle et l’on se
moquait d’elle. Son précepteur lui dit « Yoko,
ne t’inquiète pas. Demain, je prendrai un arc à
ta taille. » Le lendemain, il lui dit : « Tu devras
apprendre à ne pas tirer sur deux cibles à la
fois ». Elle ne comprendra que plus tard ce qu’il
voulait dire et constitue en fait le principe du
Kyudo : la cible importe moins que l’objectif que l’on s’est fixé. Ce qui compte, c’est
atteindre l’esprit de concentration nécessaire
pour atteindre ce but. Cela étant, quand elle
tire à l’arc, Yoko est aussi proche de l’aïkido,
qui permet de capter la force de son adversaire
pour le désarçonner.
Vous avez toujours été fasciné par
la technologie. D’où vous vient cette
passion ?
des avions, des chars… Et aujourd’hui encore,
je dois démonter les choses pour voir comment
elles fonctionnent. Et si on dessine n’importe
quoi, si on ne donne pas assez de détails, les
gens n’y croient pas !
Les robots jouent un rôle central dans
votre œuvre ?
Oui et l’une des questions qui se pose est de
savoir quelle place on va leur donner quand ils
auront encore gagné en intelligence. Je pense
qu’ils nous apportent énormément, en nous
aidant par exemple à résoudre des questions
scientifiques complexes, mais ils ne se substitueront jamais à l’homme.
Vous êtes aussi attiré par le médical
et avez, là aussi, le sens du détail… Je
pense notamment à votre album « La
frontière de la vie », dans lequel une
petite fille est mise en hypothermie
pour ralentir son développement
cellulaire et dans lequel vous inventez
un sang artificiel…
J’ai toujours adoré ce qui était scientifique.
Quand j’étais petit, mon grand-père ramenait des exemplaires de « Science et Vie » à la
maison. Je les dévorais littéralement ! Pour ce
qui est de « La frontière de la vie », je n’ai pas
voulu jouer Frankenstein. J’aime que les choses
paraissent vraies. Je me suis donc énormément
renseigné auprès de Baxter, de Siemens. J’ai
même assisté à une opération à cœur ouvert…
Au point de susciter des vocations chez
certaines petites filles ?
Oui, une de mes lectrices m’a dit être devenue
hématologue grâce à cet album. Une fresque
avec Yoko se trouvant à Bruxelles promeut
d’ailleurs les carrières scientifiques auprès des
filles.
Quel message Yoko veut-elle faire
passer en se mobilisant pour la lutte
J’ai toujours été fasciné par la mécanique. contre le cancer du sein ?
Pendant la guerre, j’ai eu l’occasion de voir des
tas de machines : des trains, des locomotives,
La femme, quand elle est jeune, se sent peu
concernée. Or elle peut être touchée à tout
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BORDET NEWS - SEPTEMBRE 2015
moment. Yoko se mobilise car elle se dit
que cela pourrait lui arriver, à elle aussi.
Son message est le suivant : « Si cela peut
m’arriver, alors cela peut vous arriver, à vous
aussi. Nous sommes toutes vulnérables ;
cela n’arrive pas qu’aux autres. Il faut donc
prendre soin de soi ». On fait régulièrement
des révisions de sa voiture pour s’assurer que
tout va bien. Pourquoi dès lors ne ferait-on
pas une mammographie en temps utile ? On
attend toujours du médecin qu’il soit toutpuissant et fasse des miracles. Or, ce n’est pas
toujours possible.
Yoko pense également aux femmes
atteintes par la maladie…
Oui, bien sûr. Yoko est consciente que
le cancer du sein est pour la femme
une maladie aussi difficile physiquement que psychologiquement. Il la
touche dans une partie de son corps
symboliquement très importante.
Non seulement le sein est un objet
de séduction et, à ce titre, je suis
heureux de rendre Yoko jolie. Mais
le sein a aussi une fonction nourricière essentielle.
bien…
Oui, avec Yoko, je joue au magicien. Je sauve
des vies. Je termine toujours mes histoires de
manière positive. D’un coup de crayon ou de
gomme, je guéris une petite fille, je ressuscite
Yoko… Je vis dans mon univers, cela me permet d’édulcorer une réalité parfois difficile.
Vous avez sorti, au mois de juin un
nouvel album, « Le secret de Khâni »,
-dans lequel vous parlez d’ailleurs de
cellules souche- et vous travaillez déjà
à sa suite. Vous êtes un infatigable
passionné ?
Oui, je travaille actuellement à mon 28ème
album. Il faut savoir que chaque album représente 2 années de ma vie. Cela passe vite…
Et vous aimez les histoires qui
finissent
Miroir
Prix : 5 euros
En vente, dès le 5 octobre,
au profit des 'Amis'
et de la recherche contre
le cancer du sein à l’Institut Bordet
Informations : 02/541 34 14
Signet
Prix : 3 euros
Soirée caritative
chez Filigrane au profit de
la lutte contre le cancer du sein
à l’Institut Bordet
Pensez d’ores et déjà à vos achats de fin d’année. Filigranes,
c’est près de 3.000m2 de livres, jouets, CDs… le tout dans
une ambiance conviviale avec bar et petite restauration à
disposition.
à partir
de 20 h
20% de la recette de la soirée et 100% de la recette du bar seront versés aux 'Amis'.
En présence de nombreux auteurs, personnalités et du Pr Jean-Marie Nogaret
qui parlera des dernières avancées dans la prise en charge du cancer du sein.
22 NOV
à 11 h
Forêt de
Soignes
(départ : Avenue de
l'hippodrome)
2015
L’ambiance musicale sera assumée par le violoniste Grégoire Dune.
Au profit de la lutte
contre le cancer du sein
et de Bordet’n Wellness
Parlez-en autour de vous ! Motivez vos amies ou collègues et
formez votre équipe ! Vous ne pouvez pas participer ce jour-là ?
Parrainez une coureuse !
Superbe parcours 100% vert, hors circulation
3 - 6 ou 9 km - Allure libre. Echauffement en musique.
Prix des inscriptions: 6-7-8 € sur place
Un montant forfaitaire prélevé sur chaque inscription sera reversé à la lutte
contre le cancer du sein à l’Institut Bordet.
Inscription :
www.womanrace.be
Préventes : Drève olympique 50 - 1070 Anderlecht
S EQUOIA - Chaussée de Saint-Job, 532 - 1180 Uccle
En collaboration
avec Madame
l’Echevin des Sports
d’Uccle Carine
Gol-Lescot
SOIRÉE DE GALA
au profit
de la recherche contre le cancer
à l’Institut Jules Bordet
Dimanche
25 Octobre 2015
18H - Wolubilis
CONVERSATIONS
AVEC MA MÈRE
DE SANTIAGO CARLOS OVÈS
MISE EN SCÈNE DE PIETRO PIZZUTI
AVEC JACQUELINE BIR
ET ALAIN LEEMPOEL
INFOS ET RÉSERVATION :
121 BLD DE WATERLOO
BRUXELLES - 7ÈME ÉTAGE
PAIEMENT PAR
BANCONTACT POSSIBLE
02/541 34 14
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