Séquence 8-HG20
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Ces vingt années, 1795 - 1815, sont marquées de l’empreinte d’un homme, Bonaparte, d’abord
comme chef de guerre brillant puis comme homme d’État. On peut distinguer trois phases dans sa trajec-
toire : le Directoire ou la fin de la République (1795-1799) dans lequel s’illustre Bonaparte comme recours
possible pour mettre de l’ordre, le Consulat (1800-1804) qui met officiellement fin à la Révolution et où
Bonaparte entretient encore l’illusion de la continuité républicaine ; enfin, l’Empire (1804-1814/1815),
où Bonaparte devenu empereur, relance, mais avec plus de démesure encore, les fastes monarchiques
d’Ancien Régime.
ALe Directoire, 1795-1799, marchepied
vers le pouvoir de Bonaparte
! Le Directoire, un régime faible
Entre la chute de Robespierre (le 9 thermidor ou 27 juillet 1794) et la mise en place du Directoire (le 27
octobre 1795) s’écoule une année décisive en réaction contre la Terreur. Le gouvernement révolutionnaire
ainsi que l’essentiel de la législation d’exception mis en place par les Montagnards sont démantelés
comme la loi du Maximum par exemple. La Convention, dite thermidorienne, reprend ses pouvoirs ;
ce sont les députés de la «
Plaine
» qui la dominent maintenant. Ils renouent avec une politique plus
traditionnelle de liberté économique, or cela eut pour eux d’assez fâcheuses conséquences.
Les difficultés économiques qui marquèrent les précédentes années révolutionnaires, de 1789 à 1794,
ne sont pas résolues. Au contraire, elles ne font que s’aggraver. L’hiver 94-95 est particulièrement
rude ; la monnaie papier instituée en 1789, les assignats, finit par ne plus rien valoir du tout, l’inflation
ronge le pouvoir d’achat des catégories populaires, la disette menace, voire la famine.
À Paris, les sans-culottes organisent de nouvelles journées révolutionnaires et envahissent la
Convention, les 1er avril et 20 mai 1795 avec comme mot d’ordre : «
du pain et la Constitution de
1793
» [Constitution montagnarde jamais appliquée et suspendue par le gouvernement révolutionnaire],
or le pouvoir réussit, cette fois, à les désarmer.
Les Conventionnels en retirent une profonde méfiance, voire, de la haine à l’égard de ce « peu-
ple » parisien des ouvriers, artisans et boutiquiers, qui prétend exagérément représenter toute la
population française.
Le 21 septembre 1795, le projet de débarquement des émigrés échoue lamentablement à Quiberon mais
à la même époque sévit la « Terreur blanche » dans le Sud-Est de la France (une revanche sanglante
des royalistes contre les Jacobins, principaux soutiens des Montagnards). Pour les Conventionnels, il y
a urgence à construire un autre projet politique.
C’est une tout autre philosophie qui inspire les Conventionnels, où l’on s’éloigne très nettement
des principes de 1789 comme de ceux affichés par la Convention dès septembre 1792 :
Document 1 : Le gouvernement idéal selon Boissy d’Anglas
« Nous devons être gouvernés par les meilleurs, les meilleurs sont les plus instruits et les plus intéressés au
maintien des lois. Or, a bien peu d’exceptions près, vous ne trouverez de pareils hommes que parmi ceux
qui possèdent une propriété, sont attachés au pays qui la contient, aux lois qui la protègent, à la tranquillité
qui la conserve, et qui doivent à cette propriété et à l’aisance qu’elle donne, l’éducation qui les a rendus
propres à discuter, avec sagacité et justesse, les avantages et les inconvénients des lois qui fixent le sort de
la patrie … Un pays gouverné par les propriétaires est dans l’ordre social … »
« Boissy d’Anglas, Discours à la Convention du 29 juin 1795 ».
Questions :
1. À quoi Boissy d’Anglas lie-t-il le vote ?
2. À quel type de suffrage cela conduit-il nécessairement ?
3. Par opposition, et sous-entendu ici, qui doit être exclu de la vie politique ?
4. Ce discours est-il en réaction ? Contre quelle période de l’histoire révolutionnaire ?
5. Les propositions de Boissy d’Anglas sont-elles conformes aux grands principes révolution-
naires ?