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CONSIDERATIONS CONCERNANT LES RELATIONS DIPLOMATIQUES ENTRE
LA ROUMANIE ET L’EGYPTE DE L'ENTRE-DEUX-GUERRES
Anca-Steliana Mirea, PhD Candidate, ”Valahia” University of Târgoviște
Abstract: This paper addresses a subject less studied by specialists in the field, namely the
multilateral relations between the Romanian and the Egyptian people on the interwar period, a time of
great political effervescence, with profound economic and social transformations, for both
countries. The aim of this paper is to complete the “monograph” of the diplomatic relations between
Romania and Egypt, and, in particular, to highlight how these relations influence the political and
economical realities created by the World War I (1914-1918).
Keywords: interwar period, international relations, diplomatic mission, capitular regime, consular
court
Brève historique des relations entre la Roumanie et l’Egypte
On parle des premiers échanges diplomatiques entre la Roumanie et l'Égypte au cours
du règne de l’Alexandre Ioan Cuza, le grand souverain des Principautés Unies Roumains. Le
renforcement des relations commerciales entre les deux pays (des exportations massives de
céréales et de bois d'origine roumaine vers l'Égypte, bois qui a été utilisé pour la construction
du Canal de Suez) ont déterminé la négociation, par l’intermède de Costache Negri, le
premier diplomate de Principautés roumaines, de l’ouverture d’une première représentation
diplomatique au Caire, mais sans succès.
Toutefois, en 1906, une représentation diplomatique et un consulat général ont été
ouverts au Caire sous la coordination de Mihail M. Pîclianu, celui-ci occupant la fonction de
Ministre plénipotentiaire d’IIème classe. L’activité diplomatique de son règne culmine en
1907 avec est l'ouverture d'un consulat honorifique à Alexandrie, une cité portuaire sur la côte
de la mer Méditerranée, une ville à travers lequel se réalisait la plupart des échanges
commerciaux égyptiens.
L’activité prolifique des diplomates roumains en Égypte culmine, en 1914, avec la
signature de la Convention sur le commerce avec la clause de la nation la plus favorisée. Mais
pour des motifs d’ordre politique en raison de la Première Guerre mondiale ce document n’a
pas été ratifié par les deux parlements. [1]
La participation de la Roumanie et de l'Égypte en tant que pays belligérants dans la
Première Guerre mondiale, la mise en place du protectorat anglais sur l'Egypte ont été des
facteurs importants qui ont contribué au «gel» des relations entre les deux pays, celles-ci étant
presque inexistantes au cours du conflit armé.
Les relations diplomatiques roumano – égyptiennes
2.1. L'activité et le rôle de la représentation diplomatique roumaine en Egypte
durant 1919-1928
À la fin de la Première Guerre mondiale, la reconnaissance au niveau international de
l'union de la Transylvanie avec la Roumanie en 1918 et le Traité de Paix de Paris-Versailles,
négocié entre les années 1919 – 1920 ont représenté deux moments importants dans le
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renforcement de l'indépendance de l’état de la Roumanie au milieu d’une augmentation du
rôle de l’état roumain dans le contexte des relations internationales. L'une des principales
orientations de la diplomatie roumaine dans la période de l'après-guerre fut aussi le
développement des relations politiques et économiques avec les nouveaux États du Moyen-
Orient et Afrique du Nord.
Ainsi, des pays comme l'Egypte, la Palestine, la Syrie et le Liban sont devenus des
marchés importants pour les produits roumains pour l’export.
Dans les années 1923–1924, l'Institut Sociale Roumain, sous la présidence de
monsieur Dimitrie Gusti (Figure 1), a organisé une série de conférences ayant comme thème
la politique extérieure roumaine. Dans une de ces conférences, monsieur Vintilă I. C.
Brătianu, le ministre des Finances à l'époque, a recommandé aux dirigeants de l'Etat roumain
de suivre de près "les transformations qui se produisent dans le monde en dehors des bouches
du Danube, de la côte nord et l'ouest de l'Asie Mineure, à travers des détroits de
Constantinople vers la côte orientale de la Méditerranée à l'autre grande route du monde, le
Canal de Suez."[2]
D’ailleurs, monsieur Vintilă Bratianu a esquissé les objectifs futurs de la politique
économique du gouvernement libéral roumain pendant 1922–1928, à savoir le développement
de l'industrie nationale à travers les investissements de capital roumain, la stimulation de
l'initiative privée, l'utilisation des matières premières roumaines, le développement de la
navigation fluviale respectivement celle de la navigation maritime sur le secteur roumain,
respectivement la croissance du commerce extérieur. Par conséquent, la diplomatie roumaine
devait avoir un rôle important dans le renforcement des relations économiques avec des pays
qui ont émergé de l'Empire Ottoman, comme l'Egypte et la Palestine, qui sont devenus des
marchés tentants et importants pour les produits roumains et étrangers stockés dans le régime
d'entrepôt, de ports roumains.
Figure 1 – Dimitri Gusti (1880 – 1955) Figure 2 – Vintilă I. C. Brătianu (1867 – 1930)
Avec la proclamation de l’Egypte comme royaume le 15 Mars 1922, le nouveau
gouvernement égyptien a demandé à tous les représentants diplomatiques, y compris au
représentant roumain aussi, le réinvestissement de ceux-ci avec de nouvelles lettres de créance
par le roi Fouad Ier d'Egypte (Fig.3).
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Figure 3 – Le roi Fouad Ier d'Egypte (1868 – 1936)
Plusieurs pays, comme la France, la Perse et l'Espagne ont élevé les agences
diplomatiques au rang de légations, conférant à leurs représentants des titres comme envoyé
extraordinaire et ministre plénipotentiaire. Le gouvernement roumain a décidé cependant la
suppression temporaire de l’agence de Caire (suppression due à la restructuration des
missions diplomatiques de la Roumanie à l'étranger, au milieu de l’effet aigu de la crise
économique mondiale). Par conséquent, monsieur Constantin Olărăscu, agent diplomatique de
Roumanie au Caire, a quitté l’Egypte le 2 mai 1922, confiant la coordination de l'agence à
monsieur Alexis Blank, un citoyen romain, avec rang de viceconsul près de l'agence au
Caire.
Le gouvernement égyptien ne s'est opposé à cette décision, mais a il a émis la
remarque que monsieur Alexis Blank remplirait cette fonction à titre provisoire jusqu'à la
nomination, par le gouvernement roumain, d’un diplomate de carrière.
L’augmentation des échanges commerciaux entre la Roumanie et l'Egypte,
respectivement la défense des droits capitulaires des sujets romains résidant en Egypte, a
conduit le gouvernement roumain de confier la défense des intérêts diplomatiques et aussi de
ceux consulaires de la Roumanie en Egypte, à la légation de Belgique, à savoir au monsieur
A. Dauge, ministre de Belgique en Egypte.
Cependant, le gouvernement belge a autorisé seulement la représentation au niveau
diplomatique. La motivation de cette décision a été justifiée par le fait que le Ministère des
Affaires Étrangères belge était incapable d'augmenter son personnel de sa légation en Egypte,
respectivement le fait que le personnel de la légation belge de celle période ci ne savait pas la
langue roumaine.
La prestation de monsieur Alexis Blank en qualité de vice-consul honoraire en tête de
la cour consulaire de Caire n’a pas été approuvée par les autorités égyptiennes. Ainsi, le 1er
septembre 1924, le Ministère égyptien des Affaires Étrangères a envoyé la notification à la
légation de Belgique au Caire que la reconnaissance d’Alexis Blank comme représentant
consulaire de la Roumanie devait cesser à partir du 15 octobre 1924. À la demande de la
Légation Belge, le 24 septembre 1924, le gouvernement roumain a révoqué Monsieur A.
Blank et il a également nommé monsieur Virgil Ciulli, attaché commercial à Athènes,
diplomate de carrière, comme agent commercial et consulaire, avec rang de vice-consul près
de la Légation de Belgique au Caire.[3]
L'augmentation des échanges commerciaux par voie maritime entre la Roumanie et
l’Egypte ont imposé, de nouveau, la décision de rouvrir le consulat roumain à Alexandrie, qui
était, à cette époque-là, la plus grande cité portuaire de l'Afrique. La charge du consul
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honoraire a été confiée à monsieur Abdullah Arslan, un marchand de bois d'Alexandrie, né à
Galaţi, en Roumanie, mais ayant la citoyenneté égyptienne.
L'activité diplomatique de monsieur A. Arslan n'a pas favorisé l'élargissement des
relations commerciales entre la Roumanie et l’Egypte, prenant fin le 1er avril 1928, lorsque
l’office d'Alexandrie a été transformé en consulat général. Il a été remplacé de cette fonction
par monsieur Grigore Michaescu, un diplomate de carrière. En même temps, le gouvernement
roumain a mis en place encore une agence économique, à savoir une agence de la Société
Maritime Roumaine, les deux étant nécessaires dans le processus de renforcement des
relations économiques bilatérales.
Une autre étape importante dans le renforcement des relations diplomatiques entre les
deux pays a été l’ouverture de la Légation de l’Égypte à Bucarest, représentée au niveau de
chargé de d’affaires. En cette position a été désigné Izzet Choucribey, ancien chef de cabinet
du roi Fouad Ier d'Egypte, et frère du Isma'il Sidqi Pasha (Figure 4), ministre de l'Intérieur,
personnalité de premier plan de l'Egypte à ce moment-là.
L’activité du chargé d’affaires de l'Egypte à Bucarest fut de courte durée car, étant
malade, il a dû retourner en Egypte pour rétablir sa santé. La direction de l'agence a été
reprise par Mohammed Surur-bey, consul général et chargé d'affaires de l'Egypte à Bucarest.
Au début de 1927 le Ministre égyptien des Affaires Étrangères nomina Abdel Azim
Rached-Pacha comme envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire d'Egypte près le
gouvernement roumain, ayant le siège à Angora1. Après une courte période de temps il a é
remplacé par Ibrahim Ratib – bey (Figure 5), membre actif du parti nationaliste Wafd et un
partisan convaincu de Zaghlul – Pacha, le chef du parti à l'époque. Il a été accrédité à Angora,
Bucarest et Sofia.
Figure 4 – Isma'il Sidqi Pasha (1875 – 1950) Figure 5 – Ibrahim Ratib – bey [4], époux de la
Princesse Mahiveche Azziza Fazil (1883 – 1968)
À l'initiative de monsieur Nicolae Titulescu, le titulaire du portefeuille des Affaires
étrangères dans le gouvernement I.C. Bratianu, à compter du 1er janvier 1928, on a rouvert la
représentation diplomatique de la Roumanie afin de diversifier les relations avec ce pays.
Pendant les années 1919–1928 des relations diplomatiques entre la Roumanie et
l'Egypte ont connu un fort développement, ayant un rôle important dans la négociation et la
signature d'accords ou de conventions qui ont contribué de manière irrévocable à stimuler le
commerce entre les deux pays.
1 Nom historique d’Ankara, la capitale de la République de Turquie
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2.2. L'activité et le rôle de la représentation diplomatique en Egypte durant 1928-
1937
Dans la période d’entre les deux guerres, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord,
zones situées à proximité du bassin de la mer Méditerranée, sont devenus des zones de forts
conflits d'intérêts des grandes puissances mondiales. Les plans expansionnistes de
l'Allemagne et de l'Italie d'une part et de l'Angleterre et de la France d'autre part concernant la
position stratégique du Canal de Suez, ont visé à prendre le contrôle de ce canal maritime,
créant un «climat de tension» dans la région. Le gouvernement de Bucarest a montré un
intérêt particulier à l'évolution des événements dans la région. L’accroissement des relations
économiques entre la Roumanie et l'Egypte, mais aussi avec autres pays de la région,
conformément aux relations politiques et économiques traditionnelles avec la France et
l'Angleterre, ont déterminé la diplomatie roumaine de surveiller attentivement l'évolution des
événements dans la région.
Le possible déclenchement d'un conflit entre l'Angleterre et l'Italie ou entre la France
et l'Italie regardant le contrôle du bassin de la mer Méditerranée aurait influencée
négativement les intérêts politiques et économiques de la Roumanie. Dans ces circonstances,
la Légation de Roumanie en Egypte est devenu un centre d'information important, étant, à ce
moment-là, la seule légation diplomatique au Moyen-Orient. Le chef de l’agence
diplomatique au Caire, à l'époque, monsieur Radu Cutzarida, un diplomate de carrière, a
développé une importante activité d’information visant les intérêts de la politique étrangère
des puissances européennes et leurs effets sur les intérêts de la Roumanie dans la zone.
Les événements politiques et militaires générés par l'agression militaire de l'Italie en
Ethiopie pendant 1935–1938, son effet sur les relations entre l'Egypte et l'Angleterre, les
pressions diplomatiques exercées par l'Allemagne et l'Italie concernant l'augmentation de
l'influence politique et économique en Egypte, l'humeur de la population égyptienne dans le
contexte de l'état de tension croissante dans la zone, les effets de l’application du traité anglo
– égyptien signé en août 1936 ou l'abolition des capitulations en Egypte, sont quelques
événements politiques contenus dans les rapports envoyés à Bucarest depuis la capitale
égyptienne.
Les années 1937–1938 ont représenté une période importante pour notre politique
extérieure dans la région, compte tenu du fait que le gouvernement roumain a adopté une
politique diplomatique active dans la région, concernant l'arrêt de l’expansion et de l'agression
de l’Italie en Afrique du Nord, à la frontière égyptienne, l'abolition des capitulations en
Egypte ou la réception de ce pays dans la Ligue des Nations Unies.
2.2.1 Le rôle de la Roumanie concernant l’abolition du régime capitulaire en
Egypte
Les capitulations, du point de vue juridique, ont représenté des actes qui garantissaient
aux résidents ayant une autre religion que celle musulmane de l’Empire Ottoman (l’Egypte
était à l’époque une province de l'Empire), le droit d'être soustraits à la juridiction et à la
législation des autorités locales. Le régime capitulaire a été aboli, avec la conclusion de la
Conférence de Lausanne- Suisse, en 1923, sur le territoire de la Turquie, de la Perse (l'Iran
d’aujourd'hui), et des pays du Moyen-Orient qui sont entrés sous le protectorat anglais et
français (la Palestine, la Transjordanie, l'Irak ou Liban). Cependant, l'Egypte était le seul pays
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