sécurité du traitement n’est donc pas assurée». Il rappelle également le rôle
indispensable du pharmacien, notamment dans le soutien et le suivi des malades
chroniques. Il précise enfin que toutes les pharmacies de la région assurent aussi un
service de livraison à domicile, gratuit.
Outre les cas des ventes par correspondance, il y a ceux où le médecin délivre
directement les médicaments au patient. Selon la loi cantonale, cette pratique n’est
autorisée que sous certaines conditions, notamment en cas d’urgence ou lorsqu’il n’y a
pas de pharmacie ouverte. Pour ce qui est deTramelan, village possédant deux
officines, Hugo Schneeberger, pharmacien, constate que les malades sont de plus en
plus nombreux à recevoir leurs traitements directement au cabinet. «Depuis
l’ouverture du Centre médical, j’ai pu constater une baisse de près de 50% de
prescriptions. J’en déduis que le terme urgence doit être interprété de façon assez
large par certains praticiens» .
Et lorsqu’on lui demande s’il a déjà tenté d’aborder ce problème
aveclesprofessionnelsconcernés, il répond, dépité, que cela ne sert pas à grand-chose.
«Les médecins se réfugient derrière la loi cantonale. Et puis, pour aboutir à quelque
chose, il faudrait aller au tribunal avec des patients en guise de témoins et prouver
que le cas n’était pas une urgence ou qu’il y avait une pharmacie ouverte au moment
où le traitement a été délivré. Quel client serait d’accord de témoigner contre son
médecin?»
Risque de fermeture Le Dr Hugo Figueiredo, pharmacien à La Neuveville et à
SaintImier, souhaiterait une remise en question de cette pratique opérée par les
médecins. Pour lui, le problème a pris tellement d’ampleur que l’une de ses officines
pourrait être contrainte de fermer. «L’existence même d’une pharmacie à La
Neuveville est remise en question. Les praticiens installés dans le village ont renforcé
la vente directe de médicaments d’une manière très forte. La première conséquence a
été le renoncement au service de garde, puisque les médecins ne collaborent que de
manière insignifiante.
Plusieurs milliers d’ordonnances ne sont plus prescrites. Outre les conséquences
financières, pouvant même porter un coup fatal aux emplois de l’entreprise, ces
pratiques empêchent la pharmacie d’assumer sa mission de professionnelle de la
santé. Comment travailler avec toute la sécurité requise lorsqu’on ignore ce que le
médecin a remis au patient? Qui assumera les conséquences d’erreurs qui finiront pas
se produire, malgré toutes les précautions que la pharmacie peut prendre?», soulève
Hugo Figueiredo.
Pour les pharmaciens interrogés et pour pharmaSuisse, si la situation actuelle
continue à se détériorer, beaucoup de personnes en feront les frais, et pas
uniquement les professionnels. Exemple, les prestations offertes gratuitement à la
clientèle. «Si nous n’arrivons plus à gagner notre vie avec la vente de médicaments,
nous serons peut-être contraints de facturer le temps passé avec les clients, comme le
font les médecins avec le TARMED», relève Yves Boillat. Et Hugo Schneeberger
d’ajouter que son métier est le seul issu d’une lignée universitaire à ne pas être
rémunéré en fonction d’honoraires.
Les apothicaires sont unanimes et veulent défendre leurs intérêts. Au-delà des enjeux
économiques précités, ils tiennent également à rappeler l’utilité de leur fonction.
«Un pharmacien, c’est un professionnel qui connaît les médicaments. La vérification
de l’ordonnance est quelque chose d’indispensable, c’est une double sécurité qui
permet d’empêcher des accidents, dont certains qui pourraient avoir des