Juin 2014 | Edition Jura bernois actualités médicales Cancer du côlon Les signes d’alarme: sang dans les selles Prothèses mammaires De femmes à femmes Altérations des yeux avec l’âge Quand la vue baisse actualités médicales – le magazine régional de santé En collaboration avec la Clinique des Tilleuls SA à Bienne et d’autres institutions de santé de la région Douleurs aux genoux L’entraînement protège le genou To m o g r a p hi e v o lumi q u e num é r i s é e Un vrai «plus» pour la sécurité Une nouvelle technique radiologique en 3D révolutionne le diagnostic en médecine dentaire: la TVN permet notamment de simuler les implantations dentaires et de les planifier de manière précise, diminuant ainsi le risque de complications. Les Drs Pierre Magnin et Odette Engel Brügger, médecins-dentistes biennois, sont des experts sollicités dans le domaine des implants dentaires et de la chirurgie orale; dans leur cabinet, ils utilisent un appareil de TVN. Le Dr Magnin nous explique comment l’usage du tout nouveau diagnostic en 3D assure aux patients un traitement dentaire optimal. choisir les implants de manière très précise, sur mesure. L’enregistrement des données via TVN dure moins d’une minute, le patient étant assis ou debout. De plus, la TVN est une technique à faible radiation, entièrement indolore, et qui convient également aux claustrophobes et aux enfants. Que signifie «à faible radiation»? Dr Magnin, que signifie TVN? Le tomographe volumique numérisé (TVN) est un appareil de radiologie high-tech spécialement conçu pour la région de la tête. Il permet d’analyser les dents ainsi que leurs racines, les canaux radiculaires et les structures maxillaires de manière détaillée, puis de les représenter sous forme électronique à l’aide d’images tridimensionnelles très précises et de haute résolution. Quels sont les avantages concrets de cette technique? Il est à présent possible d’analyser précisément, et donc de soigner de manière adéquate, des régions inaccessibles à la radiographie conventionnelle (par exemple, la largeur exacte de l’os maxillaire ou le trajet des voies nerveuses importantes). La TVN nous permet aussi de dépister des problèmes dentaires avec une précision accrue. Cela est, par exemple, très utile lors de la planification et de l’insertion d’implants dentaires ou d’extractions difficiles des dents de sagesse, mais aussi lors du traitement de fractures radiculaires, de kystes ou d’abcès maxillaires, ou encore d’anomalies dentaires et maxillaires. Les informations fournies par la TVN permettent de dépister d’éventuelles difficultés non pas pendant l’opération, mais avant l’intervention, permettant ainsi d’en parler avec le patient dès la phase préparatoire. Tout cela donne aux patients une plus grande sécurité et crée une atmosphère apaisante. Au final, le risque de complications est nettement réduit. Quel est le rôle de la TVN lors, par exemple, de la pose d’implants dentaires? Les enregistrements TVN tridimensionnels (voir l’image à droite) permettent de simuler en amont et de planifier de manière optimale la pose de l’implant à l’ordinateur, en tenant compte de la trajectoire des nerfs et en exploitant au mieux possible le tissu osseux disponible. Ces données permettent aussi de 2 ac t u a l i t é s m é d i c a l e s Un seul balayage (un arceau de l’appareil passe une fois autour de la tête du patient en moins d’une minute et enregistre toutes les informations nécessaires) induit un rayonnement d’environ 200 µSv (microsievert), soit un rayonnement près de 70 % inférieur à celui d’un scanner traditionnel. Combien coûte un enregistrement TVN et les frais sont-ils couverts par l’assurance-maladie? Les frais occasionnés par une TVN sont compris entre 350 et 500 francs en fonction de l’ampleur de l’enregistrement et ne sont pas couverts par l’assurance-maladie. Pour le moment, ces frais sont donc à la charge des patients. Et pour terminer, Dr Magnin, votre consœur, le Dr Odette Engel Brügger, et vous êtes titulaires du titre de «Master of Science in Oral Implantology». Qu’est-ce que cela implique pour les patients? Ce titre atteste que nous disposons d’une formation particulièrement solide en chirurgie orale et en implantologie que ce soit d’un point de vue clinique ou scientifique. Consulter le site Internet du cabinet Oralsurgery Dr Magnin, nous vous remercions pour cet entretien. Personnes de contact Dr Pierre Magnin et Dr Odette Engel Brügger Médecins-dentistes SSO spécialisés en chirurgie orale et titulaires du «Master of Science in Oral Implantology» Cabinet: Oralsurgery Crêt-des-Fleurs 91, 2503 Bienne Tél. 032 365 33 44 [email protected] www.oralsurgery.ch E di t o r ial | S o m m air e Horloge biologique et cancer du poumon A quel âge est-on vieux? A 40, 50, 60, 70 ans? Selon les chercheurs, l’espérance de vie moyenne sera de 80 ans chez les hommes et de 85 ans chez les femmes d’ici au milieu du siècle. L’âge de la retraite, un «marqueur» du passage au statut de senior, sera alors probablement atteint à 70 ans. Mais tenons-nous-en aux faits: l’horloge biologique tourne chez tout le monde. Certes, notre organisme se régénère en permanence, de nouvelles cellules remplaçant les anciennes: les cellules cutanées sont remplacées toutes les deux semaines, les cellules sanguines tous les quatre mois, les cellules musculaires et osseuses tous les 15 à 16 ans. Mais il est incontestable que cette régénération devient de moins en moins efficace avec l’âge: en dépit des crèmes et des liftings, les années et notre mode de vie laissent des traces. Ainsi, la vue baisse à un moment ou à un autre, les articulations et les os s’usent et, malheureusement, des cancers se déclarent souvent. Nous vous invitons à lire, à ce propos, les articles des Drs Maria Wegmann Burns et Aris D’Ambrogio (pages 4 et 8). Mais il ne faut pas oublier que la vieillesse n’est ni une maladie, ni un adieu à la vie! Il s’agit d’une étape de la vie qui se développe progressivement chez chacun de nous, qu’on le veuille ou non. Et cette deuxième moitié de la vie n’a rien d’«ennuyeux», bien au contraire! Elle peut se révéler extrêmement riche et réserver des difficultés et des contraintes aussi bien que des joies, de la créativité et des distractions! A qui la faute? «Mais laissez-nous décider nous-mêmes de le faire ou non... Ce paternalisme est écœurant... On ne m’enlèvera pas ma liberté.» Tels sont les propos d’un homme recueillis dernièrement sur un forum Internet, semblables aux déclarations ou aux pensées d’autres toxicomanes. De nombreux non-toxicomanes se disent au contraire: «Tant pis, ils ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes.» Est-ce vrai? Les fumeurs sont-ils vraiment responsables de leur propre toxicomanie? Quelle est la part de responsabilité de l’industrie du tabac? Cette industrie qui fabrique et vend, en toute légalité, des produits mettant en grand danger la santé d’autrui. Cette industrie qui contribue comme aucune autre au développement de tumeurs pulmonaires malignes. Cette industrie en partie responsable du fait que le cancer du poumon, maladie autrefois rare, est aujourd’hui la forme de cancer la plus mortelle chez les hommes et la deuxième forme de cancer chez les femmes par sa mortalité. Cette industrie qui, selon les estimations de l’OMS, a assassiné 100 millions de personnes au XXe siècle, un «chiffre d’affaires» qui n’apparaît dans le bilan d’aucun producteur de tabac, d’où sa mention ici. Nous vous invitons à découvrir comment de nouvelles méthodes thérapeutiques augmentent les chances de guérison dans l’article des deux médecins biennois Urs Aebi et Lukas von Rohr (page 10). Bernhard Kummer Editeur 4 Altérations des yeux avec l’âge Quand la vue baisse 6 Bas de compression Vivre avec entrain 7 Prothèses mammaires De femmes à femmes 8 Cancer du côlon Les signes d’alarme: sang dans les selles 10 Cancer du poumon Dites non à la cigarette 13 Kératose actinique Traitement par la lumière rouge 14 Douleurs aux genoux L’entraînement protège le genou 16 Ablation de l’utérus Quand la «féminité» fait mal 18 Assurance-maladie Une seule pour tous ou le libre choix? 20 Laxité des paupières Mieux voir grâce à une opération Conférence spéciale à Courtelary 10 septembre Obésité: perdre du poids – mais encore? Conférenciers: Dr. med. Jérôme Tschudi, Médecin spécialiste FMH en chirurgie, Aline Gerber, diététicienne dipl. HES Lieu: Restaurant Buffet de la Gare, Courtelary Heure: 19h 00 Mentions légales Le magazine «actualités médicales» est publié en collaboration avec la Clinique des Tilleuls SA à Bienne et des autres institutions de santé de la région qui assument elles-mêmes leur responsabilité pour le contenu de leurs articles Tirage: 25 000 exemplaires Éditeur: kummerundpartner gmbh, kommunikationsmanagement+ medien, Dählenweg 6, 2503 Biel, Tel. 032 373 30 30, [email protected], www.kummerundpartner.ch Rédaction: kummerundpartner gmbh, Kerstin Wälti (chef de rédaction), Marianne Kaiser, Bernhard Kummer, Sabine Vontobel, Rolf Gerber (graphique) Traduction: Global Translations, Sutz-Lattrigen Production et correction: Vogt-Schild Druck AG, Derendingen Distribution: Direct Mail Company Biel-Bienne DMB AG, Bienne actu alités méd ic ale s 3 A lt é r a t i o n s d e s y eu x a v e c l ’â g e Quand la vue baisse Il est très important de bien voir jusqu’à un âge avancé. D’une part, cela permet de gérer la vie quotidienne et de rester autonome le plus longtemps possible. D’autre part, avoir de bons yeux est bien entendu aussi synonyme de qualité de vie. Les yeux, notre organe sensoriel le plus important, nous sont utiles toute notre vie, de notre naissance jusqu’à ce que nos paupières se closent une dernière fois, au crépuscule de notre vie. Comme le reste du corps humain, nos yeux sont soumis au temps qui passe et subissent de fortes modifications avec l’âge. Les premières lunettes de lecture A partir d’environ 45 ans, la lecture des petits caractères se fait de plus en plus pénible; on ne voit nettement qu’en tendant les bras et en maintenant le texte éloigné de soi. Important: des contrôles Celles qui portent déjà des lunettes en raison d’une myopie ophtalmologiques réguremarquent qu’elles doivent liers permettent de trai- les retirer lorsqu’elles lisent. La presbytie se manifeste lorster les altérations assez qu’il y a perte d’élasticité du tôt. cristallin humain, lequel ne parvient plus à se déformer aussi rapidement et fortement que pendant la jeunesse pour permettre l’accommodation et, ainsi, la mise au point de près. Les premières lunettes de lecture deviennent indispensables. Les premières lunettes à verres progressifs Après les premières lunettes de lecture, certaines personnes remarquent, vers 50 ans, une baisse de leur acuité visuelle de loin. Ce phénomène est dû à une hypermétropie préexistante, ou à une longueur axiale de l’œil trop courte, qui était aussi compensée jusqu’alors par la déformation du cristallin. Il faut donc généralement se procurer de premières lunettes à verres progressifs qui, grâce à un même verre, rendent la vision nette de près comme de loin. Brouillard et voile Une fois l’habitude des lunettes et même des verres progressifs acquise, il arrive de plus en plus souvent, en général à partir de 65 ans, que la vision devienne brumeuse ou se voile. Il s’agit des symptômes les plus fréquents de la cataracte, une opacification naturelle du cristallin humain qui apparaît au fil des années. Il peut également arriver que la correction des lunettes portées jusqu’alors soit perçue comme trop faible ou trop forte, l’opacification du cristallin pouvant aussi s’accompagner d’une modification de sa puissance (les lunettes ne semblent 4 ac t u a l i t é s m é d i c a l e s plus adaptées). En cas de nette baisse de l’acuité visuelle, une opération de la cataracte s’impose. Il s’agit d’une intervention ambulatoire durant laquelle le cristallin opaque est retiré et son enveloppe préservée. Un cristallin artificiel est ensuite implanté dans l’ancienne enveloppe, s’y attache et reste ainsi fixé. Ce cristallin reste alors dans l’œil jusqu’à la fin de la vie. Ondulations, taches noires La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) est une maladie rétinienne fréquente pouvant apparaître avec l’âge, le plus souvent entre 70 et 80 ans. Au stade initial, des druses se forment sous la rétine. Il s’agit de dépôts issus du métabolisme qui restent au centre de la rétine (macula). Au fil du temps, les druses et la mort graduelle des cellules visuelles induisent une baisse progressive de la capacité de lecture, car la lecture n’est possible que grâce à la macula. Il peut même arriver que la lecture devienne impossible malgré des lunettes ou des loupes. Les lignes de texte apparaissent courbes ou ondulées et les personnes touchées perçoivent une image «agitée» en lisant. On distingue la forme sèche et la forme humide de dégénérescence maculaire. En effet, outre les druses et la perte de récepteurs visuels définissant la forme sèche de dégénérescence maculaire, de nouveaux vaisseaux pathologiques peuvent se former sous la rétine dans environ 20 % des cas lors d’une DMLA humide d’où, en général, une diminution forte et rapide de la vue dans la région centrale. En guise de traitement standard de la DMLA de type humide, on injecte différentes substances dans le corps vitré. Ces substances ont pour rôle de détruire les nouveaux vaisseaux dont la prolifération sous la rétine est pathologique, de manière à arrêter les hémorragies et à stabiliser, si possible, l’acuité visuelle. Ces traitements exigent beaucoup d’endurance et de patience de la part des patients, car une répétition des injections est nécessaire dans la plupart des cas et le gain d’acuité visuelle est le plus souvent relativement faible. Un traitement aussi précoce que possible de la DMLA humide est important pour en assurer le succès. C’est la raison pour laquelle il faut consulter un /une ophtalmologue sans délai en cas de dégradation soudaine de la vue d’un œil pendant la lecture, en cas de perception nouvelle d’ondulations ou lors de l’apparition d’une tache grise au milieu du texte à lire. Il n’existe pour l’heure aucun traitement efficace établi de la forme sèche de dégénérescence maculaire, que ce soit en prévention ou pour ralentir la progression de cette maladie rétinienne. L’origine de la DMLA Plusieurs études ont examiné l’effet protecteur de certaines vitamines dans la rétine. Mais les résultats les plus récents montrent que les vitamines ne peuvent en aucun cas prévenir la DMLA, ni en ralentir le développement. Il existe de nombreuses théories concernant l’origine de la DMLA. Les facteurs de risque les plus importants connus à ce jour sont un âge avancé, le tabagisme et une tension artérielle élevée. Par ailleurs, on mentionne souvent le soleil comme facteur déclencheur de la dégénérescence maculaire. En outre, on suppose une certaine prédisposition génétique, les femmes étant plus fréquemment touchées. Il est très important pour les personnes touchées de savoir que, même à un stade avancé, la DMLA ne rend jamais entièrement aveugle: bien que les altérations endommagent progressivement le centre de la rétine et que la capacité de lecture puisse fortement diminuer, le reste des cellules visuelles périphériques est tout de même préservé. Ainsi, dans la plupart des cas, l’acuité visuelle reste suffisante pour gérer le quotidien de manière plus ou moins autonome. Une tension oculaire élevée Le glaucome est un autre type d’affection oculaire apparaissant plus fréquemment à un âge avancé. Dans ce cas, une tension oculaire trop élevée provoque l’endommagement progressif du nerf optique, pouvant entraîner une cécité complète. Le glaucome se caractérise par l’absence de symptômes (douleur, baisse de la vue ou autres) à son stade initial. Lorsque le patient remarque une barre noire ou un rétrécissement de son champ visuel, le glaucome est déjà à un stade avancé et le nerf optique fortement lésé. Ces lésions sont irréversibles, même sous le meilleur traitement. Des collyres diminuant la tension oculaire sont prescrits à tout patient présentant une tension oculaire élevée et un risque de lésion du nerf optique. Ces gouttes doivent être administrées quotidiennement, le plus souvent à vie. Le glaucome ne fait l’objet d’un traitement chirurgical que dans des cas de résistance au traitement, car l’opération ne réussit pas toujours et doit généralement être répétée en raison de cicatrisations dans la région opérée. La prédisposition au glaucome est elle aussi inéluctable. Des contrôles précoces (et à répéter) de la tension oculaire permettent néanmoins de s’assurer que la tension oculaire reste dans une fourchette normale et que le nerf optique est en bon état. Le diabète et les yeux Le vieillissement s’accompagne aussi d’un risque accru de diabète. Une lésion grave de la rétine peut apparaître en cas de mauvaise régulation de la glycémie, le plus souvent associée à une tension artérielle élevée. Là encore, le diabétique doit se rendre chez l’ophtalmologue une fois par an à partir du moment où le diabète est diagnostiqué. Si la rétine présente un début d’altération, il est généralement possible de limiter les lésions, soit par un meilleur contrôle de la glycémie et de la tension artérielle, soit éventuellement par des traitements au laser au sein de la rétine elle-même et, depuis peu, de plus en plus souvent par des injections de substances spéciales dans le corps vitré. Larmoiement, brûlures, grattements Un peu moins dangereux, le larmoiement constant des yeux durant la vieillesse est néanmoins très gênant. Il s’intensifie en cas de vent, de froid ou de soleil. Ce phénomène est généralement déclenché par une combinaison de paupières flasques (paupières tombantes), de sécheresse de la cornée (qui déclenche via le cerveau la production de liquide lacrymal par les glandes lacrymales) ainsi que de l’influence de l’environnement. Il n’y a souvent rien de dangereux ni de grave. A titre préventif, on peut porter des lunettes de soleil à l’extérieur, maintenir un bon climat ambiant à l’intérieur (ne pas trop chauffer, augmenter l’humidité de l’air, éventuellement à l’aide d’un humidificateur), utiliser des collyres pour humidifier la cornée et veiller à un apport de liquide suffisant en cas de grattement et de brûlure. La correction de la position des paupières via une opération chirurgicale, réalisée uniquement dans les cas très graves, entraîne généralement une amélioration des symptômes. Il n’est possible ni de prévenir, ni d’interrompre certaines altérations oculaires liées à l’âge, car elles se produisent de manière inéluctable au fil des ans et du fait de la nature des yeux, organes sensoriels de haute performance. Nous pouvons toutefois ménager notre vue, même pendant la vieillesse, grâce à une hygiène de vie saine et raisonnable et des contrôles ophtalmologiques réguliers, afin de voir notre monde avec des yeux perçants le plus longtemps possible. L’auteur Dr med. Maria Wegmann Burns Médecin spécialiste FMH en ophtalmologie Spécialité: ophtalmochirurgie Médecin agréé de la Clinique des Tilleuls SA Cabinet: Rue Centrale 45 /47, 2502 Bienne Tél. 032 323 61 41 [email protected] actu alités méd ic ale s 5 Bas de compression Vivre avec entrain Il existe de nombreuses bonnes raisons de porter des bas de compression. Pour les personnes souffrant de maladies veineuses, ils sont incontournables. Mais ces «bas élastiques» éprouvés ont aussi un effet préventif et permettent de rester en forme au quotidien. Les bas de compression orthopédiques exercent une pression sur le tissu des membres enveloppés. Il soulagent ainsi le système veineux ou lymphatique, tout en favorisant la circulation sanguine. Les bas de compression sont fabriqués de sorte que la pression diminue de bas en haut, de manière analogue à la pression du tissu. Cette pression, répartie en différentes catégories (de 1 à 4), est adaptée à la gravité de la maladie de la patiente/du patient. La catégorie de compression 1 est la plus légère; elle est surtout utilisée à titre préventif. A partir de la catégorie 2, la caisse-maladie prend en charge deux paires de bas par an. Selon le modèle, ils sont disponibles à partir de 90 francs. Le port quotidien de bas de compression est notamment indiqué en cas d’opérations veineuses, de présence de varices, de faiblesse veineuse chronique, de grossesse, d’œdèmes ou d’antécédents de thromboses. Ces bas peuvent aussi être utilisés après de graves brûlures ou pour traiter des cicatrices chirurgicales. Grâce à la pression, l’aspect de la peau s’améliore et présente moins d’adhérences cicatricielles. Modèles et coloris Il existe différents modèles, matériaux et coloris de bas de compression confectionnés, pour femme comme pour homme. Certains vont jusqu’aux genoux, avec la pointe des pieds ouverte ou fermée; d’autres montent jusqu’à la cuisse et sont munis d’un bord adhésif qui les empêche de glisser. Il existe en outre des collants spécialement conçus pour la grossesse, «qui s’adaptent au ventre des femmes enceintes», comme le précise Sabine Schratt, bandagiste chez Botta Orthopédie SA à Bienne. Si l’on souhaite embellir encore plus son apparence, on peut aussi choisir un bas appelé Body Shape. Les bas de compression confectionnés sont prévus pour des personnes de corpulence standard. On peut aussi en faire fabriquer sur mesure pour obtenir des bas parfaitement adaptés à ses besoins. Traitement des lipœdèmes et lymphœdèmes «De la tête aux orteils, toutes les parties du corps peuvent être enveloppées d’un bas sur mesure», explique Rémy Botta, copropriétaire de Botta Orthopédie. Le bas tricoté sur mesure est utilisé lorsqu’un patient souffre d’un lipœdème (déficit du système lymphatique en raison d’accumulation de lipides) ou de lymphœdème (accumulation d’eau). «Une bonne collaboration entre 6 ac t u a l i t é s m é d i c a l e s le médecin, le physiothérapeute effectuant le drainage lymphatique et les spécialistes de Botta Orthopédie est absolument cruciale», déclare Sabine Schratt. Lorsque la combinaison thérapeutique est efficace et que le tissu des parties corporelles affectées est libéré de l’accumulation d’eau, les mesures des bas sont prises et les bas ajustés. Les œdèmes restent présents tout au long de la vie et ne sont pas entièrement curables. «Le drainage lymphatique manuel, le bandage puis le port d’un bas de compression peuvent considérablement améliorer l’état du patient», déclare Sabine Schratt. Enfilage correct et entretien Les bas de compression médicaux doivent être portés quotidiennement (même en été!), toujours enfilés le matin, juste après la douche, et retirés le soir avant le coucher. Différents accessoires pratiques sont aujourd’hui disponibles dans le commerce spécialisé afin de faciliter l’enfilage et le retrait des bas. Important: les bas doivent être lavés quotidiennement. «Des squames ou des restes de crèmes corporelles peuvent en effet rester dans le bas et obturer les mailles, d’où une diminution de l’effet du bas», explique Sabine Schratt. Consulter le site Internet de la Botta Orthopédie SA P r o t h è s e s m a m m air e s De femmes à femmes Une ablation mammaire laisse toujours plus que des cicatrices. Les prothèses partielles ou totales aident les femmes à retrouver leur confiance en elles perdue. Il est très difficile, de l’extérieur, de comprendre la souffrance et les angoisses qui accompagnent tout diagnostic du cancer du sein. Les opérations conservatrices et les ablations mammaires sont loin de mettre un terme à la souffrance des patientes. Pour les femmes refusant la chirurgie de reconstruction, le choix d’une prothèse adaptée représente une étape importante dans le retour à une vie active, marquée par la confiance en soi et une bonne image de son corps. Dans le magasin spécialisé Sanitas Botta & Botta, des collaboratrices formées et expérimentées accueillent les femmes, idéalement sur rendez-vous, et les renseignent sur les modèles de prothèses modernes disponibles avec délicatesse et en prenant tout le temps nécessaire. Les mesures sont prises dans une pièce spécialement conçue à cet effet. A cette occasion, les collaboratrices présentent à leurs clientes les prothèses en silicone, douces pour la peau et faciles d’entretien, qui seront ultérieurement insérées dans le soutien-gorge. Fabriqués spécialement, ces soutiens-gorge répondent aujourd’hui aux exigences esthétiques de la clientèle féminine et ressemblent de très près aux modèles habituels. La gamme proposée comprend aussi depuis peu des articles de mode de bain et des soutiens-gorge fonctionnels pour le sport. Il est important, à nos yeux, que les hommes accompagnent leurs partenaires lors de cette première visite au magasin», soulignent les collaboratrices. Souples et hydrophobes Les prothèses mammaires Consulter le site Internet de Sanitas Botta & Botta de haute qualité sont principalement composées de silicone, fabriquée artificiellement à partir de matières premières naturelles, le sable et le charbon. La silicone est donc considérée comme un produit naturel. Hypoallergénique, souple et hydrophobe, la silicone présente une grande résistance thermique. Ainsi, les prothèses adoptent rapidement la température corporelle et sont à peine perceptibles. La prothèse doit être soigneusement adaptée au sein conservé en termes de taille et de poids, entre autres. En cas d’amputation des deux seins, on choisit habitu- ellement une prothèse un peu plus petite et discrète que les seins d’origine. Les prothèses de nouvelle génération s’aplatissent lorsqu’on se couche sur le dos, d’où un aspect encore plus naturel. Il existe des coussinets en silicone dans différentes nuances de beige, avec ou sans mamelon, de tailles et de modèles différents. La taille de la prothèse d’une patiente peut changer plusieurs fois au cours de sa vie en raison des variations de poids naturelles ou liées à l’âge. C’est notamment la raison pour laquelle les femmes ont droit chaque année à une prothèse et un soutien-gorge pris en charge par l’assurance-invalidité ou la caissemaladie. Précaution lors de la manipulation Les prothèses actuelles sont considérées comme relativement robustes. Il convient néanmoins de les manipuler avec précaution. La silicone peut s’écouler lorsque, par exemple, l’aiguille d’une broche est insérée dans le coussinet. Il peut aussi arriver que les coussinets en silicone éclatent en tombant sur le sol. Les coussinets et le soutien-gorge doivent être lavés séparément; les coussinets peuvent être soigneusement lavés à la main à l’aide d’eau tiède savonneuse. Il est recommandé de porter ses prothèses tous les jours et de ne les retirer que pour dormir. Cela permet de stabiliser la posture et d’éviter des douleurs dorsales ou des problèmes de colonne vertébrale. Personnes de contact Michel Botta (en haut) et Rémy Botta Copropriétaires de l’entreprise Sanitas Botta & Botta [email protected]; www.sanitas.ch Contact: Sanitas Botta & Botta Rue de Morat 7, 2502 Bienne Tél. 032 323 14 73 (vente), tél. 032 323 14 74 (bureau) [email protected] www.sanitas-botta.ch Botta Orthopédie SA Rue Karl Neuhaus 24, 2502 Bienne Tél. 032 328 40 80, [email protected] www.bottaweb.ch actu alités méd ic ale s 7 Cancer du côlon Les signes d’alarme: sang dans les selles En Suisse, 1600 personnes meurent du cancer du côlon chaque année. Vu que le risque d’être atteint d’une telle maladie augmente avec l’âge, les examens de dépistage à partir de 50 ans sont très importants. Le gros intestin (ou côlon) est la dernière partie de l’intestin. Il mesure environ un mètre. Il a pour fonction d’absorber l’eau et donc «d’épaissi» le bol alimentaire, pour le transporter vers l’anus. Jusqu’à leur élimination, les selles s’accumulent dans la toute dernière partie du gros intestin, le rectum. Ce der­n ier mesure environ 15 centimètres. Le cancer peut se développer dans le côlon comme dans le rectum. Les cancers du côlon et du rectum ont des causes quasiment identiques. Mais les traitements et les symptômes diffèrent sensiblement (voir encadré «Le traitement du cancer du rectum»). En Suisse, environ 4100 personnes sont atteintes du cancer du côlon par an. Cela représente 11 % de l’ensemble des cancers. Chaque année, 40 nouveaux cas sont diagnostiqués pour 100’000 hommes et 27 nouveaux cas chez les femmes, respectivement. Chez les hommes, le cancer du côlon est le troisième cancer le Une perte de poids inexplus fréquent après celui de la prostate et du poumon. Chez pliquée et une fatigue les femmes, c’est même le deupersistante peuvent être xième après le cancer du sein. des symptômes du cancer En Suisse, quatre personnes meurent chaque jour du cancer de l’intestin. du côlon, soit environ 1600 personnes par an. Le cancer du côlon touche surtout les personnes âgées: 37 % des patients sont âgés de 50 à 70 ans et 57 % de plus de 70 ans. Il se développe dans les cellules de la muqueuse qui recouvre la paroi interne du gros intestin. D’abord bénignes, les cellules de ces tumeurs de la muqueuse (polypes) ont dégénèrent avec le temps pour devenir malignes. Les polypes intestinaux peuvent prendre des formes très différentes et n’affectent le rectum que chez environ un tiers des patients. Une fois dépistés, ces polypes intestinaux doivent impérativement être retirés avant qu’ils ne se transforment en cancer. Au moment du diagnostic, la moitié des malades se trouve malheureusement déjà à un stade de cancer avancé. Risques et symptômes Le vieillissement est un facteur qui augmente le risque de développer un cancer du côlon. La prédisposition génétique joue aussi un rôle crucial. En effet, on estime qu’environ 10 à 8 ac t u a l i t é s m é d i c a l e s Intestin grêle Estomac Anus Rectum 15 % des cancers du côlon ont une forme héréditaire. Mais attention, les habitudes alimentaires sont aussi un facteur très important. Le risque augmente considérablement chez les personnes qui consomment peu de fruits, de légumes et de produits contenant des fibres. Un apport trop important en protéines animales (viande, saucisse, etc…), de graisse, de sucre et de sel augmente aussi le risque. De plus, les personnes souffrant d’une maladie inflammatoire chronique de l’intestin sont aussi plus souvent touchées. Le cancer du côlon ne provoque souvent aucun symptôme. Une modification des habitudes défécatoires pourrait en être un. Exemple: normalement, une personne va aux toilettes une fois par jour. Soudain, le besoin d’aller à la selle se fait ressentir plusieurs fois par jour pendant une longue période. Une alternance de constipation et de diarrhées peut aussi être un symptôme. De plus, la présence de sang dans les selles (coloration rouge ou noire) peut indiquer un cancer de l’intestin. Il en va de même pour des pertes de poids inexpliquées et une fatigue persistante. Mais il est malheureusement fréquent qu’aucun de ces symptômes ne survienne en cas de cancer du côlon, l’absence de douleurs ne signifiant pas l’absence de cancer. Consulter un médecin Si on s’aperçoit de l’un ou de plusieurs de ces symptômes, il convient de se fai- Gros intestin Le traitement du cancer du rectum Le rectum correspond aux derniers centimètres du gros intestin. Si des polypes colonisent cette partie de l’intestin, on observe les mêmes symptômes que lors d’un cancer du côlon, à une exception près: la personne touchée a sans cesse la sensation de devoir aller à la selle, mais ne peut finalement rien éliminer. Le cerveau émet de faux signaux. Les causes et les mesures préventives sont les mêmes. En cas de cancer du rectum, la chimiothérapie et la radiothérapie précèdent néanmoins toujours l’opération. Le patient reçoit normalement un anus artificiel (stomie) pendant quatre à six semaines; celui-ci sera ensuite retiré. Là encore: une fois le traitement médical terminé, les malades auront une vie normale. Le style de vie doit cependant être sain et équilibré. re examiner le plus rapidement possible par un médecin afin de déterminer les causes de ces symptômes. L’examen diagnostique le plus important et le plus fiable est la coloscopie. Lors de cet examen, un instrument est introduit dans l’intestin par l’anus. Grâce à une caméra, le médecin peut faire un examen précis de l’intestin depuis l’intérieur. Si des polypes sont trouvés, il est possible d’enlever ces petites tumeurs suspectes sans anesthésie, directement durant la coloscopie. Ce traitement n’est pas douloureux, mais de nombreux patients trouvent le procédé désagréable. L’administration de médicaments calmants (sédatifs) est donc possible, mais sans être absolument nécessaire. Si le diagnostic de cancer est posé, il est nécessaire de réaliser d’autres examens (prise de sang et scanner) pour déterminer le stade de la maladie. Si des métastases sont présentes, une chimiothérapie est habituellement d’abord effectuée suivie d’une opération. Exception: lorsqu’un cancer bloque complètement le côlon et que les patients ne peuvent plus aller à la selle, l’opération est prioritaire. Si par contre il n’y a pas de métastase, le cancer sera opéré d’emblée. Le traitement chirurgical Le cancer de l’intestin est aujourd’hui opéré par une technique mini-invasive (laparoscopie) avec trois à quatre petites incisions (technique dite des «petits trous»). Avec cet abor­d , on peut réaliser l’inervention comme avec une incision «conventionnelle». L’opération dure entre deux et quatre heures. Après l’opération, le jour même, les malades peuvent boire et s’asseoir au bord du lit. Le lendemain, des repas légers sont servis et les patients devront se lever et bouger, ce qui permet à l’intestin de se remettre en route au plus vite. Deux jours après l’opération, les malades s’alimentent à nouveau normalement et n’ont plus besoin de perfusion. L’hospitalisation dure en moyenne quatre à sept jours. L’incapacité de travail est d’environ trois semaines. Les chances de guérison dépendent considérablement du stade de cancer, c’est-à-dire de l’existence de métastases lors du diagnostic. La médecine a fait d’énormes progrès dans ce domaine au cours des dernières décennies, d’abord grâce à l’efficacité de la chimiothérapie, mais aussi grâce à une meilleure connaissance de la maladie et à aux avancées sur les techniques chirurgicales. Autrefois, le diagnostic du cancer du côlon accompagné de métastases équivalait à être condamné. Aujourd’hui, des chances de guérison sont meilleures que jadis, mais nécessitent du temps et beaucoup de patience. Une fois le cancer vaincu, un patient peut avoir une vie tout à fait normale, il devra toutefois bien entendu être suivi régulièrement. En effet, le risque d’une récidive ou de l’apparition d’une métastaseestt le plus élevé durant les cinq ans suivant l’oération. Un régime alimentaire particulier n’est absolument pas nécessaire. Le dépistage précoce, la prévention Les femmes et les hommes âgés de plus de 50 ans doivent penser à faire une colonoscopie de dépistage. En l’absence d’anomalie lors de la première coloscopie, l’examen sera répété environ tous les sept ans dans le meilleur des cas. Si des polypes bénins sont dépistés et retirés directement, un contrôle s’impose tous les trois à quatre ans. Un style de vie sain peut considérablement diminuer le risque de cancer de l’intestin. Ceci inclut suffisamment d’exercice physique, l’absence de surpoids, une alimentation équilibrée avec beaucoup de fruits et de fibres, suffisamment de légumes, de salade et peu de graisses, de viande rouge, de sucre et de sel. L’auteur Dr med. Aris D’Ambrogio Médecin spécialiste FMH en chirurgie Médecin agréé de la Clinique des Tilleuls SA Cabinet: Rue de la Gare 12, 2502 Bienne Tél. 032 322 03 11 [email protected] actu alités méd ic ale s 9 C a n c e r d u p o um o n Dites non à la cigarette Le cancer du poumon est la forme de cancer mortelle la plus fréquente. Les chances de guérison sont faibles, car il n’est très souvent diagnostiqué qu’à un stade avancé. Toutefois, de nouveaux traitements améliorent les pronostics. Le cancer du poumon touche environ 2500 hommes et 1400 femmes chaque année en Suisse. S’il s’agit, chez les hommes, de la deuxième forme de cancer en termes de fréquence, elle est toutefois la plus mortelle. Chez les femmes, le cancer du sein enregistre légèrement plus de cas de décès que le cancer du poumon. Chaque année, 2000 hommes et 950 femmes décèdent suite à cette maladie. Au cours des dernières décennies, le taux de contraction de la maladie s’est déplacé légèrement en La mesure la plus défaveur des femmes, étant donné que de plus en plus de efficace de prévention filles et de femmes fument. du cancer du poumon L’âge moyen au diagnostic de la maladie est environ de 70 ans est de renoncer chez les hommes et de 68 ans à fumer. chez les femmes. Bien que le traitement chirurgical et non chirurgical ait beaucoup progressé au cours des dernières années, seuls 15 à 20% des patients chez lesquels un cancer du poumon a été diagnostiqué vivent plus que cinq ans après ce diagnostic, et ce, uniquement en cas de stade précoce et de résection chirurgicale totale de la tumeur. Différentes formes de cancer Le cancer du poumon, ou plus précisément cancer ou carcinome bronchique, se développe presque toujours à partir des cellules revêtant les voies respiratoires (bronches). On distingue essentiellement deux formes de cancer du poumon qui varient, entre autres, en matière de traitement et de pronostic: le cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) et le cancer bronchique à petites cellules (CPC). Ces deux termes se rapportent à la taille effective des cellules et à l’apparence du tissu tumoral sous le microscope. Le cancer bronchique non à petites cellules représente environ 80 à 85% de l’ensemble des cancers du poumon et est réparti dans les sous-groupes suivants en fonction du type de tissu: les adénocarcinomes (60%; issus du tissu glandulaire), les carcinomes épidermoïdes (30%; se développent à partir de la peau ou de la muqueuse) et les carcinomes à grandes cellules (10%; aucune caractéristique tissulaire spécifique). Les tumeurs non à petites cellules du poumon ont tendance à croître plus lentement et à former des métastases (foyers dans d’autres organes comme le cerveau, les os, 10 a c t u a l i t é s m é d i c a l es le foie et les glandes surrénales) plus tardivement. Les chances de guérison et l’espérance de vie sont généralement meilleures qu’en cas de cancer bronchique à petites cellules. Les cancers bronchiques à petites cellules représentent 20% des carcinomes pulmonaires. Ce type de cancer du poumon se caractérise par son comportement agressif et, ainsi, par la formation plus rapide de métastases, d’où un pronostic statistiquement plus mauvais (en cas de cancer bronchique à petites cellules à un stade avancé, la durée de survie moyenne n’est que de six mois). Causes et risques Le cancer du poumon peut certes affecter des personnes n’ayant jamais fumé, mais le facteur de risque le plus important est le tabagisme: plus de 90% des hommes et environ 60% des femmes souffrant de cancer du poumon ont fumé pendant longtemps. Le risque de cancer du poumon est 10 à 15 fois plus élevé chez un fumeur que chez un non-fumeur; les fumeurs passifs présentent aussi un risque 1,3 à 2 fois plus élevé. Lorsqu’on cesse de fumer, le risque diminue progressivement, mais ne pas fumer reste la meilleure mesure préventive. Environ 5% des cancers du poumon sont provoqués par des substances cancérigènes (carcinogènes) avec lesquelles les personnes concernées ont été en contact pendant leur travail, à commencer par l’amiante. L’arsenic (contenu par exemple dans les produits de lutte contre les nuisibles), les gaz d’échappement, la poussière fine, le chrome, le nickel, le goudron, la suie et les irradiations (par exemple le radon dans les habitations) sont également cancérigènes. Les cicatrices pulmonaires liées à des inflammations ou des blessures, de même qu’une prédisposition génétique, augmentent aussi le risque de cancer. Symptômes Les symptômes chez les personnes atteintes du cancer du poumon sont souvent non spécifiques et peuvent aussi survenir lors d’autres maladies des voies respiratoires et des poumons, comme lors d’une broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) ou d’une bronchite chronique. Les carcinomes bronchiques ne sont donc souvent dépistés que tardivement. Les symptômes suivants peuvent indiquer un cancer du poumon: toux persistant plus de quatre semaines, toux existante (toux du fumeur) qui change soudainement, refroidissements fréquents, expectora- De l’aide pour arrêter de fumer Tomographie par émission de positrons (TEP): le glucose radiomarqué permet de visualiser le cancer du poumon dans le lobe inférieur droit. tions (sanguinolentes), dyspnée et enrouement, fatigue inexpliquée et faiblesse. A un stade avancé, une perte de poids involontaire et une perte d’appétit peuvent aussi survenir, de même que des douleurs thoraciques plutôt diffuses qu’il n’est pas toujours possible d’associer à une région définie. Cela signifie que la tumeur s’est déjà propagée dans la plèvre. Le risque de cancer est d’autant plus élevé que le nombre de cigarettes consommées par jour est important et que le tabagisme a duré. Les fumeuses et les fumeurs peuvent nettement diminuer ce risque en cessant de fumer. Dix ans après avoir arrêté de fumer, un ancien fumeur présente déjà deux fois moins de risque de souffrir d’un cancer du poumon que s’il avait continué de fumer. Arrêter de fumer est difficile, mais il existe de nombreux services de soutien: • la ligne nationale stop tabac (0848 000 181) propose des entretiens-conseil détaillés; • le site Internet de la Ligne pulmonaire offre notamment des informations sur différentes méthodes et offres pour arrêter de fumer; un test en ligne permet d’évaluer son degré de dépendance (www.liguepulmonaire.ch); • dans la rubrique «Prévention» (point «Arrêt du tabagisme»), la Ligue contre le cancer apporte une aide supplémentaire et offre, entre autres, un coaching en ligne (www.liguecancer.ch); • l’Association suisse pour la prévention du tabagisme (www.at-suisse.ch) regroupe différentes aides au sevrage sous la rubrique «Arrêt du tabagisme». Diagnostic Pour diagnostiquer le cancer du poumon, on commence par effectuer une radiographie du poumon; mais la mesure diagnostique la plus importante en cas de suspicion d’un cancer du poumon est la bronchoscopie, appliquée si possible chez tous les patients. Le bronchoscope permet au pneumologue d’inspecter les bronches et leurs ramifications et de dépister d’éventuelles modifications des voies respiratoires. Un tube flexible équipé d’une caméra et de minuscules instruments destinés à prélever du tissu est introduit dans les voies respiratoires par la bouche ou le nez sous anesthésie locale. L’examen du tissu tumoral au microscope et les analyses moléculaires supplémentaires donnent au pathologiste des indications relatives à l’agressivité et à la vitesse de croissance du carcinome bronchique et lui permettent de déterminer le type précis de tumeur ou la biologie de la tumeur («empreinte moléculaire»). D’autres méthodes diagnostiques, comme le scanner, l’imagerie par résonance magnétique (IRM), l’échographie ou la tomographie par émission de positrons (TEP) sont appliquées afin de déterminer la taille de la tumeur, l’étendue du cancer et l’éventuelle contamination des ganglions lymphatiques. Pour le moment, les spécialistes déconseillent un programme de dépistage national du carcinome pulmonaire (examen scanner) comme moyen de dépistage précoce: un résultat suspect au scanner pourrait trop souvent entraîner un diagnostic de cancer du poumon infirmé ultérieurement. Cela exposerait les personnes concernées à d’autres examens superflus, voire à des traitements inutiles. Opération, chimiothérapie et radiothérapie En cas de cancer du poumon, le traitement dépend du stade de la maladie, des caractéristiques biologiques de la tumeur ainsi que de l’état de santé général et des comorbidités du patient. Plus le diagnostic est établi tôt, meilleures sont les chances de guérison. Le classement des stades I à IV s’effectue selon un système standardisé international. Le stade I correspond à une tumeur limitée à un site sans contamination des ganglions lymphatiques et sans métastase éloignée; au stade II, la tumeur est encore petite, mais a déjà formé des métastases dans les ganglions lymphatiques ou la tumeur est plus grande, mais il n’y a pas encore de métastase dans les ganglions lymphatiques. Le stade III désigne une tumeur à un stade avancé qui s’est déjà propagée aux ganglions lymphatiques. On parle de stade IV en présence de métastases éloignées (en dehors des poumons). Le traitement est fixé dans le cadre d’un «tumor board» interdisciplinaire formé de pneumologues, d’oncologues, de chirurgiens thoraciques, de radio-oncologues, de pathologistes et de radiologistes. Les méthodes thérapeutiques disponibles qui sont appliquées seules ou combinées sont l’opération, les traitements médicamenteux (chimiothérapie ou traitements ciblés) et la radiothérapie. Selon le stade de la maladie, le traitement est curatif (visant la guérison) ou palliatif. Il s’agit, dans ce second cas, de stabiliser la maladie afin de limiter ses symptômes, d’améliorer la qualité de vie ainsi que l’espérance de vie. actu alités méd ic ale s 11 C a n c e r d u p o um o n Opération Les patients souffrant de cancer non à petites cellules à un stade précoce (c’est-à-dire stade I à III au maximum) et dont la maladie se limite au poumon et aux ganglions lymphatiques avoisinants sont opérés dans la mesure du possible. On tente alors de retirer la tumeur afin de laisser le moins possible de tissu cancéreux dans l’organisme. Dans certains cas, les patients reçoivent d’abord une chimiothérapie ou une combinaison de radiothérapie et de chimiothérapie afin de diminuer la taille de la tumeur avant l’opération. Une irradiation est parfois indiquée à l’issue de l’opération afin de détruire les cellules cancéreuses dispersées. Il arrive souvent que les médecins ne puissent déterminer l’ampleur de la zone à opérer que pendant l’intervention. Aux stades précoces de la maladie, il suffit de retirer le lobe pulmonaire contaminé et les ganglions lymphatiques qui lui sont liés. Si la tumeur s’étend au-delà de la limite entre deux lobes pulmonaires, deux des cinq lobes sont retirés. Il arrive aussi qu’un poumon entier doive être retiré. L’intervention s’effectue sous anesthésie générale, dure plusieurs heures et nécessite ensuite un séjour hospitalier de deux à trois semaines et une convalescence plus longue. Il est en principe possible de respirer et de vivre avec un seul poumon, à condition que le poumon restant soit en bonne santé. Les capacités physiques ainsi que les mécanismes immunitaires nécessaires sont néanmoins limités. Mais le poumon restant peut être entraîné par des exercices respiratoires réguliers. Radiothérapie et chimiothérapie Les tumeurs avancées ayant déjà formé des métastases sont traitées par des séances de radiothérapie ou de chimiothérapie, voire par un traitement médicamenteux ciblé. Lors de la radiothérapie, les cellules cancérigènes sont détruites par un rayonnement riche en énergie. La radiothérapie s’effectue le plus souvent par voie «percutanée», c’està-dire à travers la peau depuis l’extérieur. Si des tumeurs qui rétrécissent, par exemple, les voies respiratoires doivent être irradiées, un traitement appelé brachythérapie est aussi envisagé. Dans ce cas, les médecins appliquent une source de rayonnement directement sur la tumeur à travers la trachée. Lors de la chimiothérapie, des cytostatiques sont utilisés: il s’agit de médicaments empêchant la croissance des cellules cancéreuses. Ces deux méthodes tuent des cellules cancéreuses, mais endommagent aussi des cellules saines, ce qui peut entraîner des effets secondaires du traitement (en cas de radiothérapie: sécheresse, rougeur cutanée, fatigue; en cas de chimiothérapie: nausées, vomissements, fatigue, perte de cheveux, etc.). Toutefois, il existe aujourd’hui des médicaments capables de limiter efficacement ces effets secondaires. Les carcinomes à petites cellules ne sont opérés qu’à titre exceptionnel, car la tumeur est généralement trop avancée au moment du diagnostic. Ce cancer est particulièrement sensible à la chimiothérapie. Le traitement 12 a c t u a l i t é s m é d i c a l es est le plus souvent complété par une radiothérapie. Les troubles dus à la tumeur sont ainsi soulagés et la progression de la maladie ralentit, surtout à des stades avancés. Traitements ciblés Les traitements dits ciblés sont des médicaments (souvent sous forme de comprimés) conçus pour attaquer une caractéristique particulière des cellules cancéreuses qui a été détectée lors de l’analyse du tissu au moyen de l’empreinte moléculaire. Ces traitements reposent sur la connaissance des mécanismes moléculaires au sein des cellules cancéreuses, ce qui permet un traitement anticancéreux adapté à chaque patient. Il existe désormais des médicaments capables d’agir sur la biologie spécifique des cellules cancéreuses et d’attaquer directement la croissance de ces cellules en perturbant les voies de signalisation et les mécanismes métaboliques. Mais ces «traitements ciblés» ne sont indiqués que chez les patients dont le cancer présente les propriétés génétiques définies contre lesquelles ces médicaments agissent. Cela concerne 10 à 15% des carcinomes pulmonaires non à petites cellules. Suivi médical Une fois le traitement terminé, des examens de contrôle réguliers doivent être effectués. Le suivi médical est planifié de manière individuelle: suite au traitement ou à la maladie, certains patients souffrent de troubles respiratoires qu’il convient de maîtriser à l’aide de médicaments, d’inhalation d’oxygène, d’une intervention ou d’un entraînement respiratoire; d’autres doivent d’abord se rétablir physiquement et psychiquement avant de pouvoir retrouver leur quotidien habituel. Dans tous les cas, il est impératif que les patients cessent de fumer afin de limiter le risque d’apparition d’un deuxième carcinome et d’améliorer nettement l’efficacité du traitement dans les situations incurables. Voir l’interview avec Dr von Rohr (en bonne allemand) Les auteurs Dr med. Urs Aebi Médecin spécialiste FMH en médecine interne et médecin spécialiste FMH en pneumologie Médecin agréé de la Clinique des Tilleuls SA Cabinet: Rue des marchandises 27, 2502 Bienne Tél. 032 323 61 60 [email protected] Dr med. Lukas von Rohr Médecin spécialiste FMH en oncologie médicale et médecin spécialiste FMH en médecine interne générale Médecin agréé de la Clinique des Tilleuls SA Cabinet: Chemin des vignes 34, 2503 Bienne Tél. 032 365 41 00 [email protected] Kératose actinique Traitement par la lumière rouge Les rayons UV du soleil peuvent altérer les cellules cutanées au point de provoquer une kératose actinique: il s’agit d’une kératinisation superficielle, squameuse et de couleur rougeâtre ou brun-jaune, pour laquelle des traitements efficaces existent. Le soleil est vital, favorise la formation de vitamine D nécessaire à la solidité des os, renforce le système immunitaire et exerce un effet antidépresseur. Mais une exposition trop fréquente et inconsidérée aux rayons du soleil peut entraîner des séquelles, parmi lesquelles figure la kératose actinique. Cette forme précoce de cancer de la peau de type non mélanome se développe principalement sur les parties du corps exposées directement au soleil, comme le visage, le front, les oreilles, la tête (particulièrement en La kératose actinique cas de calvitie ou de cheveux fins), le décoltouche les parties du leté, les avant-bras, le dos des mains et, plus rarement, les jambes. Les altérations cutanées se corps les plus expomanifestent sous différentes formes: des taches sées au soleil, comme de couleur rose à rouge, squameuses, parfois rele visage, le décolleté. couvertes d’une croûte et mesurant de quelques millimètres à plusieurs centimètres apparaissent, parfois accompagnées d’un prurit gênant. Les zones contaminées ne guérissent généralement pas spontanément et peuvent légèrement saigner en cas de contact. Si on les gratte, une nouvelle croûte se forme. étendues. Une crème est tout d’abord appliquée: elle agit pendant trois heures sous un pansement étanche et opaque, rendant les zones à traiter photosensibles. Ensuite, une irradiation à la lumière froide rouge est pratiquée pendant cinq à huit minutes, produisant des espèces réactives de l’oxygène qui détruisent exclusivement les cellules malades. La sensation de brûlure ou de piqûre varie d’un individu à l’autre; des analgésiques, un refroidissement à l’aide d’un spray réfrigé- Touchant surtout les personnes à la peau claire Désormais, la kératose actinique touche aussi de plus en plus de jeunes. Cela s’explique par le climat et l’évolution des habitudes en matière de loisirs. Les personnes les plus concernées sont toutefois âgées de plus de 50 ans. Cette affection touche en particulier les sujets à la peau claire et sensibles au soleil, ainsi que les personnes blondes ou rousses, ou dont le système immunitaire est affaibli. Dans 10% des cas, la kératose actinique risque de dégénérer en cancer de la peau de type non mélanome en l’espace de dix ans. Le diagnostic peut en général être établi grâce à un examen précis de la peau, plus rarement au moyen d’une biopsie. Selon l’étendue et la localisation de la kératose actinique, on dispose de différentes options thérapeutiques: cryothérapie à l’azote liquide, curetage, vaporisation au laser de dioxyde de carbone, ou traitement à l’aide de crèmes à base d’agents chimiothérapeutiques. Traitement par la lumière rouge Contrairement aux traitements traditionnels, qui s’accompagnent parfois de troubles de la pigmentation et ne sont indiqués que pour des lésions isolées, le traitement photodynamique permet d’obtenir de très bons résultats esthétiques, même en cas d’altérations multiples et rant ou une anesthésie locale peuvent soulager le patient. Le traitement provoque une rougeur d’intensité modérée à forte (semblable à un coup de soleil) qui persiste pendant deux semaines et, plus rarement, des croûtes. Une crème cicatrisante antibiotique doit être appliquée deux fois par jour sur les zones concernées et le patient ne doit pas s’exposer au soleil sans protection pendant un mois. L’auteur Dr med. Giacomo Duchini, Médecin spécialiste FMH en dermatologie et vénérologie Cabinet: Dermatologie Hübscher Rue du Général-Dufour 17, 2502 Bienne Tél. 032 322 53 22 [email protected] www.dermatologie-huebscher.ch actu alités méd ic ale s 13 D o ul eu r s au x g e n o u x L’entraînement protège le genou Le genou, l’articulation la plus grande et la plus complexe, est particulièrement sensible aux troubles et aux douleurs qui naissent d’une mauvaise sollicitation de l’articulation, d’une surcharge, de l’usure naturelle, de mauvaises postures ou à la suite d’accidents et de lésions. Avec ses nombreux ligaments, tendons, os et couches de cartilage ainsi qu’avec la musculature qui l’entoure, l’articulation du genou est une véritable merveille: elle se plie, se tend, tourne, nous permet de nous lever et de marcher, sauter, grimper, nous asseoir, nous accroupir ou nous agenouiller; de plus, elle est capable d’amortir plusieurs fois notre poids dans les différentes situations de charge. Elle est impliquée dans de nombreux mouvements et il n’est donc Il faut se rendre chez le pas étonnant que, tôt ou tard, médecin en cas de fortes la plupart des gens ressentent des douleurs aux genoux à un douleurs persistantes et moment ou à un autre de leur des limitations des mou- vie. Ces douleurs sont dues à l’usure liée à l’âge de différents vements. éléments de l’articulation du genou (arthrose). Mais elles peuvent aussi être issues d’une sollicitation excessive ou inadéquate, d’une activité physique intensive, de mauvaises postures des jambes, d’inflammations ou de blessures aiguës (traumatismes). Les symptômes d’usure Chez les personnes âgées de plus de 50 ans, une arthrose, la maladie la plus fréquente de l’articulation du genou, est à l’origine des douleurs dans la plupart des cas. L’arthrose du genou est la forme la plus fréquente d’arthrose et affecte, selon les statistiques, jusqu’à 50 % des personnes âgées de plus de 60 ans. L’usure croissante du cartilage articulaire est à l’origine de l’arthrose. A un stade avancé, le cartilage est entièrement usé et les surfaces osseuses qu’il soutient normalement frottent douloureusement les unes sur les autres. Ceci diminue la capacité de charge de l’articulation et restreint douloureusement les mouvements. Le processus de vieillissement naturel peut être à l’origine d’une arthrose, mais les blessures anciennes, une surcharge permanente, l’excès de poids et les mauvaises postures des jambes peuvent aussi favoriser ce processus d’usure. Une inflammation articulaire chronique comme en cas de rhumatisme entraîne la destruction de l’articulation du genou. L’arthrose ne guérit pas. Des dispositifs orthopédiques (bandages, semelles, cannes, etc.), le renforcement de la musculature du genou, des médicaments anti-inflammatoires et une adaptation du comportement (éviter les 14 a c t u a l i t é s m é d i c a l es dénivellements en randonnée) peuvent alléger les souffrances. En cas d’arthrose de l’articulation du genou à un stade avancé, une prothèse articulaire artificielle est souvent inévitable. Les faux mouvements Contrairement aux douleurs chroniques durant une longue période telles qu’elles apparaissent en cas d’arthrose, les douleurs aiguës soudaines sont généralement imputables à un accident ou sont la séquelle d’une surcharge. Ces douleurs piquantes lancinantes sont souvent associées à des sentiments de blocage et d’instabilité et peuvent également s’accompagner de tuméfactions, d’inflammations ou d’hématomes. Les genoux sont particulièrement à risque chez les personnes pratiquant un sport sollicitant les articulations comme le squash, le volleyball, le football ou le handball. De très grandes forces s’exercent toujours sur l’articulation en peu de temps de telle sorte qu’un mouvement maladroit sur un sol dur peut entraîner des blessures. Lorsque, par exemple, le pied se fixe au sol et que le buste effectue une rotation de l’articulation du genou avec une grande force, les ligaments, les muscles ou le cartilage peuvent se déchirer. Les déchirements des ligaments croisés ou latéraux, les lésions du ménisque et les déchirements du cartilage figurent parmi les blessures les plus fréquentes, les fractures articulaires étant plus rares. Les sportifs sont particulièrement exposés aux lésions liées aux surcharges comme celle appelée le genou du sauteur (inflammation, usure du ligament de la rotule), l’un des problèmes douloureux les plus fréquents dans la région antérieure du genou chez les sportifs de haut niveau. Les types de douleur Des douleurs légères n’apparaissant qu’une fois et de manière passagère peuvent souvent être soulagées à l’aide de remèdes traditionnels et d’antalgiques disponibles sans ordonnance et supprimées par les forces d’autoguérison de l’organisme. Des douleurs n’apparaissant que dans certaines situations, comme après le jogging, peuvent traduire un comportement inadéquat (mauvais style de marche, mauvaises chaussures). Dans ce cas, il convient d’éviter provisoirement les activités causant les douleurs ou de les adapter. En cas d’événement traumatique direct ou de douleurs plus fortes persis- La structure du genou Femur Rotule Ligament croisé postérieur Ligament croisé antérieur Ménisque tant au-delà d’un à deux jours et accompagnées d’importantes limitations des mouvements, le médecin consulté doit rechercher les causes de la douleur. Après une blessure, il est en effet très important d’établir l’étendue de la lésion articulaire et de la traiter du mieux possible afin de prévenir l’apparition précoce d’une arthrose et d’éviter d’autres séquelles. Celles-ci incluent une instabilité du genou pouvant persister après des lésions ligamentaires ou méniscales. Ceci se traduit classiquement par une déviation soudaine de la jambe ou des blocages de l’articulation du genou. L’examen manuel du genou par un médecin expérimenté est crucial pour le diagnostic. Une imagerie médicale, comme une radiographie ou une imagerie par résonance magnétique (IRM), doit souvent être incluse pour une évaluation plus approfondie. Selon la blessure, l’orthopédiste effectue éventuellement une arthroscopie, moins invasive qu’une opération traditionnelle. Cette méthode peut être directement utilisée pour traiter les lésions du ménisque, du cartilage ou des ligaments. Préservation et traitement Il n’est pas nécessaire d’opérer toutes les blessures du genou; un traitement conservateur est souvent possible à condition que le patient fasse preuve de la patience nécessaire. Il suffit parfois de ménager le genou pendant un certain temps, de suivre un traitement antalgique et anti-inflammatoire puis de renforcer les muscles de cette Bande extérieure Bande intérieure Péroné Tibia Image: fotolia.com L’articulation du genou est une articulation pivotante: elle peut effectuer des mouvements très complexes. Elle est constituée de trois os: le fémur, le tibia et la rotule. Le péroné n’est pas directement impliqué dans l’articulation du genou, mais en fait partie. Le genou est entouré d’une capsule articulaire et maintenu par un appareil ligamentaire et tendineux complexe. Les ligaments croisés (postérieur et antérieur), les ligaments capsulaires et l’appareil ligamentaire interne et externe relient le fémur et la jambe et jouent un rôle décisif dans la stabilité et la mobilité correcte de l’articulation du genou. Avec les tendons et les muscles de la cuisse et de la jambe, ils guident et stabilisent l’articulation du genou lors des fléchissements, extensions et rotations. La rotule améliore la transmission de la force entre la musculature de la cuisse et la jambe (extension). Elle se maintient dans sa position grâce aux tendons et aux ligaments et glisse vers le haut et vers le bas sur la face antérieure du genou dans une gouttière du fémur en forme de U. La face interne de la rotule et les régions de la cuisse et de la jambe qui se rejoignent dans l’articulation sont recouvertes d’une épaisse couche de cartilage. Les ménisques, des disques cartilagineux de forme semi-lunaire qui veillent à un amortissement supplémentaire au sein de l’articulation, se trouvent dans la fente articulaire entre la cuisse et la jambe. Le genou peut normalement fléchir de 130 à 150 degrés et, selon l’appareil ligamentaire, présenter une hyperextension de 5 à 10 degrés. région en suivant une physiothérapie. Il est parfois nécessaire de soutenir et stabiliser l’articulation du genou à l’aide d’une attelle ou d’un bandage. Une fois cette phase de douleur aiguë soulagée, il est important de bouger à nouveau le genou de manière adaptée. Ce n’est en effet que grâce à un mouvement régulier que les nutriments parviendront de nouveau au cartilage articulaire. Le médecin spécialisé décide au cours du traitement si le traitement conservateur peut réussir ou si une opération est nécessaire. Rester mobile Des exercices physiques réguliers et une forte musculature du genou constituent la meilleure prévention contre les douleurs aux genoux, mais aussi le meilleur «suivi» des problèmes ou des opérations. Ceci implique une musculation ciblée combinée à des sports d’endurance comme le cyclisme, les sports d’eau (aquagym ou aquajogging), le nordic walking. Renoncer au sport est un mauvais conseil pour les personnes dont le genou est blessé. Mais elles doivent absolument éviter les sports qui sollicitent beaucoup les articulations. L’auteur Dr med. Heiner Reichlin Médecin spécialiste FMH en chirurgie orthopédique et traumatologie de l’appareil locomoteur Médecin agréé de la Clinique des Tilleuls SA Cabinet: Chemin des vignes 34, 2503 Bienne Tél. 032 365 85 85 [email protected] www.ortho-reichlin.ch actu alités méd ic ale s 15 Ablation de l’utérus Quand la «féminité» fait mal L’ablation de l’utérus est une intervention fréquente en gynécologie. Dans la grande majorité des cas, cette opération s’impose en cas d’affection bénigne accompagnée de douleurs. L’«hystérectomie» (ablation chirurgicale de l’utérus) représente pour certaines femmes la fin de nombreuses années de souffrance. Il s’agit souvent de fortes douleurs, parfois de type spasmodique, survenant pendant les règles ou indépendamment de celles-ci. Des saignements d’une intensité inhabituelle entraînant une carence en fer peuvent aussi être à l’origine d’une consultation chez un /une gynécologue. Cependant, pour de nombreuses femmes, l’ablation de l’utérus n’est pas seulement un soulagement: faire une croix sur sa fécondité et sur la possibilité de tomber enceinte peut aussi éveiller des sentiments de deuil, ou une peur passagère de perdre une partie de sa féminité. concernées souffrent au fil du temps de douleurs, de crampes abdominales, de saignements importants ou de sensations de pression sur la vessie et l’abdomen. Des troubles hémorragiques accompagnés de saignements prolongés ou très importants entraînent une anémie, d’où des symptômes tels que la fatigue, l’abattement, les sensations de vertige, éventuellement des palpitations cardiaques ou la tachycardie, la pâleur, des ongles cassants et la chute de cheveux. Si les myomes présentent une croissance rapide ou sont présents en grand nombre, il n’est pas possible de retirer chacun des nodules. Une fois une famille fondée, il est de toute façon recommandé de retirer l’utérus entier au lieu de myomes isolés. Les motifs d’opération En cas d’affection maligne Un autre motif fréquent d’hystérectomie est un prolapsus utérin, qui apparaît en général après la ménopause. La patiente perçoit alors une sensation de corps étranger ou de pression «en bas». Les patientes indiquent parfois avoir l’impression d’être assises sur «quelque chose d’étranger». Les règles sont en grande partie constituées d’endomètre fluidifié, mélangé à du sang. En l’absence de grossesse, ce fluide s’écoule vers l’extérieur en passant par le vagin. Mais de petites quantités de fluide peuvent aussi s’écouler de l’utérus vers le haut dans l’abdomen en passant les trompes. Chez environ 10 % des jeunes femmes, ces cellules endométriales adhèrent alors sous forme de gouttes au sein de l’abdomen près de l’utérus. Ces foyers bénins sont appelés endométrioses: ce sont de petites tumeurs qui provoquent des douleurs menstruelles chroniques de type spasmodique dans le basventre et le dos pendant les règles, entre autres. de l’utérus, du col utérin ou des ovaires, l’ablation totale de l’utérus est absolument nécessaire. Des hémorragies menaçantes, notamment dues à une lésion de la paL’ablation de l’utérus roi utérine ou à des complications liées à un accouchement, n’a aucun effet sur peuvent aussi rendre une hystéle plaisir sexuel rectomie impérative. Neuf afde la femme. fections utérines sur dix sont bénignes. Outre la possibilité de retirer intégralement l’utérus, il existe aujourd’hui de nombreux procédés thérapeutiques chirurgicaux conservateurs qui peuvent s’appliquer à la cavité utérine. C’est la raison pour laquelle le nombre d’ablations totales de l’utérus a diminué au fil des ans. La souffrance est un facteur décisif dans le choix de l’intervention et fait l’objet d’un entretien approfondi avec la patiente. L’étendue de l’affection bénigne joue aussi un rôle. Nous pouvons informer nos patientes de manière précise grâce aux appareils à ultrasons modernes dont nous disposons dans nos cabinets de gynécologie et d’obstétrique. En cas d’anomalie, les méthodes chirurgicales et les éventuelles alternatives thérapeutiques font l’objet d’une discussion détaillée. Dans de très nombreux cas, des myomes sont à l’origine de l’hystérectomie. Il s’agit de nodules bénins dans la paroi musculaire de l’utérus qui apparaissent en grand nombre ou de manière isolée et peuvent alors devenir très grands. Environ 20 % des femmes 16 a c t u a l i t é s m é d i c a l es Les méthodes chirurgicales Il existe essentiellement trois méthodes d’ablation de l’utérus: par le vagin (vaginale), par la paroi abdominale à travers une incision de l’abdomen (abdominale) et par endoscopie abdominale (laparoscopique). Le choix de la technique chirurgicale dépend du type de maladie, de la condition physique de la patiente ainsi que des complications chirurgicales éventuelles, comme des adhérences à la suite d’opérations antérieures. Selon la situation, le médecin retire l’organe entier (hystérectomie totale) ou seulement le corps de l’utérus dans l’abdomen. Dans ce cas, le col de l’utérus est laissé en place: les ligaments fixés au col de l’utérus sont ainsi préservés et peuvent ultérieurement prévenir un éventuel prolapsus vaginal. L’hystérectomie vaginale reste la méthode chirurgicale que privilégient les spécialistes. A l’aide d’instruments spéciaux, l’utérus est séparé via le vagin des vaisseaux sanguins qui l’irriguent et des trompes /ovaires, puis retiré vers l’extérieur. En cas de prolapsus vésical ou rectal, cette intervention peut être associée à un raccourcissement et un soutien de la paroi vaginale antérieure ou postérieure. Après l’ablation de l’utérus, la partie supérieure du vagin doit être suturée à la paroi abdominale à l’aide de fils résorbables. L’espace libéré par l’absence de l’utérus est rempli par l’intestin. La taille et la longueur du vagin restent inchangées. Cette méthode ne laisse aucune cicatrice visible et engendre très peu de complications telles que des infections, des troubles de la cicatrisation ou des thromboses. L’intervention provoquant peu de douleurs, la patiente se remet rapidement et peut quitter l’hôpital après quelques jours. Pour qu’une intervention vaginale puisse être réalisée, il faut que l’utérus ne soit pas trop grand et le vagin pas trop étroit. Ouverture de l’abdomen L’hystérectomie abdominale offre un large aperçu sur la région opérée. En principe, le gynécologue effectuant l’opération retire l’utérus de la même manière que lors d’une hystérectomie vaginale, mais dans le sens inverse, c’est-àdire depuis le haut. Cette opération devient nécessaire lorsque l’utérus est de taille importante ou si l’intervention est élargie en cas de contribution pathologique des trompes, des ovaires ou d’organes voisins comme la vessie et l’intestin. Cette méthode permet aussi de bien détacher les adhérences. L’ablation vaginale ou abdominale de l’utérus peut s’effectuer sous anesthésie générale comme partielle (rachianesthésie). Intervention mini-invasive En cas d’hystérectomie laparoscopique, une anesthésie générale est toujours nécessaire, car la cavité abdominale est gonflée d’air comme un ballon. A travers une petite incision ombilicale, un laparoscope, une tige de 10 mm d’épaisseur munie d’une caméra et d’une source lumineuse, est inséré dans l’abdomen. D’autres instruments sont introduits dans la cavité abdominale au moyen de trocarts de 5 mm d’épaisseur insérés à travers deux à trois incisions cutanées dans le bas-ventre. Grâce à une impressionnante vue rapprochée sur l’écran de la caméra (moniteur), il est possible de détacher l’utérus de ses structures avoisinantes comme précédemment, sans vue directe. L’ablation totale de l’utérus s’effectue alors par le vagin, dont la partie supérieure sera suturée à la cavité abdominale. Lors de l’ablation du corps de l’utérus «seulement» (hystérectomie subtotale), la partie à retirer est morcelée dans l’abdo- men en parties vermiculées à l’aide d’un morcelateur. Les petites incisions abdominales permettent d’aspirer ces éléments vers l’extérieur et de les retirer. Je réalise des opérations laparoscopiques de l’utérus depuis plus de 15 ans. Elles présentent tous les avantages des hystérectomies vaginales en termes d’effets secondaires et de complications et remplacent les opérations abdominales de l’utérus dans la grande majorité des cas. Aucune grande incision abdominale, moins d’antalgiques, moins de perte de sang, moins d’infections, moins de troubles de la cicatrisation, moins de thromboses. Les patientes peuvent parfois rentrer chez elles dès le surlendemain. Un séjour hospitalier moins long signifie aussi des coûts plus faibles pour notre système de santé. Il est souhaitable qu’à l’avenir, davantage de gynécologues effectuant des opérations apprennent et appliquent cette méthode à présent techniquement au point, mais exigeante. Les séquelles L’hystérectomie induit en général peu de complications. Il existe néanmoins des risques, comme lors de toute opération. Outre les complications mentionnées, des lésions d’organes avoisinants comme la vessie, l’intestin ou l’uretère peuvent se produire. Ces lésions sont souvent diagnostiquées et traitées dès l’intervention. Après l’intervention, les règles n’ont plus lieu. Si un ovaire au moins est préservé, aucun symptôme de déficit hormonal n’est escompté. Si l’ablation des deux ovaires est nécessaire, les symptômes de la ménopause peuvent survenir. Il s’agit surtout de bouffées de chaleur, d’accès de sueur passagers, d’agitation, etc. Ces troubles peuvent être supprimés rapidement par la prise d’œstrogènes naturels sous forme de comprimés, de gel ou de patch. A notre connaissance et comme les patientes me le confirment aussi après les opérations, l’ablation de l’utérus n’a aucun effet sur le plaisir sexuel de la femme ou sur la sexualité du couple. L’auteur Dr med. Lorenzo Carissimi Médecin spécialiste FMH en gynécologie et obstétrique Médecin agréé de la Clinique des Tilleuls SA Cabinet: Promenade de la Suze 21, 2502 Bienne Tél. 032 323 11 77 [email protected] actu alités méd ic ale s 17 A s s u r a n c e - m ala di e Une seule pour tous ou le libre choix? Les Suisses disposant du droit de vote ont rejeté la caisse-maladie unique à trois reprises, et ceci clairement: en 1994, 2003 et 2007. Le 28 septembre 2014, le peuple votera à nouveau sur le sujet. Les partisans de l’initiative soumise en mai 2012 espèrent de la mise en place d’une caisse-maladie unique publique une diminution de la bureaucratie, une baisse des coûts, plus de transparence, un meilleur contrôle, une meilleure égalité de traitement et une meilleure efficacité. Cette initiative clarifierait la «jungle» constituée d’environ 60 caisses-maladie et ferait cesser leur chasse aux «bons risques» (jeunes en bonne santé). «Il faut aussi mettre un terme à la pseuLa caisse-maladie unique do-concurrence, insensée et fausse»: l’assurance de base déciderait des médecins obligatoire inclut en effet un et des hôpitaux et reticatalogue de services défini; l’offre est clairement fixée, rerait le libre choix aux identique pour tous. Tels sont patients. les arguments des partisans de l’initiative. Ils associent aussi d’autres attentes à la caisse-maladie unique: la prévention en matière de santé devrait alors s’accroître et la suppression des coûts d’administration, de marketing et de publicité des caisses-maladie pourraient faire économiser des millions. Les partisans de l’initiative ne cachent pas que l’acceptation de l’initiative entraînerait une perte d’emplois: on estime que 2000 des presque 7900 postes actuels disparaîtraient (selon l’étude «Faits et chiffres plaidant en faveur d’une caisse-maladie publique», auteur: Anna Sax, économiste de la santé, étude commandée par le PS Suisse). Si le peuple dit oui à la caisse-maladie unique, les assureurs actuels devraient certes se retirer entièrement des affaires de l’assurance de base, «mais ils garderaient un champ d’activités lucratif avec le domaine des assurances complémentaires», insistent les auteurs de l’initative. «Le risque du monopole» Selon les opposants au modèle, la caisse-maladie unique ne résout pas le problème de la croissance des coûts de la santé. On s’attend beaucoup plus à ce que le passage à une caisse-maladie unique engendre des coûts de l’ordre du milliard. Les assurés n’en tireraient pas non plus avantage, bien au contraire: de nombreux assurés verraient leurs primes augmenter; en particulier, ceux qui vivent à la campagne paieraient davantage. De plus, on oublie souvent une chose: les services de 18 a c t u a l i t é s m é d i c a l es l’assurance de base sont certes identiques dans toutes les caisses-maladie, mais les assurés peuvent euxmêmes influencer le niveau des primes activement en choisissant, par exemple, une franchise plus élevée ou un modèle de médecin de famille ou HMO. Les opposants précisent qu’une caisse-maladie unique supprimerait ces options. Et il ne serait alors pas possible de souscrire à une assurance complémentaire auprès de la caisse-maladie unique, mais uniquement auprès de l’une des caisses-maladie actuelles. En bref: la caisse-maladie unique menace les gens de devenir des «assurés contraints qui ne seraient plus que des quémandeurs auxquels il ne resterait aucun choix.» Le professeur Felix Gutzwiller, conseiller aux Etats et médecin spécialiste en médecine sociale et préventive, ajoute: «La qualité des soins médicaux dans des pays dans lesquels des monopoles publics sont en place est plus mauvaise que dans les pays dont le système est mixte, privé /public, comme en Suisse.» Selon le professeur Gutzwiller, la raison en est que personne au sein d’une caisse ayant le monopole ne voit un grand intérêt à amortir les coûts. Il rejette également le modèle de la Suva (Caisse nationale suisse d’assurance en cas d’accidents), toujours présenté comme le «bon exemple» par les partisans de l’initiative: ce modèle ne s’applique pas facilement à l’assurance-maladie «parce que l’assurance-accidents, contrairement à l’assurance-maladie, concerne des risques calculables». Le non est recommandé Le Conseil fédéral ainsi que le Conseil des Etats et le Conseil national rejettent l’initiative. Le gouvernement et le parlement ne souhaitent aucun changement de système, accordent clairement leur préférence au modèle de caisses multiples actuel par rapport au monopole d’une caisse-maladie unique, sans sous-estimer le besoin de réformes ici ou là qu’ils souhaitent aborder. Il s’agit d’améliorer la surveillance des assurés de base, d’adapter la compensation des risques en faveur des assurés, de combattre la désolidarisation au sein de l’assurance-maladie et d’éclaircir le manque de transparence actuel entre assurance de base et assurance complémentaire: la «chasse aux bons risques» n’en vaudra alors plus la peine. Pour E R T CON Entretien avec le Dr Heini Zürcher, membre de la direction d’Argomed AG, Lenzbourg «Aucune solution n’est simple» Dr Zürcher, votre entreprise propose des services à environ 800 médecins et 19 réseaux de médecins. D’après vous, quels seraient les effets de la mise en place d’une caisse-maladie unique sur le système de santé suisse? La mise en place d’un monopole dans l’assurancemala­d ie supprimerait le libre choix actuel des assurés sans réaliser les économies que les auteurs de l’initiative promettent. Au contraire: je pense que la caisse-maladie unique rendrait le système de santé plus cher. Les coûts liés à l’administration augmenteraient en raison de l’étendue de la bureaucratie d’une caisse-maladie unique énorme. De plus, les coûts du système de santé sont surtout liés à des facteurs tels que le vieillissement croissant de la population et les progrès médicaux. Le système de santé suisse est effectivement cher, mais nous bénéficions de très bons soins médicaux, d’une espérance de vie élevée et d’une grande qualité de vie, justement durant la vieillesse. Prenons un exemple: l’opération de la cataracte a un certain coût, mais permet à la personne atteinte de garder la vue. Vous parlez de libre choix des assurés, mais qu’en retire-t-on concrètement? Aujourd’hui, chaque assuré peut choisir sa caissemala­d ie. Outre des primes avantageuses, les assureurs doivent donc faire l’effort de proposer un bon service à leurs clients. Les caisses-maladie exploitent leur liberté de décision et décident en faveur de leurs clients. Ce libre choix des assurés est éliminé dans le cas d’une caisse-maladie unique. Ceci supprime aussi la motivation de fournir un bon service de la part de l’assurance. En tant qu’organisation des médecins de famille, nous constatons aussi les effets positifs de la concurrence entre les assurances. L’existence de différents assureurs est à l’origine d’une culture de discussion saine nous permettant de représenter les intérêts des prestataires et des patients. Nous élaborons ainsi de nouveaux services pour les patients qui peuvent aboutir à une sorte d’assurance privée dans le domaine ambulatoire. Les assureurs sont à l’écoute afin de proposer un avantage à leurs assurés. Si vous pouviez changer trois aspects dans notre système de santé, que feriez-vous? Aucune solution n’est simple. Mon souhait serait que tous les acteurs du système de santé gardent à l’esprit le bien-être général et pas uniquement leurs intérêts particuliers. Mon souhait serait surtout que nous nous concentrions plus sur les bénéfices et la qualité de la médecine au lieu de nous concentrer sur les coûts. Notre système de santé est certes onéreux, mais à l’échelle de la société entière, la joie de vivre des personnes âgées ou des anciens malades est un bien sans prix. Ne l’oublions jamais. Dr Zürcher, nous vous remercions pour cet entretien. Personne de contact Dr med. Heini Zürcher Chef de secteur communication Membre de la direction d’Argomed AG Contact: Bahnhofstrasse 24, 5600 Lenzbourg Tél. 056 483 03 33 [email protected] actu alités méd ic ale s 19 L a x it é d e s p au p i è r e s Mieux voir grâce à une opération Les paupières tombantes peuvent être corrigées par une intervention chirurgicale, qui peut être motivée par des raisons esthétiques, mais aussi fonctionnelles: elle donne un air «plus éveillé» et élargit le champ visuel. Les personnes dont les paupières supérieures sont tombantes paraissent souvent fatiguées et exténuées, même si elles ne le sont pas du tout. Il arrive aussi qu’elles éprouvent des difficultés à garder les yeux grand ouverts. On parle de laxité des paupières lorsque le bord de la paupière, quand l’œil est ouvert, n’est pas ou seulement en partie visible, car la peau relâchée recouvre partiellement l’œil. La laxité des paupières ne pose cependant pas seulement problème d’un point de vue esthétique. L’excès de peau limite le champ visuel en haut et sur le côté, ce qui peut être gênant, voire dangereux, dans le cadre de nombreuses activités comme la conduite automobile. La laxité des paupières est généralement une modification anatomique bénigne, héréditaire et due à l’âge, qui se produit en raison d’une perte d’élasticité de la peau et du tissu conjonctif sousjacent. Un lifting peut permettre de corriger chirurgicalement les paupières tombantes, mais uniquement lorsque la laxité est apparue en raison d’un relâchement excessif de la peau. En revanche, si ce phénomène est dû à un affaissement des sourcils (pseudo-laxité), un lifting frontal est plus judicieux. Avant l’intervention, on s’assure, au cours de consultations approfondies, de l’absence de toute ophtalmopathie (sécheresse oculaire, maladies neurologiques) susceptible de contre-indiquer une opération. Un médecin expérimenté tient compte de l’esthétique de l’ensemble du visage, en plus de la fonction de la paupière, et cherche à harmoniser les traits du visage. Le déroulement concret Lors de l’opération, l’excès de peau est retiré au moyen d’un scalpel en fonction du tracé du chirurgien. Si nécessaire, un peu de tissu adipeux et une bande musculaire sont retirés de la paupière supérieure. La plaie est suturée à l’aide d’un fil très fin dans le sillon palpébral. Ainsi, la cicatrice est à peine visible. Le fil peut être retiré après trois à quatre jours. L’intervention est effectuée en ambulatoire sous anesthésie locale (l’anesthésique est injecté sous la peau de la paupière supérieure) et dure environ une heure. Après une période d’observation de deux à trois heures, les patients peuvent quitter la clinique. Immédiatement après l’opération, les paupières sont enflées. La tuméfaction diminue après quelques jours; les rares hématomes et rougeurs autour de l’œil disparaissent après environ deux semaines. Après l’opération, il est recommandé de se reposer pendant quelques jours, puis les 20 a c t u a l i t é s m é d i c a l es patients peuvent à nouveau lire. Il est possible de reprendre le travail après environ sept à dix jours et de pratiquer à nouveau du sport au bout de trois semaines. Un résultat durable L’intervention est considérée comme sûre et présentant peu de complications dans la mesure où elle est réalisée par un chirurgien expérimenté. Comme toute opération, elle comporte néanmoins de faibles risques, comme des hématomes, des troubles de la cicatrisation ou des inflammations. Lorsque les plaies sont cicatrisées, l’œil semble plus ouvert et le patient perd son «regard de chien battu». L’effet de rajeunissement est permanent. Si la correction de la laxité des paupières constitue une intervention purement esthétique, les coûts sont à la charge des patients. En cas d’indication médicale et lorsque le champ visuel est fortement limité, l’assurance-maladie prend en charge le traitement. L’auteur Dr med. Daniel Knutti Médecin spécialiste FMH en chirurgie plastique et esthétique Cabinet: Rue de la Gare 39, 2502 Bienne Tél. 032 322 77 83 [email protected] www.aesthetische-chirurgie.ch Consulter le site Internet de la clinique de chirurgie esthétique du Dr Knutti à Bienne