Juin 2014 / PDF

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Juin 2014 | Edition Jura bernois
actualités médicales
Cancer du côlon
Les signes d’alarme:
sang dans les selles
Prothèses mammaires
De femmes
à femmes
Altérations des yeux avec l’âge
Quand la vue baisse
actualités médicales – le magazine régional de santé
En collaboration avec la Clinique des Tilleuls SA
à Bienne et d’autres institutions de santé de la région
Douleurs aux genoux
L’entraînement
protège le genou
To m o g r a p hi e v o lumi q u e num é r i s é e
Un vrai «plus» pour la sécurité
Une nouvelle technique radiologique en 3D révolutionne le diagnostic en médecine dentaire: la TVN permet notamment de simuler les implantations dentaires
et de les planifier de manière précise, diminuant ainsi le risque de complications.
Les Drs Pierre Magnin et Odette Engel Brügger, médecins-dentistes biennois, sont des experts sollicités
dans le domaine des implants dentaires et de la
chirurgie orale; dans leur cabinet, ils utilisent un
appareil de TVN. Le Dr Magnin nous explique comment l’usage du tout nouveau diagnostic en 3D assure aux patients un traitement dentaire optimal.
choisir les implants de manière très précise, sur mesure. L’enregistrement des données via TVN dure
moins d’une minute, le patient étant assis ou debout.
De plus, la TVN est une technique à faible radiation,
entièrement indolore, et qui convient également aux
claustrophobes et aux enfants.
Que signifie «à faible radiation»?
Dr Magnin, que signifie TVN?
Le tomographe volumique numérisé (TVN) est un
appareil de radiologie high-tech spécialement conçu
pour la région de la tête. Il permet d’analyser les
dents ainsi que leurs racines, les canaux radiculaires
et les structures maxillaires de manière détaillée,
puis de les représenter sous forme électronique à
l’aide d’images tridimensionnelles très précises et de
haute résolution.
Quels sont les avantages concrets de cette technique?
Il est à présent possible d’analyser précisément, et
donc de soigner de manière adéquate, des régions
inaccessibles à la radiographie conventionnelle (par
exemple, la largeur exacte de l’os maxillaire ou le
trajet des voies nerveuses importantes). La TVN nous
permet aussi de dépister des problèmes dentaires
avec une précision accrue. Cela est, par exemple, très
utile lors de la planification et de l’insertion d’implants dentaires ou d’extractions difficiles des dents
de sagesse, mais aussi lors du traitement de fractures
radiculaires, de kystes ou d’abcès maxillaires, ou encore d’anomalies dentaires et maxillaires. Les informations fournies par la TVN permettent de dépister
d’éventuelles difficultés non pas pendant l’opération,
mais avant l’intervention, permettant ainsi d’en parler avec le patient dès la phase préparatoire. Tout cela
donne aux patients une plus grande sécurité et crée
une atmosphère apaisante. Au final, le risque de
complications est nettement réduit.
Quel est le rôle de la TVN lors, par exemple, de la
pose d’implants dentaires?
Les enregistrements TVN tridimensionnels (voir
l’image à droite) permettent de simuler en amont et
de planifier de manière optimale la pose de l’implant
à l’ordinateur, en tenant compte de la trajectoire des
nerfs et en exploitant au mieux possible le tissu osseux disponible. Ces données permettent aussi de
2 ac t u a l i t é s m é d i c a l e s
Un seul balayage (un arceau de l’appareil passe une
fois autour de la tête du patient en moins d’une minute et enregistre toutes les informations nécessaires) induit un rayonnement d’environ 200 µSv
(microsievert), soit un rayonnement près de 70 % inférieur à celui d’un scanner traditionnel.
Combien coûte un enregistrement TVN et les frais
sont-ils couverts par l’assurance-maladie?
Les frais occasionnés par une TVN sont compris
entre 350 et 500 francs en fonction de l’ampleur de
l’enregistrement et ne sont pas couverts par l’assurance-maladie. Pour le moment, ces frais sont donc
à la charge des patients.
Et pour terminer, Dr Magnin, votre consœur, le Dr
Odette Engel Brügger, et vous êtes titulaires du
titre de «Master of Science in Oral Implantology».
Qu’est-ce que cela implique pour les patients?
Ce titre atteste que nous disposons d’une formation
particulièrement solide en chirurgie orale et en implantologie que ce soit d’un point de vue clinique ou
scientifique.
Consulter
le site Internet
du cabinet
Oralsurgery
Dr Magnin, nous vous remercions pour cet entretien.
Personnes de contact
Dr Pierre Magnin et
Dr Odette Engel Brügger
Médecins-dentistes SSO spécialisés en chirurgie orale
et titulaires du «Master of Science in Oral Implantology»
Cabinet:
Oralsurgery
Crêt-des-Fleurs 91, 2503 Bienne
Tél. 032 365 33 44
[email protected]
www.oralsurgery.ch
E di t o r ial | S o m m air e
Horloge biologique
et cancer du poumon
A quel âge est-on vieux? A 40, 50, 60, 70 ans? Selon les chercheurs, l’espérance de vie moyenne sera de 80 ans chez les hommes
et de 85 ans chez les femmes d’ici au milieu du siècle. L’âge de la retraite, un «marqueur» du passage au statut de senior, sera alors probablement atteint à 70 ans. Mais tenons-nous-en aux faits: l’horloge biologique tourne chez tout le monde. Certes, notre organisme
se régénère en permanence, de nouvelles cellules remplaçant les anciennes: les cellules cutanées sont remplacées toutes les deux semaines, les cellules sanguines tous les quatre mois, les cellules musculaires et osseuses tous les 15 à 16 ans. Mais il est incontestable que
cette régénération devient de moins en moins efficace avec l’âge:
en dépit des crèmes et des liftings, les années et notre mode de vie
laissent des traces. Ainsi, la vue baisse à un moment ou à un autre, les
articulations et les os s’usent et, malheureusement, des cancers se déclarent souvent. Nous vous invitons à lire, à ce propos, les articles des
Drs Maria Wegmann Burns et Aris D’Ambrogio (pages 4 et 8). Mais il
ne faut pas oublier que la vieillesse n’est ni une maladie, ni un adieu
à la vie! Il s’agit d’une étape de la vie qui se développe progressivement chez chacun de nous, qu’on le veuille ou non. Et cette deuxième
moitié de la vie n’a rien d’«ennuyeux», bien au contraire! Elle peut se
révéler extrêmement riche et réserver des difficultés et des contraintes
aussi bien que des joies, de la créativité et des distractions!
A qui la faute? «Mais laissez-nous décider nous-mêmes de le faire
ou non... Ce paternalisme est écœurant... On ne m’enlèvera pas ma liberté.» Tels sont les propos d’un homme recueillis dernièrement sur un
forum Internet, semblables aux déclarations ou aux pensées d’autres
toxicomanes. De nombreux non-toxicomanes se disent au contraire:
«Tant pis, ils ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes.» Est-ce vrai?
Les fumeurs sont-ils vraiment responsables de leur propre toxicomanie? Quelle est la part de responsabilité de l’industrie du tabac? Cette
industrie qui fabrique et vend, en toute légalité, des produits mettant en grand danger la santé d’autrui. Cette industrie qui contribue
comme aucune autre au développement de tumeurs pulmonaires malignes. Cette industrie en partie responsable du fait que le cancer du
poumon, maladie autrefois rare, est aujourd’hui la forme de cancer la
plus mortelle chez les hommes et la deuxième forme de cancer chez
les femmes par sa mortalité. Cette industrie qui, selon les estimations
de l’OMS, a assassiné 100 millions de personnes au XXe siècle, un
«chiffre d’affaires» qui n’apparaît dans le bilan d’aucun producteur
de tabac, d’où sa mention ici. Nous vous invitons à découvrir comment de nouvelles méthodes thérapeutiques augmentent les chances
de guérison dans l’article des deux médecins biennois Urs Aebi et
Lukas von Rohr (page 10).
Bernhard Kummer
Editeur
4 Altérations des yeux avec l’âge
Quand la vue baisse
6 Bas de compression
Vivre avec entrain
7 Prothèses mammaires
De femmes à femmes
8 Cancer du côlon
Les signes d’alarme: sang dans les selles
10 Cancer du poumon
Dites non à la cigarette
13 Kératose actinique
Traitement par la lumière rouge
14 Douleurs aux genoux
L’entraînement protège le genou
16 Ablation de l’utérus
Quand la «féminité» fait mal
18 Assurance-maladie
Une seule pour tous ou le libre choix?
20 Laxité des paupières
Mieux voir grâce à une opération
Conférence spéciale à Courtelary
10 septembre
Obésité: perdre du poids –
mais encore?
Conférenciers: Dr. med. Jérôme Tschudi,
Médecin spécialiste FMH en chirurgie,
Aline Gerber, diététicienne dipl. HES
Lieu: Restaurant Buffet de la Gare, Courtelary
Heure: 19h 00
Mentions légales Le magazine «actualités médicales» est
publié en collaboration avec la Clinique des Tilleuls SA à Bienne
et des autres institutions de santé de la région qui assument
elles-mêmes leur responsabilité pour le contenu de leurs articles
Tirage: 25 000 exemplaires
Éditeur: kummerundpartner gmbh, kommunikationsmanagement+
medien, Dählenweg 6, 2503 Biel, Tel. 032 373 30 30,
[email protected], www.kummerundpartner.ch
Rédaction: kummerundpartner gmbh, Kerstin Wälti
(chef de rédaction), Marianne Kaiser, Bernhard Kummer,
Sabine Vontobel, Rolf Gerber (graphique)
Traduction: Global Translations, Sutz-Lattrigen
Production et correction: Vogt-Schild Druck AG, Derendingen
Distribution: Direct Mail Company Biel-Bienne DMB AG, Bienne
actu alités méd ic ale s 3
A lt é r a t i o n s d e s y eu x a v e c l ’â g e
Quand la vue baisse
Il est très important de bien voir jusqu’à un âge avancé. D’une part, cela permet de gérer la vie
quotidienne et de rester autonome le plus longtemps possible. D’autre part, avoir de bons yeux
est bien entendu aussi synonyme de qualité de vie.
Les yeux, notre organe sensoriel le plus important,
nous sont utiles toute notre vie, de notre naissance
jusqu’à ce que nos paupières se closent une dernière
fois, au crépuscule de notre vie. Comme le reste du
corps humain, nos yeux sont soumis au temps qui
passe et subissent de fortes modifications avec l’âge.
Les premières lunettes de lecture A partir d’environ 45 ans, la lecture des petits caractères se fait
de plus en plus pénible; on ne voit nettement qu’en
tendant les bras et en maintenant le texte éloigné de soi.
Important: des contrôles Celles qui portent déjà des lunettes en raison d’une myopie
ophtalmologiques réguremarquent qu’elles doivent
liers permettent de trai- les retirer lorsqu’elles lisent.
La presbytie se manifeste lorster les altérations assez
qu’il y a perte d’élasticité du
tôt.
cristallin humain, lequel ne
parvient plus à se déformer
aussi rapidement et fortement que pendant la jeunesse pour permettre l’accommodation et, ainsi, la
mise au point de près. Les premières lunettes de lecture deviennent indispensables.
Les premières lunettes à verres progressifs Après
les premières lunettes de lecture, certaines personnes
remarquent, vers 50 ans, une baisse de leur acuité
visuelle de loin. Ce phénomène est dû à une hypermétropie préexistante, ou à une longueur axiale de
l’œil trop courte, qui était aussi compensée jusqu’alors
par la déformation du cristallin. Il faut donc généralement se procurer de premières lunettes à verres
progressifs qui, grâce à un même verre, rendent la
vision nette de près comme de loin.
Brouillard et voile Une fois l’habitude des lunettes
et même des verres progressifs acquise, il arrive de
plus en plus souvent, en général à partir de 65 ans,
que la vision devienne brumeuse ou se voile. Il s’agit
des symptômes les plus fréquents de la cataracte, une
opacification naturelle du cristallin humain qui apparaît au fil des années. Il peut également arriver que
la correction des lunettes portées jusqu’alors soit perçue comme trop faible ou trop forte, l’opacification
du cristallin pouvant aussi s’accompagner d’une modification de sa puissance (les lunettes ne semblent
4 ac t u a l i t é s m é d i c a l e s
plus adaptées). En cas de nette baisse de l’acuité visuelle, une opération de la cataracte s’impose. Il s’agit
d’une intervention ambulatoire durant laquelle le
cristallin opaque est retiré et son enveloppe préservée. Un cristallin artificiel est ensuite implanté dans
l’ancienne enveloppe, s’y attache et reste ainsi fixé.
Ce cristallin reste alors dans l’œil jusqu’à la fin de la
vie.
Ondulations, taches noires La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) est une maladie rétinienne fréquente pouvant apparaître avec l’âge, le
plus souvent entre 70 et 80 ans. Au stade initial, des
druses se forment sous la rétine. Il s’agit de dépôts
issus du métabolisme qui restent au centre de la rétine (macula). Au fil du temps, les druses et la mort
graduelle des cellules visuelles induisent une baisse
progressive de la capacité de lecture, car la lecture
n’est possible que grâce à la macula. Il peut même
arriver que la lecture devienne impossible malgré
des lunettes ou des loupes. Les lignes de texte apparaissent courbes ou ondulées et les personnes touchées perçoivent une image «agitée» en lisant.
On distingue la forme sèche et la forme humide de
dégénérescence maculaire. En effet, outre les druses
et la perte de récepteurs visuels définissant la forme
sèche de dégénérescence maculaire, de nouveaux
vaisseaux pathologiques peuvent se former sous la
rétine dans environ 20 % des cas lors d’une DMLA
humide d’où, en général, une diminution forte et rapide de la vue dans la région centrale.
En guise de traitement standard de la DMLA de type
humide, on injecte différentes substances dans le
corps vitré. Ces substances ont pour rôle de détruire
les nouveaux vaisseaux dont la prolifération sous la
rétine est pathologique, de manière à arrêter les hémorragies et à stabiliser, si possible, l’acuité visuelle.
Ces traitements exigent beaucoup d’endurance et de
patience de la part des patients, car une répétition
des injections est nécessaire dans la plupart des cas
et le gain d’acuité visuelle est le plus souvent relativement faible.
Un traitement aussi précoce que possible de la DMLA
humide est important pour en assurer le succès. C’est
la raison pour laquelle il faut consulter un /une ophtalmologue sans délai en cas de dégradation soudaine de la vue d’un œil pendant la lecture, en cas
de perception nouvelle d’ondulations ou lors de l’apparition d’une tache grise au milieu du texte à lire.
Il n’existe pour l’heure aucun traitement efficace établi de la forme sèche de dégénérescence maculaire,
que ce soit en prévention ou pour ralentir la progression de cette maladie rétinienne.
L’origine de la DMLA Plusieurs études ont examiné
l’effet protecteur de certaines vitamines dans la rétine. Mais les résultats les plus récents montrent que
les vitamines ne peuvent en aucun cas prévenir la
DMLA, ni en ralentir le développement. Il existe de
nombreuses théories concernant l’origine de la
DMLA. Les facteurs de risque les plus importants
connus à ce jour sont un âge avancé, le tabagisme et
une tension artérielle élevée. Par ailleurs, on mentionne souvent le soleil comme facteur déclencheur
de la dégénérescence maculaire. En outre, on suppose
une certaine prédisposition génétique, les femmes
étant plus fréquemment touchées. Il est très important pour les personnes touchées de savoir que, même
à un stade avancé, la DMLA ne rend jamais entièrement aveugle: bien que les altérations endommagent
progressivement le centre de la rétine et que la capacité de lecture puisse fortement diminuer, le reste des
cellules visuelles périphériques est tout de même préservé. Ainsi, dans la plupart des cas, l’acuité visuelle
reste suffisante pour gérer le quotidien de manière
plus ou moins autonome.
Une tension oculaire élevée Le glaucome est un
autre type d’affection oculaire apparaissant plus fréquemment à un âge avancé. Dans ce cas, une tension
oculaire trop élevée provoque l’endommagement
progressif du nerf optique, pouvant entraîner une
cécité complète. Le glaucome se caractérise par l’absence de symptômes (douleur, baisse de la vue ou
autres) à son stade initial. Lorsque le patient remarque une barre noire ou un rétrécissement de son
champ visuel, le glaucome est déjà à un stade avancé et le nerf optique fortement lésé. Ces lésions sont
irréversibles, même sous le meilleur traitement. Des
collyres diminuant la tension oculaire sont prescrits
à tout patient présentant une tension oculaire élevée
et un risque de lésion du nerf optique. Ces gouttes
doivent être administrées quotidiennement, le plus
souvent à vie. Le glaucome ne fait l’objet d’un traitement chirurgical que dans des cas de résistance au
traitement, car l’opération ne réussit pas toujours et
doit généralement être répétée en raison de cicatrisations dans la région opérée. La prédisposition au
glaucome est elle aussi inéluctable. Des contrôles
précoces (et à répéter) de la tension oculaire permettent néanmoins de s’assurer que la tension oculaire reste dans une fourchette normale et que le nerf
optique est en bon état.
Le diabète et les yeux Le vieillissement s’accompagne aussi d’un risque accru de diabète. Une lésion
grave de la rétine peut apparaître en cas de mauvaise
régulation de la glycémie, le plus souvent associée à
une tension artérielle élevée. Là encore, le diabétique
doit se rendre chez l’ophtalmologue une fois par an
à partir du moment où le diabète est diagnostiqué. Si
la rétine présente un début d’altération, il est généralement possible de limiter les lésions, soit par un
meilleur contrôle de la glycémie et de la tension artérielle, soit éventuellement par des traitements au
laser au sein de la rétine elle-même et, depuis peu,
de plus en plus souvent par des injections de substances spéciales dans le corps vitré.
Larmoiement, brûlures, grattements Un peu
moins dangereux, le larmoiement constant des yeux
durant la vieillesse est néanmoins très gênant. Il
s’intensifie en cas de vent, de froid ou de soleil. Ce
phénomène est généralement déclenché par une combinaison de paupières flasques (paupières tombantes),
de sécheresse de la cornée (qui déclenche via le cerveau la production de liquide lacrymal par les
glandes lacrymales) ainsi que de l’influence de l’environnement. Il n’y a souvent rien de dangereux ni
de grave. A titre préventif, on peut porter des lunettes de soleil à l’extérieur, maintenir un bon climat
ambiant à l’intérieur (ne pas trop chauffer, augmenter l’humidité de l’air, éventuellement à l’aide d’un
humidificateur), utiliser des collyres pour humidifier
la cornée et veiller à un apport de liquide suffisant
en cas de grattement et de brûlure. La correction de
la position des paupières via une opération chirurgicale, réalisée uniquement dans les cas très graves,
entraîne généralement une amélioration des symptômes.
Il n’est possible ni de prévenir, ni d’interrompre certaines altérations oculaires liées à l’âge, car elles se
produisent de manière inéluctable au fil des ans et
du fait de la nature des yeux, organes sensoriels de
haute performance. Nous pouvons toutefois ménager
notre vue, même pendant la vieillesse, grâce à une
hygiène de vie saine et raisonnable et des contrôles
ophtalmologiques réguliers, afin de voir notre monde
avec des yeux perçants le plus longtemps possible.
L’auteur
Dr med. Maria Wegmann Burns
Médecin spécialiste FMH en ophtalmologie
Spécialité: ophtalmochirurgie
Médecin agréé de la Clinique des Tilleuls SA
Cabinet:
Rue Centrale 45 /47, 2502 Bienne
Tél. 032 323 61 41
[email protected]
actu alités méd ic ale s 5
Bas de compression
Vivre avec entrain
Il existe de nombreuses bonnes raisons de porter des bas de compression. Pour les personnes
souffrant de maladies veineuses, ils sont incontournables. Mais ces «bas élastiques» éprouvés ont
aussi un effet préventif et permettent de rester en forme au quotidien.
Les bas de compression orthopédiques exercent une
pression sur le tissu des membres enveloppés. Il soulagent ainsi le système veineux ou lymphatique, tout
en favorisant la circulation sanguine. Les bas de compression sont fabriqués de sorte que la pression diminue de bas en haut, de manière analogue à la pression
du tissu. Cette pression, répartie en différentes catégories (de 1 à 4), est adaptée à la gravité de la maladie
de la patiente/du patient. La catégorie de compression
1 est la plus légère; elle est surtout utilisée à titre préventif. A partir de la catégorie 2, la caisse-maladie
prend en charge deux paires de bas par an. Selon le
modèle, ils sont disponibles à partir de 90 francs. Le
port quotidien de bas de compression est notamment
indiqué en cas d’opérations veineuses, de présence de
varices, de faiblesse veineuse chronique, de grossesse,
d’œdèmes ou d’antécédents de thromboses. Ces bas
peuvent aussi être utilisés après de graves brûlures ou
pour traiter des cicatrices chirurgicales. Grâce à la
pression, l’aspect de la peau s’améliore et présente
moins d’adhérences cicatricielles.
Modèles et coloris Il existe différents modèles, matériaux et coloris de bas de compression confectionnés, pour femme comme pour homme. Certains vont
jusqu’aux genoux, avec la pointe des pieds ouverte ou
fermée; d’autres montent jusqu’à la cuisse et sont munis d’un bord adhésif qui les empêche de glisser. Il
existe en outre des collants spécialement conçus pour
la grossesse, «qui s’adaptent au ventre des femmes
enceintes», comme le précise Sabine Schratt, bandagiste chez Botta Orthopédie SA à Bienne. Si l’on
souhaite embellir encore plus son apparence, on peut
aussi choisir un bas appelé Body Shape. Les bas de
compression confectionnés sont prévus pour des personnes de corpulence standard. On peut aussi en faire
fabriquer sur mesure pour obtenir des bas parfaitement adaptés à ses besoins.
Traitement des lipœdèmes et lymphœdèmes «De
la tête aux orteils, toutes les parties du corps peuvent
être enveloppées d’un bas sur mesure», explique Rémy
Botta, copropriétaire de Botta Orthopédie. Le bas tricoté sur mesure est utilisé lorsqu’un patient souffre
d’un lipœdème (déficit du système lymphatique en
raison d’accumulation de lipides) ou de lymphœdème
(accumulation d’eau). «Une bonne collaboration entre
6 ac t u a l i t é s m é d i c a l e s
le médecin, le physiothérapeute effectuant le drainage
lymphatique et les spécialistes de Botta Orthopédie est
absolument cruciale», déclare Sabine Schratt. Lorsque
la combinaison thérapeutique est efficace et que le
tissu des parties corporelles affectées est libéré de l’accumulation d’eau, les mesures des bas sont prises et
les bas ajustés. Les œdèmes restent présents tout au
long de la vie et ne sont pas entièrement curables. «Le
drainage lymphatique manuel, le bandage puis le port
d’un bas de compression peuvent considérablement
améliorer l’état du patient», déclare Sabine Schratt.
Enfilage correct et entretien Les bas de compression médicaux doivent être portés quotidiennement
(même en été!), toujours enfilés le matin, juste après
la douche, et retirés le soir avant le coucher. Différents
accessoires pratiques sont aujourd’hui disponibles
dans le commerce spécialisé afin de faciliter l’enfilage
et le retrait des bas. Important: les bas doivent être
lavés quotidiennement. «Des squames ou des restes de
crèmes corporelles peuvent en effet rester dans le bas
et obturer les mailles, d’où une diminution de l’effet
du bas», explique Sabine Schratt.
Consulter le site
Internet de
la Botta
Orthopédie SA
P r o t h è s e s m a m m air e s
De femmes à femmes
Une ablation mammaire laisse toujours plus que des cicatrices. Les prothèses partielles ou totales
aident les femmes à retrouver leur confiance en elles perdue.
Il est très difficile, de l’extérieur, de comprendre la
souffrance et les angoisses qui accompagnent tout
diagnostic du cancer du sein. Les opérations conservatrices et les ablations mammaires sont loin de
mettre un terme à la souffrance des patientes. Pour
les femmes refusant la chirurgie de reconstruction,
le choix d’une prothèse adaptée représente une étape
importante dans le retour à une vie active, marquée
par la confiance en soi et une
bonne image de son corps. Dans
le magasin spécialisé Sanitas Botta & Botta, des collaboratrices
formées et expérimentées accueillent les femmes, idéalement
sur rendez-vous, et les renseignent sur les modèles de prothèses
modernes disponibles avec délicatesse et en prenant tout le temps
nécessaire.
Les mesures sont prises dans une
pièce spécialement conçue à cet
effet. A cette occasion, les collaboratrices présentent à leurs clientes les prothèses en silicone, douces pour la peau
et faciles d’entretien, qui seront ultérieurement insérées dans le soutien-gorge. Fabriqués spécialement,
ces soutiens-gorge répondent aujourd’hui aux exigences esthétiques de la clientèle féminine et ressemblent de très près aux modèles habituels. La gamme
proposée comprend aussi depuis peu des articles de
mode de bain et des soutiens-gorge fonctionnels pour
le sport. Il est important, à nos yeux, que les hommes
accompagnent leurs partenaires lors de cette première visite au magasin», soulignent les collaboratrices.
Souples et hydrophobes Les prothèses mammaires
Consulter le site
Internet de Sanitas Botta & Botta
de haute qualité sont principalement composées de
silicone, fabriquée artificiellement à partir de matières premières naturelles, le sable et le charbon. La
silicone est donc considérée comme un produit naturel. Hypoallergénique, souple et hydrophobe, la
silicone présente une grande résistance thermique.
Ainsi, les prothèses adoptent rapidement la température corporelle et sont à peine perceptibles. La prothèse doit être soigneusement adaptée au sein conservé en termes de taille et de poids, entre autres. En
cas d’amputation des deux seins, on choisit habitu-
ellement une prothèse un peu plus petite et discrète
que les seins d’origine. Les prothèses de nouvelle génération s’aplatissent lorsqu’on se couche sur le dos,
d’où un aspect encore plus naturel. Il existe des coussinets en silicone dans différentes nuances de beige,
avec ou sans mamelon, de tailles et de modèles différents.
La taille de la prothèse d’une patiente peut changer
plusieurs fois au cours de sa vie en raison des variations de poids naturelles ou liées à l’âge. C’est notamment la raison pour laquelle les femmes ont droit
chaque année à une prothèse et un soutien-gorge pris
en charge par l’assurance-invalidité ou la caissemaladie.
Précaution lors de la manipulation Les prothèses
actuelles sont considérées comme relativement robustes. Il convient néanmoins de les manipuler avec
précaution. La silicone peut s’écouler lorsque, par exemple, l’aiguille d’une broche est insérée dans le
coussinet. Il peut aussi arriver que les coussinets en
silicone éclatent en tombant sur le sol. Les coussinets
et le soutien-gorge doivent être lavés séparément; les
coussinets peuvent être soigneusement lavés à la
main à l’aide d’eau tiède savonneuse. Il est recommandé de porter ses prothèses tous les jours et de ne
les retirer que pour dormir. Cela permet de stabiliser
la posture et d’éviter des douleurs dorsales ou des
problèmes de colonne vertébrale.
Personnes de contact
Michel Botta (en haut) et Rémy Botta
Copropriétaires de l’entreprise
Sanitas Botta & Botta
[email protected]; www.sanitas.ch
Contact:
Sanitas Botta & Botta
Rue de Morat 7, 2502 Bienne
Tél. 032 323 14 73 (vente), tél. 032 323 14 74 (bureau)
[email protected]
www.sanitas-botta.ch
Botta Orthopédie SA
Rue Karl Neuhaus 24, 2502 Bienne
Tél. 032 328 40 80, [email protected]
www.bottaweb.ch
actu alités méd ic ale s 7
Cancer du côlon
Les signes d’alarme: sang dans les selles
En Suisse, 1600 personnes meurent du cancer du côlon chaque année. Vu que le risque d’être
atteint d’une telle maladie augmente avec l’âge, les examens de dépistage à partir de 50 ans sont
très importants.
Le gros intestin (ou côlon) est la dernière partie de
l’intestin. Il mesure environ un mètre. Il a pour fonction d’absorber l’eau et donc «d’épaissi» le bol alimentaire, pour le transporter vers l’anus. Jusqu’à leur
élimination, les selles s’accumulent dans la toute
dernière partie du gros intestin, le rectum. Ce der­n ier
mesure environ 15 centimètres. Le cancer peut se
développer dans le côlon comme dans le rectum. Les
cancers du côlon et du rectum ont des causes quasiment identiques. Mais les traitements et les symptômes diffèrent sensiblement (voir encadré «Le traitement du cancer du rectum»).
En Suisse, environ 4100 personnes sont atteintes du
cancer du côlon par an. Cela représente 11 % de
l’ensemble des cancers. Chaque année, 40 nouveaux
cas sont diagnostiqués pour 100’000 hommes et
27 nouveaux cas chez les femmes, respectivement.
Chez les hommes, le cancer du
côlon est le troisième cancer le
Une perte de poids inexplus fréquent après celui de la
prostate et du poumon. Chez
pliquée et une fatigue
les femmes, c’est même le deupersistante peuvent être
xième après le cancer du sein.
des symptômes du cancer En Suisse, quatre personnes
meurent chaque jour du cancer
de l’intestin.
du côlon, soit environ 1600
personnes par an.
Le cancer du côlon touche surtout les personnes
âgées: 37 % des patients sont âgés de 50 à 70 ans et
57 % de plus de 70 ans. Il se développe dans les cellules de la muqueuse qui recouvre la paroi interne du
gros intestin. D’abord bénignes, les cellules de ces
tumeurs de la muqueuse (polypes) ont dégénèrent
avec le temps pour devenir malignes. Les polypes
intestinaux peuvent prendre des formes très différentes et n’affectent le rectum que chez environ un
tiers des patients. Une fois dépistés, ces polypes intestinaux doivent impérativement être retirés avant
qu’ils ne se transforment en cancer. Au moment du
diagnostic, la moitié des malades se trouve malheureusement déjà à un stade de cancer avancé.
Risques et symptômes Le vieillissement est un
facteur qui augmente le risque de développer un cancer du côlon. La prédisposition génétique joue aussi
un rôle crucial. En effet, on estime qu’environ 10 à
8 ac t u a l i t é s m é d i c a l e s
Intestin grêle
Estomac
Anus
Rectum
15 % des cancers du côlon ont une forme héréditaire.
Mais attention, les habitudes alimentaires sont aussi
un facteur très important. Le risque augmente considérablement chez les personnes qui consomment
peu de fruits, de légumes et de produits contenant
des fibres. Un apport trop important en protéines
animales (viande, saucisse, etc…), de graisse, de sucre et de sel augmente aussi le risque. De plus, les
personnes souffrant d’une maladie inflammatoire
chronique de l’intestin sont aussi plus souvent touchées.
Le cancer du côlon ne provoque souvent aucun symptôme. Une modification des habitudes défécatoires
pourrait en être un. Exemple: normalement, une personne va aux toilettes une fois par jour. Soudain, le
besoin d’aller à la selle se fait ressentir plusieurs fois
par jour pendant une longue période. Une alternance
de constipation et de diarrhées peut aussi être un
symptôme. De plus, la présence de sang dans les selles (coloration rouge ou noire) peut indiquer un cancer de l’intestin. Il en va de même pour des pertes de
poids inexpliquées et une fatigue persistante. Mais
il est malheureusement fréquent qu’aucun de ces
symptômes ne survienne en cas de cancer du côlon,
l’absence de douleurs ne signifiant pas l’absence de
cancer.
Consulter un médecin Si on s’aperçoit de l’un ou
de plusieurs de ces symptômes, il convient de se fai-
Gros intestin
Le traitement du cancer du rectum
Le rectum correspond aux derniers centimètres du gros intestin.
Si des polypes colonisent cette partie de l’intestin, on observe les
mêmes symptômes que lors d’un cancer du côlon, à une exception
près: la personne touchée a sans cesse la sensation de devoir aller à la selle, mais ne peut finalement rien éliminer. Le cerveau
émet de faux signaux. Les causes et les mesures préventives sont
les mêmes. En cas de cancer du rectum, la chimiothérapie et la
radiothérapie précèdent néanmoins toujours l’opération. Le patient reçoit normalement un anus artificiel (stomie) pendant
quatre à six semaines; celui-ci sera ensuite retiré. Là encore: une
fois le traitement médical terminé, les malades auront une vie
normale. Le style de vie doit cependant être sain et équilibré.
re examiner le plus rapidement possible par un médecin afin de déterminer les causes de ces symptômes. L’examen diagnostique le plus important et le
plus fiable est la coloscopie. Lors de cet examen, un
instrument est introduit dans l’intestin par l’anus.
Grâce à une caméra, le médecin peut faire un examen précis de l’intestin depuis l’intérieur. Si des polypes sont trouvés, il est possible d’enlever ces petites tumeurs suspectes sans anesthésie, directement
durant la coloscopie. Ce traitement n’est pas douloureux, mais de nombreux patients trouvent le procédé
désagréable. L’administration de médicaments calmants (sédatifs) est donc possible, mais sans être
absolument nécessaire.
Si le diagnostic de cancer est posé, il est nécessaire
de réaliser d’autres examens (prise de sang et scanner) pour déterminer le stade de la maladie. Si des
métastases sont présentes, une chimiothérapie est
habituellement d’abord effectuée suivie d’une opération. Exception: lorsqu’un cancer bloque complètement le côlon et que les patients ne peuvent plus
aller à la selle, l’opération est prioritaire. Si par contre il n’y a pas de métastase, le cancer sera opéré
d’emblée.
Le traitement chirurgical Le cancer de l’intestin
est aujourd’hui opéré par une technique mini-invasive (laparoscopie) avec trois à quatre petites incisions (technique dite des «petits trous»). Avec cet
abor­d , on peut réaliser l’inervention comme avec une
incision «conventionnelle». L’opération dure entre
deux et quatre heures. Après l’opération, le jour
même, les malades peuvent boire et s’asseoir au bord
du lit. Le lendemain, des repas légers sont servis et
les patients devront se lever et bouger, ce qui permet
à l’intestin de se remettre en route au plus vite. Deux
jours après l’opération, les malades s’alimentent à
nouveau normalement et n’ont plus besoin de perfusion. L’hospitalisation dure en moyenne quatre à sept
jours. L’incapacité de travail est d’environ trois semaines. Les chances de guérison dépendent considérablement du stade de cancer, c’est-à-dire de
l’existence de métastases lors du diagnostic. La médecine a fait d’énormes progrès dans ce domaine au
cours des dernières décennies, d’abord grâce à
l’efficacité de la chimiothérapie, mais aussi grâce à
une meilleure connaissance de la maladie et à aux
avancées sur les techniques chirurgicales.
Autrefois, le diagnostic du cancer du côlon accompagné de métastases équivalait à être condamné.
Aujourd’hui, des chances de guérison sont meilleures
que jadis, mais nécessitent du temps et beaucoup de
patience. Une fois le cancer vaincu, un patient peut
avoir une vie tout à fait normale, il devra toutefois
bien entendu être suivi régulièrement. En effet, le
risque d’une récidive ou de l’apparition d’une métastaseestt le plus élevé durant les cinq ans suivant
l’oération. Un régime alimentaire particulier n’est
absolument pas nécessaire.
Le dépistage précoce, la prévention Les femmes
et les hommes âgés de plus de 50 ans doivent penser
à faire une colonoscopie de dépistage. En l’absence
d’anomalie lors de la première coloscopie, l’examen
sera répété environ tous les sept ans dans le meilleur
des cas. Si des polypes bénins sont dépistés et retirés
directement, un contrôle s’impose tous les trois à
quatre ans. Un style de vie sain peut considérablement diminuer le risque de cancer de l’intestin. Ceci
inclut suffisamment d’exercice physique, l’absence
de surpoids, une alimentation équilibrée avec beaucoup de fruits et de fibres, suffisamment de légumes,
de salade et peu de graisses, de viande rouge, de
sucre et de sel.
L’auteur
Dr med. Aris D’Ambrogio
Médecin spécialiste FMH en chirurgie
Médecin agréé de la Clinique des Tilleuls SA
Cabinet:
Rue de la Gare 12, 2502 Bienne
Tél. 032 322 03 11
[email protected]
actu alités méd ic ale s 9
C a n c e r d u p o um o n
Dites non à la cigarette
Le cancer du poumon est la forme de cancer mortelle la plus fréquente. Les chances de guérison
sont faibles, car il n’est très souvent diagnostiqué qu’à un stade avancé. Toutefois, de nouveaux
traitements améliorent les pronostics.
Le cancer du poumon touche environ 2500 hommes et
1400 femmes chaque année en Suisse. S’il s’agit, chez
les hommes, de la deuxième forme de cancer en termes
de fréquence, elle est toutefois la plus mortelle. Chez
les femmes, le cancer du sein enregistre légèrement
plus de cas de décès que le cancer du poumon. Chaque
année, 2000 hommes et 950 femmes décèdent suite à
cette maladie. Au cours des dernières décennies, le
taux de contraction de la maladie s’est déplacé légèrement en
La mesure la plus
défaveur des femmes, étant
donné que de plus en plus de
efficace de prévention
filles et de femmes fument.
du cancer du poumon
L’âge moyen au diagnostic de la
maladie est environ de 70 ans
est de renoncer
chez les hommes et de 68 ans
à fumer.
chez les femmes. Bien que le
traitement chirurgical et non
chirurgical ait beaucoup progressé au cours des dernières années, seuls 15 à 20% des patients chez lesquels un cancer du poumon a été diagnostiqué vivent
plus que cinq ans après ce diagnostic, et ce, uniquement en cas de stade précoce et de résection chirurgicale totale de la tumeur.
Différentes formes de cancer Le cancer du poumon,
ou plus précisément cancer ou carcinome bronchique,
se développe presque toujours à partir des cellules revêtant les voies respiratoires (bronches). On distingue
essentiellement deux formes de cancer du poumon qui
varient, entre autres, en matière de traitement et de
pronostic: le cancer bronchique non à petites cellules
(CBNPC) et le cancer bronchique à petites cellules
(CPC). Ces deux termes se rapportent à la taille effective des cellules et à l’apparence du tissu tumoral sous
le microscope.
Le cancer bronchique non à petites cellules représente
environ 80 à 85% de l’ensemble des cancers du poumon et est réparti dans les sous-groupes suivants en
fonction du type de tissu: les adénocarcinomes (60%;
issus du tissu glandulaire), les carcinomes épidermoïdes (30%; se développent à partir de la peau ou de
la muqueuse) et les carcinomes à grandes cellules
(10%; aucune caractéristique tissulaire spécifique). Les
tumeurs non à petites cellules du poumon ont tendance
à croître plus lentement et à former des métastases
(foyers dans d’autres organes comme le cerveau, les os,
10 a c t u a l i t é s m é d i c a l es
le foie et les glandes surrénales) plus tardivement. Les
chances de guérison et l’espérance de vie sont généralement meilleures qu’en cas de cancer bronchique à
petites cellules. Les cancers bronchiques à petites cellules représentent 20% des carcinomes pulmonaires.
Ce type de cancer du poumon se caractérise par son
comportement agressif et, ainsi, par la formation plus
rapide de métastases, d’où un pronostic statistiquement
plus mauvais (en cas de cancer bronchique à petites
cellules à un stade avancé, la durée de survie moyenne
n’est que de six mois).
Causes et risques Le cancer du poumon peut certes
affecter des personnes n’ayant jamais fumé, mais le
facteur de risque le plus important est le tabagisme:
plus de 90% des hommes et environ 60% des femmes
souffrant de cancer du poumon ont fumé pendant
longtemps. Le risque de cancer du poumon est 10 à 15
fois plus élevé chez un fumeur que chez un non-fumeur; les fumeurs passifs présentent aussi un risque
1,3 à 2 fois plus élevé. Lorsqu’on cesse de fumer, le
risque diminue progressivement, mais ne pas fumer
reste la meilleure mesure préventive. Environ 5% des
cancers du poumon sont provoqués par des substances
cancérigènes (carcinogènes) avec lesquelles les personnes concernées ont été en contact pendant leur travail, à commencer par l’amiante. L’arsenic (contenu par
exemple dans les produits de lutte contre les nuisibles),
les gaz d’échappement, la poussière fine, le chrome, le
nickel, le goudron, la suie et les irradiations (par
exemple le radon dans les habitations) sont également
cancérigènes. Les cicatrices pulmonaires liées à des
inflammations ou des blessures, de même qu’une prédisposition génétique, augmentent aussi le risque de
cancer.
Symptômes Les symptômes chez les personnes atteintes du cancer du poumon sont souvent non spécifiques et peuvent aussi survenir lors d’autres maladies
des voies respiratoires et des poumons, comme lors
d’une broncho-pneumopathie chronique obstructive
(BPCO) ou d’une bronchite chronique. Les carcinomes
bronchiques ne sont donc souvent dépistés que tardivement. Les symptômes suivants peuvent indiquer un
cancer du poumon: toux persistant plus de quatre semaines, toux existante (toux du fumeur) qui change
soudainement, refroidissements fréquents, expectora-
De l’aide pour arrêter de fumer
Tomographie par
émission de positrons (TEP):
le glucose radiomarqué permet de
visualiser le cancer
du poumon dans
le lobe inférieur
droit.
tions (sanguinolentes), dyspnée et enrouement, fatigue
inexpliquée et faiblesse. A un stade avancé, une perte
de poids involontaire et une perte d’appétit peuvent
aussi survenir, de même que des douleurs thoraciques
plutôt diffuses qu’il n’est pas toujours possible d’associer à une région définie. Cela signifie que la tumeur
s’est déjà propagée dans la plèvre.
Le risque de cancer est d’autant plus élevé que le
nombre de cigarettes consommées par jour est important et que le tabagisme a duré. Les fumeuses et
les fumeurs peuvent nettement diminuer ce risque
en cessant de fumer. Dix ans après avoir arrêté de
fumer, un ancien fumeur présente déjà deux fois
moins de risque de souffrir d’un cancer du poumon
que s’il avait continué de fumer. Arrêter de fumer
est difficile, mais il existe de nombreux services de
soutien:
• la ligne nationale stop tabac (0848 000 181) propose des entretiens-conseil détaillés;
• le site Internet de la Ligne pulmonaire offre notamment des informations sur différentes méthodes et offres pour arrêter de fumer; un test en
ligne permet d’évaluer son degré de dépendance
(www.liguepulmonaire.ch);
• dans la rubrique «Prévention» (point «Arrêt du
tabagisme»), la Ligue contre le cancer apporte
une aide supplémentaire et offre, entre autres, un
coaching en ligne (www.liguecancer.ch);
• l’Association suisse pour la prévention du tabagisme (www.at-suisse.ch) regroupe différentes
aides au sevrage sous la rubrique «Arrêt du tabagisme».
Diagnostic Pour diagnostiquer le cancer du poumon,
on commence par effectuer une radiographie du poumon; mais la mesure diagnostique la plus importante
en cas de suspicion d’un cancer du poumon est la bronchoscopie, appliquée si possible chez tous les patients.
Le bronchoscope permet au pneumologue d’inspecter
les bronches et leurs ramifications et de dépister
d’éventuelles modifications des voies respiratoires. Un
tube flexible équipé d’une caméra et de minuscules
instruments destinés à prélever du tissu est introduit
dans les voies respiratoires par la bouche ou le nez sous
anesthésie locale. L’examen du tissu tumoral au microscope et les analyses moléculaires supplémentaires
donnent au pathologiste des indications relatives à
l’agressivité et à la vitesse de croissance du carcinome
bronchique et lui permettent de déterminer le type
précis de tumeur ou la biologie de la tumeur («empreinte moléculaire»). D’autres méthodes diagnostiques, comme le scanner, l’imagerie par résonance
magnétique (IRM), l’échographie ou la tomographie
par émission de positrons (TEP) sont appliquées afin
de déterminer la taille de la tumeur, l’étendue du cancer et l’éventuelle contamination des ganglions lymphatiques.
Pour le moment, les spécialistes déconseillent un programme de dépistage national du carcinome pulmonaire (examen scanner) comme moyen de dépistage
précoce: un résultat suspect au scanner pourrait trop
souvent entraîner un diagnostic de cancer du poumon
infirmé ultérieurement. Cela exposerait les personnes
concernées à d’autres examens superflus, voire à des
traitements inutiles.
Opération, chimiothérapie et radiothérapie En cas
de cancer du poumon, le traitement dépend du stade
de la maladie, des caractéristiques biologiques de la
tumeur ainsi que de l’état de santé général et des comorbidités du patient. Plus le diagnostic est établi tôt,
meilleures sont les chances de guérison. Le classement
des stades I à IV s’effectue selon un système standardisé international. Le stade I correspond à une tumeur
limitée à un site sans contamination des ganglions
lymphatiques et sans métastase éloignée; au stade II,
la tumeur est encore petite, mais a déjà formé des métastases dans les ganglions lymphatiques ou la tumeur
est plus grande, mais il n’y a pas encore de métastase
dans les ganglions lymphatiques. Le stade III désigne
une tumeur à un stade avancé qui s’est déjà propagée
aux ganglions lymphatiques. On parle de stade IV en
présence de métastases éloignées (en dehors des poumons).
Le traitement est fixé dans le cadre d’un «tumor board»
interdisciplinaire formé de pneumologues, d’oncologues, de chirurgiens thoraciques, de radio-oncologues,
de pathologistes et de radiologistes. Les méthodes thérapeutiques disponibles qui sont appliquées seules ou
combinées sont l’opération, les traitements médicamenteux (chimiothérapie ou traitements ciblés) et la
radiothérapie. Selon le stade de la maladie, le traitement est curatif (visant la guérison) ou palliatif. Il
s’agit, dans ce second cas, de stabiliser la maladie afin
de limiter ses symptômes, d’améliorer la qualité de vie
ainsi que l’espérance de vie.
actu alités méd ic ale s 11
C a n c e r d u p o um o n
Opération Les patients souffrant de cancer non à petites cellules à un stade précoce (c’est-à-dire stade I à
III au maximum) et dont la maladie se limite au poumon et aux ganglions lymphatiques avoisinants sont
opérés dans la mesure du possible. On tente alors de
retirer la tumeur afin de laisser le moins possible de
tissu cancéreux dans l’organisme. Dans certains cas,
les patients reçoivent d’abord une chimiothérapie ou
une combinaison de radiothérapie et de chimiothérapie
afin de diminuer la taille de la tumeur avant l’opération. Une irradiation est parfois indiquée à l’issue de
l’opération afin de détruire les cellules cancéreuses dispersées. Il arrive souvent que les médecins ne puissent
déterminer l’ampleur de la zone à opérer que pendant
l’intervention. Aux stades précoces de la maladie, il
suffit de retirer le lobe pulmonaire contaminé et les
ganglions lymphatiques qui lui sont liés. Si la tumeur
s’étend au-delà de la limite entre deux lobes pulmonaires, deux des cinq lobes sont retirés. Il arrive aussi
qu’un poumon entier doive être retiré. L’intervention
s’effectue sous anesthésie générale, dure plusieurs
heures et nécessite ensuite un séjour hospitalier de deux
à trois semaines et une convalescence plus longue. Il
est en principe possible de respirer et de vivre avec un
seul poumon, à condition que le poumon restant soit en
bonne santé. Les capacités physiques ainsi que les mécanismes immunitaires nécessaires sont néanmoins
limités. Mais le poumon restant peut être entraîné par
des exercices respiratoires réguliers.
Radiothérapie et chimiothérapie Les tumeurs avancées ayant déjà formé des métastases sont traitées par
des séances de radiothérapie ou de chimiothérapie,
voire par un traitement médicamenteux ciblé. Lors de
la radiothérapie, les cellules cancérigènes sont détruites
par un rayonnement riche en énergie. La radiothérapie
s’effectue le plus souvent par voie «percutanée», c’està-dire à travers la peau depuis l’extérieur. Si des tumeurs qui rétrécissent, par exemple, les voies respiratoires doivent être irradiées, un traitement appelé
brachythérapie est aussi envisagé. Dans ce cas, les médecins appliquent une source de rayonnement directement sur la tumeur à travers la trachée. Lors de la
chimiothérapie, des cytostatiques sont utilisés: il s’agit
de médicaments empêchant la croissance des cellules
cancéreuses. Ces deux méthodes tuent des cellules cancéreuses, mais endommagent aussi des cellules saines,
ce qui peut entraîner des effets secondaires du traitement (en cas de radiothérapie: sécheresse, rougeur cutanée, fatigue; en cas de chimiothérapie: nausées, vomissements, fatigue, perte de cheveux, etc.). Toutefois,
il existe aujourd’hui des médicaments capables de limiter efficacement ces effets secondaires.
Les carcinomes à petites cellules ne sont opérés qu’à
titre exceptionnel, car la tumeur est généralement trop
avancée au moment du diagnostic. Ce cancer est particulièrement sensible à la chimiothérapie. Le traitement
12 a c t u a l i t é s m é d i c a l es
est le plus souvent complété par une radiothérapie. Les
troubles dus à la tumeur sont ainsi soulagés et la progression de la maladie ralentit, surtout à des stades
avancés.
Traitements ciblés Les traitements dits ciblés sont des
médicaments (souvent sous forme de comprimés)
conçus pour attaquer une caractéristique particulière
des cellules cancéreuses qui a été détectée lors de l’analyse du tissu au moyen de l’empreinte moléculaire. Ces
traitements reposent sur la connaissance des mécanismes moléculaires au sein des cellules cancéreuses,
ce qui permet un traitement anticancéreux adapté à
chaque patient. Il existe désormais des médicaments
capables d’agir sur la biologie spécifique des cellules
cancéreuses et d’attaquer directement la croissance de
ces cellules en perturbant les voies de signalisation et
les mécanismes métaboliques. Mais ces «traitements
ciblés» ne sont indiqués que chez les patients dont le
cancer présente les propriétés génétiques définies
contre lesquelles ces médicaments agissent. Cela
concerne 10 à 15% des carcinomes pulmonaires non à
petites cellules.
Suivi médical Une fois le traitement terminé, des examens de contrôle réguliers doivent être effectués. Le
suivi médical est planifié de manière individuelle: suite
au traitement ou à la maladie, certains patients
souffrent de troubles respiratoires qu’il convient de
maîtriser à l’aide de médicaments, d’inhalation d’oxygène, d’une intervention ou d’un entraînement respiratoire; d’autres doivent d’abord se rétablir physiquement
et psychiquement avant de pouvoir retrouver leur quotidien habituel. Dans tous les cas, il est impératif que
les patients cessent de fumer afin de limiter le risque
d’apparition d’un deuxième carcinome et d’améliorer
nettement l’efficacité du traitement dans les situations
incurables.
Voir l’interview
avec Dr von Rohr
(en bonne allemand)
Les auteurs
Dr med. Urs Aebi
Médecin spécialiste FMH en médecine interne et
médecin spécialiste FMH en pneumologie
Médecin agréé de la Clinique des Tilleuls SA
Cabinet:
Rue des marchandises 27, 2502 Bienne
Tél. 032 323 61 60
[email protected]
Dr med. Lukas von Rohr
Médecin spécialiste FMH en oncologie médicale et
médecin spécialiste FMH en médecine interne générale
Médecin agréé de la Clinique des Tilleuls SA
Cabinet:
Chemin des vignes 34, 2503 Bienne
Tél. 032 365 41 00
[email protected]
Kératose actinique
Traitement par la lumière rouge
Les rayons UV du soleil peuvent altérer les cellules cutanées au point de provoquer une kératose actinique: il s’agit d’une kératinisation superficielle, squameuse et de couleur rougeâtre
ou brun-jaune, pour laquelle des traitements efficaces existent.
Le soleil est vital, favorise la formation de vitamine D
nécessaire à la solidité des os, renforce le système immunitaire et exerce un effet antidépresseur. Mais une
exposition trop fréquente et inconsidérée aux rayons
du soleil peut entraîner des séquelles, parmi lesquelles
figure la kératose actinique. Cette forme précoce de
cancer de la peau de type non mélanome se développe principalement sur les parties du corps exposées directement au soleil, comme le visage, le
front, les oreilles, la tête (particulièrement en
La kératose actinique
cas de calvitie ou de cheveux fins), le décoltouche les parties du
leté, les avant-bras, le dos des mains et, plus rarement, les jambes. Les altérations cutanées se
corps les plus expomanifestent sous différentes formes: des taches
sées au soleil, comme
de couleur rose à rouge, squameuses, parfois rele visage, le décolleté. couvertes d’une croûte et mesurant de quelques
millimètres à plusieurs centimètres apparaissent,
parfois accompagnées d’un prurit gênant. Les zones
contaminées ne guérissent généralement pas spontanément et peuvent légèrement saigner en cas de
contact. Si on les gratte, une nouvelle croûte se forme.
étendues. Une crème est tout d’abord appliquée: elle
agit pendant trois heures sous un pansement étanche
et opaque, rendant les zones à traiter photosensibles.
Ensuite, une irradiation à la lumière froide rouge est
pratiquée pendant cinq à huit minutes, produisant des
espèces réactives de l’oxygène qui détruisent exclusivement les cellules malades. La sensation de brûlure
ou de piqûre varie d’un individu à l’autre; des analgésiques, un refroidissement à l’aide d’un spray réfrigé-
Touchant surtout les personnes à la peau claire
Désormais, la kératose actinique touche aussi de plus
en plus de jeunes. Cela s’explique par le climat et
l’évolution des habitudes en matière de loisirs. Les
personnes les plus concernées sont toutefois âgées de
plus de 50 ans. Cette affection touche en particulier les
sujets à la peau claire et sensibles au soleil, ainsi que
les personnes blondes ou rousses, ou dont le système
immunitaire est affaibli. Dans 10% des cas, la kératose
actinique risque de dégénérer en cancer de la peau de
type non mélanome en l’espace de dix ans. Le diagnostic peut en général être établi grâce à un examen
précis de la peau, plus rarement au moyen d’une biopsie. Selon l’étendue et la localisation de la kératose
actinique, on dispose de différentes options thérapeutiques: cryothérapie à l’azote liquide, curetage, vaporisation au laser de dioxyde de carbone, ou traitement à
l’aide de crèmes à base d’agents chimiothérapeutiques.
Traitement par la lumière rouge Contrairement
aux traitements traditionnels, qui s’accompagnent
parfois de troubles de la pigmentation et ne sont indiqués que pour des lésions isolées, le traitement photodynamique permet d’obtenir de très bons résultats
esthétiques, même en cas d’altérations multiples et
rant ou une anesthésie locale peuvent soulager le patient. Le traitement provoque une rougeur d’intensité
modérée à forte (semblable à un coup de soleil) qui
persiste pendant deux semaines et, plus rarement, des
croûtes. Une crème cicatrisante antibiotique doit être
appliquée deux fois par jour sur les zones concernées
et le patient ne doit pas s’exposer au soleil sans protection pendant un mois.
L’auteur
Dr med. Giacomo Duchini,
Médecin spécialiste FMH en dermatologie et vénérologie
Cabinet:
Dermatologie Hübscher
Rue du Général-Dufour 17, 2502 Bienne
Tél. 032 322 53 22
[email protected]
www.dermatologie-huebscher.ch
actu alités méd ic ale s 13
D o ul eu r s au x g e n o u x
L’entraînement protège le genou
Le genou, l’articulation la plus grande et la plus complexe, est particulièrement sensible aux
troubles et aux douleurs qui naissent d’une mauvaise sollicitation de l’articulation, d’une surcharge, de l’usure naturelle, de mauvaises postures ou à la suite d’accidents et de lésions.
Avec ses nombreux ligaments, tendons, os et couches
de cartilage ainsi qu’avec la musculature qui l’entoure, l’articulation du genou est une véritable merveille: elle se plie, se tend, tourne, nous permet de
nous lever et de marcher, sauter, grimper, nous asseoir, nous accroupir ou nous agenouiller; de plus,
elle est capable d’amortir plusieurs fois notre poids
dans les différentes situations de charge. Elle est impliquée dans de nombreux
mouvements et il n’est donc
Il faut se rendre chez le
pas étonnant que, tôt ou tard,
médecin en cas de fortes la plupart des gens ressentent
des douleurs aux genoux à un
douleurs persistantes et
moment ou à un autre de leur
des limitations des mou- vie. Ces douleurs sont dues à
l’usure liée à l’âge de différents
vements.
éléments de l’articulation du
genou (arthrose). Mais elles
peuvent aussi être issues d’une sollicitation excessive
ou inadéquate, d’une activité physique intensive, de
mauvaises postures des jambes, d’inflammations ou
de blessures aiguës (traumatismes).
Les symptômes d’usure Chez les personnes âgées
de plus de 50 ans, une arthrose, la maladie la plus
fréquente de l’articulation du genou, est à l’origine
des douleurs dans la plupart des cas. L’arthrose du
genou est la forme la plus fréquente d’arthrose et
affecte, selon les statistiques, jusqu’à 50 % des personnes âgées de plus de 60 ans. L’usure croissante du
cartilage articulaire est à l’origine de l’arthrose. A
un stade avancé, le cartilage est entièrement usé et
les surfaces osseuses qu’il soutient normalement
frottent douloureusement les unes sur les autres. Ceci
diminue la capacité de charge de l’articulation et restreint douloureusement les mouvements. Le processus de vieillissement naturel peut être à l’origine
d’une arthrose, mais les blessures anciennes, une
surcharge permanente, l’excès de poids et les mauvaises postures des jambes peuvent aussi favoriser
ce processus d’usure. Une inflammation articulaire
chronique comme en cas de rhumatisme entraîne la
destruction de l’articulation du genou. L’arthrose ne
guérit pas. Des dispositifs orthopédiques (bandages,
semelles, cannes, etc.), le renforcement de la musculature du genou, des médicaments anti-inflammatoires et une adaptation du comportement (éviter les
14 a c t u a l i t é s m é d i c a l es
dénivellements en randonnée) peuvent alléger les
souffrances. En cas d’arthrose de l’articulation du
genou à un stade avancé, une prothèse articulaire
artificielle est souvent inévitable.
Les faux mouvements Contrairement aux douleurs
chroniques durant une longue période telles qu’elles
apparaissent en cas d’arthrose, les douleurs aiguës
soudaines sont généralement imputables à un accident ou sont la séquelle d’une surcharge. Ces douleurs piquantes lancinantes sont souvent associées à
des sentiments de blocage et d’instabilité et peuvent
également s’accompagner de tuméfactions, d’inflammations ou d’hématomes. Les genoux sont particulièrement à risque chez les personnes pratiquant un
sport sollicitant les articulations comme le squash,
le volleyball, le football ou le handball. De très
grandes forces s’exercent toujours sur l’articulation
en peu de temps de telle sorte qu’un mouvement maladroit sur un sol dur peut entraîner des blessures.
Lorsque, par exemple, le pied se fixe au sol et que le
buste effectue une rotation de l’articulation du genou
avec une grande force, les ligaments, les muscles ou
le cartilage peuvent se déchirer. Les déchirements
des ligaments croisés ou latéraux, les lésions du ménisque et les déchirements du cartilage figurent parmi les blessures les plus fréquentes, les fractures articulaires étant plus rares. Les sportifs sont
particulièrement exposés aux lésions liées aux surcharges comme celle appelée le genou du sauteur
(inflammation, usure du ligament de la rotule), l’un
des problèmes douloureux les plus fréquents dans la
région antérieure du genou chez les sportifs de haut
niveau.
Les types de douleur Des douleurs légères n’apparaissant qu’une fois et de manière passagère peuvent
souvent être soulagées à l’aide de remèdes traditionnels et d’antalgiques disponibles sans ordonnance et
supprimées par les forces d’autoguérison de l’organisme. Des douleurs n’apparaissant que dans certaines situations, comme après le jogging, peuvent
traduire un comportement inadéquat (mauvais style
de marche, mauvaises chaussures). Dans ce cas, il
convient d’éviter provisoirement les activités causant
les douleurs ou de les adapter. En cas d’événement
traumatique direct ou de douleurs plus fortes persis-
La structure du genou
Femur
Rotule
Ligament croisé postérieur
Ligament croisé antérieur
Ménisque
tant au-delà d’un à deux jours et accompagnées
d’importantes limitations des mouvements, le médecin consulté doit rechercher les causes de la douleur.
Après une blessure, il est en effet très important
d’établir l’étendue de la lésion articulaire et de la
traiter du mieux possible afin de prévenir l’apparition précoce d’une arthrose et d’éviter d’autres séquelles. Celles-ci incluent une instabilité du genou
pouvant persister après des lésions ligamentaires ou
méniscales. Ceci se traduit classiquement par une
déviation soudaine de la jambe ou des blocages de
l’articulation du genou.
L’examen manuel du genou par un médecin expérimenté est crucial pour le diagnostic. Une imagerie
médicale, comme une radiographie ou une imagerie
par résonance magnétique (IRM), doit souvent être
incluse pour une évaluation plus approfondie. Selon
la blessure, l’orthopédiste effectue éventuellement
une arthroscopie, moins invasive qu’une opération
traditionnelle. Cette méthode peut être directement
utilisée pour traiter les lésions du ménisque, du cartilage ou des ligaments.
Préservation et traitement Il n’est pas nécessaire
d’opérer toutes les blessures du genou; un traitement
conservateur est souvent possible à condition que le
patient fasse preuve de la patience nécessaire. Il suffit parfois de ménager le genou pendant un certain
temps, de suivre un traitement antalgique et anti-inflammatoire puis de renforcer les muscles de cette
Bande extérieure
Bande intérieure
Péroné
Tibia
Image: fotolia.com
L’articulation du genou est une articulation pivotante: elle peut
effectuer des mouvements très complexes. Elle est constituée
de trois os: le fémur, le tibia et la rotule. Le péroné n’est pas
directement impliqué dans l’articulation du genou, mais en fait
partie. Le genou est entouré d’une capsule articulaire et maintenu par un appareil ligamentaire et tendineux complexe. Les
ligaments croisés (postérieur et antérieur), les ligaments capsulaires et l’appareil ligamentaire interne et externe relient le
fémur et la jambe et jouent un rôle décisif dans la stabilité et
la mobilité correcte de l’articulation du genou. Avec les tendons
et les muscles de la cuisse et de la jambe, ils guident et stabilisent l’articulation du genou lors des fléchissements, extensions et rotations. La rotule améliore la transmission de la force
entre la musculature de la cuisse et la jambe (extension). Elle
se maintient dans sa position grâce aux tendons et aux ligaments et glisse vers le haut et vers le bas sur la face antérieure
du genou dans une gouttière du fémur en forme de U. La face
interne de la rotule et les régions de la cuisse et de la jambe
qui se rejoignent dans l’articulation sont recouvertes d’une
épaisse couche de cartilage. Les ménisques, des disques cartilagineux de forme semi-lunaire qui veillent à un amortissement supplémentaire au sein de l’articulation, se trouvent dans
la fente articulaire entre la cuisse et la jambe. Le genou peut
normalement fléchir de 130 à 150 degrés et, selon l’appareil
ligamentaire, présenter une hyperextension de 5 à 10 degrés.
région en suivant une physiothérapie. Il est parfois
nécessaire de soutenir et stabiliser l’articulation du
genou à l’aide d’une attelle ou d’un bandage. Une fois
cette phase de douleur aiguë soulagée, il est important de bouger à nouveau le genou de manière adaptée. Ce n’est en effet que grâce à un mouvement régulier que les nutriments parviendront de nouveau
au cartilage articulaire. Le médecin spécialisé décide
au cours du traitement si le traitement conservateur
peut réussir ou si une opération est nécessaire.
Rester mobile Des exercices physiques réguliers et
une forte musculature du genou constituent la meilleure prévention contre les douleurs aux genoux,
mais aussi le meilleur «suivi» des problèmes ou des
opérations. Ceci implique une musculation ciblée
combinée à des sports d’endurance comme le cyclisme, les sports d’eau (aquagym ou aquajogging),
le nordic walking. Renoncer au sport est un mauvais
conseil pour les personnes dont le genou est blessé.
Mais elles doivent absolument éviter les sports qui
sollicitent beaucoup les articulations.
L’auteur
Dr med. Heiner Reichlin
Médecin spécialiste FMH en chirurgie orthopédique
et traumatologie de l’appareil locomoteur
Médecin agréé de la Clinique des Tilleuls SA
Cabinet:
Chemin des vignes 34, 2503 Bienne
Tél. 032 365 85 85
[email protected]
www.ortho-reichlin.ch
actu alités méd ic ale s 15
Ablation de l’utérus
Quand la «féminité» fait mal
L’ablation de l’utérus est une intervention fréquente en gynécologie. Dans la grande majorité des
cas, cette opération s’impose en cas d’affection bénigne accompagnée de douleurs.
L’«hystérectomie» (ablation chirurgicale de l’utérus)
représente pour certaines femmes la fin de nombreuses années de souffrance. Il s’agit souvent de
fortes douleurs, parfois de type spasmodique, survenant pendant les règles ou indépendamment de
celles-ci. Des saignements d’une intensité inhabituelle entraînant une carence en fer peuvent aussi
être à l’origine d’une consultation chez un /une gynécologue. Cependant, pour de nombreuses femmes,
l’ablation de l’utérus n’est pas seulement un soulagement: faire une croix sur sa fécondité et sur la possibilité de tomber enceinte peut aussi éveiller des
sentiments de deuil, ou une peur passagère de perdre
une partie de sa féminité.
concernées souffrent au fil du temps de douleurs, de
crampes abdominales, de saignements importants ou
de sensations de pression sur la vessie et l’abdomen.
Des troubles hémorragiques accompagnés de saignements prolongés ou très importants entraînent une
anémie, d’où des symptômes tels que la fatigue,
l’abattement, les sensations de vertige, éventuellement des palpitations cardiaques ou la tachycardie,
la pâleur, des ongles cassants et la chute de cheveux.
Si les myomes présentent une croissance rapide ou
sont présents en grand nombre, il n’est pas possible
de retirer chacun des nodules. Une fois une famille
fondée, il est de toute façon recommandé de retirer
l’utérus entier au lieu de myomes isolés.
Les motifs d’opération En cas d’affection maligne
Un autre motif fréquent d’hystérectomie est un prolapsus utérin, qui apparaît en général après la ménopause. La patiente perçoit alors une sensation de
corps étranger ou de pression «en bas». Les patientes
indiquent parfois avoir l’impression d’être assises sur
«quelque chose d’étranger». Les règles sont en grande
partie constituées d’endomètre fluidifié, mélangé à
du sang. En l’absence de grossesse, ce fluide s’écoule
vers l’extérieur en passant par le vagin. Mais de petites quantités de fluide peuvent aussi s’écouler de
l’utérus vers le haut dans l’abdomen en passant les
trompes. Chez environ 10 % des jeunes femmes, ces
cellules endométriales adhèrent alors sous forme de
gouttes au sein de l’abdomen près de l’utérus. Ces
foyers bénins sont appelés endométrioses: ce sont de
petites tumeurs qui provoquent des douleurs menstruelles chroniques de type spasmodique dans le basventre et le dos pendant les règles, entre autres.
de l’utérus, du col utérin ou des ovaires, l’ablation
totale de l’utérus est absolument nécessaire. Des hémorragies menaçantes, notamment dues à une lésion de la paL’ablation de l’utérus
roi utérine ou à des complications
liées à un accouchement,
n’a aucun effet sur
peuvent aussi rendre une hystéle plaisir sexuel
rectomie impérative. Neuf afde la femme.
fections utérines sur dix sont
bénignes. Outre la possibilité de
retirer intégralement l’utérus, il
existe aujourd’hui de nombreux
procédés thérapeutiques chirurgicaux conservateurs
qui peuvent s’appliquer à la cavité utérine. C’est la
raison pour laquelle le nombre d’ablations totales de
l’utérus a diminué au fil des ans. La souffrance est
un facteur décisif dans le choix de l’intervention et
fait l’objet d’un entretien approfondi avec la patiente.
L’étendue de l’affection bénigne joue aussi un rôle.
Nous pouvons informer nos patientes de manière
précise grâce aux appareils à ultrasons modernes
dont nous disposons dans nos cabinets de gynécologie et d’obstétrique. En cas d’anomalie, les méthodes
chirurgicales et les éventuelles alternatives thérapeutiques font l’objet d’une discussion détaillée.
Dans de très nombreux cas, des myomes sont à l’origine de l’hystérectomie. Il s’agit de nodules bénins
dans la paroi musculaire de l’utérus qui apparaissent
en grand nombre ou de manière isolée et peuvent
alors devenir très grands. Environ 20 % des femmes
16 a c t u a l i t é s m é d i c a l es
Les méthodes chirurgicales Il existe essentiellement trois méthodes d’ablation de l’utérus: par le vagin (vaginale), par la paroi abdominale à travers une
incision de l’abdomen (abdominale) et par endoscopie
abdominale (laparoscopique). Le choix de la technique chirurgicale dépend du type de maladie, de la
condition physique de la patiente ainsi que des complications chirurgicales éventuelles, comme des adhérences à la suite d’opérations antérieures. Selon la
situation, le médecin retire l’organe entier (hystérectomie totale) ou seulement le corps de l’utérus dans
l’abdomen. Dans ce cas, le col de l’utérus est laissé
en place: les ligaments fixés au col de l’utérus sont
ainsi préservés et peuvent ultérieurement prévenir
un éventuel prolapsus vaginal.
L’hystérectomie vaginale reste la méthode chirurgicale que privilégient les spécialistes. A l’aide d’instruments spéciaux, l’utérus est séparé via le vagin
des vaisseaux sanguins qui l’irriguent et des
trompes /ovaires, puis retiré vers l’extérieur. En cas
de prolapsus vésical ou rectal, cette intervention
peut être associée à un raccourcissement et un soutien de la paroi vaginale antérieure ou postérieure.
Après l’ablation de l’utérus, la partie supérieure du
vagin doit être suturée à la paroi abdominale à l’aide
de fils résorbables. L’espace libéré par l’absence de
l’utérus est rempli par l’intestin. La taille et la longueur du vagin restent inchangées. Cette méthode ne
laisse aucune cicatrice visible et engendre très peu
de complications telles que des infections, des
troubles de la cicatrisation ou des thromboses. L’intervention provoquant peu de douleurs, la patiente
se remet rapidement et peut quitter l’hôpital après
quelques jours. Pour qu’une intervention vaginale
puisse être réalisée, il faut que l’utérus ne soit pas
trop grand et le vagin pas trop étroit.
Ouverture de l’abdomen L’hystérectomie abdominale offre un large aperçu sur la région opérée. En
principe, le gynécologue effectuant l’opération retire
l’utérus de la même manière que lors d’une hystérectomie vaginale, mais dans le sens inverse, c’est-àdire depuis le haut. Cette opération devient nécessaire lorsque l’utérus est de taille importante ou si
l’intervention est élargie en cas de contribution pathologique des trompes, des ovaires ou d’organes
voisins comme la vessie et l’intestin. Cette méthode
permet aussi de bien détacher les adhérences. L’ablation vaginale ou abdominale de l’utérus peut s’effectuer sous anesthésie générale comme partielle (rachianesthésie).
Intervention mini-invasive En cas d’hystérectomie
laparoscopique, une anesthésie générale est toujours
nécessaire, car la cavité abdominale est gonflée d’air
comme un ballon. A travers une petite incision ombilicale, un laparoscope, une tige de 10 mm d’épaisseur munie d’une caméra et d’une source lumineuse,
est inséré dans l’abdomen. D’autres instruments sont
introduits dans la cavité abdominale au moyen de
trocarts de 5 mm d’épaisseur insérés à travers deux
à trois incisions cutanées dans le bas-ventre. Grâce
à une impressionnante vue rapprochée sur l’écran de
la caméra (moniteur), il est possible de détacher l’utérus de ses structures avoisinantes comme précédemment, sans vue directe. L’ablation totale de l’utérus
s’effectue alors par le vagin, dont la partie supérieure
sera suturée à la cavité abdominale. Lors de l’ablation
du corps de l’utérus «seulement» (hystérectomie subtotale), la partie à retirer est morcelée dans l’abdo-
men en parties vermiculées à l’aide d’un morcelateur.
Les petites incisions abdominales permettent d’aspirer ces éléments vers l’extérieur et de les retirer.
Je réalise des opérations laparoscopiques de l’utérus
depuis plus de 15 ans. Elles présentent tous les avantages des hystérectomies vaginales en termes d’effets
secondaires et de complications et remplacent les
opérations abdominales de l’utérus dans la grande
majorité des cas. Aucune grande incision abdominale, moins d’antalgiques, moins de perte de sang,
moins d’infections, moins de troubles de la cicatrisation, moins de thromboses. Les patientes peuvent
parfois rentrer chez elles dès le surlendemain. Un
séjour hospitalier moins long signifie aussi des coûts
plus faibles pour notre système de santé. Il est souhaitable qu’à l’avenir, davantage de gynécologues
effectuant des opérations apprennent et appliquent
cette méthode à présent techniquement au point,
mais exigeante.
Les séquelles L’hystérectomie induit en général peu
de complications. Il existe néanmoins des risques,
comme lors de toute opération. Outre les complications mentionnées, des lésions d’organes avoisinants
comme la vessie, l’intestin ou l’uretère peuvent se
produire. Ces lésions sont souvent diagnostiquées et
traitées dès l’intervention. Après l’intervention, les
règles n’ont plus lieu. Si un ovaire au moins est préservé, aucun symptôme de déficit hormonal n’est escompté. Si l’ablation des deux ovaires est nécessaire,
les symptômes de la ménopause peuvent survenir. Il
s’agit surtout de bouffées de chaleur, d’accès de sueur
passagers, d’agitation, etc. Ces troubles peuvent être
supprimés rapidement par la prise d’œstrogènes naturels sous forme de comprimés, de gel ou de patch.
A notre connaissance et comme les patientes me le
confirment aussi après les opérations, l’ablation de
l’utérus n’a aucun effet sur le plaisir sexuel de la
femme ou sur la sexualité du couple.
L’auteur
Dr med. Lorenzo Carissimi
Médecin spécialiste FMH
en gynécologie et obstétrique
Médecin agréé de la Clinique des Tilleuls SA
Cabinet:
Promenade de la Suze 21, 2502 Bienne
Tél. 032 323 11 77
[email protected]
actu alités méd ic ale s 17
A s s u r a n c e - m ala di e
Une seule pour tous ou le libre choix?
Les Suisses disposant du droit de vote ont rejeté la caisse-maladie unique à trois reprises, et ceci
clairement: en 1994, 2003 et 2007. Le 28 septembre 2014, le peuple votera à nouveau sur le
sujet.
Les partisans de l’initiative soumise en mai 2012 espèrent de la mise en place d’une caisse-maladie
unique publique une diminution de la bureaucratie,
une baisse des coûts, plus de transparence, un meilleur contrôle, une meilleure égalité de traitement et
une meilleure efficacité. Cette initiative clarifierait
la «jungle» constituée d’environ 60 caisses-maladie
et ferait cesser leur chasse aux «bons risques» (jeunes
en bonne santé). «Il faut aussi
mettre un terme à la pseuLa caisse-maladie unique do-concurrence, insensée et
fausse»: l’assurance de base
déciderait des médecins
obligatoire inclut en effet un
et des hôpitaux et reticatalogue de services défini;
l’offre est clairement fixée,
rerait le libre choix aux
identique pour tous. Tels sont
patients.
les arguments des partisans
de l’initiative. Ils associent
aussi d’autres attentes à la caisse-maladie unique: la
prévention en matière de santé devrait alors s’accroître et la suppression des coûts d’administration,
de marketing et de publicité des caisses-maladie
pourraient faire économiser des millions. Les partisans de l’initiative ne cachent pas que l’acceptation
de l’initiative entraînerait une perte d’emplois: on
estime que 2000 des presque 7900 postes actuels disparaîtraient (selon l’étude «Faits et chiffres plaidant
en faveur d’une caisse-maladie publique», auteur:
Anna Sax, économiste de la santé, étude commandée
par le PS Suisse).
Si le peuple dit oui à la caisse-maladie unique, les
assureurs actuels devraient certes se retirer entièrement des affaires de l’assurance de base, «mais ils
garderaient un champ d’activités lucratif avec le domaine des assurances complémentaires», insistent les
auteurs de l’initative.
«Le risque du monopole» Selon les opposants au
modèle, la caisse-maladie unique ne résout pas le
problème de la croissance des coûts de la santé. On
s’attend beaucoup plus à ce que le passage à une
caisse-maladie unique engendre des coûts de l’ordre
du milliard. Les assurés n’en tireraient pas non plus
avantage, bien au contraire: de nombreux assurés
verraient leurs primes augmenter; en particulier,
ceux qui vivent à la campagne paieraient davantage.
De plus, on oublie souvent une chose: les services de
18 a c t u a l i t é s m é d i c a l es
l’assurance de base sont certes identiques dans toutes
les caisses-maladie, mais les assurés peuvent euxmêmes influencer le niveau des primes activement
en choisissant, par exemple, une franchise plus élevée ou un modèle de médecin de famille ou HMO. Les
opposants précisent qu’une caisse-maladie unique
supprimerait ces options. Et il ne serait alors pas
possible de souscrire à une assurance complémentaire auprès de la caisse-maladie unique, mais uniquement auprès de l’une des caisses-maladie actuelles. En bref: la caisse-maladie unique menace les
gens de devenir des «assurés contraints qui ne seraient plus que des quémandeurs auxquels il ne resterait aucun choix.» Le professeur Felix Gutzwiller,
conseiller aux Etats et médecin spécialiste en médecine sociale et préventive, ajoute: «La qualité des
soins médicaux dans des pays dans lesquels des monopoles publics sont en place est plus mauvaise que
dans les pays dont le système est mixte, privé /public,
comme en Suisse.» Selon le professeur Gutzwiller, la
raison en est que personne au sein d’une caisse ayant
le monopole ne voit un grand intérêt à amortir les
coûts. Il rejette également le modèle de la Suva
(Caisse nationale suisse d’assurance en cas d’accidents), toujours présenté comme le «bon exemple»
par les partisans de l’initiative: ce modèle ne s’applique pas facilement à l’assurance-maladie «parce
que l’assurance-accidents, contrairement à l’assurance-maladie, concerne des risques calculables».
Le non est recommandé Le Conseil fédéral ainsi
que le Conseil des Etats et le Conseil national rejettent l’initiative. Le gouvernement et le parlement
ne souhaitent aucun changement de système, accordent clairement leur préférence au modèle de
caisses multiples actuel par rapport au monopole
d’une caisse-maladie unique, sans sous-estimer le
besoin de réformes ici ou là qu’ils souhaitent aborder.
Il s’agit d’améliorer la surveillance des assurés de
base, d’adapter la compensation des risques en faveur
des assurés, de combattre la désolidarisation au sein
de l’assurance-maladie et d’éclaircir le manque de
transparence actuel entre assurance de base et assurance complémentaire: la «chasse aux bons risques»
n’en vaudra alors plus la peine.
Pour
E
R
T
CON
Entretien avec le Dr Heini Zürcher, membre de la direction d’Argomed AG, Lenzbourg
«Aucune solution n’est simple»
Dr Zürcher, votre entreprise propose des services à
environ 800 médecins et 19 réseaux de médecins.
D’après vous, quels seraient les effets de la mise en
place d’une caisse-maladie unique sur le système de
santé suisse?
La mise en place d’un monopole dans l’assurancemala­d ie supprimerait le libre choix actuel des assurés sans réaliser les économies que les auteurs de
l’initiative promettent. Au contraire: je pense que la
caisse-maladie unique rendrait le système de santé
plus cher. Les coûts liés à l’administration augmenteraient en raison de l’étendue de la bureaucratie
d’une caisse-maladie unique énorme. De plus, les
coûts du système de santé sont surtout liés à des facteurs tels que le vieillissement croissant de la population et les progrès médicaux. Le système de santé
suisse est effectivement cher, mais nous bénéficions
de très bons soins médicaux, d’une espérance de vie
élevée et d’une grande qualité de vie, justement durant la vieillesse. Prenons un exemple: l’opération de
la cataracte a un certain coût, mais permet à la personne atteinte de garder la vue.
Vous parlez de libre choix des assurés, mais qu’en
retire-t-on concrètement?
Aujourd’hui, chaque assuré peut choisir sa caissemala­d ie. Outre des primes avantageuses, les assureurs doivent donc faire l’effort de proposer un bon
service à leurs clients. Les caisses-maladie exploitent
leur liberté de décision et décident en faveur de leurs
clients. Ce libre choix des assurés est éliminé dans
le cas d’une caisse-maladie unique. Ceci supprime
aussi la motivation de fournir un bon service de la
part de l’assurance. En tant qu’organisation des médecins de famille, nous constatons aussi les effets
positifs de la concurrence entre les assurances.
L’existence de différents assureurs est à l’origine
d’une culture de discussion saine nous permettant de
représenter les intérêts des prestataires et des patients. Nous élaborons ainsi de nouveaux services
pour les patients qui peuvent aboutir à une sorte
d’assurance privée dans le domaine ambulatoire. Les
assureurs sont à l’écoute afin de proposer un avantage à leurs assurés.
Si vous pouviez changer trois aspects dans notre
système de santé, que feriez-vous?
Aucune solution n’est simple. Mon souhait serait que
tous les acteurs du système de santé gardent à l’esprit
le bien-être général et pas uniquement leurs intérêts
particuliers. Mon souhait serait surtout que nous
nous concentrions plus sur les bénéfices et la qualité
de la médecine au lieu de nous concentrer sur les
coûts. Notre système de santé est certes onéreux,
mais à l’échelle de la société entière, la joie de vivre
des personnes âgées ou des anciens malades est un
bien sans prix. Ne l’oublions jamais.
Dr Zürcher, nous vous remercions pour cet entretien.
Personne de contact
Dr med. Heini Zürcher
Chef de secteur communication
Membre de la direction d’Argomed AG
Contact:
Bahnhofstrasse 24, 5600 Lenzbourg
Tél. 056 483 03 33
[email protected]
actu alités méd ic ale s 19
L a x it é d e s p au p i è r e s
Mieux voir grâce à une opération
Les paupières tombantes peuvent être corrigées par une intervention chirurgicale, qui peut être
motivée par des raisons esthétiques, mais aussi fonctionnelles: elle donne un air «plus éveillé» et
élargit le champ visuel.
Les personnes dont les paupières supérieures sont tombantes paraissent souvent fatiguées et exténuées, même
si elles ne le sont pas du tout. Il arrive aussi qu’elles
éprouvent des difficultés à garder les yeux grand ouverts. On parle de laxité des paupières lorsque le bord
de la paupière, quand l’œil est ouvert, n’est pas ou seulement en partie visible, car la peau relâchée recouvre
partiellement l’œil. La laxité des paupières ne pose cependant pas seulement problème d’un point de vue esthétique. L’excès de peau limite le champ visuel en haut
et sur le côté, ce qui peut être gênant, voire dangereux,
dans le cadre de nombreuses activités comme la
conduite automobile. La laxité des paupières est généralement une modification anatomique bénigne, héréditaire et due à l’âge, qui se produit en raison d’une
perte d’élasticité de la peau et du tissu conjonctif sousjacent. Un lifting peut permettre de corriger chirurgicalement les paupières tombantes, mais uniquement
lorsque la laxité est apparue en raison d’un relâchement
excessif de la peau. En revanche, si ce phénomène est
dû à un affaissement des sourcils (pseudo-laxité), un
lifting frontal est plus judicieux. Avant l’intervention,
on s’assure, au cours de consultations approfondies, de
l’absence de toute ophtalmopathie (sécheresse oculaire,
maladies neurologiques) susceptible de contre-indiquer
une opération. Un médecin expérimenté tient compte
de l’esthétique de l’ensemble du visage, en plus de la
fonction de la paupière, et cherche à harmoniser les
traits du visage.
Le déroulement concret Lors de l’opération, l’excès
de peau est retiré au moyen d’un scalpel en fonction du
tracé du chirurgien. Si nécessaire, un peu de tissu adipeux et une bande musculaire sont retirés de la paupière supérieure. La plaie est suturée à l’aide d’un fil très
fin dans le sillon palpébral. Ainsi, la cicatrice est à
peine visible. Le fil peut être retiré après trois à quatre
jours. L’intervention est effectuée en ambulatoire sous
anesthésie locale (l’anesthésique est injecté sous la peau
de la paupière supérieure) et dure environ une heure.
Après une période d’observation de deux à trois heures,
les patients peuvent quitter la clinique. Immédiatement
après l’opération, les paupières sont enflées. La tuméfaction diminue après quelques jours; les rares hématomes et rougeurs autour de l’œil disparaissent après
environ deux semaines. Après l’opération, il est recommandé de se reposer pendant quelques jours, puis les
20 a c t u a l i t é s m é d i c a l es
patients peuvent à nouveau lire. Il est possible de reprendre le travail après environ sept à dix jours et de
pratiquer à nouveau du sport au bout de trois semaines.
Un résultat durable L’intervention est considérée
comme sûre et présentant peu de complications dans la
mesure où elle est réalisée par un chirurgien expérimenté. Comme toute opération, elle comporte néanmoins de faibles risques, comme des hématomes, des
troubles de la cicatrisation ou des inflammations.
Lorsque les plaies sont cicatrisées, l’œil semble plus ouvert et le patient perd son «regard de chien battu». L’effet de rajeunissement est permanent. Si la correction
de la laxité des paupières constitue une intervention
purement esthétique, les coûts sont à la charge des patients. En cas d’indication médicale et lorsque le champ
visuel est fortement limité, l’assurance-maladie prend
en charge le traitement.
L’auteur
Dr med. Daniel Knutti
Médecin spécialiste FMH
en chirurgie plastique et esthétique
Cabinet:
Rue de la Gare 39, 2502 Bienne
Tél. 032 322 77 83
[email protected]
www.aesthetische-chirurgie.ch
Consulter le site
Internet de la
clinique de chirurgie esthétique du
Dr Knutti à Bienne
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