115 PRIX DE THÈSE DE LA SOCIÉTÉ DE PHARMACIE DE

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Bull. Soc. Pharm. Bordeaux, 2009, 148, 115-128
PRIX DE THÈSE
DE LA SOCIÉTÉ DE PHARMACIE DE
BORDEAUX
Le jeudi 8 octobre 2009 a eu lieu l’audition orale des
candidats au “ Prix de thèse de la Société de Pharmacie de
Bordeaux ”. Parmi les thèses de Doctorat d'État en Pharmacie
soutenues à l'Université Victor-Segalen Bordeaux 2 entre le
premier septembre 2008 et le 31 aout 2009 et autorisées à être
présentées au Prix de thèse de la Société, cinq ont été reçues et
retenues par le Jury. Les étudiants ont présenté brillamment leur
travail sur PowerPoint.
Après délibération, la récompense a été attribuée à Monsieur
Laurent Bideau pour son travail intitulé “ Présentation de
l'allergie alimentaire chez l'enfant : mécanismes, épidémiologie,
prévention, rôle du pharmacien et étude comparative des
traitements des manifestations aigües” (thèse dirigée par le Dr.
Franck Boralevi et présidée par le Dr. Martine Appriou) et à
Mademoiselle Anne-Cécile Pons pour le travail suivant :
Production de protéines recombinantes thérapeutiques par
culture de cellules animales : optimisation de milieu pour la
culture en bioréacteur ” (thèse dirigée et présidée par le Pr. Jean-
Michel Mérillon).
Un chèque d'un montant de 400 euros a été remis aux
lauréats. Les prix seront remis officiellement lors de la Cérémonie
de remise des Prix et des serments de Galien qui a lieu chaque
année début juillet.
Nous adressons aux lauréats nos plus vifs compliments. On
trouvera ci-après les résumés des thèses des candidats.
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Président Jean Cambar entouré, de gauche à droite, de Sandrine Pezzino,
Fanny Charbonnieras, et Anne-Cécile Pons.
• Laurent BIDEAU Présentation de l’allergie alimentaire chez l’enfant :
mécanismes, épidémiologie, prévention, rôle du pharmacien et étude
comparative des traitements des manifestations aigües
L’allergie alimentaire est aujourd’hui un sujet de préoccupation
majeur compte tenu de sa prévalence et de sa gravité. En constante
expansion, les allergies alimentaires sont de plus en plus fréquentes dans le
paysage médical. Actuellement, environ 20 % d’individus pensent être
allergiques à au moins un aliment. En réalité, le taux de prévalence se situe
aux alentours de 4,7 % pour la population pédiatrique et de 3,12 % chez
l’adulte en Europe.
Entre 2001 et 2006, les Réseaux Allergovigilances ont noté une
augmentation en France de 28 % des cas d'allergies alimentaires ainsi
qu'une progression des anaphylaxies sévères et létales. L'allergie alimentaire
est devenue un véritable problème de santé publique et mobilise aussi bien
les professionnels de la santé, les industriels que les pouvoirs publics.
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L’allergie alimentaire est capable de provoquer des conséquences non
négligeables sur le développement de l'enfant. Souvent confondue avec
l'intolérance alimentaire, l'enfant peut se voir priver de 1’aliment entrainant
ainsi un retard staturo-pondéral. D'autres répercussions sont aussi à noter :
difficultés d'intégration sociale (cantine scolaire, classe verte...), impact
familial et même financier pour les parents, dû à l'achat de produits
alimentaires exempts d’allergènes.
Le travail présenté dans cette thèse a pour fil conducteur une étude
menée sur les traitements à court terme employés dans l'allergie alimentaire.
En effet, au vu des différentes revues scientifiques, l'action des
antihistaminiques semble être limitée. Son utilisation ne doit pas retarder
1'utilisation de l'adrénaline. Il n'existe à ce jour aucune étude randomisée, en
double aveugle et contre placebo, sur l'efficacité des antihistaminiques dans
l'anaphylaxie.
Cette étude ouverte a été réalisée sur une population d’enfants ayant
eu des réactions anaphylactiques au cours d'un Test de Provocation Oral.
Les données recueillies proviennent d'une étude initiée et mise et place
par le Docteur Franck Boralevi, Praticien Hospitalier Universitaire, dans
l'Unité de Dermatologie Pédiatrique du Centre Hospitalo-Universitaire de
Bordeaux.
La population étudiée concerne des enfants de la consultation
d'allergo-dermatologie à l’Hôpital des Enfants du CHU.
L’objectif principal est de répondre à la question suivante : « les
antihistaminiques représentent-ils un traitement de première intention adapté
face aux réactions anaphylactiques d’origine alimentaire ? ».
De cette étude résulte que l’adrénaline demeure toujours l’axe central
de la prise en charge des allergies sévères. Les antihistaminiques ne doivent
pas être sous-estimés ; en effet, ils suffisent à arrêter la plupart des
symptômes sans gravité. Cette étude a également révélé l'importance de
l'éducation thérapeutique. En effet, elle joue un rôle important en apprenant
aux parents et à l'enfant à reconnaitre les signes de gravité d'une réaction
anaphylactique.
Longtemps négligée, l'éducation thérapeutique possède une place
majeure dans l’allergie alimentaire. Elle ne consiste pas à donner de
l'information mais à la transmettre pour que le patient se l'approprie et sache
l'utiliser.
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La prise en charge optimale allergologique et diététique des
manifestations d’allergie alimentaire permet une maitrise de cette maladie et
prévient les récidives qui peuvent être graves : choc anaphylactique, asthme
aigu grave, œdème laryngé.
Face à la hausse du nombre de jeunes patients allergiques aux
aliments, 1e pharmacien d'officine se voit de plus en plus souvent amené à
répondre aux questions des parents. Il existe deux types de patients : les
« laxistes » et les « sur-documentés ». Le pharmacien doit adapter son
dialogue : augmenter la vigilance des premiers et modérer celle des seconds.
Le pharmacien doit trouver les mots pour convaincre afin de rassurer
les patients de leurs inquiétudes et leur donner d'éventuels conseils. Il doit
s'impliquer en expliquant par exemple au patient la différence entre allergie
alimentaire et intolérance alimentaire.
Sans venir se substituer au rôle du médecin, le pharmacien, qui est un
acteur de la santé publique, peut délivrer des conseils concernant la
prévention, notamment en rappelant aux jeunes mères d'éviter une
diversification trop précoce. Il doit également vérifier les excipients des
médicaments et des produits de soins qu'il dispense à un patient allergique.
Le dossier pharmaceutique actuellement en cours de déploiement dans les
pharmacies va apporter un bénéfice non négligeable dans la surveillance. Le
pharmacien ne manquera pas de rappeler au patient le bon usage du
dispositif d'urgence si ce dernier a été prescrit ainsi que les conseils
associés.
En terme de formation, 83 % des pharmaciens déclarent avoir eu une
formation universitaire insuffisante sur ces sujets et 84 % se servir de leur
« expérience personnelle ». Les pharmaciens d’officine jouent un rôle
important dans les conseils de pratiques pédiatriques. Il faut donc souligner
l’intérêt d’une meilleure formation permettant d’améliorer encore leur rôle
de conseil auprès des parents qui les sollicitent.
Directeur de thèse : Franck BORALEVI
Président de thèse : Dr. Martine APPRIOU
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• Anne-Cécile PONS Production de protéines recombinantes
thérapeutiques par culture de cellules animales : optimisation de milieu
pour la culture en bioréacteur
La conception des médicaments n'est plus le royaume des seuls
chimistes. En trente ans, la génétique et la biologie moléculaire ont
révolutionné la thérapeutique. Le marché biopharmaceutique mondial qui
représente environ 10 % du marché pharmaceutique mondial connait une
croissance importante depuis les premiers biomédicaments mis sur le
marché en 1982. Le marché français des biomédicaments suit cette tendance
et correspond à 10 % du marché pharmaceutique français et à 6,6 % du
marché mondial des biomédicaments.
La biotechnologie est définie selon l’OCDE comme « l’application
des principes scientifiques et de l'ingénierie à la transformation de matériaux
vivants ou non par des agents biologiques pour produire des biens et
services. » Le secteur biopharmaceutique plus particulièrement, est composé
de quatre segments principaux : les protéines thérapeutiques issues de
l'extraction de substances biologiques, les protéines recombinantes
vaccinales ou thérapeutiques, la thérapie cellulaire, et la thérapie génique.
Le terme de biomédicament fait ici référence aux protéines thérapeutiques
obtenues par un procédé biotechnologique au sein d'organismes vivants
procaryotes ou eucaryotes excluant ainsi les produits biologiques naturels
d'extraction.
L'élaboration de ces biomédicaments utilise les techniques de génie
génétique qui permettent de transformer le capital génétique d'un organisme
vivant grâce à l'insertion d'une séquence d'ADN, le transgène, par le biais
d'un vecteur, dans son génome afin de lui faire exprimer des caractéristiques
dont il était auparavant dépourvu. Il devient alors possible de faire fabriquer
par une bactérie, une levure ou une cellule de mammifère en culture, une
protéine humaine ayant un intérêt thérapeutique, qui pourra être injectée au
malade après purification. La protéine thérapeutique ainsi fabriquée est dite
recombinante.
La production d'une protéine recombinante est divisée en deux
phases : la phase de culture cellulaire pendant laquelle la cellule modifiée
est cultivée, suivie de la phase de purification où la substance d'intérêt
produite par la cellule est extraite et purifiée. Les systèmes de production les
plus simples sont issus d'organismes procaryotes comme les bactéries
(Escherichia coli) ou eucaryotes comme les levures (Saccharomyces
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