115 PRIX DE THÈSE DE LA SOCIÉTÉ DE PHARMACIE DE

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Bull. Soc. Pharm. Bordeaux, 2009, 148, 115-128
PRIX DE THÈSE
DE LA SOCIÉTÉ DE PHARMACIE DE
BORDEAUX
Le jeudi 8 octobre 2009 a eu lieu l’audition orale des
candidats au “ Prix de thèse de la Société de Pharmacie de
Bordeaux ”. Parmi les thèses de Doctorat d'État en Pharmacie
soutenues à l'Université Victor-Segalen Bordeaux 2 entre le
premier septembre 2008 et le 31 aout 2009 et autorisées à être
présentées au Prix de thèse de la Société, cinq ont été reçues et
retenues par le Jury. Les étudiants ont présenté brillamment leur
travail sur PowerPoint.
Après délibération, la récompense a été attribuée à Monsieur
Laurent Bideau pour son travail intitulé “ Présentation de
l'allergie alimentaire chez l'enfant : mécanismes, épidémiologie,
prévention, rôle du pharmacien et étude comparative des
traitements des manifestations aigües” (thèse dirigée par le Dr.
Franck Boralevi et présidée par le Dr. Martine Appriou) et à
Mademoiselle Anne-Cécile Pons pour le travail suivant :
“ Production de protéines recombinantes thérapeutiques par
culture de cellules animales : optimisation de milieu pour la
culture en bioréacteur ” (thèse dirigée et présidée par le Pr. JeanMichel Mérillon).
Un chèque d'un montant de 400 euros a été remis aux
lauréats. Les prix seront remis officiellement lors de la Cérémonie
de remise des Prix et des serments de Galien qui a lieu chaque
année début juillet.
Nous adressons aux lauréats nos plus vifs compliments. On
trouvera ci-après les résumés des thèses des candidats.
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Président Jean Cambar entouré, de gauche à droite, de Sandrine Pezzino,
Fanny Charbonnieras, et Anne-Cécile Pons.
• Laurent BIDEAU — Présentation de l’allergie alimentaire chez l’enfant :
mécanismes, épidémiologie, prévention, rôle du pharmacien et étude
comparative des traitements des manifestations aigües
L’allergie alimentaire est aujourd’hui un sujet de préoccupation
majeur compte tenu de sa prévalence et de sa gravité. En constante
expansion, les allergies alimentaires sont de plus en plus fréquentes dans le
paysage médical. Actuellement, environ 20 % d’individus pensent être
allergiques à au moins un aliment. En réalité, le taux de prévalence se situe
aux alentours de 4,7 % pour la population pédiatrique et de 3,12 % chez
l’adulte en Europe.
Entre 2001 et 2006, les Réseaux Allergovigilances ont noté une
augmentation en France de 28 % des cas d'allergies alimentaires ainsi
qu'une progression des anaphylaxies sévères et létales. L'allergie alimentaire
est devenue un véritable problème de santé publique et mobilise aussi bien
les professionnels de la santé, les industriels que les pouvoirs publics.
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L’allergie alimentaire est capable de provoquer des conséquences non
négligeables sur le développement de l'enfant. Souvent confondue avec
l'intolérance alimentaire, l'enfant peut se voir priver de 1’aliment entrainant
ainsi un retard staturo-pondéral. D'autres répercussions sont aussi à noter :
difficultés d'intégration sociale (cantine scolaire, classe verte...), impact
familial et même financier pour les parents, dû à l'achat de produits
alimentaires exempts d’allergènes.
Le travail présenté dans cette thèse a pour fil conducteur une étude
menée sur les traitements à court terme employés dans l'allergie alimentaire.
En effet, au vu des différentes revues scientifiques, l'action des
antihistaminiques semble être limitée. Son utilisation ne doit pas retarder
1'utilisation de l'adrénaline. Il n'existe à ce jour aucune étude randomisée, en
double aveugle et contre placebo, sur l'efficacité des antihistaminiques dans
l'anaphylaxie.
Cette étude ouverte a été réalisée sur une population d’enfants ayant
eu des réactions anaphylactiques au cours d'un Test de Provocation Oral.
Les données recueillies proviennent d'une étude initiée et mise et place
par le Docteur Franck Boralevi, Praticien Hospitalier Universitaire, dans
l'Unité de Dermatologie Pédiatrique du Centre Hospitalo-Universitaire de
Bordeaux.
La population étudiée concerne des enfants de la consultation
d'allergo-dermatologie à l’Hôpital des Enfants du CHU.
L’objectif principal est de répondre à la question suivante : « les
antihistaminiques représentent-ils un traitement de première intention adapté
face aux réactions anaphylactiques d’origine alimentaire ? ».
De cette étude résulte que l’adrénaline demeure toujours l’axe central
de la prise en charge des allergies sévères. Les antihistaminiques ne doivent
pas être sous-estimés ; en effet, ils suffisent à arrêter la plupart des
symptômes sans gravité. Cette étude a également révélé l'importance de
l'éducation thérapeutique. En effet, elle joue un rôle important en apprenant
aux parents et à l'enfant à reconnaitre les signes de gravité d'une réaction
anaphylactique.
Longtemps négligée, l'éducation thérapeutique possède une place
majeure dans l’allergie alimentaire. Elle ne consiste pas à donner de
l'information mais à la transmettre pour que le patient se l'approprie et sache
l'utiliser.
118
La prise en charge optimale allergologique et diététique des
manifestations d’allergie alimentaire permet une maitrise de cette maladie et
prévient les récidives qui peuvent être graves : choc anaphylactique, asthme
aigu grave, œdème laryngé.
Face à la hausse du nombre de jeunes patients allergiques aux
aliments, 1e pharmacien d'officine se voit de plus en plus souvent amené à
répondre aux questions des parents. Il existe deux types de patients : les
« laxistes » et les « sur-documentés ». Le pharmacien doit adapter son
dialogue : augmenter la vigilance des premiers et modérer celle des seconds.
Le pharmacien doit trouver les mots pour convaincre afin de rassurer
les patients de leurs inquiétudes et leur donner d'éventuels conseils. Il doit
s'impliquer en expliquant par exemple au patient la différence entre allergie
alimentaire et intolérance alimentaire.
Sans venir se substituer au rôle du médecin, le pharmacien, qui est un
acteur de la santé publique, peut délivrer des conseils concernant la
prévention, notamment en rappelant aux jeunes mères d'éviter une
diversification trop précoce. Il doit également vérifier les excipients des
médicaments et des produits de soins qu'il dispense à un patient allergique.
Le dossier pharmaceutique actuellement en cours de déploiement dans les
pharmacies va apporter un bénéfice non négligeable dans la surveillance. Le
pharmacien ne manquera pas de rappeler au patient le bon usage du
dispositif d'urgence si ce dernier a été prescrit ainsi que les conseils
associés.
En terme de formation, 83 % des pharmaciens déclarent avoir eu une
formation universitaire insuffisante sur ces sujets et 84 % se servir de leur
« expérience personnelle ». Les pharmaciens d’officine jouent un rôle
important dans les conseils de pratiques pédiatriques. Il faut donc souligner
l’intérêt d’une meilleure formation permettant d’améliorer encore leur rôle
de conseil auprès des parents qui les sollicitent.
Directeur de thèse : Franck BORALEVI
Président de thèse : Dr. Martine APPRIOU
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• Anne-Cécile PONS — Production de protéines recombinantes
thérapeutiques par culture de cellules animales : optimisation de milieu
pour la culture en bioréacteur
La conception des médicaments n'est plus le royaume des seuls
chimistes. En trente ans, la génétique et la biologie moléculaire ont
révolutionné la thérapeutique. Le marché biopharmaceutique mondial qui
représente environ 10 % du marché pharmaceutique mondial connait une
croissance importante depuis les premiers biomédicaments mis sur le
marché en 1982. Le marché français des biomédicaments suit cette tendance
et correspond à 10 % du marché pharmaceutique français et à 6,6 % du
marché mondial des biomédicaments.
La biotechnologie est définie selon l’OCDE comme « l’application
des principes scientifiques et de l'ingénierie à la transformation de matériaux
vivants ou non par des agents biologiques pour produire des biens et
services. » Le secteur biopharmaceutique plus particulièrement, est composé
de quatre segments principaux : les protéines thérapeutiques issues de
l'extraction de substances biologiques, les protéines recombinantes
vaccinales ou thérapeutiques, la thérapie cellulaire, et la thérapie génique.
Le terme de biomédicament fait ici référence aux protéines thérapeutiques
obtenues par un procédé biotechnologique au sein d'organismes vivants
procaryotes ou eucaryotes excluant ainsi les produits biologiques naturels
d'extraction.
L'élaboration de ces biomédicaments utilise les techniques de génie
génétique qui permettent de transformer le capital génétique d'un organisme
vivant grâce à l'insertion d'une séquence d'ADN, le transgène, par le biais
d'un vecteur, dans son génome afin de lui faire exprimer des caractéristiques
dont il était auparavant dépourvu. Il devient alors possible de faire fabriquer
par une bactérie, une levure ou une cellule de mammifère en culture, une
protéine humaine ayant un intérêt thérapeutique, qui pourra être injectée au
malade après purification. La protéine thérapeutique ainsi fabriquée est dite
recombinante.
La production d'une protéine recombinante est divisée en deux
phases : la phase de culture cellulaire pendant laquelle la cellule modifiée
est cultivée, suivie de la phase de purification où la substance d'intérêt
produite par la cellule est extraite et purifiée. Les systèmes de production les
plus simples sont issus d'organismes procaryotes comme les bactéries
(Escherichia coli) ou eucaryotes comme les levures (Saccharomyces
120
cerevisiae ou Pichia pastoris). Les cellules de mammifères sont également
très utilisées. Enfin, les cellules d'insectes, les cellules végétales ainsi que
les animaux et les plantes transgéniques présentent des alternatives
intéressantes aux systèmes de production précédents mais restent encore peu
utilisées industriellement. Les cellules CHO sont une lignée cellulaire
dérivée de tumeur d'ovaire de hamster femelle chinois. Actuellement, ce
sont les cellules mammifères les plus fréquemment utilisées pour la
production industrielle de protéines recombinantes thérapeutiques.
Dans un premier temps, un état des lieux des molécules recombinantes
thérapeutiques synthétisées par des cellules CHO présentes sur le marché
français en 2008 a été réalisé. L'étude a été uniquement menée sur les
protéines recombinantes ayant une autorisation de mise sur le marché
(AMM) valide et commercialisées sur le marché pharmaceutique français.
L'obligation faite aux biomédicaments de se soumettre à la procédure
centralisée pour l'obtention d'une AMM permet d'évaluer précisément le
nombre de biomédicaments autorisés en Europe et donc en France depuis
1995, entrée en vigueur du règlement européen à ce sujet.
Au total, 115 biomédicaments présents sur le marché français en 2008
ont été recensés et leurs systèmes de production identifiés. Les levures et les
bactéries représentent près de la moitié des systèmes de production utilisés.
Le restant des biomédicaments, soit plus de la moitié du marché (52 %), est
synthétisé par des cellules animales. Les biomédicaments produits par des
cellules CHO sont au nombre de 42 et représentent 36 % du marché français
des biomédicaments et 69 % des biomédicaments synthétisés par des
cellules animales. Le premier biomédicament issu de CHO a été
commercialisé en France dès 1987.
L'étude approfondie de ces biomédicaments a permis de mettre en
évidence des caractéristiques communes à ce type de médicament. Ces
médicaments innovants s'adressent en priorité à des pathologies lourdes à
forts besoins médicaux insatisfaits et présentent donc un service médical
rendu élevé. Leur prescription est limitée à un usage hospitalier ou aux
médecins spécialistes et ils sont sous forme injectable. Ces biomédicaments
présentent une alternative aux médicaments issus d'extractions biologiques
et peuvent également offrir, par leur mode d'action différent des
thérapeutiques classiques, une alternative en cas d'échec thérapeutique.
Enfin, une partie de ces médicaments se développe vers une médecine
personnalisée avec des traitements ciblés proposés uniquement aux patients
susceptibles d'y répondre favorablement.
121
Les aires thérapeutiques de ces médicaments sont variées allant de
l'hématologie aux traitements des cancers, maladies auto-immunes ou
génétiques ou encore traitements de l'infertilité. Ainsi, ces médicaments
peuvent être par exemple des facteurs de croissance hématologiques ou de
coagulation, des anticorps monoclonaux ou encore des cytokines
(interférons), des hormones ou des enzymes (traitement substitutif d'un
déficit enzymatique).
Enfin, le développement des biosimilaires a été abordé puisqu'il existe
une réglementation européenne à ce sujet transposée en France depuis 2007.
Le biosimilaire ne peut être considéré comme un générique en raison des
différences liées à la variabilité de la matière première et des procédés de
fabrication. Un mélange de molécules très similaires mais non parfaitement
identiques à la molécule de référence est en effet obtenu. C'est pourquoi le
pharmacien n'a pas le droit de substitution et le médecin prend la décision de
prescription en connaissance de cause. Les molécules actuellement
concernées sont les érythropoïétines, les hormones de croissance, l'insuline
et les interférons. Depuis 2007, onze AMM ont été délivrées en Europe mais
seuls deux biosimilaires sont actuellement commercialisés en France dont
une érythropoïétine issue de cellules CHO.
La partie expérimentale est abordée dans une deuxième partie, après
avoir détaillé les caractéristiques de la culture des cellules CHO en
bioréacteur, l'élaboration d'un milieu de culture et les problématiques
soulevées par l'optimisation d'un milieu de culture. Le matériel et les
méthodes utilisées sont décrits puis les résultats analysés et discutés. Cette
partie ayant été réalisée lors d'un stage de sept mois dans le laboratoire de
développement du site industriel Merck-Serono à Martillac, les contraintes
industrielles sont régulièrement évoquées.
Le groupe Merck-Serono compte s'affranchir des milieux
commerciaux actuellement utilisés pour la culture de ses différents clones,
au profit d'un milieu propriétaire GPBM01 qu'il a développé. Ce milieu
chimiquement défini, dont la composition a été optimisée pour les cellules
CHO, doit pouvoir s'adapter aux différents types de clones cultivés par le
groupe. Dans le cadre de l'optimisation de sa composition, une étude
bibliographique ainsi que l'étude comparative de la composition de
différents milieux commerciaux a été réalisée. Elle a permis de déterminer
sept composés ayant des rôles différents dans le métabolisme cellulaire dont
l'ajout au milieu GPBM01 a été testé.
122
L'effet de l'ajout de ces composés au milieu GPBM01 a été testé sur
trois clones ayant présenté des comportements différents dans ce milieu lors
d'expériences précédentes. Il a été évalué en terme de croissance et de
productivité cellulaire. Une synthèse a ensuite été réalisée pour déterminer
dans quelle mesure les composés ayant obtenu un effet bénéfique sur la
culture cellulaire des trois clones testés pourraient être ajoutés au milieu
GPBM01.
Dans un système complexe tel que celui d'une culture cellulaire, les
méthodes classiques peinent à définir l'impact de toutes les variables
influençant la croissance et la productivité cellulaire. Les différents
constituants d'un milieu de culture font partie de ces variables. La méthode
du plan factoriel, dont l'application principale est l'identification de facteurs
influents sur une réponse étudiée, est une bonne approche en terme de
réduction du nombre d'essais et d'acquisition d'informations. Elle consiste à
faire varier l'ensemble des paramètres dans une même expérience. Elle
permet de mesurer et de connaitre l'influence de tous les paramètres testés
pour un nombre restreint d'expériences, ce qui permet une minimisation du
nombre des essais sans sacrifier la qualité des résultats.
Deux niveaux de concentration par composé étudié ont été testés en
duplicat. Dix conditions différentes ont ainsi été testées et les expériences
réalisées en duplicat pour un total de vingt expériences par clone. Le logiciel
Minitab® a déterminé les compositions des milieux à tester sous forme
d'une matrice. La réalisation des expériences a permis d'obtenir des réponses
sous forme de paramètres chiffrés.
À partir des valeurs obtenues lors des expériences pour ces
paramètres, le logiciel permet de déterminer les composés ayant une
influence statistiquement significative sur la croissance et la productivité
cellulaire pour chaque clone. L'analyse statistique des réponses obtenues a
mis en évidence quatre composés sur les sept testés ayant des effets
significativement positifs en termes de croissance et de productivité.
Le choix des composés à continuer à tester par la suite pourra être
affiné en fonction du clone testé et de son milieu de référence puisqu'il a été
démontré que l'impact d'un composé dépend du clone sur lequel il est testé
et du type de milieu dans lequel ce clone est cultivé habituellement. Il sera
également intéressant d'optimiser les concentrations des composés
sélectionnés puisqu'ils n'ont été testés que pour une seule concentration. Une
analyse des problèmes rencontrés lors des expériences a également été
réalisée.
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L’analyse du marché français des biomédicaments a permis de mettre
en évidence l’importance des biomédicaments dans l’arsenal thérapeutique
actuel. Ces travaux sont à replacer dan un contexte mondial où la demande
en biomédicaments augmente régulièrement et où les capacités de
production vont devenir limitantes. Une augmentation des capacités des
bioréacteurs mais aussi des procédés efficaces et des milieux performants
contribueront ainsi dans un futur proche à la production d’un nombre
croissant de biomédicaments.
Directeur et Président de thèse : Pr. Jean-Michel MÉRILLON
• Fanny CHARBONNIERAS — Bon usage du médicament par voie orale :
influence des modifications de la pharmacocinétique
Pour qu'un médicament administré par voie orale ait un maximum
d'efficacité, il faut prévenir les modifications de sa pharmacocinétique.
Le devenir du médicament dans l'organisme peut en effet être perturbé
lors de sa résorption, de sa distribution, de sa métabolisation et de son
élimination.
Pour prévenir ces modifications de la pharmacocinétique, le
pharmacien doit étudier le cadre de prise du médicament et se renseigner sur
la personne à qui il est prescrit.
Des facteurs extrinsèques tels que l'alimentation, les boissons, le tabac
et le millepertuis peuvent influer sur le devenir du médicament dans
l'organisme.
Le repas influence particulièrement la résorption et le métabolisme.
Mais les modifications sont multiples (vitesse d'absorption, pic sérique,
vidange gastrique, métabolisation) et peuvent affecter la biodisponibilité,
avec une influence significative sur l'efficacité, voire la toxicité du
médicament.
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Les graisses, les protéines, les fibres, les cations métalliques, les
vitamines, certains oligoéléments et certains condiments présents dans
l'alimentation ont notamment un impact sur la pharmacocinétique.
Il est préférable que la prise de médicaments s'accompagne d'une
boisson. Mais celle-ci peut générer des changements sur le devenir du
médicament. Le pharmacien doit ainsi informer le patient de l'existence
éventuelle d'interactions surtout avec le lait, le thé, le café et les jus de fruit
qui accompagnent souvent la prise du médicament au petit déjeuner.
Cependant, toutes les boissons à base de caféine, les boissons acides ou
gazeuses et l'alcool sont aussi à prendre en considération.
Par ailleurs, les hydrocarbures aromatiques polycycliques que contient
le tabac peuvent induire une modification du métabolisme de divers
médicaments.
Le Millepertuis peut, lui, générer un risque d'inefficacité de certaines
thérapeutiques associées.
Les polythérapies sont souvent à prendre en compte du fait des
interactions médicamenteuses. Le pharmacien doit pouvoir évaluer la nature
du risque de l'interaction et le niveau de contrainte.
Il faut aussi prendre connaissance des facteurs intrinsèques. Les
facteurs physiologiques tels que l'âge et la grossesse influent sur les
différentes étapes du devenir du médicament dans l'organisme. Les
insuffisances rénale et hépatique conduisent à une modification des
processus de biotransformation et d'excrétion du médicament.
L'heure de prise du médicament est le dernier paramètre à prendre en
compte. En effet, la chronobiologie fait que l'efficacité d'un médicament
n’est pas la même tout au long du nycthémère.
Directeur et Président de thèse : Pr. Marie-Claude SAUX
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• Sandrine PEZZINO — Mesure de l’activité physique chez des patients
diabétiques de type 2 hospitalisés : étude quantitative par actimétrie et
conseils applicables à l’officine
Devenu, dans le monde et en France, un problème de santé publique,
le diabète de type 2 entraine des conséquences humaines et financières
considérables. De par l'augmentation de sa prévalence, du nombre de
diabétiques méconnus et de la gravité de ses complications, le diabète de
type 2 constitue l'une des maladies majeures du XXIe siècle.
Le pharmacien d'officine peut, de par sa formation, jouer un rôle très
important concernant une prise en charge correcte de ces patients. Un
diagnostic et une prise en charge précoce seront les meilleurs moyens de
prévenir l'apparition de redoutables complications.
Notre étude a pour objectif de démontrer, de manière quantitative,
l'intérêt et le rôle que peut avoir le pharmacien d'officine à l'incitation et la
stimulation du patient diabétique de type 2 concernant l'activité physique,
ainsi que d'en dégager les points à optimiser pour contribuer à l’amélioration
de l’observance sur ce sujet.
Matériel et méthode
À l'aide d'actimètres SenseWearID Ann-Band (Body Media,
Stanford), nous avons mesuré l'activité physique de 36 patients DT2
hospitalisés (groupe H) pour déséquilibre, avant (temps 1), puis après la
délivrance de conseils simples d'activité physique (temps 2), enfin après
consolidation de ces conseils avec l'utilisation d'un podomètre (temps 3),
chaque période durant au moins 24 h. Leurs résultats ont été comparés à
ceux de 36 patients DT2 étudiés en ambulatoire pendant une semaine
(groupe non hospitalisé = NH). Pour chaque patient, un conseil personnalisé
a été donné en fonction de son traitement (risque plus ou moins accru de
faire des hypoglycémies), et de ses pathologies concomitantes. Les résultats
sont exprimés en moyennes ± ET, et comparés par ANOVA et tests t.
Résultats
Les actimètres ont été portés pendant 97 ± 2 % de la durée d'analyse.
Les deux groupes ne différaient pas significativement concernant le BMI
(H = 34 ± 6, NH = 31 ± 5, NS), l'HbA1c (H : 8,8 ± 1,8 %; NH : 7,0 ± 1,0 %,
S), et l'âge (H : 55 ± 10 ans, NH : 60 ± 10 ans, NS). La comparaison des
niveaux d'activité physique est résumée dans le tableau ci-dessous (avec
126
*, **, *** indiquant p < 0,05, p < 0,01, p < 0,005 vs mesure précédente, et
°, °°, °°° vs groupe non hospitalisé) :
Patients DT2 hospitalisés
DEA (Dépense énergétique
à l'activité physique)
(kcal/24 h)
DET (Dépense
énergétique totale)
(kcal/24 h)
DAP (Durée d'activité
Physique)
(min/24 h)
NP
(Nombre de pas/24 h)
Temps 1
287 ± 390
°°°
2136 ± 706
°°°
45 ± 57
°°°
4381 ± 3742
°°
Temps 2
449 ± 400
***
°°°
2452 ± 530
***
°°
65 ± 59
***
°°°
6567 ± 3943
***
NS
Temps 3
626 ± 422
***
°
2584 ± 589
*
°
95 ± 62
***
°
8682 ± 5l36
***
NS
Non
hospitalisés
1035 ± 1006
2968 ± 932
148 ± 116
7220 ± 4763
Les patients hospitalisés ont une activité physique très diminuée par
rapport aux non hospitalisés mais leur stimulation a eu un effet bénéfique
significatif.
Nous avons pu chiffrer cette augmentation du niveau d'activité
physique d'un patient DT2 après conseils et utilisation du podomètre. Les
résultats obtenus sont très significatifs et montrent qu'un patient hospitalisé
est, certes sédentaire, mais à l'aide de nos conseils, nous avons réussi à lui
faire retrouver une activité physique similaire à un patient ambulatoire en
terme de dépense énergétique.
Discussion
Recommandé par l'HAS (Haute Autorité de Santé), la marche était le
principal conseil délivré à nos patients hospitalisés. L'effet significatif de ce
conseil s'est observé par un changement de comportement du patient
vis-à-vis de l'activité physique. Ce changement a été observé par
l'augmentation des paramètres d'activité physique mesurés : DET et DEA,
DAP et NP. Il a été démontré par plusieurs études que la marche pouvait
présenter un bénéfice concernant l'évolution du diabète de type 2. Une étude
récente [1] réalisée sur 12 mois chez 99 patients DT2 sédentaires et obèses
(IMC 32 ± 5 kg/m2) a observé l'évolution de leur équilibre au cours de deux
programmes d'activités différentes et a montré que l'on pouvait diminuer de
3 points la tension artérielle, de 0,14 % l'HbAlc et de 0,5 kg/m2 le poids des
patients ayant réalisé cette activité.
127
De plus, nous avons utilisé le podomètre à T2 et grâce à celui-ci, nous
avons augmenté le nombre de pas des patients de 2115 pas/jour (p < 0,001
vs T2). Une méta-analyse [2] a réuni 2767 patients qui ont utilisé le
podomètre pendant 18 semaines. Le nombre de pas a augmenté de 2491
pas/jour (p < 0,001 vs groupe contrôle). Nous avons obtenu des résultats
tout à fait comparables, ce qui prouve que le podomètre permet de stimuler
le patient à marcher.
Enfin, malgré la courte durée de l’étude (4-5 jours), des résultats très
encourageants ont été obtenus qui nous ont incitée à poursuivre ce projet sur
3 mois de suivi (cette nouvelle étude dont je suis responsable est en cours au
sein de l'hôpital Haut-Lévêque). Certes, l'hôpital est un milieu artificiel,
mais qui a apporté une certaine sécurité aux patients qui ont ainsi pu prendre
confiance en eux, et c'est déjà en cela un grand progrès.
Conclusion
À notre connaissance, l'étude que nous avons menée est la première à
mesurer, par des méthodes décrites et validées, l'augmentation du niveau
d'activité physique après la délivrance de conseils simples chez des patients
diabétiques de type 2 hospitalisés et sédentaires.
Par leur simplicité, ces conseils sont applicables à l'officine. La
formation du pharmacien d'officine lui permet de participer au suivi du
patient DT2 et à son éducation concernant l'activité physique en le
conseillant et le dirigeant, si besoin, vers un médecin.
C'est un enjeu de société, tant dans sa prévention que dans sa prise en
charge et chacun, du sujet à risque à l'acteur de santé, quel que soit son titre,
doit se sentir concerné.
1-
Praet (S.F.E.), van Rooij (E.S.J.), Wijtvliet (A.), Boonman-de Winter
(L.J.M.), Enneking (T.), Kuipers (H.), Stehouwer (C.D.A.), van Loon
(L.J.C.) - Brisk walking compared with an individualised medical
fitness programme for patients with type 2 diabetes: a randomised
controlled trial. - Diabetologia, 2005, 5 1 (5), 736-746.
http://www.springerlink.com/content/41wj6t344777421h/fulltext.pdf
2-
Bravata (D.M.), Smith-Spangler (C.), Sundaram (V.), Gienger (A.L.),
Lin (N.), Lewis (R.), Stave (C.D.), Olkin (I.), Sirard (J.R.) - Using
pedometers to increase physical activity and improve health: a
systematic review. - J. Am. Med. Assoc., 2007, 298(19), 2296-2304.
Directeur de thèse : Pr. Vincent RIGALLEAU
Président de thèse : Pr. Marie-Claude SAUX
128
• Jean-Nicolas EHSTER — Élaboration et mise en place des indicateurs de
gestion des médicaments dans les essais cliniques
Ce travail s’inscrit dans le mouvement que les pharmaciens
hospitaliers et la SFPC ont initié, en développant des indicateurs spécifiques
à leurs activités hospitalières. Nous avons souhaité adapter ce travail à
l’activité spécifique des essais cliniques dans les pharmacies hospitalières.
À côté des indicateurs de production, nous avons utilisé des outils de mesure
de la qualité (audit qualité, enquête de satisfaction) comme indicateurs de
qualité. Le texte présente tout d’abord un rappel historique du paradigme de
la recherche clinique et l’évolution réglementaire des essais cliniques. Puis
dans une deuxième partie et après avoir décrit le rôle et la participation du
pharmacien hospitalier aux essais cliniques, ouvre la discussion sur la mise
en place et l’utilisation des indicateurs en pharmacie hospitalière et
notamment l’intérêt pour les pharmaciens de valoriser leur activité
spécifique «recherche clinique » à travers ces nouveaux outils.
Directeur et Président de thèse : Pr. Marie-Claude SAUX
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