115 Bull. Soc. Pharm. Bordeaux, 2009, 148, 115-128 PRIX DE THÈSE DE LA SOCIÉTÉ DE PHARMACIE DE BORDEAUX Le jeudi 8 octobre 2009 a eu lieu l’audition orale des candidats au “ Prix de thèse de la Société de Pharmacie de Bordeaux ”. Parmi les thèses de Doctorat d'État en Pharmacie soutenues à l'Université Victor-Segalen Bordeaux 2 entre le premier septembre 2008 et le 31 aout 2009 et autorisées à être présentées au Prix de thèse de la Société, cinq ont été reçues et retenues par le Jury. Les étudiants ont présenté brillamment leur travail sur PowerPoint. Après délibération, la récompense a été attribuée à Monsieur Laurent Bideau pour son travail intitulé “ Présentation de l'allergie alimentaire chez l'enfant : mécanismes, épidémiologie, prévention, rôle du pharmacien et étude comparative des traitements des manifestations aigües” (thèse dirigée par le Dr. Franck Boralevi et présidée par le Dr. Martine Appriou) et à Mademoiselle Anne-Cécile Pons pour le travail suivant : “ Production de protéines recombinantes thérapeutiques par culture de cellules animales : optimisation de milieu pour la culture en bioréacteur ” (thèse dirigée et présidée par le Pr. JeanMichel Mérillon). Un chèque d'un montant de 400 euros a été remis aux lauréats. Les prix seront remis officiellement lors de la Cérémonie de remise des Prix et des serments de Galien qui a lieu chaque année début juillet. Nous adressons aux lauréats nos plus vifs compliments. On trouvera ci-après les résumés des thèses des candidats. 116 Président Jean Cambar entouré, de gauche à droite, de Sandrine Pezzino, Fanny Charbonnieras, et Anne-Cécile Pons. • Laurent BIDEAU — Présentation de l’allergie alimentaire chez l’enfant : mécanismes, épidémiologie, prévention, rôle du pharmacien et étude comparative des traitements des manifestations aigües L’allergie alimentaire est aujourd’hui un sujet de préoccupation majeur compte tenu de sa prévalence et de sa gravité. En constante expansion, les allergies alimentaires sont de plus en plus fréquentes dans le paysage médical. Actuellement, environ 20 % d’individus pensent être allergiques à au moins un aliment. En réalité, le taux de prévalence se situe aux alentours de 4,7 % pour la population pédiatrique et de 3,12 % chez l’adulte en Europe. Entre 2001 et 2006, les Réseaux Allergovigilances ont noté une augmentation en France de 28 % des cas d'allergies alimentaires ainsi qu'une progression des anaphylaxies sévères et létales. L'allergie alimentaire est devenue un véritable problème de santé publique et mobilise aussi bien les professionnels de la santé, les industriels que les pouvoirs publics. 117 L’allergie alimentaire est capable de provoquer des conséquences non négligeables sur le développement de l'enfant. Souvent confondue avec l'intolérance alimentaire, l'enfant peut se voir priver de 1’aliment entrainant ainsi un retard staturo-pondéral. D'autres répercussions sont aussi à noter : difficultés d'intégration sociale (cantine scolaire, classe verte...), impact familial et même financier pour les parents, dû à l'achat de produits alimentaires exempts d’allergènes. Le travail présenté dans cette thèse a pour fil conducteur une étude menée sur les traitements à court terme employés dans l'allergie alimentaire. En effet, au vu des différentes revues scientifiques, l'action des antihistaminiques semble être limitée. Son utilisation ne doit pas retarder 1'utilisation de l'adrénaline. Il n'existe à ce jour aucune étude randomisée, en double aveugle et contre placebo, sur l'efficacité des antihistaminiques dans l'anaphylaxie. Cette étude ouverte a été réalisée sur une population d’enfants ayant eu des réactions anaphylactiques au cours d'un Test de Provocation Oral. Les données recueillies proviennent d'une étude initiée et mise et place par le Docteur Franck Boralevi, Praticien Hospitalier Universitaire, dans l'Unité de Dermatologie Pédiatrique du Centre Hospitalo-Universitaire de Bordeaux. La population étudiée concerne des enfants de la consultation d'allergo-dermatologie à l’Hôpital des Enfants du CHU. L’objectif principal est de répondre à la question suivante : « les antihistaminiques représentent-ils un traitement de première intention adapté face aux réactions anaphylactiques d’origine alimentaire ? ». De cette étude résulte que l’adrénaline demeure toujours l’axe central de la prise en charge des allergies sévères. Les antihistaminiques ne doivent pas être sous-estimés ; en effet, ils suffisent à arrêter la plupart des symptômes sans gravité. Cette étude a également révélé l'importance de l'éducation thérapeutique. En effet, elle joue un rôle important en apprenant aux parents et à l'enfant à reconnaitre les signes de gravité d'une réaction anaphylactique. Longtemps négligée, l'éducation thérapeutique possède une place majeure dans l’allergie alimentaire. Elle ne consiste pas à donner de l'information mais à la transmettre pour que le patient se l'approprie et sache l'utiliser. 118 La prise en charge optimale allergologique et diététique des manifestations d’allergie alimentaire permet une maitrise de cette maladie et prévient les récidives qui peuvent être graves : choc anaphylactique, asthme aigu grave, œdème laryngé. Face à la hausse du nombre de jeunes patients allergiques aux aliments, 1e pharmacien d'officine se voit de plus en plus souvent amené à répondre aux questions des parents. Il existe deux types de patients : les « laxistes » et les « sur-documentés ». Le pharmacien doit adapter son dialogue : augmenter la vigilance des premiers et modérer celle des seconds. Le pharmacien doit trouver les mots pour convaincre afin de rassurer les patients de leurs inquiétudes et leur donner d'éventuels conseils. Il doit s'impliquer en expliquant par exemple au patient la différence entre allergie alimentaire et intolérance alimentaire. Sans venir se substituer au rôle du médecin, le pharmacien, qui est un acteur de la santé publique, peut délivrer des conseils concernant la prévention, notamment en rappelant aux jeunes mères d'éviter une diversification trop précoce. Il doit également vérifier les excipients des médicaments et des produits de soins qu'il dispense à un patient allergique. Le dossier pharmaceutique actuellement en cours de déploiement dans les pharmacies va apporter un bénéfice non négligeable dans la surveillance. Le pharmacien ne manquera pas de rappeler au patient le bon usage du dispositif d'urgence si ce dernier a été prescrit ainsi que les conseils associés. En terme de formation, 83 % des pharmaciens déclarent avoir eu une formation universitaire insuffisante sur ces sujets et 84 % se servir de leur « expérience personnelle ». Les pharmaciens d’officine jouent un rôle important dans les conseils de pratiques pédiatriques. Il faut donc souligner l’intérêt d’une meilleure formation permettant d’améliorer encore leur rôle de conseil auprès des parents qui les sollicitent. Directeur de thèse : Franck BORALEVI Président de thèse : Dr. Martine APPRIOU 119 • Anne-Cécile PONS — Production de protéines recombinantes thérapeutiques par culture de cellules animales : optimisation de milieu pour la culture en bioréacteur La conception des médicaments n'est plus le royaume des seuls chimistes. En trente ans, la génétique et la biologie moléculaire ont révolutionné la thérapeutique. Le marché biopharmaceutique mondial qui représente environ 10 % du marché pharmaceutique mondial connait une croissance importante depuis les premiers biomédicaments mis sur le marché en 1982. Le marché français des biomédicaments suit cette tendance et correspond à 10 % du marché pharmaceutique français et à 6,6 % du marché mondial des biomédicaments. La biotechnologie est définie selon l’OCDE comme « l’application des principes scientifiques et de l'ingénierie à la transformation de matériaux vivants ou non par des agents biologiques pour produire des biens et services. » Le secteur biopharmaceutique plus particulièrement, est composé de quatre segments principaux : les protéines thérapeutiques issues de l'extraction de substances biologiques, les protéines recombinantes vaccinales ou thérapeutiques, la thérapie cellulaire, et la thérapie génique. Le terme de biomédicament fait ici référence aux protéines thérapeutiques obtenues par un procédé biotechnologique au sein d'organismes vivants procaryotes ou eucaryotes excluant ainsi les produits biologiques naturels d'extraction. L'élaboration de ces biomédicaments utilise les techniques de génie génétique qui permettent de transformer le capital génétique d'un organisme vivant grâce à l'insertion d'une séquence d'ADN, le transgène, par le biais d'un vecteur, dans son génome afin de lui faire exprimer des caractéristiques dont il était auparavant dépourvu. Il devient alors possible de faire fabriquer par une bactérie, une levure ou une cellule de mammifère en culture, une protéine humaine ayant un intérêt thérapeutique, qui pourra être injectée au malade après purification. La protéine thérapeutique ainsi fabriquée est dite recombinante. La production d'une protéine recombinante est divisée en deux phases : la phase de culture cellulaire pendant laquelle la cellule modifiée est cultivée, suivie de la phase de purification où la substance d'intérêt produite par la cellule est extraite et purifiée. Les systèmes de production les plus simples sont issus d'organismes procaryotes comme les bactéries (Escherichia coli) ou eucaryotes comme les levures (Saccharomyces 120 cerevisiae ou Pichia pastoris). Les cellules de mammifères sont également très utilisées. Enfin, les cellules d'insectes, les cellules végétales ainsi que les animaux et les plantes transgéniques présentent des alternatives intéressantes aux systèmes de production précédents mais restent encore peu utilisées industriellement. Les cellules CHO sont une lignée cellulaire dérivée de tumeur d'ovaire de hamster femelle chinois. Actuellement, ce sont les cellules mammifères les plus fréquemment utilisées pour la production industrielle de protéines recombinantes thérapeutiques. Dans un premier temps, un état des lieux des molécules recombinantes thérapeutiques synthétisées par des cellules CHO présentes sur le marché français en 2008 a été réalisé. L'étude a été uniquement menée sur les protéines recombinantes ayant une autorisation de mise sur le marché (AMM) valide et commercialisées sur le marché pharmaceutique français. L'obligation faite aux biomédicaments de se soumettre à la procédure centralisée pour l'obtention d'une AMM permet d'évaluer précisément le nombre de biomédicaments autorisés en Europe et donc en France depuis 1995, entrée en vigueur du règlement européen à ce sujet. Au total, 115 biomédicaments présents sur le marché français en 2008 ont été recensés et leurs systèmes de production identifiés. Les levures et les bactéries représentent près de la moitié des systèmes de production utilisés. Le restant des biomédicaments, soit plus de la moitié du marché (52 %), est synthétisé par des cellules animales. Les biomédicaments produits par des cellules CHO sont au nombre de 42 et représentent 36 % du marché français des biomédicaments et 69 % des biomédicaments synthétisés par des cellules animales. Le premier biomédicament issu de CHO a été commercialisé en France dès 1987. L'étude approfondie de ces biomédicaments a permis de mettre en évidence des caractéristiques communes à ce type de médicament. Ces médicaments innovants s'adressent en priorité à des pathologies lourdes à forts besoins médicaux insatisfaits et présentent donc un service médical rendu élevé. Leur prescription est limitée à un usage hospitalier ou aux médecins spécialistes et ils sont sous forme injectable. Ces biomédicaments présentent une alternative aux médicaments issus d'extractions biologiques et peuvent également offrir, par leur mode d'action différent des thérapeutiques classiques, une alternative en cas d'échec thérapeutique. Enfin, une partie de ces médicaments se développe vers une médecine personnalisée avec des traitements ciblés proposés uniquement aux patients susceptibles d'y répondre favorablement. 121 Les aires thérapeutiques de ces médicaments sont variées allant de l'hématologie aux traitements des cancers, maladies auto-immunes ou génétiques ou encore traitements de l'infertilité. Ainsi, ces médicaments peuvent être par exemple des facteurs de croissance hématologiques ou de coagulation, des anticorps monoclonaux ou encore des cytokines (interférons), des hormones ou des enzymes (traitement substitutif d'un déficit enzymatique). Enfin, le développement des biosimilaires a été abordé puisqu'il existe une réglementation européenne à ce sujet transposée en France depuis 2007. Le biosimilaire ne peut être considéré comme un générique en raison des différences liées à la variabilité de la matière première et des procédés de fabrication. Un mélange de molécules très similaires mais non parfaitement identiques à la molécule de référence est en effet obtenu. C'est pourquoi le pharmacien n'a pas le droit de substitution et le médecin prend la décision de prescription en connaissance de cause. Les molécules actuellement concernées sont les érythropoïétines, les hormones de croissance, l'insuline et les interférons. Depuis 2007, onze AMM ont été délivrées en Europe mais seuls deux biosimilaires sont actuellement commercialisés en France dont une érythropoïétine issue de cellules CHO. La partie expérimentale est abordée dans une deuxième partie, après avoir détaillé les caractéristiques de la culture des cellules CHO en bioréacteur, l'élaboration d'un milieu de culture et les problématiques soulevées par l'optimisation d'un milieu de culture. Le matériel et les méthodes utilisées sont décrits puis les résultats analysés et discutés. Cette partie ayant été réalisée lors d'un stage de sept mois dans le laboratoire de développement du site industriel Merck-Serono à Martillac, les contraintes industrielles sont régulièrement évoquées. Le groupe Merck-Serono compte s'affranchir des milieux commerciaux actuellement utilisés pour la culture de ses différents clones, au profit d'un milieu propriétaire GPBM01 qu'il a développé. Ce milieu chimiquement défini, dont la composition a été optimisée pour les cellules CHO, doit pouvoir s'adapter aux différents types de clones cultivés par le groupe. Dans le cadre de l'optimisation de sa composition, une étude bibliographique ainsi que l'étude comparative de la composition de différents milieux commerciaux a été réalisée. Elle a permis de déterminer sept composés ayant des rôles différents dans le métabolisme cellulaire dont l'ajout au milieu GPBM01 a été testé. 122 L'effet de l'ajout de ces composés au milieu GPBM01 a été testé sur trois clones ayant présenté des comportements différents dans ce milieu lors d'expériences précédentes. Il a été évalué en terme de croissance et de productivité cellulaire. Une synthèse a ensuite été réalisée pour déterminer dans quelle mesure les composés ayant obtenu un effet bénéfique sur la culture cellulaire des trois clones testés pourraient être ajoutés au milieu GPBM01. Dans un système complexe tel que celui d'une culture cellulaire, les méthodes classiques peinent à définir l'impact de toutes les variables influençant la croissance et la productivité cellulaire. Les différents constituants d'un milieu de culture font partie de ces variables. La méthode du plan factoriel, dont l'application principale est l'identification de facteurs influents sur une réponse étudiée, est une bonne approche en terme de réduction du nombre d'essais et d'acquisition d'informations. Elle consiste à faire varier l'ensemble des paramètres dans une même expérience. Elle permet de mesurer et de connaitre l'influence de tous les paramètres testés pour un nombre restreint d'expériences, ce qui permet une minimisation du nombre des essais sans sacrifier la qualité des résultats. Deux niveaux de concentration par composé étudié ont été testés en duplicat. Dix conditions différentes ont ainsi été testées et les expériences réalisées en duplicat pour un total de vingt expériences par clone. Le logiciel Minitab® a déterminé les compositions des milieux à tester sous forme d'une matrice. La réalisation des expériences a permis d'obtenir des réponses sous forme de paramètres chiffrés. À partir des valeurs obtenues lors des expériences pour ces paramètres, le logiciel permet de déterminer les composés ayant une influence statistiquement significative sur la croissance et la productivité cellulaire pour chaque clone. L'analyse statistique des réponses obtenues a mis en évidence quatre composés sur les sept testés ayant des effets significativement positifs en termes de croissance et de productivité. Le choix des composés à continuer à tester par la suite pourra être affiné en fonction du clone testé et de son milieu de référence puisqu'il a été démontré que l'impact d'un composé dépend du clone sur lequel il est testé et du type de milieu dans lequel ce clone est cultivé habituellement. Il sera également intéressant d'optimiser les concentrations des composés sélectionnés puisqu'ils n'ont été testés que pour une seule concentration. Une analyse des problèmes rencontrés lors des expériences a également été réalisée. 123 L’analyse du marché français des biomédicaments a permis de mettre en évidence l’importance des biomédicaments dans l’arsenal thérapeutique actuel. Ces travaux sont à replacer dan un contexte mondial où la demande en biomédicaments augmente régulièrement et où les capacités de production vont devenir limitantes. Une augmentation des capacités des bioréacteurs mais aussi des procédés efficaces et des milieux performants contribueront ainsi dans un futur proche à la production d’un nombre croissant de biomédicaments. Directeur et Président de thèse : Pr. Jean-Michel MÉRILLON • Fanny CHARBONNIERAS — Bon usage du médicament par voie orale : influence des modifications de la pharmacocinétique Pour qu'un médicament administré par voie orale ait un maximum d'efficacité, il faut prévenir les modifications de sa pharmacocinétique. Le devenir du médicament dans l'organisme peut en effet être perturbé lors de sa résorption, de sa distribution, de sa métabolisation et de son élimination. Pour prévenir ces modifications de la pharmacocinétique, le pharmacien doit étudier le cadre de prise du médicament et se renseigner sur la personne à qui il est prescrit. Des facteurs extrinsèques tels que l'alimentation, les boissons, le tabac et le millepertuis peuvent influer sur le devenir du médicament dans l'organisme. Le repas influence particulièrement la résorption et le métabolisme. Mais les modifications sont multiples (vitesse d'absorption, pic sérique, vidange gastrique, métabolisation) et peuvent affecter la biodisponibilité, avec une influence significative sur l'efficacité, voire la toxicité du médicament. 124 Les graisses, les protéines, les fibres, les cations métalliques, les vitamines, certains oligoéléments et certains condiments présents dans l'alimentation ont notamment un impact sur la pharmacocinétique. Il est préférable que la prise de médicaments s'accompagne d'une boisson. Mais celle-ci peut générer des changements sur le devenir du médicament. Le pharmacien doit ainsi informer le patient de l'existence éventuelle d'interactions surtout avec le lait, le thé, le café et les jus de fruit qui accompagnent souvent la prise du médicament au petit déjeuner. Cependant, toutes les boissons à base de caféine, les boissons acides ou gazeuses et l'alcool sont aussi à prendre en considération. Par ailleurs, les hydrocarbures aromatiques polycycliques que contient le tabac peuvent induire une modification du métabolisme de divers médicaments. Le Millepertuis peut, lui, générer un risque d'inefficacité de certaines thérapeutiques associées. Les polythérapies sont souvent à prendre en compte du fait des interactions médicamenteuses. Le pharmacien doit pouvoir évaluer la nature du risque de l'interaction et le niveau de contrainte. Il faut aussi prendre connaissance des facteurs intrinsèques. Les facteurs physiologiques tels que l'âge et la grossesse influent sur les différentes étapes du devenir du médicament dans l'organisme. Les insuffisances rénale et hépatique conduisent à une modification des processus de biotransformation et d'excrétion du médicament. L'heure de prise du médicament est le dernier paramètre à prendre en compte. En effet, la chronobiologie fait que l'efficacité d'un médicament n’est pas la même tout au long du nycthémère. Directeur et Président de thèse : Pr. Marie-Claude SAUX 125 • Sandrine PEZZINO — Mesure de l’activité physique chez des patients diabétiques de type 2 hospitalisés : étude quantitative par actimétrie et conseils applicables à l’officine Devenu, dans le monde et en France, un problème de santé publique, le diabète de type 2 entraine des conséquences humaines et financières considérables. De par l'augmentation de sa prévalence, du nombre de diabétiques méconnus et de la gravité de ses complications, le diabète de type 2 constitue l'une des maladies majeures du XXIe siècle. Le pharmacien d'officine peut, de par sa formation, jouer un rôle très important concernant une prise en charge correcte de ces patients. Un diagnostic et une prise en charge précoce seront les meilleurs moyens de prévenir l'apparition de redoutables complications. Notre étude a pour objectif de démontrer, de manière quantitative, l'intérêt et le rôle que peut avoir le pharmacien d'officine à l'incitation et la stimulation du patient diabétique de type 2 concernant l'activité physique, ainsi que d'en dégager les points à optimiser pour contribuer à l’amélioration de l’observance sur ce sujet. Matériel et méthode À l'aide d'actimètres SenseWearID Ann-Band (Body Media, Stanford), nous avons mesuré l'activité physique de 36 patients DT2 hospitalisés (groupe H) pour déséquilibre, avant (temps 1), puis après la délivrance de conseils simples d'activité physique (temps 2), enfin après consolidation de ces conseils avec l'utilisation d'un podomètre (temps 3), chaque période durant au moins 24 h. Leurs résultats ont été comparés à ceux de 36 patients DT2 étudiés en ambulatoire pendant une semaine (groupe non hospitalisé = NH). Pour chaque patient, un conseil personnalisé a été donné en fonction de son traitement (risque plus ou moins accru de faire des hypoglycémies), et de ses pathologies concomitantes. Les résultats sont exprimés en moyennes ± ET, et comparés par ANOVA et tests t. Résultats Les actimètres ont été portés pendant 97 ± 2 % de la durée d'analyse. Les deux groupes ne différaient pas significativement concernant le BMI (H = 34 ± 6, NH = 31 ± 5, NS), l'HbA1c (H : 8,8 ± 1,8 %; NH : 7,0 ± 1,0 %, S), et l'âge (H : 55 ± 10 ans, NH : 60 ± 10 ans, NS). La comparaison des niveaux d'activité physique est résumée dans le tableau ci-dessous (avec 126 *, **, *** indiquant p < 0,05, p < 0,01, p < 0,005 vs mesure précédente, et °, °°, °°° vs groupe non hospitalisé) : Patients DT2 hospitalisés DEA (Dépense énergétique à l'activité physique) (kcal/24 h) DET (Dépense énergétique totale) (kcal/24 h) DAP (Durée d'activité Physique) (min/24 h) NP (Nombre de pas/24 h) Temps 1 287 ± 390 °°° 2136 ± 706 °°° 45 ± 57 °°° 4381 ± 3742 °° Temps 2 449 ± 400 *** °°° 2452 ± 530 *** °° 65 ± 59 *** °°° 6567 ± 3943 *** NS Temps 3 626 ± 422 *** ° 2584 ± 589 * ° 95 ± 62 *** ° 8682 ± 5l36 *** NS Non hospitalisés 1035 ± 1006 2968 ± 932 148 ± 116 7220 ± 4763 Les patients hospitalisés ont une activité physique très diminuée par rapport aux non hospitalisés mais leur stimulation a eu un effet bénéfique significatif. Nous avons pu chiffrer cette augmentation du niveau d'activité physique d'un patient DT2 après conseils et utilisation du podomètre. Les résultats obtenus sont très significatifs et montrent qu'un patient hospitalisé est, certes sédentaire, mais à l'aide de nos conseils, nous avons réussi à lui faire retrouver une activité physique similaire à un patient ambulatoire en terme de dépense énergétique. Discussion Recommandé par l'HAS (Haute Autorité de Santé), la marche était le principal conseil délivré à nos patients hospitalisés. L'effet significatif de ce conseil s'est observé par un changement de comportement du patient vis-à-vis de l'activité physique. Ce changement a été observé par l'augmentation des paramètres d'activité physique mesurés : DET et DEA, DAP et NP. Il a été démontré par plusieurs études que la marche pouvait présenter un bénéfice concernant l'évolution du diabète de type 2. Une étude récente [1] réalisée sur 12 mois chez 99 patients DT2 sédentaires et obèses (IMC 32 ± 5 kg/m2) a observé l'évolution de leur équilibre au cours de deux programmes d'activités différentes et a montré que l'on pouvait diminuer de 3 points la tension artérielle, de 0,14 % l'HbAlc et de 0,5 kg/m2 le poids des patients ayant réalisé cette activité. 127 De plus, nous avons utilisé le podomètre à T2 et grâce à celui-ci, nous avons augmenté le nombre de pas des patients de 2115 pas/jour (p < 0,001 vs T2). Une méta-analyse [2] a réuni 2767 patients qui ont utilisé le podomètre pendant 18 semaines. Le nombre de pas a augmenté de 2491 pas/jour (p < 0,001 vs groupe contrôle). Nous avons obtenu des résultats tout à fait comparables, ce qui prouve que le podomètre permet de stimuler le patient à marcher. Enfin, malgré la courte durée de l’étude (4-5 jours), des résultats très encourageants ont été obtenus qui nous ont incitée à poursuivre ce projet sur 3 mois de suivi (cette nouvelle étude dont je suis responsable est en cours au sein de l'hôpital Haut-Lévêque). Certes, l'hôpital est un milieu artificiel, mais qui a apporté une certaine sécurité aux patients qui ont ainsi pu prendre confiance en eux, et c'est déjà en cela un grand progrès. Conclusion À notre connaissance, l'étude que nous avons menée est la première à mesurer, par des méthodes décrites et validées, l'augmentation du niveau d'activité physique après la délivrance de conseils simples chez des patients diabétiques de type 2 hospitalisés et sédentaires. Par leur simplicité, ces conseils sont applicables à l'officine. La formation du pharmacien d'officine lui permet de participer au suivi du patient DT2 et à son éducation concernant l'activité physique en le conseillant et le dirigeant, si besoin, vers un médecin. C'est un enjeu de société, tant dans sa prévention que dans sa prise en charge et chacun, du sujet à risque à l'acteur de santé, quel que soit son titre, doit se sentir concerné. 1- Praet (S.F.E.), van Rooij (E.S.J.), Wijtvliet (A.), Boonman-de Winter (L.J.M.), Enneking (T.), Kuipers (H.), Stehouwer (C.D.A.), van Loon (L.J.C.) - Brisk walking compared with an individualised medical fitness programme for patients with type 2 diabetes: a randomised controlled trial. - Diabetologia, 2005, 5 1 (5), 736-746. http://www.springerlink.com/content/41wj6t344777421h/fulltext.pdf 2- Bravata (D.M.), Smith-Spangler (C.), Sundaram (V.), Gienger (A.L.), Lin (N.), Lewis (R.), Stave (C.D.), Olkin (I.), Sirard (J.R.) - Using pedometers to increase physical activity and improve health: a systematic review. - J. Am. Med. Assoc., 2007, 298(19), 2296-2304. Directeur de thèse : Pr. Vincent RIGALLEAU Président de thèse : Pr. Marie-Claude SAUX 128 • Jean-Nicolas EHSTER — Élaboration et mise en place des indicateurs de gestion des médicaments dans les essais cliniques Ce travail s’inscrit dans le mouvement que les pharmaciens hospitaliers et la SFPC ont initié, en développant des indicateurs spécifiques à leurs activités hospitalières. Nous avons souhaité adapter ce travail à l’activité spécifique des essais cliniques dans les pharmacies hospitalières. À côté des indicateurs de production, nous avons utilisé des outils de mesure de la qualité (audit qualité, enquête de satisfaction) comme indicateurs de qualité. Le texte présente tout d’abord un rappel historique du paradigme de la recherche clinique et l’évolution réglementaire des essais cliniques. Puis dans une deuxième partie et après avoir décrit le rôle et la participation du pharmacien hospitalier aux essais cliniques, ouvre la discussion sur la mise en place et l’utilisation des indicateurs en pharmacie hospitalière et notamment l’intérêt pour les pharmaciens de valoriser leur activité spécifique «recherche clinique » à travers ces nouveaux outils. Directeur et Président de thèse : Pr. Marie-Claude SAUX