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aété conçu dans l’optique de son application aisée et im-
plémenté selon une logique de marketing.
MARKETING ET MARKETING SOCIAL :
LES PRINCIPES DE BASE
Pour les non-initiés, le marketing se résume souvent à
l’ensemble des stratégies employées afin de vendre des
produits de consommation aux particuliers, du savon à les-
sive aux automobiles en passant par les vacances d’aven-
ture. Le marketing est basé sur le constat que les êtres hu-
mains agissent en fonction de leurs perceptions et non selon
une vérité absolue. Le visage «manipulateur» du marketing
peut générer un refus spontané de rejet de son applica-
tion à des buts nobles. Pourtant, la compréhension pro-
fonde du comportement humain qui découle de l’étude
du marketing offre des chances uniques d’induire des chan-
gements de comportement indépendamment du domaine
d’exploitation. Par exemple, les techniques de marketing
peuvent être utilisées afin de promouvoir des comporte-
ments bénéfiques pour l’individu ou pour la société. Mieux
connue sous le nom de «marketing social», cette discipline,
introduite par Philippe Kotler dans les années 1970,9,10 a
été utilisée afin de promouvoir l’utilisation des préserva-
tifs, la cessation du tabagisme et le don d’organes. Cepen-
dant, peu d’études se sont attardées au rôle que le marke-
ting social pourrait jouer dans la prévention des infections
nosocomiales.11 Il est surprenant de constater combien les
considérations marketing sont négligées dans le domaine
médical, alors qu’elles sont essentielles à la survie des en-
treprises dans un monde globalisé.
LANCER UNE STRATÉGIE DE MARKETING
La première étape à entreprendre afin de lancer une stra-
tégie de marketing est toujours l’étude de marché. Cette
recherche détermine le public cible pour un produit exis-
tant. Par exemple, lors de la création de VigiGerme, il a été
déterminé que le produit à vendre était «le respect de
bonnes pratiques de prévention des infections» et que le
public cible était composé des travailleurs de la santé des
HUG. Le marché à l’étude peut se composer d’un groupe
uniforme de personnes ou être segmenté (infirmières, mé-
decins, transporteurs, patients, etc.). Dans le cas d’un mar-
ché segmenté, les règles de base du marketing stipulent
que chaque segment devrait bénéficier d’une déclinaison
spécifique de la stratégie de marketing de base. Par exem-
ple, les médecins risquent d’êtreréceptifs à d’autres messa-
ges clés que les infirmières. Malheureusement, les concep-
teurs de campagnes de promotion en milieu hospitalier
sont bien souvent insensibles à de telles considérations.
Afin de bien positionner un produit dans le marché et
de construire un programme adéquat, les spécialistes ont
recours à la stratégie du
marketing mix
.Ce concept multidi-
mensionnel a été décrit par McCarthy sous forme des 4
«P» : Produit, Prix, Placement et Promotion (tableau 1).12
APPLIQUER LE MARKETING MIX EN PRÉVEN-
TION ET CONTRÔLE DE L’INFECTION
Produit
En matière de prévention des infections, le principal
«produit» vendu n’est pas un bien physique mais plutôt un
comportement. Le rôle du concepteur est de découvrir les
perceptions du «client» afin de parvenir à susciter chez lui
un réel désir pour ce «produit» qui est, au premier abord,
parfois peu attrayant. Bien que le produit principal vendu
par VigiGerme soit immatériel, plusieurs autres produits
collatéraux ont été développés dans le cadre du program-
me, par exemple, des fiches signalétiques (figure 1),des dé-
pliants d’information, un module d’apprentissage
e-learning
et des affiches. Afin de rendre ces produits plus attrayants
et de faciliter leur reconnaissance, une attention particu-
lière a été portée à l’apparence graphique. Le choix d’une
charte graphique unique, sobre, moderne et visuellement
attrayante, transmet une image d’efficacité et de précision
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Description Exemple du milieu commercial Réalisation dans le programme VigiGerme
Produit Un objet ou un service qui est échangé iPod, software, vacances d’aventure, D’une part, le comportement préventif des soignants
entre le vendeur/producteur et counselling selon les règles établies, d’autre part, le programme avec
l’acheteur/le client et tout ce que ces composantes
ce produit peut représenter pour
l’acheteur
Prix Le prix et le montant que le client paie Prix abaissé d’introduction, Le «prix» (en termes d’effort) que les soignants doivent
pour le produit. Le client achètera le overpricing (prix trop élevé pour «payer» pour suivre les règles du comportement
produit s’il juge que les bénéfices sont donner un aspect de luxe au préventif. Le coût pour produire les outils mis à
plus grands que les coûts produit), soldes disposition et de l’entretien du programme (site web,
graphisme, etc.).
Place Traditionnellement la place du marché Page web, proximité auprès d’autres Association du programme VigiGerme avec des individus
où l’échange du produit a lieu. produits, association avec une importants dans l’institution, soutien par les Directions,
Aujourd’hui, ce concept est très large personnalité connue place dans le journal, personnalité qui donne le cours
et inclut le positionnement d’un produit d’initiation, placement du site web sur intranet, etc.
dans un environnement, les canaux de
distribution, le contexte émotionnel
Promotion La promotion englobe tous les moyens Pub à la télévision pour un détersif, Article dans un journal scientifique ou de presse grand
utilisés pour informer de l’existence concours pour l’introduction d’une public, aspect esthétique du matériel de signalisation des
d’un produit et de présenter nouvelle voiture, sponsorship pour patients infectés, réflexion favorable dans un discours du
ses avantages un événement sportif Directeur général
Tableau 1. Les 4 «P» du marketing
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