Janvier 2015
PROFESSIONS RÉGLEMENTÉES DU DROIT
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On identie trois grandes mesures : n des monopoles sur certaines activités, ouverture de l’entrée dans la
profession, modication des tarifs réglementés. On privilégie les eets potentiels de ces mesures sur l’acti-
vité, les prix et l’ecacité de l’ensemble de l’économie. Ces mesures peuvent améliorer le fonctionnement du
marché et accroître la concurrence, ce qui est susceptible de faire baisser les prix. Notamment l’anticipation
de la concurrence peut diminuer les prix ; mais certaines expériences étrangères ont montré que ces
réformes peuvent échouer à faire perdurer ces eets si les pressions concurrentielles produites initialement
par les réformes sont par la suite limitées par des barrières cachées, non tarifaires et des phénomènes de
collusion. Cela constitue autant de points de vigilance sur les évolutions en cours.
3.1 L’IMPACT ÉCONOMIQUE DES PROFESSIONS RÉGLEMENTÉES
Si les professions réglementées – et en particulier les professions juridiques concernées par la loi – représen-
tent une part très faible de l’emploi, elles jouent néanmoins un rôle économique important dans le secteur
des services aux entreprises et dans le fonctionnement adéquat de nombreux marchés (dont celui de l’im-
mobilier en particulier). Un meilleur fonctionnement de ces secteurs aura des répercussions positives pour
l’ensemble de l’économie : un marché de l’immobilier uide facilite par exemple la mobilité résidentielle et,
par là, peut améliorer le fonctionnement du marché du travail.
Parce que ces professions concourent à la sécurité juridique nécessaire à la bonne réalisation des transac-
tions, elles sont fréquemment régulées par l’État. Il y a dans la plupart des pays de l’OCDE des limites au
nombre d’opérateurs admis dans le marché, des contraintes d’installation, des restrictions à leur liberté
d’établir les tarifs de leurs services ou des formes légales contraintes pour l’exercice de ces professions.
Les raisons de l’existence de régulations sont diverses. Dans certains secteurs, les économies d’échelle et les
barrières naturelles à l’entrée peuvent justier une intervention de l’État dans la tarication et l’instauration
d’un nombre limité de licences. Dans d’autres secteurs, l’asymétrie d’information sur le produit ou le service
justie à la fois un contrôle de la qualité des entrants et des mécanismes de régulation de certains tarifs. Cela
implique néanmoins que des sanctions dissuadent la production de services de mauvaise qualité.
En dépit de ces justications théoriques s'appliquant au sein de chaque secteur quel que soit le pays, dans les
faits le degré de régulation dière fortement entre les pays. S’il est dicile de comparer les législations
existantes pour des services très spéciques (comme par exemple les services notariaux), on dispose de
données comparatives sur l’ensemble des métiers du droit qui peuvent donner une idée de la variété des
approches (voir le tableau synthétique en annexe, qui se limite à un sous-échantillon des pays disponibles).
Sur les 34 pays membres de l’OCDE, 17 d’entre eux n’ont aucune restriction, ni sur la forme légale des socié-
tés ni sur la xation des tarifs ; 14 d’entre eux n’ont pas de restrictions sur la coopération interprofessionnelle.
‘ Le risque de rentes liées à la régulation
La régulation des professions réglementées peut conduire, soit par manque d’évolution soit en raison d’une
conception déciente, à l’existence de « rentes économiques ». Ces situations de rentes se caractérisent par
des taux de rentabilité anormalement élevés, sans relation avec le risque ou la complexité du service rendu.
Plusieurs raisons peuvent l’expliquer : i) une régulation des tarifs déconnectée du coût du service rendu ;
ii) une régulation de l’entrée dans la profession qui organise la pénurie d’acteurs ; iii) un monopole sur une
activité dont les prix ne sont pas régulés. Inversement, en situation d’asymétrie d’information sur la qualité
des services, les consommateurs des services n’étant pas à même d’apprécier la qualité du prestataire, la
rente peut permettre de maintenir un niveau de qualité susant, par le souci des acteurs de préserver cette
rente qu’ils perdraient par le fait de mécanismes de réputation. Pour que cet argument soit valide, il faudrait
cependant constater d’une part que les réformes visant à diminuer la rente ont conduit à une baisse impor-