
jour même sur un donneur sain, sera filtrée puis
injectée sur une voie veineuse périphérique. Suit,
alors, une période d’aplasie profonde pendant
laquelle les risques principaux seront infectieux et
hémorragiques. Vers j15, nous observerons les pre-
miers signes de prise de moelle (amorce de sortie
d’aplasie) accompagnés des premières manifestations
de la réaction du greffon contre l’hôte. II s’agit d’une
particularité de la greffe de moelle : ce n’est pas le
receveur qui rejette l’organe greffé, mais les cellules
greffées qui rejettent le receveur.
-
la troisième période concerne le passage en chambre
protégée et la convalescence. Elle s’étend de
J31
à
Jl
00. Durant cette période, le greffé apprend à se sur-
veiller et à respecter certaines règles indispensables
d’hygiène, d’alimentation, de prise du traitement...
Les risques principaux à cette étape sont : la réactiva-
tion d’une G.V.H., les infections liées à des germes
tels que le C.M.V., le pneumocystis, l’aspergillus,
I’herpès. Le greffé est surveillé en hospitalisation de
jour et est réhospitalisé au moindre signe critique.
-
la dernière étape se situe après la sortie de l’hôpital.
C’est une période longuement espérée par le patient.
Les difficultés déjà citées restent toujours présentes.
S’ajoutent principalement le risque de rechute de la
maladie hématologique qui survient le plus souvent
dans l’année qui suit la greffe.
Retentissement sur la personne soignée
On ne peut pas envisager la greffe de moelle sous le
seul angle technique et médical. La greffe induit des
changements au niveau de la personne «entité phy-
sique et psychologique», et aussi au niveau de
I’indi-
vidu doté d’un rôle familial, social et professionnel.
Les modifications sont d’ordre physiques et physiolo-
giques : alopécie, amaigrissement, altération de I’inté-
grité de la peau et des muqueuses, risques d’insuffi-
sance rénale, hépatique et respiratoire.
Elles entraînent une perturbation de l’image corporelle.
Le patient manifeste sa peur liée à la prise de
conscience qu’un échec peut survenir. Le doute majore
son stress, son angoisse : il ne prend plus d’initiatives,
ne fait plus de projets, il a le sentiment de ne plus être
maître de sa vie. II est à la disposition des soignants, de
la structure hospitalière.
Des liens particuliers peuvent apparaître entre le rece-
veur et le donneur lorsque celui-ci appartient à la fra-
trie. Une connivence s’installe, parfois au détriment du
reste de la famille qui se sent exclue de la relation.
La longue absence du patient au sein de la structure
familiale et professionnelle, va l’exclure d’un groupe
qui s’est modifié sans lui. II n’en est plus le pilier. Le
patient greffé va vivre cela en spectateur : il se sent
dépossédé du rôle qu’il s’attribuait auparavant. La vie
s’est poursuivie sans lui. Cette «mise en veilleuse» va
se prolonger avec un sentiment d’incompréhension de
part et d’autre.
Les incidences au niveau du couple vont être majorées
du fait de la perturbation de la sexualité. Elle est due
d’une part aux effets du traitement (stérilité, diminution
de la libido), et d’autre part à la modification de
l’image corporelle.
Tous les phénomènes cités vont aboutir à une remise
en question complète de l’individu et des valeurs aux-
quelles il s’accroche, et perturbent l’estime de soi.
C’est dans tout ce ressenti complexe et douloureux
qu’il va appréhender sa sortie, nécessitant une aide de
la part du soignant. L’information peut-elle apporter
une réponse à ses difficultés
?
2.3. l’information
L’information au malade est insérée dans le contexte
de la communication. Or, un système de communica-
tion
n’est jamais parfait, particulièrement en
Hématologie où les problèmes soulevés sont liés à la
nature même de cette spécialité : la greffe de moelle
osseuse est le seul espoir face à une mort proche et
lointaine à la fois. Le malade est le récepteur d’un
double message : d’une part l’espoir affiché et d’autre
part une mort annoncée. La communication ne sera
jamais idéale : la qualité même du message émis n’a
pas pour corollaire la qualité du message reçu, car
I’in-
formation ne tombe jamais en terrain neutre.
Si les mots ont un sens, si les non-dits ont leur sens, ils
vont provoquer chez le patient des réactions diverses.
Quelles sont elles
?
La quête d’information réduit le sentiment d’incerti-
tude : pour CASSILETH
(1980),
les patients qui souhai-
tent le maximum d’informations, bonnes ou mauvaises,
ont davantage d’espoir en la guérison que ceux qui
n’en souhaitent pas. L’information renforcerait l’espoir
aux dépens des incertitudes.
l’information permet de regagner le contrôle sur les
évènements : le sentiment de perte de contrôle déci-
sionnel sur les évènements paraît corrélé aux senti-
ments de dépendance, abandon, vulnérabilité, incerti-
tude du malade.
L’angoisse est générée par le haut degré d’incertitude
lors du départ au domicile : clairement informé, le
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Recherche en soins infirmiers
No
55
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Décembre 1998