Dépôt Institutionnel de l’Université libre de Bruxelles / Université libre de Bruxelles Institutional Repository Thèse de doctorat/ PhD Thesis Citation APA: Tencer, R. (1961). Etude cytochimique du métabolisme des acides nucléiques au cours des premiers stades du développement de l'embryon de batracien (Unpublished doctoral dissertation). Université libre de Bruxelles, Faculté des sciences, Bruxelles. Disponible à / Available at permalink : https://dipot.ulb.ac.be/dspace/bitstream/2013/215571/3/f0fa6a4a-f89a-4c22-b67d-b7cd49a8b61a.txt (English version below) Cette thèse de doctorat a été numérisée par l’Université libre de Bruxelles. L’auteur qui s’opposerait à sa mise en ligne dans DI-fusion est invité à prendre contact avec l’Université ([email protected]). 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ETUDE CYTOCHIMIQÜE DU METABOLISME DES ACIDES NUCLEIQUES AU COURS DES PREMIERS STADES DU DEVELOPPEMENT DE L'EMBRYON DE BATRACIEN Mémoire présenté pour l'obtention du grade de Docteur en Sciences Zoologiques Université libre de Bruxelles Laboratoire de Morphologie animale R. TENCER 1961 Nous aimerions témoigner notre profonde gratitude et notre respectueuse admiration à Monsieur le Professeur Brachet en reconnaissance de l'enseignement que nous lui devons. Nous adressons nos remerciements à Madame Picq qui nous a enseigné l'autoradiographie et nous a fait profiter de son expérience tout au long de ce travail. Nous tenons, tout particulièrement, à remercier Madame et Monsieur De Saedeleer qui nous ont si gentiment aidée dans la préparation des photographies. Enfin, nous remercions vivement l'Institut Interuniversi­ taire des Sciences Nucléaires pour l'aide financière qu'il nous a accordée. R. TENCER ETUDE CYTOCHIMIQUE DU METABOLISME DES ACIDES NUCLEIQUES AU PREMIERS STADES DU COURS DEVELOPPEMENT L’EMBRYON DE BATRACIEN MÉMOIRE PRÉSE'NTÉ POUR L'OBTENTION DU GR7\DE DE DOCTEUR EN SCIENCES ZOOLOGIQUES LABORATOIRE DE MORPHOLOGIE ANIMALE UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES 1961 DES DE TABLE DES MATIERES Pages INTRODUCTION 1 lere PARTIE : Etude autoradiographique de l'incorporation de précurseurs radioactifs dans les embryons de Batraciens 11 Introduction 11 Partie expérimentale 14 A. Incorporation de d'urodèles 14 CO^ dans des gastrulas 14 1. Incorporation de ^^C02 dans des gastrulas d'Axolotl (Siredon mexicanum) 14 2. Incorporation de ^^C02 dans des embryons de Pleurodeles V/altii après centrifugation de la gastrula 18 B. Incorporation de précurseurs d'acides nucléiques dans des embryons après désintégration du "coat" 21 1. Incorporation de thymidine-H3 1) dans des embryons normaux 2) dans des hybrides létaux 22 22 24 2„ Incorporation d'uridine-H5 Effet de la: fluorodésoxyuridine Effet de la thymidine, de la d^xycytidine et de la désoxyadénosine 28' 35 36 3» Incorporation d'adénosine-H3, d'adénine-C14, d'acide orotique-C14 37 Discussion 2ème PARTIE : Les effets des fluoropyrimidines sur le déve­ loppement embryonnaire Introduction 41 45 45 II Partie expérimentale 47 A. Les effets des fluoropyrimidines sur la segmentation 47 1. La fluorodésoxyuridine (FUDR) a) les effets de la PdDR b) expériences de réversibilité c) expériences de protection 47 47 50 53 2. Le fluorouracile (Fü) 54 3* La fluorouridine (PUR) 55 B. Les effets des fluoropyrimidines sur la blastula et la gastrula de Pleurodèles 55 1. La fluorodésoxyuridine 2. Le fluorouracile 3* La fluorouridine c. Incorporation de précurseurs marqués dans des embryons traités à la FUPR Discussion 55 ' 58 61 61 62 DISCUSSION GENERALE 6? BIBLIOGRAPHIE 70 INTRODUCTION A partir d'une cellule oeuf s'édifie un organisme complexe ; à partir d'une cellule, chargée de réserves, où aucune spécialisation, aucune structure particulière n'est reconnaissable, se développent des cellules, des tissus, des organes hautement spécialisés. Très précocement, d'ailleurs, les différentes régions de l'embryon ont un comportement différent et produisent des organes divers dont l'ensemble harmonieux constitue l'organisme adulte. Ainsi, tout en se divisant, le zygote donne naissance à des cellules, à des territoires qui, au cours du développement, vont se diversifier et se différencier de plus en plus 5 au cours du temps, ces cellules vont acquérir et manifester des complexes de structures, des fonctions de plus en plus spécialisées. L'embryon évolue sans cesse et à tout moment, on se trouve en présence d'un enchevêtrement de phénomènes, de réactions et d'interactions multiples. Et, qu'il s'agisse de la transformation de l'ectoblaste en neuroblaste, de la cinématique des cellules pendant la gastrulation ou, plus tard, d'une différenciation histologique, on ne connaît que certaines caractéristiques de la modification et on ignore les mécanismes qui commandent ces changements. Toutefois, on considère généralement que la différenciation s'accompagne de la formation de protéines spécifiques. L'utilisation de méthodes immunologiques a montré que de nouveaux antigènes apparaissaient dès le stade gaetrula (Perlmann et Gustafson (I948), Perlmann (1953)» Harding et col. (1954) chez l'oursin, Cooper (1948), Clayton (1953) chez les Amphibiens). 2 D'ailleurs, d'une façon générale, des synthèses protéiques ne peuvent être détectées pendant la segmentation, elles ne débuteraient qu'à la gastrula et deviendraient de plus en plus importantes au cours du temps. Spiegel (i960) a étudié, au cours du développement, les protéines solubles en les caractérisant par leur mobilité électrophorétique. Dans cette étude, il apparaît que certaines protéines disparaissent au cours du développement. Il pourrait s'agir d'une restriction des capacités de synthèse des cellules différenciées ou d'une modification des propriétés de solubilité des protéines. Rappelons, d'autre part, les résultats d'Ebert (1955) sur le comportement de la myosine. Dans le jeune embryon de poulet, la myosine cardiaque se synthétise déjà ; au stade de la ligne primitive, les groupements antigéniques de cette myosine sont répartis uniformé­ ment dans tout l'embryon. Mais, quelques heures plus tard, la distribution de la myosine se confine au territoire qui donnera p1v>-. tard naissance au coeur. Ainsi, l'édification de l'ébauche cardiaque entraîne la disparition, dans une grande partie de l'embryon, de la capacité préexistante de synthétiser la myosine cardiaque. Au cours du développement, on observe donc l'apparition de protéines nouvelles. A la fois, on peut montrer qu'au cours du temps des cellules embryonnaires perdent la capacité de synthétiser une protéine. Enfin, certaines protéines disparaissent, d'autres subis­ sent peut-être des modifications. On peut considérer qu'au cours du développement s'établissent des séquences, des arrangements particuliers responsables de la synthèse des protéines nouvelles. L'établissement de ces séquences est évidemment sous le contrôle du nouveau génôme établi dans l'oeuf au moment de la fécondation. Progressivement et par des mécanismes qu'il faudra préciser, celui-ci contrôlera l'agencement des cellules. Signalons à ce propos que Keck (i960) a montré, par des greffes noyau-cytoplasme entre les algues Acetabularia mediterranea et Acicularia Schenckii que la phosphatase acide de l'algue Açicularia est modifiée ou remplacée par la phosphatase acide du type 5 mediterranea en présence du noyau mediterranea. Cependant, quand le ‘ rhizoïde Acicularia se trouve en présence du cytoplasme mediterranea, on ne décèle que l'enzyme du type mediterranea» Enfin, un autre point concerne la manifestation de ce génome dans un cytoplasme hétérogène» Si on admet que ce dernier peut influencer son expression, on peut, dans une certaine mesure, comprendre la diversification embryonnaire» En effet, l'oeuf présente une très grande hétérogénéité qui joue sans doute un rôle important dans le développement ultérieur et qui a donné naissance au concept de gradient. Chez les Amphibiens, en particulier, l'oocyte mûr possède une polarité suivant un axe vertical, animal-végétatif, qui se manifeste nettement dans la distribution du vitellus : en effet, chez les Batraciens, le vitellus se présente sous la forme de plaquettes de toutes dimen­ sions et, quoique distribué dans tout le cytoplasme de l'oeuf, le vitellus est plus abondant au pôle végétatif où les plaquettes sont aussi plus grandes» Une seconde polarité, dorso-ventrale, se superpose à la première. Si celle-ci est peut-être déjà esquissée dans l'oeuf vierge, elle se stabilise à la fécondation lors de l'apparition du "croissant gris". Il est important de signaler que ces 2 gradients se retrouvent, inversés, dans différentes activités biochimiques» Enfin, une autre particularité de l'oeuf réside dans la nature de son cortex qui joue un rôle important dans certains mouvements morpho­ génétiques (Holtfreter, 1945 ; Curtis, I960). Dans une cellule adulte ou dans une bactérie, la séquence qui mène du gène à la protéine commence à être quelque peu connue, ou, du moins, on en connaît certains points» Si le rôle génétique est dévolu à l'acide désoxyribonucléique (ADN), on ne possède cependant aucune évidence de son intervention directe dans la synthèse des protéines» De nombreuses données portent à croire que, dans la transmission de l'information, les acides ribonucléiques jouent un rôle très important» 4 L'hypothèse d'une relation entre l'acide ribonucléique (ARN) et la synthèse des protéines avait été formulée par Brachet, dès 1941» à la suite d'études cytochimiques. Simultanément, Caspersson ('194'! )> au moyen d'une autre méthode, était arrivé à la même conclusion. Depuis, cette hypothèse a suscité de nombreux travaux qui ont permis de préciser quelque peu cette relation. Une première étape de la synthèse des protéines concerne l'acti­ vation des acides aminés et leur transport par un polynucléotide soluble de faible spécificité. Cet ARN soluble ou "de transfert" transporte les acides aminés activés aux ribosomes qui sont des centre" de synthèses protéiques. La spécificité relèverait du ribosome sur lequel, par sa configuration, viendraient s'attacher dans un certain ordre les différents ARN transporteurs. Plus récemment, des auteurs ont attiré l'attention sur une fraction particulière d'ARN : l'ARN messager. Volkin et Astrachan (■1956), Astrachan et Volkin (1958) ont montré qu'après infection par un phage, il est possible d'isoler un ARN très instable dont la composition en bases est voisine de celle de l'ADN infectant. Plus récemment. Hall et Spiegelman (196I) ont montré qu'il y a moyen d'isoler cet ARN et qu'il peut former une hélice mixte avec de l'ADN complémentaire. Enfin, des expériences de Brenner et coll. (I96I) soulignent aussi l'importance d'un ARN très instable qui apparaît, notamment, après une infection. D'après ces auteurs, la spécificité serait liée à cet ARN qui viendrait se fixer sur des ribosomes qui, par eux-mêmes, ne seraient pas porteurs de message. Si ce système existe dans les cellules bactériennes, il n'a pas encore été mis en évidence dans une cellule embryonnaire ou adulte et ce sera l'une des tâches du proche avenir de démontrer sa généralité. Dans diverses cellules, on a montré que la synthèse d'ARN nucléaire est importante et rapide, tant dans les nucléoles que dans les régions hétérochromatiques. Toutefois, il est malaisé de mettre clairement en évidence des passages d'ARN du noyau au cytoplasme. 5 Brachet (1944> 52, 57, 60) a fréquemment souligné le rôle impor­ tant joué par l'AM dans la morphogénèse. Il a montré que l'ARN est distribué suivant un gradient décroissant du pôle animal au pôle végétatif dans l'oocyte mûr, l'oeuf fécondé et l'oeuf en segmentation. A la gastrula, un second gradient d'ARN dorso-ventral se superpose au premier. Ces gradients d'ARN se superposent aux gradients morphogénétiques de l'embryologie expérimentale. Par ailleurs, toute action ayant un effet sur la synthèse de l'ARN provoque des retards ou des anomalies dans le développement. Inversément, quand le développement est altéré expérimentalement, par centrifugation ou retournement, les gradients ribonucléiques sont profondément modifiés. Cependant, jusqu'à la gastrula, des synthèses d'ARN ne sont guère décelables.' La teneur en ARN augmente pendant la gastrulation, mais surtout pendant la neurulation. La synthèse d'ARN est surtout appréciable dans les régions dorsales de l'embryon en différenciation. On sait que de nombreux phénomènes importants prennent place à la gastrulation : jusqu'à ce stade, l'embryon présente vine certaine plasticité. On sait que, dans une jeune gastrula, de nombreuses transformations sont possibles ; l'ectoblaste peut donner du neuroblaste, du mésoblaste et même de l'entoblaste | le mésoblaste ventra] peut donner de la chorde, etc... Quand on avance dans le temps, ces transformations ne sont plus possibles. qui Des modifications ont eu lieu excluent la possibilité de telles transformations et qui condui­ sent à la perte de la "compétence". C'est à ce même moment que s'arrête le développement dans les oeufs fécondés par des spermatozoïdes intoxiqués par un gaz moutarde et de nombreux hybrides létaux. En effet, on sait que, après une fécondation entre espèces ou genres différents, l'embryon se segmente normalement ; dans tous les cas étudiés, qu'il s'agisse d'embryons haploïdes ou diploïdes, le stade le plus précoce du blocage est la blastula avancée ou la jeune gas­ trula. produit. On ignore encore les raisons pour lesquelles ce blocage se 6 Brachet (1954) a décrit l'aspect particulier que présentent certains noyaux dans ces hybrides charge anormale en ARN. î ceux-ci se caractérisent par une Tout se passe comme si les noyaux de la gastrula bloquée synthétisaient l'ARI'f a une vitesse trop grande et comme si cet excès d'ARN (qui pourrait être de composition anormale) ne pouvait plus être utilisé par le cytoplasme (Brachet 1954)* Zeller (1956) a publié des résultats en accord avec ceux de Brachet, à la suite d'études sur des hybrides létaux d'Urodèles. En ce qui concerne la synthèse d'ADN, divers travaux indiquent qu'elZo a lieu normalement dans les hybrides létaux. Toutefois, la question des modalités de la synthèse d'ADN au cours des premiers stades du développement embryonnaire a suscité de très nombreux travaux et est encore quelque peu controversée. En effet, le dosage de l'ADN dans l'embryon se heurte à de sérieu­ ses difficultés techniques ; la quantité d'ADN présente dans la pronucleus femelle, qu'à priori on suppose relativement petite, est perdue dans d'abondantes réserves de substances diverses pouvant interférer dans les dosages et sensiblement modifier les résultats. Une technique microbiologique, qui semblait très spécifique et très sensible, a été utilisée par des auteurs danois (Hoff-Jj(^rgensen et Zeuthen, 1952 ; Hoff-Jj((rgensen 1954)» Be principe de cette méthode est le suivant s on utilise une souche bactérienne exigeant comme facteur essentiel de croissance un désoxyribonucléoside ; en mesurant la croissance des bactéries en présence d'un extrait de matériel à doser, on peut, à condition de dégrader l'ADN, mesurer quantitativemcn'' la teneur en ADN. Les dosages sont effectués sur une poudre acétoniqi:;: soumise à l'action de la désoxyribonucléase (DNase). D'après Hoff-J^rgensen (1954)> la synthèse de l'ADN ne débuterait qu'au stade 16 blastomères chez l'Oursin, à la fin de la segmentation chez la Grenouille et à partir du 5ème jour seulement dans l'embryon de poulet. Gregg et L/^vtrup (1955)» L/vtrup (1959) ont confirmé ces résultats chez les Amphibiens. 7 En effet, Hoff-j/rgensen et Zeuthen (1952) ont trouvé des quan­ tités d'ADN beaucoup trop grandes comparées à la quantité n du sper­ matozoïde ou 2n des noyaux de foie de la même espèce. Ce résultat - la teneur élevée en ADN - au chiffre près concorde avec les cçnclusions de travaux plus anciens, où les auteurs (Bràchet 1954, Sze 1955) avaient utilisé des techniques différentes. Néanmoins, ces auteurs ont mis en évidence une synthèse au cours des premiers stades du développement. En résumé, quelle que soit la technique utilisée, les auteurs sont unanimes à trouver des quantités trop grandes d'ADN dans l'oeuf au début du développement et sont amenés à penser que l'oeuf vierge doit contenir une réserve d'ADN dans son cytoplasme. A l'opposé des résultats biochimiques, la mise en évidence de l'ADN dans le noyau des oocytes par la technique de Feulgen n'est guère aisée. Tantôt la réaction Feulgen est négative, tantôt elle est très faible. Marshak et Marshak (1955) ont soutenu que le noyau de l'oeuf mûr d'Oursin ne contient pas de matériel Feulgen positif décelable. D'après ces auteurs, la dispersion de l'ADN dans la vésicule germina­ tive ne peut expliquer le manque de colorabilité. Par contre, Burgos (1955*) a décelé du matériel Feulgen positif dans le pronucleus femelle de l'oeuf mûr d'AxbacAprès traitement des coupes à la DNase, la réaction Feulgen ..‘-t de-'enue négative. Du matériel Feulgen positif a également été mis en évidence dans l'oeuf d'Oursin par Brachet et Ficq (1956). Immers (1957), par contre, a confirmé les résultats de Marshak et affirmé que l'ADN, du moins sous sa forme habituelle, est absent du pronucleus et aussi durant iine certaine période dans le eyncaryon. Marshak a appuyé ses résultats cytochimiques par des dosages biochimiques. Mais à l'inverse d'autres auteurs, il ne trouve pas d'ADN dans le cytoplasme de l'oocyte. 8 Marshak et Marshak (1953) ont utilisé une technique très spéci­ fique et très sensible : le dosage de l'ADN par dilution isotopique de la thymine. Sans suivre Marshak dans ses conclusions, nous retiendrons cependant 2 points importants de ses critiques : - le danger de contamination de l'ADN oocytaire par les noyaux des cellules folliculeuses, déjà signalé par Brachet dès 1936 ; - la présence de thymine libre dans l'oocyte (Marshak et Marshak 1954). En ce qui concerne les Batraciens, dès 1952 , Hoff-J/(rgensen et Zeuthen avaient montré qu'une partie importante de l'ADN qu'ils dosaient se trouve dar.'? le cytoplasme de l'oocyte. Ce dernier con­ tiendrait 5*000 fois plus d'ADN que la vésicule germinative. Quelle est la constitution de cet ADN et quel est son rôle ou sa participation dans les premiers stades du développement embryon­ naire ? Grant (1958a), modifiant légèrement la technique des auteurs danois, a fractionné son matériel en acido-soluble et acido-insoluble. Ses résultats montrent que l'oocyte contient une quantité importante de composés désoxyribosidiques solubles à côté d'un ADN insoluble qui augmenterait au cours du développement. Les valeurs qu'il trouve pour cet ADN sont plus faibles que celles des auteurs danois. Des résultats assez semblables ont été obtenus par Kuriki et Okazaki (1959) : ces auteurs confirment la présence dans les embryons de composés désoxyribosidiques acido-solubles constitués principale­ ment par des désoxynucléotides di- et triphosphates ; enfin, tout en trouvant un excès d'ADN dans l'oeuf (par rapport à la valeur diploïde), ils observent cependant une augmentation de la teneur en ADN dès la segmentation. On peut se demander quelle est la quantité d'ADN présente dans le noyau de 1'oeuf ? England et Mayer (1957) ont isolé des vésicules germinatives et y ont trouvé les mêmes quantités d'ADN que dans les noyaux des cellules somatiques. 9 Mais ces résultats sont en contradiction avec ceux de Finamore et coll. (1960) qui ont également isolé des vésicules germinatives et dosé l'ADN par un dosage du P désoxyribonucléique. Ils concluent de leurs expériences que l'hypothèse de la constance de l'ADN par noyau n'est pas valable dans le cas du noyau de l'oocyte. Cependant Bieber et col. (1959) en combinant des méthodes dif­ férentes - dosages de P, analyse colorimétrique du désoxyribose, détermination microbiologique, dosage de l'ADN isolé - sont arrivés aux conclusions suivantes : la quantité de composés désoxyribosidiques est plusieurs milliers de fois supérieure à celle trouvée dans le sperme. Ces composés comprennent de l'ADN, des dérivés acido-solubles■ une fraction qui est extraite par du NaCl, mais n'est pas précipitable par l'alcool - cette fraction représente 85 i° de l'ADN - et enfin, un composé riche en P et en désoxyribose, mais qui n'absorbe pas ou très peu dans l'U.V. - il s'agirait d'un polymère pentose-phosphate. Enfin, 9/I 0 environ de ces composés se trouvent dans le cytoplasme. Bien que la situation soit encore confuse et les données fragmen­ taires, la question semble cependant se préciser. En ce qui concerne la réserve cytoplasmique, il semble qu'elle existe principalement sous forme soluble ou sous une forme polymérisée qui ne présente pas les propriétés de l'ADN. Signalons, à ce propos, les travaux de Durand (196O), qui a étudié cette question dans les oeufs d'insectes. Il a pu montrer, entre autres, l'existence dans le cytoplasme de 1'oocyte,d'un ADN sensible à la DNase, mais dont la composition en bases est anormale. Cependant, on ne possède encore aucune indication sur la partici­ pation de cette réserve à la formation de nouveaux noyaux et on n'a de données définitives ni sur la vitesse de synthèse de l'ADN pendant les premiers stades, ni sur les modalités de cette synthèse, ni sur la quantité d'ADN existant dans le noyau de l'oocyte ou dans les noyaux au cours du développement. B.C. Moore (1955)» pa^r des mesures histo- photométriques, a montré, cependant, que la quantité d'ADN par noyau est très variable et différente de la quantité diploïde ou tétraploïde de l'espèce. 10 Le présent travail porte sur le métabolisme des acides nucléiques au cours des premiers stades du développement. Nous avons vu que, jusqu'au stade gastrula, les synthèses sont peu importantes, tant en ce qui concerne les acides nucléiques que 1er protéines. A ce stade, on observe une reprise de toutes les activités de synthèse. Cependant, vu l'hétérogénéité et la complexité du matériel, ’ l'accumulation de réserves qu'on considère comme métaboliquement inactives, on ne peut cependant affirmer qu'il n'existe pas des eynthèses discrètes qui s'accomplissent dès le début du développement et que des méthodes biochimiques ne permettent pas de déceler. C'est pourquoi il nous a semblé intéressant de combiner l'emploi de radioisotopes, précurseurs d'acides nucléiques, à une détection des traceurs au niveau cellulaire. 1ère partie du travail. Ces expériences sont décrites dans la Dans la seconde, nous avons essayé de modifier le métabolisme normal des acides nucléiques en traitant les embryons par des dérivés fluorés des pyrimidines. 11 1ère PARTIE ETUDE AUTORADIOGRAPHIQÜE DE L'INCORPORATION DE PRECURSEURS RADIOACTIFS DANS LES EMBRYONS DE BATRACIENS INTRODUCTION Au cours de ces dernières années, quelques travaux ont porté sur l'incorporation de précurseurs radioactifs d'acides nucléiques et de protéines dans les embryons en voie de développement. Il faut remarquer tout d'abord que les résultats de ces expérien­ ces d'incorporation sont en bon accord avec les dosages biochimiques : en effet, pour tous les précurseurs étudiés, les incorporations sont faibles jusqu'à la gastrula ; à ce moment, les acides nucléiques et les protéines se marquent très rapidement. Citons notamment les travaux de Kutsky (1950)> qui a étudié le métabolisme du P dans les embryons de Rana pipiens. L'auteur a injecté le phosphate radioactif à la femelle avant la ponte et a suivi au cours du développement la distribution du radioisotope dans diffé­ rentes fractions. Dès le début du développement, on observe un marquage, assez faible cependant, des acides nucléiques, tant dans l'ADN que l'ARN. Jusqu'au début de la gastrulation, la distribution du traceur varie très peu. A ce stade, le transfert de de la fraction acido-soluble aux acides nucléiques, devient très important. Grant (1958b) a obtenu des résultats assez similaires quand il a injecté du P^^ ou de la glycine-C^^^ dans l'oeuf fécondé. L'incorpo­ ration de la glycine augmente notablement pendant la gastrulation. Cohen (1954) a montré que le ^^CO^ entre dans le cycle de Krebs et qu'il est incorporé dans les protéines et les acides nucléiques des embryons. 12 Flickinger (1954)» utilisant ce meme précurseur, a obtenu des résu tats semblables. Fn ce qui concerne les acides nucléiques, 1 ' incorporf;. tion dans l'ARN est très importante comparée au marquage de l'ADlT. Une fois de plus, les vitesses d'incorporation augmentent sensiblement à la gastrulation. Ces résultats ont également été confirmés par Tiedemann et Tiedemann (1954)» Fnfin, les travaux de Friedberg et Eakin (1949) sur l'incorporation de la glycine-C14 et de Eakin et coll. (1951) sur celle de la méthionine montrent que, pour les protéines également, l'incorporation est quasi négligeable jusqu'à la gastrula et qu'elle eugmente à ce stade. En ce qui concerne l'autoradiographie, signalons les travaux de Ficq (1954)J de Sirlin et -ïaddington (1954)» de Brachet et Ledoux (1955 et de Sirlin (1955, 1959)Ficq (1954), utilisant la technique des émulsions nucléaires, a analysé l'induction neurale en greffant des organisateurs marqués au préalable soit au glycocolle, soit à l'acide orotique. Elle a observé, entre autres, que l'activité est très nettement localisée dans les noyaux et que les régions à morphogénèse active sont celles qui se marquent le plus. Brachet et Ledoux (1955) ont montré que, pendant la segmentation, 809^ des traces proviennent des noyaux après traitement des embryons au ”'^C02. Sirlin et Waddington (1954) et Sirlin (1955), utilisant la méthode de stripping de Doniach et Pelc (1950), ont suivi le sort de la glycine et de la méthionine dans les embryons de triton. Ils ont également observé une activité nucléaire intense t pour ces auteurs, l'activité serait prédominante dans les noyaux de l'organisateur. Plus récemment, Sirlin (1959), étudiant l'incorporation de phénylalanine et d'acide orotique, a montré que les noyaux de l'organisateur incorporent plus rapidement l'acide orotique que ceux des autres terri­ toires . Enfin, tout récemment, B.C. Moore (1959) a pu observer un marquage des noyaux des morulas après injection de thymidine-HJ aux femelles 49 h avant la ponte. 13 Cependant, ces ctudes ont été limitées par l'existence d'un "coat" (revêtement superficiel) recouvrant les embryons et les rendant peu perméables à un grand nombre de substances. Si le COg diffuse rapidement à travers la membrane vitelline et le "coat" des embryons, les autres précurseurs semblent ne pénétrer que très lentement. Dans la plupart des travaux, le précurseur a été injecté soit à la femelle quelque temps avant la ponte, soit dans l'embryon lui-même. Un autre procédé consiste à immerger dans la solution radioactive des fragments d'embryon ou encore des embryons largement entaillés. En raison de sa vitesse de pénétration, nous avons d'abord suivi l'incorporation de CO^ dans des gastrulas d'ürodèles. Ensuite, nous avons utilisé des précurseurs plus spécifiques des acides nucléiques. Dans ce but, nous avons, en collaboration avec W. BIELIAVSKY, développé une technique facile permettant d'obtenir l'incorporation, dans les cellules embryonnaires, de divers précurseurs, auxquels l'embryon est normalement peu perméable. On sait, depuis les travaux de Holtfreter (1943, 1944), que lorsqu'on place les embryons dans un milieu dépourvu de Ca"*^'*' et conte­ nant un chélateur d'ions bivalents comme le versène ou le citrate, on observe la désintégration de la couche superficielle du cortex et la désagrégation de l'embryon en cellules dissociées. Nous avons observé que ces cellules sont très perméables. L'incorporation des précurseurs a été étudiée par autoradiographie. Nous avons suivi la technique des émulsions nucléaires mise au point par A. Ficq (1955) . La technique cytochimique à elle seule ne nous renseigne malheu­ reusement pas sur le mode d'incorporation du précurseur et sur la radioactivité spécifique des macroraolécules marquées. Mais,lorsqu'on se trouve en présence d'un matériel aussi complexe qu'un embryon, il est tout aussi intéressant de posséder des données sur la distribution des substances actives dans les différentes régions de l'embryon et au niveau de ses constituants cellulaires. 14 PARTIE EXPERIMENTALE A. Incorporation de '*‘^00- dans des gastrulas d'Urodèles. 1 . INCORPORATION DE '*'^00^ DANS DES GaSTRÜLAS D'AXOLOTL Nous avons suivi l'incorporation de ce précurseur dans les acides nucléiques et les protéines par la méthode autoradiographique. Les gastrulas d'Axolotl traitées dans cette étude présentent de grandes cellules où on peut, sans trop de difficultés, dénombrer et localiser les traces laissées dans l'émulsion photographique par les p du Procédé expérimental s Les oeufs d'Axolotl obtenus par ponte spontanée étaient dégangués et lavés dans une solution saline ayant la composition suivante s NaCl, 550 mg ; KCl, 5 mg ; CaCl2, 10 mg ; H2O, 1.000 c.c. 2 c.c. de la solution saline additionnée de bicarbonate radioactif (concentration finale 4 pc./c.c. soit 56 y/c.c.) étaient versés dans un pèse-filtre. Dix à vingt oeufs étaient traités, dans un pèse-filtre, pendant une durée de 5 heures. Après ce laps de temps, les embryons étaient lavés et fixés à 1'alcool-acétique à froid (acide acétique à 5 pour cent dans l'alcool absolu refroidi à - 8°) pendant 4 heures. Après un séjour de 12 heures dans de l'alcool absolu, également à - 8°, les oeufs étaient placés dans du toluol préalablement refroidi 5 ils étaient enfin ramenés à la température ordinaire et enrobés dans la paraffine. Les ooupes de 10 microns étaient déposées sur des lames recouvertes au préalable d'un film de gélatine alunée, permettant l'application de l'émulsion. Certaines lames ont été traitées à la ribonucléase pendant 1 à 2 heures à 58° (conc. 0,4 à 1 mg/c.c.) afin d'éliminer l'activité de l'ARN. Un autre lot de préparations a été soumis à l'action successive de la ribonucléase et de la désoxyribo- 15 nucléase (2 heures dans une solution à 0,1 mg/c.c. de NaCl ^ o/oo addi tionnée de M/300). Après un lavage soigneux des lames hydrolysée et séchage, l'émulsion nucléaire était appliquée suivant la technique décrite par Ficq (1955) • I^es durées d'exposition étaient de 5 jours. Après révélation et fixation, toujours suivant la technique de Ficq, les préparations ont été colorées au mélange vert de méthyl-pyronine pendant 10 minutes environ, lavées à l'eau courante et montées à la glycérine. Résultats ! Nous avons étudié quatre régions de jeune gastrula (cf. fig. 1). Le tableau 1 donne les résultats. C'est le neuroblaste qui présente la plus forte activité ; l'ectoblaste est un peu plus actif que le chordomésoblaste, tandis que l'entoblaste est très peu actif. D'ime façon générale, l'activité est élevée dans les noyaux. Les divers territoires de la gastrula avancée où les traces ont été dénombrées sont indiqués sur la fig. 2. résumés dans le tableau 2. Les résultats sont L'activité se distribue de la même façon que dans la gastrula jeune. Enfin, nous avons déterminé l'activité par unité de surface pour le cytoplasme et le noyau. Les tableaux 3 et 4 résument les résultats obtenus aux deux stades étudiés. Nos observations montrent que, dès la jeune gastrula, des gradients d'activité sont très reconnaissables dans le cytoplasme, sans qu'il y ait de grandes différences pour les noyaux ; au stade gastrula avancée par contre, les noyaux présentent des gradients d'activité très nets, parallèles à ceux qu'on trouve dans le cytoplasme aux deux stades étudiés. 16 Fig. 1. Jeune gastrula. Territoires étudiés: a, neuroblaste présomptif; b. ectoblaste; c, région correspondant à l’organisateur; d, portion entoblastique. Fig. 2. Gastrula avancée. Territoires étudiés: a, blaste; B. ectoblaste ventral; c, chordomésoblaste; tion entoblastique. Tableau 1 neuro­ por­ d, : Résultats relatifs à la je\ine gastrula. Nombre moyen de traces par unité de surface des quatre territoires étudiés (cf. fig. 1) Régions A. Neuroblaste B. Ectoblaste C. Région de l'organisateur D. Portion entoblastique I I I 1 I Nombre de traces/156 |i Nombre total de traces/nombre total de surfaces I I I 1 3,12 572/183 1,85 737/402 » j j I } cp 0,50 711/405 166/331 Dans la colonne de droite figurent le nombre total de traces et le nombre total de surfaces dénombrées. Tableau 2 : Résultats relatifs à la gastrula avancée. Nombre moyen de traces par unité de surface des 4 territoires (cf. fig. 2) Régions } I I ..................-......................................4 I A. Neuroblaste { B. Ectoblaste ventral C. Chcrdomésoblaste D. Portion entoblastique { I } I { Nombre de traces/156 ji. Nombre total de traces/nombre total de surfaces 4,14 1556/572 2,91 993/541 1,00 546/541 0,55 151/238 17 Tableau 3 : Jeune gastrula. Nombre moyen de traces par unité de surface. Régions | Noyau -----------------1----------- .------------------------ Cytoplasme A ; 4,93 (291/59) 1,79 (172/96) B j 4,84 (659/136) 1,20 (54/11) C j 4,65 (652/140) 0,70 (145/205) D j 4,16 (129/51) 0,27 (116/420) Entre parenthèses, figurent le nombre total de traces et le nombre total de surfaces dénombrées. Tableau 4 : Gastrula avancée. Nombre moyen de traces par unité de surface. Régions { Noyau ----------------- j------- J--------------------------A j Cytoplasme ‘7,44 (849/114) 2.45 (59/24) 5,25 (361/69) 1.46 (49/35) B I C I 4,96 (164/53) 0,83 (150/179) D ; 2,30 (23/10) 0,48 (64/131) Entre parenthèses, figurent le nombre total de traces et le nombre total de surfaces dénombrées. Pour déterminer la distribution de la radioactivité parmi les différentes substances marquées, nous avons procédé à quelques digestions enzymatiques. Les résultats montrent qu'une partie impor­ tante de la radioactivité est liée à l'ARN (70 °/o environ). La spéci­ ficité de ces essais est cependant insuffisante lorsqu'on se trouve en présence d'un marquage aussi général que celui qu'on obtient après 14 traitement au CO2. 18 2. INCORPORA.TION DE '’^CO^ DANb DES GASTRÜLAS CENTRIFUGEES Des expériences de Pasteels (1953) ont montré que la centrifuga­ tion de la jeune gastrula provoque l'apparition d'organes axiaux secon­ daires présentant des structures rhorabencéphaliques et caudales. Comparant ce résultat à ceux d'Holtfreter (1947)> qui obtient la neuralisation de l'ectoblaste après un choc précytolytique, Pasteels propose d'attribuer cet effet morphogénétique à une activation des cellules ectoblastiques par la centrifugation. Signalons cependant que Karasaki et Yamada (1955) n'ont pas obtenu la neuralisation de fragments ectodermiques, lorsque ceux-ci sont centrifugés après explantation. Ces résultats indiqueraient que la neuralisation n'est probablement pas due à une simple activation de l'ectoderme par la centrifugation. Procédé expérimental : Nos expériences ont été réalisées sur le Pleurodèle. Les gastrulas ont été centrifugées à 2.4OO t/min. pendant 4 minutes envi­ ron. Pendant la centrifugation, la voûte du blastocoele s'affaisse au contact de son plancher et l'oeuf se présente avec un pôle animal entièrement aplati et sillonné de plis irréguliers. Dans certains oeufs, des plis persistent et c'est à partir de ces amas que se formeront les organes surnuméraires. Leur localisation est très variable. Des observation inédites de Brachet et Pasteels ont attiré l'attention sur la distribution de l'ARN dans les cellules de l'ecto­ blaste après centrifugation de la gastrula. Au lieu d'être disséminé dans l'ensemble de la cellule, il s'accumule à l'un des pôles. D'autre part, certaines régions mésoblastiques présentent une baso­ philie accrue. Nous avons essayé de voir si la centrifugation provoque des variations dans l'incorporation de Des gastrulas ont été traitées par le précurseur immédiatement après la centrifugation. 19 Un premier lot a été fixé après 5 h d'incubation et un second a été fixé au bout de 24 h. Les iémoins avaient atteint alors le stade neurula. Observations autoradiographiques : Après 9 h d'incubation : Témoins : les résultats sont très comparables à ceux que nous avons obtenus sur l'axolotl. Les noyaux sont très actifs | ils pré­ sentent des radioactivités peu différentes, tandis que les différences cytoplasmiques sont très apparentes. Embryons centrifugés ; les résultats semblent indiquer une activité plus grande de l'ectoblaste à l'endroit des replis et, parfois, du mésoblaste environnant. Après 24 h. d'incubation : Témoins : l'activité reste fortement concentrée dans les noyaux. L'activité de la plaque médullaire est intense ; les traces dessinent un gradient dorso-ventral superposable au gradient de basophilie (fig. 3). Embryons centrifugés ; les formations secondaires, encore peu différenciées à ce moment, présentent une radioactivité voisine de celle de la partie dorsale normale. A la suite de ces expériences, il nous a évidemment semblé intéressant d'utiliser des précurseurs plus spécifiques. Plusieurs tentatives ont été effectuées avec divers précurseurs : glycine, uridine, cytidine. Dans ces expériences, nous n'avons pu observer de radioactivité appréciable. C'est ce qui nous a amenée ainsi à travailler sur cellules dissociées, car il s'agissait, très probable­ ment, d'une pénétration insuffisante des précurseurs essayés. 20 Fig. 3 au coupe transversale dans une neurula de Pleurodèle traitée 21 B. Incorporation de précurseurs d'acides nucléiques dans des embryons après désintégration du "coat" Procédé expérimental : Les oeufs prélevés au stade voulu sont dégangués et, munis encore de leur membrane vitelline, ils sont cultivés dans le milieu suivant : NaCl 17 io 20 ml KCl 0,5 io 10 ml Tris HCl N H^O citrate 560 mg (Tris(hydroxymé thy1)aminomé thane) 4 ml 966 m; 5 gr pH : 7-7,5 Le temps de dissociation est variable suivant le stade et l'es­ pèce. Après dissociation, les embryons sont incubés dans ce milieu (Tris/citrate) additionné du précurseur radioactif. Dans certaines expériences, on a utilisé cette même solution mais dépourvue de citrate (Tris 0). Les cellules embryonnaires ainsi isolées ont été décrites par Holtfreter : les cellules deviennent amiboïdes et présentent des pseudopodes hyalins, pauvres en inclusions et très pyroninophiles. Récemment, N. Bieliavsky et col. (196O) ont décrit les diverses anomalies que présentent des cellules exposées au citrate pendant des temps longs (24 h). Il est cependant peu probable que l'absence d'ions bivalents chélatés par le citrate tue rapidement les cellules ou change profondément leur métabolisme normal. En effet, les oeufs remis en présence de Ca"*"*", après un temps de traitement au citrate variable suivant les espèces et les stades, se réagrègent en une masse cellulaire qui se différencie et présente la morphologie d'une neurula avancée. 22 A titre de contrôle, on a suivi l'incorporation de divers précurseurs dans des fra,:?ments d'embryons ou dans des gastrulas où les précurseurs avaient été injectés dans le blastocoele : leurs cellules présentent le même type d'incorporation que celui des oeufs dissociés au même stade. Après incubation, les embryons ont été lavés et fixés générale­ ment par cryo-substitution (Lison 1955) et les coupes ont été soumises à la technique autoradiographique de A. Ficq. Nous avons utilisé l'émulsion Ilford "in gel form" type L4 quand il s'agissait de mettre en évidence les p du tritium, les types G5 ou K5 quand il fallait détecter les électrons émis par le carbone. Préalablement au recou­ vrement par l'émulsion photographique, des lames ont été soumises à l'une ou l'autre des hydrolyses décrites ci-dessous. Ribonucléase Sigma - 0,2 à 0,5 mg/ml tampon Tris pH 7>5 additionné de Mg'^'^ M/500 - 1 h à 57°. Désoxyribonucléase NBC - 0,1 mg/ml tampon Tris pH 7,5 additionné de M/300 - 30' à 1 h à 37°. Tampon Tris pH 7>5 - 1 h à 37°. PCA 1 5^ - 20 minutes à 4°* NaCl M - 10 minutes à 4°. Les temps d'exposition, en chambre noire, ont varié de 3 à 10 jours suivant les précurseurs et les temps d'incubation étudiés. Ensuite, on a procédé au développement photographique suivant les directives de A. Ficq. 1. INCORPORATION DE THYMII)INE-H3 1| Dans des embryons normaux : Les expériences ont été réalisées sur Pleurodeles Waltii. modalités de l'expérience sont indiquées dans le tableau 5« Les 23 Tableau 5 Stade morula : Incorporation de thymidine-H3 I Précurseur j----------------------------------------------}thymidine-H3 (Mol) milieu d'inc. temps {tps de dis -j-—............. { 4-6 h. J_________________ s I I {Tris 0/Th. H3{ 17 h. {activité spéc. 500 mC/mM ' -9 {conctétudiée 5*10 M I soit 2,5 pC/ml 4 ................................................. - blastula -................................................................... fl II 4 h II If { » f 3 h II 18 h Résultats ; Aux 2 stades étudiés, nous observons une incor­ poration de thymidine-H3. Les noyaux et les chromo­ somes sont fortement marqués. Cette activité est presque totalement éliminée lorsque les coupes sont traitées à la DNase avant l'application de l'émulsion photographique et la radioactivité n'est guère affectée par l'action de la ribonucléase. Au bout de 3 heures, on observe déjà des mitoses marquées dans les cellules des blastulas. Fig. 4 ! Autoradiographie de cellules de blastula incubées en présence de thymidine-H3 ; métaphase marquée. 24 2. Incorporation de thymidine-H3 dans les hybrides létaux ; Nous avons étudié le croisement Bufo vulgaris femelle x Rana temporaria mâle, dont .e développement se bloque au stade blastula avancée et qui a été examiné cytologiqùement et cytochimiquement par Brachet (1954)* 1. Des embryons, aü stade 2 blastomères, ont été placés dans le milieu chélateur additionné de thymidine-HJ (Mol) à la concentration 5.10"^ M/2,5 mC. Après 17 h d'incubation, les embryons ont été fixés par congé­ lation-dissolution et soumis au processus autoradiographique de la façon habituelle. Observations : Signalons d'abord que, parmi les hybrides, la moitié des embryons sont morts pendant l'incubation, alors que les témoins (Bufo femelle X ‘ Bufo mâle) ont tous résisté au traitement. La thymidine s'incorpore dans les noyaux. La quasi-totalité de la radioactivité est éliminée après traitement à la DNase, tandis que les images ne sont guère modifiées après traitement à la RNase. 2. L'arrêt du développement des hybrides s'est effectivement mani­ festé au stade blastula. Nous avons effectué une 2ème expérience à ce stade pour les hybrides, au stade gastrula jeune pour les témoins. Bans cette expérience et dans les suivantes, nous nous sommes conformée aux indications de Barth (1959) en ce qui concerne les milieux de culture : les embryons dépourvus de membrane vitelline sont dissociés dans le milieu II pendant 2 heures ; ensuite, ils sont incubés dans le milieu I. Milieu I : additionné de thymidine-HJ. NaCl 515 nig KCl 7,5 mg 7 H^O Ca(N0^)2 HgO 20,4 mg 6,2 mg 25 CaCl^ 2 H^O NaHCO, 6 mg 20 mg Na2.HP0^ 3 mg KI2PO4 3,75 mg 100 ml H^O 100 mg de serumglobuline NaCl Milieu II ; 680 mg KCl 10 mg Versène 74,4 mg Na^HPO, 2 A KH2PO4 11 mg NaHCO^ 5 20 mg 2 mg 100 ml H^O Afin de pouvoir aisément transporter les embryons sans léser les cellules, nous avons utilisé, comme support, des fragments de filtre millipore. Après I6 h d'incubation, les cellules ont été fixées dans un mélange d'alcool et d'acide acétique (90/1O v/v) pendant 50 mi­ nutes à 4° • Observations : On observe également, à ce stade, une incorporation de thymidine dans les noyaux et les chromosomes. Cette activité est presque totalement éliminée par la DNase (fig. 5, 6) On retrouve les anomalies nucléaires décrites pour cet hybride par Brachet : dans de nombreux noyaux, la chromatine est accolée à la membrane nucléaire et des grains d'argent disposés en couronne s'y superposent très nettement 5 quelquefois, on observe des éliminations de chromatine marquée dans le cytoplasme | enfin, dans de nombreuses cellules, on observe la présence de 2 hémicaryons. Fig. 5 : Incorporation de thymidine-HJ dans les cellules de la gastrula témoins (Bufo femelle x Bufo mâle) Fig. 6 : Cellules provenant d'une gastrula hybride, incubées en pré­ sence de thymidine-H5. a) lame témoin : les noyaux sont marqués p quelquefois la chroma­ tine est disposée en couronne et les grains d'argent s'y superposent. 27 Fig. 6, b) lame traitée à la DITase préalablement au recouvrement par l'émulsion photographique : la quasi-totalité de la radio­ activité a été éliminée. Fig. 6, c) lame traitée à la RNase : la radioactivité est peu affectée. 28 3» 24 heures après le blocage, nous avons tenté une incorporation dans les embryons hybrides ; les témoins étaient en neurula. Parallè­ lement, sur une 2ème ponte, nous avons repris des blastulas peu de temps après l'arrêt du développement et des jeunes gastrulas témoins. Nous avons utilisé les milieux de Barth comme dans l'expérience précé­ dente. Les embryons ont été abandonnés dans le milieu chélateur pendant 50 minutes environ et l'incubation dans le milieu radioactif a été de 1h30. Observations ; blastulas bloquées - gastrulas Dans la plupart des cellules au repos, on observe une incorpo­ ration de thymidine-H3 dans l'ADN. pas marquées. En général, les mitoses ne sont Il semble que l'intensité de la radioactivité soit un peu plus grande dans les témoins que dans les embryons hybrides. Dans ces derniers, les noyaux sont fréquemment constitués de 2 hémicaryons différant par leur colorabilité : on observe une coïncidence entre la colorabilité au vert de méthyle et la distribution des grains d'argent. blastulas bloquées - neurulas L'activité est très faible dans les 2 séries. En ce qui concerne l'hybride, on décèle cependant encore une légère incorporation dans certains noyaux. . 2. INCORPORATION D'ÜRIDINE-H5 Modalités : Les tableaux 6 et 7 résument les modalités des expériences. Celles-ci ont été réalisées sur des embryons de Pleurodèles et d'Axolotl. 29 Ta~bleau 6 ; Incorporation d'uridine-H3 (Schwarz) - Axolotl Activité spécifique ; 100 mC/l25 pM Concentration étudiée ; 5*10 ^ M 4 pC/ml Stade tps dis. tps d'inc. milieu d'incubation 2-8 blast. Tris citrate/uridine 25 h 2-4 'blast. Tris citrate/uridine 5 h ’ 6 h 23 h blastula Tris citrate/uridine 1 h 2 h 4 h 21 h gastrula Tris citrate/uridine 2 h 5 h 7 h 24 h gastrula 2 h Tris O/uridine 2 h 5 h 22 h neurula Tris citrate/uridine 5 h 1 neurula 0 17 h Tris O/uridine 3 h 17 h 30 Tableau 7 : Incorporation d'uridine (Schwarz) - Pleurodèles Activité spécifique : 100 mC/l25 pM -6 Concentration étudiée ; 5-10^ M 4 pC/ml Stade r tps dis » • 1 milieu d'incubation t tps d'inc. f -i. blastula 1 f 1 î gastrula jeune 1 ! 1 f ! ! î ! r 6 h 6 h 2 h f vitellin » ? 1 1 ! Tris O/uridine It 1 1 1 r f t ï ! Tris O/uridine 6 h T ! î t î î t f ! t f t 1 t t f f 1 1 ! f » t bouchon » 1 1 t f Tris o/uridine f 1 1 t f 1 t 1h50 19 h 2 h 24 h 2 h 19 h Ces expériences ont été réalisées en collaboration avec N, BIELIAVSKY Fig. 7 ! cellule de Morula incubée pendant 20 h en présence d'uridine H5 ; télophase marquée. 31 Fig. 8 : métaphase marquée. Résultats : Aux stades morula et blastula, l'incorporation de l'uridine-H5 est exclusivement nucléaire. Pour les temps courts d'incubation (1 h ou 2 h), les cellules en mitose sont vierges de traces ; seuls les noyaux en interphase révèlent la présence du radioisotope. Pour les temps longs d'incubation, les chromosomes deviennent radioactifs à leur tour. Au début de la segmentation, l'importance du "coat" est encore telle que la pénétration de l'uridine est très faible, même en présence de citrate. Les oeufs indivis, après s'être segmentés 21 h dans du citrate, présentent cependant une incorporation nucléaire dans les blastomeres fils* Lors des temps longs d'incubation (7 h, 15 h, 24 h), la distribution de l'intensité des radioactivités nucléaires dans l'ensemble d'une blastula dissociée suit vin gradient décroissant du pôle animal au pôle végétatif. Il faut signaler que les fuseaux mitotiques, l'endoplasme et le pseudopode ne sont jamais marqués, et que la localisation des traces est soit nucléaire, soit chromosomiale (fig. 7, 8). De plus, l'action de la DNase sur les coupes, préalable­ ment au recouvrement par l'émulsion photographique, élimine la 32a radioactivité des chromosomes et des noyaux | au contraire, un traite­ ment des coupes au tampon ou à la ribonucléase ne modifie pas les résultats. L'uridine où, plus probablement, le résultat de sa trans­ formation métabolique s'est donc incorporée spécifiquement dans l'ADÏÏ chromosomial. L'incorporation se fait sans doute au niveau des bases pyrimidiques de l'ADN, car une hydrolyse des coupes à l'HCl N pendant 5 minutes à 60° n'affecte pas la radioactivité des chromosomes, (fig. 9 Fig. 9 s Cellules de blastula incubées en présence d'uridine-H3 a) lame témoins s la radioactivité est exclusivement nucléaire 32b Fig. 9 : Cellules de blastula incubées en présence d'uridine-HJ b) Hydrolyse à l'HCl N 5 minutes à 60" préalablement au recouvrement par l'émulsion photographique : on n'observe pas de diminution appréciable de la radioactivité. c) Lame traitée à la DNase : toute l'activité est éliminée. 55a Dans la gastrula, l'autoradiographie révèle toujours une intense activité nucléaire. Les particularités de ce stade sont, d'une part, une plus grande hétérogénéité dans la distribution de la radioactivité parmi les noyaux de la gastrula, d'autre part, l'apparition d'une incorporation cytoplasmique qui s'accroît surtout quand on approche de la neurulation. Les tests cytochimiques indiquent, de plus, un changement dans la nature des substances incorporant l'uridine s dans les coupes traitées à la RNase ou à l'HCl N à 60°, les noyaux perdent la moitié environ de leur radioactivité. Après une incubation des coupes dans la DNase, 30 à 40 5^ de la radioactivité subsiste dans les noyaux (fig. 10). Toutes les cellules d'une gastrula n'ont pas le même comportement vis-à-vis des réactifs employés : les cellules d'une gastrula avancée se différencient non seulement par l'intensité de l'incorporation, mais aussi par la nature des substances où l'uridine est incorporée. En plus de l'ADN, l'ARN de certains noyaux incorpore fortement l'uridine. Les effets amorcés lors de la gastrulation s'accentuent pendant 1 neurulation ; à ce stade, la vitesse d'incorporation devient très grande. On note une incorporation intense dans le cytoplasme endo­ plasmique et pseudopodial. Fig. 10 : Cellules de gastrula avancée incubées en présence d'uridineà) lame témoin H3 33b Fig. 10 s Cellules degastrula avancée incubées en présence d'uridino-i b) coupes traitées à l'HCl N à 60° pendant 5 minutes. c) autoradiographie après traitement des coupes à laJDWase. 54 Il nous a semblé utile de procéder à quelques vérifications ayant trait à l'incorporation de l'uridine. Son incorporation presque exclu­ sive dans 1'ADN. pendant les premiers stades du développement était un résultat quelque peu inattendu. Sous quelle forme se fait cette incorporation, est-elle liée à une synthèse d'ADN que ne décèlent pas les dosages biochimiques ? Nous avons poursuivi ces expériences à l'aide d'uridine-H3 d'Amersham. L'activité spécifique de cette préparation étant plus faible, nous avons utilisé des concentrations 10 fois plus importantes que dans les expériences précédentes. Les modalités de l'expérience sont résumées dans le tableau 8. Tableau 8 : Incorporation d'uridine-H3 (Amersham) - Pleurodèles Activité spécifique : 100 mC/l,6 mM Concentration étudiée ; 4 M-C/ml Stade morula t t T f -4t t blastula f 1 t t Tps dis. 4-6 h 1 t milieu d'incorporation 1 f t î 1 Tris O/uridine f 4 h ! t f t ! Tris O/uridine 1 1 ----- -f1 t tps » 17 h t 1 1 f 3 h ! 1 f 18 h Résultats ; Nous avons retrouvé les mêmes résultats ; vine radioactivité nu­ cléaire ou chromosomiale qui disparaît quand on traite les lames à la DNase. Cependant, on observe de très nombreux grains d'argent autour des coupes, alors que le background est très faible quand le précurseur étudié est la thymidine, que nous avons suivie parallèlement. 55 Effet de la fluorodésoxyuridine (EUDE^ s On sait que ce composé inhibe la synthèse de l'ADN dans les cel­ lules tumorales et chez les bactéries. Par ailleurs, Cohen a montré que la 2-fluorodésoxyvridine inhibe irréversiblement l'enzyme de synthèse de l'acide thymidylique à partir de l'acide désoxyuridylique. C'est pourquoi, il nous a semblé intéressant d'étudier l'incorporation de thymidine-H3 et d'uridine-HJ en présence de la FUDR. Conditions expérimentales ; Des gastrulas d'Axolotl ont été traitées pendant 5 h dans le milieu dissociant, puis réparties en 4 lots dans les milieux suivants 1. Tris 0 0,9 ml Holtfreter 0,1 ml Thymidine-H3 (Mol) 2,8 pC - 5.10”^ M 2. Tris 0 0,9 ml Holtfreter + FUDR 2.10"^ M 0,1 ml - 2.10“^ M FÜDR Thymidine-H3 2,8 pC - 5.10 5. Tris 0 0,9 ml Holtfreter 0,1 ml Üridine-H3 (Amersham) 4 pC - 10 -4 4. Tris 0 -6 M 0,9 ml Holtfreter + FUDR 0,1 ml - 2.10 -4 M Uridine-H3 4 pC - 10"^ Résultats : L'examen des autcradiographies montre que l'incorporation de la thymidine est légèrement inhibée, tandis que celle de l'uridine dans les noyaux l'est complètement. Notons que les embryons témoins se sont réagrégés pendant 1'incu­ bation, tandis que les cellules traitées par la FUDR sont dissociées. Leurs noyaux évoluent vers la pycnose. Cette expérience préliminaire plaide cependant en faveur de l'idée que l'incorporation d'uridine est liée à la synthèse de l'ADN. 36 Dans les expérienceg suivantes, nous avons étudié l’effet d’autres d^xynucléosides sur l'incorporation d'uridine-HJ . étudiés sont : Lee composés . la_thymidine2^_la_désoxycytidine, la désoxyadénosine t Klenow (1959) a montré, que dans les cellules d’ascites des tumeurs d’Ehrlich,lû désoxyadénosine inhibe la synthèse de l'ADN. Plus récem­ ment, Maley et Maley (i960) ont obtenu des résultats semblables dans le cas de l’embryon de poulet. Conditions expérimentales : 1_ère expérience : Incorporation d'uridine-H3 dans des blastulas d’Axolotl en présence de thymidine non radioactive. Les modalités sont résumées dans le tableau 9* Talbeau 9 : Incorporation d'uridine-H3 (Amersham) - activité spécifique de l'uridine ; 100 mCyi,6 mM. 6 |aC/ml. blastula Thymidine - concentration étudiée s 1 tps dis. } Stade 1 f 1 f 1 1 Concentration étudiée 10*’'^ M soit 2 h f t 1 10“^ M, milieu d'incubation Tris O/uridine {Tris o/uridine + thymidine froide { 1 | | temps 18 h H £^ème__e^é_rj^ence_ : Dans cette expérience, nous avions à notre dis­ position un nouveau lot d'uridine-H5 d'Amersham d’activité spécifique plus grande : 1,1 C/mM. Des Pleurodèles, au stade morula-blastula, ont été traités en présence de citrate pendant 5 h, puis lavés et ré­ partis dans les milieux suivants : Tris 0 + uridine-H3 5 M-C/l, 1 y/ml concentration 5* 10*"^ M, Tris 0 + uridine-H3 + thymidine à la concentration 10“^ M. Tris 0 + uridine-H3 + désoxycytidine 10”^ M. Tris 0 + uridine-H3 + désoxyadénosine 10“^ M, Les embryons ont été fixés après I6 h d’incubation. Résultats : Dans la 1ère expérience, on ne peut déceler d’effet inhibiteur de la thymidine sur l’incorporation d'uridine. 37 Dans la seconde, il semble que, en présence de thymidine et de déecxycytidine,1'incorporation totale soit légèrement plus faible. Cependant, les comportements vis-à-vis des tests enzymatiques ne sont pas très différents. L'effet de la désoxyadénosine est plus apparent ; on observe d'un part un ralentissement très grand des mitoses et, par ailleurs, une beaucoup plus grande inhibition de l'incorporation. De plus, une partie très importante de l'activité disparaît après traitement des coupes au tampon et à la ribonucléase. On note, cependant, une certaine incorporation dans l'ADN. 3. IMCORPQBATIOM D'ADEN0&IHE-H3. D'ADENINE-CU. D'ACIDE 0R0TIQUE-C14. Ces trois précurseurs ont été étudiés parallèlement. Le tableau 10 rend compte des conditions de l'expérience. Tableau 10 : Stade blastula (Axolotl) { Tps dis. 1 J } t } f milieu d'incubation «1 4 h Tris O/adénosine Tris O/adénine ^ Tris O/acide orotique ^ 1 t ; t t t f ? f temps 21 h Adénosine-H3 - Schwarz ; activité spécifique 1 C/mM - concentration étudiée 4*10 ^ M soit 0,004 pmole/ml/4 IJ.C. 2 5 A Adénine-8-C14 - Amersham - concentration étudiée s 5-10”^ M/ml/|iC Acide orotique-6-C14 - Amersham - concentration étudiée 0,2 |imole/pC/ml Dans ces expériences, les coupes ont été étalées sur de l'alcool absolu afin d'éviter toute extraction par l'eau. 58 Résultats : Adénosine-H5 Dans les lames non traitées,'on observe de très nombreux grains d'argent au-dessus des noyaux, du cytoplasme et, également, dans l'émulsion autour des coupes. La radioactivité liée au cytoplasme et à des substances diffusant au moment de l'application de l'émulsion est éliminée après traitement des coupes à l'acide perchlorique (PCA), au NaCl M à froid et à la ribonucléase. Après ces trois traitements, les noyaux et les-chromosomes restent fortement marqués. L'intensité de la radioactivité est du même ordre de grandeur dans ces trois lames. L'activité nucléaire disparaît presque totalement lorsqu'on traite les coupes à la DNase. (fig. 11) Adénine-8-C14 Dans ce cas aussi, les lames témoins montrent une très grande diffusion autour des coupes, même après lavage des lames dans de l'adénine non marquée pendant 50 minutes à 4°. Cette diffusion disparaît après traitement au PCA, au ïïaCl et à la RNase. Cependant aucun des trois traitements n'enlève complète­ ment l'activité du cytoplasme. Après l'action de la DNase, la concen­ tration des traces au-dessus des noyaux diminue, mais il reste de nom­ breuses traces dans le cytoplasme» (fig. 12) Acide orotique-6-C14 Dans ce cas aussi, la distribution de la radioactivité est complexe. On observe, néanmoins, un marquage de l'ADN, mais plus faible, semble-t-il, qu( pour les autres précurseurs. 39 Fig. 11 ; incorporation d’adénosine-H3 dans des cellules de blastula. a) lame témoin Fig. 11, b) après RNase 40 Fig. 12 : Incorporation d'adénine-8-C14 : lame traitée à la RNase. 41 DISCUSSION En ce qui concerne la synthèse de l'ADN, les expériences réalisée ne répondent directement à aucune des questions posées ; mais elles fournissent cependant quelques données sur les capacités des cellules embryonnaires à incorporer divers précurseurs. Pendant la segmentatio nous avons observé un marquage de l'ADN avec les 5 précurseurs étudiés la thymidine-H5, 1'uridine-H3, 1'adénosine-H3, 1'adénine-8-C14 et l'acide orotique-6-C14• On observe une incorporation assez rapide de la thymidine-HJ | dans ce cas, la quasi-totalité de la radioactivité est éliminée par la DNase. En ce qui concerne les hybrides, on peut observer un marquage de l'ADN tant dans les cellules des morulas que dans celles des blastulas même 24 heures après l'arrêt du développement. Ceci montre que les cellules de l'hybride sont encore capables d'incorporer ce précurseur dans leurs noyaux après l'arrêt du développement. Rappelons que les dosages biochimiques de l'ADN, effectués par Gregg et L/^vtrup (i960) dans l'hybride létal Rana pipiens femelle x Rana Sylvatica mâle, ont conduit à la conclusion que le blocage du développement chez ces hy­ brides n'est pas dû à l'arrêt de la synthèse d'ADN. L'uridine-H3 marque intensément l'ADN pendant la segmentation. On peut supposer que cette incorporation a lieu sous forme de thymi­ dine ou de désoxycytidine. L'inhibition de son incorporation par la FUDR semble montrer qu'elle doit subir une méthylation ou que son incorporation est liée à la synthèse d'ADN. Par ailleurs, l'incorpo­ ration dans l'ADN d'uridine et d'adénosine semble montrer que la réduction ribonucléoside en désoxyribonucléoside de l'ADN a lieu dans les cellules embryonnaires. Rappelons que dès 1956, Brachet avait envisagé la possibilité d'une utilisation de l'ARN pour la synthèse de l'ADN au cours des premiers stades du développement ; la transformation se ferait au niveau du nucléoside ou du nucléotide. 42 L'effet de la désoxyadénosine sur les cellules des blastulas est en accord avec les observations de Klenow (1959) et de Maley et Maley (196O). Enfin, nous n'avons observé qu'un très faible effet de la thymi­ dine et de la désoxycytidine sur l'incorporation d'uridine. Il se pourrait que des mesures de la radioactivité spécifique de l'AM four­ nissent une image différente. En effet, on peut craindre que l'addi­ tion de métabolites en telles concentrations ne perturbe le métabolisme des cellules et il serait prudent de procéder à certaines vérifications avant de tirer des conclusions. Il serait indiqué, notamment, de procéder à quelques dosages d'ADN et d'ARN et de permettre aux cellules de se réagréger afin de voir si la différenciation est normale. Enfin, il faudrait tenir compte des anomalies que peut amener l'introduction de tritium dans les cellules et plus particulièrement dans l'ADN fKrause et Plaut I96O). De nombreuses données venant de la bactériologie et de l'étude des cellules animales ont fixé quelque peu les idées quant à la bio­ synthèse de l'ADN. Depuis les travaux de Kornberg (1957) on a pu dans différents systèmes mettre en évidence une polymérase qui permet la formation d'ADN à partir de désoxyribonucléosides triphosphates. On peut imaginer que, dans les embryons, un pareil enzyme de synthèse existe et que les précurseurs de l'ADN sont en dernière analyse des désoxynucléosides triphosphates qu'ils proviennent d'une réserve cyto­ plasmique d'ADN, d'ARN ou de toute autre source. En ce qui concerne la synthèse des désoxyribonucléosides triphos­ phates, les résultats des travaux récents font penser que ceux-ci se formeraient à partir de ribonucléotides. En effet, dès 1955f Rose et Schweigert ont montré que la cytidine marquée uniformément au CI4 s'incorpore dans l'ADN des cellules de mammifères sans rupture du lien glycosidique. Ces résultats ont été confirmés dans diverses cellules pour la cytidine, l'uridine et égale­ ment pour les nucléosides puriques (Pruooff, 1958 5 Reichard 1959). 43 De plus, la réduction du ribose aurait lieu au niveau du ribonucléoside diphosphate (Reichard et coll. ^^60), Par ailleurs, il semble que les désoxyribonucléosides triphosphates jouent un rôle régulateur dans la synthèse d'ADN ou dans la conversion des ribonucléotides en désoxyribonucléotides. Entre autres, la désoxyadénosine triphosphate inhiberait la conversion de la guanosine diphosphate en désoxyguanosine diphosphate (Overgaard-Hansen et Klenow I961), la thymidine triphosphate inhiberait la conversion de cytidine diphosphate en désoxycytidine diphosphate (Morris et Fisher 196O). Les résultats obtenus au moyen de la désoxyadénosine plaident en faveur de l'existence de tels systèmes pendant la segmentation. Nous observons également un marquage de l'ADN par l'adénine et l'acide orotique, mais relativement plus faible pour ces précurseurs. En effet, une activité importante est liée à une fraction labile qui diffuse au moment de l'application de l'émulsion. On retrouve cette diffusion dans le cas de l'adénosine et à un degré moindre dans le cas de l'uridine. En ce qui concerne l'incorporation totale du 14 ^CO^, nos observa­ tions autoradiographiques sont en bon accord avec les résultats de Plickinger qui a utilisé des techniques biochimiques : il a observé des gradients d'activité analogues à ceux que nous venons de voir, tant en ce qui concerne les protéines que les acides nucléiques. En particulier, cet auteur trouve que la fraction microsomiale est très active. Ces gradients d'activité sont superposables aux gradients ribonucléiques animal-végétatif et dorso-ventral décrits par Brachet. Nous remarquons donc un parallélisme parfait entre l'incorporation et l'activité morphogénétique. Ce fait est particulièrement frappant dans le cas de la centri­ fugation, où les formations secondaires manifestent très précocement une incorporation accrue. Il faut noter, comme l'avaient déjà signalé les divers auteurs liii ont utilisé la technique autoradiographique, que la radioactivité est concentrée dans les noyaux. Ce fait influence évidemment les J 44 résultats, les gradients étant liés à la densité des cellules, qui suit la même distribution. Cependant, si l'on examine la radioactivité cytoplasmique, on observe un parallélisme entre l'augmentation du nombre de traces et la diminution de la taille des plaquelles vitellines. En ce qui concerne l'activité des noyaux, nous avons vu qu'ils présentent des radioactivités assez voisines au début de la gastrula­ tion et que les différences s'accentuent dans le sens des gradients quand les vitesses de synthèse augmentent. Il serait intéressant de déterminer avec plus de précision la nature des substances marquées dans les noyaux. Il semble toutefois que l'incorporation soit surtout liée à l'ARN. Enfin, pour l'uridine, on constate que l'incorporation se produit dans l'ARN à partir de la gastrulation, tant en ce qui concerne les noyaux que le cytoplasme. Il serait intéressant, en utilisant des techniques plus fines, d'analyser les structures marquées : xone fixation meilleure ou l'autoradiographie à l'échelle du microscope électronique pourraient sans doute fournir des données intéressantes à ce propos. 45 2ème PARTIE LES EFFETS DES F.V.'ÜROPYRIMIDINES SUR LE DEVELOPPEMENT EMBRYONNAIRE. INTRODUCTION En 1957, Heidelberger et ses collaborateurs ont découvert les propriétés cancérostatiques du 5-fluorouracile (PU) et de l'acide 5-fluoroorotique. Plus tard (1958)> ils ajoutèrent deux autres composés à ce groupe de substances : la 5-fluorouridine (PUR) et la 5-fluorodésoxyuridine (FUDR). Les effets de ces substances sur le métabolisme des cellules cancéreuses ont été étudiés par les mêmes au­ teurs (Danneberg et coll. 195®) Ils ont pu montrex' que les dérivés fluorés de l'uracile inhibent, d'une part, la méthylation de l'acide désoxyuridylique et, d'autre part, l'incorporation de l'uracile et de l'acide orotique dans l'ADN. Ces données ont été confirmées par Eidinoff et coll. (1957)* Ces étufl ont été quélque peu étendues dans un travail plus récent (Harbers et coll. 1959)* En effet, l'utilisati on de fluorodésoxyuridine-C14 a permis les constatations suivantes ; en présence de ce radioisotope, on observe un marquage de l'ARN, surtout de l'ARN nucléaire, et cette radioactivité est liée au ribonucléotide du fluorouracile | par contre il n'y a pas d'incorporation dans l'ADN. D'ailleurs, les composés fluorés peuvent être transformés en ribonucléotides mono-, di- et triphosphates et désoxyribonucléoside monophosphate. Cependant, l'action thérapeutique semble être liée à l'inhibition de la synthèse de l'ADN due, en dernière analyse, à l'arrêt de la formation de l'acic thymidylique. 46 L'étude du mode d'action du 5-fluorouracile et de ses dérivés sur les bactéries a confirmé, en règle générale, les résultats d'Heidelberger et de ses collaborateurs- Cohen et coll. (195Q) ont montré que la FUDR induisait le syndrome "thymineless"- D'après ces auteurs, l'effet bactéricide initial de la FUDR serait lié à l'inactivation de l'enzyme de synthèse de l'acide thymidylique par le raononucléotide de la fluorodésoxyuridine •, ensuite, on observe un effet bactériostatique sur les organismes survivants ; cet effet serait lié à l'inhibition de la synthèse de l'ARN ou à la formation d'un ARN anormal. On aurait donc un effet double par la voie de la thymine et de l'uracile. Une telle possibilité d'interférence avec le métabolisme des acides nucléiques apparaissait pleine d'intérêt dans l'étude du déve­ loppement embryonnaire. Récemment d'ailleurs, Karnofsky et coll. (196O) ont étudié l'effet des fluoropyrimidines sur le développement des embryons d'Echinoderme. La fluorodésoxyuridine, notamment, appliquée après la fécondation, provoque l'arrêt du développement au stade de la jeune blastula. Cet effet peut être complètement levé si on ajoute de la thymine ou de la thymidine pendant les 6 heures qui suivent la fécon­ dation. Dans les expériences décrites ci-dessous, nous avons utilisé surtout la 5-fluorodésoxyuridine- Dans quelques expériences, nous avons étudié les effets du FU et de la FUR. A l'inverse d'autres composés et analogues des métabolites nor­ maux, les fluorodérivés semblent pénétrer assez rapidement dans les embryons de Batraciens ou être actifs à faible dose. 47 PARTIE EXPERIMENTALE Les expériences ont été réalisées sur des embryons de Pleurodèles, d'Axolotl et de Xénopes. D'une façon générale, les embryons dégangués ont été traités dans la solution de Holtfreter : NaCl 3>5 gr KCl 0,050 gr CaCl2 0,100 gr H^O 1 1 additionnée de l'analogue. A différents temps, on a prélevé des embryons qui ont été fixés au mélange Zenker/acide acétique ; les coupes ont été colorées au mélange vert de méthyle-pyronine ou soumises à la réaction de Feulgen- A. Les effets des fluoropyrimidines sur la segmentation 1. PLÜORODESOXYURIDINE (FUDR) a) Les effets de la FUDR Quand on traite des embryons aux stades 1 à 8 blastomères, aux concehtrations 2.10’^, 10“^, 5.10’^, 2.10"^, 10"^ jj on observe un blocage au stade blastula pour les 5 espèces étudiées. Les blastulas bloquées présentent une distribution particulière du pigment ; il est concentré au centre des cellules. Au bout de quelques heures de blocage, les cellules se dissocient (fig. 15, 14). Pendant ce temps, on a l'impression que la taille des cellules augment' 48 Fig. 13 : témoins - jeunes gastrulas de Pleurodèles. Fig. 14 : tlastulas bloquées obtenues en traitant des embryons depuis le stade 2 blastomères par la FUDR à la concentration 10 M. 49 Observations cytologiques Ex^éri e,n£e_s s_ur l.e_X£n_op_e ; ' Les embryons, au stade 2 blastomères, ont été placés dans de la solution de Holtfreter additionnée de PUDR à la concentration de _3 10 M. Des embryons ont été prélevés au cours du temps. Le blocage était apparent après. 6 h de traitement. d'anomalies avant 4 h de traitement. En coupe, on n^obeerve pas A ce moment, on est frappé par la fréquence des noyaux en prophase : des asters entourent des vésicu­ les chromatiques, ressemblant à des chromosomes en télophase. Enfin, au moment du blocage, on n'observe plus qu'une vésicule, assez pâle et gonflée, entourée d'asters. Les noyaux de l'entoblaste semblent moins touchés (fig. 15)* Fig. 15 ! coupe dans une blastula de Xénope traitée par la FUDR depuis le stade 2 blastomères : les noyaux, pâles et gonflés, sont entou rés d'asters. Expériences sur le Fle.u^o^è]^e_: Les mitoses paraissent également bloquées en prophase 5 dans ce cas aussi, l'entoblaste semble moins affecté par le traitement. A l'Unna, le cytoplasme reste très basophile ; les noyaux, pâles et gonflés, sont généralement entourés d'asters ou d'une zone pyroninophile ; la chromatine se présente sous la forme de fibres très fines, très pâles ; de temps à autre, on remarque une fibre plus épaisse. 50 Quelquefois, on note la présence de gouttelettes pyroninophiles dans les noyaux. Au Feulgen également, la' chromatine apparaît concentrée en filaments irréguliers dispersés dans une vésicule fortement dilatée et souvent entourée de pigment. Fig. 16 : coupe dans une blastula bloquée de Pleurodèle : aster accolé au noyau très pâle et dilaté - coloration au vert de méthyle-pyronine. Fig. 17 î coupe dans une blastula bloquée de Pleurodèle : mise en évidence de la chromatine par la réaction de Feulgen. b) Expériences de réversibilité 1ère expérience (T°19-20'’) Des embryons au stade 2 ont été traités, pendant 6 h, en présence -5 de FUDR 10 M. Ensuite, ils ont été reportés soit dans du Holtfreter, soit dans du Holtfreter additionné de thymidine à la concentration 10 -2 M. Le tableau 11 résume les conditions de cette expérience. 51 Tableau 11 : 1ère expérience de réversibilité » J Stade FUDR 10"^ M j .. . Holtfreter « « J Thym. 10'^ M f I 0 Stade 2 + 6h { + 21h Blastula + 36h Gastrula jeune ■ Thym• \ 1 ! t 1 » ! I Oh t I Oh 1 ;26h {2ôh (blocage) j Oh ! 6h j20h (blocage) 1 f f 1 1 f f 1 ;45h 69h Neurula f f t ? 12.1 h 1 » f I + t 1 |21h f ;50h + 45h Gastrula avancée ! f 1 I Oh { 6h + 30h j 6h ;45h t 1 1 t f t r ! f 1 ! f 1 1 ;20h 1 1 1 f f i jP3-l !F3-2 1 » |f3-3 |f3-4 1 |f3-5 |f3-6 |P3-7 |f3-8 t f f t f 1 1i 1 1 1 1 |f3-9 1 |f3-12 |f3-ii ! 6h !39h j 6h f r {39h (blocage) JF3-14 1 f f t Î69h f t ;F3-17 f » » |63h {F5-18 { Oh 1 6h ;F3-i3 1 1 Les embryons reportés dans le Holtfreter ont ^ÿé bloqués au même stade que ceux laissés dans la FDDR. Par contre, en présence de thymidine, les embryons ont étteint le stade gastrula ; mais ces gastrulas ont dégénéré par la suite. Sur coupes : £n_lj_a_bsen_çe_d_e FIJ]DR_(F3-7 - fig- 20), le Feulgen est un peu plus intense que dans les blastulas qui sont restées en présence de FUDR (F3-6 - fig. 19). Après 24 h de blocage (F3-13), la colorabilité au Feulgen augmente. Il semble que, à ce moment, l'activité mitotique reprenne. triques. On observe, notamment, la présence de mitoses pluricen- 52a Fig. 18 : F3-5 (cf. tableau 11) - Témoins : coupe dans une gastrula de Pleurodèle - Feulgen Fig. 19 : F3-6 - coupe dans une blastula bloquée 52b Fig, 20 : F3-7 - morula traitée pendant 6 h par la FÜDR, puis reportée dans la solution de Holtfreter pendant 20 h. Fig. 21 : F3-8 - morula traitée pendant 6 h par la FUDR, puis incubée en présence de thymidine. Enjr^é_senc£ ^e_thymi^ine__ (F5-6. - fig. 21), le Peulgen est cepen­ dant moins intense que dans les témoins. La taille des cellules du pôle animal est intenuJdiaire entre celle des embryons témoins et celle des oeufs traités à la FÜLR, déjà bloqués à ce moment. Cependant, il y a encore quelques mitoses. Au moment du blocage (F3-1 on trouve encore d'assez nombreuses mitoses | cependant de nombreux noyaux évoluent vers la pycnose. Après 24h de blocage (F3-10), on ob­ serve une mosaïque de cellules à noyaux pycnotiques entourées de quel­ ques noyaux d'aspect normal au Peulgen. 2ème expérience (T° 15-18°) Après 6h de traitement à la PUDR 10”^ M, les embryons ont été reportés dans les milieux suivants : Holtfreter, Holtfreter + thymidine 10 Holtfreter + uracile 10 _2 _2 M, M. Alors que les embryons placés en présence de FUDR ont été bloqués en blastula moyenne, dans tous les autres milieux, le développement se poursuit. Cependant, on observe diverses anomalies dans la suite du développement. 3ème expérience (T° 23°) Après 6h de traitement, les embryons ont été repottés dans les mêmes milieux que dans l'expérience^ précédentes^. Dans aucun des milieux, on n'a pu observer de réversibilité. c^^Expériences de protection Des Pleurodèles, au stade de 2 blastomères, ont été placés dans les milieux suivants : Holtfreter Holtfreter + FUDR 10”^ M Holtfreter + FUDR 10“^ M + thymidine 10”^ M Holtfreter + FUDR 10 M + bromodésoxyuridine 10” ? M. 24 heures après, on observe l’arrêt du développement des embryons traités. En présence de thymidine et de bromodésoxyuridine, le 54 blocage a lieu en blastula avancée, tandis que dans les embryons trai­ tés à la FUDR, les cellules sont nettement plus grandes. Observations cytologiques Fn coupe, les cellules des embryons traités simultanément soit par la FUDR et la thymidine, ou la FUDR et la bromodésoxyuridine, sont plus petites que celles des embryons traités à la FUDR seulement. ^UDR_+_t^mi^ine_: les mitoses sont très rares ; les noyaux, peu gonflés, sont cependant assez pâles, tant à l'Unna qu'au Feulgen. On trouve aussi des cellules quasi normales. ; dans cette série, les noyaux sont plus colorables 5 on observe des variations de cellule à cellule : certains noyaux sont pycnotiques, certains sont très bleus à l'Unna ; les mitoses sont plus fréquentes. Des stades 2 blastomères ont été incubés dans les milieux suivants ; Holtfreter, Holtfreter + FUDR 10~^ M, Holtfreter + FUDR 10”^ M + thymidine 10“^ M, Holtfreter + FUDR 10”^ M + uracile 0,5*10”^ M. Les embryons placés en présence de thymidine sont protégés comme précédemment. En présence d'uracile, on n'observe aucune protection. Dans une autre expérience, on a étudié l'effet de l'uridine à la con_2 centration 10 M, et l'effet simultané de l'uridine et de la thymi­ dine. L'uridine ne semble pas avoir d'effet protecteur, même en présence de thymidine. 2. LE FLUOROURACILE Le fluorouracile, appliqué au stade 2 blastomères, aux concentra_4 tiens 10 M et 10 M, provoque un blocage du développement au stade gastrula. Ces gastrulas présentent une calotte animale à cellules bloquées sur un entoblaste moins touché, semble-t-il, et qui exogastrule légèrement. 55 3. LA FLUOROÜRIDINE. A la concentration 10 _3 M, l'effet est semblable à celui du fluorouracile, mais légèrement plus tardif. B. Les effets des fluoropyrimidines sur la blastula et la gastrula de Pleurodèles. 1. LA FLÜORODESOXYÜRIDINE. Lorsqu'on traite des blastulas et des gastrulas jeunes à la FUBR (concentration 10 M), on obtient, au bout de 20 h environ, des embryons complètement dissociés. La gastrula semble un peu moins sensible que la blastula. En réalité, le blocage semble être assez rapide et intéresser tout d'abord les cellules du pôle animal | l'invagination de la zone marginale progresse dès lors assez difficilement. Très souvent, on assiste à une dissociation rapide ; quelquefois, on peut observer la formation d'une exogastrula suivie de sa dissociation. Lorsqu'on traite des embryons simultanément par la PUDR 10 M -3 -2 et la thymidine 10 ou 10 M, on obtient, suivant les pontes et les stades ; des embryons qui, apparemment, gastrulent normalement, formant des "pseudoneurulas". plaque médullaire. Ces embryons ne forment jamais de Mais les cellules neuroblastiques s'arrondissent et se dissocient du reste de l'embryon. Quelquefois, on observe la formation d'exogastrulas ; la calotte animale est alors fortement réduite ; dans certains embryons, elle disparaît presque complètement: on a, dans ce cas, des embryons recouverts d'endoderme 5 il semble que les cellules animales, pycnotiques ou en voie de dégénérescence, 56 soient enfouis à l'intérieur de l'endoderme. Lorsque l'embryon se cytolyse, on peut Toir les cellules animales surgir au pôle animal. L'uridine et l'uracile ne semblent avoir aucun effet protecteur. Si on traite les embryons pendant 3 h environ à la FUDR et qu'on les reporte dans le milieu normal, ils dégénèrent tout comme ceux qui sont restés en présence de l'analogue. Examen cytologique Déjà après 6 h de traitement à la FUDR 10 -3 M, il n'y a plus de mitoses dans les embryons traités. Les cellules de l'hémisphère animal, en particulier, ont des noyaux très pâles au Feulgen et légèrement gonflés. Ces noyaux sont aussi très pâles à l'IJnna (fig. 25) alors que, dans les témoins, les noyaux se colorent d'un bleu très intense à ce stade (fig. 22). Fig. 22 : coupe dans une gastrula témoin; coloration au vert de méthyle-pyronine. Fig. 23 s coupe dans une gastrula traitée pendant 6h à la FUDR s les mitoses sont bloquées, les noyaux sont très pâles. 57 Après 24 heures de traitement, l'embryon n'est plus qu'une masse amorphe de cellules rondes à gros noyau, rond, granuleux, plutôt pâle au Feulgen. Ces cellules sont assez pyroninophiles. aucune mitose. On ne trouve De temps en temps, on aperçoit des noyaux d'aspect normal dans l'entoblaste (fig. 24, 25) Fig. 24 : coupe dans une gastrula traitée pendant 24 h à la FUDR Fig. 25 : image agrandie. 58 Quand ce traitement a lieu en présence de thymidine, rappelons qu'on obtient souvent une "pseudoneurula". En coupe fig. 26. on observe les 5 feuillets en place, mais dorsalement, les cellules du neuroblaste sont en voie de dégénérescence. Ce sont des cellules rondes à gros noyaux comme les cellules décrites dans le cas précédent Par endroits, on trouve quelques pycnoses dans les autres tissus. Fig. 26 ; gastrula incubée pendant 24 h en présence de FUDR et de thymidine : les cellules du neuroblaste présomptif sont en voie èe dégénérescence. 2. LE FLUOROURACILE A la concentration 10 M, ce dérivé est un peu moins toxique que la FUDR 5 l'arrêt du développement est moins rapide. Quelquefois, on peut assister à la formation d'exogastrulas ressemblant aux embryon protégés par la thymidine. Plus fréquemment cependant, les embryons prennent rapidement l'aspect des oeufs traités par la FUDR, 59 Lorsque les oeufs-sont traités par un mélange de FU et de thymi­ dine, on observe presque toujours ,la formation de pseudoneurulas. Au moment, où la plaque médullaire se dessine chez les témoins, sa dissociation commence chez les embryons traités. Des blastulas ont été traitées dans les milieux suivants : fluorouracile 10 ^ M " + uracile 0,5.10“^ M " thymidine 10 ^ M " BUDR 0,3.10"^ M pendant 2 h, 5^30 ou 22 h. Après ce laps de temps, les embryons ont été reportés dans du Holtfreter. Les embryons traités au fluorouracile uniquement se sont dissociés et sont morts rapidement. Les embryons traités pendant 2 h au fluorouracile + uracile, + thymidine ou BUDR sont presque normaux, surtout ceux qui ont été protégés par l'addition d'uracile. A partir de 5h30 de traitement, on assiste à la formation d'embryons (pseudoneurulas) qui, au moment de la neurulation, perdent de nombreuses cellules, mais se développent cependant quelque peu (fig. 27, 28). Les coupes faites à travers ces embryons révèlent une certaine désorganisation % on note principalement l'absence de système nerveux. La chorde est présente 5 les somites sont plus ou moins bien formés | on note souvent la présence d'un ectoderme atypique. Enfin, par-ci, par-là, on observe des régions en voie de dégénérescence. En conclusion, en ce qui concerne le fluorouracile, une certaine protection par 1'uracile, de traitement. on observe surtout pour des temps courts 60 Fig. 27 ; embryons obtenus après traitement des gastrulas pendant 22 h simultanément au fluorouracile et à la thymidine. Fig. 28 ; coupe transversale au travers d'un tel embryon : on note l'absence de système nerveux. 6l 3. LA FLUORQÏÏRIDIITE Il semble que ce composé agisse différemment ou beaucoup plus lentement que les deux précédents. En effet, les embryons sont normaux jusqu'à des stades neurula plus ou moins avancés suivant la ponte ; ensuite, ils dégénèrent brusquement. C. Incorporation de précurseurs marqués dans des embryons traités à la FÜDR Nous avons cru que l'étude de l'incorporation de précurseurs radioactifs dans les embryons traités fournirait des données intéres­ santes. En effet, après avoir observé les effets de la thymidine et de la bromodésoxyuridine, nous nous sommes demandé si l'embryon, ou son cortex, ne présenterait pas des propriétés nouvelles de perméabi­ lité en présence des fluorodérivés. Nous avons donc réalisé deux expériences dans lesquelles nous avons suivi l'incorporation de précurseurs radioactifs par autoradio­ graphie. Malheureusement, aucune des deux expériences n'a donné de résultats positifs. Dans la première expérience, nous avons étudié l'incorporation d'adénine-8-C14 et d'acide orotique-6-C14 dans des morulas prétraitées pendant 6 h à la FUDR. Dans la seconde expérience, on a suivi l'incorporation de thymidine-H3 (5.10“^ M) et d'adénine-8-C14 (2.10"'^ M) en présence de FUDR 10 M et en présence de thymidine froide 10” simultanément. M et de FUDR 10”^M 62 Nous n'avons pu déceler d'incorporation dans aucun cas. S'agit-il d'une faible pénétrabilité des précurseurs ou de l'inhibition de leur incorporation dans l'ADN ou l'ARN ? On a plutôt l'impression qu'on se trouve en présence d'une faible perméabilité. On s'explique assez mal les raisons pour lesquelles les fluorodérivés jouiraient de.propriétés particulières de pénétration. cependant que Heidelberger et ses coll. semblables. Notons (1959) ont décrit des phénomène Ils ont comparé la pénétration, dans les cellules d'ascite des composés normaux et des composés fluorés et ils ont pu observer une accumulation plus grande des dérivés fluorée. Ces faits pourraient expliquer, par ailleurs, le faible effet de protection par la thymidine et la bromodésoxyuridine. Nous nous proposons de reprendre cette étude sur des cellules dissociées afin de ne plus être limitée par des problèmes de perméa­ bilité . DISCUSSION DES RESULTATS On a vu que lorsqu'on applique les analogues pendant la segmen­ tation, les premiers signes du blocage n'apparaissent qu'au stade blastula. Les mitoses sont bloquées en prophase et la chromatine apparaît très réduite et concentrée dans les noyaux qui gonflent très rapidement. lets. D'entoblaste paraît moins sensible que les autres feuil­ Un simple report dans du Holtfreter, après quelques mitoses en présence de l'analogue, ne suffit pas toujours à lever l'inhibition. Il est difficile pour le moment de décider si l'arrêt du dévelop­ pement est dû à la FUDR accumulée dans les cellules en quantité suffi­ sante pendant le temps de traitement ou s'il s'agit d'une lésion plus précoce, qui se manifeste au stade blastula. Notons toutefois que, après deiix jours de blocage, on observe une reprise des mitoses, mais très rapidement suivie d'une dégénérescence. 63 Enfin, la thymidine et la hromodésoxyuridine protègent les embryons, mais cette protection est peu efficace. Cette inefficacité est-elle due à la faible accumulation de ces substances dans l'embryon ou au fait que des "voies métaboliques autres que celles de la synthèse de l'ADN sont touchées en présence de la FUDR ? Bien que nous n'ayons observé aucun effet de l'ùracile et de l'uridine, il est impossible pour le moment de répondre à cette question. compte de l'effet protecteur, Cependant, si l'on tient si faible soit-il, de la thymidine et de la hromodésoxyuridine, de l'inhibition de l'incorporation d'uridine-H3 dans l'ADN en présence de FUDR, on a l'impression qu'on se trouve en présence d'une inhibition de la synthèse d'ADN semblable à celle dé­ crite pour les cellules tumorales et les bactéries. Dès lors, il faudrait conclure que l'enzyme de synthèse de l'acide thyraidylique est actif au stade blastula et que son inhibition est létale pour l'embryon à ce stade. Nous ignorons évidemment si la synthèse de l'ADN est normale avant le blocage. En effet, nous n'avons aucune donnée sur cette synthèse en présence de FUDR 5 on peut voir que les mitoses se poursuivent normalement, en apparence tout au moins 5 en effet, la réaction de Feulgen est toujours très faible au cours des premiers stades. Notons que Lindner (1959) a trouvé que les noyaux de cellules cancé­ reuses traitées au 5-FU contenaient deux fois moins d'ADN que ceux des témoins. En ce qui concerne le FU et la FUR, on a vu que le blocage est plus tardif. L'étude n'ayant pas été poussée plus loin, on ne sait rien des particularités de ce blocage. Aux stades blastula et gastrula apparaissent à nouveau des diffé­ rences dans le comportement des différentes régions de l'embryon en présence de FUDR et de FU. La faible sensibilité de 1 *entoblaste, qui se manifeste déjà quand on traite les embryons au stade 2, s'accen­ tue encore à la gastrulation. Par ailleurs, le maximum de sensibilité réside dans la partie dorsale, plus précisément dans le système nerveux présomptif. 64 En. présence de thymidine, cet effet se manifeste encore plus spectacu­ lairement : on se souvient que, alors que les autres territoires sem­ blent quasi normaux, la plaque médullaire est fortement lésée. dégénérescence est-elle liée à une déficience de l'ADN, Cette simplement ralentie dans les autres régions, ou à des anomalies dans la synthèse de l'ARN qui devient très importante à ce moment dans les cellules neurales ? Nous l'ignorons, mais on peut noter que la lésion devient très rapidement irréversible. Il serait certainement intéressant de poursuivre l'étude des effets de la FUR. Rappelons que, appliquée aux stades blastula ou gastrula, elle provoque une létalité brusque et tardive. demander si, dans ce cas, On peut se l'effet ne porte pas principalement sur la synthèse d'ARN. Dans les autres cas, on a souvent l'impression que l'effet pri­ mordial porte sur l'arrêt des mitoses et que cet effet masque un peu les autres anomalies. C'est, en somme, ce que les auteurs décrivent pour les cellules tumorales et les bactéries. On possède dertains renseignements sur les anomalies du dévelop­ pement provoquées par d'autres analogues de pyrimidines et de purines. Dès 1947, Brachet avait étudié l'effet de l'acide barbiturique sur des gastrulas de Grenouille. Il est intéressant de noter que, dans ces expériences également, la neurulation est sévèrement atteinte ; la morphogénèse de la tête esi rudimentaire et l'induction neurale fait entièrement défaut dans la moitié postérieure de l'embryon qui conserve un aspect gastruléen. Le benzimidazole et ses dérivés ont fait l'objet de toute une série d'études (Brachet 1952, Bieber 1954, VVaddington et coll. 1955)* et coll. 1952, Liedke et coll. Suivant les modalités d'application - stades, concentrations - on observe toute une gamme d'anomalies : inhibition de la gastrulation, de la neurulation, embryons microcé­ phales. Dans toutes ces expériences, les analogues semblent plutôt interférer avec le métabolisme de l'ARN et le blocage semble indé­ pendant des mitoses. Tout récemment, Billett et Brahma (i960) ont 65 étudié l'effet du benzimidazole sur la différenciation de fragments d'ectoblaste. Ils concluent de leurs expériences que les tissus en voie de différenciation sont particulièrement sensibles au benzimida­ zole* Enfin, il convient de signaler le travail de Grant (I96O) sur les effets d'analogues de l'acide folique sur le développement des Batra­ ciens. Après injection de ces substances dans l'oeuf, il observe un blocage au stade blastula ; ces blastulas bloquées ressemblent quelque peu à celles qu'on obtient après traitement à la FUDR. Grant a effec­ tué des dosages d'acides nucléiques en présence d'aminoptérines et a observé que la synthèse de l'ARN n'est pas affectée par le traitement, tandis que celle de l'ADN s'arrête au moment du blocage. Ces données concordent, en quelque sorte, avec nos propres résultats sur l'effet de la FUDR sur la segmentation. Il est intéressant de noter que, dans ces cas, le blocage est plus précoce que lorsqu'on se trouve en présence d'hybrides létaux ou d'embryons obtenus par fécondation d'oeufs normaux à l'aide de sperma­ tozoïdes traités par une chloréthylamine. L’effet sur la gastrula pourra aisément être étudié d'une manière plus approfondie. En effet, à ce stade, on pourrait effectuer des estimations d'ARN et d'ADN dans les diverses conditions expérimentales3 FU, FUR, FUDR, FU + thymidine, etc. On sait que les synthèses d'ARN deviennent très importantes à ce stade, de l'embryon. surtout dans la partie dorsale Les noyaux de la plaque médullaire, notamment, devien­ nent très pyroninopMles (Brachet 1952). L'utilisation de FU-CI4 pourra, sans aucun doute, données intéressantes fournir des ; ce marqueur, appliqué à différents stades du développement ou à des explantats dans des conditions expérimentales variées, révélera peut-être les fractions d'ARN actives dans les dif­ férents cas. 66 Effet de la bromodésoxyuridine On sait que Dunn et Smith (1954). ont montré que le 5-bromouracilc (Bü) pouvait quantitativement remplacer la thymine dans l'ADN du phage T2. Plus tard, Litman et Pardee (1956) ont montré que le Bü est mutagène pour ces phages. Enfin, le BU s'incorpore également dans les bactéries déficientes en thymine (Zamenhiof et Gruboff 1954» Dunn et Smith 1957) et on peut augmenter l'incorporation de Bü dans l'ADN en créant une déficience artificielle en thymine à l'aide de sulfamides, d'aminoptérines ou de FUDR. L'effet mutagène dépendrait de l’impor­ tance de l'incorporation (Zamenhof 1959)* Freese (1959)» D'après Meselson, cité'par la présence de BU dans l'ADN donnerait lieu à des appariements incorrects qui justifieraient l'effet mutagène. Il serait évidemment tentant d'introduire une base anormale dans l'ADN des embryons. Cependant, appliquée à des embryons normaux, aux concentrations 5•10 ^ à 5•10 ^ M, la bromodésoxyuridine s'est avérée sans effet. Appliquée en présence de FUDR, protecteur. ce composé a manifesté un effet Toutefois, dans nos conditions expérimentales, nous n'observons pas de différences notables entre la thymidine et la bromodésoxyuridine à cet égard. 67 DISCUSSION GENERALE En ce qui concerne le métabolisme de l'ADN pendant la segmenta­ tion, on observe un marquage avec tous les précurseurs étudiés# L'incorporation est plus rapide à partir des précurseurs plus complexor (nucléosides), comme c'est le cas dans les cellules en voie de multi­ plication rapide (Skold I96O). L'incorporation des nucléosides, l'effet de la désoxyadénosine, font penser que les systèmes de synthèse de l'ADN sont actifs dès le début du développement. L'arrêt du développement au stade blastula provoqué par la FÜDR semble lié au blocage de la synthèse de l'ADN. Ce résultat fait penser que l'oeuf contient suffisamment de thymine utilisable, sous quelque forme que ce soit, jusqu'à ce stade. Il serait cependant intéressant de vérifier si des cellules dissociées ne sont pas sensibles plus précocement. La sensibilité à la FÜDR augmente, en quelque sorte, en gastrula­ tion, au moment où les mitoses se ralentissent et où l'utilisation d'uridine devient partagée entre l'ADN et l'ARN. En effet, on sait que, pendant la segmentation, le marquage de l'ARN est possible à partir de ^^C02 et que, dans ce cas, la radioactivité est concentrée dans les noyaux, tandis que l'activité du cytoplasme est très faible (Brachet et Ledoux 1955)* Jusqu'à la gastrula, les autres précurseurs étudiés dans ce travail sont liés à une fraction labile dont la nature reste à préciser. Enfin, à partir de la gastrulation, l'ARN se marque dans les noyaux et le cytoplasme par l'uridine. A ce moment aussi, le marquage nucléaire au CO^ s'intensifie et se différencie. C'est le moment où King et Briggs (1955) mettent en évidence, par 68 dos expériences de transplantation de noyaux, des changements irréver­ sibles dans ces derniers. Si à ce moment, l'ARN se marque intensément, nucléaire augmente et les nucléoles apparaissent, si la basophilie les structures nucléaires et cytoplasmiques se modifient simultanément comme le montrent les observations au microscope électronique de Karasaki (1959, a, b). Cet auteur a observé qu'à partir de la gastrula, on peut voir dans les noyaux des particules, plus denses que celles formant le nucléoplasme, se concentrer et former le nucléole» Par ailleurs, ces particules ressemblent aux micro-particules qu'on trouve dans le cyto­ plasme. Enfin, au moment où apparaît le nucléole, la membrane externe du noyau se garnit de micro-particules. En ce qui concerne le cytoplasme, on observe au cours du dévelop­ pement une complication dans la structure des mitochondries. Jusqu'à la gastrula, Karasaki observe la présence de micro-particules assimi­ lables aux grains de Palade et des vésicules cytoplasmiques, mais il n'observe pas de réticulum endoplasmique. Les vésicules cytoplasmiques sont constituées par une membrane unique et très fine et, à ce stade, elle ne porte pas de micro-particules à sa surface. Enfin, au cours du développement, le nombre de vésicules et de particules augmente et les vésicules se garnissent de particules. On peut se demander quelle est l'importance de l'apparition de ces particules dans le noyau et quel est leur rôle dans les synthèses qui ont lieu à ce moment. Il serait aussi intéressant de voir s'il y a une relation entre ces particules et celles du>cytoplasme. Il convient aussi d'attacher de l'importance au parallélisme qui existe entre les gradients morphogénétiques, les gradients ribonucléiques et les gradients d'incorporation (COg notamment). ribonucléiques, Ces gradients comme le fait remarques Brachet (i960), coïncident sans doute avec des gradients de ribosomes. Or, si les ribosomes jouent un rôle dans la synthèse des protéines, ils semblent aussi jouer un rôle important dans la différenciation embryonnaire. 69 En effet, des observations récentes de Perlmann et de Vincentiis (1961) signalent la présence d'antigène cristallinien lié à la fractio’’ microsomiale. On peut détecter ces antigènes, liés aux microsomes, plus précocement que les antigènes solubles qui apparaissent au moment de la différenciation du cristallin. D'après ces auteurs, l'antigène ribosomique constituerait un précurseur de l'antigène solu­ ble. Ainsi, l'embryon contiendrait un certain nombre de ribosomes bloqués ou inactivés par leur propre produit. Pendant la formation du cristallin, les substances inductrices libéreraient la protéine de la particule et, en même temps, activeraient le "template" ribosomial, qui se mettrait à produire de plus en plus de protéines. De nombreux points retiennent donc l'attention et des expériences nouvelles tendront à répondre aux questions qui se posent. Quelle est la nature'de la fraction labile qui se marque au cours de la segmentation ? On essayera de préciser quelles sont les structures auxquelles appartient l'AEN nucléaire marqué dans les différentes conditions et aux différents stades. Enfin, des techniques plus fines de microscopie et d'autoradio­ graphie, d'immunologie, permettront peut-être d'étudier les ribosomes d'une manière plus approfondie et de mettre en évidence des échanges noyau-cytoplasme. 70 BIBLIOGRAPHIE 1. Astrachan L, et Volkin E, (1958) 2. Barth L.G. et Barth-Jaoger L. 3» Bieber S. (1959) : BiocMm.Bioph. Acta (1959) s J.Embryol.Exp.Morph. et Tencer R. 6. 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