777 uka 5 ACIT Association Cultuelle Israélite de Toulouse Hano décembre 2016 N° 210 4€ Le mAGAZINe de LA cOmmUNAUTé JUIVe de TOULOUSe eT deS PAYS de LA GArONNe “HEUREUX COMME UN JUIF EN FRANCE” ET SI NOUS DISIONS CELA AUJOURD’HUI ? HANOUKA : À CHACUN D’ALLUMER L’ÉTINCELLE PANORAMA DES SYNAGOGUES (SUITE) MICHAËL HIRSCH l’invité des JCJ Le billet d’henri amar sommaire du n° 209 automne 2016 tichri 5777 en couverture : Heureux comme un Juif en France” : les Journées ont réuni un public curieux et attentif et ont donné lieu à plusieurs tables rondes et de fructueux échanges avec des invités de marque > page 10 Passions tristes Paresse intellectuelle ? Lâcheté morale ? Aveuglement délibéré ? Installés dans le confort trompeur et mortifère de certitudes obsolètes, politiciens chevronnés, doctes maîtres sondeurs, sociologues émérites, experts auto-proclamés et petits marquis du commentaire médiatique et télévisuel ne parvenaient pas ou se refusaient, jusqu’ici, à prendre en juste compte l’ampleur de la crise qui, débordant les frontières et les spécificités nationales, frappe aujourd’hui le système démocratique. quences incontrôlées – financiarisation sauvage, sociétés fracturées, inégalités croissantes – rendent inaudibles les principes fondateurs de nos républiques et, à tout le moins, ceux qui, aspirant au pouvoir, continuent de vouloir s’en parer… discrédit du politique, rejet de l’institutionnel, méfiance face aux magistères déjà instaurés de la parole, du savoir, de la pensée ou du comportement : la porte est ainsi ouverte à toutes les dérives, tous les excès, tous les extrémismes qui, au terme de révoltes parfois plus sanglantes encore, font Le citoyen qui, hier, s’ouvrait le lit des dictatures. brexit en Grandebretagne prenant au dépourvu ceuxaux autres, à l’avenir, et là même qui, sans confit dans ses trop y croire et qui, à l’espoir d’un monde meilleur désillusions, crispé à coups d’amalsur ses peurs, ses qu’il serait en mesure de faire rancunes, ses rangames, en avaient vanté les avantages cœurs, le citoyen advenir, se replie désormais à des électeurs pris qui, hier, s’ouvrait sur soi, son présent immédiat aux autres, à l’aveau piège de leur rhétorique mensonnir, et à l’espoir et son espace clos. gère, victoire incond’un monde meilgrue aux etatsleur qu’il serait en Unis d’un donald Trump surjouant le mesure de faire advenir, se replie désorcandidat antisystème, résolument hostile mais sur soi, son présent immédiat et à tous les « sachants », échec-surprise son espace clos. au duel longuement annoncé JuppéSarkozy aux primaires de la droite en La boucle est alors bouclée qui renFrance : tout se passe comme si, ici et ferme, rétrécit, rabougrit et renvoie là, et au sein même de démocraties rél’homme à ces « passions tristes » députées exemplaires, une majorité d’élecnoncées par Spinoza. teurs ulcérés parce que se sentant déPassions tristes destructrices d’espoir et possédés d’une vraie liberté de choix, de lumière. cet espoir et cette lumière avaient décidé de « renverser la table », dont toute notre histoire, si tourmentée de mettre à bas un système et des strucsoit –elle, et dont les bougies de nos Hatures où ils ne se reconnaissent plus. noukhiot nous rappellent qu’elles ne peuvent et ne doivent jamais s’éteindre Le logiciel de référence ne fonctionne lorsque l’on sait et que l’on veut puiser plus. Le modèle démocratique, héritier le courage de les maintenir. Ou de les de la philosophie des Lumières et de sa rallumer. foi absolue au pouvoir libérateur et infini Henri Amar de la raison – une raison universelle et universellement partagée – se heurte désormais à l’âpre réalité d’un monde dont la rapidité de mutation et ses consé- Le billet d’Henri Amar deux administrateurs à découvrir L’œil du président Actualité religieuse : Tout savoir sur Hanouka La disparition de marcel Gotlib La mémoire de dany rosen Une synagogue : celle de l’edJ Gilbert montagné Le Journées de la culture rencontre : rachel Khan, noire et juive La parole aux associations Une visite des parlementaires polonais brèves communautaires culture Découverte : michaël Hirsh disparitions carnet communautaire 3 4 5 6 11 12 13 15 16 19 20 28 29 31 36 38 39 Aviv mag est une publication de l’AcIT Association cultuelle Israélite de Toulouse, 2 place riquet, 31000 Toulouse. Tél. 05 62 73 46 46 directeur de la publication : Yves bounan directeur de la rédaction : Pierre Lasry rédaction et coordination : Yaël rueff-Salama crédit photo : LSP, bernard Aiach, studio Ledroit Perrin pour m. Hirsch design, production : LSP, 11 rue Adonis, 31200 Toulouse, tél. 05 61 13 18 18, [email protected] régie publicitaire : midi-Pyrénées communication : 05 61 23 81 68 - Impression Graphitti N° de commission paritaire : 0421 G 88068 dépôt légal à parution Ont contribué à ce numéro : Henri Amar, Jacques Asseraf, Alain Atlan, Anny beck, dana bensimon, Yves bounan, Sophie castiel, c. chaput, Néhama chein, Patricia dassa, claude denjean, Frédéric Kélif, dominique Khalifa, Pierre Lasry, maurice Lugassy, Yoseph Ytzrak matusof, Katia Nakache, Yaël rueff-Salama, marc Stzulman, eydel Weill, Harold Avraham Weill avivmag n°209 septembre 2016 3 vent-en-poupe ? de nombreux visages vous sont familiers, vous les rencontrez parfois, car ils travaillent bénévolement à aider la communauté sous une forme ou une autre. Focus sur deux d’entre eux Portraits à suivre 1959 Naissance à Toulouse 1981 diplômé de Sup de co 1982 Séjour aux etats-Unis 1983 mariage et retour à Toulouse dans la vie active de commerçant 2015 Administrateur à l’AcIT 1990 Naissance à Toulouse 2008 baccalauréat à Ohr Torah 2010 responsable des eeIF de Toulouse durant 3 ans 2014 mariage à Jérusalem avec Jessica 2015 Administrateur à l’AcIT kevin sellem, la relève récent élu à l'AcIT, et jeune entrepreneur, qu'est-ce qui t’a motivé pour accepter cette charge nouvelle ? c'est pour moi la continuité naturelle de mes engagements dans les différents mouvements de jeunesse. Sous l'impulsion d'Yves bounan, le conseil d'Administration de l'AcIT s'est renouvelé et rajeuni. Je suis content d'y contribuer en apportant une touche de jeunesse à l'institution. est-ce que tu conçois la communauté différemment maintenant que tu es à ce poste ? Quand on est jeune, fidèle et simple "administré" de la communauté on voit les choses d'une manière assez simplifiée. On ne mesure pas l'importance des dispositifs communautaires ni la multiplicité des missions remplies par l'AcIT. 4 Je me rends compte désormais tous les jours à quel point la fonction de l'AcIT est complexe et complète : elle nous accompagne à toutes les étapes de notre vie et assure l'animation et la gestion de nos nombreuses structures. est-il difficile de recruter de nouveaux cadres communautaires ? c'est une question compliquée: ceux qui ont toujours été impliqués dans leur jeunesse vont se montrer spontanément disposés et il sera facile de les associer. d'autres en revanche sont difficiles à entraîner car souvent ils ne s'imaginent même pas qu'ils pourraient être utiles. Notre mission est aussi de sensibiliser chacun sur le rôle qu'il pourrait jouer. questions alain alter, le permanent providentiel Après plusieurs fonctions électives dans d’autres associations, pourquoi ce retour à l’AcIT ? ce n’est pas un retour, c’est une “première fois”. ce n’était pas la destination vers laquelle je m’étais tournée au départ. Avec le départ d’Arié et de quelques piliers de cette communauté en Israël et ailleurs qui ont représenté un changement important dans le conseil d’administration, on m’a fait sentir qu’il était souhaitable que je vienne consolider l’équipe de l’AcIT qui est le pilier essentiel de notre vie communautaire locale pour une transition en douceur. c’est ce qui s’est opéré sous la présidence d’Yves bounan qui fait un excellent travail. J’avais travaillé au Fond Social, à l’edJ, et aux questions de sécurité. cette expérience a facilité la poursuite de bonnes relations entre institutions. rangs se resserrent, les gens se mobilisent. La collecte au niveau de l’AcIT est plutôt à la hausse et le bilan financier est positif malgré le départ de donateurs importants. On a des finances équilibrées. mais elles ne traduisent jamais qu’une mobilisation des cœurs et des familles participantes. Sur toutes les grandes manifestations, on voit que les gens répondent présent. evidemment, les synagogues ne sont jamais suffisamment remplies bien que les synagogues périphériques soient très vivaces et que les derniers constats montrent une fréquentation en hausse. J’ai une certaine confiance en l’avenir, mais jamais une confiance aveugle car l’on sait que c’est toujours le prix d’un effort et d’une action constante. à quel type d’action penses-tu justement ? Je pense que parfois, il faut aller chercher les gens qui nous entourent par la main, des gens vers qui un petit geste suffirait pour les inviter à intégrer une structure ou une autre, les inviter à venir participer… Tu sembles plutôt satisfait de dans mon cas, cela s’est fait cette équipe et de son travail. sans que je le recherche. c’est Jo Zrihen qui m’a attiré et un comment te projettes-tu sur peu forcé la main à l’époque. l’avenir ? Avec une certaine confiance et depuis, je suis resté attaché à sérénité dans la mesure où les cette institution. transitions qui pouvaient appaPropos recueillis raître comme délicates sont par Pierre Lasry bien gérées. Lorsqu’il y a des difficultés ou des manques, les à yves bounan Quelques questions au président Pour cette période de la fête des lumières, Hanouka est concomitant avec les dates de noël, qu’est-ce que cela vous inspire ? Hanouka tombe toujours au mois de décembre, et c’est la période des fêtes de Noël de l’ère chrétienne. Il y a donc souvent des coïncidences au niveau de ces dates. Au-delà de la religion, cette période d’illumination, de féérie, contribue au bonheur des enfants et de leurs familles. Justement, comme Hanouka est la fête des Lumières, je veux faire passer un message d’espoir. c’est d’ailleurs celui que je ne cesse de faire passer : un message d’espoir, de paix, de sérénité, d’amour, d’écoute, de solidarité les uns envers les autres. la période qui vient de s’écouler a vu se dérouler une quinzaine de manifestations pendant un mois : les Journées de la Culture Juive sont toujours un grand moment, qui occupe l’edJ pour les trois quarts des événements et plusieurs autres lieux dans la ville. Quel est votre accueil de ces journées ? encore une fois ces Journées de la culture Juive ont montré que la communauté était capable de se réinventer, de créer, de proposer non seulement à notre communauté mais aussi à l’ensemble de la cité, des manifestations, des dîners, des spectacles, des expositions, des conférences. Je me souviens entre autres de la soirée de vernissage où une cinquantaine de peintres et sculpteurs sont venus exposer à l’espace du Judaïsme. c’était une soirée mémorable, on avait rarement accueilli autant de monde, avec des visiteurs que l’on n’a pas l’habitude de côtoyer dans ce bâtiment. J’aimerais vous faire réagir à la thématique « Heureux comme un Juif en France » qui a créé des discussions, pour et contre et revenir à cette soirée à laquelle vous avez participé en temps que président de l’acit avec d’autres présidents d’associations toulousaines pour débattre justement de ce bien-être ou de ce «moins» bien-être de notre communauté en France et à toulouse. « Heureux comme un Juif en France » est un excellent postulat ! Nous Juifs, avons l’obligation d’être joyeux, c’est un commandement écrit dans la paracha de Ki Tavo. Aujourd’hui, en France, sommes-nous heureux ou sommesnous malheureux ? Nous sommes dans un pays qui nous permet de vivre pleinement notre judaïsme et c’est très important. Nous connaissons depuis quelques années des difficultés liées à l’antisémitisme, les nier serait se voiler la face. ceci dit, la question que je me pose et que je veux résoudre en tant que responsable communautaire, c’est comment faire pour mieux vivre notre judaïsme en France, et c’est l’intérêt de cette réflexion. Il est très important de participer aux manifestations, conférences et journées de réflexion que nous proposons, car c’est dans ces moments là que l’on peut trouver des réponses à nos questions. Pour moi, chaque personne est indispensable, et nous sommes tous responsables de ce que nous sommes, et par conséquent solidaires les uns des autres. Pour ce premier trimestre, quels grands rendez-vous et quels projets pour notre communauté ? Pour commencer, je donne rendez-vous à tous nos coreligionnaires le dimanche 25 décembre pour célébrer la fête de Hanouka à l’espace du Judaïsme. Il y aura comme chaque année une distribution des jouets, de cadeaux, de beignets. Nous allumerons ce soir-là la deuxième bougie de Hanouka en présence de toute la communauté et des représentants de la ville. Autre projet : nombre de nos coreligionnaires sont installés en Israël ou ailleurs et partagent leur temps entre deux pays. Ils ont envie de s’investir pour élargir l’assise du consistoire de Toulouse là où ils sont et participer ainsi à la vie de notre institution. Nous allons les aider, avec l’équipe qui est à mes côtés et qui fait un travail remarquable, à construire ce projet. “la question que je me pose et que je veux résoudre en tant que responsable communautaire, c’est comment mieux vivre notre judaïsme en France” notre AVIV Mag passe en revue un certain nombre d’événements et de chroniques, quels sont les points qui vous ont intéressés dans ce numéro 209 ? Je sais que ce magazine est très attendu par les membres de notre communauté. J’ai plaisir également à le feuilleter, à lire les mots de nos rabbins, à revivre les comptes-rendus des événements festifs ou cultuels, et il y a toujours des choses à apprendre sur les associations… dans un autre registre, j’aperçois aussi de nouveaux partenaires au fil des pages, car nous avons confié la gestion de la régie publicitaire à une nouvelle société, Midi Pyrénées Communication, et je suis heureux de voir une nouvelle dynamique de couleurs et de vie dans ce magazine. Il y a aussi quelques hommages émouvants, qui me font penser à la disparition de trois Grands que sont elie Wiesel, Joseph Sitruck, et plus récemment Shimon Peres. ces trois hommes avaient en commun une destinée à dimension universelle mais profondément enracinée dans le judaïsme. Ils se sont rendus maîtres de leur destin, ont toujours fait le choix de l’action et de la vie. Ils sont un exemple à suivre. Je formule le vœu qu’ils continuent à nous inspirer. Bonne fête de Hanouka à toutes et à tous ! Yves Bounan, Président de la communauté juive de Toulouse aviv Mag n°209 4 aviv Mag n°209 avivmag n°209 septembre 2016 5 Par Avraham Weill Judaïsme Hanouka en questions Judaïsme par Nehama chein pratique l’allumage des bougies bien que pendant les huit jours de Hanouka, il soit défendu de jeûner ou de prononcer un éloge funèbre, aucun travail n’y est interdit. Toutefois l’usage est répandu de ne faire aucun travail pendant que brûlent les lumières de Hanouka, au moins pendant une demi-heure après la tombée de la nuit. en particulier, les femmes s’abstiendront de ne faire aucun travail pendant ce temps en souvenir du courage et du dévouement de Yehoudit, fille de Yohanan, le grand prêtre qui tua le général grec Holopherne à cette époque. les mets de Hanouka La célébration de Hanouka ne comporte pas de seouda obligatoire. cependant, nous multiplions les mets festifs afin de remercier dieu pour les miracles et les prodiges et relever la joie de la fête. On a l’habitude de manger des mets frits dans l’huile : beignets ou latkes en souvenir du miracle de la fiole d’huile. l’argent de Hanouka et les cadeaux aux enfants Le nom de Hanouka suggère un rapprochement avec le mot « HINOU’H » : éducation morale et religieuse. d’où vient aussi la coutume de distribuer aux enfants de petites sommes d’argent en guise de cadeaux, dans le but des les encourager à l’étude. en effet, nous donnons des pièces aux enfants pour les habituer à utiliser leur argent pour des mitsvot, et, en particulier, pour la 6 aviv Mag n°209 un exil pas comme les autres tsédaka (charité). La tsédaka donnée par un enfant est, par certains aspects, supérieure à celle que donne un adulte. Un adulte travaille pour gagner son argent et, s’il donne, il peut travailler pour remplacer ce qu’il a donné. Néanmoins, l’enfant ressent une joie profonde à donner généreusement quand il voit une personne nécessiteuse ou une institution scolaire de Torah qui mérite son attention. Les cadeaux offerts aux enfants contribuent à ressentir la joie de la fête et encouragent leur participation active lors de l’allumage des bougies. la toupie Le jeu de la toupie, sévivon, date encore de l’histoire de Hanouka : l’étude de la Torah étant interdite, les enfants juifs se cachaient dans des grottes pour étudier. Quand ils étaient découverts par les soldats grecs, ils tiraient de leurs poches leurs toupies et prétendaient simplement jouer. Nous nous souvenons alors de leur courage. Les lettres symboliques : Noun, Guimel, Hé, chin des mots « Ness Gadol Haya cham » inscrites sur les faces de la toupie doivent graver dans la mémoire des enfants le souvenir du miracle de Hanouka. louanges à dieu Les huit jours de Hanouka sont fixés comme jours de fête célébrés par le chant du Hallel (louanges à dieu) et la récitation d’une prière, Al Hanissim, de reconnaissance envers l’eternel. Comment allumer Le 1er soir on allume la lumière qui se trouve la plus à droite sur la hanoukia. Les jours suivants on place les bougies de droite à gauche, et on allume d’abord la lumière de gauche qui a été ajoutée. On allume le soir, à la tombée de la nuit. Vendredi soir on allume les bougies de Hanoucca avant celles de chabbat, elles devront brûler au moins 1/2 heure après la nuit tombée. Samedi soir on allume les bougies de Hanoucca dans les foyers après Havdala. Bénédictions • Le 1er soir, la personne qui allume dit 3 bénédictions : 1. « Léadlik ner hanoucca » 2. « chéassa nissim » 3. « chééhiyanou ». • Les autres soirs on dit seulement les deux premières bénédictions une célèbre question se pose à nous chaque année lors de la fête de Hannouka : Comment justifier la nécessité du miracle de la fiole d’huile pure (ndlr : qui brûla 8 jours au lieu d’un seul) alors que l’allumage du candélabre pouvait se faire également, en cas de nécessité, avec de l’huile impure. L e rAV ASHer WeISS propose une réponse originale en analysant la particularité de l’exil grec. Il fait judicieusement remarquer qu’étymologiquement parlant, qualifier la période de domination grecque pour les Juifs est inexact dans le sens où, contrairement à l’exil de babylonie ou celui des Perses, ils n’ont jamais été contraints de quitter leur terre. en réalité, et les grecs l’avaient parfaitement compris, on peut exiler un peuple sur sa propre terre. Ne pas détruire sa maison, mais détruire dans sa maison. La technique est pernicieuse et redoutable. car on ne voit pas toujours le mal arriver. Les grecs n’ont jamais détruit le temple alors qu’ils avaient techniquement les moyens de le faire. Ils ont préféré le souiller. contraindre les Juifs à allumer le candélabre avec de l’huile impure. Le vider de toute sa substance pour le rendre profane. en faire un lieu comme tous les autres. Il en va de même en ce qui concerne les 13 brèches perpétrées dans les murs du temple. Le nombre n’est bien évidemment pas fortuit. Il avait pour but de s’attaquer aux 13 articles de foi auxquels les Juifs étaient si fortement attachés et qui leur avaient toujours permis de traverser les vicissitudes de l’histoire. Gommer les singularités. diluer la pureté candide et innocente du peuple juif dans un souci d’uniformité et de d’égalité. rien d’étonnant que l’exil grec soit qualifié par la Torah de ‘Hoshekh, d’obscurité. car l’obscurantisme se pare souvent d’habits de lumières. combien de millions de morts dans l’histoire au nom de ceux qui prétendaient incarner la nous ne devons laisser personne souiller la lumière qui brûle à l’intérieur de notre âme grecs, qui n’en demandaient pas plus. matiyahou et ses enfants l’avaient parfaitement compris. Nous ne leur serons jamais assez reconnaissants. Souvenons- nous, lorsque nous allumerons les bougies, que nous ne devons laisser personne souiller la lumière qui brûle à l’intérieur de notre âme. Que sa pureté nous permet d’exister et d’alimenter la fierté que nous ressentons d’être les dépositaires d’un héritage pluri millénaire. Hannouka Sameah Avraham WEILL, rabbin de Toulouse liberté et l’amour. Voilà pourquoi le miracle de Hannouka s’imposait. certes il aurait été possible juridiquement parlant d’allumer la ménora avec de l’huile impure. mais on dépassait ici le cadre de la stricte halakha (législation juive). renoncer à l’huile pure aurait été une forme de renoncement à notre identité, à notre héritage. cela aurait été une forme de victoire pour les avivmag n°209 septembre 2016 7 Par Jacques asseraf Par Yossef Matusof Judaïsme Judaïsme Hanouka au présent Hanouka - Pourim Hanouka, faut-il le rappeler, constitue la dernière fête que nos Sages ont intégrée dans notre calendrier hébraïque. Absente du Texte Biblique, elle partage avec Pourim, la spécificité d’avoir été instituée par des hommes pour des hommes... Elle se distingue toutefois du récit d’Esther qui se perd dans les limbes de l’histoire et qui a pu, chez certains, apparaitre comme un mythe. Précisément datée*, l’épopée des macchabis signe, en quelque sorte, l’irruption du judaïsme dans l’histoire universelle. Cette relative proximité dans le temps historique lui confère une modernité qui emporte une large adhésion au sein du monde juif. En attestent ses récents allumages publics dans les grandes métropoles occidentales. Q uand, dans les nuits de décembre, brilleront les petites lueurs de Hanouka, un sentiment diffus d’une identité partagée, gagnera probablement nombre de foyers juifs. La conscience que, sous toutes les latitudes, des myriades de maisons juives se soumettent simultanément au même cérémonial, viendra traverser les esprits et nous conforter dans cette idée d’une unité d’un peuple par-delà la géographie. Peu de familles à propos de Hanouka nos sages n’ont pas manqué de relever que la victoire célébrée pendant cette période est celle de la lumière qui pourtant semble presque anecdotique par rapport à la victoire militaire contre l’une des armées les plus puissantes de l’époque. deux grandes fêtes découlant de l’Histoire, ont été instituées par nos prophètes : Hanouka et Pourim. mais, une grande différence existe dans leurs pratiques ; Pourim est célébrée avec de grandes festivités de repas (séouda) et boissons (michté), alors que Hanouka est davantage célébrée par les allumages et les récitations de louanges (Hallel, Al hanissim…..) sans aucune indication particulière concernant les repas. L’explication de cette différence est qu’à Pourim, nous fêtons l’avènement de la menace de notre extermination physique alors qu’à Hanouka nous fêtons l’avènement de la menace de notre extermination spirituelle. 8 aviv Mag n°209 c’est pour cette raison que l’accent est mis à Hanouka sur le miracle de la fiole d’huile qui a brûlée miraculeusement 8 jours, et non sur la victoire militaire car la lumière représente l’esprit et la spiritualité. cependant nous ne trouvons pas de lien évident entre Hanouka et nos lois de cacheroute alors qu’à Pourim selon un avis du Talmud, le décret d’Aman était une conséquence du non-respect de la cacheroute lors du repas royal de Assuérus. Toutefois, en réfléchissant sur une des raisons des lois de cacherout, nous pouvons quand même trouver un lien : la cacheroute touche aux aliments et à leur aspect physique mais la raison profonde de ces lois est fondée sur le fait que la nourriture physique est également la nourriture qui alimente l’esprit et se diffuse « dans notre chair et notre sang ». Pour porter notre qualité de « peuple saint et distingué » d-ieu nous a ordonné une alimentation saine et sainte. Hanouka nous engage à privilégier le Spirituel et notre esprit par rapport au matériel et à notre corps. Aujourd’hui, comme à l’époque de Hanouka, des menaces pèsent sur notre spécificité et particularisme : mila (circoncision), et cacheroute (che’hita = abattage rituel…). « Une petite lumière chasse les ténèbres, même denses » grâce à l’allumage de nos lumières de Hanouka, lumières de Torah et mitsvot, notamment par l’observance des lois de cacheroute, nous pourrons vivre notre spiritualité et notre judaïsme en toute quiétude. en attendant que se réalise la prophétie de david « Là, je ferai grandir la fierté de david, je préparerai la flamme de mon Machia’h » (Psaume 132.17). Hanouka saméa’h. Rav YY Matusof La conscience que, sous toutes les latitudes, des myriades de maisons juives se soumettent simultanément au même cérémonial assumant leur identité se priveront délibérément de ce rituel. d’autant qu’elles sont rares les célébrations religieuses qui revêtent un caractère familial aussi bon enfant. délestées des contraintes rituelles et domestiques parfois éprouvantes, les festivités de Hanouka impriment dans les demeures juives une atmosphère empreinte d’une certaine magie. chargés de leurs cadeaux, les enfants laisseront libre cours à leur gaieté bruyante auprès des adultes ravis de cette ambiance joyeuse. et chacun de se souvenir parfois de sa jeunesse ; de ses parents ou grands-parents qui, dans les terres ensoleillées d’Afrique du Nord ou les bourgs enneigés d’europe de l’est regardaient également scintiller ces petites lumières alignées. rappel immanquable du passé qui, par fidélité, nous arrime à la longue chaîne immémoriale qui relie les générations et dont, à notre tour, nous tentons d’assurer la continuité. de 2000 ans. Ils se souviendront, non sans fierté, du combat héroïque que des irrédentistes juifs ont mené contre l’occupant gréco-assyrien; des victoires remportées malgré la disproportion des forces pour, in fine, rétablir une souveraineté relative sur leur territoire. Ils ne manqueront pas de songer à l’Israël contemporain, également en butte à l’hostilité générale et qui a adopté, comme symbole de son état, ce même candélabre à huit branches. d’autres évoqueront dans leurs prières la main providentielle du ciel qui intervient avec succès dans la lutte asymétrique entreprise par les Hasmonéens** pour défendre les fondements essentiels du judaïsme. Ils se rappelleront de cette fiole d’huile pure retrouvée qui a pu miraculeusement alimenter les flammes de la Ménora durant huit jours dans l’enceinte du Temple soustrait au paganisme de la puissance d’occupation. ce petit peuple recroquevillé sur lui-même, volontairement soumis à la loi divine et jaloux de son mode de vie, se retrouve régulièrement confronté aux grandes civilisations, à leurs cultures, à leur pensée, à leur savoir. Il ne dédaignera pas de se référer aux valeurs qu’elles véhiculent, comme la raison ou la science. mais ils se cabre quand on attente à sa foi profonde et refuse obstinément la métaphysique grecque dès lors qu’elle entend vider le ciel de son dieu Un et Unique. Sa foi ne saurait composer avec les multiples divinités qui peuplent le Panthéon des Hellènes Les innombrables sculptures qui les représentent ainsi que le règne arrogant du beau et de l’esthétique qu’ils exaltent ne peut faire bon ménage avec l’esprit du judaïsme tendu vers une ‘’Présence Absente’’ qui proscrit l’image. La fidélité à cette ligne n’a pas varié au cours des siècles et aucun mirage n’a pu l’amender jusque-là. Jacques ASSERAF * Vers 168 avant l’ère commune ** du nom de la famille qui, la première, a pris la direction de la révolte et de la lutte armée chez quelques uns parmi nous, surgira la vague nostalgie d’une terre et d’un pays abandonné voilà plus aviv Mag n°209 9 Fuite glaciale disParition d’un géant de la Bd : MarCel gotliB Marcel Mordekhaï gottlieb est né à Paris de parents juifs hongrois. en septembre 1942, la police française vient arrêter son père. ervin Gottlieb est transféré à drancy puis déporté au camp de travail et de concentration de blechhammer. Il survit à l'évacuation du camp lors de la marche de la mort mais est assassiné au camp de concentration de buchenwald le 10 février 1945. La mère de marcel le cache chez des agriculteurs avec sa sœur. à partir de 1947, il passe trois ans au château des Groux à Verneuil-sur-Seine, sorte d’orphelinat, où il découvre ce qu’il appellera plus tard les « filles du sexe opposé », et notamment Klara, une jeune fille d’origine hongroise. cette partie de sa vie fait l'objet d'une autobiographie de jeunesse intitulée J'existe, je me suis rencontré. en 2014, le musée d'art et d'histoire du judaïsme, à Paris, décide, pour son 80e anniversaire, de lui consacrer une exposition. à cette occasion, l'auteur, dans un article du monde du 13 mars 2014, explique : « Je suis avant tout athée mais, d'un autre côté, je suis juif et si je ne l'étais pas, je serais athée également. Tout ça est bien compliqué. Disons que je suis obligé de tenir compte de cette appartenance à la judéité dans la mesure où cela a été la dégringolade du côté de ma famille pendant la guerre. Cela dit, je n'ai jamais claironné que j'étais juif. Mais je ne l'ai jamais caché non plus.» dans son œuvre, où il a majoritairement abordé des sujets comiques, il a rarement abordé sa judéité et les drames qui se sont produits autour de lui pendant la Seconde Guerre mondiale. Il n'en parle que deux fois. en 1969 dans Pilote, dans un épisode appelé « Chanson aigre douce », il se rappelle l'année 1942, il avait 8 ans. Il vivait à la campagne et les autres enfants lui chantaient une chanson dont il ne comprenait pas les paroles. Il ne comprenait pas non plus qu'on lui disait « qu'au loin, il y avait de l'orage et que ses parents sont restés sous l'orage ». Pour lui, la vie était heureuse. Plus âgé, il a compris les paroles et l'« orage » et il déclare qu'en 1977 sa fille aura 8 ans, et il espère qu'elle ne subira jamais d'orages. « J'ai huit ans et je vais à l'école. Un copain m'apprend une comptine. « Leblésmouti ♪ Labiscouti ♪ Ouileblésmou ♪ Labiscou. » Je ne comprends pas ce que ça veut dire… Papa et maman sont restés sous l'orage, là-bas, au loin. moi, je suis ici, à la campagne. c'est l'orage dehors au loin mais dans l'étable je suis bien Silence Obscurité chaleur. Aujourd'hui, le père coudray m'a dit qu'il ne fallait plus que j'aille à l'école. à cause de l'orage. c'était en l'an de grâce 1942. L'orage a duré longtemps, mais moi, douillettement niché au fond d'une étable, bien au chaud et caressant un museau de chèvre, je m'en fichais bien. Aujourd'hui, en l'an de grâce 1969, j'ai enfin compris la comptine. Ça voulait dire : « Le blé se moud-il ? L'habit se coud-il ? Oui, le blé se moud, L'habit se coud. » J'ai également compris l'orage. » cette histoire est complètement autobiographique : Il déclare dans Télérama : « Pendant l'Occupation, ma mère nous avait mis en pension chez des fermiers, un peu Thénardier sur les bords. Ces gens-là gardaient plein de mômes. Au début j'allais à l'école, mais ils m'en ont retiré pour m'envoyer garder la chèvre. Je passais mes journées avec elle. Juste au-dessus de nos têtes, il y avait des batailles aériennes. Les avions se mitraillaient et moi, j'étais là, les mains dans les poches. Un jour, en rentrant la chèvre, j'ai vu une voiture garée devant la ferme, une traction avant peinte aux couleurs de l'armée allemande, et des soldats chez mes logeurs. Je suis resté prudemment en arrière...». La seconde fois, en 1973 dans La coulpe (L’écho des savanes no 3), où il découvre le sens de l’expression « humour grinçant » arborant sur la poitrine une étoile de david. Gotlib se sent on ne peut plus juif mais aussi «plus français que juif ». Il n'aura jamais été en Israël, ni en Hongrie. . extraits de chanson Aigre-douce Gotlib dans Pilote en 1969 avivmag n°209 septembre 2016 10 aviv Mag n°209 11 Par Frédéric kélif Mémoire ESTANG dany rosen : une éternelle reconnaissance envers la communauté juive de toulouse FoCus sYnagogue la grande sYnagogue HekHal david de l’edJ S Dany Rosen vit à présent en Israël La maman de Dany Rosen, Rose Leibovici Sansoulh Rose et Paul Sansoulh, les parents de Dany Rosen Paul Sansoulh a été pris en otage par les Allemands, et fusillé le 3 juillet 1944 d any rosen a vécu, toute jeune, une histoire familiale dramatique. Son père a été assassiné par les Allemands dans le village d’estang, dans le département du Gers, où elle vivait avec ses parents. elle a réussi a survivre avec sa mère rose et a été hébergée, enfant, à Toulouse, au “château”, ce magnifique bâtiment de la rue des martyrs qui a servi pendant la guerre à la Gestapo, puis à l’hébergement des enfants juifs ensuite. dany vit en Israël à présent, elle a deux enfants. Grâce au truchement d’Albert Seifer, elle nous a écrit il y a peu pour nous donner de ses nouvelles et pour nous dire son amour fidèle pour la France et pour Toulouse, voici quelques extraits de sa lettre : • “Ma fille, “made in Israël”, est toujours contente quand on lui demande si elle est française. Elle aime la culture française, la bonne éducation française, elle aime Paris, Toulouse, et les Toulousains.” • “Mon fils, lui, tient à se rendre tous les ans à Roglit, pour une cérémonie devant le mémorial de la déportation française, avec les noms ds victimes de la dernière guerre mondiale. Cette cérémonie, intitulée “rencontre familiale”, se déroule en français et en hébreu, elle n’est jamais trop lourde, juste comme il faut. Quoiqu’il en soit, je pense que nos cicatrices ne disparaitront que lorsque nous disparaitrons…” ITUée AU 1er éTAGe de l’espace du Judaïsme et inaugurée en septembre 1998, la Synagogue « Hehal david » (du nom de david Layani zal grande figure de notre communauté), est la plus grande Synagogue de Toulouse avec 480 places assises. On peut considérer qu’elle représente le tronc central des lieux de prières de notre communauté, avec pour ramifications toutes les synagogues de l’agglomération Toulousaine, et offre avec les deux autres synagogues du centre ville (Palaprat et Adat Yeshouroun), plus qu’un lieu de prière, un lieu de rencontre, d’étude, de rassemblement et de manifestation. On y a même, avec l’autorisation de notre rabbin, Avraham Weil, organisé en toute hâte un concert inoubliable pour la Tsedaka 2015. en y entrant pour les offices, vous serez accueilli par une équipe de bénévoles dévoués, qui mettra à votre disposition livres et Talit et vous fera un Kavod en vous proposant, si c’est un jour de sortie de la Torah, de vous y faire monter. mais ce qui fait sa particularité, à mon avis, c’est qu’elle ne ressemble à aucunes autres synagogue, à Toulouse bien sur, mais en France et en europe également, par son architecture. Son Kahal (public) est composé de piliers de notre communauté, et ne vous y trompez pas, si en rentrant vous vous dites qu’il n’y a pas grand monde, c’est juste que chaque fidèle a ses habi- tudes et se place, l’un au fond à droite, l’autre au 1er rang, en fait aux mêmes endroits que sa famille et ses parents se plaçaient à la VNS (Vieille Nouvelle Synagogue), rue du rempart Saint etienne… une manière silencieuse et discrète de rendre hommage à leurs aieux… et vous sentirez alors que notre Grande Synagogue de le l’edJ «Hehal david» a une grande et belle Ame… et en fermant les yeux, vous entendrez peut être, comment ne pas l’évoquer, les pas de moise bitoun zal…. Pour les horaires des offices quotidiens et des Shabbat reportez vous à L’aviv Hebdo . Fred Kelif • Sont aussi organisés depuis quelques mois des offices des jeunes par les jeunes (shabbat tenns) tous les samedis matins de 10 h à 12 h dans la petite synagogue attenante… histoire de préparer la future génération ! PatriMoine A Estang, Dany fait découvrir à son fils le village dans lequel elle vivait avec ses parents pendant la guerre les vitraux de la grande synagogue Un travail coloré qui joue avec la lumière du jour On les voit sans les voir, parfois on les remarque en se disant qu’ils ont toujours été là, dans cette grande synagogue où l’on est toujours bien accueilli, que l’on soit fidèle quotidien, habitué du chabbat ou simple passant qui aime se resourcer dans le grand oratoire de l’espace du Judaïsme. ce sont de superbes vitraux, qui filtrent la lumière et envoient des couleurs chatoyantes au public qu’ils éclairent. Ils nous illuminent à double titre en fait, par la lumière physique et par la lumière biblique, car les douze vitraux représentent nos douze tribus fondatrices. des vitraux originaux, signés raymond Schmorak ce travail, nous le devons à raymond Schmorak. merci à lui pour cette belle œuvre offerte à toute la communauté. PL • “Malgré mon ancienneté en Israël, je ne peux pas cacher de quel pays je viens. Un Français m’a même demandé si je parle hébreu avec l’accent toulousain. Cette question m’a fait plaisir ! J’espère qu’elle vous amusera comme à moi…” 12 aviv Mag n°209 avivmag n°209 septembre 2016 13 Portrait Un entretien exclusif avec Gilbert montagné un artiste généreux, Fidèle, engagé Bonsoir gilbert Montagné. nous venons de vivre un concert assez inoubliable pour la tsédaka de toulouse. Quelles sont vos impressions à l’issue de ce concert à toulouse ? Pour moi, c’est une première de chanter pour la Tsédaka toulousaine. mes premières impressions : c’est un vrai bonheur de participer, un honneur par rapport à ce qui s’est passé il n’y a pas si longtemps à Toulouse. c’était un devoir de venir et j’étais ravi d’avoir ce contact avec vous tous. Je sais qu’il y a parmi le public des gens qui n’ont pas beaucoup de moyens. Quand on n’a pas beaucoup de moyens, un spectacle, c’est extraordinaire. Je me souviens, quand j’étais môme, moi non plus je n’avais pas de moyens. Parfois on essayait d’aller à un spectacle gratuitement, ce n’était pas toujours facile. Je sais que vos sens sont très aiguisés, comment avez-vous senti ce nombreux public de la journée de solidarité ? il y avait plus de 1300 personnes ! Pour tout vous dire, j’ai l’habitude d’avoir un public très chaud. Ils ne m’ont pas déçu, ils étaient vraiment bien. en même temps, ils étaient très attentifs. Ils écoutaient, quand il fallait bouger, ils bougeaient. Il y avait beaucoup d’enfants et de femmes, cela m’a fait plaisir. On ressent non seulement les voix des femmes et des enfants mais aussi leurs mains qui n’ont pas la même percussion que les mains des hommes. et j’aime bien m’attarder à ça. enfin m’attarder, je ne peux pas trop m’attarder car je suis en train de faire mon show. Il ne faut pas que je me disperse. mais le cerveau est assez prolifique pour faire la différence entre toutes ces mains. Les mains, c’est extraordinaire, non seulement pour fabriquer mais pour toucher, pour prendre du plaisir et pour en donner. Je trouve que c’est important de s’arrêter deux secondes làdessus. On a cinq doigts et cinq est un symbole très important ! 14 aviv Mag n°209 Gilbert montagné : “chanter est aussi naturel que respirer” une question sur la partie juive qui est en vous, comment votre judaïté intervient-elle dans vos chansons ? Je me suis rapproché de mes racines juives. J’ai deux racines : l’une dans le bourbonnais, dans le centre de la France, par mon père montagné qui était catholique. Il ne voulait jamais rentrer dans les églises. et maman qui était juive, a tenu à ce que j‘ai, au départ, une éducation catholique parce qu’elle avait trop peur que la guerre recommence. Je suis né en 1951. maman a vécu la terreur de la guerre en France. dans mon livre qui s’appelle « J’ai toujours su que c’était toi », j’explique cela. ceux qui n’ont pas vécu la guerre ne peuvent pas comprendre ce que c’était de vivre la terreur quotidienne d’être en France. depuis que j’ai rencontré mon épouse Nicole, cela m’a ouvert toutes les portes de la judaïté. Je savais que j’étais Juif. Quand j’entendais une chanson en hébreu, j’étais bouleversé. Je suis très fier d’avoir renoué avec cette racine. Je vis très bien mes deux racines en harmonie ! Quel message aimeriez-vous faire passer à des gens qui vous admirent et qui ont envie de chanter à leur tour ? Le premier message, c’est que ce sont les vingt premières années qui sont les plus difficiles, après ça va mieux ! deuxième point : il faut considérer que chanter est aussi naturel que de respirer. ce n’est pas parce que l’on chante bien ou très bien qu’il faut s’enorgueillir de cela. Il faut au contraire être très humble et remercier le ciel de pouvoir le faire. Ne jamais le prendre pour acquis. Propos recueillis par Pierre Lasry avivmag n°209 septembre 2016 15 Hebraïca Hebraïca les Journées de la Culture 2016 Florilège “Heureux comme un Juif en France” Florilège “ Un grand cru que cette 24e édition des Journées de la culture… d Michaël Hirsch a fait l’ouverture des JCJ au théatre du Grand-Rond U 6 NOVembre AU 3 décembre, conférences, soirées cinéma, rencontres, soirées théâtre et musique sont venues enrichir le rendez-vous incontournable du mois de novembre à Toulouse, les Journées de la culture Juive. Fidèle à son habitude d’ouverture du festival avec une grande soirée de choix, Hébraïca a opté cette année pour l’humour. michaël Hirsch, humoriste qui recueille d’excellentes critiques, a inclu Hébraïca dans sa tournée en ouvrant le bal avec son spectacle « Pourquoi » au théâtre du Grand rond. « ce seul en scène convie à un réjouissant voyage existentiel d’où émane une subtile impertinence. On y découvre une attachante galerie de portraits drôles, tendres et décalés ». (entretien page 36) …avec des spectacles de grande qualité et un public nombreux ! ” Pendant près d’un mois, des rendez-vous quasi quotidiens ont rythmé la vie culturelle de la cité toulousaine. Les principaux lieux culturels ont été investis, du Théâtre du Grand rond, à l’amie de toujours la Librairie Ombres blanches, du Gœthe Institut à la cinémathèque. Une table ronde « pour sonder l’état de notre société » autour de Pierre birnbaum et martine Gozlan, une conférence de Georges bensoussan qui a livré son analyse 15 ans après les « Territoires perdus de la république ». Plusieurs rendezvous cinéma avec à l’affiche entre autres « à la vie », « L’homme est une femme comme les autres » ou encore « La folle histoire d’amour de Simon eskénazy » ; une soirée hommage à denise epstein, fille de l'écrivain Irène Némirovsky et une soirée lyrique autour d'Offenbach par la compagnie Les maitres sonneurs. « Parce que ce n’est pas maintenant que nous allons nous cacher et trembler de peur ! » a écrit maurice Lugassy, une grande soirée magie, cabaret, danse et buffet a clôturé le festival le 3 décembre. Georges Bensoussan, une pensée limpide et engagée pour défendre “les territoires perdus de la République” Au théatre Garonne, Christian Thorel a introduit, dans une prose remarquable, le film de Jacob Haggaï sur Denise Epstein, décédée il y a peu Yaël Rueff-Salama 50 artistes peintres ont exposé leurs œuvres à l’EDJ, le vernissage a réuni plus de 300 Personnes sous les cimaises à tous les étages du bâtiment Rachel Khan, à l’issue du dîner de gala où elle a échangé avec le public, a dédicacé son livre : “Les grandes et les petites choses” Peut-on encore dire aujourd’hui “Heureux comme un Juif en France ?” : ce fut une table ronde où des échanges de grande qualité ont eu lieu : Pierre Birnbaum a débuté par une introduction sur les liens des Juifs français avec la République ; il a ensuite débattu avec Martine Gozlan, rédactrice en chef du magazine Marianne, puis avec la salle, très attentive.au sujet 16 aviv Mag n°209 Un sommet des Journées de la Culture : l’opéra piano des Maîtres sonneurs, avec Offenbach au programme, et des coupes de champagne pour ce moment festif et lyrique La clôture des Journées a donné lieu à un triple spectacle, du rez de chaussée au dernier étage : entrée avec un spectacle de magie, plat principal avec les deux chanteuses charmantes et déjantées, les “K barrées”, puis dessert avec une soirée “dance-floor” ou tout le monde a dansé sur les airs de notre DJ, et le buffet était signé Hébraïca ! aviv Mag n°209 17 table ronde rencontre Heureux comme un Juif en France rachel Khan, la liberté d’être avec ou sans point d’interrogation ? Elle avait il y a deux ans, accepté de nous offrir un de ses textes pour tenter de contrer les fans de Dieudonné à Toulouse. Elle est comédienne, sportive de haut-niveau, à présent écrivain avec “Des grandes et de petites choses”, un roman où elle expose avec humour et tendresse la difficulté d’être “Noire et Juive”. entretien de g. à d. : maurice Lugassy, président d’Hébraïca, Yvan Lévy, président régional du FSJU, Pierre Lasry, modétateur, Franck Touboul, président du crIF midi-Pyrénées, Yves bounan, président de l’AcIT, Patrick Laskar, président de l’Association Juive Libérale de Toulouse Peu après les assises communautaires, les présidents de plusieurs associations ont échangé pour la première fois ensemble sur leurs différentes expériences Pour la première fois, et dans le cadre des Journées de la culture Juive, un grand débat ouvert s’est tenu à l’edJ jeudi 24 novembre en soirée. A la tribune, autour de Pierre Lasry modérateur, cinq présidents des principales associations juives : Yves bounan, président de l’AcIT et président de la communauté, Franck Touboul, président du crIF midi-Pyrénées, Patrick Laskar, président de l’Association Juive Libérale de Toulouse, Yvan Lévy, président régional du FSJU et maurice Lugassy, président d’Hébraïca, concepteur et organisateur des JcJ. Plusieurs questions leur ont été posées avant de donner la parole à l’assistance : a la question, peut-on affirmer « heureux comme un juif en France » ? Les premières réponses furent unanimes. Oui, chaque association, avec le rôle, la place et les prérogatives qui sont les siennes a analysé son positionnement dans la cité et mis en exergue les bonnes relations et bon fonctionnement avec la cité, entre les associations et le bien-être qui en ressort. « La question posée sous-tend la question du rapport à l’épanouissement en tant que citoyen juif ou juifcitoyen dans la cité d’aujourd’hui. On peut dire que dans la République avec l’épanouissement qu’elle nous a permis depuis 200 ans, les juifs n’ont pas été malheureux. Il n’y a pas de problème au sens organisationnel, structurel, étatique, nous n’avons pas de difficultés ! Il y a en revanche des difficultés inhérentes au climat dans lequel nous vivons, dans le temps donné que nous traversons actuellement » précise Franck Touboul. Yves bounan rappelle que le rôle de l’AcIT « est d’organiser la vie cultuelle pour que les Juifs puissent vivre au mieux leur judaïsme ». Le Fonds Social, un des piliers institutionnels, qui a en charge l’ensemble du volet social et éducatif, mais aussi la part culturelle avec Hébraïca, a contribué à structurer de façon sérieuse la communauté juive de France. A cette question, Yvan Lévy, s’interrogeant sur la diversité des Juifs de France, interroge par là même la diversité des réponses. «Heureux comme un juif en France» oui, mais reconnaître la diversité des judéités, reconnaître la diversité des Juifs de France, sont tout aussi fondamentaux pour que ce sentiment soit partagé de façon interne à l’ensemble de la « communauté juive ». Le bien-être dans la cité, selon les mots de maurice Lugassy, passe pour beaucoup par la culture. Le festival des JcJ, rendez-vous annuel du mois de novembre, se décline sur plus d’un mois, à l’edJ mais aussi dans sept lieux différents de l’espace de la cité et touche un public très varié, allant des fidèles de la communauté à un public de la cité beaucoup large, non juif et intéressé voire passionné par cette culture. La seconde question portait sur l’implantation des juifs dans la cité de toulouse, et les relations avec les autres les associations. Pour le crIF, « la nécessité première est de bien connaître les contours de chaque association. Nous avons une communauté très organisée. Le CRIF est une fédération de délégués associatifs, ce qui en fait une organisation transversale dont un des rôles est de les appuyer, les aider et assurer la visibilité de cette communauté juive à l’extérieur. Nous avons cette mission d’être à la fois préoccupés et soucieux du bien-être des associations que nous représentons et que nous aidons. Nous avons dans le même temps un rôle très précis dans l’interface que nous jouons avec les pouvoirs publics.». Les associations et institutions, et les présidents qui les dirigent, sont les héritiers de ceux qui les ont mises en place, fait vivre et développées. Leur objectif est donc de gérer le quotidien mais aussi d’anticiper l’avenir et les faire perdurer pour les générations à venir. Yves bounan, rappelant le rôle du consistoire comme association organisatrice du culte et de la vie juive indique que « le maillage des fidèles est très hétéroclite et varié - juifs de centre ville, de quartiers, de périphérie. Par ce biais, nous avons un maillage intéressant et important. Nous travaillons là en étroite collaboration avec l’ensemble des associations. Le consistoire aide les écoles, a un rôle social et aide la jeunesse. D’autre part, nous avons un grand centre communautaire qui abrite à l’heure actuelle les deux principales associations que sont le FSJU et l’ACIT. La question se pose alors d’une mutualisation de nos associations. Enfin les relations avec les autres associations sont excellentes, nous les soutenons et les aidons». Patrick Laskar rappelle que « l’AJLT dispose d’un centre communautaire de 300 m2 dans le quartier de Saint Cyprien, qu’elle entretient des relations très bonnes avec les associations, mais aussi avec le monde extérieur et institutionnel, tout en privilégiant le dialogue inter-religieux riche ». Le troisième volet était : comment traiter la controverse «communauté» «communautarisme», mais aussi comment aborder la question de la relation à israël. Pierre birhnbaum avait évoqué lors de la première table ronde, “l’israélisation” des Juifs de France, qui, de plus en plus mal en France, se tournent vers Israël. est-ce que ce phénomène renforce le communautarisme et l’entre soi ? est-il une bouée de sauvetage pour les générations futures, qui à entendre Laura Layani présidente de l’UeJF reformé, ont peur et ne voient comme solution d’avenir que le départ pour Israël, ou un autre pays que la France ? débat passionnant où les curseurs sont à placer à différents niveaux, interne à la grande communauté des Juifs de France dans sa diversité, mais aussi au cœur d’un pays qui a reconnu aux Juifs la citoyenneté dès les premières heures de la révolution Française en 1791, qui a donné des institutions sous le concordat de Napoléon à ce peuple dont la communauté s’est enrichie au fil des temps, de Turquie, de l’europe de l’est, d’Afrique du Nord, etc., au cœur d’un pays qui a vu de premiers actes de terrorisme emporter des enfants juifs, ce qui renforce l’idée que les Juifs sont les sentinelles de la république. mais ils le partagent avec elle maintenant, qui a fini par comprendre que les Juifs ne sont pas les seuls visés, que le monde et la culture occidentaux sont les cibles de ce fanatisme, et ont peur. Au même titre que les Juifs depuis des années. Yaël Rueff-Salama Ce livre est un peu autobiographique. vous êtes comédienne, auteure, vous avez été sportive de haut niveau, étudiante en droit. Parmi toutes ces facettes, quelles sont les plus prégnantes dans votre vie et comment voyez-vous l’avenir autour de vos différentes options ? Il y a beaucoup de choses et en même temps, toutes ces petites choses en font une grande . Je rêve un jour de n’avoir plus qu’à écrire et jouer. Actrice, je le suis depuis que j’ai cinq ans dans la cuisine de ma mère où ma mère m’appelait Sarah Bernard. c’est vraiment ce que je suis profondément. ensuite, je crois que j’ai écrit ce livre dans ma peau d’actrice. Je me suis mise dans le personnage de Nina Gary, cette jeune femme de dixhuit, vingt ans pour pouvoir l’écrire. en général, on fait l’inverse. On est l’auteur, on écrit et ensuite, le rôle est adapté au cinéma, pour une actrice. J’ai fait la construction inverse pour vivre mes lignes comme si je les jouais déjà. effectivement mon avenir, c’est continuer de créer en permanence, c’est chercher et continuer de trouver un sens pour toujours travailler sur plus que la justice, de la justesse entre nous. vous savez que vos trois mots de fin : « Je suis ce que je serai » font penser à la phrase que dieu dit à Moïse, quand Moïse qui a été chargé d’être la voix de dieu, lui demande : « si les gens me demandent au nom de qui je parle, que dois-je répondre ?» et dieu lui dit : « Je suis ce que je suis » est-ce un peu cela ? Oui, en fait, je m’en suis aperçue après. Je l’ai appris au Talmud et inconsciemment, lorsque j’ai voulu répondre à dieudonné, j’ai écrit cela parce que, quand on commence un cent mètres, on est sur la ligne de départ et on ne sait pas ce qui va se passer. On est toujours en devenir, c’est ce que je voulais exprimer. dieudonné a toujours répondu lorsqu’il y a eu des choses et c’est la première fois qu’il n’a pas répondu. Je ne l’attaquais pas frontalement. en fait, j’ai fait de l’Aïkido avec lui à travers ce texte. Je me suis mise à ses côtés pour lui parler, pour lui expliquer en tant que Femme, en tant que Noire, en tant que Juive, ce qu’il avait pu générer en moi et à l’ensemble des personnes qui partagent notre histoire. vous êtes venue à toulouse dans le cadre des journées de la culture juive. Qu’est-ce qui vous a donné envie de répondre à notre invitation ? rK : c’est une longue histoire puisque j’ai rencontré Pierre il y a deux ans et demi autour d’un texte que j’avais écrit au moment où dieudonné allait se produire à Toulouse. Il s’appelait : «Noire et juive, la liberté de l’espèce ». J’essayais de répondre à ce qui se passait à l’époque, à cet antisémitisme latent, montant, nauséabond. Pierre m’avait appelé pour me proposer de rééditer ce texte sur un tract distribué au public de dieudonné. ensuite est née une amitié. Je me devais de venir rencontrer Pierre, son travail et l’ensemble de la communauté. on est au lendemain de la soirée où vous vous êtes présentée au public autour d’un dîner-débat. Comment avez-vous vécu cette soirée ? on parle tout le temps, il faut déjà vivre avec soi. J’étais très touchée par les lieux : la synagogue, la La période de l’adolescence et de la construction bibliothèque, la salle des fêtes. c’est un bâtiment personnelle est essentielle et fondamentale. elle qui est neuf et pourtant on sent qu’il a déjà un doit venir en amont de la construction avec les vécu. Je l’ai ressenti dès l’entrée, il y avait des artistes exposés, cela m’a beaucoup plu. ensuite, de manière très étonnante, je me suis sentie Ecoutez l’interview comme à la maison en rencontrant ces personnes de Rachel Khan dans un échange libre, authentique et c’était très en scannant touchant. ce QR Code Cela fait plaisir. Merci pour eux et pour nous. entre le moment que vous évoquez et le moment où l’on vous redécouvre aujourd’hui, autres. c’est l’histoire de Nina Gary et c’est vous avez eu le temps d’écrire un roman qui pourquoi je suis aussi contente que mon roman rencontre le succès et l’intérêt du public. ait été retenu dans cette région Occitanie pour le Comment fait-on pour écrire un livre en si peu Prix méditerranée des Lycéens. de temps ? J’étais plume – pour ne pas dire «nègre» - de politiques. effectivement, je ne signais pas mes textes, ils étaient signés par les élus, notamment pour la région Ile de France. ensuite, «Noire et juive» a vraiment déclenché la machine. Je ne pouvais plus ne pas signer ce que j’écrivais. Après ce texte et particulièrement la dernière ligne : « Je suis ce que je serai », je me suis dit : J’y vais. Je vais écrire un roman et notamment pour mes petits. J’écris vite, un peu à la manière dont je courais, rapidement car j’ai senti l’urgence de nos plus jeunes et de nos ados. J’avais envie de leur redonner un souffle de vie, un souffle d’espoir. Avant de créer le « Vivre ensemble » dont Lors de la séance de dédicace à l’issue du dîner-débat à l’EDJ en novembre avivmag n°209 septembre 2016 18 aviv Mag n°209 19 Les associations l’aCit un Chabbat par mois avec l’aCit l’aCit innove pour Hanouka un rendez-vous cultuel et fraternel Jouets, spectacle et gâteaux Le conseil d’administration avait pris, dès ses débuts, l’engagement d’organiser un chabbat communautaire par mois. et bien, nous tenons nos engagements. chaque repas chabbatique rencontre un véritable succès, nous avons en moyenne 150 personnes et devons souvent refuser des inscriptions de dernière minute, à notre plus grand regret évidemment. l’aCit les fêtes de tichri un engagement important qui se renouvelle chaque année Nous avons décidé d’innover cette année, non plus avec la rituelle séance de cinéma, mais avec un grand spectacle pour enfants à l’edJ sur le thème de disney, ainsi que la traditionnelle distribution de jouets et de beignets. Tout le bâtiment sera animé pour l’occasion, maquillage pour enfants par des professionnels, châteaux gonflable, animations diverses. Nous ferons l’allumage de la 2e bougie de Hanouka avec la Jeunesse Loubavitch vers 17h30. Venez nombreux participer à cette grande fêtes dimanche 25 décembre de 14h00 à 18h00 à l’edJ. cette année encore nous sommes heureux que les fêtes de roch Hachana, Kippour, Souccot se soient très bien passées, nous avons ouvert tous les lieux de cultes et la fréquentation a été stable ainsi que les promesses de dons, toutes les personnes présentent on fait preuve d’un engagement sincère et efficace, afin que le consistoire puisse maintenir son niveau de subvention dans le domaine de la sécurité, du sociale et des structures communautaires. Tous les administrateurs de l’AcIT ainsi que le Président Yves bounan, présents dans les différents lieux de culte, on fait passer le même message, le consistoire est présent tout au long de l’année pour faire fonctionner cette institution, mais sans les donateurs rien n’est possible ! Nous savons que, pour un grand nombre d’entre nous, les fêtes de Tichri sont l’occasion de prendre conscience de la nécessité de notre participation, soit en faisant un don, soit en prenant les places de Kippour (dans ce do- maine il y a eu une nette amélioration et nous espérons que l’année prochaine ce sera encore mieux) L’ensemble du conseil d’Administration remercie tous les membres de notre communauté pour la bonne tenue de ces fêtes. Patricia dassa, directrice de l’AcIT Patricia dassa, directrice de l’AcIT c’est toujours dans une ambiance chaleureuse et conviviale que nous nous retrouvons le vendredi soir et parfois le samedi midi, nous nous réjouissons que toutes les générations se mêlent pour passer un repas chabbatique tous ensemble. Nous continuerons à honorer cet engagement d’un chabbat par mois à vivre ensemble et comptons sur vous tous pour que nous puissions réunir dans l’avenir des chabbatot à 300 personnes et davantage. L’année dernière, de nombreux enfants nous avaient rejoints pour Hanouka 20 aviv Mag n°209 avivmag n°209 septembre 2016 21 Les associations le MaCCaBi le FsJu une tsedaka de rêve… l’as Maccabi Jogging occitanie avec gilbert Montagné à la Halle aux grains ! Pour ouvrir comme il se doit cette 24e édition, le comité toulousain et son président Thierry Sillam ont fait appel au talent d’un ancien parrain qui depuis des années porte haut et fort le message de la Tsédaka, Gilbert montagné. Le dimanche 20 novembre 2016 restera longtemps gravé dans les esprits des 1300 per- Gilbert montagné, avec ses musiciens et ses trois choristes, a enchanté grands et petits. Sa musique reste une valeur sûre pour tous les publics Les enfants du Gan rachi avaient préparé, avec la mascotte de la Tsedaka, un spectacle tellement entrainant, “on va donner”, une chanson originale et optimiste, que les prises de vues ont fleuri sur tous les réseaux sociaux, relayées par de nombreux spectateurs au delà des familles et des amis sonnes venues apporter leur soutien à la lutte contre la précarité et l’isolement. Parmi ceux- L’organisation de la Tsedaka reste une véritable performance qui nécessite de nombreux bénévoles mais également une équipe technique de grande envergure au rendez-vous le jour J là, réunis dans un même combat et autour d’une même cause, la centaine de bénévoles sans lesquels rien n’est possible. Les mouvements de jeunesse et les écoles, les associations cultuelles ou celles qui diffusent de la culture, les associations sportives et de loisirs, celles 22 aviv Mag n°209 qui font de la collecte ou qui nous représentent auprès de la sphère politique, la radio locale, les associations sociales ou médicales, tous et toutes étaient unis pour ce grand rendez-vous de la solidarité et du partage. La première partie de l’après-midi a fait la part belle aux jeunes talents, chanteurs, musiciens, humoristes se sont succédé sur scène, encouragés d’année en année par leurs proches et la communauté dans cet exercice du don de soi. dans un deuxième temps, responsables communautaires et politiques ont livré leur message de soutien en faveur de cette belle cause, les présidents régionaux des institutions juives, mais aussi carole delga, nouvelle présidente de la région Languedocroussillon/midi-Pyrénées, Alain Gabrieli, représentant le conseil départemental et le maire de Toulouse, Jean-Luc moudenc. enfin, ce sont les enfants de l’école Gan rachi qui ont donné le « La » à Gilbert montagné en interprétant la célèbre chanson de l’artiste « On va s’aimer » revisitée pour l’occasion en « On va donner ». Le public était là pour ça et l’interprète de « The Fool » a su parler aux cœurs solidaires et généreux. Un après midi plein de tendresse et d’amour. Que demander de plus ! Laurent Taieb, délégué régional du Fonds Social Juif Unifié Gilbert montagné en compagnie de Thierry Sillam, le président de la Tsedaka N OTre cLUb A VU Le JOUr eN 2001. L’idée phare de notre club est d’intéresser le plus grand nombre de personnes à une pratique du jogging, dans la décontraction et la bonne humeur, quels que soient le niveau et l’intérêt pour la compétition. Tous les dimanches, excepté durant les fêtes juives, nous nous retrouvons à 9h30 au Stade de Struxiano, siège du club, et nous partons le long du magnifique canal du midi pour un aller-retour d’environ une heure. Nous profitons de ce moment privilégié pour commenter les nouvelles de la semaine, établir le calendrier des courses, s’échanger des conseils sur la course, l’alimentation, le matériel et même se passer les recettes des beignets !! Les buts à atteindre sont différents, pour certains l’unique objectif sera de pouvoir marcher ou courir une heure sans interruption, pour d’autres ce sera juste d’entretenir sa condition physique et enfin les derniers auront à cœur d’améliorer leurs performances. Nous participons à de nombreuses courses régionales ou nationales, du 10 km au marathon en passant par les semi-marathons et trails. certains coureurs, absolument bien plus enveloppés qu’aujourd’hui, sont venus faire leurs premières minutes de participation – mi-course, mi-marche - le long du canal. Peu à peu, ils ont commencé à participer aux courses sur 10 km, puis à la découverte du semi-marathon. L’appétit venant en courant, ils ont imaginé passer de l’autre côté de la barrière en s’alignant sur le départ du marathon. Nous sommes une vingtaine aujourd’hui à avoir fricoté avec le fameux mur du marathon. d'Amsterdam, de berlin ...sans oublier Toulouse ! La course à pied au maccabi, ce n'est pas vraiment un sport individuel. A chaque course, nous faisons la haie d'honneur à chacun des coureurs mAccAbI. Elie Béniflah tous les dimanches, excepté durant les fêtes juives, nous nous retrouvons à 9h30 au stade de struxiano, et nous partons le long du Canal du Midi pour un aller-retour d’environ une heure La vie sociale n’est pas oubliée. Nous organisons à plusieurs moments de l’année des rencontres entre les différents membres du club, autour de brunchs réunissant les sportifs et leurs familles. chaque année, nous participons à une compétition « touristique » qui réunit coureurs et conjoints : marathon de New York, Semi de marseille – cassis, marathon de Jérusalem, Semi de San Sébastien, marathons Contact et renseignements Elie Benifla, [email protected] 06 07 28 72 03 Bruno Elkaïm, [email protected] 06 14 35 53 19 Nelly Lebahr, [email protected] 06 03 26 41 65 avivmag n°209 septembre 2016 23 les associations Les associations le CriF le CriF le trimestre du CriF en cinq actes débat – Le 24 novembre, dans le cadre des Journées V. Poutine ou rT erdorgan. On peut noter une donald trump s’est affiché pendant toute la Parce que le rôle du crIF est de représenter et de défendre les intérêts de la communauté juive dans l’espace public et parce que son rôle est aussi de défendre la place d’Israël, chère à la Mme l’ambassadrice - Le 22 septembre, le crIF a reçu, avec l’AcIT, l’ambassadrice d’Israël en France, Aliza bin-Noun, pour une rencontre avec la communauté et une soirée décès d’un père fondateur – Le 28 septembre disparaissait en Israël Shimon Pérès. dans son communiqué, les mots de Franck Touboul étaient empreints d’un profond res- de la Culture le président du CRIF était à la tribune avec quatre de ses homologues communautaires, les présidents de l’ACIT, de l’AJLT, d’Hébraïca et du FSJU. Autour de la thématique « Heureux comme un Juif en France ». Ils ont tour à tour livrés leurs réflexions sur cette question – cf. article p. 18. Quatre questions au Président de g. à d : A. Atlan, r. Amsellem, S. Allouch, Aliza bin-Noun, m. Friedman, d. Kaufmann, Franck Touboul, Nicole Yardeni, S. Attia, e. dutech majorité des Juifs de France, retour sur les trois derniers mois riches en actions, réactions et prises de position par le crIF Toulouse midiPyrénées. Bds - Le 22 septembre, lors du procès du bdS et pour la première fois de son histoire, le crIF s’est porté partie civile. Son président, Franck Touboul, accompagné de certains de ses administrateurs était présent dans la salle du procès, face aux militants pro-bdS. Le verdict rendu a signifié le « délit d’entrave » aux suspects. 24 aviv Mag n°209 d’exceptionnels échanges. entre autres sujets, et tout en rappelant l’amitié indéfectible entre la France et Israël, elle est revenue sur la longue et riche expérience sécuritaire israélienne, une expérience que les experts de la sécurité française vont chercher. des brigades antigangs et anti-terroristes vont en effet se former en Israël. elle a souligné le paradoxe de cette démarche qui émerge en parallèle à la promulgation de lois portées par l’Union européenne relatives à l’étiquetage des produits ; que la France s’est empressée de ratifier ! pect : « Shimon Pérès a été́, par son profond respect de la démocratie dans toute sa diversité́, le promoteur de ce qu’est Israël aujourd’hui : une société́ démocratique, ouverte et tolérante. Par son action, pour l’existence de l’etat d’Israël, le dernier des pères fondateurs de l’etat d’Israël laisse derrière lui une légende qui appartient désormais à̀ l’Histoire ». affaire de nice – Le parquet de Nice a engagé le 18 novembre une procédure pour modifier le prénom d'un petit garçon déclaré à l'état civil sous le nom de "mohamed, Nizar merah", évoquant celui du tueur jihadiste de Toulouse et montauban. Le président du crIF a réagi avec fermeté par un communiqué incisif à l’égard de la famille musulmane en affirmant sa confiance en la justice. « Quand on est parent et qu’on décide de donner à son fils le nom d’un bourreau qui a lui même tué des enfants on fait peu cas de son avenir. ces bourreaux doivent sombrer dans les catacombes de l’histoire. La réaction du maire de Nice christian estrosi et celle du procureur de la république permettent de penser qu'ils ont bien pris conscience de l'ignominie de la décision des parents. cela suffit, pour l'instant. mais si le Parquet valide le choix de ces parents, je me réserverai le droit avec mon collègue de PAcA, de voir s'il y a matière à intenter une action en justice ». le festival annuel des Journées de la Culture Juives vient de s’achever, il portait sur le thème « Heureux comme un Juif en France ». vous avez démontré au cours de la soiréedébat du 24 novembre que l’on peut être Juif et heureux en France et dans la cité. Quels éléments de prospective voyez-vous dans notre condition de Juifs de France dans les 5 à 10 ans à venir ? Pour répondre à la première question et avant de parler de prospective il faut parler de rétrospective. On peut dire que durant les 40 années qui viennent de s’écouler les Juifs ont été heureux en France. depuis 2012 les choses se sont crispées pour les Juifs, comme pour la société française toute entière quelques mois plus tard ; ce qui fait dire que ce ne sont pas les Juifs qui sont inquiets mais l’ensemble des citoyens beaucoup de gens de la communauté ont pensé que l’avenir est plus paisible en Israël ou ailleurs. Le combat reste ici pour préserver la France que nous avons connue et la France de demain. Nous devons continuer à contribuer à son épanouissement culturel, spirituel, scientifique, économique. Telle a toujours été la mission des Juifs quelque soit le pays dans lequel ils ont été accueillis ou ont choisi de s’installer. Quel regard peut-on porter sur les résultats des primaires de la droite qui ont porté un homme que personne, il n’y a encore que quelques semaines, n’attendait ? et comment peut-on aborder les présidentielles de 2017, dans un contexte géopolitique international en pleine redéfinition ? ce qui peut caractériser cette élection présidentielle à la différence des précédentes c’est l’idée qu’avant la primaire nous étions plongés dans une inconnue totale. Tout autour de nous dans le monde semble émerger une montée des populismes pour le moins inquiétante ; l’élection de donald Trump provoque une légitime inquiétude, la montée du partie d’extrême droite en Allemagne, la montée des extrêmes un peu partout en europe du Nord, et particulièrement au Pays-bas, mais aussi les présidences sans fin de maigre satisfaction : l’échec de l’extrême droite en Autriche. Il y a ces derniers temps de la part des peuples une volonté claire de rebattre les cartes. mais l’élection de F. Fillon présente un aspect positif, celui de plus clairement définir les frontières des partis politiques. L’abandon de F. Hollande de concourir pour un nouveau scrutin risque de favoriser encore plus la perception claire des clivages politiques qui existent dans notre cinquième république, c’est-à-dire un programme de gauche face à un programme de droite. d’une certaine façon, la clarification de ces clivages politiques nous permet d’espérer que les électeurs trouveront dans les deux principaux partis républicains la réponse à leurs questions et éviteront le vote Front National qui prospère de façon inquiétante. Manuel valls a démissionné de son poste de premier ministre pour présenter sa candidature aux primaires de la gauche. ils seront, sous réserve des parrainages, sept candidats à concourir en janvier. Quel regard porter sur ces primaires ? d’abord j’exprime toute notre reconnaissance à manuel Valls qui depuis près de 3 ans n’a eu de cesse de combattre à nos côtés les provocations et les violences à caractères antisémites. Souvenons-nous qu’il fut bien seul lorsqu’il fallut affronter le sinistre pamphléteur ex acolyte d’elie Semoun. Je forme le vœu que cette primaire soit l’occasion de faire émerger une personnalité de gauche qui aura ces mêmes combats au cœur. l’élection de donald trump est une surprise et inquiète une bonne partie de la communauté internationale. Pourtant il a été félicité de vive voix sitôt son élection annoncée par Benyamin nétanyahou ; campagne comme un ami d’israël et un ardent défenseur de l’etat. Comment analysez-vous cette situation et quelle peut être l’attitude des Juifs de France face à ces positionnements ? donald Trump est une énigme politique et j’ai même la faiblesse de penser que pour lui aussi la politique et la diplomatie sont également une énigme. c’est la raison pour laquelle je me garderai bien d’exprimer le moindre enthousiasme concernant les futures relations entre les etatsUnis et Israël. A l’échelle de l’histoire nous avons bien souvent été déçus par ceux de qui nous attendions beaucoup. cet homme semble être un mélange de pragmatisme et d’opportunisme ; s’agissant d’Israël soyons-le également. Pour le reste du monde, je crains en effet, au regard de la composition progressive de son gouvernement, que des déséquilibres majeurs s’opèrent parfois même contre les intérêts américains à longs termes. Propos recueillis par Yaël Rueff-Salama avivmag n°209 septembre 2016 25 Jeunesse Jeunesse l’ueJF est de retour ! vogue le centre aéré des vacances d’automne … eeiF HeBraiCa Jeunesse é tudiante active de ma communauté à Toulouse, après avoir créée avec mon amie Laura bettane il y a deux ans la Jeunesse Juive etudiante de Toulouse, je vous présente aujourd’hui la renaissance de l’ueJF toulouse, son équipe, son programme et ses ambitions. Laura Layani, la présidente de l’UeJF à l’approche de Hannouka, un grand changement s’opère pour l’ensemble de la communauté. Notre association locale (JeTT), s’est greffée à l’Union des etudiants Juifs de France (l’UeJF). Nous avons recréé la section toulousaine d’un mouvement né sous la résistance dans le maquis Toulousain. Alors, pour quelle raison a eu lieu ce changement ? Comment les étudiants voient-ils l’avenir de notre communauté ? Quels sont les grands axes de travail pour cette année 2016/2017 ? Tout d’abord ce changement a été réfléchi et souhaité. Il n’est pas anodin. Lorsque nous avions créé la JJeT il y a près de deux ans, notre objectif principal était de rassembler les étudiants et de les unir. Lors des assises de l’AcIT en juillet dernier, nous avons fait le bilan. Nous sommes revenus sur nos objectifs largement atteints, et avons évalué point par point les évènements de ces deux dernières années. Un questionnaire a été soumis à nos membres actifs et plus de 80% de nos étudiants ont jugés 26 aviv Mag n°209 leurs deux années JJeT entre « bien » et « Très bien ». Ainsi, sur la question des activités souhaitées sur cette nouvelle année 2016/2017, 57% ont répondu qu’ils aimeraient participer à des shabbatoth communautaires, 39% à des conférences/débats, 36% à des sorties extérieures sportives et 7% ont demandé des cours de Torah. à travers ce questionnaire, notre objectif était également de savoir si nos étudiants ont la volonté de devenir « militants » Le pourcentage était faible, mais tout de même existant, avec environ 10% des étudiants. Nous évaluons donc ce questionnaire comme très utile et l’idée de devenir UeJF a éclos. en deux mois, mon objectif de présidente et fondatrice de la JeTT était devenu clair : trouver un nouveau bureau pour représenter l’ueJF. à la fin du mois d’octobre, nous avons établi une Assemblée Générale afin d’élire le nouveau bureau, qu’il est temps de vous les présenter avant de vous expliquer quels seront nos grands axes de travail pour cette nouvelle année. Il est composé d’Hannah guenoun, 23 ans étudiante en m2 de comptabilité notre nouvelle Secrétaire Générale ; nathan kakon, 20 ans, étudiant en L1 commerce notre Trésorier ; karen Bensoussan, 22 ans, étudiante en 4e année de Kinésithérapie, notre responsable communication ; serge rabinovici, 25 ans, Opticien notre responsable marketing ; Yann loubaton, 22 ans, étudiant en 3e année de pharmacie notre chargé du Judaïsme-Vie Juive et Jonathan sillam, 22 ans, étudiant en 4e année de dentaire, notre responsable sportif. Nos grands thèmes cette année se portent tout d’abord sur le Judaïsme, avec un projet nommé « sHaBBat student tour». Afin de dynamiser et d’augmenter la fréquentation des étudiants dans nos synagogues, nous allons pour tous les offices du vendredi soir changer de lieu, de prière, et ainsi essayer d’offrir un Kiddouch. Nous avons commencé avec l’edJ le 18 Novembre et avons poursuivi le 25 Novembre à PALAPrAT, le 9 décembre à Ozar Hatorah, le 16 décembre à Gerson et le 23 décembre à chaaré emeth. La deuxième thématique porte sur le sport. Nous avons mis en place pendant les années JJeT, une page Facebook pour les garçons, qui proposait uniquement des foots en salle. Notre volonté est de partager entre jeunes, femmes et hommes, des moments de partage par le sport. bien d’autres évènements sont à venir, tels que des chabbatoth communautaires, mais aussi des débats, des conférences, ou encore des projections de films… Pour résumer ce changement, il nous semblait important de relier notre communauté Toulousaine à d’autres jeunes communautés partout en France, et lui donner ainsi une aura nationale. Grâce à ce nouveau titre, des jeunes des quatre coins du pays rencontrent nos jeunes et sont au courant de leur présence dans la vie juive, leur détermination, leur engagement ! Notre premier chabbat a eu lieu le 18 Novembre à l’edJ, avec 80 étudiants et jeunes actifs. cela a été une grande réussite. a l’aBordage, aveC énigmes pour les membres de HeBraiCa Jeunesse ! l’edJ qui ont voulu goûter à une Nous avons décidé de mettre les premières vacances de l’année entre les mains des pirates. Au programme une grande chasse au trésor dans tout l’espace du Judaïsme avec la complicité du FSJU et de la Kafet où nos petits ont cherché et découvert le trésor de barbe Noire. Nous avons crêpe de pirate ! et nos plus grands créatifs nous ont réalisé une magnifique fresque sur la Parasha de la semaine « berechie » pour commencer l’année en beauté. enfin, notre dernier jour est marqué par une journée où nos pirates ont largué les amarres en Israël, pour l’israël day ! Les pirates ont décoré la salle avec des Nous tenons à remercier tous nos responsables communautaires et partenaires qui nous aident à réaliser l’ensemble de nos projets. dominique riva a coaché les plus grands pour la danse israélienne, sa spécialité « Venez parmi nous, créons ensemble l’avenir de notre communauté. ». bien sûr nous sommes présents le dimanche pour les anniversaires avec les Yom Ouledet Angels. Laura Layani Présidente de l’UEJF Toulouse 3 adresses à toulouse 45 rue Boulbonne (place st georges) tél. 05 61 21 60 24 3 avenue Honoré serres (arnaud Bernard) tél. 05 61 23 76 62 2 allée Paul Feuga (Palais de justice) tél. 09 84 08 94 42 www.maxoptic.fr également installé un jeu de l’oie géant dans lequel les équipes des rouges contre les jaunes ont pu s’opposer autour de diverses missions. Puis, nos apprentis pirates ont pu visiter la ville sur la péniche des Bateaux toulousains. Nous avons navigué pendant plus d’une heure tous ensemble et sommes rentrés pour le goûter ! merci encore à l’équipe et spécialement à monsieur Lumbroso. Le vendredi, nous avons organisé notre fameuse Crêpes party… Pluie de bonbons, chocolats et Pour plus d’informations, n’hésitez pas à nous contacter au 05 62 73 45 26. Julie Akouka Hébraica Jeunesse drapeaux, des étoiles tout en blanc et bleu. Nos petits ont décoré de superbes mobiles qu’ils ont pu accrocher dans leurs chambres, petit souvenir de la journée. L’après midi, ils ont assisté à un cours d’éveil musical ; là les plus grands ont bénéficié d’un cours de chorégraphies israéliennes grâce à dominique d’Hébraïca! encore de merveilleuses vacances … merci à tous les courageux d’avoir participé, ils étaient très nombreux, près de 40 pour partager ces vacances ! avivmag n°209 septembre 2016 27 brèves rencontre Jeudi 15 septembre La visite des parlementaires polonais distinction méritée pour gérard elbaz après le voyage d’une délégation toulousaine à varsovie, ce fut au tour des Polonais d’être nos hôtes le 30 septembre La délégation polonaise accompagnée des représentants des associations polonaises de la région Occitanie, daniel curylo et christan Gasquet, est accueillie par ses hôtes toulousains, le 30 septembre à Toulouse A l’initiative de la maison Kopernika, représentée par son Président, ephraïm Teitelbaum et la Secrétaire Générale, Zuzanna Pajak, les députés du Parlement polonais du Groupe d’Amitié Pologne-France sont venus à Toulouse le 30 septembre 2016. cette visite était la dernière étape de leur voyage organisé par l’Assemblée Nationale Française. elle a débuté à Paris. La délégation a fait également escale dans le département du Lot. La visite à Toulouse a commencé par la rencontre avec la communauté Juive de Toulouse à l'école Gan rachi en la personne de son directeur le rabin Yossef matusof. L’accueil fut des plus chaleureux. Les députés ont pu dialoguer avec les enfants d’une classe du primaire. cette rencontre les a fortement émus. Lors du petit-déjeuner à l'école Gan rachi, les invités ont abordé la question de la laïcité, de l'enseignement privé et du fait d’être Juif en France ainsi que des liens historiques entre la Pologne et le peuple juif. Les représentants des associations polonaises de la région Occitanie, daniel curylo et christan Gasquet, se sont joints à la délégation. Il s'en est suivi une visite guidée de la ville de Toulouse en compagnie du guide mis à disposition par la mairie. cette visite au capitole et à la basilique de Saint Sernin a inspiré les députés pour leur prochain voyage à Toulouse. Ils veulent également recommander Toulouse comme destination touristique. POLOGNE TOULOUSE LOT Jean-claude dardelet, Vice-Président de Toulouse métropole chargé de la coordination et de la promotion des affaires européennes et du développement international, ainsi que les représentants des Institutions Juives de Toulouse comme le crIF, le FSJU, l’AcIT et la radio Kol-Aviv ont rejoint les députés pour un moment convivial pendant le repas. On reconnait sur la photo de groupe, à droite, pour l’AcIT, Alain Alter, et le président Yves bounan ainsi que Yvan Lévy, le président régional du FSJU. Parmi les convives se trouvait également m. Longin Fourdrinier, consul emérite de Pologne à Toulouse (à gauche sur la photo de groupe). Sous les lambris dorés du Salon rouge, au capitole, alors qu'il est honoré, sans doute Gérard elbaz a-t-il eu un regard en arrière sur le chemin parcouru par le petit garçon de Tiaret, en Algérie encore française ? car à Toulouse, qui ne connaît pas Gérard elbaz, infatigable président départemental de l'Ordre National du mérite depuis vingt ans et qui vient de passer la main ? Après avoir commencé sa carrière en Algérie, comme directeur à la chambre de commerce de mostaganem, il dirige pendant deux décennies l'Institut de promotion commerciale de la ccI de Toulouse. mais c'est surtout comme animateur de l'association nationale de l'Ordre du mérite qu'il va se distinguer. et défendre sans relâche des valeurs, des principes, comme s'il y avait toujours pour lui l'urgence de transmettre, de servir. Le mérite, qui mieux que lui, organisateur acharné, travailleur forcené, mais aussi observateur bienveillant et promoteur enthousiaste, pouvait défendre cette valeur ? Son idéal ? «donner à la jeunesse l'envie de s'investir dans des valeurs humaines.» From Dominique Delpiroux LDDM Mardi 25 octobre “Laurette 1942” deux fois primé, à narbonne et à Cholet Le film Laurette 1942, une volontaire au Récébédou qui retrace les rafles de l’été 42 dans les camps français au travers de l’histoire de Laurette monet, jeune volontaire de la cimade et de témoignages émouv a n t s d’internées a été distingué dans deux festivals. Prix du jury au festival de la fiction historique de narbonne et prix du public au festival de l’adaptation littéraire au festival de Cholet. Le film de Francis Fourcou conti- 4e trimestre 2017 Prendre date : 9 et 10 mai 2017 Le réseau 3G-4G à 100 % dans le métro toulousain « Comme nous nous y étions engagés, nous allons rendre le métro toulousain couvert à 100% par le réseau mobile 2G/3G/4G. La métropole connectée et intelligente sera à la portée de tous » a déclaré Jean-Luc moudenc. « C’est un nouveau service qui facilitera la vie quotidienne des Toulousains. Nous sommes fiers aujourd’hui de proposer, pour le 4e trimestre 2017, un « métro connecté » qui conjuguera déplacements performants et communication en continu. » Les opérateurs, pour leur part, ont déclaré : « ce réseau mobile dans le métro toulousain sera le 1er de France sur lequel sera offert un service voix et données à très haut débit, de bout en bout, sur la base d’un modèle économique innovant et satisfaisant tous les acteurs. » communiqué de Toulouse métropole, nue sa carrière en France sur les écrans de cinéma, mais vous pouvez d’ores et déjà vous procurer le dVd du film (30€ port compris), assorti de nombreux bonus sur le site du film : www.laurette1942-lefilm.fr. Les 10 commandements le spectacle revient !! Kol aviv vous présente la tournée Janvier 7,8 : Amiens 14,15 : bordeaux 21,22 : clermontFerrand 28,29 : Nantes Février 4,5 : epernay 10,11 : douai 14, 15 : Limoges 21,22 : montpellier Avril 25,26 : caen Mai 9,10 : Toulouse 13,14 : marseille 19,20 : rouen 23,24 : Orleans 30, 31 : Strasbourg Juin 10,11 : Amneville 16,17 : Tours 20,21 : dijon Réservation : boxoffice.fr, Box office 36 rue du Taur, Toulouse Tél : 0534311000 Tisséo-SmTc, Orange, bouygues Telecom, SFr et Free mobile 28 aviv Mag n°209 avivmag n°209 septembre 2016 29 brèves lundi 28 novembre LA SYNAGOGUe de cArPeNTrAS VA FÊTer ses 650 ans ! La construction de la synagogue a débuté en 1367 à carpentras. c'est la plus ancienne synagogue de France, une des plus anciennes en activité en europe. La communauté juive de carpentras prépare cet anniversaire, 650 ans après le droit accordé par l’évêque de la ville, Hugues, neveu du Pape clément VI : des expositions célébreront le bâtiment toute l'année prochaine à carpentras. Près d'1,2 millions d'euros seront investis pour rénover en priorité les plafonds de la salle de culte. Une exposition de peintures permettra de financer une partie des travaux. Une exposition de photographie est également From France Bleu le 3 novembre 2016 prévue en 2017. Jeudi 24 novembre 30 raphaël enthoven reçu au crif : un niveau d’échanges exceptionnel devant plus de 650 personnes conquises, il a répondu aux questions de la journaliste Sandra Freeman. Il a rappelé que la philosophie, c'est la façon de pro- gresser en remplaçant une certitude par un doute et que enseigner la philosophie, ce n'est pas s'adresser à tous mais s'adresser à chacun. Les questions du public ont permis d'aborder les thèmes du dialogue, et de la liberté. répondant à une question sur la liberté de penser, il estime que la liberté profonde est l'intégrité. aviv Mag n°209 Shimon Peres Mort d’un géant flexion et remise en question. A ce sujet, il nous parle du mensonge. Le "véri-dire" s'oppose au francparler : le démagogue dit ce que les gens veulent entendre. toute personne qui dit "moi je ne mens jamais" ment en le disant. Autre thème largement abordé : le sentiment religieux. Pour lui, "être juif, c'est me demander qui je suis". Sur un registre moqueur, il nous explique que lorsqu'il n'a pas le moral, il appelle un antisémite qui va lui dire qu'il a le pouvoir! et il cite Schopenhauer: "Si dieu existait, on n’aurait pas besoin d'y croire." Le public était conquis par le niveau exceptionnellement élevé des échanges et par la générosité de raphaël enthoven. From La lettre du CRIF Il faut questionner ses propres valeurs plutôt que les brandir sans ré- Silence, on étiquette… Ainsi le journal officiel du 24 novembre dernier a diffusé un “Avis aux opérateurs économiques relatif à l'indication de l'origine des marchandises issues des territoires occupés par Israël depuis juin 1967”. cet avis, dit-il, a pour objet d'informer « loyalement » le consommateurs de l'origine des produits. « Aussi, les denrées alimentaires en provenance des territoires occupés par Israël doivent-elles porter un étiquetage reflétant cette origine » . mais, attention « (…) une mention limitée à « produit originaire du plateau du Golan » ou « produit originaire de Cisjordanie » n'est pas acceptable. (…) il est nécessaire d'ajouter, entre parenthèses, l'expression « colonie israélienne » ou des termes équivalents. Ainsi, des expressions telles que « produit originaire du plateau du Golan (colonie israélienne) » ou « produit originaire de Cisjordanie (colonie israélienne) » peuvent être utilisées ». 2 août 1923 à Wiśniew - 28 septembre 2016 à ramat gan le 15 juillet 2007, Peres est élu président de l'etat d'israël. il quittera ses fonctions le 24 juillet 2014 Le 4 novembre 1995, Peres, ministre de la défense, se trouve aux cotés du Premier ministre Yitzhak rabin à Tel Aviv quelques minutes avant l'attentat. Le tueur, un juif orthodoxe ultranationaliste opposé au processus de paix, prévoyait de les assassiner tous les deux, mais Peres quitte les lieux. à la suite de la mort de rabin, Shimon Perez accepte Shimon Peres, Premier ministre israëlien, reçu par le le poste de Premier ministre afin de poursuivre le processus de paix. Président français François mitterrand, en 1985 Q ue choisir parmi les dizaines d’épisodes de la vie de shimon Peres, qui balisent toute l’histoire d’israël, celle du Judaïsme moderne et s’étendent sur près d’un siècle ? Shimon Peres ne manquait ni d’humour ni d’autodérision. dans cette video tournée lorsqu’il se retire de la vie politique, il se met en scène dans diverses situations : demandeur d’emploi, parachutiste, pompiste… avec un humour décapant. (ex. la scène où il fait des réussites en ligne…) Peres, l’un des pères fondateurs de l’état d’israël comme le dira son fils lors de l’annonce de son décès, “il a servi notre peuple avant même que nous ayons un état pour nous”. en 1947, Shimon Peres s'enrôle dans la Haganah, prédécesseur de l'Armée de défense d'Israël. david ben Gourion le désigne responsable du personnel et des achats d'armes. Il est nommé à la tête du service naval quand Israël voit le jour en 1948, puis directeur général du ministère de la défense. à cette fonction, il s'implique particulièrement dans l'achat d'armes pour le jeune état d'Israël, ce qui contribue à en faire la 6e puissance atomique mondiale. Peres, Prix nobel de la Paix Une fois de plus notre amère patrie se distingue et désigne à la vindicte publique cet état détestable qu'est Israël, occupant, oppresseur, agresseur, colonial. chers concitoyens, les produits du Golan, de cisjordanie (Judée-Samarie), de Jérusalem doivent arborer l'étoile jaune comme dans le bon temps. Ignobles, honteux, lamentables, nos dirigeants politiques se soumettent au dictat de la majorité automatique onusienne après nous avoir encensés :« la France sans les Juifs n'est plus la France » etc... disaient-ils. comment réagir à cette nouvelle humiliation après celles de l'UNeScO ? AcHeTeZ ISrAeLIeN. exigez des médicaments TeVA. mettez à tout prix dans votre caddie tous les produits estampillés colonies israéliennes, réclamez-le haut et fort dans les supermarchés et tous étalages. Je vous garantis la succulence des dattes, des avocats, des tomates, des mangues, des grenades, des patates douces, etc...etc... Il est temps pour nous de comprendre que nous ne pouvons rester inertes. clamons notre unité, cette unité dont nous nous targuons. Le dire c'est bien, le faire c'est mieux. Alain Attlan Il était le dernier vivant des trois hommes à avoir été distingués du Nobel de la paix en 1994 "pour leurs efforts en faveur de la paix au moyenOrient", après la disparition de l'Israélien Yitzhak rabin et du Palestinien Yasser Arafat. mais il était aussi l'un des architectes du programme nucléaire d'Israël, considéré comme la seule puissance atomique militaire du Proche-Orient, et l’artisan de l'avance militaire de son pays, réputé être à la tête de la plus formidable armée de la région. Peres, grand voyageur et communiquant hors pair bien que retiré de la vie politique, il continue de voyager à l'étranger. réputé infatigable, il est cependant victime de deux alertes en janvier 2016. Le 13 septembre 2016, après une rencontre avec des dirigeants d'entreprises de nouvelles technologies israéliennes et vingt-trois années jour pour jour après la signature des accords d'Oslo, Shimon Peres est victime d'un accident vasculaire cérébral majeur qui le laisse dans un état critique. Il meurt le 28 septembre, à 93 ans, au centre médical chaim Sheba. Fait rarissime aux états-Unis en l'honneur d'une personnalité étrangère, les drapeaux seront en berne sur la maison blanche, ainsi que tous les bâtiments officiels et militaires américains dans le pays et à l'étranger pour une durée de deux jours. PL Les Gémeaux, 50 ans d'expérience dans la mode, vous présente ses différentes gammes de vêtements pour homme ainsi que les chaussures et accessoires. Notre magasin situé place Wilson, au cœur de Toulouse, vous accueille tous les jours de 10 h à 12 h 30 et de 14 h à 19 h. Tél. : 05 61 21 13 77 avivmag n°209 septembre 2016 Suite page suivante 1367 - 2017 L’anniversaire de la synagogue de Carpentras disparition 31 Culture ça se passe à ohr torah le feuilleton historique claude denjean Les Langues Vivantes …. passionnément !!!! TROIS ATOUTS POUR RÉUSSIR LE PARI DU PLURILINGUISME ! par Madame Chaput Pour booster l'enseignement des langues vivantes, trois jeunes gens dynamiques viennent renforcer l'équipe en tant qu'assistants. Ils interviennent dans chaque classe et ils participent à la vie de l’école en prenant par exemple les repas avec les élèves. La conversation a alors lieu dans leur langue natale, pour le plus grand bonheur des élèves, y compris les plus jeunes ! Grâce à eux, la pratique orale des langues enseignées dans l'école a pris un tour on ne peut plus authentique. ron Barkaï, Les infortunes de Dinah, Paris, 1991, présente et traduit le Séfer ha-toledet, qui devint en hébreu un traité de médecine pratique. “C’est formidable d’être témoin et acteur de leur progrès”. “C’est bien plus que partager les langues : c'est un échange authentique entre cultures” 33 rue Jules Dalou 31500 Toulouse des enfants et des livres L’éducation des juifs médiévaux Tel. 05 61 26 43 54 [email protected] Les enfants médiévaux apprennent très tôt à aimer l’étude et les livres Nous savons fort peu de choses sur la place des enfants dans la fête de Hanouka, pourtant importante pour les juifs médiévaux en monde chrétien. Par contre, les adultes faisaient partager aux plus jeunes leur amour des livres et de l’étude. L’école pour tous riches ou pauvres, garçons ou filles, tous les enfants apprennent les rudiments de l’écriture hébraïque. La majorité, fixée entre douze et treize ans, marquait également la fin des premières études, au héder, où l’on délivrait un enseignement primaire communautaire. Les plus aisés payaient un précepteur, à la maison. Les chrétiens étaient d’ailleurs fort impressionnés par la généralisation de l’éducation juive. Au XIIe siècle, un élève d’Abélard, s’étonnait: « Même s’il est pauvre, même s’il a dix enfants, un juif les enverra tous à l’école, non pour le profit, mais pour l’intelligence de la Loi, et non seulement ses fils mais aussi ses filles. » à côté de la lecture des textes bibliques, préalables à l’enseignement du Talmud, les petits acquéraient également des rudiments d’arithmétique et de géométrie. conseils qu’il est bien dissipé ! Le Livre des Piétistes montre un père gardant son fils sur les genoux alors qu’il étudie, le laissant prendre contact avec les livres rangés sur une étagère, les désirer comme un bien précieux. Le récit initial du Livre de la génération, traité de gynécologie daté du XIVe siècle, raconte comment Jacob explique la nature du corps féminin à sa fille dinah, avec une précision et une liberté inattendue au moyen Âge. Il faut dire que nous sommes sans doute non loin de montpellier, où les études médicales sont dispensées. De père à enfant Le père délivrait un enseignement à ses enfants, avec sévérité et affection. dans son célèbre testament moral, rédigé au XIIe siècle, Juda ibn Tibbon morigène son fils Samuel et exige de lui rigueur et application. Si l’on ne savait pas que l’enfant devint un grand lettré, on pourrait croire à lire ces 32 aviv Mag n°209 Les livres, compagnons d’une vie Juda ibn Tibbon donne des conseils avisés pour tenir sa bibliothèque et rappelle à son fils quelle est sa chance de disposer chez lui de temps de livres, à la différence des autres étudiants : « tu prêtes et tu n’empruntes pas ; et la plupart des livres, tu les as en deux ou trois exemplaires. » en 1271, à Lincoln, belle-Assez donnait à sa fille Judith une « bible à six colonnes en un volume … sur vélin ». en 1434 à Arles, tenait à conserver les ouvrages de la bibliothèque familiale. enfant à la table du séder, Haggadah de Sarajevo (Catalogne, xives.) avivmag n°209 septembre 2016 33 dominique khalifa Culture Anny BECK Lectures les pages d’anny cOmmeNT TU PArLeS de TON Pere Un livre de Joann SFAr duel C’est parfois au Petit Prince de saint-exupéry que l’on songe, tout au fil de cette histoire si singulière mais si universelle, au langage profond, simple et dépouillé, que nous conte le réalisateur et dessinateur Joann sfar… le récit est réel. la mort du père, et dans son sillage, un déluge complexe d’amour et d’admiration, de rancunes et de culpabilité… C’était un Juif croyant, pratiquant, andré sfar. son fils, lui, invente et dessine des histoires. Point barre. Ce voyage émouvant, il le dédie aussi au petit garçon orphelin qu’il était, à qui son père a menti : « ta maman est partie en voyage »... Pour ça qu’il passe sa vie à raconter des histoires. un récit troublant de sincérité où tout ou presque relève de la dualité. Peut-être un prochain film d’animation dans la lignée du fameux Chat du rabbin… un récit où tout ou presque s’inscrit dans la dualité - Le Petit Prince de Saint-exupéry profite d'une migration d'oiseaux sauvages pour s'enfuir et visiter les planètes voisines. en arrivant sur Terre, il découvre un lien fort avec le renard… Joann Sfar, lui, cet éternel enfant en soi - ce peut-être éternel petit prince de trois ans et demi - profite pour s’enfuir, de la réalisation d’un film sur la côte d’azur. ce lieu où dieu « il en fait trop », comme maintenant avec la pluie. ces fameuses planètes voisines que l’auteur visite alors, ce sont celles de la mémoire et du chagrin… « C'est tellement mystérieux le pays des larmes !" s’exclame le Petit Prince. mystérieux aussi pour l’auteur, dès la première phrase du livre : « Je n’y vois plus rien ». Trop pleuré… cécité momentanée. celui-ci réalise peut-être enfin, à l’instar de l’enfant blond à l’écharpe flottante, que de toute façon « l'essentiel est invisible pour les yeux » et « qu’on ne voit bien qu'avec le cœur »… Son corps parle un langage particulier, séjournant dans la dimension glacée du deuil. dans ce lieu, c’est avec son cœur que l’auteur comprend tout, soudain : son père, ce héros si fort, était aussi un géant de papier. Il aurait dû le consoler, le rassurer. Lui montrer qu’il n’avait pas peur de lui. Ils se seraient fait moins de mal, tous deux… mais il a toujours eu « les bras trop petits ». comme à trois ans et demi. - Le Petit Prince possède une rose orgueilleuse et capricieuse, et qui l'accable de reproches… c’est lorsqu’il la perd qu’il réalise à quel point elle lui manque… Orgueilleux, capricieux, ce père aimant, si fier de son fils mais jamais satisfait, triste et en colère, et puis trop religieux à son goût - il a néanmoins « baisé toute la côte d’azur »… « Tu m’aimes, papa ? » « Moi je t’aime » « Tu as été mes deux parents » « Papa, je t’aime mais tu m’emmerdes »… Il n’est plus là. cette confrontation, si riche d’enseignement finalement, lui manque. Le pire à présent pour le fils affligé, c’est que ce combat, il ne peut plus le livrer qu’à lui-même. et dans ce duel, il est son propre ennemi : il s’accable lui-même de reproches. comme en prend alors conscience le Petit Prince : « Il est bien plus difficile de se juger soi-même que de juger autrui »… Il est bien difficile aussi de n’avoir plus personne à épater. mais c’est çà, devenir adulte. - oscillation permanente. entre légèreté et profondeur. entre humour et poésie. l’éternel flottement de l’auteur entre un statut de victime et de coupable en devient plus troublant encore. 34 aviv Mag n°209 coupable jusqu’à se dire : « … Si je n’avais pas été là, sa mort se serait déroulée de façon plus convenable ». c’est de sa mère que parle l’ancien petit garçon de trois ans et demi… Victime jusqu’à se murmurer : « Zut ! Je ressemble à papa »… tout ou presque… - Il subsisterait, juxtaposée à cette ambivalence, une unité : le besoin d’être libre. Jusqu’à se convaincre que, malgré tout, le père, auteur du discours de bar mitsva du jeune Joann, y aurait transmis à son fils cet esprit de liberté. mais là, on retombe encore dans l’ambivalence… Un besoin de liberté si souvent entravé : on ne le laisse jamais s’exprimer comme il le désire, dans la vie réelle, Joann Sfar. « Rage avide de justice » - en fait, comme son père, ce cador du barreau. Il voudrait « chier dans la colle ». Au final, il « parle en costume » : exemple, son discours aux césars après l’attentat de Charlie… dualité encore, dualité toujours, à bien y regarder... - « J’ai constaté que l’on m’aimait lorsque je racontais des histoires. Et aussi quand je dessine »… La véritable unité, l’élément charnière du livre, ce serait bien alors l’exutoire des mots et du dessin. Il est là, le champ de liberté. c’est là que se manifestent cette colère et cette rage avide de justice. mais là aussi que se manifeste, au bout du compte, une autre ambivalence assez subtile : cette distanciation du père pour mieux consacrer le lien filial : « Je dois beaucoup à mon père mais le plus grand cadeau qu’il m’a fait a consisté à ne pas savoir dessiner. Merci papa d’avoir laissé un espace vierge, dans lequel aujourd’hui encore je m’efforce de grandir “ Dominique KHALIFA Bonjour, aujourd’hui j’ai le plaisir de vous conseiller 3 titres : l’insouciance (prix des lecteurs) de Karine Thuil « Un beau roman sur les ruptures et les désillusions de notre époque ». François busnel de retour d’Afghanistan où il a perdu plusieurs de ses hommes, le lieutenant romain rolter est meurtri, dévasté et se demande à qui profitent ces guerres et si elles valent les sacrifices humains qu’elles induisent. Lors d’un séjour à chypre organisé par l’armée, il tombe amoureux de marion, jeune journaliste, mariée à François Véry, fils d’un ancien résistant juif, et qui ne veut rien savoir de sa judéité ; cependant lorsqu’il est piégé dans un scandale politico-médiatique, celle-ci lui est jetée en pleine figure. Le nouveau roman de Karine Thuil est difficile à résumer car il aborde de nombreux sujets : terrorisme, antisémitisme, intégration, Islam radical. c’est un tableau sans concession et terriblement lucide de notre société ; du pouvoir et de ceux qui prennent les décisions. La question de l’identité est au centre avec François Véry, le puissant patron qui se voit brusquement ramené à ses origines juives, lui qui les a toujours volontairement ignorés. L’insouciance est un grand roman d’amour et de politique fiction qui brosse avec véracité la violence du monde d’aujourd’hui, tout en sachant que rien n’est figé. Jours de Miel de Eshkol Nevo, (recommandé par le comité de lecture) Jérémiah mendelstrum, un riche veuf américain fait le vœu d’immortaliser le nom de sa femme bien aimée – épouse vaillante et vertueuse – partie vers un monde meilleur. Il a une idée merveilleuse : c’est à Safed, en Galilée, la ville des Justes et des sages Kabbalistes, qu’il décide de faire construire un mikvé – bain rituel – qui portera le nom de sa femme. Pour le maire de la ville, ce don est une véritable aubaine. mais voilà, il n’y a plus de place pour un nouveau bain rituel, car le nombre de mikvés au mètre carré dans cette sainte ville est le plus élevé de tout le pays. et puis il y a un équilibre délicat à respecter entre les différents courants religieux dans l’attribution du nombre de bains rituels. Il ne reste qu’un seul lieu, un quartier de banlieue habité par des immigrants russes, ne parlant pas un mot d’hébreu. Qu’a cela ne tienne, il faut commencer les travaux. et là, nous entrons dans la vie des personnages qui, pour certains sont tiraillés entre religion, interdits et superstitions. Sous couvert d’un conte loufoque, l’auteur nous livre une satire sociale et politique d’Israël, une caricature de la société juive dans ses excès, ses traditions, ses croyances. Une manière originale d’aborder la vie en Israël, mais aussi les problèmes de l’immigration et les relations difficiles entre juifs et arabes, entre religieux et jeunes sabras. ce microcosme haut en couleur est un roman vif, truculent, épique. c’est burlesque et pourtant émouvant, mais au fond, orthodoxes ou pas, chacun semble n’aspirer qu’à une seule chose : « goûter à ces jours de miel, ces jours délicieux que l’on préfère ‘’aux piqûres d’abeilles’’ » l’administrateur provisoire d’Alexandre Seurat En ce moment, la question des origines devient obsessionnelle. ce livre est d’abord l’histoire d’un secret de famille, un roman entre documentaire et fiction. Au début du récit, le narrateur découvre que la mort de son jeune frère est liée à des non-dits familiaux. Il interroge donc ses proches et devant leur silence embarrassé, mène ses proches recherches. Il découvre alors que son arrière-grand-père a participé à la confiscation des biens juifs durant l’occupation. Un passé que toute la famille préfère ignorer et banaliser les faits. mais ce qui fait mal, c’est de découvrir la personnalité de cet administrateur, raoul H… très avide de s’enrichir sur le dos de ces petits artisans ; et cette hargne particulière qu’il met à s’en prendre à ses victimes, à leur soutirer le plus d’argent possible. Il faut rappeler que ces malheureux étaient souvent des immigrés de fraîche date arrivés en France dans les années 1930. c’est à leur parcours que ce livre tente de rendre hommage, en racontant le destin de deux de ces hommes morts en déportation. et on comprend que ce sombre passé n’a pas été sans conséquence sur la vie du narrateur, d’autant que la morgue et le mépris du grand-père qui continue à croire d’avoir bien agi sont impressionnants. c’est un livre très intéressant, bien que certains chapitres semblent un peu ardus dans le mélange histoire et fiction, qui renoue avec une période noire de notre histoire. A mon humble avis, c’est un récit que doivent lire les jeunes générations non-juives souvent bouleversées par les actes de leurs grandsparents. Une question que pose ce livre : « doit-on se sentir coupable des actes commis par nos ancêtres ». Annie Beck avivmag n°209 septembre 2016 35 Humour seul en scène “les fées se sont penchées sur son berceau” rencontre avec michaël Hirsh entretien mIcHAëL HIrScH eN 5 dATeS michaël Hirsch grandit à metz et fait ses études à reims. Il est diplômé de l’école de commerce Sup de co reims. de 2011 à 2013, il est élève de Jean-Laurent cochet et de Jos Houben au cours Jacques Lecoq. en 2012, il joue dans Votre Maman de Jean-claude Grumberg, mise en scène par charles Tordjman aux côtés de Pierre Arditi, christine murillo et dominique Pinon. La pièce est enregistrée et diffusée sur France culture. en 2012, il rejoint la troupe The Big Cat Compagny, créée par Pierre boucard. en 2014, il crée POURQUOI?, son premier spectacle seul-enscène, qui lui permet de devenir le lauréat du Grand Prix du Jury 2016 du 35° festival d'humour à Vienne ainsi que celui du Grand Prix de l'humour 2016 du 27° Festival de morges-Sousrire. en 2016, il crée une chaine Youtube intitulée Lettre Ou Ne Pas Lettre. chaque épisode prend la forme de la rédaction d'une lettre afin de traiter de sujet d'actualité avec humour. 36 aviv Mag n°209 Q uelle impression gardes-tu de ton passage à toulouse et du public du théâtre du grand rond ? Très très agréable ! Super soirée passée ensemble, un accueil très chaleureux et un très bon moment que j'ai pu partager avec les spectateurs. On a pu prolonger l'expérience après le spectacle et discuter avec les gens. Ils étaient très contents. c'était un vrai plaisir ! il y a une question que l'on s'est posée. il y avait dans le public ceux qui venaient d'Hébraïca et d'autres qui étaient venus par leur propre connaissance de ton spectacle. Y a t-il une différence entre un public juif et un public « lambda » ? Non, je ne crois pas vraiment. Il y a une sensibilité un peu différente et je sens des rires un peu différents sur certains moments du spectacle mais rien de très différent. chez les Juifs, ça parle un peu plus dans la salle ! Ça commente un peu plus ce qui se passe sur scène ! Pourquoi à ton sens ? Je ne sais pas, c'est curieux. Hier soir, il y avait un groupe de femmes qui étaient au premier rang qui commentaient entre chaque sketch, entre chaque blague. c'était assez rigolo. Peut-être est-ce l'idée de se sentir un peu plus à la maison parce que l'on est ensemble et d'avoir moins la barrière vis-à-vis de ce qui se passe sur scène. a propos, as-tu reçu une éducation juive ? Oui, j'ai eu une éducation religieuse juive à metz, j'étais au Talmud Torah toute ma jeunesse, et comme je vivais en Alsace moselle, on avait aussi des cours d'éducation religieuse à l'école. J'étais très impliqué dans la communauté puisque j'étais aux eI* pendant 15 ans. notre thématique des journées de la culture juive est « Heureux comme un Juif en France ». Quelle est ta position sur cette assertion que l'on tente ? Je suis totalement de cet avis et je suis ravi d'avoir pu participer au lancement de cette thématique-là pour cette année parce que je crois que c'est important de vivre globalement dans la joie. Je crois que c'est Prévert qui disait : « Il faut être joyeux, au moins pour faire croire aux autres que ça peut exister ! » Je trouvais ça très drôle. Je viens d'une famille des plus ashkénazes, la joie de vivre n'est pas ce qui nous caractérise le mieux. mais ça me paraît essentiel et je crois que l'on a besoin de se sentir joyeux. On a tendance à dramatiser les choses. La situation n'est pas la plus idéale qui soit. Seulement il y a beaucoup de pays dans le monde où c'est encore pire. Il ne faut pas oublier de se le rappeler, ni de se souvenir que la France a été et reste un pays extraordinaire pour les Juifs. Je suis un vrai juif de diaspora. Je crois beaucoup à cela. Je crois beaucoup à l'importance de notre action dans ce pays. cela fait partie aussi de ma culture scout, c'est-à-dire l'idée d'être vraiment actif au cœur de la cité et d'en être un membre. Pour moi, le judaïsme est un bonus. dans ma vie de tous les jours, ça relève de ma vie privée et ça m'amène une vision positive de la vie et un éclairage qui est celui du questionnement. On a toujours tendance à dire que le doute est une chose négative alors que, bien au contraire, c'est le doute qui nous rend vivant. donc « Heureux comme un Juif en France » ça veut dire pour moi : vivant au sens de profiter de la vie. si j'essaie de prolonger ta pensée, en t'entendant parler du scoutisme, en voyant le métier que tu as choisi, ta façon de vivre le judaïsme, n'est-ce pas essayer d'être utile aux autres ? * eclaireurs Israélites etre utile, être un passeur, un transmetteur, ça donne une autre dimension à sa vie. chaque être humain a besoin d'être guidé par quelque chose qui le dépasse. dans mon métier, c'est être utile en faisant sourire et en partageant avec les gens une vision positive de ce monde. La manière dont on envisage le monde aujourd'hui est essentielle car si l'on s'imagine, d'ores et déjà, un futur terrible, alors il sera encore plus terrible. d'ailleurs, l'humanité a toujours été très forte, il suffit de voir les montants que l'on a investi dans le cinéma pour imaginer des films catastrophes. c'est amusant car ça ne nous viendrait pas du tout à l'esprit de dépenser les mêmes montants pour des films miracle ! On a besoin d'imaginer quelque chose de beau, avec plein d'espoir parce que si, aujourd'hui, les jeunes générations naissent dans ce monde et qu'on leur dit : ce monde est pourri mais je t'ai quand même mis au monde, c'est un cadeau sacrément empoisonné qu'on leur fait. Ce point d'interrogation qui arrive au milieu de ton spectacle, c'est ton alter ego, ton second personnage, ton associé ? Comment le définirais-tu ? c'est le personnage principal. Je le pense profondément, ce n'était pas une évidence au début quand j'ai construit ce spectacle. Puis je me suis rendu compte, petit à petit, que c'était lui qui reliait toutes mes histoires : le questionnement, l'interrogation. La beauté du pourquoi et la supériorité des mots interrogatifs, c'est de mettre en valeur l'absurdité du monde et donc de le désarmer un peu. en même temps, c’est une porte ouverte sur la fiction et le merveilleux, le poétique. c'est le moment où l'on redevient maître à bord, maître de son propre doute, ce qui paraît toujours paradoxal. mais il n'y a que comme cela que j'arrive à vivre. Quoi que je fasse, je me pose mille questions, alors par réflexe de survie, j'ai envie de prendre le pas sur le doute en l'acceptant. tu as travaillé le spectacle à deux avec Yvan Calberac et tu fait partie d'une compagnie, comment es-tu venu au “one man show” ? estce un choix fondé ou le hasard ? c'est un peu le hasard. Quand j'ai commencé à écrire, c'est la première forme qui est venue. ce que je défends sur scène avec Pourquoi?, c'est un seul en scène humoristique avec un gros travail sur la langue. Je crois aujourd'hui que c'est ce qui manquait en tant que spectacle. Une forme d'humour que défendaient raymond devos, Pierre dac, Pierre desproges. On est toujours à la frontière entre la pertinence et l'impertinence, entre le tendre et le poétique. Ils racontaient des histoires, c'est l'essentiel au théâtre, c'est ce qui m'a toujours guidé dans mon ancienne vie professionnelle, quand je faisais de la pub ou maintenant dans ce métier-là. Quand il s'est agi de faire vivre ce texte, je me suis rendu compte tout de suite que c'était la vie d'un personnage et que c'était un seul en scène. maintenant je ne ferme aucune porte, ni à l'idée de retravailler en collectif parce que c'est très enrichissant et très agréable aussi d'avoir des copains sur scène avec soi. Peut-être que viendra le temps de faire vivre plusieurs personnages sur un plateau. c'est une expérience tellement drôle que tu vas peut-être la renouveler ? c'est possible. effectivement il ya plusieurs personnages dans le spectacle. Je parlais d'écrire pour plusieurs comédiens. le sketch hilarant du sommeil, évoque le groupe des “homo ça pionce”, qui veut absolument vivre allongé. Comment t'est venue cette histoire ? Il y a eu deux choses qui se sont assemblées. Un jour, j'ai lu la bible de l'humour juif de marc Alain Ouaknine. Le préambule est absolument saisissant. Il parle d'une notion de Talmud qui s'appelle le « Tsim tsoum » : l'idée de rapprocher deux idées qui n'ont rien à faire ensemble pour créer une nouvelle idée. c'est ce qui se passe dans le monde des “homo-çapionce”. L’autre, c’est que j’'ai toujours été un grand dormeur et je me souviens un jour m'être levé à 15 heures après avoir fait une grande sieste dans la journée et d'avoir retrouvé mes parents à table. J'étais très heureux d'avoir dormi. Je leur ai dit : « Vous m'avez fait à l'envers, moi je suis fait pour vivre à l'horizontale ! » Il y a quelque chose qui s'est éclairé en moi. Vivre à l'horizontale, qu'est-ce que ça raconte ? de là est née la fable de cet homme qui a du mal à faire accepter sa différence. Souvent on n'est pas très tolérant vis à vis de la différence. On devrait considérer ça comme une richesse. cet homme, parce que sa différence n'est pas adaptée, va essayer de trouver des gens comme lui pour vivre son utopie, créer son monde, sa nation. c'est comme ça qu'est né ce texte. Il y a des choses que j'ai envie de faire avant d'écrire et puis ce sont les mots qui décident pour moi, eux qui m'ont guidé dans cette histoire de l’ « Homo ça pionce ». et voilà, le dernier mot revient aux mots ! C'est déjà le cas puisqu'on te voit dialoguer avec un personnage qui est à la mode depuis des années, l'infatigable Fabrice luchini et ça, Propos recueillis par Pierre Lasry avivmag n°209 septembre 2016 37 carnet disparitions la compagne d’alfred nakache n’est plus Marie et alfred nakache dans les années 1980 MARIE NAKACHE, l’épouse du champion de natation Alfred Nakache, bellesœur de Prosper, de Robert Nakache et de l’ensemble de cette belle fratrie, est décédée le samedi 24 septembre 2016 à Sète, à l’âge de 92 ans. Femme d’exception, fidèle et droite, elle a permis à Alfred de se raccrocher à la vie Marie nakache photographiée dans sa ville de sète après qu’il ait survécu aux horreurs de la barbarie allemande en 1944 et que sa femme Paule et sa fille Annie aient péri dans les camps extermination. Nous ne pouvons qu’honorer sa mémoire, elle qui n’a eu de cesse d’honorer sans relâche et dans la plus grande droiture, celle d’Alfred son époux. DN Sophie castiel la disparition de léa sandler-Marcu La sœur de Samuel Sandler, dont le fils et les deux petits fils ont été assassinés à Toulouse en mars 2012, Léa Sandler-Marcu, est décédée à Jérusalem, le 12 septembre dernier. Fille d’un couple de juifs allemands réfugiés en France pendant la guerre, Léa fait des études de psychologie avant d’entreprendre une brillante carrière de journaliste, puis de traductrice. Après le décès de leur fils, Michel (1958-1974), elle part vivre en Israël avec son mari, trop tôt disparu. C’est là qu’elle apprend, le 19 mars 2012, l’ignoble assassinat de son neveu et de ses deux enfants, à l’entrée de l’école Ozar Hatorah, aujourd’hui Ohr Torah à Toulouse. Elle avait déclaré au lendemain de la mort de son neveu : “Il voulait donner aux autres ce qu’il avait reçu. Il était modeste et heureux avec sa femme et ses enfants”. Son courage, dans de telles épreuves est un puissant antidote contre le désespoir. Naissances à Toulouse 5 oct 16 ALLOUcHe raphael Yéhouda 9 nov 16 GrUmbAcH Solal Philippe Abraham 19 nov16 ATIA Yakir participé avec enthousiasme, parce qu'on n'est jamais Juif seul et qu'il doit exister un cadre pour transmettre. Notre mère aurait sans doute aimé enseigner mais sa santé ne l'a pas permis et c'est avec nous, en Yiddishe Mamme, qu'elle partageait ses passions : les livres, les musées et tout ce qui nourrit l'esprit. Nicole Garbarsky-Yardeni Nadine Assoun-Garbarsky Alain Garbarsky mariages … ailleurs … et ailleurs 15-août-16 11-nov-16 edeLmAN Shmouel Paris Le Monde du 2-3 octobre 2016 Notre père a été notre Maître, puisque nous sommes tous les trois devenus dentistes, comme son père avait été le sien. Mais bien audelà de cela, il est un exemple qui nous accompagne. Aujourd'hui, comme de son vivant, nous tentons de comprendre cette noblesse, cette intelligence de l'âme et du coeur, cette élégance du comportement de chaque instant malgré la maladie, cette bonté, toutes ces qualités qui en faisait ce qu'on appelle en Yiddish : un Mentsch. Nous sommes heureux que leurs 8 petits-enfants qu'ils adoraient les aient connus. Nous sommes reconnaissants à ceux qui se souviennent d'eux. Pour nous, nos parents sont éternels. 19-nov-16 ZAGOUrI Kokhava esther 23-juin-16 21-août-16 dévoilement d'une plaque à la mémoire d'anna et d'Henri garbarsky dans la synagogue du 17, rue d'alsace-lorraine Participer grâce aux nouvelles technologies à la transmission du patrimoine culturel juif, cela ressemblait tant à nos parents. Le Rav Moché Chein et son beau-père le Rav Yossef Matusof connaissaient bien nos parents Anna et Henri Garbarsky. Ils connaissaient leurs histoires. La fuite de l'Allemagne pour notre père, à l'âge de 10 ans, quelques mois après la Nuit de Cristal, l'exode depuis Metz sous les bombardements allemands pour notre mère, alors qu'elle n'avait que 6 ans, leur survie, si périlleuse à chacun, pendant l'Occupation, les tragédies familiales, la reconstruction après cette guerre qui avait vu disparaitre leur monde. Malgré leurs enfances dévastées, ils ont choisi la vie. Ils ont, avec une formidable énergie, avec amour, construit leur vie à Toulouse, une ville qui d'une certaine façon les avait abritée, dans cette communauté juive à laquelle ils ont bat mitsva bar mitsva 18-sept-16 ZerdOUN mattéo 29-sept-16 GUedJ Ilan 23-août-16 31-oct-16 beNSAId Jonathan / AbeNAIm Joy marseille 29-oct-16 AmSeLLem Armand Jacques 06-nov-16 rOSeNberG Juliette 04-nov-16 mAAreK Georges 16-nov-16 cHeKrOUN edmée 17-nov-16 ALLIeL Ourida rose 21-nov-16 ZemmOUr claude Simon 28-nov-16 beNSOUSSAN reine SOUSSAN mickael / ATLAN estelle (Israel) 30-nov-16 AmSeLLem Alice 08 déc 16 KeLIF elie LAcHKAr Jordan / eL HAIK déborah (marseille) cHOcrON Armand / ZerbIb elisheva (Israel) bILFeLd Ari 27-oct-16 OHANA Harry 28-oct-16 cHOUcrOUN ethan 30-oct-16 bedOUcHe elie Gil 11-nov-16 ObAdIA Yorane 04-déc-16 SebOUN--KHAm enzo 21-sept-16 cOHeN elie 22-déc-16 derHY Ari 19-sept-16 mIcHeL née beNdAOUd rachel 14-sept-16 mASSAcreT née cZArNAS Simone 19-sept-16 beNOUAIcH Henry raanana (Israël) AZrA Philippe TOLedANO Jacques 02-oct-16 STrOUK Ouri 31-oct-16 26-nov-16 bILFeLd Léo 25-oct-16 KNAFO emile ATLAN brice / ederHY Joan (Israel) 02-oct-16 … et ailleurs 26-oct-16 … et ailleurs 04-oct-16 ZemmOUr Pierre (Hyeres) 29-oct-16 AmAr esther Jérusalem (Israel) 01/12/2016 david meLKA (bonneuil sur marne) décès 26-sept-16 SeLLem Yvette Fortunée 07-oct-16 bOUHANA Sylvain Simon 10-oct-16 LeVY née ZYLberberG béatrice 38 aviv Mag n°209 11-oct-16 SeLLem maxime 14-oct-16 mALKA renée avivmag n°209 septembre 2016 39