Pour cette période de la fête des lumières,
Hanouka est concomitant avec les dates de
Noël, qu’est-ce que cela vous inspire ?
Hanouka tombe toujours au mois de décembre,
et c’est la période des fêtes de Noël de l’ère
chrétienne. Il y a donc souvent des coïnci-
dences au niveau de ces dates. Au-delà de la
religion, cette période d’illumination, de féérie,
contribue au bonheur des enfants et de leurs
familles. Justement, comme Hanouka est la
fête des Lumières, je veux faire passer un mes-
sage d’espoir. C’est d’ailleurs celui que je ne
cesse de faire passer : un message d’espoir, de
paix, de sérénité, d’amour, d’écoute, de solida-
rité les uns envers les autres.
La période qui vient de s’écouler a vu se
dérouler une quinzaine de manifestations
pendant un mois : les Journées de la Culture
Juive sont toujours un grand moment, qui
occupe l’EDJ pour les trois quarts des évé-
nements et plusieurs autres lieux dans la
ville. Quel est votre accueil de ces journées ?
Encore une fois ces Journées de la culture
Juive ont montré que la communauté était
capable de se réinventer, de créer, de proposer
non seulement à notre communauté mais aussi
à l’ensemble de la cité, des manifestations, des
dîners, des spectacles, des expositions, des
conférences. Je me souviens entre autres de la
soirée de vernissage où une cinquantaine de
peintres et sculpteurs sont venus exposer à l’es-
pace du Judaïsme. C’était une soirée
mémorable, on avait rarement accueilli autant
de monde, avec des visiteurs que l’on n’a pas
l’habitude de côtoyer dans ce bâtiment.
J’aimerais vous faire réagir à la thématique
« Heureux comme un Juif en France » qui a
créé des discussions, pour et contre et revenir
à cette soirée à laquelle vous avez participé
en temps que président de l’Acit avec d’autres
présidents d’associations toulousaines pour
débattre justement de ce bien-être ou de ce
«moins» bien-être de notre communauté en
France et à Toulouse.
« Heureux comme un Juif en France » est un
excellent postulat ! Nous Juifs, avons l’obliga-
tion d’être joyeux, c’est un commandement
écrit dans la paracha de Ki Tavo. Aujourd’hui,
en France, sommes-nous heureux ou sommes-
nous malheureux ? Nous sommes dans un pays
qui nous permet de vivre pleinement notre
judaïsme et c’est très important. Nous connais-
sons depuis quelques années des difficultés liées
à l’antisémitisme, les nier serait se voiler la face.
Ceci dit, la question que je me pose et que je
veux résoudre en tant que responsable commu-
nautaire, c’est comment faire pour mieux vivre
notre judaïsme en France, et c’est l’intérêt de
cette réflexion. Il est très important de partici-
per aux manifestations, conférences et journées
de réflexion que nous proposons, car c’est dans
ces moments là que l’on peut trouver des
réponses à nos questions. Pour moi, chaque
personne est indispensable, et nous sommes
tous responsables de ce que nous sommes, et
par conséquent solidaires les uns des autres.
Pour ce premier trimestre, quels grands ren-
dez-vous et quels projets pour notre
communauté ?
Pour commencer, je donne rendez-vous à tous
nos coreligionnaires le dimanche 25 décembre
pour célébrer la fête de Hanouka à l’Espace
du Judaïsme. Il y aura comme chaque année
une distribution des jouets, de cadeaux, de bei-
gnets. Nous allumerons ce soir-là la deuxième
bougie de Hanouka en présence de toute la
communauté et des représentants de la ville.
Autre projet : nombre de nos coreligionnaires
sont installés en Israël ou ailleurs et partagent
leur temps entre deux pays. Ils ont envie de
s’investir pour élargir l’assise du Consistoire de
Toulouse là où ils sont et participer ainsi à la vie
de notre institution. Nous allons les aider, avec
l’équipe qui est à mes côtés et qui fait un travail
remarquable, à construire ce projet.
Notre AVIV Mag passe en revue un certain
nombre d’événements et de chroniques, quels
sont les points qui vous ont intéressés dans ce
numéro 209 ?
Je sais que ce magazine est très attendu par les
membres de notre communauté. J’ai plaisir
également à le feuilleter, à lire les mots de nos
rabbins, à revivre les comptes-rendus des évé-
nements festifs ou cultuels, et il y a toujours des
choses à apprendre sur les associations…
Dans un autre registre, j’aperçois aussi de nou-
veaux partenaires au fil des pages, car nous
avons confié la gestion de la régie publicitaire à
une nouvelle société, Midi Pyrénées Communica-
tion, et je suis heureux de voir une nouvelle
dynamique de couleurs et de vie dans ce maga-
zine. Il y a aussi quelques hommages
émouvants, qui me font penser à la disparition
de trois Grands que sont Elie Wiesel, Joseph
Sitruck, et plus récemment Shimon Peres. Ces
trois hommes avaient en commun une destinée
à dimension universelle mais profondément
enracinée dans le judaïsme. Ils se sont rendus
maîtres de leur destin, ont toujours fait le choix
de l’action et de la vie. Ils sont un exemple à sui-
vre. Je formule le vœu qu’ils continuent à nous
inspirer.
Bonne fête de Hanouka à toutes et à tous !
Yves Bounan,
Président de la communauté juive de Toulouse
AVIVmag n°209 Septembre 2016
5
Quelques questions
au président
“La question que je me pose
et que je veux résoudre
en tant que responsable
communautaire,
c’est comment
mieux vivre notre
judaïsme en France”
questions
à yves
bounan
4AVIV Mag n°209
Kevin Sellem,
la relève
Récent élu à l'ACIT, et jeune
entrepreneur, qu'est-ce qui t’a
motivé pour accepter cette
chargenouvelle ?
C'est pour moi la continuité
naturelle de mes engagements
dans les différents mouvements
de jeunesse.
Sous l'impulsion d'Yves
Bounan, le Conseil d'Adminis-
tration de l'ACIT s'est renou-
velé et rajeuni.
Je suis content d'y contribuer
en apportant une touche de
jeunesse à l'institution.
Est-ce que tu conçois la
communauté différemment
maintenant que tu es à ce
poste ?
Quand on est jeune, fidèle et
simple "administré" de la com-
munauté on voit les choses
d'une manière assez simplifiée.
On ne mesure pas l'importance
des dispositifs communautaires
ni la multiplicité des missions
remplies par l'ACIT.
De nombreux visages vous
sont familiers, vous les
rencontrez parfois, car ils
travaillent bénévolement à
aider la communauté sous
une forme ou une autre.
Focus sur deux d’entre eux
Je me rends compte désormais
tous les jours à quel point la
fonction de l'ACIT est com-
plexe et complète : elle nous ac-
compagne à toutes les étapes de
notre vie et assure l'animation
et la gestion de nos nombreuses
structures.
Est-il difficile de recruter de
nouveaux cadres
communautaires ?
C'est une question compliquée:
ceux qui ont toujours été impli-
qués dans leur jeunesse vont se
montrer spontanément disposés
et il sera facile de les associer.
D'autres en revanche sont diffi-
ciles à entraîner car souvent ils
ne s'imaginent même pas qu'ils
pourraient être utiles. Notre
mission est aussi de sensibiliser
chacun sur le rôle qu'il pourrait
jouer.
Alain Alter,
le permanent
providentiel
Après plusieurs fonctions
électives dans d’autres
associations, pourquoi ce
retour à l’ACIT ?
Ce n’est pas un retour, c’est une
“première fois”. Ce n’était pas
la destination vers laquelle je
m’étais tournée au départ. Avec
le départ d’Arié et de quelques
piliers de cette communauté en
Israël et ailleurs qui ont repré-
senté un changement impor-
tant dans le conseil
d’administration, on m’a fait
sentir qu’il était souhaitable
que je vienne consolider
l’équipe de l’ACIT qui est le pi-
lier essentiel de notre vie com-
munautaire locale pour une
transition en douceur. C’est ce
qui s’est opéré sous la prési-
dence d’Yves Bounan qui fait
un excellent travail. J’avais tra-
vaillé au Fond Social, à l’EDJ,
et aux questions de sécurité.
Cette expérience a facilité la
poursuite de bonnes relations
entre institutions.
Tu sembles plutôt satisfait de
cette équipe et de son travail.
Comment te projettes-tu sur
l’avenir ?
Avec une certaine confiance et
sérénité dans la mesure où les
transitions qui pouvaient appa-
raître comme délicates sont
bien gérées. Lorsqu’il y a des
difficultés ou des manques, les
rangs se resserrent, les gens se
mobilisent. La collecte au ni-
veau de l’ACIT est plutôt à la
hausse et le bilan financier est
positif malgré le départ de do-
nateurs importants. On a des
finances équilibrées. Mais elles
ne traduisent jamais qu’une
mobilisation des cœurs et des
familles participantes. Sur
toutes les grandes manifesta-
tions, on voit que les gens ré-
pondent présent. Evidemment,
les synagogues ne sont jamais
suffisamment remplies bien
que les synagogues périphé-
riques soient très vivaces et que
les derniers constats montrent
une fréquentation en hausse.
J’ai une certaine confiance en
l’avenir, mais jamais une
confiance aveugle car l’on sait
que c’est toujours le prix d’un
effort et d’une action constante.
À quel type d’action penses-tu
justement ?
Je pense que parfois, il faut
aller chercher les gens qui nous
entourent par la main, des gens
vers qui un petit geste suffirait
pour les inviter à intégrer une
structure ou une autre, les invi-
ter à venir participer…
Dans mon cas, cela s’est fait
sans que je le recherche. C’est
Jo Zrihen qui m’a attiré et un
peu forcé la main à l’époque.
Depuis, je suis resté attaché à
cette institution.
Propos recueillis
par Pierre Lasry
Vent-en-poupe
Portraits à suivre
?
1990 Naissance à Toulouse
2008 Baccalauréat à Ohr
Torah
2010 Responsable des EEIF de
Toulouse durant 3 ans
2014 Mariage à Jérusalem
avec Jessica
2015 Administrateur à l’ACIT
1959 Naissance à Toulouse
1981 Diplômé de Sup de Co
1982 Séjour aux Etats-Unis
1983 Mariage et retour à
Toulouse dans la vie active de
commerçant
2015 Administrateur à l’ACIT
4AVIV Mag n°209