Heureux comme un Juif en France

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777
uka 5
ACIT
Association Cultuelle
Israélite de Toulouse
Hano
décembre 2016
N° 210
4€
Le mAGAZINe de LA cOmmUNAUTé JUIVe de TOULOUSe eT deS PAYS de LA GArONNe
“HEUREUX COMME
UN JUIF EN FRANCE”
ET SI NOUS DISIONS CELA AUJOURD’HUI ?
HANOUKA : À CHACUN
D’ALLUMER L’ÉTINCELLE
PANORAMA DES SYNAGOGUES (SUITE)
MICHAËL HIRSCH
l’invité des JCJ
Le billet
d’henri
amar
sommaire
du n° 209
automne 2016
tichri 5777
en couverture : Heureux comme un Juif en France” : les
Journées ont réuni un public curieux et attentif et ont
donné lieu à plusieurs tables rondes et de fructueux
échanges avec des invités de marque > page 10
Passions tristes
Paresse intellectuelle ? Lâcheté morale ?
Aveuglement délibéré ? Installés dans
le confort trompeur et mortifère de certitudes obsolètes, politiciens chevronnés,
doctes maîtres sondeurs, sociologues
émérites, experts auto-proclamés et petits marquis du commentaire médiatique
et télévisuel ne parvenaient pas ou se
refusaient, jusqu’ici, à prendre en juste
compte l’ampleur de la crise qui, débordant les frontières et les spécificités nationales, frappe aujourd’hui le système
démocratique.
quences incontrôlées – financiarisation
sauvage, sociétés fracturées, inégalités
croissantes – rendent inaudibles les principes fondateurs de nos républiques et,
à tout le moins, ceux qui, aspirant au
pouvoir, continuent de vouloir s’en parer…
discrédit du politique, rejet de l’institutionnel, méfiance face aux magistères
déjà instaurés de la parole, du savoir, de
la pensée ou du comportement : la porte
est ainsi ouverte à toutes les dérives,
tous les excès, tous les extrémismes qui,
au terme de révoltes parfois plus sanglantes encore, font
Le citoyen qui, hier, s’ouvrait le lit des dictatures.
brexit en Grandebretagne prenant
au dépourvu ceuxaux autres, à l’avenir, et
là même qui, sans
confit dans ses
trop y croire et qui, à l’espoir d’un monde meilleur désillusions, crispé
à coups d’amalsur ses peurs, ses
qu’il serait en mesure de faire rancunes, ses rangames, en avaient
vanté les avantages
cœurs, le citoyen
advenir, se replie désormais
à des électeurs pris
qui, hier, s’ouvrait
sur soi, son présent immédiat aux autres, à l’aveau piège de leur
rhétorique mensonnir, et à l’espoir
et son espace clos.
gère, victoire incond’un monde meilgrue aux etatsleur qu’il serait en
Unis d’un donald Trump surjouant le
mesure de faire advenir, se replie désorcandidat antisystème, résolument hostile
mais sur soi, son présent immédiat et
à tous les « sachants », échec-surprise
son espace clos.
au duel longuement annoncé JuppéSarkozy aux primaires de la droite en
La boucle est alors bouclée qui renFrance : tout se passe comme si, ici et
ferme, rétrécit, rabougrit et renvoie
là, et au sein même de démocraties rél’homme à ces « passions tristes » députées exemplaires, une majorité d’élecnoncées par Spinoza.
teurs ulcérés parce que se sentant déPassions tristes destructrices d’espoir et
possédés d’une vraie liberté de choix,
de lumière. cet espoir et cette lumière
avaient décidé de « renverser la table »,
dont toute notre histoire, si tourmentée
de mettre à bas un système et des strucsoit –elle, et dont les bougies de nos Hatures où ils ne se reconnaissent plus.
noukhiot nous rappellent qu’elles ne
peuvent et ne doivent jamais s’éteindre
Le logiciel de référence ne fonctionne
lorsque l’on sait et que l’on veut puiser
plus. Le modèle démocratique, héritier
le courage de les maintenir. Ou de les
de la philosophie des Lumières et de sa
rallumer.
foi absolue au pouvoir libérateur et infini
Henri Amar
de la raison – une raison universelle et
universellement partagée – se heurte
désormais à l’âpre réalité d’un monde
dont la rapidité de mutation et ses consé-
Le billet d’Henri Amar
deux administrateurs à découvrir
L’œil du président
Actualité religieuse :
Tout savoir sur Hanouka
La disparition de marcel Gotlib
La mémoire de dany rosen
Une synagogue : celle de l’edJ
Gilbert montagné
Le Journées de la culture
rencontre : rachel Khan, noire et juive
La parole aux associations
Une visite des parlementaires polonais
brèves communautaires
culture
Découverte : michaël Hirsh
disparitions
carnet communautaire
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Aviv mag est une publication de l’AcIT
Association cultuelle Israélite de Toulouse,
2 place riquet, 31000 Toulouse. Tél. 05 62 73 46 46
directeur de la publication : Yves bounan
directeur de la rédaction : Pierre Lasry
rédaction et coordination : Yaël rueff-Salama
crédit photo : LSP, bernard Aiach, studio Ledroit Perrin pour m. Hirsch
design, production : LSP, 11 rue Adonis, 31200
Toulouse, tél. 05 61 13 18 18, [email protected]
régie publicitaire : midi-Pyrénées communication :
05 61 23 81 68 - Impression Graphitti
N° de commission paritaire : 0421 G 88068 dépôt légal à parution
Ont contribué à ce numéro : Henri Amar, Jacques Asseraf, Alain Atlan,
Anny beck, dana bensimon, Yves bounan, Sophie castiel, c. chaput,
Néhama chein, Patricia dassa, claude denjean, Frédéric Kélif, dominique Khalifa, Pierre Lasry, maurice Lugassy, Yoseph Ytzrak
matusof, Katia Nakache, Yaël rueff-Salama, marc Stzulman, eydel
Weill, Harold Avraham Weill
avivmag n°209 septembre 2016
3
vent-en-poupe
?
de nombreux visages vous
sont familiers, vous les
rencontrez parfois, car ils
travaillent bénévolement à
aider la communauté sous
une forme ou une autre.
Focus sur deux d’entre eux
Portraits à suivre
1959 Naissance à Toulouse
1981 diplômé de Sup de co
1982 Séjour aux etats-Unis
1983 mariage et retour à
Toulouse dans la vie active de
commerçant
2015 Administrateur à l’AcIT
1990 Naissance à Toulouse
2008 baccalauréat à Ohr
Torah
2010 responsable des eeIF de
Toulouse durant 3 ans
2014 mariage à Jérusalem
avec Jessica
2015 Administrateur à l’AcIT
kevin sellem,
la relève
récent élu à l'AcIT, et jeune
entrepreneur, qu'est-ce qui t’a
motivé pour accepter cette
charge nouvelle ?
c'est pour moi la continuité
naturelle de mes engagements
dans les différents mouvements
de jeunesse.
Sous l'impulsion d'Yves
bounan, le conseil d'Administration de l'AcIT s'est renouvelé et rajeuni.
Je suis content d'y contribuer
en apportant une touche de
jeunesse à l'institution.
est-ce que tu conçois la
communauté différemment
maintenant que tu es à ce
poste ?
Quand on est jeune, fidèle et
simple "administré" de la communauté on voit les choses
d'une manière assez simplifiée.
On ne mesure pas l'importance
des dispositifs communautaires
ni la multiplicité des missions
remplies par l'AcIT.
4
Je me rends compte désormais
tous les jours à quel point la
fonction de l'AcIT est complexe et complète : elle nous accompagne à toutes les étapes de
notre vie et assure l'animation
et la gestion de nos nombreuses
structures.
est-il difficile de recruter de
nouveaux cadres
communautaires ?
c'est une question compliquée:
ceux qui ont toujours été impliqués dans leur jeunesse vont se
montrer spontanément disposés
et il sera facile de les associer.
d'autres en revanche sont difficiles à entraîner car souvent ils
ne s'imaginent même pas qu'ils
pourraient être utiles. Notre
mission est aussi de sensibiliser
chacun sur le rôle qu'il pourrait
jouer.
questions
alain alter,
le permanent
providentiel
Après plusieurs fonctions
électives dans d’autres
associations, pourquoi ce
retour à l’AcIT ?
ce n’est pas un retour, c’est une
“première fois”. ce n’était pas
la destination vers laquelle je
m’étais tournée au départ. Avec
le départ d’Arié et de quelques
piliers de cette communauté en
Israël et ailleurs qui ont représenté un changement important
dans
le
conseil
d’administration, on m’a fait
sentir qu’il était souhaitable
que je vienne consolider
l’équipe de l’AcIT qui est le pilier essentiel de notre vie communautaire locale pour une
transition en douceur. c’est ce
qui s’est opéré sous la présidence d’Yves bounan qui fait
un excellent travail. J’avais travaillé au Fond Social, à l’edJ,
et aux questions de sécurité.
cette expérience a facilité la
poursuite de bonnes relations
entre institutions.
rangs se resserrent, les gens se
mobilisent. La collecte au niveau de l’AcIT est plutôt à la
hausse et le bilan financier est
positif malgré le départ de donateurs importants. On a des
finances équilibrées. mais elles
ne traduisent jamais qu’une
mobilisation des cœurs et des
familles participantes. Sur
toutes les grandes manifestations, on voit que les gens répondent présent. evidemment,
les synagogues ne sont jamais
suffisamment remplies bien
que les synagogues périphériques soient très vivaces et que
les derniers constats montrent
une fréquentation en hausse.
J’ai une certaine confiance en
l’avenir, mais jamais une
confiance aveugle car l’on sait
que c’est toujours le prix d’un
effort et d’une action constante.
à quel type d’action penses-tu
justement ?
Je pense que parfois, il faut
aller chercher les gens qui nous
entourent par la main, des gens
vers qui un petit geste suffirait
pour les inviter à intégrer une
structure ou une autre, les inviter à venir participer…
Tu sembles plutôt satisfait de dans mon cas, cela s’est fait
cette équipe et de son travail. sans que je le recherche. c’est
Jo Zrihen qui m’a attiré et un
comment te projettes-tu sur
peu forcé la main à l’époque.
l’avenir ?
Avec une certaine confiance et depuis, je suis resté attaché à
sérénité dans la mesure où les cette institution.
transitions qui pouvaient appaPropos recueillis
raître comme délicates sont
par Pierre Lasry
bien gérées. Lorsqu’il y a des
difficultés ou des manques, les
à yves
bounan
Quelques questions
au président
Pour cette période de la fête des lumières,
Hanouka est concomitant avec les dates de
noël, qu’est-ce que cela vous inspire ?
Hanouka tombe toujours au mois de décembre,
et c’est la période des fêtes de Noël de l’ère
chrétienne. Il y a donc souvent des coïncidences au niveau de ces dates. Au-delà de la
religion, cette période d’illumination, de féérie,
contribue au bonheur des enfants et de leurs
familles. Justement, comme Hanouka est la
fête des Lumières, je veux faire passer un message d’espoir. c’est d’ailleurs celui que je ne
cesse de faire passer : un message d’espoir, de
paix, de sérénité, d’amour, d’écoute, de solidarité les uns envers les autres.
la période qui vient de s’écouler a vu se
dérouler une quinzaine de manifestations
pendant un mois : les Journées de la Culture
Juive sont toujours un grand moment, qui
occupe l’edJ pour les trois quarts des événements et plusieurs autres lieux dans la
ville. Quel est votre accueil de ces journées ?
encore une fois ces Journées de la culture
Juive ont montré que la communauté était
capable de se réinventer, de créer, de proposer
non seulement à notre communauté mais aussi
à l’ensemble de la cité, des manifestations, des
dîners, des spectacles, des expositions, des
conférences. Je me souviens entre autres de la
soirée de vernissage où une cinquantaine de
peintres et sculpteurs sont venus exposer à l’espace du Judaïsme. c’était une soirée
mémorable, on avait rarement accueilli autant
de monde, avec des visiteurs que l’on n’a pas
l’habitude de côtoyer dans ce bâtiment.
J’aimerais vous faire réagir à la thématique
« Heureux comme un Juif en France » qui a
créé des discussions, pour et contre et revenir
à cette soirée à laquelle vous avez participé
en temps que président de l’acit avec d’autres
présidents d’associations toulousaines pour
débattre justement de ce bien-être ou de ce
«moins» bien-être de notre communauté en
France et à toulouse.
« Heureux comme un Juif en France » est un
excellent postulat ! Nous Juifs, avons l’obligation d’être joyeux, c’est un commandement
écrit dans la paracha de Ki Tavo. Aujourd’hui,
en France, sommes-nous heureux ou sommesnous malheureux ? Nous sommes dans un pays
qui nous permet de vivre pleinement notre
judaïsme et c’est très important. Nous connaissons depuis quelques années des difficultés liées
à l’antisémitisme, les nier serait se voiler la face.
ceci dit, la question que je me pose et que je
veux résoudre en tant que responsable communautaire, c’est comment faire pour mieux vivre
notre judaïsme en France, et c’est l’intérêt de
cette réflexion. Il est très important de participer aux manifestations, conférences et journées
de réflexion que nous proposons, car c’est dans
ces moments là que l’on peut trouver des
réponses à nos questions. Pour moi, chaque
personne est indispensable, et nous sommes
tous responsables de ce que nous sommes, et
par conséquent solidaires les uns des autres.
Pour ce premier trimestre, quels grands rendez-vous et quels projets pour notre
communauté ?
Pour commencer, je donne rendez-vous à tous
nos coreligionnaires le dimanche 25 décembre
pour célébrer la fête de Hanouka à l’espace
du Judaïsme. Il y aura comme chaque année
une distribution des jouets, de cadeaux, de beignets. Nous allumerons ce soir-là la deuxième
bougie de Hanouka en présence de toute la
communauté et des représentants de la ville.
Autre projet : nombre de nos coreligionnaires
sont installés en Israël ou ailleurs et partagent
leur temps entre deux pays. Ils ont envie de
s’investir pour élargir l’assise du consistoire de
Toulouse là où ils sont et participer ainsi à la vie
de notre institution. Nous allons les aider, avec
l’équipe qui est à mes côtés et qui fait un travail
remarquable, à construire ce projet.
“la question que je me pose
et que je veux résoudre
en tant que responsable
communautaire,
c’est comment
mieux vivre notre
judaïsme en France”
notre AVIV Mag passe en revue un certain
nombre d’événements et de chroniques, quels
sont les points qui vous ont intéressés dans ce
numéro 209 ?
Je sais que ce magazine est très attendu par les
membres de notre communauté. J’ai plaisir
également à le feuilleter, à lire les mots de nos
rabbins, à revivre les comptes-rendus des événements festifs ou cultuels, et il y a toujours des
choses à apprendre sur les associations…
dans un autre registre, j’aperçois aussi de nouveaux partenaires au fil des pages, car nous
avons confié la gestion de la régie publicitaire à
une nouvelle société, Midi Pyrénées Communication, et je suis heureux de voir une nouvelle
dynamique de couleurs et de vie dans ce magazine. Il y a aussi quelques hommages
émouvants, qui me font penser à la disparition
de trois Grands que sont elie Wiesel, Joseph
Sitruck, et plus récemment Shimon Peres. ces
trois hommes avaient en commun une destinée
à dimension universelle mais profondément
enracinée dans le judaïsme. Ils se sont rendus
maîtres de leur destin, ont toujours fait le choix
de l’action et de la vie. Ils sont un exemple à suivre. Je formule le vœu qu’ils continuent à nous
inspirer.
Bonne fête de Hanouka à toutes et à tous !
Yves Bounan,
Président de la communauté juive de Toulouse
aviv Mag n°209
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aviv Mag n°209
avivmag n°209 septembre 2016
5
Par Avraham Weill
Judaïsme
Hanouka en questions
Judaïsme
par Nehama chein
pratique
l’allumage des bougies
bien que pendant les huit jours de
Hanouka, il soit défendu de
jeûner ou de prononcer un éloge
funèbre, aucun travail n’y est
interdit.
Toutefois l’usage est répandu de
ne faire aucun travail pendant que
brûlent les lumières de Hanouka,
au moins pendant une demi-heure
après la tombée de la nuit. en
particulier, les femmes
s’abstiendront de ne faire aucun
travail pendant ce temps en
souvenir du courage et du
dévouement de Yehoudit, fille de
Yohanan, le grand prêtre qui tua
le général grec Holopherne à cette
époque.
les mets de Hanouka
La célébration de Hanouka ne
comporte pas de seouda
obligatoire. cependant, nous
multiplions les mets festifs afin de
remercier dieu pour les miracles
et les prodiges et relever la joie de
la fête. On a l’habitude de manger
des mets frits dans l’huile :
beignets ou latkes en souvenir du
miracle de la fiole d’huile.
l’argent de Hanouka
et les cadeaux aux
enfants
Le nom de Hanouka suggère un
rapprochement avec le mot «
HINOU’H » : éducation morale
et religieuse. d’où vient aussi la
coutume de distribuer aux enfants
de petites sommes d’argent en
guise de cadeaux, dans le but des
les encourager à l’étude.
en effet, nous donnons des pièces
aux enfants pour les habituer à
utiliser leur argent pour des
mitsvot, et, en particulier, pour la
6
aviv Mag n°209
un exil pas comme
les autres
tsédaka (charité). La tsédaka
donnée par un enfant est, par
certains aspects, supérieure à celle
que donne un adulte. Un adulte
travaille pour gagner son argent
et, s’il donne, il peut travailler
pour remplacer ce qu’il a donné.
Néanmoins, l’enfant ressent une
joie profonde à donner
généreusement quand il voit une
personne nécessiteuse ou une
institution scolaire de Torah qui
mérite son attention.
Les cadeaux offerts aux enfants
contribuent à ressentir la joie de la
fête et encouragent leur
participation active lors de
l’allumage des bougies.
la toupie
Le jeu de la toupie, sévivon, date
encore de l’histoire de Hanouka :
l’étude de la Torah étant interdite,
les enfants juifs se cachaient dans
des grottes pour étudier. Quand
ils étaient découverts par les
soldats grecs, ils tiraient de leurs
poches leurs toupies et
prétendaient simplement jouer.
Nous nous souvenons alors de
leur courage. Les lettres
symboliques : Noun, Guimel, Hé,
chin des mots « Ness Gadol Haya
cham » inscrites sur les faces de la
toupie doivent graver dans la
mémoire des enfants le souvenir
du miracle de Hanouka.
louanges à dieu
Les huit jours de Hanouka sont
fixés comme jours de fête célébrés
par le chant du Hallel (louanges à
dieu) et la récitation d’une prière,
Al Hanissim, de reconnaissance
envers l’eternel.
Comment allumer
Le 1er soir on allume la lumière qui
se trouve la plus à droite sur la
hanoukia. Les jours suivants on
place les bougies de droite à
gauche, et on allume d’abord la
lumière de gauche qui a été
ajoutée.
On allume le soir, à la tombée de
la nuit. Vendredi soir on allume
les bougies de Hanoucca avant
celles de chabbat, elles devront
brûler au moins 1/2 heure après
la nuit tombée.
Samedi soir on allume les
bougies de Hanoucca dans les
foyers après Havdala.
Bénédictions
• Le 1er soir, la personne qui
allume dit 3 bénédictions :
1. « Léadlik ner hanoucca »
2. « chéassa nissim »
3. « chééhiyanou ».
• Les autres soirs on dit
seulement les deux premières
bénédictions
une célèbre question se pose à nous chaque année lors de la fête de
Hannouka : Comment justifier la nécessité du miracle de la fiole d’huile pure
(ndlr : qui brûla 8 jours au lieu d’un seul) alors que l’allumage du candélabre
pouvait se faire également, en cas de nécessité, avec de l’huile impure.
L
e rAV ASHer
WeISS propose une
réponse originale en
analysant la particularité de
l’exil grec.
Il
fait
judicieusement
remarquer qu’étymologiquement parlant, qualifier la
période de domination grecque
pour les Juifs est inexact dans
le sens où, contrairement à
l’exil de babylonie ou celui des
Perses, ils n’ont jamais été
contraints de quitter leur terre.
en réalité, et les grecs l’avaient
parfaitement compris, on peut
exiler un peuple sur sa propre
terre. Ne pas détruire sa
maison, mais détruire dans sa
maison. La technique est
pernicieuse et redoutable. car
on ne voit pas toujours le mal
arriver.
Les grecs n’ont jamais détruit
le temple alors qu’ils avaient
techniquement les moyens de
le faire. Ils ont préféré le
souiller. contraindre les Juifs à
allumer le candélabre avec de
l’huile impure. Le vider de
toute sa substance pour le
rendre profane. en faire un
lieu comme tous les autres.
Il en va de même en ce qui
concerne les 13 brèches
perpétrées dans les murs du
temple. Le nombre n’est bien
évidemment pas fortuit. Il avait
pour but de s’attaquer aux 13
articles de foi auxquels les
Juifs étaient si fortement
attachés et qui leur avaient
toujours permis de traverser les
vicissitudes de l’histoire.
Gommer les singularités.
diluer la pureté candide et
innocente du peuple juif dans
un souci d’uniformité et de
d’égalité.
rien d’étonnant que l’exil grec
soit qualifié par la Torah de
‘Hoshekh, d’obscurité. car
l’obscurantisme se pare
souvent d’habits de lumières.
combien de millions de morts
dans l’histoire au nom de ceux
qui prétendaient incarner la
nous ne devons
laisser personne
souiller la lumière
qui brûle
à l’intérieur
de notre âme
grecs, qui n’en demandaient
pas plus.
matiyahou et ses enfants
l’avaient parfaitement compris.
Nous ne leur serons jamais
assez reconnaissants.
Souvenons- nous, lorsque nous
allumerons les bougies, que
nous ne devons laisser
personne souiller la lumière qui
brûle à l’intérieur de notre âme.
Que sa pureté nous permet
d’exister et d’alimenter la fierté
que nous ressentons d’être les
dépositaires d’un héritage pluri
millénaire.
Hannouka Sameah
Avraham WEILL,
rabbin de Toulouse
liberté et l’amour.
Voilà pourquoi le miracle de
Hannouka s’imposait.
certes il aurait été possible
juridiquement
parlant
d’allumer la ménora avec de
l’huile impure. mais on
dépassait ici le cadre de la
stricte halakha (législation
juive). renoncer à l’huile pure
aurait été une forme de
renoncement à notre identité, à
notre héritage. cela aurait été
une forme de victoire pour les
avivmag n°209 septembre 2016
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Par Jacques asseraf
Par Yossef Matusof
Judaïsme
Judaïsme
Hanouka au présent
Hanouka - Pourim
Hanouka, faut-il le rappeler, constitue la dernière fête que nos Sages ont intégrée dans notre calendrier
hébraïque. Absente du Texte Biblique, elle partage avec Pourim, la spécificité d’avoir été instituée par
des hommes pour des hommes... Elle se distingue toutefois du récit d’Esther qui se perd dans les limbes
de l’histoire et qui a pu, chez certains, apparaitre comme un mythe. Précisément datée*, l’épopée des
macchabis signe, en quelque sorte, l’irruption du judaïsme dans l’histoire universelle. Cette relative
proximité dans le temps historique lui confère une modernité qui emporte une large adhésion au sein
du monde juif. En attestent ses récents allumages publics dans les grandes métropoles occidentales.
Q
uand, dans les nuits de décembre, brilleront les petites lueurs de Hanouka, un
sentiment diffus d’une identité partagée,
gagnera probablement nombre de foyers juifs. La
conscience que, sous toutes les latitudes, des
myriades de maisons juives se soumettent simultanément au même cérémonial, viendra traverser les
esprits et nous conforter dans cette idée d’une unité
d’un peuple par-delà la géographie. Peu de familles
à
propos
de Hanouka
nos sages n’ont
pas manqué de relever que la victoire célébrée pendant cette période
est celle de la lumière qui pourtant
semble presque anecdotique par rapport à la victoire militaire contre l’une
des armées les plus puissantes de
l’époque.
deux grandes fêtes découlant de
l’Histoire, ont été instituées par nos
prophètes : Hanouka et Pourim.
mais, une grande différence existe
dans leurs pratiques ; Pourim est célébrée avec de grandes festivités de
repas (séouda) et boissons (michté),
alors que Hanouka est davantage célébrée par les allumages et les récitations de louanges (Hallel, Al hanissim…..) sans aucune indication
particulière concernant les repas.
L’explication de cette différence est
qu’à Pourim, nous fêtons l’avènement
de la menace de notre extermination
physique alors qu’à Hanouka nous
fêtons l’avènement de la menace de
notre extermination spirituelle.
8
aviv Mag n°209
c’est pour cette raison que l’accent
est mis à Hanouka sur le miracle de
la fiole d’huile qui a brûlée miraculeusement 8 jours, et non sur la victoire militaire car la lumière représente l’esprit et la spiritualité.
cependant nous ne trouvons pas de
lien évident entre Hanouka et nos
lois de cacheroute alors qu’à Pourim
selon un avis du Talmud, le décret
d’Aman était une conséquence du
non-respect de la cacheroute lors du
repas royal de Assuérus.
Toutefois, en réfléchissant sur une
des raisons des lois de cacherout,
nous pouvons quand même trouver
un lien : la cacheroute touche aux aliments et à leur aspect physique mais
la raison profonde de ces lois est fondée sur le fait que la nourriture physique est également la nourriture qui
alimente l’esprit et se diffuse « dans
notre chair et notre sang ». Pour porter notre qualité de « peuple saint et
distingué » d-ieu nous a ordonné une
alimentation saine et sainte.
Hanouka nous engage à privilégier
le Spirituel et notre esprit par rapport au matériel et à notre corps.
Aujourd’hui, comme à l’époque de
Hanouka, des menaces pèsent sur notre spécificité et particularisme : mila
(circoncision),
et
cacheroute
(che’hita = abattage rituel…).
« Une petite lumière chasse les ténèbres, même denses » grâce à l’allumage de nos lumières de Hanouka,
lumières de Torah et mitsvot, notamment par l’observance des lois de cacheroute, nous pourrons vivre notre
spiritualité et notre judaïsme en toute
quiétude.
en attendant que se réalise la prophétie de david « Là, je ferai grandir
la fierté de david, je préparerai la
flamme de mon Machia’h » (Psaume
132.17). Hanouka saméa’h.
Rav YY Matusof
La conscience
que, sous toutes
les latitudes, des
myriades de
maisons juives
se soumettent
simultanément
au même
cérémonial
assumant leur identité se priveront délibérément de
ce rituel. d’autant qu’elles sont rares les célébrations
religieuses qui revêtent un caractère familial aussi
bon enfant. délestées des contraintes rituelles et
domestiques parfois éprouvantes, les festivités de
Hanouka impriment dans les demeures juives une
atmosphère empreinte d’une certaine magie. chargés de leurs cadeaux, les enfants laisseront libre
cours à leur gaieté bruyante auprès des adultes ravis
de cette ambiance joyeuse.
et chacun de se souvenir parfois de sa jeunesse ; de
ses parents ou grands-parents qui, dans les terres
ensoleillées d’Afrique du Nord ou les bourgs enneigés d’europe de l’est regardaient également
scintiller ces petites lumières alignées. rappel
immanquable du passé qui, par fidélité, nous arrime
à la longue chaîne immémoriale qui relie les générations et dont, à notre tour, nous tentons d’assurer la
continuité.
de 2000 ans. Ils se souviendront, non sans fierté, du
combat héroïque que des irrédentistes juifs ont mené
contre l’occupant gréco-assyrien; des victoires remportées malgré la disproportion des forces pour, in
fine, rétablir une souveraineté relative sur leur territoire. Ils ne manqueront pas de songer à l’Israël
contemporain, également en butte à l’hostilité générale et qui a adopté, comme symbole de son état, ce
même candélabre à huit branches.
d’autres évoqueront dans leurs prières la main
providentielle du ciel qui intervient avec succès
dans la lutte asymétrique entreprise par les Hasmonéens** pour défendre les fondements
essentiels du judaïsme. Ils se rappelleront de cette
fiole d’huile pure retrouvée qui a pu miraculeusement alimenter les flammes de la Ménora durant
huit jours dans l’enceinte du Temple soustrait au
paganisme de la puissance d’occupation.
ce petit peuple recroquevillé sur lui-même, volontairement soumis à la loi divine et jaloux de son
mode de vie, se retrouve régulièrement confronté
aux grandes civilisations, à leurs cultures, à leur
pensée, à leur savoir. Il ne dédaignera pas de se référer aux valeurs qu’elles véhiculent, comme la raison
ou la science. mais ils se cabre quand on attente à sa
foi profonde et refuse obstinément la métaphysique
grecque dès lors qu’elle entend vider le ciel de son
dieu Un et Unique.
Sa foi ne saurait composer avec les multiples divinités qui peuplent le Panthéon des Hellènes Les
innombrables sculptures qui les représentent ainsi
que le règne arrogant du beau et de l’esthétique
qu’ils exaltent ne peut faire bon ménage avec l’esprit
du judaïsme tendu vers une ‘’Présence Absente’’ qui
proscrit l’image.
La fidélité à cette ligne n’a pas varié au cours des siècles et aucun mirage n’a pu l’amender jusque-là.
Jacques ASSERAF
* Vers 168 avant l’ère commune
** du nom de la famille qui, la première, a pris la direction de la révolte et de la lutte armée
chez quelques uns parmi nous, surgira la vague nostalgie d’une terre et d’un pays abandonné voilà plus
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Fuite glaciale
disParition d’un géant de la Bd : MarCel gotliB
Marcel Mordekhaï gottlieb est né à Paris de
parents juifs hongrois. en septembre 1942, la
police française vient arrêter son père. ervin
Gottlieb est transféré à drancy puis déporté
au camp de travail et de concentration de
blechhammer. Il survit à l'évacuation du camp
lors de la marche de la mort mais est assassiné
au camp de concentration de buchenwald le
10 février 1945. La mère de marcel le cache
chez des agriculteurs avec sa sœur. à partir de
1947, il passe trois ans au château des Groux
à Verneuil-sur-Seine, sorte d’orphelinat, où il
découvre ce qu’il appellera plus tard les « filles
du sexe opposé », et notamment Klara, une
jeune fille d’origine hongroise. cette partie de
sa vie fait l'objet d'une autobiographie de jeunesse intitulée J'existe, je me suis rencontré.
en 2014, le musée d'art et d'histoire du judaïsme, à Paris, décide, pour son 80e anniversaire, de lui consacrer une exposition. à cette
occasion, l'auteur, dans un article du monde
du 13 mars 2014, explique : « Je suis avant tout
athée mais, d'un autre côté, je suis juif et si je ne l'étais
pas, je serais athée également. Tout ça est bien compliqué. Disons que je suis obligé de tenir compte de cette
appartenance à la judéité dans la mesure où cela a été
la dégringolade du côté de ma famille pendant la
guerre. Cela dit, je n'ai jamais claironné que j'étais
juif. Mais je ne l'ai jamais caché non plus.»
dans son œuvre, où il a majoritairement
abordé des sujets comiques, il a rarement
abordé sa judéité et les drames qui se sont produits autour de lui pendant la Seconde Guerre
mondiale. Il n'en parle que deux fois. en 1969
dans Pilote, dans un épisode appelé « Chanson
aigre douce », il se rappelle l'année 1942, il avait
8 ans. Il vivait à la campagne et les autres enfants lui chantaient une chanson dont il ne
comprenait pas les paroles. Il ne comprenait
pas non plus qu'on lui disait « qu'au loin, il y
avait de l'orage et que ses parents sont restés sous
l'orage ». Pour lui, la vie était heureuse. Plus
âgé, il a compris les paroles et l'« orage » et il
déclare qu'en 1977 sa fille aura 8 ans, et il espère qu'elle ne subira jamais d'orages.
« J'ai huit ans et je vais à l'école. Un copain
m'apprend une comptine. « Leblésmouti ♪ Labiscouti ♪ Ouileblésmou ♪ Labiscou. » Je ne
comprends pas ce que ça veut dire… Papa et
maman sont restés sous l'orage, là-bas, au loin.
moi, je suis ici, à la campagne. c'est l'orage
dehors au loin mais dans l'étable je suis bien
Silence Obscurité chaleur. Aujourd'hui, le
père coudray m'a dit qu'il ne fallait plus que
j'aille à l'école. à cause de l'orage. c'était en
l'an de grâce 1942. L'orage a duré longtemps,
mais moi, douillettement niché au fond d'une
étable, bien au chaud et caressant un museau
de chèvre, je m'en fichais bien. Aujourd'hui,
en l'an de grâce 1969, j'ai enfin compris la
comptine. Ça voulait dire : « Le blé se moud-il ?
L'habit se coud-il ? Oui, le blé se moud, L'habit se
coud. » J'ai également compris l'orage. »
cette histoire est complètement autobiographique : Il déclare dans Télérama : « Pendant
l'Occupation, ma mère nous avait mis en pension
chez des fermiers, un peu Thénardier sur les
bords. Ces gens-là gardaient plein de mômes. Au
début j'allais à l'école, mais ils m'en ont retiré
pour m'envoyer garder la chèvre. Je passais mes
journées avec elle. Juste au-dessus de nos têtes, il
y avait des batailles aériennes. Les avions se mitraillaient et moi, j'étais là, les mains dans les
poches. Un jour, en rentrant la chèvre, j'ai vu une
voiture garée devant la ferme, une traction avant
peinte aux couleurs de l'armée allemande, et des
soldats chez mes logeurs. Je suis resté prudemment en arrière...».
La seconde fois, en 1973 dans La coulpe
(L’écho des savanes no 3), où il découvre le
sens de l’expression « humour grinçant » arborant sur la poitrine une étoile de david.
Gotlib se sent on ne peut plus juif mais aussi
«plus français que juif ». Il n'aura jamais été
en Israël, ni en Hongrie.
.
extraits de chanson Aigre-douce Gotlib dans
Pilote en 1969
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Par Frédéric kélif
Mémoire
ESTANG
dany rosen : une éternelle reconnaissance
envers la communauté juive de toulouse
FoCus
sYnagogue
la grande sYnagogue HekHal david de l’edJ
S
Dany Rosen vit à présent en Israël
La maman de Dany Rosen, Rose
Leibovici Sansoulh
Rose et Paul Sansoulh, les parents de
Dany Rosen
Paul Sansoulh a été pris en otage par les
Allemands, et fusillé le 3 juillet 1944
d
any rosen a vécu, toute jeune, une histoire familiale dramatique. Son père a été assassiné par les
Allemands dans le village d’estang, dans le département du Gers, où elle vivait avec ses parents. elle a
réussi a survivre avec sa mère rose et a été hébergée, enfant, à Toulouse, au “château”, ce magnifique bâtiment de
la rue des martyrs qui a servi pendant la guerre à la Gestapo, puis à l’hébergement des enfants juifs ensuite.
dany vit en Israël à présent, elle a deux enfants.
Grâce au truchement d’Albert Seifer, elle nous a écrit il y a
peu pour nous donner de ses nouvelles et pour nous dire
son amour fidèle pour la France et pour Toulouse, voici
quelques extraits de sa lettre :
• “Ma fille, “made in Israël”, est toujours contente quand on lui
demande si elle est française. Elle aime la culture française, la
bonne éducation française, elle aime
Paris, Toulouse, et les Toulousains.”
• “Mon fils, lui, tient à se rendre tous
les ans à Roglit, pour une cérémonie
devant le mémorial de la déportation
française, avec les noms ds victimes de
la dernière guerre mondiale. Cette
cérémonie,
intitulée
“rencontre
familiale”, se déroule en français et en
hébreu, elle n’est jamais trop lourde,
juste comme il faut. Quoiqu’il en soit, je
pense que nos cicatrices ne disparaitront
que lorsque nous disparaitrons…”
ITUée AU 1er éTAGe de
l’espace du Judaïsme et inaugurée en septembre 1998, la
Synagogue « Hehal david » (du nom
de david Layani zal grande figure de
notre communauté), est la plus grande
Synagogue de Toulouse avec 480 places
assises.
On peut considérer qu’elle représente
le tronc central des lieux de prières de
notre communauté, avec pour ramifications toutes les synagogues de l’agglomération Toulousaine, et offre
avec les deux autres synagogues du
centre ville (Palaprat et Adat Yeshouroun), plus qu’un lieu de prière, un
lieu de rencontre, d’étude, de rassemblement et
de manifestation. On y a même, avec l’autorisation de notre rabbin, Avraham Weil, organisé en
toute hâte un concert inoubliable pour la Tsedaka 2015.
en y entrant pour les offices, vous serez accueilli
par une équipe de bénévoles dévoués, qui mettra
à votre disposition livres et Talit et vous fera un
Kavod en vous proposant, si c’est un jour de sortie de la Torah, de vous y faire monter.
mais ce qui fait sa particularité, à mon avis, c’est
qu’elle ne ressemble à aucunes autres synagogue, à Toulouse bien sur, mais en France et en
europe également, par son architecture.
Son Kahal (public) est composé de piliers de
notre communauté, et ne vous y trompez pas, si
en rentrant vous vous dites qu’il n’y a pas grand
monde, c’est juste que chaque fidèle a ses habi-
tudes et se place, l’un au fond à droite,
l’autre au 1er rang, en fait aux mêmes
endroits que sa famille et ses parents se
plaçaient à la VNS (Vieille Nouvelle
Synagogue), rue du rempart Saint
etienne… une manière silencieuse et
discrète de rendre hommage à leurs
aieux… et vous sentirez alors que notre
Grande Synagogue de le l’edJ «Hehal
david» a une grande et belle Ame…
et en fermant les yeux, vous entendrez
peut être, comment ne pas l’évoquer,
les pas de moise bitoun zal….
Pour les horaires des offices quotidiens
et des Shabbat reportez vous à L’aviv Hebdo .
Fred Kelif
• Sont aussi organisés depuis quelques mois des
offices des jeunes par les jeunes (shabbat
tenns) tous les samedis matins de 10 h à 12 h
dans la petite synagogue attenante… histoire de
préparer la future génération !
PatriMoine
A Estang, Dany fait découvrir à son fils le village dans lequel elle vivait avec ses
parents pendant la guerre
les vitraux de la grande synagogue
Un travail coloré qui joue avec la lumière du jour
On les voit sans les voir, parfois on les
remarque en se disant qu’ils ont toujours été
là, dans cette grande synagogue où l’on est
toujours bien accueilli, que l’on soit fidèle
quotidien, habitué du chabbat ou simple
passant qui aime se resourcer dans le grand
oratoire de l’espace du Judaïsme.
ce sont de superbes vitraux, qui filtrent la
lumière et envoient des couleurs
chatoyantes au public qu’ils éclairent. Ils
nous illuminent à double titre en fait, par la
lumière physique et par la lumière biblique,
car les douze vitraux représentent nos
douze tribus fondatrices.
des vitraux originaux,
signés raymond Schmorak
ce travail, nous le devons à raymond
Schmorak. merci à lui pour cette belle
œuvre offerte à toute la communauté. PL
• “Malgré mon ancienneté en Israël, je
ne peux pas cacher de quel pays je viens.
Un Français m’a même demandé si je
parle hébreu avec l’accent toulousain.
Cette question m’a fait plaisir ! J’espère
qu’elle vous amusera comme à moi…”
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Portrait
Un entretien exclusif avec
Gilbert montagné
un artiste généreux, Fidèle, engagé
Bonsoir gilbert Montagné. nous venons de
vivre un concert assez inoubliable pour la
tsédaka de toulouse. Quelles sont vos
impressions à l’issue de ce concert à
toulouse ?
Pour moi, c’est une première de chanter pour
la Tsédaka toulousaine. mes premières
impressions : c’est un vrai bonheur de
participer, un honneur par rapport à ce qui
s’est passé il n’y a pas si longtemps à
Toulouse. c’était un devoir de venir et j’étais
ravi d’avoir ce contact avec vous tous. Je sais
qu’il y a parmi le public des gens qui n’ont pas
beaucoup de moyens. Quand on n’a pas
beaucoup de moyens, un spectacle, c’est
extraordinaire. Je me souviens, quand j’étais
môme, moi non plus je n’avais pas de moyens.
Parfois on essayait d’aller à un spectacle
gratuitement, ce n’était pas toujours facile.
Je sais que vos sens sont très aiguisés,
comment avez-vous senti ce nombreux
public de la journée de solidarité ? il y avait
plus de 1300 personnes !
Pour tout vous dire, j’ai l’habitude d’avoir un
public très chaud. Ils ne m’ont pas déçu, ils
étaient vraiment bien. en même temps, ils
étaient très attentifs. Ils écoutaient, quand il
fallait bouger, ils bougeaient. Il y avait
beaucoup d’enfants et de femmes, cela m’a
fait plaisir.
On ressent non seulement les voix des
femmes et des enfants mais aussi
leurs mains qui n’ont pas la
même percussion que les mains
des hommes. et j’aime bien
m’attarder à ça. enfin
m’attarder, je ne peux pas trop
m’attarder car je suis en train de
faire mon show. Il ne faut pas
que je me disperse. mais le
cerveau est assez prolifique pour
faire la différence entre toutes
ces mains. Les mains, c’est
extraordinaire, non seulement
pour fabriquer mais pour
toucher, pour prendre du plaisir
et pour en donner. Je trouve que
c’est important de s’arrêter deux secondes làdessus. On a cinq doigts et cinq est un
symbole très important !
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Gilbert montagné : “chanter est aussi naturel que respirer”
une question sur la partie juive qui est en
vous, comment votre judaïté intervient-elle
dans vos chansons ?
Je me suis rapproché de mes
racines juives. J’ai deux
racines : l’une dans le
bourbonnais, dans le centre de
la France, par mon père
montagné qui était catholique.
Il ne voulait jamais rentrer dans
les églises. et maman qui était
juive, a tenu à ce que j‘ai, au
départ,
une
éducation
catholique parce qu’elle avait
trop peur que la guerre
recommence. Je suis né en 1951.
maman a vécu la terreur de la
guerre en France. dans mon
livre qui s’appelle « J’ai toujours
su que c’était toi », j’explique cela. ceux qui
n’ont pas vécu la guerre ne peuvent pas
comprendre ce que c’était de vivre la terreur
quotidienne d’être en France. depuis que j’ai
rencontré mon épouse Nicole, cela m’a ouvert
toutes les portes de la judaïté. Je savais que
j’étais Juif. Quand j’entendais une chanson
en hébreu, j’étais bouleversé. Je suis très fier
d’avoir renoué avec cette racine. Je vis très
bien mes deux racines en harmonie !
Quel message aimeriez-vous faire passer à
des gens qui vous admirent et qui ont envie
de chanter à leur tour ?
Le premier message, c’est que ce sont les
vingt premières années qui sont les plus
difficiles, après ça va mieux ! deuxième
point : il faut considérer que chanter est aussi
naturel que de respirer. ce n’est pas parce
que l’on chante bien ou très bien qu’il faut
s’enorgueillir de cela. Il faut au contraire être
très humble et remercier le ciel de pouvoir le
faire. Ne jamais le prendre pour acquis.
Propos recueillis par Pierre Lasry
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Hebraïca
Hebraïca
les Journées de la Culture 2016
Florilège
“Heureux comme un Juif en France”
Florilège
“ Un grand cru que cette 24e édition des Journées de la culture…
d
Michaël Hirsch a fait l’ouverture des JCJ au théatre du Grand-Rond
U 6 NOVembre AU 3
décembre, conférences, soirées
cinéma, rencontres, soirées théâtre et
musique sont venues enrichir le rendez-vous incontournable du mois de novembre à Toulouse,
les Journées de la culture Juive. Fidèle à son
habitude d’ouverture du festival avec une
grande soirée de choix, Hébraïca a opté cette
année pour l’humour.
michaël Hirsch, humoriste qui recueille d’excellentes critiques, a inclu Hébraïca dans sa tournée en ouvrant le bal avec son spectacle
« Pourquoi » au théâtre du Grand rond. « ce
seul en scène convie à un réjouissant voyage existentiel d’où émane une subtile impertinence. On
y découvre une attachante galerie de portraits
drôles, tendres et décalés ». (entretien page 36)
…avec des spectacles de grande qualité et un public nombreux ! ”
Pendant près d’un mois, des rendez-vous
quasi quotidiens ont rythmé la vie culturelle de la cité toulousaine. Les principaux lieux culturels ont été investis, du
Théâtre du Grand rond, à l’amie de toujours la Librairie Ombres blanches, du
Gœthe Institut à la cinémathèque. Une
table ronde « pour sonder l’état de notre
société » autour de Pierre birnbaum et
martine Gozlan, une conférence de
Georges bensoussan qui a livré son analyse 15 ans après les « Territoires perdus
de la république ». Plusieurs rendezvous cinéma avec à l’affiche entre autres
« à la vie », « L’homme est une femme
comme les autres » ou encore « La folle
histoire d’amour de Simon eskénazy » ;
une soirée hommage à denise epstein,
fille de l'écrivain Irène Némirovsky et
une soirée lyrique autour d'Offenbach
par la compagnie Les maitres sonneurs.
« Parce que ce n’est pas maintenant que
nous allons nous cacher et trembler de
peur ! » a écrit maurice Lugassy, une
grande soirée magie, cabaret, danse et
buffet a clôturé le festival le 3 décembre.
Georges Bensoussan, une pensée limpide
et engagée pour défendre “les territoires
perdus de la République”
Au théatre Garonne, Christian Thorel a introduit,
dans une prose remarquable, le film de Jacob
Haggaï sur Denise Epstein, décédée il y a peu
Yaël Rueff-Salama
50 artistes peintres ont exposé leurs œuvres à l’EDJ, le vernissage a réuni
plus de 300 Personnes sous les cimaises à tous les étages du bâtiment
Rachel Khan, à l’issue du dîner de gala où elle a échangé avec le public, a dédicacé
son livre : “Les grandes et les petites choses”
Peut-on encore dire aujourd’hui “Heureux comme un Juif en France ?” : ce fut une table ronde où des échanges de grande qualité ont eu lieu : Pierre Birnbaum a
débuté par une introduction sur les liens des Juifs français avec la République ; il a ensuite débattu avec Martine Gozlan, rédactrice en chef du magazine
Marianne, puis avec la salle, très attentive.au sujet
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Un sommet des Journées de la Culture : l’opéra piano des Maîtres sonneurs, avec Offenbach au
programme, et des coupes de champagne pour ce moment festif et lyrique
La clôture des Journées a donné lieu à un triple spectacle, du rez de chaussée au dernier étage : entrée avec un spectacle de magie, plat principal avec les deux
chanteuses charmantes et déjantées, les “K barrées”, puis dessert avec une soirée “dance-floor” ou tout le monde a dansé sur les airs de notre DJ, et le buffet était signé
Hébraïca !
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table ronde
rencontre
Heureux comme un Juif en France
rachel Khan, la liberté d’être
avec ou sans point d’interrogation ?
Elle avait il y a deux ans, accepté de nous offrir un de ses textes pour tenter de contrer les fans de Dieudonné à Toulouse. Elle est comédienne, sportive de
haut-niveau, à présent écrivain avec “Des grandes et de petites choses”, un roman où elle expose avec humour et tendresse la difficulté d’être “Noire et Juive”.
entretien
de g. à d. : maurice Lugassy, président d’Hébraïca, Yvan Lévy, président régional du FSJU, Pierre Lasry, modétateur, Franck Touboul,
président du crIF midi-Pyrénées, Yves bounan, président de l’AcIT, Patrick Laskar, président de l’Association Juive Libérale de Toulouse
Peu après les assises communautaires, les présidents de plusieurs associations
ont échangé pour la première fois ensemble sur leurs différentes expériences
Pour la première fois, et dans le cadre des Journées
de la culture Juive, un grand débat ouvert s’est
tenu à l’edJ jeudi 24 novembre en soirée. A la
tribune, autour de Pierre Lasry modérateur, cinq
présidents des principales associations juives : Yves
bounan, président de l’AcIT et président de la
communauté, Franck Touboul, président du crIF
midi-Pyrénées, Patrick Laskar, président de
l’Association Juive Libérale de Toulouse, Yvan
Lévy, président régional du FSJU et maurice
Lugassy, président d’Hébraïca, concepteur et
organisateur des JcJ.
Plusieurs questions leur ont été posées avant de
donner la parole à l’assistance :
a la question, peut-on affirmer « heureux comme
un juif en France » ? Les premières réponses furent
unanimes. Oui, chaque association, avec le rôle, la
place et les prérogatives qui sont les siennes a
analysé son positionnement dans la cité et mis en
exergue les bonnes relations et bon fonctionnement
avec la cité, entre les associations et le bien-être qui
en ressort. « La question posée sous-tend la question du
rapport à l’épanouissement en tant que citoyen juif ou juifcitoyen dans la cité d’aujourd’hui. On peut dire que dans la
République avec l’épanouissement qu’elle nous a permis
depuis 200 ans, les juifs n’ont pas été malheureux. Il n’y a
pas de problème au sens organisationnel, structurel,
étatique, nous n’avons pas de difficultés ! Il y a en revanche
des difficultés inhérentes au climat dans lequel nous vivons,
dans le temps donné que nous traversons actuellement »
précise Franck Touboul. Yves bounan rappelle que
le rôle de l’AcIT « est d’organiser la vie cultuelle pour
que les Juifs puissent vivre au mieux leur judaïsme ». Le
Fonds Social, un des piliers institutionnels, qui a en
charge l’ensemble du volet social et éducatif, mais
aussi la part culturelle avec Hébraïca, a contribué
à structurer de façon sérieuse la communauté juive
de France. A cette question, Yvan Lévy,
s’interrogeant sur la diversité des Juifs de France,
interroge par là même la diversité des réponses.
«Heureux comme un juif en France» oui, mais reconnaître
la diversité des judéités, reconnaître la diversité des Juifs de
France, sont tout aussi fondamentaux pour que ce
sentiment soit partagé de façon interne à l’ensemble de la «
communauté juive ».
Le bien-être dans la cité, selon les mots de maurice
Lugassy, passe pour beaucoup par la culture. Le
festival des JcJ, rendez-vous annuel du mois de
novembre, se décline sur plus d’un mois, à l’edJ
mais aussi dans sept lieux différents de l’espace de
la cité et touche un public très varié, allant des
fidèles de la communauté à un public de la cité
beaucoup large, non juif et intéressé voire passionné
par cette culture.
La seconde question portait sur l’implantation des
juifs dans la cité de toulouse, et les relations avec
les autres les associations. Pour le crIF, « la
nécessité première est de bien connaître les contours de
chaque association. Nous avons une communauté très
organisée. Le CRIF est une fédération de délégués
associatifs, ce qui en fait une organisation transversale dont
un des rôles est de les appuyer, les aider et assurer la visibilité
de cette communauté juive à l’extérieur. Nous avons cette
mission d’être à la fois préoccupés et soucieux du bien-être
des associations que nous représentons et que nous aidons.
Nous avons dans le même temps un rôle très précis dans
l’interface que nous jouons avec les pouvoirs publics.». Les
associations et institutions, et les présidents qui les
dirigent, sont les héritiers de ceux qui les ont mises
en place, fait vivre et développées. Leur objectif est
donc de gérer le quotidien mais aussi d’anticiper
l’avenir et les faire perdurer pour les générations à
venir. Yves bounan, rappelant le rôle du consistoire
comme association organisatrice du culte et de la vie
juive indique que « le maillage des fidèles est très
hétéroclite et varié - juifs de centre ville, de quartiers, de
périphérie. Par ce biais, nous avons un maillage intéressant
et important. Nous travaillons là en étroite collaboration
avec l’ensemble des associations. Le consistoire aide les
écoles, a un rôle social et aide la jeunesse. D’autre part, nous
avons un grand centre communautaire qui abrite à l’heure
actuelle les deux principales associations que sont le FSJU
et l’ACIT. La question se pose alors d’une mutualisation de
nos associations. Enfin les relations avec les autres
associations sont excellentes, nous les soutenons et les
aidons». Patrick Laskar rappelle que « l’AJLT dispose
d’un centre communautaire de 300 m2 dans le quartier de
Saint Cyprien, qu’elle entretient des relations très bonnes
avec les associations, mais aussi avec le monde extérieur et
institutionnel, tout en privilégiant le dialogue inter-religieux
riche ».
Le troisième volet était : comment traiter la
controverse «communauté» «communautarisme», mais aussi comment aborder la question
de la relation à israël. Pierre birhnbaum avait
évoqué lors de la première table ronde,
“l’israélisation” des Juifs de France, qui, de plus en
plus mal en France, se tournent vers Israël. est-ce
que ce phénomène renforce le communautarisme
et l’entre soi ? est-il une bouée de sauvetage pour
les générations futures, qui à entendre Laura Layani
présidente de l’UeJF reformé, ont peur et ne voient
comme solution d’avenir que le départ pour Israël,
ou un autre pays que la France ?
débat passionnant où les curseurs sont à placer à
différents niveaux, interne à la grande communauté
des Juifs de France dans sa diversité, mais aussi au
cœur d’un pays qui a reconnu aux Juifs la
citoyenneté dès les premières heures de la
révolution Française en 1791, qui a donné des
institutions sous le concordat de Napoléon à ce
peuple dont la communauté s’est enrichie au fil des
temps, de Turquie, de l’europe de l’est, d’Afrique
du Nord, etc., au cœur d’un pays qui a vu de
premiers actes de terrorisme emporter des enfants
juifs, ce qui renforce l’idée que les Juifs sont les
sentinelles de la république. mais ils le partagent
avec elle maintenant, qui a fini par comprendre que
les Juifs ne sont pas les seuls visés, que le monde et
la culture occidentaux sont les cibles de ce
fanatisme, et ont peur. Au même titre que les Juifs
depuis des années.
Yaël Rueff-Salama
Ce livre est un peu autobiographique.
vous êtes comédienne, auteure, vous
avez été sportive de haut niveau,
étudiante en droit. Parmi toutes ces
facettes, quelles sont les plus
prégnantes dans votre vie et comment
voyez-vous l’avenir autour de vos
différentes options ?
Il y a beaucoup de choses et en même
temps, toutes ces petites choses en font
une grande . Je rêve un jour de n’avoir
plus qu’à écrire et jouer. Actrice, je le suis
depuis que j’ai cinq ans dans la cuisine de
ma mère où ma mère m’appelait Sarah
Bernard. c’est vraiment ce que je suis
profondément. ensuite, je crois que j’ai
écrit ce livre dans ma peau d’actrice.
Je me suis mise dans le personnage de
Nina Gary, cette jeune femme de dixhuit, vingt ans pour pouvoir l’écrire. en
général, on fait l’inverse. On est l’auteur,
on écrit et ensuite, le rôle est adapté au
cinéma, pour une actrice. J’ai fait la
construction inverse pour vivre mes lignes comme
si je les jouais déjà. effectivement mon avenir,
c’est continuer de créer en permanence, c’est
chercher et continuer de trouver un sens pour
toujours travailler sur plus que la justice, de la
justesse entre nous.
vous savez que vos trois mots de fin : « Je suis
ce que je serai » font penser à la phrase que dieu
dit à Moïse, quand Moïse qui a été chargé d’être
la voix de dieu, lui demande : « si les gens me
demandent au nom de qui je parle, que dois-je
répondre ?» et dieu lui dit : « Je suis ce que je
suis » est-ce un peu cela ?
Oui, en fait, je m’en suis aperçue après. Je l’ai
appris au Talmud et inconsciemment, lorsque j’ai
voulu répondre à dieudonné, j’ai écrit cela parce
que, quand on commence un cent
mètres, on est sur la ligne de départ
et on ne sait pas ce qui va se passer.
On est toujours en devenir, c’est ce
que je voulais exprimer. dieudonné
a toujours répondu lorsqu’il y a eu
des choses et c’est la première fois
qu’il n’a pas répondu. Je ne
l’attaquais pas frontalement. en fait,
j’ai fait de l’Aïkido avec lui à travers
ce texte. Je me suis mise à ses côtés
pour lui parler, pour lui expliquer en
tant que Femme, en tant que Noire,
en tant que Juive, ce qu’il avait pu
générer en moi et à l’ensemble des
personnes qui partagent notre
histoire.
vous êtes venue à toulouse dans le
cadre des journées de la culture juive.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de
répondre à notre invitation ?
rK : c’est une longue histoire puisque
j’ai rencontré Pierre il y a deux ans et
demi autour d’un texte que j’avais écrit
au moment où dieudonné allait se
produire à Toulouse. Il s’appelait : «Noire
et juive, la liberté de l’espèce ». J’essayais de
répondre à ce qui se passait à l’époque, à
cet antisémitisme latent, montant,
nauséabond. Pierre m’avait appelé pour
me proposer de rééditer ce texte sur un
tract distribué au public de dieudonné.
ensuite est née une amitié. Je me devais
de venir rencontrer Pierre, son travail et
l’ensemble de la communauté.
on est au lendemain de la soirée où
vous vous êtes présentée au public
autour d’un dîner-débat. Comment
avez-vous vécu cette soirée ?
on parle tout le temps, il faut déjà vivre avec soi.
J’étais très touchée par les lieux : la synagogue, la La période de l’adolescence et de la construction
bibliothèque, la salle des fêtes. c’est un bâtiment personnelle est essentielle et fondamentale. elle
qui est neuf et pourtant on sent qu’il a déjà un doit venir en amont de la construction avec les
vécu. Je l’ai ressenti dès l’entrée, il y avait des
artistes exposés, cela m’a beaucoup plu. ensuite,
de manière très étonnante, je me suis sentie
Ecoutez l’interview
comme à la maison en rencontrant ces personnes
de Rachel Khan
dans un échange libre, authentique et c’était très
en scannant
touchant.
ce QR Code
Cela fait plaisir. Merci pour eux et pour nous.
entre le moment que vous évoquez et le
moment où l’on vous redécouvre aujourd’hui, autres. c’est l’histoire de Nina Gary et c’est
vous avez eu le temps d’écrire un roman qui pourquoi je suis aussi contente que mon roman
rencontre le succès et l’intérêt du public. ait été retenu dans cette région Occitanie pour le
Comment fait-on pour écrire un livre en si peu Prix méditerranée des Lycéens.
de temps ?
J’étais plume – pour ne pas dire
«nègre» - de politiques. effectivement,
je ne signais pas mes textes, ils étaient
signés par les élus, notamment pour la
région Ile de France. ensuite, «Noire
et juive» a vraiment déclenché la
machine. Je ne pouvais plus ne pas
signer ce que j’écrivais. Après ce texte
et particulièrement la dernière ligne :
« Je suis ce que je serai », je me suis dit :
J’y vais. Je vais écrire un roman et
notamment pour mes petits. J’écris
vite, un peu à la manière dont je
courais, rapidement car j’ai senti
l’urgence de nos plus jeunes et de nos
ados. J’avais envie de leur redonner
un souffle de vie, un souffle d’espoir.
Avant de créer le « Vivre ensemble » dont Lors de la séance de dédicace à l’issue du dîner-débat à l’EDJ en novembre
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Les associations
l’aCit
un Chabbat
par mois
avec l’aCit
l’aCit
innove pour
Hanouka
un rendez-vous cultuel
et fraternel
Jouets, spectacle
et gâteaux
Le conseil d’administration avait pris,
dès ses débuts, l’engagement d’organiser
un chabbat communautaire par mois. et
bien, nous tenons nos engagements.
chaque repas chabbatique rencontre un
véritable succès, nous avons en
moyenne 150 personnes et devons souvent refuser des inscriptions de dernière
minute, à notre plus grand regret évidemment.
l’aCit
les fêtes de tichri
un engagement important qui se renouvelle chaque année
Nous avons décidé d’innover cette
année, non plus avec la rituelle séance
de cinéma, mais avec un grand spectacle
pour enfants à l’edJ sur le thème de
disney, ainsi que la traditionnelle distribution de jouets et de beignets.
Tout le bâtiment sera animé pour l’occasion, maquillage pour enfants par des
professionnels, châteaux gonflable, animations diverses.
Nous ferons l’allumage de la 2e bougie
de Hanouka avec la Jeunesse Loubavitch vers 17h30.
Venez nombreux participer à cette grande fêtes
dimanche 25 décembre de 14h00 à 18h00 à
l’edJ.
cette année encore nous sommes heureux que
les fêtes de roch Hachana, Kippour, Souccot
se soient très bien passées, nous avons ouvert
tous les lieux de cultes et la fréquentation a
été stable ainsi que les promesses de dons,
toutes les personnes présentent on fait preuve
d’un engagement sincère et efficace, afin que
le consistoire puisse maintenir son niveau de
subvention dans le domaine de la sécurité, du
sociale et des structures communautaires.
Tous les administrateurs de l’AcIT ainsi que
le Président Yves bounan, présents dans les
différents lieux de culte, on fait passer le
même message, le consistoire est présent tout
au long de l’année pour faire fonctionner cette
institution, mais sans les donateurs rien n’est
possible !
Nous savons que, pour un grand nombre
d’entre nous, les fêtes de Tichri sont l’occasion
de prendre conscience de la nécessité de notre
participation, soit en faisant un don, soit en
prenant les places de Kippour (dans ce do-
maine il y a eu une nette amélioration et nous
espérons que l’année prochaine ce sera encore
mieux)
L’ensemble du conseil d’Administration
remercie tous les membres de notre communauté pour la bonne tenue de ces fêtes.
Patricia dassa, directrice de l’AcIT
Patricia dassa, directrice de l’AcIT
c’est toujours dans une ambiance chaleureuse et conviviale que nous nous retrouvons le vendredi soir et parfois le
samedi midi, nous nous réjouissons que
toutes les générations se mêlent pour
passer un repas chabbatique tous ensemble.
Nous continuerons à honorer cet engagement d’un chabbat par mois à vivre
ensemble et comptons sur vous tous
pour que nous puissions réunir dans
l’avenir des chabbatot à 300 personnes
et davantage.
L’année dernière, de nombreux enfants nous avaient rejoints pour Hanouka
20
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Les associations
le MaCCaBi
le FsJu
une tsedaka
de rêve…
l’as Maccabi Jogging occitanie
avec gilbert Montagné à la
Halle aux grains !
Pour ouvrir comme il se doit cette 24e édition,
le comité toulousain et son président Thierry
Sillam ont fait appel au talent d’un ancien
parrain qui depuis des années porte haut
et fort le message de la Tsédaka, Gilbert
montagné.
Le dimanche 20 novembre 2016 restera longtemps gravé dans les esprits des 1300 per-
Gilbert montagné, avec ses musiciens et ses trois choristes, a enchanté grands et petits. Sa musique reste
une valeur sûre pour tous les publics
Les enfants du Gan rachi avaient préparé, avec la mascotte de la Tsedaka, un spectacle tellement entrainant, “on va donner”, une chanson originale et optimiste,
que les prises de vues ont fleuri sur tous les réseaux sociaux, relayées par de nombreux spectateurs au delà des familles et des amis
sonnes venues apporter leur soutien à la lutte
contre la précarité et l’isolement. Parmi ceux-
L’organisation de la Tsedaka reste une véritable
performance qui nécessite de nombreux bénévoles mais également une équipe technique de
grande envergure au rendez-vous le jour J
là, réunis dans un même combat et autour
d’une même cause, la centaine de bénévoles
sans lesquels rien n’est possible. Les mouvements de jeunesse et les écoles, les associations
cultuelles ou celles qui diffusent de la culture,
les associations sportives et de loisirs, celles
22
aviv Mag n°209
qui font de la collecte ou qui nous représentent auprès de la sphère politique, la radio locale, les associations sociales ou médicales,
tous et toutes étaient unis pour ce grand rendez-vous de la solidarité et du partage. La première partie de l’après-midi a fait la part belle
aux jeunes talents, chanteurs, musiciens, humoristes se sont succédé sur scène, encouragés d’année en année par leurs proches et la
communauté dans cet exercice du don de soi.
dans un deuxième temps, responsables communautaires et politiques ont livré leur message de soutien en faveur de cette belle cause,
les présidents régionaux des institutions
juives, mais aussi carole delga, nouvelle présidente de la région Languedocroussillon/midi-Pyrénées, Alain Gabrieli,
représentant le conseil départemental et le
maire de Toulouse, Jean-Luc moudenc.
enfin, ce sont les enfants de l’école Gan rachi
qui ont donné le « La » à Gilbert montagné
en interprétant la célèbre chanson de l’artiste
« On va s’aimer » revisitée pour l’occasion en
« On va donner ». Le public était là pour ça
et l’interprète de « The Fool » a su parler aux
cœurs solidaires et généreux. Un après midi
plein de tendresse et d’amour. Que demander
de plus !
Laurent Taieb, délégué régional
du Fonds Social Juif Unifié
Gilbert montagné en compagnie
de Thierry Sillam, le président de la Tsedaka
N
OTre cLUb A VU Le JOUr eN
2001. L’idée phare de notre club est
d’intéresser le plus grand nombre de
personnes à une pratique du jogging, dans la décontraction et la bonne humeur, quels que soient
le niveau et l’intérêt pour la compétition.
Tous les dimanches, excepté durant les fêtes
juives, nous nous retrouvons à 9h30 au Stade de
Struxiano, siège du club, et nous partons le long
du magnifique canal du midi pour un aller-retour d’environ une heure. Nous profitons de ce
moment privilégié pour commenter les nouvelles
de la semaine, établir le calendrier des courses,
s’échanger des conseils sur la course, l’alimentation, le matériel et même se passer les recettes
des beignets !!
Les buts à atteindre sont différents, pour certains
l’unique objectif sera de pouvoir marcher ou
courir une heure sans interruption, pour d’autres
ce sera juste d’entretenir sa condition physique
et enfin les derniers auront à cœur d’améliorer
leurs performances.
Nous participons à de nombreuses courses
régionales ou nationales, du 10 km au marathon
en passant par les semi-marathons et trails.
certains coureurs, absolument bien plus
enveloppés qu’aujourd’hui, sont venus faire leurs
premières minutes de participation – mi-course,
mi-marche - le long du canal. Peu à peu, ils ont
commencé à participer aux courses sur 10 km,
puis à la découverte du semi-marathon. L’appétit
venant en courant, ils ont imaginé passer de
l’autre côté de la barrière en s’alignant sur le
départ du marathon. Nous sommes une
vingtaine aujourd’hui à avoir fricoté avec le
fameux mur du marathon.
d'Amsterdam, de berlin ...sans oublier
Toulouse !
La course à pied au maccabi, ce n'est pas
vraiment un sport individuel.
A chaque course, nous faisons la haie d'honneur
à chacun des coureurs mAccAbI.
Elie Béniflah
tous les dimanches,
excepté durant les fêtes juives,
nous nous retrouvons à 9h30
au stade de struxiano,
et nous partons
le long du Canal du Midi
pour un aller-retour
d’environ une heure
La vie sociale n’est pas oubliée. Nous organisons
à plusieurs moments de l’année des rencontres
entre les différents membres du club, autour de
brunchs réunissant les sportifs et leurs familles.
chaque année, nous participons à une
compétition « touristique » qui réunit coureurs
et conjoints : marathon de New York, Semi de
marseille – cassis, marathon de Jérusalem,
Semi de San Sébastien, marathons
Contact et renseignements
Elie Benifla, [email protected]
06 07 28 72 03
Bruno Elkaïm,
[email protected] 06 14 35 53 19
Nelly Lebahr, [email protected]
06 03 26 41 65
avivmag n°209 septembre 2016
23
les associations
Les associations
le CriF
le CriF
le trimestre du CriF en cinq actes
débat – Le 24 novembre, dans le cadre des Journées V. Poutine ou rT erdorgan. On peut noter une donald trump s’est affiché pendant toute la
Parce que le rôle du crIF est de représenter et
de défendre les intérêts de la communauté juive
dans l’espace public et parce que son rôle est
aussi de défendre la place d’Israël, chère à la
Mme l’ambassadrice - Le 22 septembre, le
crIF a reçu, avec l’AcIT, l’ambassadrice d’Israël en France, Aliza bin-Noun, pour une
rencontre avec la communauté et une soirée
décès d’un père fondateur – Le 28 septembre disparaissait en Israël Shimon Pérès.
dans son communiqué, les mots de Franck
Touboul étaient empreints d’un profond res-
de la Culture le président du CRIF était à la tribune
avec quatre de ses homologues communautaires, les
présidents de l’ACIT, de l’AJLT, d’Hébraïca et du
FSJU. Autour de la thématique « Heureux comme un
Juif en France ». Ils ont tour à tour livrés leurs
réflexions sur cette question – cf. article p. 18.
Quatre questions au Président
de g. à d : A. Atlan, r. Amsellem, S. Allouch, Aliza bin-Noun, m. Friedman, d. Kaufmann, Franck Touboul, Nicole Yardeni, S. Attia, e. dutech
majorité des Juifs de France, retour sur les trois
derniers mois riches en actions, réactions et
prises de position par le crIF Toulouse midiPyrénées.
Bds - Le 22 septembre, lors du procès du
bdS et pour la première fois de son histoire, le
crIF s’est porté partie civile. Son président,
Franck Touboul, accompagné de certains de ses
administrateurs était présent dans la salle du
procès, face aux militants pro-bdS. Le verdict
rendu a signifié le « délit d’entrave » aux suspects.
24
aviv Mag n°209
d’exceptionnels échanges. entre autres sujets,
et tout en rappelant l’amitié indéfectible entre la
France et Israël, elle est revenue sur la longue
et riche expérience sécuritaire israélienne, une
expérience que les experts de la sécurité française vont chercher. des brigades antigangs et
anti-terroristes vont en effet se former en Israël.
elle a souligné le paradoxe de cette démarche
qui émerge en parallèle à la promulgation de lois
portées par l’Union européenne relatives à l’étiquetage des produits ; que la France s’est
empressée de ratifier !
pect : « Shimon Pérès a été́, par son profond
respect de la démocratie dans toute sa diversité́,
le promoteur de ce qu’est Israël aujourd’hui :
une société́ démocratique, ouverte et tolérante.
Par son action, pour l’existence de l’etat d’Israël, le dernier des pères fondateurs de l’etat
d’Israël laisse derrière lui une légende qui
appartient désormais à̀ l’Histoire ».
affaire de nice – Le parquet de Nice a
engagé le 18 novembre une procédure pour
modifier le prénom d'un petit garçon déclaré à
l'état civil sous le nom de "mohamed,
Nizar merah", évoquant celui du tueur
jihadiste de Toulouse et montauban. Le
président du crIF a réagi avec fermeté
par un communiqué incisif à l’égard de
la famille musulmane en affirmant sa
confiance en la justice. « Quand on est
parent et qu’on décide de donner à son
fils le nom d’un bourreau qui a lui
même tué des enfants on fait peu cas de
son avenir. ces bourreaux doivent sombrer dans les catacombes de l’histoire.
La réaction du maire de Nice christian
estrosi et celle du procureur de la
république permettent de penser qu'ils
ont bien pris conscience de l'ignominie
de la décision des parents. cela suffit,
pour l'instant. mais si le Parquet valide
le choix de ces parents, je me réserverai
le droit avec mon collègue de PAcA, de
voir s'il y a matière à intenter une
action en justice ».
le festival annuel des Journées de la Culture
Juives vient de s’achever, il portait sur le
thème « Heureux comme un Juif en France ».
vous avez démontré au cours de la soiréedébat du 24 novembre que l’on peut être Juif
et heureux en France et dans la cité. Quels
éléments de prospective voyez-vous dans
notre condition de Juifs de France dans les 5
à 10 ans à venir ?
Pour répondre à la première question et avant
de parler de prospective il faut parler de rétrospective. On peut dire que durant les 40 années
qui viennent de s’écouler les Juifs ont été heureux en France.
depuis 2012 les choses se sont crispées pour les
Juifs, comme pour la société française toute
entière quelques mois plus tard ; ce qui fait dire
que ce ne sont pas les Juifs qui sont inquiets
mais l’ensemble des citoyens
beaucoup de gens de la communauté ont pensé
que l’avenir est plus paisible en Israël ou ailleurs.
Le combat reste ici pour préserver la France que
nous avons connue et la France de demain.
Nous devons continuer à contribuer à son épanouissement culturel, spirituel, scientifique,
économique. Telle a toujours été la mission des
Juifs quelque soit le pays dans lequel ils ont été
accueillis ou ont choisi de s’installer.
Quel regard peut-on porter sur les résultats
des primaires de la droite qui ont porté un
homme que personne, il n’y a encore que
quelques semaines, n’attendait ? et comment
peut-on aborder les présidentielles de 2017,
dans un contexte géopolitique international en
pleine redéfinition ?
ce qui peut caractériser cette élection présidentielle à la différence des précédentes c’est l’idée
qu’avant la primaire nous étions plongés dans
une inconnue totale. Tout autour de nous dans
le monde semble émerger une montée des populismes pour le moins inquiétante ; l’élection de
donald Trump provoque une légitime inquiétude, la montée du partie d’extrême droite en
Allemagne, la montée des extrêmes un peu partout en europe du Nord, et particulièrement au
Pays-bas, mais aussi les présidences sans fin de
maigre satisfaction : l’échec de l’extrême droite
en Autriche.
Il y a ces derniers temps de la part des peuples
une volonté claire de rebattre les cartes. mais
l’élection de F. Fillon présente un aspect positif,
celui de plus clairement définir les frontières des
partis politiques. L’abandon de F. Hollande de
concourir pour un nouveau scrutin risque de
favoriser encore plus la perception claire des clivages politiques qui existent dans notre
cinquième république, c’est-à-dire un programme de gauche face à un programme de
droite. d’une certaine façon, la clarification de
ces clivages politiques nous permet d’espérer
que les électeurs trouveront dans les deux principaux partis républicains la réponse à leurs
questions et éviteront le vote Front National qui
prospère de façon inquiétante.
Manuel valls a démissionné de son poste de
premier ministre pour présenter sa candidature aux primaires de la gauche. ils seront,
sous réserve des parrainages, sept candidats
à concourir en janvier. Quel regard porter
sur ces primaires ?
d’abord j’exprime
toute notre reconnaissance à manuel Valls
qui depuis près de 3
ans n’a eu de cesse de
combattre à nos côtés
les provocations et les
violences à caractères
antisémites. Souvenons-nous qu’il fut
bien seul lorsqu’il fallut
affronter le sinistre
pamphléteur ex acolyte d’elie Semoun.
Je forme le vœu que
cette primaire soit l’occasion de faire émerger
une personnalité de
gauche qui aura ces
mêmes combats au
cœur.
l’élection de donald
trump est une surprise et inquiète une
bonne partie de la
communauté internationale. Pourtant il a
été félicité de vive
voix sitôt son élection
annoncée par Benyamin nétanyahou ;
campagne comme un ami d’israël et un ardent
défenseur de l’etat. Comment analysez-vous
cette situation et quelle peut être l’attitude des
Juifs de France face à ces positionnements ?
donald Trump est une énigme politique et j’ai
même la faiblesse de penser que pour lui aussi la
politique et la diplomatie sont également une
énigme. c’est la raison pour laquelle je me garderai bien d’exprimer le moindre enthousiasme
concernant les futures relations entre les etatsUnis et Israël. A l’échelle de l’histoire nous avons
bien souvent été déçus par ceux de qui nous
attendions beaucoup.
cet homme semble être un mélange de pragmatisme et d’opportunisme ; s’agissant d’Israël
soyons-le également. Pour le reste du monde, je
crains en effet, au regard de la composition progressive de son gouvernement, que des
déséquilibres majeurs s’opèrent parfois même
contre les intérêts américains à longs termes.
Propos recueillis par Yaël Rueff-Salama
avivmag n°209 septembre 2016
25
Jeunesse
Jeunesse
l’ueJF est de retour !
vogue le centre aéré
des vacances d’automne …
eeiF
HeBraiCa Jeunesse
é
tudiante active de ma
communauté à Toulouse,
après avoir créée avec mon
amie Laura bettane il y a deux ans
la Jeunesse Juive etudiante de
Toulouse, je vous présente
aujourd’hui la renaissance de
l’ueJF toulouse, son équipe, son
programme et ses ambitions.
Laura Layani, la présidente de l’UeJF
à l’approche de Hannouka, un
grand changement s’opère pour
l’ensemble de la communauté.
Notre association locale (JeTT),
s’est greffée à l’Union des etudiants
Juifs de France (l’UeJF). Nous
avons recréé la section toulousaine
d’un mouvement né sous la
résistance dans le maquis
Toulousain.
Alors, pour quelle raison a eu lieu
ce changement ?
Comment les étudiants voient-ils
l’avenir de notre communauté ?
Quels sont les grands axes de
travail pour cette année
2016/2017 ?
Tout d’abord ce changement a été
réfléchi et souhaité. Il n’est pas
anodin. Lorsque nous avions créé la
JJeT il y a près de deux ans, notre
objectif principal était de
rassembler les étudiants et de les
unir. Lors des assises de l’AcIT en
juillet dernier, nous avons fait le
bilan. Nous sommes revenus sur
nos objectifs largement atteints, et
avons évalué point par point les
évènements de ces deux dernières
années. Un questionnaire a été
soumis à nos membres actifs et plus
de 80% de nos étudiants ont jugés
26
aviv Mag n°209
leurs deux années JJeT entre
« bien » et « Très bien ».
Ainsi, sur la question des activités
souhaitées sur cette nouvelle année
2016/2017,
57% ont répondu qu’ils aimeraient
participer à des shabbatoth
communautaires,
39% à des conférences/débats,
36% à des sorties extérieures
sportives
et 7% ont demandé des cours de
Torah.
à travers ce questionnaire, notre
objectif était également de savoir si
nos étudiants ont la volonté de
devenir « militants » Le
pourcentage était faible, mais tout
de même existant, avec environ
10% des étudiants.
Nous
évaluons
donc
ce
questionnaire comme très utile et
l’idée de devenir UeJF a éclos. en
deux mois, mon objectif de
présidente et fondatrice de la JeTT
était devenu clair : trouver un
nouveau bureau pour représenter
l’ueJF. à la fin du mois d’octobre,
nous avons établi une Assemblée
Générale afin d’élire le nouveau
bureau, qu’il est temps de vous les
présenter avant de vous expliquer
quels seront nos grands axes de
travail pour cette nouvelle année.
Il est composé d’Hannah
guenoun, 23 ans étudiante en m2
de comptabilité notre nouvelle
Secrétaire Générale ; nathan
kakon, 20 ans, étudiant en L1
commerce notre Trésorier ; karen
Bensoussan, 22 ans, étudiante en
4e année de Kinésithérapie, notre
responsable communication ;
serge rabinovici, 25 ans, Opticien
notre responsable marketing ;
Yann loubaton, 22 ans, étudiant
en 3e année de pharmacie notre
chargé du Judaïsme-Vie Juive et
Jonathan sillam, 22 ans, étudiant
en 4e année de dentaire, notre
responsable sportif.
Nos grands thèmes cette année se
portent tout d’abord sur le
Judaïsme, avec un projet nommé «
sHaBBat student tour».
Afin de dynamiser et d’augmenter
la fréquentation des étudiants dans
nos synagogues, nous allons pour
tous les offices du vendredi soir
changer de lieu, de prière, et ainsi
essayer d’offrir un Kiddouch.
Nous avons commencé avec l’edJ
le 18 Novembre et avons poursuivi
le 25 Novembre à PALAPrAT, le 9
décembre à Ozar Hatorah, le 16
décembre à Gerson et le 23
décembre à chaaré emeth.
La deuxième thématique porte sur
le sport. Nous avons mis en place
pendant les années JJeT, une page
Facebook pour les garçons, qui
proposait uniquement des foots en
salle. Notre volonté est de partager
entre jeunes, femmes et hommes,
des moments de partage par le
sport. bien d’autres évènements
sont à venir, tels que des
chabbatoth communautaires, mais
aussi des débats, des conférences,
ou encore des projections de
films…
Pour résumer ce changement, il
nous semblait important de relier
notre communauté Toulousaine à
d’autres jeunes communautés
partout en France, et lui donner
ainsi une aura nationale. Grâce à ce
nouveau titre, des jeunes des quatre
coins du pays rencontrent nos
jeunes et sont au courant de leur
présence dans la vie juive, leur
détermination, leur engagement !
Notre premier chabbat a eu lieu le
18 Novembre à l’edJ, avec 80
étudiants et jeunes actifs. cela a été
une grande réussite.
a l’aBordage, aveC énigmes pour les membres de
HeBraiCa Jeunesse ! l’edJ qui ont voulu goûter à une
Nous avons décidé de mettre les
premières vacances de l’année entre
les mains des pirates.
Au programme une grande chasse
au trésor dans tout l’espace du
Judaïsme avec la complicité du
FSJU et de la Kafet où nos petits
ont cherché et découvert le trésor
de barbe Noire. Nous avons
crêpe de pirate ! et nos plus grands
créatifs nous ont réalisé une
magnifique fresque sur la Parasha
de la semaine « berechie » pour
commencer l’année en beauté.
enfin, notre dernier jour est
marqué par une journée où nos
pirates ont largué les amarres en
Israël, pour l’israël day ! Les
pirates ont décoré la salle avec des
Nous tenons à remercier tous nos
responsables communautaires et
partenaires qui nous aident à
réaliser l’ensemble de nos projets.
dominique riva a coaché les plus grands pour la danse israélienne, sa spécialité
« Venez parmi nous, créons ensemble
l’avenir de notre communauté. ».
bien sûr nous sommes présents le
dimanche pour les anniversaires
avec les Yom Ouledet Angels.
Laura Layani
Présidente de l’UEJF Toulouse
3 adresses à toulouse
45 rue Boulbonne (place st georges) tél. 05 61 21 60 24
3 avenue Honoré serres (arnaud Bernard) tél. 05 61 23 76 62
2 allée Paul Feuga (Palais de justice) tél. 09 84 08 94 42
www.maxoptic.fr
également installé un jeu de l’oie
géant dans lequel les équipes des
rouges contre les jaunes ont pu
s’opposer autour de diverses
missions.
Puis, nos apprentis pirates ont pu
visiter la ville sur la péniche des
Bateaux toulousains. Nous avons
navigué pendant plus d’une heure
tous ensemble et sommes rentrés
pour le goûter ! merci encore à
l’équipe et spécialement à monsieur
Lumbroso.
Le vendredi, nous avons organisé
notre fameuse Crêpes party…
Pluie de bonbons, chocolats et
Pour plus d’informations, n’hésitez
pas à nous contacter au
05 62 73 45 26.
Julie Akouka
Hébraica Jeunesse
drapeaux, des étoiles tout en blanc
et bleu. Nos petits ont décoré de
superbes mobiles qu’ils ont pu
accrocher dans leurs chambres,
petit souvenir de la journée. L’après
midi, ils ont assisté à un cours
d’éveil musical ; là les plus grands
ont bénéficié d’un cours de
chorégraphies israéliennes grâce à
dominique d’Hébraïca!
encore de merveilleuses vacances
…
merci à tous les courageux d’avoir
participé, ils étaient très nombreux,
près de 40 pour partager ces
vacances !
avivmag n°209 septembre 2016
27
brèves
rencontre
Jeudi 15 septembre
La visite des parlementaires polonais
distinction méritée pour
gérard elbaz
après le voyage d’une délégation toulousaine à varsovie,
ce fut au tour des Polonais d’être nos hôtes le 30 septembre
La délégation polonaise accompagnée des représentants des associations polonaises de la région Occitanie, daniel curylo et christan Gasquet,
est accueillie par ses hôtes toulousains, le 30 septembre à Toulouse
A l’initiative de la maison
Kopernika, représentée par son
Président, ephraïm Teitelbaum et la Secrétaire Générale, Zuzanna Pajak, les députés du Parlement polonais du Groupe
d’Amitié Pologne-France sont venus à
Toulouse le 30 septembre 2016. cette visite était la dernière étape de leur voyage
organisé par l’Assemblée Nationale Française. elle a débuté à Paris. La délégation a fait également escale dans le
département du Lot.
La visite à Toulouse a commencé par la
rencontre avec la communauté Juive de
Toulouse à l'école Gan rachi en la personne de son directeur le rabin Yossef
matusof. L’accueil fut des plus chaleureux. Les députés ont pu dialoguer avec
les enfants d’une classe du primaire. cette
rencontre les a fortement émus.
Lors du petit-déjeuner à l'école Gan
rachi, les invités ont abordé la question
de la laïcité, de l'enseignement privé et du
fait d’être Juif en France ainsi que des
liens historiques entre la Pologne et le
peuple juif.
Les représentants des associations polonaises de la région Occitanie, daniel
curylo et christan Gasquet, se sont joints
à la délégation. Il s'en est suivi une visite
guidée de la ville de Toulouse en compagnie du guide mis à disposition par la
mairie. cette visite au capitole et à la
basilique de Saint Sernin a inspiré les
députés pour leur prochain voyage à Toulouse. Ils veulent également recommander
Toulouse comme destination touristique.
POLOGNE
TOULOUSE
LOT
Jean-claude dardelet, Vice-Président de
Toulouse métropole chargé de la coordination et de la promotion des affaires européennes et du développement
international, ainsi que les représentants
des Institutions Juives de Toulouse
comme le crIF, le FSJU, l’AcIT et la
radio Kol-Aviv ont rejoint les députés
pour un moment convivial pendant le
repas. On reconnait sur la photo de
groupe, à droite, pour l’AcIT, Alain Alter,
et le président Yves bounan ainsi que
Yvan Lévy, le président régional du
FSJU. Parmi les convives se trouvait également m. Longin Fourdrinier, consul
emérite de Pologne à Toulouse (à gauche
sur la photo de groupe).
Sous les lambris dorés du Salon rouge, au capitole, alors qu'il
est honoré, sans doute Gérard elbaz a-t-il eu un regard en arrière sur le chemin parcouru par le petit garçon de Tiaret, en
Algérie encore française ?
car à Toulouse, qui ne connaît pas Gérard elbaz, infatigable
président départemental de l'Ordre National du mérite depuis
vingt ans et qui vient de passer la main ?
Après avoir commencé sa carrière en Algérie, comme directeur
à la chambre de commerce de mostaganem, il dirige pendant
deux décennies l'Institut de promotion commerciale de la ccI
de Toulouse. mais c'est surtout comme animateur de l'association nationale de l'Ordre du mérite qu'il va se distinguer. et défendre sans relâche des valeurs, des principes, comme s'il y avait
toujours pour lui l'urgence de transmettre, de servir. Le mérite,
qui mieux que lui, organisateur acharné, travailleur forcené,
mais aussi observateur bienveillant et promoteur enthousiaste,
pouvait défendre cette valeur ?
Son idéal ? «donner à la jeunesse l'envie de s'investir dans des
valeurs humaines.»
From Dominique Delpiroux LDDM
Mardi 25 octobre
“Laurette 1942” deux fois primé,
à narbonne et à Cholet
Le film Laurette 1942, une
volontaire au
Récébédou qui
retrace les rafles de l’été 42
dans les camps
français au travers de l’histoire
de
Laurette
monet, jeune
volontaire de
la cimade et
de
témoignages émouv a n t s
d’internées a
été distingué
dans deux festivals.
Prix du jury au festival de la fiction historique de narbonne et
prix du public au festival de
l’adaptation littéraire au festival
de Cholet.
Le film de Francis Fourcou conti-
4e trimestre 2017
Prendre date : 9 et 10 mai 2017
Le réseau 3G-4G à 100 %
dans le métro toulousain
« Comme nous nous y étions engagés, nous allons rendre le métro toulousain couvert à 100%
par le réseau mobile
2G/3G/4G. La métropole
connectée et intelligente
sera à la portée de tous »
a déclaré Jean-Luc
moudenc. « C’est un
nouveau service qui facilitera la vie quotidienne
des Toulousains. Nous
sommes fiers aujourd’hui de proposer,
pour le 4e trimestre
2017, un « métro
connecté » qui conjuguera déplacements performants et communication en continu. » Les
opérateurs, pour leur
part, ont déclaré : « ce réseau mobile dans le métro toulousain sera le
1er de France sur lequel sera offert un service voix et données à très haut
débit, de bout en bout, sur la base d’un modèle économique innovant et
satisfaisant tous les acteurs. » communiqué de Toulouse métropole,
nue sa carrière en France sur les
écrans de cinéma, mais vous pouvez d’ores et déjà vous procurer le
dVd du film (30€ port compris),
assorti de nombreux bonus sur le
site du film :
www.laurette1942-lefilm.fr.
Les 10 commandements
le spectacle revient !!
Kol aviv vous
présente la tournée
Janvier
7,8 : Amiens
14,15 : bordeaux
21,22 : clermontFerrand
28,29 : Nantes
Février
4,5 : epernay
10,11 : douai
14, 15 : Limoges
21,22 : montpellier
Avril
25,26 : caen
Mai
9,10 : Toulouse
13,14 : marseille
19,20 : rouen
23,24 : Orleans
30, 31 : Strasbourg
Juin
10,11 : Amneville
16,17 : Tours
20,21 : dijon
Réservation : boxoffice.fr,
Box office 36 rue du Taur, Toulouse
Tél : 0534311000
Tisséo-SmTc, Orange, bouygues Telecom, SFr et Free mobile
28
aviv Mag n°209
avivmag n°209 septembre 2016
29
brèves
lundi 28 novembre
LA SYNAGOGUe de cArPeNTrAS
VA FÊTer ses 650 ans !
La construction de la synagogue a débuté en 1367 à carpentras. c'est la plus ancienne synagogue de France, une
des plus anciennes en activité en europe. La communauté juive de carpentras prépare cet anniversaire, 650
ans après le droit accordé par l’évêque de la ville,
Hugues, neveu du Pape clément VI : des expositions célébreront le bâtiment toute l'année prochaine à carpentras.
Près d'1,2 millions d'euros seront investis pour rénover
en priorité les plafonds de la salle de culte. Une exposition de peintures permettra de financer une partie des
travaux. Une exposition de photographie est également
From France Bleu le 3 novembre 2016
prévue en 2017.
Jeudi 24 novembre
30
raphaël enthoven reçu au crif :
un niveau d’échanges exceptionnel
devant plus de 650 personnes
conquises, il a répondu aux questions de la journaliste Sandra Freeman. Il a rappelé que la
philosophie, c'est la façon de pro-
gresser en remplaçant une certitude par un doute et que
enseigner la philosophie, ce n'est
pas s'adresser à tous mais s'adresser à chacun. Les questions du public ont permis d'aborder les
thèmes du dialogue, et de la liberté.
répondant à une question sur la liberté de penser, il estime que la liberté profonde est l'intégrité.
aviv Mag n°209
Shimon Peres
Mort d’un géant
flexion et remise en question. A ce
sujet, il nous parle du mensonge.
Le "véri-dire" s'oppose au francparler : le démagogue dit ce que les
gens veulent entendre. toute personne qui dit "moi
je ne mens jamais"
ment en le disant.
Autre thème largement abordé : le
sentiment
religieux. Pour lui,
"être juif, c'est me
demander qui je
suis". Sur un registre moqueur, il
nous explique que
lorsqu'il n'a pas le
moral, il appelle un antisémite qui
va lui dire qu'il a le pouvoir! et il
cite Schopenhauer: "Si dieu existait, on n’aurait pas besoin d'y
croire."
Le public était conquis par le niveau exceptionnellement élevé des
échanges et par la générosité de
raphaël enthoven.
From La lettre du CRIF
Il faut questionner ses propres valeurs plutôt que les brandir sans ré-
Silence, on étiquette…
Ainsi le journal officiel
du 24 novembre dernier a diffusé un “Avis
aux opérateurs économiques relatif à l'indication de l'origine des
marchandises issues des
territoires occupés par
Israël depuis juin 1967”.
cet avis, dit-il, a pour
objet
d'informer
« loyalement » le consommateurs de l'origine des produits. « Aussi, les denrées
alimentaires en provenance des territoires occupés par Israël doivent-elles porter un
étiquetage reflétant cette origine » . mais, attention « (…) une mention limitée à
« produit originaire du plateau du Golan » ou « produit originaire de Cisjordanie »
n'est pas acceptable. (…) il est nécessaire d'ajouter, entre parenthèses, l'expression
« colonie israélienne » ou des termes équivalents. Ainsi, des expressions telles que
« produit originaire du plateau du Golan (colonie israélienne) » ou « produit originaire de Cisjordanie (colonie israélienne) » peuvent être utilisées ».
2 août 1923 à Wiśniew - 28 septembre 2016 à ramat gan
le 15 juillet 2007, Peres est élu
président de l'etat d'israël. il quittera ses fonctions le 24 juillet 2014 Le 4 novembre 1995, Peres, ministre de la défense, se trouve aux cotés
du Premier ministre Yitzhak rabin à Tel Aviv quelques minutes avant
l'attentat. Le tueur, un juif orthodoxe ultranationaliste opposé au processus de paix, prévoyait de les assassiner tous les deux, mais Peres
quitte les lieux. à la suite de la mort de rabin, Shimon Perez accepte Shimon Peres, Premier ministre israëlien, reçu par le
le poste de Premier ministre afin de poursuivre le processus de paix. Président français François mitterrand, en 1985
Q
ue choisir parmi les dizaines d’épisodes de la vie de shimon
Peres, qui balisent toute l’histoire d’israël, celle du
Judaïsme moderne et s’étendent sur près d’un siècle ?
Shimon Peres ne manquait ni d’humour ni d’autodérision.
dans cette video tournée lorsqu’il se retire de la vie politique, il se met en scène dans diverses situations : demandeur d’emploi, parachutiste, pompiste… avec un humour
décapant. (ex. la scène où il fait des réussites en ligne…)
Peres, l’un des pères fondateurs de l’état d’israël
comme le dira son fils lors de l’annonce de son décès, “il a servi notre
peuple avant même que nous ayons un état pour nous”. en 1947, Shimon
Peres s'enrôle dans la Haganah, prédécesseur de l'Armée de défense d'Israël.
david ben Gourion le désigne responsable du personnel et des achats
d'armes. Il est nommé à la tête du service naval quand Israël voit le jour en
1948, puis directeur général du ministère de la défense. à cette fonction, il
s'implique particulièrement dans l'achat d'armes pour le jeune état d'Israël,
ce qui contribue à en faire la 6e puissance atomique mondiale.
Peres, Prix nobel de la Paix
Une fois de plus notre amère patrie se distingue et désigne à la vindicte
publique cet état détestable qu'est Israël, occupant, oppresseur, agresseur,
colonial.
chers concitoyens, les produits du Golan, de cisjordanie (Judée-Samarie),
de Jérusalem doivent arborer l'étoile jaune comme dans le bon temps.
Ignobles, honteux, lamentables, nos dirigeants politiques se soumettent au
dictat de la majorité automatique onusienne après nous avoir encensés :« la
France sans les Juifs n'est plus la France » etc... disaient-ils.
comment réagir à cette nouvelle humiliation après celles de l'UNeScO ?
AcHeTeZ ISrAeLIeN. exigez des médicaments TeVA. mettez à tout
prix dans votre caddie tous les produits estampillés colonies israéliennes,
réclamez-le haut et fort dans les supermarchés et tous étalages. Je vous
garantis la succulence des dattes, des avocats, des tomates, des mangues,
des grenades, des patates douces, etc...etc...
Il est temps pour nous de comprendre que nous ne pouvons rester inertes.
clamons notre unité, cette unité dont nous nous targuons.
Le dire c'est bien, le faire c'est mieux.
Alain Attlan
Il était le dernier vivant des trois hommes à avoir été distingués du Nobel
de la paix en 1994 "pour leurs efforts en faveur de la paix au moyenOrient", après la disparition de l'Israélien Yitzhak rabin et du Palestinien
Yasser Arafat.
mais il était aussi l'un des architectes du programme nucléaire d'Israël,
considéré comme la seule puissance atomique militaire du Proche-Orient,
et l’artisan de l'avance militaire de son pays, réputé être à la tête de la
plus formidable armée de la région.
Peres, grand voyageur et communiquant hors pair
bien que retiré de la vie politique, il continue de voyager à l'étranger. réputé infatigable, il est cependant victime de deux alertes en janvier 2016.
Le 13 septembre 2016, après une rencontre avec des dirigeants d'entreprises de nouvelles technologies israéliennes et vingt-trois années jour
pour jour après la signature des accords d'Oslo, Shimon Peres est victime
d'un accident vasculaire cérébral majeur qui le laisse dans un état critique.
Il meurt le 28 septembre, à 93 ans, au centre médical chaim Sheba. Fait
rarissime aux états-Unis en l'honneur d'une personnalité étrangère, les
drapeaux seront en berne sur la maison blanche, ainsi que tous les bâtiments officiels et militaires américains dans le pays et à l'étranger pour
une durée de deux jours.
PL
Les Gémeaux, 50 ans d'expérience dans la mode,
vous présente ses différentes gammes de vêtements pour homme
ainsi que les chaussures et accessoires.
Notre magasin situé place Wilson, au cœur de Toulouse,
vous accueille tous les jours de 10 h à 12 h 30 et de 14 h à 19 h.
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avivmag n°209 septembre 2016
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1367 - 2017
L’anniversaire
de la synagogue
de Carpentras
disparition
31
Culture
ça se passe à ohr torah
le feuilleton
historique
claude
denjean
Les Langues Vivantes …. passionnément !!!!
TROIS ATOUTS POUR RÉUSSIR LE PARI DU PLURILINGUISME ! par Madame Chaput
Pour booster l'enseignement des langues vivantes, trois jeunes gens dynamiques viennent renforcer l'équipe en tant qu'assistants. Ils interviennent dans chaque classe et ils participent à la vie de l’école en prenant par exemple les repas avec les
élèves. La conversation a alors lieu dans leur langue natale, pour le plus grand bonheur des élèves, y compris les plus jeunes !
Grâce à eux, la pratique orale des langues enseignées dans l'école a pris un tour on ne peut plus authentique.
ron Barkaï, Les infortunes de Dinah, Paris,
1991, présente et traduit le Séfer ha-toledet,
qui devint en hébreu
un traité de médecine
pratique.
“C’est formidable d’être témoin et
acteur de leur progrès”.
“C’est bien plus que partager les langues :
c'est un échange authentique
entre cultures”
33 rue Jules Dalou 31500 Toulouse
des enfants et des livres
L’éducation des juifs médiévaux
Tel. 05 61 26 43 54 [email protected]
Les enfants médiévaux apprennent
très tôt à aimer l’étude et les livres
Nous savons fort peu de choses sur la place des enfants
dans la fête de Hanouka, pourtant importante pour
les juifs médiévaux en monde chrétien. Par contre, les
adultes faisaient partager aux plus jeunes leur
amour des livres et de l’étude.
L’école pour tous
riches ou pauvres, garçons ou filles, tous les enfants apprennent
les rudiments de l’écriture hébraïque.
La majorité, fixée entre douze et treize
ans, marquait également la fin des
premières études, au héder, où l’on
délivrait un enseignement primaire
communautaire. Les plus aisés
payaient un précepteur, à la maison.
Les chrétiens étaient d’ailleurs fort
impressionnés par la généralisation de
l’éducation juive. Au XIIe siècle, un
élève d’Abélard, s’étonnait: « Même s’il
est pauvre, même s’il a dix enfants, un juif
les enverra tous à l’école, non pour le profit,
mais pour l’intelligence de la Loi, et non
seulement ses fils mais aussi ses filles. »
à côté de la lecture des textes
bibliques, préalables à l’enseignement
du Talmud, les petits acquéraient
également
des
rudiments
d’arithmétique et de géométrie.
conseils qu’il est bien dissipé ! Le Livre des Piétistes montre un
père gardant son fils sur les genoux alors qu’il étudie, le laissant
prendre contact avec les livres rangés
sur une étagère, les désirer comme un
bien précieux. Le récit initial du Livre de
la génération, traité de gynécologie daté
du XIVe siècle, raconte comment Jacob
explique la nature du corps féminin à sa
fille dinah, avec une précision et une
liberté inattendue au moyen Âge. Il faut
dire que nous sommes sans doute non
loin de montpellier, où les études
médicales sont dispensées.
De père à enfant
Le père délivrait un enseignement à
ses enfants, avec sévérité et affection.
dans son célèbre testament moral,
rédigé au XIIe siècle, Juda ibn Tibbon
morigène son fils Samuel et exige de
lui rigueur et application. Si l’on ne
savait pas que l’enfant devint un grand
lettré, on pourrait croire à lire ces
32
aviv Mag n°209
Les livres, compagnons d’une
vie
Juda ibn Tibbon donne des conseils avisés pour tenir sa bibliothèque et rappelle
à son fils quelle est sa chance de disposer
chez lui de temps de livres, à la différence
des autres étudiants : « tu prêtes et tu
n’empruntes pas ; et la plupart des livres,
tu les as en deux ou trois exemplaires. »
en 1271, à Lincoln, belle-Assez donnait
à sa fille Judith une « bible à six colonnes
en un volume … sur vélin ». en 1434 à
Arles, tenait à conserver les ouvrages de
la bibliothèque familiale.
enfant à la table du séder, Haggadah de Sarajevo
(Catalogne, xives.)
avivmag n°209 septembre 2016
33
dominique khalifa
Culture
Anny BECK
Lectures
les pages
d’anny
cOmmeNT TU PArLeS de TON Pere
Un livre de Joann SFAr
duel
C’est parfois au Petit Prince de saint-exupéry que l’on songe, tout au fil de cette histoire si singulière mais si universelle,
au langage profond, simple et dépouillé, que nous conte le réalisateur et dessinateur Joann sfar…
le récit est réel. la mort du père, et dans son sillage, un déluge complexe d’amour et d’admiration, de rancunes et de culpabilité…
C’était un Juif croyant, pratiquant, andré sfar.
son fils, lui, invente et dessine des histoires. Point barre.
Ce voyage émouvant, il le dédie aussi au petit garçon orphelin qu’il était, à qui son père a menti : « ta maman est partie en voyage »...
Pour ça qu’il passe sa vie à raconter des histoires. un récit troublant de sincérité où tout ou presque relève de la dualité.
Peut-être un prochain film d’animation dans la lignée du fameux Chat du rabbin…
un récit où tout ou presque s’inscrit dans la
dualité
- Le Petit Prince de Saint-exupéry profite d'une migration d'oiseaux
sauvages pour s'enfuir et visiter les planètes voisines. en arrivant sur
Terre, il découvre un lien fort avec le renard…
Joann Sfar, lui, cet éternel enfant en soi - ce peut-être éternel petit
prince de trois ans et demi - profite pour s’enfuir, de la réalisation
d’un film sur la côte d’azur. ce lieu où dieu « il en fait trop », comme
maintenant avec la pluie.
ces fameuses planètes voisines que l’auteur visite alors, ce sont celles
de la mémoire et du chagrin…
« C'est tellement mystérieux le pays des larmes !" s’exclame le Petit Prince.
mystérieux aussi pour l’auteur, dès la première phrase du livre : « Je
n’y vois plus rien ». Trop pleuré… cécité momentanée.
celui-ci réalise peut-être enfin, à l’instar de l’enfant blond à l’écharpe
flottante, que de toute façon « l'essentiel est invisible pour les yeux » et «
qu’on ne voit bien qu'avec le cœur »…
Son corps parle un langage particulier, séjournant dans la dimension
glacée du deuil. dans ce lieu, c’est avec son cœur que l’auteur comprend tout, soudain : son père, ce héros si fort, était aussi un géant
de papier. Il aurait dû le consoler, le rassurer. Lui montrer qu’il
n’avait pas peur de lui. Ils se seraient fait moins de mal, tous deux…
mais il a toujours eu « les bras trop petits ». comme à trois ans et demi.
- Le Petit Prince possède une rose orgueilleuse et capricieuse, et qui
l'accable de reproches…
c’est lorsqu’il la perd qu’il réalise à quel point elle lui manque…
Orgueilleux, capricieux, ce père aimant, si fier de son fils mais jamais
satisfait, triste et en colère, et puis trop religieux à son goût - il a
néanmoins « baisé toute la côte d’azur »…
« Tu m’aimes, papa ? » « Moi je t’aime » « Tu as été mes deux parents »
« Papa, je t’aime mais tu m’emmerdes »…
Il n’est plus là.
cette confrontation, si riche d’enseignement finalement, lui manque.
Le pire à présent pour le fils affligé, c’est que ce combat, il ne peut
plus le livrer qu’à lui-même. et dans ce duel, il est son propre ennemi
: il s’accable lui-même de reproches. comme en prend alors
conscience le Petit Prince : « Il est bien plus difficile de se juger soi-même que
de juger autrui »…
Il est bien difficile aussi de n’avoir plus personne à épater.
mais c’est çà, devenir adulte.
- oscillation permanente. entre légèreté et profondeur. entre
humour et poésie. l’éternel flottement de l’auteur entre un statut
de victime et de coupable en devient plus troublant encore.
34
aviv Mag n°209
coupable jusqu’à se dire : « … Si je n’avais pas été là, sa mort se serait
déroulée de façon plus convenable ». c’est de sa mère que parle l’ancien
petit garçon de trois ans et demi…
Victime jusqu’à se murmurer : « Zut ! Je ressemble à papa »…
tout ou presque…
- Il subsisterait, juxtaposée à cette ambivalence, une unité : le besoin
d’être libre. Jusqu’à se convaincre que, malgré tout, le père, auteur
du discours de bar mitsva du jeune Joann, y aurait transmis à son fils
cet esprit de liberté. mais là, on retombe encore dans l’ambivalence…
Un besoin de liberté si souvent entravé : on ne le laisse jamais s’exprimer comme il le désire, dans la vie réelle, Joann Sfar. « Rage avide de
justice » - en fait, comme son père, ce cador du barreau. Il voudrait «
chier dans la colle ». Au final, il « parle en costume » : exemple, son discours
aux césars après l’attentat de Charlie…
dualité encore, dualité toujours, à bien y regarder...
- « J’ai constaté que l’on m’aimait lorsque je racontais des histoires. Et aussi
quand je dessine »…
La véritable unité, l’élément charnière du livre, ce serait bien alors
l’exutoire des mots et du dessin.
Il est là, le champ de liberté.
c’est là que se manifestent cette colère et cette rage avide de justice.
mais là aussi que se manifeste, au bout du compte, une autre ambivalence assez subtile : cette distanciation du père pour mieux consacrer
le lien filial :
« Je dois beaucoup à mon père mais le plus grand cadeau qu’il m’a fait a consisté
à ne pas savoir dessiner. Merci papa d’avoir laissé un espace vierge, dans lequel
aujourd’hui encore je m’efforce de grandir “
Dominique KHALIFA
Bonjour, aujourd’hui j’ai le plaisir de vous conseiller 3 titres :
l’insouciance
(prix des lecteurs)
de Karine Thuil
« Un beau roman sur les ruptures
et les désillusions de notre époque ».
François busnel
de retour d’Afghanistan où il a
perdu plusieurs de ses hommes, le
lieutenant romain rolter est meurtri, dévasté et se demande à qui profitent ces guerres et si elles valent les
sacrifices humains qu’elles induisent.
Lors d’un séjour à chypre organisé par l’armée, il tombe amoureux de marion, jeune journaliste, mariée à François Véry, fils
d’un ancien résistant juif, et qui ne veut rien savoir de sa judéité ;
cependant lorsqu’il est piégé dans un scandale politico-médiatique, celle-ci lui est jetée en pleine figure.
Le nouveau roman de Karine Thuil est difficile à résumer car il
aborde de nombreux sujets : terrorisme, antisémitisme, intégration, Islam radical. c’est un tableau sans concession et terriblement lucide de notre société ; du pouvoir et de ceux qui prennent
les décisions. La question de l’identité est au centre avec François
Véry, le puissant patron qui se voit brusquement ramené à ses
origines juives, lui qui les a toujours volontairement ignorés.
L’insouciance est un grand roman d’amour et de politique fiction
qui brosse avec véracité la violence du monde d’aujourd’hui, tout
en sachant que rien n’est figé.
Jours de Miel
de Eshkol Nevo,
(recommandé par le comité de
lecture)
Jérémiah mendelstrum, un
riche veuf américain fait le vœu
d’immortaliser le nom de sa
femme bien aimée – épouse
vaillante et vertueuse – partie
vers un monde meilleur.
Il a une idée merveilleuse : c’est
à Safed, en Galilée, la ville des Justes et des sages Kabbalistes,
qu’il décide de faire construire un mikvé – bain rituel – qui portera le nom de sa femme. Pour le maire de la ville, ce don est une
véritable aubaine. mais voilà, il n’y a plus de place pour un nouveau bain rituel, car le nombre de mikvés au mètre carré dans
cette sainte ville est le plus élevé de tout le pays. et puis il y a un
équilibre délicat à respecter entre les différents courants religieux
dans l’attribution du nombre de bains rituels. Il ne reste qu’un
seul lieu, un quartier de banlieue habité par des immigrants russes, ne parlant
pas un mot d’hébreu.
Qu’a cela ne tienne, il faut commencer les travaux. et là, nous entrons dans
la vie des personnages qui, pour certains sont tiraillés entre religion, interdits
et superstitions.
Sous couvert d’un conte loufoque, l’auteur nous livre une satire sociale et politique d’Israël, une caricature de la société juive dans ses excès, ses traditions,
ses croyances. Une manière originale d’aborder la vie en Israël, mais aussi
les problèmes de l’immigration et les relations difficiles entre juifs et arabes,
entre religieux et jeunes sabras. ce microcosme haut en couleur est un roman
vif, truculent, épique. c’est burlesque et pourtant émouvant, mais au fond,
orthodoxes ou pas, chacun semble n’aspirer qu’à une seule chose : « goûter à
ces jours de miel, ces jours délicieux que l’on préfère ‘’aux piqûres d’abeilles’’ »
l’administrateur
provisoire
d’Alexandre Seurat
En ce moment, la question des origines
devient obsessionnelle.
ce livre est d’abord l’histoire d’un secret
de famille, un roman entre documentaire
et fiction. Au début du récit, le narrateur
découvre que la mort de son jeune frère
est liée à des non-dits familiaux. Il interroge donc ses proches et devant leur silence embarrassé, mène ses proches
recherches.
Il découvre alors que son arrière-grand-père a participé à la confiscation des
biens juifs durant l’occupation. Un passé que toute la famille préfère ignorer
et banaliser les faits. mais ce qui fait mal, c’est de découvrir la personnalité
de cet administrateur, raoul H… très avide de s’enrichir sur le dos de ces
petits artisans ; et cette hargne particulière qu’il met à s’en prendre à ses victimes, à leur soutirer le plus d’argent possible.
Il faut rappeler que ces malheureux étaient souvent des immigrés de fraîche
date arrivés en France dans les années 1930. c’est à leur parcours que ce
livre tente de rendre hommage, en racontant le destin de deux de ces hommes
morts en déportation. et on comprend que ce sombre passé n’a pas été sans
conséquence sur la vie du narrateur, d’autant que la morgue et le mépris du
grand-père qui continue à croire d’avoir bien agi sont impressionnants.
c’est un livre très intéressant, bien que certains chapitres semblent un peu
ardus dans le mélange histoire et fiction, qui renoue avec une période noire
de notre histoire. A mon humble avis, c’est un récit que doivent lire les jeunes
générations non-juives souvent bouleversées par les actes de leurs grandsparents. Une question que pose ce livre : « doit-on se sentir coupable des actes
commis par nos ancêtres ».
Annie Beck
avivmag n°209 septembre 2016
35
Humour
seul en scène
“les fées se sont penchées sur son berceau”
rencontre avec michaël Hirsh
entretien
mIcHAëL HIrScH eN 5 dATeS
michaël Hirsch grandit à metz et fait ses études à reims. Il est
diplômé de l’école de commerce Sup de co reims.
de 2011 à 2013, il est élève de Jean-Laurent cochet et de Jos
Houben au cours Jacques Lecoq.
en 2012, il joue dans Votre Maman de Jean-claude Grumberg,
mise en scène par charles Tordjman aux côtés de Pierre Arditi,
christine murillo et dominique Pinon. La pièce est enregistrée
et diffusée sur France culture.
en 2012, il rejoint la troupe The Big Cat Compagny, créée par
Pierre boucard.
en 2014, il crée POURQUOI?, son premier spectacle seul-enscène, qui lui permet de devenir le lauréat du Grand Prix du
Jury 2016 du 35° festival d'humour à Vienne ainsi que celui du
Grand Prix de l'humour 2016 du 27° Festival de morges-Sousrire.
en 2016, il crée une chaine Youtube intitulée Lettre Ou Ne Pas
Lettre. chaque épisode prend la forme de la rédaction d'une lettre afin de traiter de sujet d'actualité avec humour.
36
aviv Mag n°209
Q
uelle impression gardes-tu
de ton passage à toulouse et
du public du théâtre du
grand rond ?
Très très agréable ! Super soirée passée
ensemble, un accueil très chaleureux et
un très bon moment que j'ai pu partager
avec les spectateurs. On a pu prolonger
l'expérience après le spectacle et discuter
avec les gens. Ils étaient très contents.
c'était un vrai plaisir !
il y a une question que l'on s'est posée.
il y avait dans le public ceux qui
venaient d'Hébraïca et d'autres qui
étaient venus par leur propre connaissance de ton spectacle. Y a t-il une
différence entre un public juif et un
public « lambda » ?
Non, je ne crois pas vraiment. Il y a une
sensibilité un peu différente et je sens
des rires un peu différents sur certains
moments du spectacle mais rien de très
différent. chez les Juifs, ça parle un peu
plus dans la salle ! Ça commente un peu
plus ce qui se passe sur scène !
Pourquoi à ton sens ?
Je ne sais pas, c'est curieux. Hier soir, il
y avait un groupe de femmes qui étaient
au premier rang qui commentaient entre
chaque sketch, entre chaque blague.
c'était assez rigolo. Peut-être est-ce
l'idée de se sentir un peu plus à la maison
parce que l'on est ensemble et d'avoir
moins la barrière vis-à-vis de ce qui se
passe sur scène.
a propos, as-tu reçu une éducation
juive ?
Oui, j'ai eu une éducation religieuse
juive à metz, j'étais au Talmud Torah
toute ma jeunesse, et comme je vivais en
Alsace moselle, on avait aussi des cours
d'éducation religieuse à l'école. J'étais
très impliqué dans la communauté
puisque j'étais aux eI* pendant 15 ans.
notre thématique des journées de la
culture juive est « Heureux comme un
Juif en France ». Quelle est ta position
sur cette assertion que l'on tente ?
Je suis totalement de cet avis et je suis
ravi d'avoir pu participer au lancement
de cette thématique-là pour cette année
parce que je crois que c'est important de
vivre globalement dans la joie. Je crois
que c'est Prévert qui disait : « Il faut être
joyeux, au moins pour faire croire aux
autres que ça peut exister ! »
Je trouvais ça très drôle. Je viens d'une
famille des plus ashkénazes, la joie de
vivre n'est pas ce qui nous caractérise le
mieux. mais ça me paraît essentiel et je
crois que l'on a besoin de se sentir
joyeux. On a tendance à dramatiser les
choses. La situation n'est pas la plus
idéale qui soit. Seulement il y a beaucoup de pays dans le monde où c'est
encore pire. Il ne faut pas oublier de se
le rappeler, ni de se souvenir que la
France a été et reste un pays extraordinaire pour les Juifs.
Je suis un vrai juif de diaspora. Je crois
beaucoup à cela. Je crois beaucoup à
l'importance de notre action dans ce
pays. cela fait partie aussi de ma culture
scout, c'est-à-dire l'idée d'être vraiment
actif au cœur de la cité et d'en être un
membre. Pour moi, le judaïsme est un
bonus. dans ma vie de tous les jours, ça
relève de ma vie privée et ça m'amène
une vision positive de la vie et un éclairage qui est celui du questionnement.
On a toujours tendance à dire que le
doute est une chose négative alors que,
bien au contraire, c'est le doute qui nous
rend vivant. donc « Heureux comme un
Juif en France » ça veut dire pour moi :
vivant au sens de profiter de la vie.
si j'essaie de prolonger ta pensée, en
t'entendant parler du scoutisme, en
voyant le métier que tu as choisi, ta
façon de vivre le judaïsme, n'est-ce pas
essayer d'être utile aux autres ?
* eclaireurs Israélites
etre utile, être un passeur, un transmetteur, ça
donne une autre dimension à sa vie. chaque être
humain a besoin d'être guidé par quelque chose
qui le dépasse.
dans mon métier, c'est être utile en faisant sourire et en partageant avec les gens une vision
positive de ce monde. La manière dont on envisage le monde aujourd'hui est essentielle car si
l'on s'imagine, d'ores et déjà, un futur terrible,
alors il sera encore plus terrible. d'ailleurs, l'humanité a toujours été très forte, il suffit de voir
les montants que l'on a investi dans le cinéma
pour imaginer des films
catastrophes. c'est amusant car ça ne nous
viendrait pas du tout à l'esprit de dépenser les mêmes
montants pour des films
miracle ! On a besoin
d'imaginer quelque chose
de beau, avec plein d'espoir
parce que si, aujourd'hui,
les jeunes générations naissent dans ce monde et
qu'on leur dit : ce monde
est pourri mais je t'ai quand
même mis au monde, c'est
un cadeau sacrément
empoisonné qu'on leur fait.
Ce point d'interrogation
qui arrive au milieu de
ton spectacle, c'est ton
alter ego, ton second
personnage, ton associé ?
Comment
le
définirais-tu ?
c'est le personnage principal. Je le pense
profondément, ce n'était pas une évidence au
début quand j'ai construit ce spectacle. Puis
je me suis rendu compte, petit à petit, que
c'était lui qui reliait toutes mes histoires : le
questionnement, l'interrogation. La beauté
du pourquoi et la supériorité des mots interrogatifs, c'est de mettre en valeur l'absurdité
du monde et donc de le désarmer un peu. en
même temps, c’est une porte ouverte sur la
fiction et le merveilleux, le poétique. c'est le
moment où l'on redevient maître à bord, maître de son propre doute, ce qui paraît
toujours paradoxal. mais il n'y a que comme
cela que j'arrive à vivre. Quoi que je fasse, je
me pose mille questions, alors par réflexe de
survie, j'ai envie de prendre le pas sur le
doute en l'acceptant.
tu as travaillé le spectacle à deux avec Yvan
Calberac et tu fait partie d'une compagnie,
comment es-tu venu au “one man show” ? estce un choix fondé ou le hasard ?
c'est un peu le hasard. Quand j'ai commencé à
écrire, c'est la première forme qui est venue. ce
que je défends sur scène avec Pourquoi?, c'est un
seul en scène humoristique avec un gros travail
sur la langue. Je crois aujourd'hui que c'est ce
qui manquait en tant que spectacle. Une forme
d'humour que défendaient raymond devos,
Pierre dac, Pierre desproges. On est toujours
à la frontière entre la pertinence et l'impertinence, entre le tendre et le poétique. Ils
racontaient des histoires, c'est l'essentiel au théâtre, c'est ce qui m'a toujours guidé dans mon
ancienne vie professionnelle, quand je faisais de
la pub ou maintenant dans ce métier-là. Quand
il s'est agi de faire vivre ce texte, je me suis rendu
compte tout de suite que c'était la vie d'un personnage et que c'était un seul en scène.
maintenant je ne ferme aucune porte, ni à l'idée
de retravailler en collectif parce que c'est très
enrichissant et très agréable aussi d'avoir des
copains sur scène avec soi. Peut-être que viendra
le temps de faire vivre plusieurs personnages sur
un plateau.
c'est une expérience tellement drôle que tu vas
peut-être la renouveler ?
c'est possible. effectivement il ya plusieurs personnages dans le spectacle. Je parlais d'écrire
pour plusieurs comédiens.
le sketch hilarant du sommeil, évoque le
groupe des “homo ça pionce”, qui veut absolument vivre allongé. Comment t'est venue cette
histoire ?
Il y a eu deux choses qui se sont assemblées. Un
jour, j'ai lu la bible de l'humour juif de marc
Alain Ouaknine. Le
préambule est absolument
saisissant. Il parle d'une
notion de Talmud qui
s'appelle
le
« Tsim
tsoum » : l'idée de rapprocher deux idées qui n'ont
rien à faire ensemble pour
créer une nouvelle idée.
c'est ce qui se passe dans
le monde des “homo-çapionce”.
L’autre, c’est que j’'ai toujours été un grand
dormeur et je me souviens
un jour m'être levé à 15
heures après avoir fait une
grande sieste dans la journée et d'avoir retrouvé
mes parents à table.
J'étais très heureux
d'avoir dormi. Je leur ai
dit : « Vous m'avez fait à
l'envers, moi je suis fait
pour vivre à l'horizontale ! » Il y a quelque
chose qui s'est éclairé en moi. Vivre à l'horizontale, qu'est-ce que ça raconte ? de là est née la
fable de cet homme qui a du mal à faire accepter
sa différence. Souvent on n'est pas très tolérant
vis à vis de la différence. On devrait considérer
ça comme une richesse. cet homme, parce que
sa différence n'est pas adaptée, va essayer de
trouver des gens comme lui pour vivre son utopie, créer son monde, sa nation. c'est comme ça
qu'est né ce texte. Il y a des choses que j'ai envie
de faire avant d'écrire et puis ce sont les mots qui
décident pour moi, eux qui m'ont guidé dans
cette histoire de l’ « Homo ça pionce ».
et voilà, le dernier mot revient aux mots !
C'est déjà le cas puisqu'on te voit dialoguer
avec un personnage qui est à la mode depuis
des années, l'infatigable Fabrice luchini et ça,
Propos recueillis par Pierre Lasry
avivmag n°209 septembre 2016
37
carnet
disparitions
la compagne d’alfred nakache
n’est plus
Marie et alfred nakache dans les années 1980
MARIE NAKACHE, l’épouse du champion de natation Alfred Nakache, bellesœur de Prosper, de Robert Nakache et de
l’ensemble de cette belle fratrie, est décédée le samedi 24 septembre 2016 à Sète, à
l’âge de 92 ans.
Femme d’exception, fidèle et droite, elle a
permis à Alfred de se raccrocher à la vie
Marie nakache photographiée dans sa ville de sète
après qu’il ait survécu aux horreurs de la
barbarie allemande en 1944 et que sa
femme Paule et sa fille Annie aient péri
dans les camps extermination.
Nous ne pouvons qu’honorer sa mémoire,
elle qui n’a eu de cesse d’honorer sans relâche et dans la plus grande droiture, celle
d’Alfred son époux.
DN
Sophie castiel
la disparition de
léa sandler-Marcu
La sœur de Samuel Sandler, dont le fils et les deux petits fils ont été assassinés à Toulouse en mars 2012,
Léa Sandler-Marcu, est décédée à Jérusalem, le 12
septembre dernier.
Fille d’un couple de juifs allemands réfugiés en France
pendant la guerre, Léa fait des études de psychologie
avant d’entreprendre une brillante carrière de journaliste, puis de traductrice. Après le décès de leur fils,
Michel (1958-1974), elle part vivre en Israël avec son
mari, trop tôt disparu. C’est là qu’elle apprend, le 19
mars 2012, l’ignoble assassinat de son neveu et de ses
deux enfants, à l’entrée de l’école Ozar Hatorah, aujourd’hui Ohr Torah à Toulouse.
Elle avait déclaré au lendemain de la mort de son
neveu : “Il voulait donner aux autres ce qu’il avait
reçu. Il était modeste et heureux avec sa femme et ses
enfants”. Son courage, dans de telles épreuves est un
puissant antidote contre le désespoir.
Naissances
à Toulouse
5 oct 16
ALLOUcHe
raphael Yéhouda
9 nov 16
GrUmbAcH
Solal Philippe Abraham
19 nov16
ATIA Yakir
participé avec enthousiasme, parce qu'on n'est
jamais Juif seul et qu'il doit exister un cadre
pour transmettre.
Notre mère aurait sans doute aimé enseigner
mais sa santé ne l'a pas permis et c'est avec
nous, en Yiddishe Mamme, qu'elle partageait ses
passions : les livres, les musées et tout ce qui
nourrit l'esprit.
Nicole Garbarsky-Yardeni
Nadine Assoun-Garbarsky
Alain Garbarsky
mariages
… ailleurs
… et ailleurs
15-août-16
11-nov-16
edeLmAN Shmouel
Paris
Le Monde du 2-3 octobre 2016
Notre père a été notre Maître, puisque nous
sommes tous les trois devenus dentistes,
comme son père avait été le sien. Mais bien audelà de cela, il est un exemple qui nous accompagne. Aujourd'hui, comme de son vivant,
nous tentons de comprendre cette noblesse,
cette intelligence de l'âme et du coeur, cette élégance du comportement de chaque instant malgré la maladie, cette bonté, toutes ces qualités
qui en faisait ce qu'on appelle en Yiddish : un
Mentsch.
Nous sommes heureux que leurs 8 petits-enfants qu'ils adoraient les aient connus.
Nous sommes reconnaissants à ceux qui se
souviennent d'eux.
Pour nous, nos parents sont éternels.
19-nov-16 ZAGOUrI Kokhava esther
23-juin-16
21-août-16
dévoilement d'une plaque à la mémoire d'anna et d'Henri garbarsky
dans la synagogue du 17, rue d'alsace-lorraine
Participer grâce aux nouvelles technologies à
la transmission du patrimoine culturel juif, cela
ressemblait tant à nos parents. Le Rav Moché
Chein et son beau-père le Rav Yossef Matusof
connaissaient bien nos parents Anna et Henri
Garbarsky. Ils connaissaient leurs histoires.
La fuite de l'Allemagne pour notre père, à l'âge
de 10 ans, quelques mois après la Nuit de Cristal, l'exode depuis Metz sous les bombardements allemands pour notre mère, alors qu'elle
n'avait que 6 ans, leur survie, si périlleuse à
chacun, pendant l'Occupation, les tragédies familiales, la reconstruction après cette guerre
qui avait vu disparaitre leur monde.
Malgré leurs enfances dévastées, ils ont choisi
la vie. Ils ont, avec une formidable énergie,
avec amour, construit leur vie à Toulouse, une
ville qui d'une certaine façon les avait abritée,
dans cette communauté juive à laquelle ils ont
bat mitsva
bar mitsva
18-sept-16
ZerdOUN mattéo
29-sept-16
GUedJ Ilan
23-août-16
31-oct-16
beNSAId Jonathan /
AbeNAIm Joy
marseille
29-oct-16
AmSeLLem
Armand Jacques
06-nov-16
rOSeNberG Juliette
04-nov-16
mAAreK Georges
16-nov-16
cHeKrOUN edmée
17-nov-16
ALLIeL Ourida rose
21-nov-16 ZemmOUr claude Simon
28-nov-16
beNSOUSSAN reine
SOUSSAN mickael /
ATLAN estelle
(Israel)
30-nov-16
AmSeLLem Alice
08 déc 16
KeLIF elie
LAcHKAr Jordan /
eL HAIK déborah
(marseille)
cHOcrON Armand /
ZerbIb elisheva
(Israel)
bILFeLd Ari
27-oct-16
OHANA Harry
28-oct-16
cHOUcrOUN ethan
30-oct-16
bedOUcHe elie Gil
11-nov-16
ObAdIA Yorane
04-déc-16
SebOUN--KHAm enzo
21-sept-16
cOHeN elie
22-déc-16
derHY Ari
19-sept-16
mIcHeL
née beNdAOUd rachel
14-sept-16
mASSAcreT
née cZArNAS Simone
19-sept-16
beNOUAIcH Henry
raanana (Israël)
AZrA Philippe
TOLedANO Jacques
02-oct-16
STrOUK Ouri
31-oct-16
26-nov-16
bILFeLd Léo
25-oct-16
KNAFO emile
ATLAN brice /
ederHY Joan
(Israel)
02-oct-16
… et ailleurs
26-oct-16
… et ailleurs
04-oct-16
ZemmOUr Pierre
(Hyeres)
29-oct-16
AmAr esther
Jérusalem (Israel)
01/12/2016
david meLKA
(bonneuil sur marne)
décès
26-sept-16 SeLLem Yvette Fortunée
07-oct-16 bOUHANA Sylvain Simon
10-oct-16
LeVY
née ZYLberberG béatrice
38
aviv Mag n°209
11-oct-16
SeLLem maxime
14-oct-16
mALKA renée
avivmag n°209 septembre 2016
39
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