Les facteurs facilitant le maintien à domicile du patient en fin de vie

Les facteurs facilitant
le maintien à domicile
du patient en n de vie
État des lieux, 81 % des Français
souhaiteraient pouvoir mourir à domicile
Selon une étude sur la qualité de la fin de vie menée dans quarante pays en
2010, la France se situe en douzième position, dix-septième position pour la
qualité de la fin de vie et vingt-troisième position pour laccès aux soins
palliatifs [1].
Selonlecentredépidémiologie sur les causes médicales de décès en
France (CépiDC) en 2008, 58 % des décès sont survenus en établissement
hospitalier, 27 % à domicile et 11 % en maison de retraite. La majorité
des Français, 81 % selon un sondage sur un échantillon de 1 500
personnes bien portantes en 2010, souhaiteraient pouvoir mourir chez
eux [2]. Il existe donc véritablement un contraste franc entre le désir des
malades de mourir chez eux et la réalité dune majorité de décès à
lhôpital.
Un médecin généraliste accompagne en moyenne un à trois patients en n
de vie chaque année, la proportion de médecins généralistes formés aux
soins palliatifs étant encore faible [1]. Ces soins demandent souvent
beaucoup dénergie, de temps, et nont pas de cotation spécique dans le
système de rémunération à lacte.
Selon les statistiques du CépiDC [1], les hommes meurent plus à lhôpital que
les femmes. En maison de retraite, il y a logiquement plus de décès de
femmes, celles-ci étant les principales occupantes de ces lieux. Les personnes
mariées meurent plus souvent à lhôpital que les divorcées et les célibataires.
Les personnes âgées de plus de 90 ans meurent plus à domicile que les plus
jeunes.
Les décès à lhôpital concernent plus les patients atteints de cancers, AVC,
maladies respiratoires, digestives et neurologiques dégénératives (SLA,
SEP) ; les décès à domicile concernent plus les malades atteints de
maladies cardio-circulatoires, maladie de Parkinson, troubles psychiatri-
ques. On peut expliquer ceci par la technicité plus importante et les
possibilités thérapeutiques accrues pour les cancers, la difculté parfois de
passer en « phase palliative ». Le plan gouvernemental « AVC » a
augmenté la prise en charge hospitalière de ces maladies, et donc les
décès hospitaliers.
Pouvoir permettre à un proche de rester chez lui jusquau bout, si cest son
souhait, représente un engagement moral qui nest pas toujours facile à
tenir tant il est difcile de voir souffrir quelquun quon aime, que ce soit une
souffrance physique, psychique, existentielle...
Face à ce constat nous avons voulu étudier quels pourraient être les facteurs
favorisant ou limitant les possibilités de n de vie à domicile chez des
patients atteints de maladie chronique. Nous avons réalisé une étude
descriptive des facteurs inuant la n de vie et le décès à domicile chez
95 patients décédés en Gironde en 2012.
Recherche en soins primaires
VIE PROFESSIONNELLE
ÉDECINE
86 MÉDECINE Février 2016
François Pétrègne, Yves Montariol,
Catherine Prabonneau, Sylvie
Duhamel, William Durieux
Universit
e de Bordeaux, D
epartement de
m
edecine g
en
erale, 146 rue L
eo Saignat,
33000 Bordeaux
Tir
es à part : F. P
etrègne
Résumé
Selon le centre dépidémiologie sur les
causes médicales de décès en France en
2008, 58 % des décès sont survenus en
établissement hospitalier, 27 % à
domicile et 11 % en maison de retraite.
La majorité des Français souhaiteraient
pouvoir mourir chez eux : 81 % selon
un sondage sur un échantillon de 1 500
personnes bien portantes en 2010. Il
existe donc véritablement un contraste
franc entre le désir des malades de
mourir chez eux et la réalité dune
majorité de décès à lhôpital.
Mots clés
accompagnement de la fin de la vie ;
directives anticipées.
Abstract. Factors facilitating the
patient to stay at his home in the end
of his life
According to the Epidemiology Centre
on the medical causes of death in
France (INSERM) in 2008, 58% of
deaths occurred in hospital, 27% at
home and 11% in retirement home.
The majority of the French would like
to die at home: 81% according to a
survey on a sample of 1,500 people in
good health in 2010 [2]. There is
therefore a truly sharp contrast
between the desire of patients to die at
home and the reality of the majority of
deaths at hospital.
Key words
hospice care; advance directives.
DOI: 10.1684/med.2016.23
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Matériel et méthode
Nous avons réalisé une enquête rétrospective en inter-
rogeant un échantillon de médecins généralistes de
Gironde sur leur dernier patient décédé [3].
La méthode retenue a été une analyse quantitative des
données dun questionnaire élaboré suite à une revue de
la littérature et des tests sur des médecins témoins.
Léchantillon comportait 95 patients, 57 décédés à
domicile et 38 à lhôpital. Lanalyse statistique visait à
comparer les patients décédés à domicile et à lhôpital
selon certains critères pouvant inuer sur le lieu de décès.
Nous avons choisi de ne pas différencier les domiciles
privés des maisons de retraites, celles-ci étant le véritable
lieu de vie de la personne âgée.
Lobjectif principal de cette enquête était donc de mettre
en évidence des éléments pouvant expliquer « le con-
traste » entre la volonté dune majorité de Français de
mourir chez eux et la prédominance des décès hospitaliers.
Lobjectif secondaire était de pouvoir faire des proposi-
tions concrètes pour améliorer les souhaits des individus.
Nous voulions avant tout pouvoir faire des propositions
andaméliorer les conditions de prise en charge des
patients en n de vie, et certains paramètres nous sont
apparus peu modiables : caractères sociologiques (sta-
tut matrimonial, isolement, origine ethnique, niveau
socio-économique et catégorie socio-professionnelle),
caractères liés à la maladie, lévolution de la société dans
son approche de la mort...
Sur un total de 1 410 médecins généralistes en Gironde,
193 ont été tirés au sort. Après contact téléphonique, 167
ont accepté de participer. Le recueil de données sest
effectué entre le 17 février et le 7 mars 2012.
Résultats
Sur 167 envois, nous avons reçu 80 questionnaires papier et
20 réponses par Internet (tableau 1). Le taux de réponse est
Tableau 1. Circonstances du décès en fonction du contexte et des souhaits exprimés des patients concernant leur n de vie
Variable Modalité Effectif OR 95 % IC
Formation en SP Médecin formé ou non 33/62 0,58 0,25-1,38
Distance cabinethôpital
y
<10 km / > 10 km 60/35 2,56 1,09-6,05
Âge du patient
y
> 65 ans/31-64 ans 94 3,87 1,37-10,94
Genre du patient Femme/Homme 94 1,38 0,60-3,15
Durée dévolution de la maladie >6 mois/<6 mois 95 0,90 0,33-2,44
Maladie cancéreuse
y
Oui/Non 61 0,40 0,16-0,99
Maladie neurologique Oui/Non 17 0,94 0,32-2,74
Maladie cardiovasculaire Oui/Non 28 1,61 0,64-4,08
Souhait du malade sur son lieu de décès
y
Domicile/Hôpital ou pas
de souhait exprimé
60/34 8,43 3,02-25,47
Souhait du malade sur son lieu de décès
y
Domicile/Pas de
souhait exprimé
60/27 5,99 2,04-18,74
Souhait du malade sur son lieu de décès Domicile/Hôpital 60/7 INF *
Présence de famille, entourage Oui/Non 83/12 2,35 0,69-8,04
Présence dinrmiers Oui/Non 67/28 0,77 0,31-1,93
Patient en HAD Oui/Non 22/73 1,58 0,58-4,34
Patient suivi par un RSP Oui/Non 23/72 0,52 0,20-1,34
Présence daides-soignants Oui/Non 23/72 0,66 0,25-1,69
Présence dauxiliaire de vie/aide-ménagère Oui/Non 38/57 0,86 0,38-1,99
Présence dun kinésithérapeute Oui/Non 40/55 0,84 0,36-1,92
Présence dun psychologue Oui/Non 6/89 0,65 0,12-3,40
Consignes en cas dabsence Oui/Non 63/28 0,79 0,31-1,99
Téléphone personnel du MT Oui/Non 19/76 0,90 0,32-2,49
Trousse durgence à domicile Oui/Non 14/81 0,87 0,28-2,75
Prescriptions anticipées personnalisées Oui/Non 54/41 0,93 0,41-2,13
y
Variables pour lesquelles il y a une différence signicative entre les groupes « décès à domicile » et « décès à lhôpital ».
*INF : la totalité des patients souhaitant décéder à lhôpital y étant morts, il ny a aucun cas contraire (mort à domicile chez un patient souhaitant
mourir à lhôpital), et dans cette étude le calcul de lOdds ratio nétait pas possible.
MÉDECINE Février 2016 87
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donc de 59,9 %. Après élimination des réponses non
exploitables, il restait 95 réponses. Les 95 médecins
interrogés ont en moyenne 52,9 ans, il sagit dhommes
dans 78,9 % des cas, et de femmes dans 21,1 %, dont 63,2 %
dentreeuxsontinstallésàmoinsde10kmdelétablisse-
ment hospitalier le plus proche, et 36,8 % à plus de 10 km.
Létude a concerné 52,1 % de femmes et 47,9 %
dhommes. Aucun patient concerné par cette enquête
nétait âgé de moins de 30 ans, 21,3 % avaient entre 31 et
64 ans et 78,7 % avaient plus de 65 ans.
60 % des patients sont décédés à domicile ou en maison
de retraite (soit 57 cas) et 40 % dans un établissement
hospitalier (soit 38 cas).
Les causes de décès
Les patients décédés étaient atteints de cancer dans
64,2 % des cas, de maladie cardiovasculaire dans 29,5 %
des cas, de maladie neurologique dans 17,9 % des cas et
dune autre pathologie dans 5,3 % des cas. Les autres
maladies citées étaient : linsufsance respiratoire, mixte
ou post-BPCO.
La durée dévolution de leur maladie avant le décès a été
de moins de 6 mois dans 22,1 % des cas, et plus de 6 mois
dans 77,9 % des cas.
Concernant leur souhait sur leur lieu
de décès
70,6 % des patients (67) sétaient exprimés, majoritaire-
ment pour nir leurs jours chez eux dans 63,2 % des cas, à
lhôpital dans 7,4 % des cas. 29,4 % des patients (28) nont
pas exprimé leur volonté. Tous les patients souhaitant
mourir à lhôpital (7) y sont décédés. 78 % des patients (74)
souhaitant mourir à domicile y sont décédés. Quant à ceux
qui nont pas exprimé de volonté particulière, ils sont morts
àlhôpital pour 64 % dentre eux (18).
Concernant leur accompagnement
à domicile
87,4 % des malades étaient entourés de membres de la
famille et/ou dun entourage amical, 24,2 % étaient suivis
par un réseau ou une équipe mobile de soins palliatifs,
23,2 % bénéciaient de lHAD.
Les circonstances de lhospitalisation
Sur 38 hospitalisations, le décès est survenu au bout de
moins dune semaine dans 59,5 % des cas, et plus dune
semaine dans 40,5 % des cas.
Dans 68,4 % il y avait des symptômes difciles à
contrôler, dans 52,6 % une souffrance des aidants
familiaux, dans 13,2 % le patient était trop isolé, dans
2,6 % il y a eu des difcultés à trouver des collaborateurs
paramédicaux, dans 10,5 % ce sont dautres raisons qui
ont motivé lhospitalisation (nécessité damputation, AVC
et altération importante de létat général, arrêt cardio-
respiratoire survenu tôt dans lévolution de la maladie,
isolement du médecin traitant, nécessité de ponctions
pleurales itératives, détresse respiratoire).
Les patients porteurs de cancer étaient les plus
nombreux, et sont morts autant à domicile quàlhôpital
(odds ratio : 0,40 ; IC 95 % : 0,16-0,99). En revanche les
patients qui navaient pas de cancer sont beaucoup plus
souvent morts à domicile. Dans cette étude, les patients
cancéreux avaient donc moins de chance de mourir à
domicile que les patients non cancéreux.
Les patients ayant exprimé le souhait de mourir à
domicile avaient beaucoup plus de chance de mourir
effectivement chez eux que ceux nayant pas exprimés de
souhait.
Le fait dexprimer un souhait de lieu de décès est donc
dans cette étude un critère primordial, puisque tous les
patients souhaitant mourir à lhôpital y sont décédés, et
que la grande majorité de ceux souhaitant nir leurs jours
à domicile ont pu le faire.
Discussion
Malgré le souhait dune majorité de Français de mourir à
domicile (EHPAD inclus), ils ne sont nalement que
37,1 % à le réaliser en 2010) [4].
Les médecins généralistes sont impliqués dans la gestion
de la n de vie à domicile ; ils suivent une à trois situations
en moyenne par an [5].
Une récente revue de la littérature a analysé les facteurs
inuençant le lieu de décès qui peuvent être classés en
trois catégories :
des facteurs sociodémographiques et personnels (sexe,
âge, état matrimonial, soutien de la famille, préférence
du patient, niveau détudes) ;
des facteurs épidémiologiques (la cause du décès,
lévolution de la pathologie, le statut fonctionnel du
patient) ;
des facteurs « écologiques » (caractère rural/urbain,
densité hospitalière, niveau déquipement en maison de
retraite et offre de soins de proximité) [6].
Dautres facteurs possiblement associés au lieu de décès
de patients cancéreux ont été rapportés : les croyances, la
culture, lethnie, la relation avec les soignants, le type de
tumeur, le soutien familial, le support sanitaire [7].
La préférence du patient pour le domicile était lun des
facteurs associés au décès au domicile [8]. Selon une revue
de la littérature publiée en 2000, la préférence des
patients pour le domicile comme lieu de décès variait de
48 à 100 % [6].
Dans notre étude nous avons mis en évidence des
éléments qui inuencent le décès à domicile :
le souhait exprimé par le malade de nir ses jours à son
domicile ;
un patient âgé de plus de 65 ans ;
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un patient nétant pas atteint de cancer ;
un cabinet médical peu éloigné du centre hospitalier le
plus proche (moins de 10 km) ;
la présence de la famille ;
un patient en HAD ;
le souhait exprimé par le malade de nir ses jours à son
domicile.
Nous avons vu que selon un sondage de 2010 [2]
sintéressant à des personnes bien-portantes, 82 % des
Français souhaitaient nir leurs jours chez eux. Mais il a
déjà aussi été démontré que la volonté de mourir chez soi
pouvait varier selon les stades de la maladie [9] et les
conditions de la n de vie : disponibilité daidants
familiaux, symptômes difciles à contrôler, angoisse...
Il est important de recueillir le souhait du patient
notamment dans les directives anticipées [5]. Dans notre
étude, les patients qui avaient exprimé le désir de mourir
chez eux avaient quasiment 6 fois plus de chance de voir
ce souhait exaucé que ceux qui navaient pas fait part
dun souhait particulier et qui sont morts à lhôpital dans
63 % des cas.
Un patient âgé de plus de 65 ans
Dans notre étude, les patients âgés de plus de 65 ans,
avaient presque 4 fois plus de chance de mourir chez eux
que les patients plus jeunes.
Pour autant, dans la littérature, lâge ne semble pas être
un facteur majeur inuençant les lieux de décès sauf pour
les 90 ans et plus où une majorité dentre eux meurent à
domicile [2].
On peut penser que la mort dun proche est certainement
plus facile à accepter lorsque celui-ci est âgé, ceci étant
dans lordre des choses, et pour les patients plus jeunes,
lentourage sollicite les médecins pour les hospitaliser.
Un patient atteint de cancer
Notre étude a retrouvé que le fait dêtre atteint de cancer
est un facteur favorisant le décès à lhôpital. Nous
navions pas fait de différence entre les différents
cancers. Dans les études à notre disposition, les résultats
sont variables.
72,8 % des patients présentant une tumeur maligne
décèdent à lhôpital contre 24,5 % à domicile [2].
Lâge en général plus jeune des patients cancéreux peut
également expliquer une hospitalisation terminale,
lentourage ayant plus de difculté à accepter la mort
de leur proche, et souhaitant faire « tout ce qui est
possible », même à la n.
On peut aussi penser que lévolution des cancers est
souvent plus rapide que celle des autres pathologies. Il est
donc plus difcile danticiper la prise en charge et de
prévoir un maintien ou un retour à domicile dans les
meilleures conditions.
Un cabinet médical peu éloigné
du centre hospitalier le plus proche
(moins de 10 km)
Notre étude a retrouvé que le fait dhabiter à proximité
dun hôpital favorisait le décès à domicile. Les patients
des médecins situés à moins de 10 km dun hôpital
avaient en effet environ 2,5 fois plus de probabilité de
mourir chez eux que les autres. Dans dautres études on
retrouve des résultats inverses [10].
On peut supposer que lentourage familial serait plus
susceptible de soccuper de son proche à domicile quand il
se sentirait rassuré de la proximité dun hôpital qui
pourrait prendre le relais en cas dépuisement. Ce
point reste cependant à conrmer par des études
complémentaires.
Présence de la famille
Il semble logique quil y ait plus de facilité à nir ses jours
chez soi lorsquon est entouré. Cet élément a déjà été
prouvé, avec certaines nuances selon les études [11].
Différentes études soulignent leffet positif de vivre avec
plusieurs personnes chez soi, cest-à-dire pas seulement
en couple [12]. Une mésentente familiale, des difcultés
de communication entre soignants et entourage, une
méconnaissance ou un déni du pronostic, une famille
éloignée géographiquement sont des facteurs limitant le
maintien au domicile [13].
Les proches deviennent aidants ; sans eux rien nest
possible avec un investissement jusquàlépuisement ; ils
sont au cœur de laccompagnement de la n de vie à
domicile [4].
Patient en HAD
LHAD médicalise le domicile et impose un rythme [14].
Lentourage peut quitter son rôle de soignant, et mieux
proter des derniers moments de leur proche mourant,
en évitant lépuisement. Le malade et sa famille
ressentent une sécurité qui apaise ces moments difciles
[15].
Grande et al.[16] ont montré que les utilisateurs de soins
à domicile sont plus susceptibles de nir leurs jours chez
eux que les non-utilisateurs.
Fort de cet éclairage le médecin généraliste pourra
choisir, comprendre, mettre tout en œuvre pour la
réussite de cette aventure dans laccompagnement de
n de vie.
C
onclusion
La relation médecin-malade est particulière en médecine
générale : au l des ans se tisse une relation de personne
à personne, avec une connaissance profonde du patient,
qui amène le médecin à laccompagner à domicile
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jusquau bout selon ses souhaits, avec dautant plus de
succès que le patient est âgé de plus de 65 ans et quil
nest pas atteint de cancer [17].
La situation des patients en n de vie est de nos jours
caractérisée par une complexité médico-psycho-sociale.
Il sagit le plus souvent dun travail de coordination,
collectif en équipe (patient en HAD et présence de la
famille), en continuité de la prise en charge « curative ».
Il est nécessaire danticiper et organiser la prise en charge
palliative à domicile an de prévenir les hospitalisations
intempestives en cas durgence. Cet enchaînement
constitue un processus décisionnel qui comporte un
temps de délibération collégiale. « La délibération remet
en cause le risque dune éthique de la conviction et nous
initie à une éthique de la discussion. »[5].
Ce type de pratique a aussi des répercussions positives
pour le médecin :
Satisfaction davoir réalisé une tâche noble et utile,
davoir respecté un contrat moral avec le patient.
Valorisation de la pratique médicale, travail enrichis-
sant sur le plan humain et personnel, par le partage du
même combat avec le malade, son entourage et les
collaborateurs.
Reconnaissance de la famille.
Parler de la mort, écouter le malade, prévenir lépuise-
ment de lentourage, assurer la continuité de la prise en
charge, anticiper lévolution de la maladie sont des
perspectives à développer dans cette prise en charge.
Chaque praticien choisira ses limites au maintien à
domicile en sachant que léchec lorsquil survient peut
être lié à des conditions aléatoires, certains événements
intercurrents imprévisibles échappant parfois à la mise en
place des meilleures conditions. La modication de la
loi concernant la n de vie irait dans le sens dune
application plus importante des directives anticipées, et
renforcerait le rôle de la personne de conance et ainsi le
choix du patient de mourir à domicile.
~Liens dintérêts : les auteurs déclarent navoir aucun
lien dintérêt en rapport avec larticle.
RÉFÉRENCES
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2011. http://www.onfv.org/rapport-2011-un-premier-etat-des-lieux/.
2. Observatoire national de la n de vie (ONFV). Fin dun tabou ! La mort, la nde
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Les facteurs facilitant le maintien
à domicile du patient enn de vie
Les patients âgés de plus de 65 ans ont presque 4 fois
plus de chances de mourir chez eux que les patients
plus jeunes.
Le fait dêtre atteint dun cancer est un facteur
favorisant le décès à lhôpital.
Le fait dhabiter à proximité dun hôpital (moins de
10 km) favoriserait le décès à domicile.
Les patients qui ont exprimé par avance le désir de
mourir chez eux ont quasiment 6 fois plus de chances
de voir ce souhait exhaussé que ceux qui navaient fait
part daucun souhait particulier.
Une application plus importante des directives anti-
cipées renforcerait le rôle de la personne de conance
et ainsi le choix du patient de mourir à domicile.
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