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L’INFORMATION DENTAIRE n° 11 - 18 mars 2015
Utilisation des antibiotiques
vue clinique, il faudra distinguer deux formes
d’infection endodontique : l’infection localisée et
l’infection diffuse, qui tend à se propager.
Inefficacité lors d’infections
endodontiques
Pourquoi les antibiotiques sont-ils inefficaces dans la
plupart des infections endodontiques ?
Les bactéries qui parviennent à contrecarrer les défenses
de l’hôte et à envahir l’espace pulpaire, via une carie
par exemple, le font de façon graduelle et en direction
corono-apicale [7]. Elles s’organisent le plus souvent sous
forme de biofilms hautement organisés qui empêchent
les cellules immunitaires de l’hôte ainsi que les anti-
biotiques de les atteindre. La première ligne d’infec-
tion est donc constituée d’un biofilm, éventuellement
alimenté par des bactéries planctoniques provenant de
la salive ou qui se sont détachées de biofilms existants.
Progressivement, le biofilm mature entre en contact
avec les tissus de l’hôte, adhère aux parois canalaires et
recouvre la surface du tissu enflammé [10]. Cette orga-
nisation des bactéries sous forme de biofilms à
l’intérieur du système canalaire explique large-
ment le manque d’efficacité des antibiotiques
contre les infections endodontiques.
Les espèces bactériennes capables de produire des bio-
films sont plus résistantes aux antibiotiques [11].
Étant donné l’absence de circulation sanguine à l’inté-
rieur de pulpes totalement nécrosées, les antibiotiques
systémiques ne peuvent atteindre et détruire les micro-
organismes présents dans le système canalaire [12, 13,
14]. Néanmoins, ils peuvent contribuer à éviter la propa-
gation de l’infection ainsi que le développement d’infec-
tions secondaires chez les patients immunodéprimés.
Dans les cas d’infections extra-radiculaires, même si la cir-
culation sanguine au niveau du péri apex reste en principe
assez présente, certaines bactéries parviennent à adhérer
à la surface radiculaire externe grâce à la formation de
structures ressemblant à de la plaque dentaire, donc à des
biofilms extrêmement résistants face aux mécanismes de
défense de l’hôte et à l’apport d’éventuels antibiotiques sys-
témiques. Certaines bactéries, en particulier les Actinomyces
spp, formant parfois des colonies cohésives qui se nichent
même à l’intérieur de lésions inflammatoires [15, 16].
Les biofilms ne peuvent être détruits efficacement que
par disruption ou élimination mécanique, d’où l’impor-
tance du traitement local par le débridement endocana-
laire, associé à la désinfection chimique [17].
Un prochain article, à paraître le 1er avril, abordera
l’importance du geste local pour un bénéfice global
de santé publique, en évitant l’utilisation d’antibiotiques.
A partir de situations cliniques concrètes, il montrera
que le traitement local suffit à contrôler l’infection et
doit être privilégié par le chirurgien-dentiste. Il montrera
aussi que dans la plupart des cas, la prescription
d’antibiotiques adjuvants est injustifée en endodontie.
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cecilia.bourguignon@gmail.com
L’auteur ne déclare aucun lien d’intérêt.