Épidémie de
gonorrhée
en Montérégie ?
Vous la pensiez presque disparue de la carte... Pourtant, le nombre de cas de gonorrhée ne cesse d'augmenter et pourrait atteindre un
nombre record cette année en Montérégie. Le nombre de cas déclarés est passé de 47 cas en 2000 à 62 cas en 2001. Depuis le début de l'année 2002,
55 cas ont été déclarés, ce qui pourrait se traduire par un total de plus de 100 cas pour l'année 2002. Ce nombre n'est qu'une sous-estimation de la
situation réelle, puisque seuls les cas déclarés de cultures positives sont répertoriés. Il faut ajouter à ce nombre les contacts et les patients
symptomatiques traités empiriquement sans obtenir de culture.
Dès 1999, le Bureau de surveillance épidémiologique du
Ministère de la Santé et des Services sociaux et le Centre
québécois de coordination sur le sida entreprenaient une
surveillance plus étroite de l'évolution de la gonorrhée au
Québec. Ainsi, depuis juin 2000, la Direction de la santé
publique a fait parvenir un questionnaire aux médecins
ayant déclaré un cas de gonorrhée dans le cadre de
l'enquête épidémiologique. Malheureusement, les données
concernant les facteurs de risques sont manquantes dans la
plupart des formulaires reçus. Les causes de cette
recrudescence restent donc difficiles à expliquer. Nous
pouvons cependant dire qu'il y a 3 hommes infectés pour
une femme. La répartition selon l'âge montre que 43 % des
patients appartiennent au groupe des 20-29 ans et qu'un
autre 43 % des patients se situent entre 30-49 ans.
En Montérégie, cette année, les territoires des CLSC
Longueuil-Est, Longueuil-Ouest et des Seigneuries sont les
plus touchés avec au total 21 cas depuis janvier 2002
représentant 61 % des hommes atteints et 33 % des
femmes atteintes en Montérégie.
Il semble que le fait d'avoir de multiples partenaires
Demeure le principal facteur d'acquisition
pour notre territoire.
Dans le cadre de l'actuelle épidémie, une infirmière de la DSP
contactera les médecins pour recueillir les données manquantes
au formulaire d'enquête, particulièrement en ce qui concerne les
facteurs de risques. Voici les questions recommandées lors de la
visite du patient qui se présente pour un dépistage d’ITS
(infections transmises sexuellement) ou pour un test
diagnostique. Les réponses consignées dans le dossier du patient
aideront à obtenir de meilleures données de surveillance, de
raffiner les outils d'interventions et de contrôler la propagation
de la gonorrhée.
1 Nombre de partenaires sexuels au cours des 12 derniers mois ?
2 Sexe du (des) partenaire(s) sexuel(s) ?
3 Antécédents d'ITS au cours de la vie ?
4 Relation sexuelle au cours des 12 derniers mois en échange d'argent ou de drogue: reçu
par le patient (travailleur (euse) du sexe), donné par le patient (client) ?
5 Relation sexuelle au cours des 2 derniers mois avec un(e) partenaire qui réside
habituellement à l'extérieur du Québec. Si oui, pays où le patient a voyagé et pays de
résidence du (de la) partenaire ?
6 Relation sexuelle au cours des 2 derniers mois dans un contexte de sauna ?
7 Consommation de drogues dures (excluant la marijuana, le haschisch et l'alcool) ?
Le traitement de la gonorrhée demeure primordial. Le taux
de résistance à la pénicilline atteint 20 %, 3 cas sont
résistants à la ciprofloxacine et un cas est résistant à la
ceftriaxone. Il faut donc s'assurer de l'efficacité du
traitement administré. De plus, la notification des
partenaires et leur traitement est essentiel surtout dans le
contexte actuel. Voici un rappel des traitements de la
gonorrhée, tel que présenté dans les lignes directrices
canadiennes pour les MTS (édition de 1998) :
Tous les patients traités pour une gonococcie devraient éga-
lement être traités pour une chlamydia. Un traitement sous
observation directe prévoyant l’administration d’une seule
dose est souhaitable pour garantir l’observance.
Tous les partenaires qui ont eu des relations sexuelles
avec le cas index au moins dans les 60 jours précédent
l'apparition des symptômes doivent être informés,
soumis à un test de dépistage et traités.
Nous vous rappelons que les patients atteints d'une iTS ainsi que leurs
contacts peuvent se procurer gratuitement
les médicaments prescrits dans toutes les pharmacies.
Pour ce faire, vous devez inscrire
sur l'ordonnance les codes suivants :
Cas index : code K
Cas contact : code L
Il est essentiel d'obtenir de meilleures données de
Surveillance afin de cibler les interventions
pour contrôler le problème,
surtout dans le contexte actuel de recrudescence.
( a ) On ne devrait pas administrer de céfixime ni de ceftriaxone aux personnes
allergiques aux céphalosporines ou ayant déjà eu une réaction immédiate ou
anaphylactique aux pénicillinee.
( b ) Le diluant recommandé pour la ceftriaxone par voie IM est la lidocaïne à 1 %
sans épinéphrine.
(0,9 ml/250 mg, 0,45 ml/125 mg) pour atténuer l'inconfort.
( c ) La ciprofloxacine et l'ofloxacine ne devraient pas être administrées s'il est
possible que l'infection ait été contractée en Asie du Sud-Est ou s'il existe un
lien épidémiologique avec un cas de cette région. Si l'on utilise l'un ou l'autre
de ces médicaments dans un tel cas, il est recommandé d'effectuer un test de
contrôle bactériologique.
Les deux médicaments sont contre-indiqués durant la grossesse.
ADOLESCENTS ET ADULTES
Infection urétrale, endocervicale, rectale, pharyngée
(sauf dans le cas des femmes enceintes et des mères qui allaitent)
Traitement de choix :
céfixime, 400 mg per os en dose unique(a)
Traitement de remplacement (IM) :
ceftriaxone, 125 mg IM en dose unique (a) (b)
Autres traitements :
ciprofloxacine, 500 mg per os en dose unique (c) ou ofloxacine,
400 mg per os en dose unique (c)
Tous ces schémas doivent être suivis d'un traitement empirique pour une
infection chlamydienne et non gonococcique avec :
azithromycine, 1 g per os en dose unique ou
doxycycline, 100 mg per os 2 fois par jour pendant 7 jours
Notification des partenaires
Programme de gratuité des médicaments pour
le traitement des maladies transmises sexuellement