Volume 8, numéro 3—Juin 2002 ISSN # 2-89342-027-7 LE VIRUS DU NIL OCCIDENTAL SOUS HAUTE SURVEILLANCE. LA RAGE ET LA CHAUVE-SOURIS. LA RAGE ET LE RATON LAVEUR. ÉPIDÉMIE DE GONORRHÉE EN MONTÉRÉGIE ? RAPPORT ANNUEL 2001. FAITS SAILLANTS. LE VIRUS DU N IL OCCIDENTAL . . . LE VIRUS DU NIL OCCIDENTAL (VNO) A POURSUIVI SON EXTENSION GÉOGRAPHIQUE AUX ÉTATS-UNIS ET EN AMÉRIQUE DU NORD DEPUIS SON ENTRÉE À NEW-YORK EN 1999. AU TOTAL ENTRE 1999 ET 2001, IL A CAUSÉ 149 CAS D’INFECTIONS NEUROLOGIQUES GRAVES, DONT 18 DÉCÈS DANS 10 ÉTATS. EN 2001, LE VIRUS A ÉGALEMENT ÉTÉ IDENTIFIÉ DANS 28 ÉTATS AMÉRICAINS CHEZ DES OISEAUX ET DES MOUSTIQUES ET ON A RETROUVÉ 127 OISEAUX INFECTÉS DANS LE SUD DE L’ONTARIO. AUCUN CAS HUMAIN N’A ÉTÉ IDENTIFIÉ AU CANADA. IL EST PROBABLE QUE LA PRÉSENCE DU VNO SOIT DÉTECTÉE AU QUÉBEC EN 2002. Cette année encore, les médecins sont sollicités pour rechercher la présence du VNO chez leurs patients pouvant présenter des symptômes compatibles avec une encéphalite1. Le prélèvement d’une paire de sérums à 14-20 jours d’intervalle constitue une épreuve sérologique de base. D’autres tests (sérum ou LCR) seront nécessaires pour confirmer la maladie, si la première épreuve sérologique s’avère positive, notamment la détection du virus dans le LCR prélevé au début de l’infection. Selon les observations américaines, pour un cas d’infection neurologique grave, on retrouvera 30 cas de syndrome d’allure grippale et 140 cas d’infection asymptomatique. 1 Les symptômes signalés le plus souvent sont : fièvre, faiblesse musculaire, nausées, vomissements, céphalées, confusion, avec ou sans signes méningés associés. Les instances gouvernementales québécoises ont adopté en 2001 un plan d'intervention visant à protéger la population s'il y a un risque de situation épidémique au Québec. Dans le cas où la présence du VNO dans une région serait d é t e c t é e , l e s pre m i è re s mesures préventives à envisager seront d'inciter la population à : munir les portes, fenêtres et landaus d’enfants de moustiquaires en bon état ; porter des vêtements longs et de couleur claire ; utiliser des répulsifs prudemment, en suivant les instructions ; éliminer toute source Les citoyens du Québec sont invités à signaler la présence de corbeaux, corneilles et geais bleus morts ou malades au central téléphonique : De plus, le MSSS distribuera très bientôt un dépliant d'information sur la maladie et les mesures à prendre si le virus faisait son apparition au Québec. L’application ciblée de produits insecticides pouvant tuer les larves de moustiques (larvicides, à base de Bti « Bacillus thuringiensis var. israelensis ») pourra être envisagée si le virus est présent dans une région. L'utilisation d'insecticides chimiques pouvant servir à la destruction des moustiques adultes (adulticides) ne sera envisagée qu'en cas d'épidémie et si les autres mesures étaient jugées insuffisantes. (Loi modifiant la Loi de la protection de la santé publique, article 24.1) Pour plus d'informations, vous pouvez nous rejoindre ou consulter les sites internet de Santé Canada (www.hc-sc.gc.ca/pphb-dgspsp/wnv-vwn/index_f.html) et du MSSS (www.msss.gouv.qc.ca/f/sujets/index.html). Vous pouvez également vous référer à l'article écrit par Michel Couillard, Intitulé : le virus du Nil occidental à la conquête de l’Amérique, paru dans le numéro de mai 2002 de la revue « Médecin du Québec ». La rage et la chauve-souris Les chauves-souris peuvent transmettre la rage. Pour prévenir l’exposition aux chauves-souris, une affiche recommandant aux jeunes de ne pas toucher à l’animal sera diffusée sous peu dans les camps de vacances et municipalités de la province. À surveiller dans le numéro de juillet 2002 du « Médecin du Québec » : nouvel algorithme d’aide à la décision à l’égard de la prophylaxie post-exposition suite à un contact avec une chauve-souris. La rage et le raton laveur En 2001-2002, un cas de rage a été diagnostiqué chez un raton laveur à l'Île-Perrot. Il avait été contaminé par une chauve-souris. Selon l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA), aucun cas de rage dû à la souche virale du raton laveur n'a été identifié sur le territoire montérégien. Une surveillance de la rage animale reliée au raton laveur est exercée dans la portion sud de la Montérégie sur une bande de 20 km dans l’axe nord-sud. La population doit signaler la présence de renards, ratons laveurs et mouffettes trouvés morts ou encore la présence de chiens, chats, renards, ratons laveurs ou mouffettes désorientés, anormalement agressifs ou qui semblent paralysés. Le signalement se fait en tout temps au central téléphonique : « SOS Braconnage » au 1-800-463-2191 Par les années passées, les ratons laveurs avaient été vaccinés contre la rage par des appâts épandus par largage aérien. Cette année, il n’y aura pas de vaccination en sol québécois, à moins que des animaux rabiques infectés par cette variante virale ne soient diagnostiqués. Néanmoins, les autorités ministérielles québécoises vont contribuer aux efforts de vaccination de la faune avec les États-Unis et l’Ontario selon un plan visant l’arrêt de la progression et même le recul de l’épizootie dans la région nord-est de l’Amérique du Nord. ... À VOT RE AGEN DA DE L’ AUTOMN E … Cette année, le début de la campagne d'immunisation contre l'INFLUENZA a été fixé au 1er novembre 2002. Les clientèles visées seront les mêmes que l'an dernier. De plus amples informations apparaîtront dans le Sentinelle de septembre. Vous pouvez rejoindre Madame Denise Palardy au (450) 928-6777, poste 3116. Épidémie de gonorrhée en Montérégie ? Vous la pensiez presque disparue de la carte... Pourtant, le nombre de cas de gonorrhée ne cesse d'augmenter et pourrait atteindre un nombre record cette année en Montérégie. Le nombre de cas déclarés est passé de 47 cas en 2000 à 62 cas en 2001. Depuis le début de l'année 2002, 55 cas ont été déclarés, ce qui pourrait se traduire par un total de plus de 100 cas pour l'année 2002. Ce nombre n'est qu'une sous-estimation de la situation réelle, puisque seuls les cas déclarés de cultures positives sont répertoriés. Il faut ajouter à ce nombre les contacts et les patients symptomatiques traités empiriquement sans obtenir de culture. Dès 1999, le Bureau de surveillance épidémiologique du Ministère de la Santé et des Services sociaux et le Centre québécois de coordination sur le sida entreprenaient une surveillance plus étroite de l'évolution de la gonorrhée au Québec. Ainsi, depuis juin 2000, la Direction de la santé publique a fait parvenir un questionnaire aux médecins ayant déclaré un cas de gonorrhée dans le cadre de l'enquête épidémiologique. Malheureusement, les données concernant les facteurs de risques sont manquantes dans la plupart des formulaires reçus. Les causes de cette recrudescence restent donc difficiles à expliquer. Nous pouvons cependant dire qu'il y a 3 hommes infectés pour une femme. La répartition selon l'âge montre que 43 % des patients appartiennent au groupe des 20-29 ans et qu'un autre 43 % des patients se situent entre 30-49 ans. Il est essentiel d'obtenir de meilleures données de Surveillance afin de cibler les interventions pour contrôler le problème, surtout dans le contexte actuel de recrudescence. Dans le cadre de l'actuelle épidémie, une infirmière de la DSP contactera les médecins pour recueillir les données manquantes au formulaire d'enquête, particulièrement en ce qui concerne les facteurs de risques. Voici les questions recommandées lors de la visite du patient qui se présente pour un dépistage d’ITS (infections transmises sexuellement) ou pour un test diagnostique. Les réponses consignées dans le dossier du patient aideront à obtenir de meilleures données de surveillance, de raffiner les outils d'interventions et de contrôler la propagation de la gonorrhée. En Montérégie, cette année, les territoires des CLSC Longueuil-Est, Longueuil-Ouest et des Seigneuries sont les plus touchés avec au total 21 cas depuis janvier 2002 représentant 61 % des hommes atteints et 33 % des femmes atteintes en Montérégie. 5 Il semble que le fait d'avoir de multiples partenaires Demeure le principal facteur d'acquisition pour notre territoire. 6 7 Le traitement de la gonorrhée demeure primordial. Le taux de résistance à la pénicilline atteint 20 %, 3 cas sont résistants à la ciprofloxacine et un cas est résistant à la ceftriaxone. Il faut donc s'assurer de l'efficacité du traitement administré. De plus, la notification des partenaires et leur traitement est essentiel surtout dans le contexte actuel. Voici un rappel des traitements de la gonorrhée, tel que présenté dans les lignes directrices canadiennes pour les MTS (édition de 1998) : Tous les patients traités pour une gonococcie devraient éga- lement être traités pour une chlamydia. Un traitement sous observation directe prévoyant l’administration d’une seule dose est souhaitable pour garantir l’observance. ADOLESCENTS ET ADULTES Infection urétrale, endocervicale, rectale, pharyngée (sauf dans le cas des femmes enceintes et des mères qui allaitent) Traitement de choix : céfixime, 400 mg per os en dose unique(a) Traitement de remplacement (IM) : ceftriaxone, 125 mg IM en dose unique (a) (b) Autres traitements : ciprofloxacine, 500 mg per os en dose unique ( c ) ou ofloxacine, 400 mg per os en dose unique ( c ) Tous ces schémas doivent être suivis d'un traitement empirique pour une infection chlamydienne et non gonococcique avec : azithromycine, 1 g per os en dose unique ou doxycycline, 100 mg per os 2 fois par jour pendant 7 jours 1 2 3 4 Nombre de partenaires sexuels au cours des 12 derniers mois ? Sexe du (des) partenaire(s) sexuel(s) ? Antécédents d'ITS au cours de la vie ? Relation sexuelle au cours des 12 derniers mois en échange d'argent ou de drogue: reçu par le patient (travailleur (euse) du sexe), donné par le patient (client) ? Relation sexuelle au cours des 2 derniers mois avec un(e) partenaire qui réside habituellement à l'extérieur du Québec. Si oui, pays où le patient a voyagé et pays de résidence du (de la) partenaire ? Relation sexuelle au cours des 2 derniers mois dans un contexte de sauna ? Consommation de drogues dures (excluant la marijuana, le haschisch et l'alcool) ? Notification des partenaires Tous les partenaires qui ont eu des relations sexuelles avec le cas index au moins dans les 60 jours précédent l'apparition des symptômes doivent être informés, soumis à un test de dépistage et traités. Programme de gratuité des médicaments pour le traitement des maladies transmises sexuellement Nous vous rappelons que les patients atteints d'une iTS ainsi que leurs contacts peuvent se procurer gratuitement les médicaments prescrits dans toutes les pharmacies. Pour ce faire, vous devez inscrire sur l'ordonnance les codes suivants : Cas index : code K Cas contact : code L ( a ) On ne devrait pas administrer de céfixime ni de ceftriaxone aux personnes allergiques aux céphalosporines ou ayant déjà eu une réaction immédiate ou anaphylactique aux pénicillinee. ( b ) Le diluant recommandé pour la ceftriaxone par voie IM est la lidocaïne à 1 % sans épinéphrine. (0,9 ml/250 mg, 0,45 ml/125 mg) pour atténuer l'inconfort. ( c ) La ciprofloxacine et l'ofloxacine ne devraient pas être administrées s'il est possible que l'infection ait été contractée en Asie du Sud-Est ou s'il existe un lien épidémiologique avec un cas de cette région. Si l'on utilise l'un ou l'autre de ces médicaments dans un tel cas, il est recommandé d'effectuer un test de contrôle bactériologique. Les deux médicaments sont contre-indiqués durant la grossesse. Au cours de l’année 2001, 3 256 cas de maladies infectieuses et 148 intoxications par agents chimiques ont été déclarés en Montérégie. Figure 1 Distribution des maladies à déclaration obligatoire, Montérégie, 2001 (N=3 404) Intoxications par agents chimiques Zoonoses et infections transmissibles par vecteur 1% Maladies entériques 4 % 4% Maladies évitables par l’immunisation de base 26 % Maladies transmissibles par contact direct ou par voie respiratoire 56 % 8 % Maladies évitables par l’immunisation de base Infections transmissibles par contact direct ou Mis à part la coqueluche, aucun autre cas par voie respiratoire de maladie évitable par l’immunisation de base n’a été déclaré. • Infections transmises sexuellement ou par le sang • • • • Les infections transmises sexuellement demeurent les maladies les plus fréquentes. Le nombre de cas de chlamydiose génitale (1 311 cas) a continué de croître dans notre région. La fréquence des infections gonococciques est stable en 2001, mais la résistance aux antibiotiques des souches de Neisseria gonnorheae est à la hausse. En Montérégie, 29 % des souches présentent de la résistance à la pénicilline par rapport à 15 % pour l'ensemble du Québec. Les cas de sida sont à leur plus bas niveau depuis les 10 dernières années avec seulement 3 cas déclarés cette année. Les déclarations d’hépatite B aiguë ont connu une baisse marquée en 2001 passant de 32 à 14. Comité de révision : Paul-André Masson, md Stéphane Roy, md Marie St-Amour, md Mise en page : Martine Simard • La Montérégie et l’ensemble du Québec ont connu une recrudescence des infections à méningocoque du sérogroupe C au cours des sept premiers mois de l’année. Les infections invasives à pneumocoque sont toujours les plus fréquentes de cette catégorie avec 110 cas cette année. Les méningites à entérovirus, la tuberculose, les infections à streptocoque du groupe A et la scarlatine sont à la baisse. Zo onoses et infections tra nsmissibles par vecteur • • • Maladies entériques • • • Globalement, les maladies entériques sont à leur plus bas niveau depuis les 10 dernières années. Cette tendance est principalement reliée à une baisse importante des déclarations d’entérite à E. coli et d'hépatite A. 1 cas de botulisme infantile a été déclaré cette année. La consommation de miel est le facteur de risque suspecté. 3 des 4 cas de fièvre paratyphoïde B ont été associés à une éclosion provinciale reliée à des aquariums domestiques. Infections transmises sexuellement ou par le sang Aucun cas de rage humaine n’a été diagnostiqué cette année au Québec. Les déclarations d’exposition potentielle ont diminué par rapport à l’an 2000 mais demeurent plus élevées que précédemment. Au Québec, la surveillance du virus du Nil occidental n’a pas mis en évidence de cas ni chez l’humain, ni chez les animaux ou les insectes. Le nombre de cas de paludisme causés par le P. falciparum a encore augmenté cette année. La majorité des cas ont été diagnostiqués chez des réfugiés. Autres maladies infectieuses sous surveillance • L’activité grippale de la saison 20012002 a commencé au début du mois de décembre 2001 et a atteint son pic au début du mois de février 2002. Toutes les souches identifiées en Montérégie sont de type A. Ce bulletin d’information est produit avec la collaboration de l’équipe Maladies transmissibles de la Direction de la santé publique de la Montérégie Coordonnatrice par intérim : Yolaine Rioux Directeur par intérim : Docteur Richard Côté