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LA SOCIÉTÉ PROVANCHER D’HISTOIRE NATURELLE DU CANADA
GÉOLOGIE
Tableau 2. Lithologie des cailloux de plage (3 à 8 cm) à l’île aux Lièvres (en pourcentage)
Lithologie : Minimum Maximum Médiane Moyenne
Précambrien : 28,7 55,0 40,2 41,4
Appalachien : 45,0 71,3 59,8 58,6
Grès : 12,7 31,5 19,1 16,8
Schiste : 10,5 48,5 29,9 31,9
Calcaire : 1,2 12,1 4,6 5,1
Quartz : 0 2,7 0,6 0,8
Données basées sur 2839 galets et 17 sites
JEAN
-
CLAUDE
DIONNE
Figure 8. Crête rocheuse (schistes)
montrant un façonnement gla-
ciaire bien conservé; surface polie
et striée, indiquant un écoulement
de la glace à 30º NE, dans le secteur
nord-est de l’île aux Lièvres.
JEAN
-
CLAUDE
DIONNE
Figure 7. Rocher dissymétrique (schistes) sur la
rive sud du secteur central de l’île aux Lièvres
indiquant un écoulement des glaces à 40º NE,
soit de gauche à droite de la photo.
Tableau 3. Orientation des stries glaciaires à l’île aux
Lièvres et îlots avoisinants
Orientation générale de l’île aux Lièvres
(grand axe) = 30°NE
Écoulement glaciaire :
10° - 15° = un endroit
20° - 25° = à quelques endroits
30° - 35° = à plusieurs endroits
40° - 45° = à quelques endroits
50° - 60° = à quelques endroits
65° et 70° = à un endroit
90° = à un endroit
certains (LaSalle et al., 1977 ; Rappol, 1993 ; Occhietti et al.,
2001), aurait dû prévaloir lors du maximum glaciaire. Si l’in-
landsis laurentidien a effectivement laissé des traces de cet
écoulement à l’île aux Lièvres, l’altération postglaciaire de
la surface rocheuse les a fait disparaître ou bien elles ont été
simplement effacées ou oblitérées par le dernier écoulement
vers le nord-est survenu lors de la déglaciation.
Les marques laissées par le gla-
cier sur les îlots du Pot à l’Eau-
de-Vie indiquent, elles aussi,
un écoulement vers le nord-est
avec une prédominante à 35º
sur le rivage sud du Gros Pot,
et le rivage nord et sud du Pot
du Phare. Sur ce dernier, on a
aussi relevé des stries et mar-
ques glaciaires à 40º, 45º et 60º
sur le rivage de l’anse du Soldat,
du côté sud-ouest de l’îlot. Par
contre, les stries à 60º et à 90º
recoupant le système principal
à 30º, à la pointe nord-est du Pot du Phare nous ont semblé
d’origine glacielle.
L’ensemble des marques et des formes d’érosion gla-
ciaires de l’île aux Lièvres et des îlots rocheux avoisinants
témoigne de l’existence d’une glace active dans l’estuaire du
Saint-Laurent, lors de la phase initiale de la déglaciation.
Compte tenu des profondeurs relativement faibles de l’es-
tuaire dans le secteur en amont du Saguenay, cette glace
devait reposer sur le fond et avait une base dite « chaude »
(warm base glacier), permettant à la glace de s’écouler et
d’éroder le substrat rocheux.
Conclusion
Les formes et les marques héritées de la dernière gla-
ciation constituent non seulement des indicateurs précieux
de l’écoulement des glaces lors de la déglaciation, mais aussi
un attrait particulier pour
les nombreux visiteurs qui
fréquentent l’île aux Lièvres
et les îlots du Pot à l’Eau-de-
Vie depuis quelques années.
Il importe donc de mettre
en valeur cet attrait naturel
par un aménagement ap-
proprié, soit, d’une part, par
des panneaux indicateurs
et explicatifs et, d’autre
part, par une mention sur
les dépliants mis à la dis-
position des visiteurs. Au
plaisir d’observer la faune
et la flore, pourquoi ne
pas ajouter celui de décou-
vrir certains phénomènes
géologiques intéressants,
voire particuliers à ce secteur
insulaire de l’estuaire du
Saint-Laurent ?