– opérer dans une région limitée, telle une commune ou une paroisse,
– redistribuer l’épargne locale sur place,
– octroyer des crédits à moyen terme (plusieurs années) et à faible taux d’intérêt,
– se baser sur la responsabilité individuelle, solidaire et illimitée de tous les membres de la caisse.
C’est sur ce modèle qu’en 1892 sera créée la première des caisses Raiffeisen en Belgique. Celles-ci
se développeront ensuite, essentiellement en Flandre, pour devenir CERA près d’un siècle plus
tard (2).
La deuxième forme de crédit populaire est davantage urbaine. Peut-être sous l’influence de
Hermann Schulze-Delitzch qui est, avec Raiffeisen, le promoteur du crédit populaire en Allemagne
au XIXe siècle, apparaissent dès 1864, sous la direction de personnalités libérales de la région
liégeoise, comme L. d’Andrimont et A. Micha, des banques populaires, associations de crédit
mutuel qui ont pour objectif de permettre l’accès au crédit des couches sociales moyennes ou
populaires, restées étrangères au développement de la banque dans le deuxième tiers du
XIXe siècle.
Les banques populaires essaiment : 9 sont créées de 1864 à 1873, 11 de 1874 à 1892, elles réunissent
14 000 sociétaires en 1899. Fruits d’une deuxième vague coopérative, les sociétés d’assurance et
d’épargne voient le jour dès la fin du XIXe : la Prévoyance Sociale, Coop-Dépôts (CODEP), les
Assurances Populaires, la Coopérative Ouvrière de Banque (COB), qui deviendra ensuite la
BACOB, constitueront très vite l’épine dorsale des mouvements socialiste et chrétien. En 1908, les
banques populaires sont au nombre de 45 dont 34 comptent 24 000 adhérents. Ce n’est que durant la
période d’entre-deux-guerres que ce secteur touchera le monde ouvrier par la multiplication des
caisses d’épargne liées au mouvement ouvrier, tant socialiste que chrétien (3).
Face à l’exclusion bancaire, les pouvoirs publics ne sont pas en reste. Le 8 mai 1850 est adoptée une
loi qui institue une caisse générale de retraite, auprès de laquelle des personnes prévoyantes peuvent
se constituer une petite pension pour leurs vieux jours, au moyen de versements volontaires, sous
garantie de l’État. Ensuite, la loi du 16 mars 1865 créera la Caisse générale d’épargne, avant que les
deux institutions ne fusionnent sous le nom de Caisse générale d’épargne et de retraite (CGER). La
création de la CGER constitue une intervention frappante de l’État libéral de l’époque dans le
domaine des caisses d’épargne. Les libéraux doctrinaires, avec Frère-Orban comme chef de file,
défendaient en effet cette mesure interventionniste d’un point de vue idéologique, politique et
surtout financier et économique. Ils arguaient avant tout en faveur de la création d’un climat propice
aux investissements par l’élargissement du crédit, au profit de la bourgeoisie (4).
Jusqu’à la fin des années 1950, la CGER jouira d’un quasi-monopole de fait dans la collecte de la
petite épargne. Avec la modernisation des techniques de gestion (notamment, la création de réseaux
de terminaux bancaires), la politique d’expansion des agences bancaires, l’amélioration du niveau
de vie de la population et la croissance économique des golden sixties, les banques se sont
intéressées de près à cette catégorie d’épargnants dont le marché leur est apparu plein de
potentialités. Depuis lors, la concurrence n’a fait que s’exacerber, non seulement entre les banques
privées et la CGER, mais aussi entre la CGER et d’autres institutions publiques telles que le Crédit
communal (5).
Où en sommes-nous ?
On connaît l’évolution du marché bancaire de ces 15 dernières années. KBC, dans son état actuel,
est issue de la fusion en 2005 de KBC Bancassurance Holding et de sa société mère Almanij. KBC
Bancassurance Holding était elle-même issue de la fusion, en 1998, de la Kredietbank, ABB-
assurances et la Banque CERA, toutes détenues par Almanij. Le secteur bancaire coopératif du
pilier socialiste ne pourra davantage être maintenu : après une fusion de Codep avec la Banque
Nagelmackers, la nouvelle entité sera finalement cédée, en 2001, au Groupe Delta Lloyd. De son
côté, en 1997, BACOB a absorbé Paribas Belgique, renommée par la suite Banque Artesia. Le
processus de restructuration s’est poursuivi en 1999 avec la création d’une entité entièrement