Résumé
Le post-AMM représente la "vraie vie" du médicament, période au cours de laquelle vont
pouvoir se confirmer son efficacité, mais également se manifester des effets indésirables,
prévisibles ou inattendus, sur l'animal, sur l'homme, sur l'environnement. La connaissance
de ces effets est encadrée par la pharmacovigilance. Ce système de veille, initialement
privé et relevant uniquement de la responsabilité de la firme pharmaceutique titulaire de
l'AMM, s'est constitué, sur la base d'exigences communautaires, en un système national,
associant les acteurs du médicament vétérinaire sous la supervision de son régulateur,
l'ANSES-ANMV.
L'analyse du système national de pharmacovigilance vétérinaire permet de constater sa
capacité à détecter des effets indésirables facilement imputables et graves. En revanche,
sa faculté à identifier des effets indésirables décroît avec la difficulté à imputer l'effet à
l'administration d'un médicament. La pharmacovigilance vétérinaire est par ailleurs peu
performante actuellement pour détecter une insuffisance d'efficacité du médicament ou
pour connaître des problèmes liés à l'utilisation de la “cascade”. Elle n'est pas adaptée
non plus pour repérer les effets des résidus dans les denrées et sur l'environnement.
Enfin, son rôle n'est pas d'identifier les résistances aux antibiotiques et aux antiparasitaires
qui, dans le cadre du suivi post-AMM, devraient être mieux prises en compte.
Les évènements qui ont touché ces derniers temps le médicament à usage humain et sa
régulation, loin de remettre en cause le besoin d'un suivi post-AMM, conduisent, dans le
domaine du médicament à usage humain, à une exigence d'efficacité élevée à l'égard d'un
système national de pharmacovigilance, sûr, indépendant et garant de l'intérêt général.
Tout en soulignant les différences entre les deux catégories de médicaments, celle
destinée à l'homme et celle destinée aux animaux, il est donc légitime d'attendre du suivi
post-AMM du médicament vétérinaire un niveau de performance qui dépasse la simple
détection d'effet indésirable grave et facilement imputable.
Le système national de pharmacovigilance vétérinaire est récent, une dizaine d'années, et
ni son architecture, ni ses thématiques ne sont remises en cause par la mission. En
revanche, le système a un réel besoin de mobilisation.
Les recommandations visent d'abord à renforcer l'indépendance, la transparence et
l'attractivité de la toute nouvelle Commission nationale des médicaments vétérinaires, qui
résulte de la fusion des deux commissions des médicaments vétérinaires, celle chargée
de l'AMM et celle chargée de la pharmacovigilance. Une attention constante doit être
portée à la question des conflits d'intérêts.
Elles soulignent ensuite le besoin d'investissement de l'Agence sur les thématiques autres
que les effets indésirables sur l'animal et sur l'homme, à savoir les questions liées à
l'inefficacité du médicament, à l'usage de la "cascade", aux résidus de médicament dans
les denrées et dans l'environnement. A ces thématiques s'ajoute un sujet majeur de santé
publique, celui de la résistance aux antibiotiques vétérinaires. Sur tous ces sujets,
l'Agence, qui certes n'est pas à l'origine de la connaissance, doit être capable de
démontrer la maîtrise de son information et sa capacité à déterminer un véritable suivi
post-AMM.
Le suivi post-AMM du médicament vétérinaire Page 5/87