Une grossesse après un traitement anti-cancer?

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Carte d’identité
Sibil Tschudin a grandi à Bâle, où elle a
fait ses études de médecine. Elle s’est
ensuite spécialisée en gynécologie et en
obstétrique à Fribourg, Liestal et Bâle, et
elle a effectué des formations complémentaires en psychosomatique et en thérapie
sexuelle systémique. A la clinique de
gynécologie de l’Hôpital universitaire de
Bâle, elle dirige le département de médecine psychosomatique et psychosociale.
Elle conseille notamment les couples qui
n’arrivent pas à avoir d’enfants et s’occupe
d’autres questions en lien avec la grossesse et la naissance. Sibil Tschudin a
deux fils déjà adultes.
Une grossesse après un
traitement anti-cancer?
Dans bien des cas, les jeunes femmes qui ont souffert d’un
cancer ne peuvent plus avoir d’enfants par voie naturelle.
La médecine moderne offre toutefois différentes possibilités pour préserver la fertilité. Comment conseiller ces
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patientes au mieux?
Les traitements contre le cancer ont de nombreux effets secondaires. Les jeunes patients
et patientes sont notamment touchés par les
troubles de la fertilité qui peuvent survenir
après une chimiothérapie ou une radiothérapie
et devraient être informés avec le plus grand
soin sur la question. La médecine moderne
leur offre en effet différentes possibilités pour
avoir des enfants par la suite malgré tout,
comme la congélation d’ovules ou de spermatozoïdes avant le traitement.
Des décisions difficiles
A la clinique de gynécologie de l’Hôpital universitaire de Bâle, Sibil Tschudin s’intéresse à
la fertilité et à son importance pour les jeunes
filles et les femmes qui ont, ou ont eu, un cancer. «Il faut que les femmes en âge de procréer
aient la possibilité d’avoir des enfants même si
elles ont eu une tumeur», explique-t-elle.
Pour cela, les patientes doivent prendre des
décisions difficiles avant le traitement. Souvent, ces femmes doivent faire face à une
situation extrême sur le plan émotionnel: elles
viennent d’apprendre qu’elles ont un cancer,
elles ont un traitement éprouvant de plusieurs
mois devant elles et elles doivent décider en
l’espace de quelques jours si elles veulent
prendre des mesures pour préserver leur fertilité ou non. «Ces patientes ont besoin d’être
conseillées de manière appropriée», déclare
Sibil Tschudin. «A travers notre étude, nous
voulons mieux cerner les besoins des femmes
touchées et définir comment, en tant que
médecins, nous pouvons leur apporter un soutien plus efficace.»
Objectif: améliorer les conseils
L’étude se compose de deux volets. Les patientes ou anciennes patientes sont d’abord
invitées à remplir un questionnaire en ligne
sur le thème «cancer et fertilité». Ensuite, les
femmes prises en charge à l’Hôpital universitaire de Bâle discutent la question en groupes
sous la direction d’une psychologue: comment
se situent-elles par rapport aux mesures qui
visent à préserver la fertilité? Dans quelles
circonstances auraient-elles recours à ces
mesures? Les données ainsi recueillies visent
à mettre au point un instrument de conseil
destiné à faciliter le processus de décision aux
patientes comme aux médecins traitants.
Une question intime
Pour que l’étude aboutisse, il est nécessaire
qu’un nombre élevé de patientes y participent,
ce qui ne va pas de soi avec un thème aussi
personnel. Les questions peuvent aussi se
révéler douloureuses pour les participantes,
notamment lorsqu’elles se rendent compte
qu’elles n’ont pas pu bénéficier de ce type de
mesures pour préserver leur fertilité à l’époque
où elles étaient elles-mêmes touchées. «Nous
éprouvons une immense gratitude envers les
femmes qui participent à l’enquête, souligne
Sibil Tschudin. Les informations obtenues
sont extrêmement utiles pour les futures
malades.»
Texte: Dr. med. Eva Ebnöther;
photo: Peter Schneider
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