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CRISE DE LA DETTE SOUVERAINE ET SON IMPACT
SUR L’ECONOMIE SENEGALAISE
La crise de la dette souveraine a fait irruption en Europe à partir de 2011. En dépit
des plans de sauvetage mis en œuvre, elle continue de préoccuper les marchés
financiers et d’ajouter à la morosité de l’économie mondiale. L’économie sénégalaise
peut être affectée à travaux des canaux de transmission qui sont identifiés dans ce
qui suit parmi les rubriques de la balance des paiements du Sénégal. Au préalable, il
est question de l’origine de la crise et de ses différentes manifestations.
I. CRISE DE LA DETTE SOUVERAINE : ORIGINE ET MANIFESTATIONS
1.1 ORIGINE DE LA CRISE DE LA DETTE SOUVERAINE
L’origine de la crise de la dette de la dette souveraine est à rechercher parmi les
conséquences de la crise économique et financière qui a marq l’économie
mondiale, notamment à partir de septembre 2008 et durant l’année 2009, elle-même
déclenchée par ce qu’il est convenu d’appeler la crise des subprimes.
a. La crise des subprimes
La situation d’avant le déclenchement de la crise est caractérisée par un
accroissement considérable des risques d’emballement de l’économie américaine :
les dettes des ménages ont atteint 98% du PIB contre 49% en 1979, les produits
titrisés connaissent un veloppement mesuré jusqu’au niveau de 12000 milliards
de dollars, la dette extérieure des Etats-Unis se situe à 700 milliards de dollars soit
70% du PIB pendant que la dette totale atteint 350 % du PIB en 2007.
Cette situation préoccupante a amené la FED (Banque Centrale américaine) à
intervenir en relevant sensiblement le taux d’intérêt directeur de 1% en 2004-2005 à
plus de 5% en 2007. Cela provoque un retournement sur le marché immobilier du fait
du renchérissement du crédit.
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Au départ, la crise s’est manifestée par la crise des subprimes et de la titrisation
directement corrélée à la crise immobilière. Il y a eu ensuite la crise bancaire, la crise
boursière et la crise économique.
(i) Crise immobilière, des subprimes et de la titrisation
Le marché des subprimes est directement lié à l’évolution du marché de l’immobilier
qui lui est sous-jacent. Le marché des produits titrisés est à son tour étroitement
imbriqué aux crédits hypothécaires qui lui sont sous-jacents.
La baisse inattendue des prix de l’immobilier aux Etats-Unis concomitante à une
hausse des taux d’intérêt variables a accentué le risque sur les prêts hypothécaires
et a conduit en conséquence à la baisse de la valeur des titres pour lesquels les
biens immobiliers servaient de caution, entraînant une térioration de la situation
financière des institutions détenant ces titres dans leur portefeuille.
Le marché de l’immobilier a entamé sa baisse après avoir atteint son pic à fin 2006
début 2007. En ce moment, l’indice SPCS20 qui est un indice composite du prix du
logement aux Etats-Unis atteint près de 210. Il est descendu rapidement jusqu’à 144
en début 2009.
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Les marchés des crédits hypothécaires et des produits titrisés ont été entrainés dans
la même chute. L’indice ABX des produits titrisés adossés aux crédits hypothécaires
est passé de 100 en janvier 2006 à moins de 20 à fin 2007.
(ii) Crise bancaire
La crise des crédits subprimes a provoqué une accumulation de créances douteuses
au niveau du système bancaire. Il s’ajoute les difficultés croissantes à placer les
produits titrisés dans un contexte d’incertitude plus marquée. Il en résulte une
dépréciation très nette des actifs détenus par les banques. Un climat de panique
s’installe auprès des ménages provoquant un retrait massif des dépôts. Les
mouvements massifs de désengagement de ces titres ont entraîné des problèmes de
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trésorerie chez un grand nombre de banques. La méfiance des institutions
financières entre elle s’est traduite par une baisse sensible des prêts entre banques,
avec pour conséquence une crise de liquidité sur le marché : la circulation des actifs
toxiques crée un climat de méfiance réciproque entre les banques affectant
sérieusement le marché interbancaire. Les banques sont aux prises avec une crise
de solvabilité. Les faillites se multiplient. C’est ainsi que par exemple Lehman
Brothers qui est la 4ème banque d’investissement américaine a été liquidée tandis
Merril Lynch a été rachetée par Bank of America pour 50 milliards de dollars.
(iii) Crise boursière
La crise a été aggravée par l’effondrement de la valeur des actions de plusieurs
institutions financières sur les marchés boursiers
La crise boursière s’est traduite par :
l’effondrement du marché hypothécaire
la chute des cours boursiers des banques en difficulté
l’effet de panique
la forte baisse de 20% dans la semaine du 06 octobre 2008
(iv) Crise économique
La récession économique s’est installée dans les économies développées avant de
s’étendre à d’autres régions. Les facteurs ci-après ont été en jeu :
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restriction des crédits
chute de la valeur des actifs détenus en bourse
baisse de la demande solvable
baisse de la production, en particulier le secteur financier et le secteur de la
construction
augmentation du taux de chômage
Cette situation est à l’origine d’une évolution à la baisse des cours des matières
premières.
b. Des mesures immédiates au plan international
Face à cette crise, les pays directement affectés ont engagé des actions au plan
national ou régional, en vue de restaurer la confiance et assurer le fonctionnement
normal des marchés du crédit et des marchés financiers en général. Il s’est agi de :
politique fiscale avantageuse envers les ménages par exemple
politique budgétaire expansionniste: infrastructures par exemple
politique monétaire plus souple: injection de liquidités
De manière plus spécifique, l’ampleur et la dimension mondiale de la crise ont
conduit à des mesures vigoureuses et parfois exceptionnelles par les Etats pour
appuyer les institutions financières ayant une importance systémique et prévenir
ainsi leur faillite. Dans la plupart des cas, les actions ont consisté en:
- une garantie publique explicite des dépôts des banques ;
- une garantie publique des prêts interbancaires ;
- la mise en place de mécanismes de rachat par les banques centrales et les
Etats des créances douteuses et impayés ;
- la recapitalisation des institutions en difficulté par l’acquisition de leurs actions
sur le marché boursier, par des fonds publics ;
- les injections massives de liquidité par les Banques centrales sur les marchés
monétaires et une baisse concertée des taux d’intérêt.
Le Gouvernement américain a déployé un plan de sauvetage du système financier
dit Plan Paulson mobilisant 700 milliards de dollars.
En Europe, de nombreux établissements bancaires ont été touchés par la crise au
point de nécessiter leur renflouement par des fonds gouvernementaux. C’est le cas
par exemple de Bradford & Bingley par l’Etat britannique et de Dexia par l’Etat
français
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et les pays du Benelux, à hauteur de 6,4 milliards d’Euros. A cela s’ajoute
la décision des autorités publiques françaises de garantir les dépôts du système
bancaire et de mobiliser 22 milliards pour le financement des PME.
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C’est la première fois depuis les années 90 que l’Etat français intervient pour sauver une banque après le sauvetage du
Crédit Lyonnais en 1994-95.
2C M Reinhart & K S Rogoff (2008) : Banking crises : An Equal Opportunity Menace”
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