Journal
de
pédiatrie
et
de
puériculture
(2013)
26,
177—181
Disponible
en
ligne
sur
www.sciencedirect.com
CAS
CLINIQUE
Syndrome
de
rubéole
congénitale.
À
propos
de
deux
cas
Tunisiens
Congenital
rubella
syndrome.
About
two
Tunisian
cases
S.
Wannesa,
H.
Ben
Hamoudaa,,
A.
Ben
Haj
khalifab,
S.
Ghanmia,
S.
Jenzric,
H.
Souaa,
R.
Massaoudc,
M.
Khedherb,
M.T.
Sfara
aUnité
de
néonatologie,
service
de
pédiatrie,
hôpital
Tahar
Sfar,
5111
Mahdia,
Tunisie
bLaboratoire
de
microbiologie,
hôpital
Tahar
Sfar,
5111
Mahdia,
Tunisie
cService
d’ophtalmologie,
hôpital
Tahar
Sfar,
5111
Mahdia,
Tunisie
Rec¸u
le
21
d´
ecembre
2012
;
accepté
le
18
janvier
2013
MOTS
CLÉS
Syndrome
de
rubéole
congénitale
;
Diagnostic
;
Pronostic
;
Prévention
;
Diagnostic
prénatal
KEYWORDS
Congenital
rubella
syndrome;
Diagnosis;
Prognosis;
Prevention;
Prenatal
diagnosis
Introduction
Le
syndrome
de
rubéole
congénitale
est
une
affection
rare
mais
grave,
associant
des
ano-
malies
oculaires,
cardiaques,
auriculaires,
neurologiques
et
urinaires
qui
sont
observées
chez
plus
de
80
%
des
fœtus
de
mères
non-immunisées
ayant
contracté
la
rubéole
au
cours
du
premier
trimestre
de
grossesse
[1].
Les
taux
d’incidence
de
ce
syndrome
varient
d’un
pays
à
un
autre
et
sont
estimés
entre
0,6
et
2,2
pour
1000
naissances
vivantes
dans
les
pays
en
voie
de
développement
[2].
Grâce
à
la
vaccination,
le
syndrome
de
rubéole
congénitale
a
pu
être
éradiqué
dans
certains
pays
développés.
Cependant,
il
reste
fréquent
et
respon-
sable
de
handicaps
majeurs
engageant
parfois
le
pronostic
vital
dans
les
pays
en
voie
de
développement.
En
Tunisie,
malgré
l’intégration
depuis
2007
du
vaccin
de
la
rubéole
dans
le
calendrier
vaccinal
des
jeunes
filles
et
des
femmes
séronégatives
en
âge
de
procréa-
tion,
le
syndrome
de
rubéole
congénitale
continue
à
exister
[3].
Ainsi,
nous
rapportons
deux
observations
de
syndrome
de
rubéole
congénitale
de
découverte
néonatale
et
nous
discutons
les
caractéristiques
cliniques
et
le
pronostic
de
ce
syndrome,
et
nous
incitons
sur
sa
prévention
par
la
généralisation
de
la
vaccination
contre
la
rubéole.
Auteur
correspondant.
Adresse
e-mail
:
(H.
Ben
Hamouda).
0987-7983/$
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front
matter
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2013
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Tous
droits
réservés.
http://dx.doi.org/10.1016/j.jpp.2013.01.006
178
S.
Wannes
et
al.
Figure
1.
Glaucome
congénital
de
l’œil
droit
et
cataracte
congé-
nitale
de
l’œil
gauche.
Observations
Observation
1
Nouveau-né
de
sexe
féminin,
hospitalisée
dès
la
naissance
dans
l’unité
de
néonatalogie
pour
détresse
respiratoire.
Elle
est
issue
d’une
mère
âgée
de
24
ans,
G1P1,
ayant
contracté
la
rubéole
qui
était
négligée
vers
la
huitième
semaine
de
gestation.
La
grossesse
était
mal
suivie,
mar-
quée
par
la
constatation
échographique
à
22
semaines
de
gestation,
d’un
retard
de
croissance
intra-utérin
associé
à
un
oligoamnios
sévère.
Aucune
sérologie
n’a
été
faite.
L’accouchement
était
fait
par
césarienne
à
40
semaines
de
gestation
pour
souffrance
fœtale
aiguë
avec
un
score
d’Apgar
à
2,
puis
9
respectivement
à
la
première
et
la
cin-
quième
minute.
L’examen
clinique
à
l’admission
trouvait
une
hypotrophie
fœtale
sévère
avec
un
poids
de
nais-
sance
de
2550
g,
une
taille
de
49
cm,
une
microcéphalie
avec
un
périmètre
crânien
de
31
cm,
une
microphtalmie
avec
une
leucocorie
à
gauche
et
une
mégalocornée
à
droite.
L’auscultation
cardiaque
révélait
un
souffle
systolo-
diastolique
sous-claviculaire
gauche
sans
retentissement
hémodynamique.
L’examen
ophtalmologique
a
conclu
à
un
glaucome
congénital
de
l’œil
droit
et
une
cataracte
congé-
nitale
de
l’œil
gauche
(Fig.
1).
L’échographie
cardiaque
révélait
un
canal
artériel
per-
sistant
sans
retentissement
sur
les
cavités
droites
et
un
rétrécissement
pulmonaire
valvulaire
moyennement
serré
associé
à
une
artère
pulmonaire
droite
dysplasique.
L’échographie
transfontanellaire
a
montré
des
lésions
kys-
tiques
bilatérales
d’origine
ischémique
au
niveau
du
noyau
caudé
à
contenu
hypo-échogène
(Fig.
2)
et
l’échographie
abdominale
était
normale.
La
biologie
a
montré
une
thrombopénie
modérée
à
125
000
plaquettes/mm3.
La
recherche
des
Ig
M
antirubéo-
liques
était
positive
à
l’âge
de
sept
jours
confirmant
le
diagnostic
de
rubéole
congénitale.
L’évolution
immédiate
était
marquée
par
une
amélioration
rapide
de
la
détresse
respiratoire
et
une
stabilité
cardiovasculaire.
Une
trabé-
culectomie
droite
a
été
réalisée
à
l’âge
de
20
jours
avec
des
suites
opératoires
simples.
Une
phaco-aspiration
gauche
avec
vitrectomie
antérieure
et
une
ligature
du
canal
artériel
ont
été
programmées
ultérieurement,
mais
la
patiente
est
décédée
à
domicile
à
l’âge
de
trois
mois
dans
un
tableau
de
défaillance
cardiaque
à
la
suite
d’une
bronchiolite.
Observation
2
Nouveau-né
de
sexe
masculin
suivi
depuis
la
naissance
pour
un
syndrome
malformatif.
Il
est
issu
d’une
mère
âgée
Figure
2.
Échographie
transfontanellaire
:
lésions
kystiques
du
noyau
caudé.
de
22
ans,
G1P1
ayant
contracté
la
rubéole
qui
était
négli-
gée
vers
la
10ème semaine
de
gestation.
La
grossesse
était
mal
suivie,
marquée
par
la
constatation
échographique
à
26
semaines
de
gestation,
d’un
retard
de
croissance
intra
utérin
associé
à
un
oligoamnios
sévère.
L’accouchement
était
fait
par
voie
basse
à
39
semaines
de
gestation
avec
un
score
d’Apgar
à
8,
puis
9
respectivement
à
la
première
et
la
cinquième
minute.
L’examen
clinique
à
la
naissance
trouvait
une
hypotrophie
fœtale
sévère
avec
un
poids
de
naissance
de
1900
g,
une
taille
de
42
cm,
une
microcéphalie
avec
un
périmètre
crânien
de
31
cm,
une
mégalocornée
avec
leuco-
corie
bilatérale
et
un
souffle
cardiaque
systolo-diastolique
sous-claviculaire
gauche
sans
retentissement
hémodyna-
mique.
L’examen
ophtalmologique
a
conclu
à
un
glaucome
congénital
bilatéral
et
une
cataracte
congénitale
bilatérale
(Fig.
3).
L’échographie
cardiaque
a
montré
une
communi-
cation
interauriculaire,
un
rétrécissement
pulmonaire,
un
rétrécissement
aortique
et
un
canal
artériel
persistant.
Les
échographies
transfontanellaire
et
abdominale
étaient
nor-
males.
La
biologie
a
montré
une
anémie
normochrome
normocy-
taire
à
9
g/dl
et
une
thrombopénie
à
71
000
plaquettes/mm3.
Figure
3.
Glaucome
congénital
bilatéral
et
cataracte
congénitale
bilatérale.
Syndrome
de
rubéole
congénitale.
À
propos
de
deux
cas
tunisiens
179
Tableau
1
Taux
des
malformations
congénitales
du
syndrome
de
rubéole
congénitale
en
fonction
de
la
période
de
l’infection
maternelle
[10,11].
Période
gestationnelle Malformations
Risque
(%)
Premier
trimestre
Anomalies
oculaires,
anomalies
cardiovasculaires,
anomalies
du
système
nerveux
central,
surdité,
retard
de
croissance
intra-utérin
38—100
Deuxième
trimestre Surdité,
rétinopathie,
microcéphalie,
retard
mental 4—60
Troisième
trimestre Retard
de
croissance
intra-utérin,
purpura
thrombopénique,
hépatite,
méningo-encéphalite,
myocardite
0—18
La
recherche
des
Ig
M
antirubéoliques
était
positive
à
l’âge
d’un
mois
confirmant
le
diagnostic
de
rubéole
congénitale.
Une
phaco-aspiration
et
une
trabéculectomie
ont
été
réali-
sées
respectivement
à
l’âge
de
45
jours
à
droite
et
deux
mois
à
gauche
avec
des
suites
opératoires
simples.
Les
poten-
tiels
évoqués
auditifs
et
visuels
réalisés
à
l’âge
de
trois
mois
étaient
perturbés
du
côté
gauche.
À
l’âge
de
14
mois,
le
patient
présentait
un
retard
de
croissance
staturopondéral
avec
microcéphalie,
des
opacités
cornéennes
bilatérales
et
un
développement
psychomoteur
normal.
Discussion
La
rubéole
est
une
maladie
virale
contagieuse
et
immu-
nisante
qui
touche
essentiellement
les
enfants
et
les
adolescents
[1].
C’est
une
maladie
généralement
bénigne,
mais
elle
constitue
encore
un
véritable
problème
de
santé
publique
dans
les
pays
en
voie
de
développement
vue
l’incidence
élevée
du
syndrome
de
rubéole
congénitale
chez
les
nouveau-nés
issus
des
femmes
enceintes
séronégatives
qui
est
estimée
dans
notre
région
à
0,8
pour
1000
naissances
au
cours
de
l’année
2011.
En
Tunisie,
l’infection
par
le
virus
de
la
rubéole
est
fréquente
et
survient
chaque
année
par
poussées
épidé-
miques
au
cours
du
printemps,
mais
nous
n’avons
pas
de
données
nationales
concernant
l’incidence
du
syndrome
de
rubéole
congénitale.
Une
ancienne
étude
datant
de
1970
avait
estimé
l’incidence
de
ce
syndrome
à
0,9
pour
1000
naissances
[4].
Au
Maroc,
dans
une
étude
plus
récente
datant
de
2005,
l’incidence
de
ce
syndrome
était
estimée
entre
0,81
et
1,27
pour
1000
naissances
[5].
Ces
taux
sont
semblables
à
ceux
signalés
dans
les
pays
développés
au
cours
de
la
période
prévaccinale
[2].
En
Tunisie,
certaines
enquêtes
ont
montré
que
le
taux
de
femmes
séronégatives
pour
la
rubéole
varie
de
21
à
23,2
%
[6,7].
Ces
femmes
sont
exposées
à
contracter
la
maladie
au
cours
du
premier
trimestre
de
grossesse
lors
des
épi-
démies
avec
un
risque
très
élevé
de
syndrome
de
rubéole
congénitale.
Ainsi,
dans
l’objectif
d’éradiquer
ce
syndrome,
le
ministère
de
la
Santé
a
intégré
depuis
2007,
le
vaccin
de
la
rubéole
dans
le
calendrier
vaccinal
des
jeunes
filles
à
l’âge
de
12
ans
en
milieu
scolaire
et
des
femmes
en
âge
de
procréation
en
post-partum
immédiat.
Cependant,
malgré
ces
efforts,
les
filles
non
scolarisées
et
les
femmes
primi-
gestes
échappent
à
ce
programme
de
vaccination.
Deux
cas
récemment
rapportés
au
sud
tunisien
sont
la
conséquence
des
épidémies
des
années
2007
et
2008
[3].
Sur
le
plan
étiopathogénique,
le
syndrome
de
rubéole
congénitale
résulte
d’une
virémie
embryonnaire
concomi-
tante
à
une
infection
maternelle
par
le
virus
de
la
rubéole.
Cette
infection
correspond
dans
la
majorité
des
cas
à
une
primo-infection,
mais
une
réinfection
n’est
pas
exclue.
Le
risque
de
syndrome
de
rubéole
congénitale
après
une
réinfection
maternelle
au
cours
du
premier
trimestre
de
gestation
est
estimé
entre
5
et
8
%
[3,8].
Les
mères
de
nos
patients
ont
contracté
la
rubéole
entre
la
huitième
et
dixième
semaine
de
gestation
et
n’ont
consulté
qu’entre
20
et
26
semaines
de
gestation.
In
utero,
le
virus
de
la
rubéole
est
responsable
d’une
infection
chronique,
non
cytolytique,
pouvant
toucher
n’importe
quel
organe.
Les
lésions
engendrées
chez
l’embryon
ou
le
fœtus
sont
essen-
tiellement
à
type
de
nécrose
non
inflammatoire
au
niveau
du
cœur,
du
cervelet,
du
cerveau
et
de
l’oreille.
Cet
effet
cytopathogène
est
important
surtout
sur
le
cristallin,
la
cornée,
l’iris,
le
corps
ciliaire
et
l’épithélium
pigmentaire
de
la
rétine
[1,9].
En
touchant
les
cellules
endothéliales
des
vaisseaux
sanguins,
le
virus
de
la
rubéole
peut
être
la
cause
de
thromboses
cérébrales
ce
qui
explique
les
lésions
ischémiques
cérébrales
trouvées
à
l’échographie
transfon-
tanellaire
chez
notre
patiente
(Observation
1).
Il
peut
s’agir
également
d’un
ralentissement
des
mitoses,
interférant
avec
le
développement
des
organes
à
l’origine
de
retard
de
la
croissance
fœtale,
de
processus
apoptotiques
respon-
sables
d’anomalies
de
l’organogenèse
ou
de
phénomènes
auto-immuns
tardifs
expliqués
par
des
communautés
anti-
géniques
entre
le
virus
et
des
tissus
humains
[1,3].
Le
syndrome
de
rubéole
congénitale
peut
être
respon-
sable
d’avortements,
de
retard
de
croissance
intra-utérin
et
de
malformations
viscérales
majeures
engageant
par-
fois
le
pronostic
vital
[10].
Les
principales
malformations
de
ce
syndrome
sont
identifiables
dès
la
naissance
comme
chez
nos
patients
à
savoir
la
cataracte
congénitale,
le
glaucome
congénital,
les
malformations
cardiaques,
les
ano-
malies
cérébrales,
la
microcéphalie
et
la
surdité
(Tableau
1).
Cependant,
les
formes
d’infections
tardives
peuvent
être
révélées
par
une
thrombocytopénie,
une
hépatite,
une
myocardite,
des
lésions
osseuses,
des
anomalies
dentaires,
un
hypospadias,
une
cryptorchidie,
une
pneumonie
inter-
stitielle,
une
méningo-encéphalite
et
des
calcifications
cérébrales.
D’autres
anomalies
doivent
être
recherchées
au
cours
de
l’évolution
quelques
mois,
voire
quelques
années
plus
tard,
en
particulier
la
rétinopathie
pigmentaire
et
le
retard
mental.
Les
taux
des
ces
malformations
varient
en
fonction
de
la
période
de
l’infection
maternelle
par
le
virus
de
la
rubéole
[11,12].
Dans
la
littérature,
la
prévalence
de
la
180
S.
Wannes
et
al.
cataracte
au
cours
du
syndrome
de
rubéole
congénitale
varie
entre
50
et
93
%
des
cas
[11,13,14].
Elle
est
souvent
bilatérale,
mais
peut
être
unilatérale
comme
dans
notre
première
observation.
Cependant,
le
glaucome
congénital
est
moins
fréquent
que
la
cataracte
avec
une
fréquence
qui
varie
entre
2
et
30
%.
Il
peut
être
soit
à
un
défaut
d’absorption
du
mésoderme
de
l’angle
irido-cornéen
ou
à
l’absence
de
différenciation
du
canal
de
Schlemm.
Il
peut
se
développer
tardivement
sur
des
yeux
microphtalmes
ou
dans
les
suites
de
la
chirurgie
de
la
cataracte
congénitale
[11,15].
Une
rétinopathie
pigmentaire,
le
plus
souvent
bila-
térale,
est
notée
dans
9
à
80
%
des
cas.
Son
association
avec
la
cataracte
congénitale
est
estimée
à
43,75
%
et
son
retentissement
sur
la
fonction
visuelle
reste
le
plus
sou-
vent
modéré
[12,13].
La
microphtalmie
est
observée
dans
10
et
80
%
des
cas.
Elle
peut
être
unilatérale
comme
chez
notre
première
patiente,
ou
bilatérale,
et
souvent
associée
à
une
microcornée
[15].
Des
anomalies
oculaires
peuvent
être
observées
comme
le
strabisme,
le
nystagmus
et
les
troubles
la
réfraction
à
type
de
myopies
ou
de
fortes
hyper-
métropies
[10,12].
Les
malformations
cardiaques
atteignent
plus
de
la
moitié
des
enfants
infectés
au
cours
des
huit
premières
semaines
de
gestation
[1].
Elles
sont
représentées
surtout
par
la
persistance
du
canal
artériel,
les
sténoses
ou
hypo-
plasie
des
branches
de
l’artère
pulmonaire
et
plus
rarement
les
communications
interventriculaires
ou
interauriculaires
[13].
Une
hypoplasie
de
l’aorte
peut
être
observée
comme
c’est
le
cas
de
notre
seconde
observation,
mais
elle
est
extrêmement
rare
[16].
Une
surdité
de
perception
uni
ou
bilatérale,
d’intensité
variable,
est
observée
dans
66
à
96
%
des
cas
[11,17].
Elle
peut
représenter
le
seul
signe
dans
50
%
des
cas
et
peut
encore
évoluer
après
la
naissance
[13].
Comme
chez
notre
première
patiente,
des
anoma-
lies
cérébrales
peuvent
être
observées
lorsque
l’infection
rubéolique
a
eu
lieu
entre
la
troisième
et
la
16esemaine
de
gestation
et
qui
sont
à
l’origine
de
retard
mental
de
sévérité
variable,
de
microcéphalie
et
de
diplégie
spastique
[3,17].
Des
anomalies
génito-urinaires
(hypospadias,
cryp-
torchidie,
hernies
inguinales
.
.
.),
une
fibrose
splénique,
ou
encore
une
néphrocalcinose
peuvent
également
s’observer
[10].
D’autres
manifestations
sont
transitoires
telles
que
le
purpura,
l’hépatosplénomégalie,
l’ictère
néonatal,
la
microcéphalie,
la
méningoencéphalite
et
la
thrombopénie
[1].
La
rubéole
congénitale
est
une
maladie
progressive
due
à
la
persistance
de
l’infection
par
le
virus
et
des
défauts
dans
les
réponses
immunitaires.
Ainsi,
les
anomalies
exis-
tantes
comme
la
surdité
et
les
anomalies
cérébrales
peuvent
progresser,
et
d’autres
ne
seront
détectées
qu’après
la
deuxième
année
de
vie.
Il
s’agit
notamment
des
anomalies
de
l’audition
et
du
développement
des
yeux,
de
diabète
insulinodépendant,
de
thyroïdite,
de
déficit
en
hormone
de
croissance,
de
trouble
de
comportement,
des
difficultés
d’apprentissage
et
de
panencéphalite
progressive
[1].
Le
diagnostic
postnatal
de
la
rubéole
congénitale
repose
essentiellement
sur
la
détection
des
Ig
M
spécifiques
anti-
rubéoliques
dans
le
sérum
ou
les
sécrétions
orales
prélevés
avant
l’âge
de
trois
mois.
Après
cet
âge,
il
peut
être
difficile
de
confirmer
le
diagnostic
en
raison
de
la
baisse
rapide
du
taux
d’Ig
M
spécifiques.
Il
est
également
possible
de
faire
le
diagnostic
sur
la
persistance
d’Ig
G
antirubéoliques
dans
les
sérums
prélevés
entre
l’âge
de
six
et
12
mois.
La
rubéole
congénitale
peut
aussi
être
diagnostiquée
par
l’isolement
du
virus
ou
la
détection
de
l’ARN
par
reverse
transcription-
polymerase
chain
reaction
(RT-PCR)
dans
les
prélèvements
nasopharygés,
les
urines,
la
salive
et
le
liquide
céphalorachi-
dien
dans
les
trois
premiers
mois
de
la
vie,
mais
ces
examens
ne
sont
pas
de
pratique
courante
[1,18].
Le
diagnostic
prénatal
de
l’infection
fœtale
doit
être
proposé
à
toute
femme
enceinte
non
vaccinée
et
non
immu-
nisée
ayant
eu
un
contact
avec
un
patient
infecté
par
la
rubéole,
qu’il
y
ait
éruption
ou
non.
Dans
ce
contexte,
la
présence
à
l’échographie
fœtale
d’une
anasarque
fœto-
placentaire,
d’une
hyperéchogénicité
intestinale
ou
d’un
retard
de
croissance
intra-utérin
peut
affirmer
l’atteinte
du
fœtus,
mais
l’absence
d’anomalies
fœtales
n’élimine
pas
le
diagnostic
[11].
Dans
tous
les
cas,
la
mise
en
évidence
du
génome
viral
dans
le
liquide
amniotique
par
amplifica-
tion
génique
ou
des
Ig
M
rubéoliques
dans
le
sang
fœtal
par
ponction
du
cordon
confirme
l’embryofœtopathie
permet-
tant
de
proposer
une
interruption
médicale
de
la
grossesse
avant
20
semaines
d’aménorrhée.
La
spécificité
de
ces
deux
procédures
est
voisine
de
100
%
et
leur
sensibilité
est
supé-
rieure
à
90
%,
à
condition
qu’un
délai
de
six
à
huit
semaines
entre
l’infection
maternelle
et
les
prélèvements
soit
res-
pecté
[3,10,18].
Grâce
à
la
vaccination
contre
la
rubéole,
le
syndrome
de
rubéole
congénitale
a
pu
être
éradiqué
dans
certains
pays
développés.
Ce
vaccin
contre
la
rubéole
est
généralement
combiné
avec
les
vaccins
de
la
rougeole
et
des
oreillons
(ROR).
Dans
ces
pays
industrialisés,
le
vaccin
ROR
est
recom-
mandé
de
routine
chez
les
deux
sexes
à
l’âge
de
12
à
15
mois
suivi
d’une
deuxième
dose
à
l’âge
de
quatre
à
six
ans.
Dans
le
nouveau
calendrier
vaccinal
franc¸ais
2012,
l’administration
du
vaccin
trivalent
est
recommandée
pour
tous
les
enfants
à
l’âge
de
12
mois
avec
une
deuxième
dose
entre
13
et
24
mois.
Pour
les
enfants
accueillis
en
collectivité
avant
l’âge
d’un
an,
il
est
recommandé
d’avancer
la
première
dose
de
vac-
cin
dès
l’âge
de
neuf
mois
avec
une
deuxième
dose
entre
12
et
15
mois
[19].
Cependant,
ces
pays
devraient
s’assurer
que
les
femmes
en
âge
de
procréer
sont
toutes
vaccinées
contre
la
rubéole
[20,21].
En
Tunisie,
malgré
les
efforts
d’application
du
pro-
gramme
de
vaccination
contre
la
rubéole
des
jeunes
filles
à
l’âge
de
12
ans
en
milieu
scolaire
et
des
femmes
en
âge
de
procréation
en
post-partum
immédiat
depuis
2007,
le
syndrome
de
rubéole
congénitale
continu
à
exister
comme
en
témoigne
nos
cas
qui
démontrent
l’insuffisance
de
ce
programme.
L’âge
retardé
de
la
première
dose
du
vac-
cin
contre
la
rubéole
qui
n’est
administrée
qu’aux
filles
et
l’absence
d’une
deuxième
dose
expliquerait
la
non-
éradication
jusqu’a
nos
jours
de
ce
syndrome
[3].
Ainsi,
à
la
suite
de
la
flambée
de
la
rubéole
de
l’année
2011,
qui
était
marquée
par
la
survenue
de
complications
neurolo-
giques
relativement
fréquentes
et
graves,
à
l’origine
d’une
mortalité
élevée,
le
ministère
de
la
Santé
a
intégré
en
2012,
le
vaccin
bivalent
contre
la
rougeole
et
la
rubéole
(RR)
dans
le
calendrier
vaccinal
chez
les
deux
sexes,
à
l’âge
de
15
mois
suivie
d’une
seconde
dose
à
l’âge
de
6
ans
et
d’un
rappel
à
l’âge
de
12
ans.
Cependant,
la
vaccination
contre
la
rubéole
en
post-partum
immédiat
des
femmes
dépistées
séroné-
gatives
au
cours
de
la
grossesse
nécessite
d’être
promue
davantage
auprès
des
cliniciens.
Syndrome
de
rubéole
congénitale.
À
propos
de
deux
cas
tunisiens
181
Conclusion
En
Tunisie,
la
rubéole
constitue
encore
un
problème
de
santé
publique,
non
seulement
par
sa
morbidité
et
sa
mortalité
élevées,
mais
aussi
par
ses
conséquences
néfastes
chez
la
femme
enceinte.
La
gravité
des
complications
neurologiques
au
décours
de
l’épidémie
de
l’année
2011
et
la
recrudes-
cence
du
syndrome
de
rubéole
congénitale
témoignent
de
l’insuffisance
du
programme
national
de
vaccination
contre
la
rubéole
mis
en
place
en
2007.
Ainsi,
une
révision
de
ce
programme
a
été
faite
en
2012
intégrant
le
vaccin
biva-
lent
contre
la
RR
dans
le
calendrier
vaccinal
chez
les
deux
sexes
dès
l’âge
de
15
mois.
Cependant,
une
sensibilisation
des
gynécologues
est
nécessaire
pour
la
prévention
de
ce
syndrome.
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Pediatrics
2005;115:
182.
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Tookey
P.
Rubella
in
England,
Scotland
and
Wales.
Euro
Surveill
2004;9:21—2.
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