L’Elongation Coronaire : Quelle Technique Choisir ? Crown Lengthening: What Technique to Choose? Auteurs: N. OUHAME : Résidente en médecine dentaire A. BOUZIANE : Spécialiste en Parodontologie O. ENNIBI : Professeur de l’enseignement supérieur en Parodontologie Faculté de Médecine Dentaire de Rabat. Université Mohammed V Suissi Résumé Les techniques d’élongation coronaire offrent la possibilité de retrouver des rapports dentogingivo-osseux physiologiques nécessaires à l’obtention d’une bonne intégration parodontale des restaurations coronaires. Les critères de choix d’une technique chirurgicale ou orthodontique sont fonction des facteurs dento-parodontaux, des facteurs prothétiques ainsi que des facteurs esthétiques. Quelle que soit la technique choisie, elle doit être intégrée dans une chronologie précise du plan de traitement prothétique. Mots clés Espace biologique, élongation coronaire chirurgicale, égression orthodontique. L’élongation coronaire est une technique qui vise l’allongement de la couronne clinique en vue de réaliser une restauration dentaire, conservatrice ou prothétique, respectant l’espace biologique. Ces objectifs ne peuvent être atteints qu’en tenant compte des différents facteurs biologiques, anatomiques et esthétiques, qui à leur tour conditionnent le choix de la technique adaptée (chirurgicale ou orthodontique). Il s’agit de préserver ou de rétablir un espace biologique compatible avec une bonne santé parodontale, de permettre une meilleure adaptation dentoprothétique, de restaurer l’esthétique et de garantir la pérennité de la restauration [11, 12]. RAPPELS SUR L’ESPACE BIOLOGIQUE L’espace biologique est l’espace compris entre le fond du sillon gingivo dentaire et le sommet de la crête osseuse. Il est occupé par l’attache épithéliale (l’épithélium de jonction (=0,97)) et par l’attache conjonctive (fibres gingivo-cémentaires ou supracrestales (=1,07)) (fig. 1). Selon Gargiulo en 1961, cet espace fait en moyenne 2,04 millimètres avec des valeurs extrêmes de 1,77 et 2,43 millimètres. Il peut également être calculé sur une radiographie entre le sommet de la crête osseuse et le tissu dentaire sain [7, 9, 12, 13, 16, 18]. Au cas où il est non respecté, on peut assister soit à : une récession gingivale irréversible en plus de phénomènes de résorption osseuse si la gencive est fine [7, 13] ; une inflammation gingivale chronique avec une augmentation du fluide gingival, et à terme à une résorption osseuse avec une formation de poche parodontale si la gencive est épaisse [12, 20]. Sa restauration sera indiquée lorsqu’il y a risque d’interférence avec la limite de la restauration conservatrice ou prothétique, et ce dans les cas de délabrements coronaires qui peuvent être causés par [1, 7, 16, 19] : les fractures dentaires profondes ; les caries sous gingivales ; les abrasions importantes des faces occlusales consécutives au bruxisme ; les perforations iatrogènes ; les résorptions dentaires sous gingivales. Elle sera également indiquée dans les situations où la hauteur de la couronne clinique minimale ne permet pas un ancrage et une rétention suffisante, ainsi qu’en cas d’aménagement du sourire gingival, en présence d’asymétrie des collets, d’éruption passive incomplète, ou d’accroissement gingival [3, 9, 11, 16, 19]. La restauration de cet espace biologique peut faire appel à des moyens chirurgicaux, orthodontiques ou chirurgico-orthodontiques. L’ELONGATION CORONAIRE CHIRURGICALE Facteurs de décision thérapeutique La décision de la technique chirurgicale est fonction d’un certain nombre de paramètres cliniques et radiographiques. Paramètres cliniques Parmi les paramètres cliniques, on distingue : l’évaluation de la qualité et de la quantité de gencive kératinisée (GK) et de sa composante attachée (GA) : qui va conditionner le tracé d’incision ; l’appréciation de l’espace biologique et de l’espace chirurgical préprothétique (ECP) qui représente l’ensemble de l’espace biologique (2,04 mm) et de la profondeur du sulcus (environ 0,69 mm), ce qui donne en moyenne 3 mm d’espace chirurgical préprothétique ; un sondage parodontal autour de la dent, un examen du tronc radiculaire, l’évaluation de la hauteur des parois dentaires résiduelles, et l’examen du trajet d’une éventuelle fêlure ou d’une fracture ; l’examen du sourire et des rapports entre le bord de la lèvre et le feston gingival. Il est effectué avant l’anesthésie locale et doit inclure les mouvements labiaux forcés. Pour le secteur maxillaire antérieur, 80% des patients exposent au moins leurs papilles lors du sourire [16, 17] . Paramètres radiographiques L’examen radiographique doit évaluer le sacrifice osseux nécessaire à l’obtention d’un espace biologique suffisant à la mise en place de la restauration, et ce en évaluant la profondeur de la lésion carieuse ou traumatique par rapport au niveau de la crête osseuse. En pratique, il faut considérer que 3 mm sont nécessaires entre la limite apicale de la lésion et le niveau de la crête osseuse. Cependant, cette distance est modulable en fonction de certains paramètres comme la forme de la préparation, la nature du matériau de restauration prothétique, le type de joint dento-prothétique et la formule du ciment de scellement [5, 7]. Il est important de bien apprécier également l’épaisseur des parois dentaires. En effet, les parois trop fines vont être éliminées lors de l’intervention modifiant ainsi la distance os-bord dentaire qui avait été relevé initialement. L’idéal, est d’avoir une radiographie avec des limites quasi définitives de la préparation. Dans le cas contraire, il est préférable de majorer l’espace chirurgical préprothétique de la hauteur nécessaire à la réalisation prothétique [16]. Cet examen radiographique doit aussi évaluer le rapport couronne clinique/racine clinique de la dent à restaurer, la hauteur des furcations, la forme des racines, la qualité du traitement endodontique, et rechercher les éventuelles proximités radiculaires [7, 11, 20]. Les techniques d’allongement coronaire Préalable clinique Il consiste à déposer les restaurations défectueuses, et à réaliser une excision complète de la carie afin de visualiser l’importance du délabrement et la quantité de structure dentaire conservable [7] . Ensuite, une préparation parodontale est effectuée. Elle comporte un enseignement réussi du contrôle de plaque, un détartrage et éventuellement un débridement de poches [11]. Une prothèse provisoire peut alors être scellée [9, 16]. Un traitement endodontique est effectué si nécessaire. Le traitement du système canalaire précède en principe l’allongement coronaire, mais dans certaines situations, cette intervention peut être effectuée en premier lieu pour des nécessités de rigueur endodontique [19]. A la fin, la réévaluation parodontale est réalisée. Les techniques chirurgicales Comme pour toute chirurgie buccale, les plus grandes précautions seront prises quand l’intervention se déroule dans une zone proche des éléments anatomiques à épargner ou à protéger comme l’émergence du nerf dentaire inférieur ou le trou mentonnier. L’intervention sera toujours suivie d’une phase de maintenance parodontale par des détartrages réguliers. En fonction des données cliniques et radiographiques, différentes situations peuvent être envisagées (Tab. I) afin de s’approcher de la situation clinique pré-prothétique idéale (Tab. II). Il existe deux éléments principaux qui orientent le choix de la technique : la hauteur de l’ECP et la hauteur de la GK. Dans le cas où l’ECP est supérieur à 3 mm, on optera soit pour la gingivectomie soit pour les LDA, selon que la hauteur de GK est supérieure à 5mm ou qu’elle est égale ou inférieure à cette valeur. Lorsque l’ECP est inférieur à 3 mm, l’ostéotomie et l’ostéoplastie seront associées à une gingivectomie ou à un LDA de pleine épaisseur ou mixte suivant que la hauteur de GK est supérieure à 5 mm ou inférieure à cette valeur [9, 16]. La gingivectomie (Fig. 2) Elle ne peut être envisagée qu’en présence d’au moins 5 mm de gencive kératinisée, dont 3 mm de gencive attachée. En chirurgie pré-prothétique, on fait souvent recours à la gingivectomie à biseau interne. Celle-ci sera associée à l’ostéotomie/ostéoplastie lorsque l’espace biologique doit être déplacé apicalement (ECP < 3mm) [16, 19] (Tab. I). La technique consiste en une incision à biseau interne qui débute à distance du bord marginal permettant d’éliminer la collerette gingivale. Les niveaux et les plans d’incision utilisés pour l’exérèse et le désépaississement sont adaptés à la forme et à l’anatomie des tissus (parallèles aux contours osseux) tant pour les zones rétromolaires que pour les secteurs dentés et édentés. Lorsque la destruction dentaire est située au même niveau ou en dessous de la crête alvéolaire, l’ostéoplastie va permettre de déplacer apicalement l’espace biologique. Le lambeau est repositionné au niveau de l’os alvéolaire et suturé au niveau de chaque papille interdentaire [6, 20]. On peut aussi être amené à réduire, sur les crêtes édentées, l’épaisseur de la fibromuqueuse hyperplasique marquée le plus souvent dans la zone distale de la gencive entourant un pilier prothétique par la réalisation d’un « Distal Wedge ». La technique consiste à pratiquer deux incisions, l'une partant de l'angle distovestibulaire, l'autre de l'angle disto-lingual. Elles se rejoignent sur la crête tubérositaire et délimitent un "coin" (wedge) qui sera excisé, réduisant ainsi le volume du rebord gingival [16]. Le lambeau déplacé apicalement (LDA) de pleine épaisseur ou mixte (Fig. 3) Il permet de conserver un maximum de tissu gingival et d’accéder au tissu osseux. Il est indiqué lorsque la hauteur de gencive attachée est réduite (3 mm ou moins) et ne peut donc supporter aucune réduction. Si l’ECP est inférieur à 3 mm, une ostéotomieostéoplastie sera associée [9, 12, 14, 16, 20]. En cas de LDA d’épaisseur partielle, la partie coronaire du lambeau depuis la gencive marginale à la ligne de jonction mucogingivale est décollée en pleine épaisseur permettant un accès direct à l’os. La partie la plus apicale en dessous de cette ligne est disséquée en épaisseur partielle afin de transformer la gencive kératinisée en gencive attachée, et pour donner souplesse et laxité au lambeau [9, 16, 20]. Si l’intervention concerne une seule dent, des incisions verticales de décharge sont indispensables. Si l’on intervient sur un groupe d’au moins trois dents, le lambeau est décollé sur un secteur plus important, pour permettre d’obtenir suffisamment d’élasticité tissulaire pour déplacer apicalement les tissus [16, 19]. Le décollement permet de découvrir l’os alvéolaire et de visualiser les limites alvéolo dentaires. Il commence à l’angle mésial du lambeau et s’étend apicalement jusqu’à la ligne de jonction muccogingivale. Ensuite, la résection osseuse qui comprend l’ostéotomie et l’ostéoplastie est réalisée. Elle doit être homothétique au contour gingival en respectant la morphologie osseuse physiologique. Le lambeau est repositionné à 1 mm idéalement du rebord alvéolaire et est par la suite suturé [12, 19, 20]. Une couronne provisoire est posée durant le temps nécessaire entre la chirurgie et la stabilisation finale de la gencive marginale [1, 12, 18] . Elle aura dans un premier temps des limites supragingivales pour ne pas gêner la cicatrisation. Limites de l’allongement coronaire chirurgical [16, 19, 20] Contre-indications d’ordre général propres à la chirurgie buccale. Contre-indications loco-régionales : niveau d’hygiène faible, dent ne présentant pas d’intérêt particulier. Rapport couronne clinique/racine clinique (C/R) défavorable (>1). Limite cervicale de la fracture située à plus de 1 mm de la crête osseuse. Forme effilée ou conique des racines risquant d’entraîner une mobilité après l’intervention. Existence d’une atteinte de furcation ou d’un risque d’exposition de furcation de la dent elle-même ou de l’une de ses collatérales. Dans certaines situations, une résection ou une amputation radiculaire peuvent être indiquées. Risque de modifications de l’alignement des contours gingivaux entraînant ainsi un résultat inesthétique surtout pour le secteur antérieur. Risque de compromettre l’avenir du parodonte des dents adjacentes saines ou correctement reconstituées. Dans la troisième et les deux dernières situations, l’élongation coronaire orthodontique peut être une bonne alternative. L’ELONGATION CORONAIRE ORTHODONTIQUE Il s’agit du déplacement intentionnel d’une dent en direction coronaire sous l’action d’une force continue. Son intensité détermine la capacité du déplacement coronaire de la racine et les modifications des tissus gingivaux et osseux [3]. Critères de décision thérapeutique Selon Koyuturk et coll. en 2005, l’égression orthodontique associée à une restauration conservatrice doit être le traitement de choix pour les dents permanentes jeunes antérieures fracturées et gravement délabrées au lieu de l’extraction et de la solution implantaire [10]. L’allongement coronaire orthodontique préprothétique est indiqué dans les mêmes situations que l’élongation coronaire chirurgicale [2]. Il l’est également dans le cas de préparation du parodonte à un allongement coronaire chirurgical pour éviter le sacrifice osseux au niveau des dents adjacentes. L’élongation coronaire orthodontique permet aussi de corriger la mésioversion d’une molaire qui nécessite une égression permettant l’amélioration de l’architecture osseuse. Toutefois, l’allongement coronaire orthodontique sera contre-indiquée en cas de [2, 14] : racines de longueur insuffisante (rapport couronne clinique/racine clinique >1) ; espace interarcade insuffisant ; risque de complication parodontale comme l’exposition de furcation ; ankylose ou hypercémentose : la mise en charge induirait une ingression des dents d’attache ; proximité radiculaire et fermeture anticipée des embrasures. Le choix de la mécanique orthodontique doit se faire dans le respect des principes biomécaniques de tout déplacement dentaire provoqué en évitant tout mouvement parasite sur les dents supports d’ancrage [7]. Trois différentes techniques peuvent être distinguées [3, 4, 7] : l’égression ou l’éruption forcée. l’égression accélérée avec fibrotomie supracrestale (FSC). l’extrusion : entraîne un étirement important des fibres et leur rupture, avec risque de surextrusion voire d’extraction. Elle ne présente donc pas un grand intérêt. Le degré d’égression est difficile à déterminer avec la première technique car le déplacement des tissus parodontaux masque la dent. La fibrotomie des fibres crestales dans le deuxième procédé permet de visualiser la structure dentaire exposée et d’éviter le sur-traitement ou le sous-traitement orthodontique. De plus, la chirurgie parodontale est nécessaire pour une égression forcée, alors qu’elle est décidée éventuellement au terme de la stabilisation dans la deuxième technique [3]. Techniques Les deux premières techniques diffèrent entre elles par le type d’égression (forcée ou accélérée), par la fréquence d’application qui est plus importante dans le deuxième procédé, ainsi que par la durée de contention (Tab. III). L’égression forcée Une force orthodontique modérée et continue étire les fibres desmodontales sans rupture, et provoque un déplacement de la couronne, de la racine et du parodonte. L’égression est de 1 millimètre par mois, et le patient est revu toutes les trois semaines. Elle détermine une inversion de l’architecture osseuse, qui peut être exploitée dans les traitements des défauts osseux, en nivelant une crête altérée [7, 8] . De plus, une apposition osseuse survient au niveau crestal sous l’effet de la force. C’est la raison pour laquelle une correction chirurgicale de la néoformation osseuse s’impose pour dégager un espace biologique plus approprié à un niveau apical de la racine. La durée de contention est d’environ 3 mois [3, 4, 13]. L’égression accélérée avec fibrotomie supracrestale Il s’agit d’associer l’égression orthodontique à une fibrotomie circonférentielle supracrestale afin d’accélérer le mouvement d’émergence de la dent sans que le parodonte n’accompagne l’égression. Elle a donc l’avantage de permettre des résultats rapides, tout en évitant l’intervention chirurgicale nécessaire à la fin du déplacement orthodontique. La couronne existante est rescellée sur l’inlay core pour servir de moyen d’ancrage au système de traction orthodontique. Le braket situé sur la dent à traiter, doit être placé apicalement par rapport aux brakets collés sur les dents collatérales en fonction du déplacement dentaire désiré. Une barre peut être collée de part et d’autre en cas de restaurations aux composites des dents adjacentes [4, 20]. La couronne provisoire de cette même dent est mise en sous occlusion de façon à créer un espace de 1 millimètre avec les dents antagonistes. Elle sera ajustée à chaque étape d’activation. Une section des fibres supracrestales est effectuée par une incision intrasulculaire jusqu’au contact osseux à l’aide d’une lame 15. Cette fibrotomie circonférentielle est pratiquée sous anesthésie une fois par semaine ou toutes les deux semaines. Le déplacement de la racine est de 1,5 millimètres toutes les deux semaines et la période de contention s’étend sur 3 à 4 semaines ou sur 2 mois [3, 7, 10, 12, 13] . CONCLUSION GK >5 mm et GA > 3 mm GK = 5 mm et GA = 3 mm GK < 5 mm Absence de GK et GA < 3 mm Le choix de la technique d’allongement coronaire dépend essentiellement des différents paramètres relevés lors de l’examen clinique et de l’examen radiographique. Il repose aussi sur la connaissance des avantages et des inconvénients spécifiques à chacune des techniques (Tab. IV) permettant ainsi d’opter pour la thérapeutique la plus appropriée [2, 3, 9, 12]. Les techniques chirurgicales restent de loin les procédés les plus utilisés et qui offrent des résultats stables. Cependant, si le geste chirurgical est contre-indiqué pour des raisons locales ou générales, la solution orthodontique peut être d’un grand intérêt dans la récupération des dents partiellement délabrées en vue d’une restauration conservatrice ou prothétique pérenne. Tableaux ECP > LDA de pleine LDA d’épaisseur épaisseur partielle Gingivectomie + LDA de pleine LDA mixte + ostéotomie/ ostéotomie/ostéo- épaisseur + ostéo- plastie tomie/ostéoplastie ostéotomie/ ostéoplastie+greffe ostéoplastie gingivale Gingivectomie 3 mm ECP < 3 mm Greffe gingivale Tab. I : Facteurs de choix d’une technique d’élongation coronaire chirurgicale Sillon gingivo-dentaire (SGD) = 1 à2 mm Hauteur de gencive kératinisée (HGK)= 5 mm Hauteur de gencive attachée (HGA)= 3 mm Espace chirurgical préprothétique (ECP)=3 mm Collets = alignés Tab. II : Situation préprothétique idéale [9, 16] L’éruption forcée Type d’égression continue et modérée L’égression accélérée avec FSC continue avec une FSC toutes les 2 semaines Fréquence d’application 1 mm/mois 1,5 mm/2 semaines Durée de contention 12 semaines 3 à 4 semaines Nécessité d’une correction oui (gingivectomie + ostéotomie) non systématique (parfois gingivoplastie) chirurgicale Tab. III : Différences cliniques et thérapeutiques entre les techniques d’allongement coronaire orthodontique Technique chirurgicale Technique orthodontique Permet : Avantages Rapide une économie du support parodontal Elimine les poches en même temps un bon rapport C/R une optimisation du volume d’un site implantaire ou d’une éventuelle régénération tissulaire guidée Traitement de longue durée Permet d’éviter des techniques plus complexes (extraction et implantation) Mutilante si elle entraîne un délabrement important du support osseux des dents voisines Inesthétique si provoque une grande ouverture des embrasures proximales Nécessité éventuelle d’une chirurgie complémentaire Risque d’ankylose Impossibilité pour les pluriradiculées (problème de furcation) Difficile en cas de proximité radiculaire Engendre un rapport C/R peu Appareillage inesthétique favorable Impossibilité en cas d’espace interarcade insuffisant (Cl. II supraclusion) Inconvénients Tab. IV : Avantages et inconvénients des techniques chirurgicale et orthodontique Figures Fig. 1 : A. Sulcus, B. Attache épithéliale, C. Attache conjonctive, D. Espace biologique [10]. Fig. 2 : Elongation coronaire par gingivectomie au niveau de la 11 permettant la restauration de l’espace biologique parallèlement à la correction de l’asymétrie de contour et à l’aménagement du sourire gingival (cas clinique réalisé au service de parodontie du CCTD de Rabat). a. Vue vestibulaire pré-opératoire mettant en évidence une dissymétrie b. Radiographie pré-opératoire des collets gingivaux entre 11 et 21 c. Vue vestibulaire après dépose de la d. Résultat après gingivectomie à biseau couronne provisoire sur la 11. interne avec ostéoplastie e e. Prothèse provisoire scellée après f. Prothèse Provisoire en place enfin réalisation des sutures de cicatrisation g. Prothèse permanente en place, collets symétriques et harmonieux (Prothèse réalisée par Dr. SOUALHI H.- service de prothèse conjointe-CCTD de Rabat) Fig. 3 : Rétablissement de l’espace biologique au niveau de la 15 par lambeau déplacé apicalement d’épaisseur partielle avec ostéoplastie en vestibulaire, et par gingivectomie à biseau interne avec ostéoplastie en palatin (cas clinique réalisé au service de parodontie du CCTD de Rabat). a. Vue vestibulaire initiale mettant en évidence b. Radiographie pré-opératoire, avec la faible structure dentaire restante sur la 15 provisoire en place sur la 15 c. Tracé d’incision pour un LDA d. Décollement et résection osseuse. Mixte en vestibulaire La partie osseuse depuis la LMG est recouverte de périoste e. Résultat de la gingivectomie à biseau f. Sutures des incisions de décharge et interne en palatin des papilles de part et d’autre de la dent g. Prothèse provisoire scellée en h. Prothèse provisoire rebasée post-opératoire Cicatrisation à 3 mois i. Radiographie montrant la prothèse permanente en place J. Prothèse permanente en place 6 mois après la chirurgie (Prothèse réalisée au service de prothèse conjointe) ICONOGRAPHIE 1. ALCOUFE F. L’élongation coronaire. Inf. Dent. 1992 ; 32 : 2747-2750. 2. BACH N., BAYLARD J.F., VOYER R. L’extrusion orthodontique : considérations et applications parodontales. J. Can. Dent. Assoc. 2004 ; 70 (11) : 775-780. 3. BORGHETTI A., LABORDE G. Apport de la chirurgie plastique parodontale à la dentisterie restauratrice sur piliers naturels. In Chirurgie plastique parodontale. Ed. CdP, Groupe liaison SA. 2000: 331-347. 4. EMERICH-POPLATEK K., SAWICKI L., BORDAL M., KLEPALSKA A. Forced eruption after crown/root fracture with a simple and aesthetic method using the fractured crown. Dent. Traumat. 2005 ; 21: 165-169. 5. ETIENNE D., JOLY R. Chirurgie préprothétique et traitement de l’édentement. J. Parodontol. 1992 ; 11 : 167-178. 6. GENON P. Chirurgie parodontale en préparation à la prothèse scellée. 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