2 – La trajectoire environnementale des viticulteurs girondins
2.1 - Contexte de la recherche et démarche
La recherche se situe dans le double contexte de montée sociétale des
préoccupations environnementales et de nouvelle donne réglementaire environnementale de
la décennie quatre-vingt-dix.
L’environnement est devenu une question prégnante pour la viticulture française,
cette interpellation renvoyant essentiellement à deux types de préoccupations : celle de la
qualité, au sens de qualité globale (sécurité alimentaire, respect de l’environnement dans la
production etc.), mais aussi celle de l’accessibilité aux marchés. Dans ce contexte, la
viticulture, comme d’autres secteurs économiques, a été mise en demeure de se conformer
aux exigences de développement d’une production durable, ce que les acteurs de la filière
ont partiellement effectué.
C’est, notamment, à la suite des débats sur la première loi sur l’eau, au début de la
décennie quatre-vingt-dix, que les préoccupations environnementales se sont imposées
comme une nécessité aux acteurs de la filière viticole. Par exemple, les produits
phytosanitaires, utilisés en quantité importante dans la viticulture, ont été reconnus comme
l’une des sources de contamination des eaux superficielles et profondes. Ces produits ayant
des impacts préjudiciables sur l'environnement et sur la santé humaine - souvent négatifs-,
il est apparu nécessaire de mettre en place des actions pour diminuer leur présence.
Les préoccupations environnementales se sont surtout exprimées en termes
d’utilisation de produits phytosanitaires (réexamen des produits, traitements des effluents
viticoles) et d’élaboration du vin (traitement des effluents vinicoles, diminution de la
consommation d’eau dans les chais). Dans le contexte économique plus récent, l’enjeu
environnemental a été mis en avant dans une perspective directement « économique » :
critères d’excellence des vins liés à leur production dans le respect de l’environnement,
cahier des charges prévoyant un mode de production raisonnée, décret sur l’Agriculture
raisonnée.
Ce climat, fait de nouvelles contraintes et d’incertitudes, est renforcé par un
contexte socio-économique assez conflictuel au sein duquel les débats traitant des relations
entre environnement et agriculture, de façon générale, ou viticulture, particulièrement, ont
été l’occasion de nombreux affrontements. La clarification nécessaire des enjeux
environnementaux dans le secteur viticole supposait d’analyser en priorité la manière dont
les viticulteurs recevaient réellement la réglementation environnementale, mais également
la manière dont ils l’intégraient dans leurs exploitations en relation avec les
recommandations qui leur étaient proposées.
À partir des résultats d’une base limitée d’entretiens non directifs un questionnaire a
été élaboré par nos soins (cf. Annexe 1) et envoyé au plus grand nombre possible de
viticulteurs via leurs syndicats (34 sur plus d’une cinquantaine de syndicats viticoles
girondins ont consenti à collaborer et à nous fournir les coordonnées de leurs adhérents). La
démarche a donc consisté à donner la parole aux viticulteurs, en recensant par questionnaire
anonyme, leurs préoccupations et leurs perceptions environnementales. Le questionnaire
expédié aux viticulteurs était ainsi composé :