Le bouclage du circuit économique ESTUDOS DO G. E. M. F.

Le bouclage du circuit
économique
André Chaîneau
Faculté de Sciences Economiques
Université de Poitiers
ESTUDOS DO G. E. M. F.
Março de 1995
Grupo de Estudos Monetários e Financeiros
Universidade de Coimbra - Faculdade de Economia
Av. Dias da Silva 165 3000 COIMBRA
Publicação cofinanciada pela J.N.I.C.T.
Le bouclage du circuit économique
André Chaîneau
I - L'ANALYSE THEORIQUE
-A- Rappel du circuit économique
- Le schéma
La représentation graphique la plus simple du circuit économique est la
suivante:
Les entreprises rémunèrent les
propriétaires des facteurs de production
en leur versant un revenu monétaire
YB. Les ménages renvoient aux
entreprises un montant monétaire égal à
D leurs achats de biens et à F leurs
achats de titres; mais ils accumulent un
montant de monnaie M. Les
entreprises reçoivent en plus du secteur
bancaire, une quantité de monnaie M qui correspond à la monétisation des crédits
obtenus.
- L'indépendance de l'offre et de la demande de monnaie
Ce schéma de circuit établit de façon très claire, l'indépendance de l'offre de
monnaie M et de la demande de monnaie AM. Certes on pourrait la nuancer en
constatant que les entreprises peuvent accumuler de la monnaie et que les ménages
peuvent obtenir des crédits bancaires monétisés. Mais dans les faits, ces réserves n'ont
aucune importance parce que la monnaie créée est offerte à un sous-ensemble restreint
d'agents économiques mais est demandée par la totalité des agents économiques.Pour
justifier ce schéma, ajoutons que les entreprises, à l'inverse des ménages, se voient
offrir beaucoup de monnaie mais n'en demandent que peu.
Donc nous constatons que l'injection monétaire dans le circuit des dépenses
monétaires est disjointe et en conséquence indépendante de la fuite monétaire dans ce
même circuit des dépenses.
Aussi on peut imaginer qu'existera naturellement un déséquilibre entre l'offre
et la demande de monnaie puisqu'elles ne sont pas branchées l'une sur l'autre. On peut
noter que c'est une particularité de la monnaie. Les autres flux résultent d'une
confrontation directe entre l'offre et la demande, confrontation parfois bloquée par
l'existence d'un prix bloqué politiquement.
- Le déséquilibre monétaire
La considération du schéma ci-dessus pourrait nous inciter à croire qu'il y a
déséquilibre monétaire si on constate -ce qui apparaît infiniment probable-:
M#AM. L'ennui est que cette inégalité écrite sous cette forme est impossible. En
effet M est identique à AM. Cette identité est évidente: quand la monnaie est créée,
elle est nécessairement détenue par un agent quelconque. Il n'y a pas de monnaie sans
propriétaire. Ce fait indiscutable oblige à comprendre que les grandeurs économiques
sont doubles: elles possèdent une valeur effective dite ex post et une valeur anticipée
dite ex ante.
C'est en retenant ces valeurs ex ante que l'on peut faire apparaître les
déséquilibres. En effet ex post, il n'y a que des équilibres. Ces équilibres ex post sont
des équilibres comptables, nécessaires, obligatoires. Chaque année, les Comptes de la
Nation donnent les équilibres de la Nation; que la conjoncture soit bonne ou
mauvaise.
Pour la monnaie, les choses sont simples. L'offre de monnaie étant
indépendante de la demande, elle s'impose aux agents économiques pour son montant
effectif M. C'est au niveau de la demande de monnaie qu'apparaît cette valeur ex
ante. Les agents s'attendent, anticipent une variation de leurs encaisses AM*. Les
raisons de cette valeur sont multiples. Sans doute, le taux de croissance réelle de
l'économie, le taux d'inflation des prix, la politique monétaire du pays, leur préférence
pour la monnaie seront déterminants.
Et c'est cette valeur attendue de AM* qui ne sera pas réalisée à cause d'une
variation M le plus souvent supérieure. C'est à ce moment-là que joue l'effet de
surprise qui résulte de l'inégalité:
M > AM*.
Mais comme dans les faits, la monnaie créée est détenue en caisse, on a: M identique
à AM , et alors les agents économiques possèdent plus de monnaie qu'ils ne s'y
attendaient: AM > AM*. Ils ressentent donc une situation de surliquidité. On
constate ainsi que l'effet de surprise se double d'un effet de contrainte.
Alors les agents économiques vont réagir à cette contrainte de surliquidité. Ils
manifestent une préférence pour les actifs non monétaires dont les quantités (si elles le
peuvent) et les prix (eux sûrement) augmentent.
Jusqu'où ira cette réaction des agents économiques ? Jusqu'au point où le
gonflement des valeurs nominales des flux YB, D et F justifiera une expansion des
encaisses monétaires actives qui épongera cette surliquidité. Symboliquement, on peut
écrire:
∆ ∆AM AM>
*
hausse de YB
hausse du besoin de monnaie active
élimination de la
surliquidité initiale
Mais ce processus de rééquilibrage demande du temps. Aussi il ne sera pas achevé
qu'un nouveau déséquilibre se sera déjà manifesté.
Aussi doit-on parler de l'équilibre économique en deux phrases apparemment
contradictoires:
1- l'économie est toujours dans un processus de recherche d'un équilibre qu'elle
n'atteint jamais.
2- l'économie est toujours en position d'équilibre, mais d'un équilibre ex post,
comptable, logiquement nécessaire qui n'a aucune signification économique.
Pour résumer ces développements, on peut dire que l'équilibre complet des
flux du circuit, monétaires et autres, est une notion abstraite, idéale, irréalisable, que
cet équilibre n'a jamais été atteint et qu'il ne le sera jamais. Aussi il faut se résigner à
voir dans ce que nous appelons équilibre, rien d'autre que la somme des déséquilibres
socialement tolérés. Ainsi un AM pas trop différent de AM* représente une
approximation d'équilibre monétaire.
-B- L'analogie avec l'analyse post-keynésienne élémentaire
1°- Le circuit keynésien
Le circuit keynésien est, lui aussi, construit de façon à faire apparaître une injection et
une fuite. L'injection est évidemment
l'investissement I et la fuite non moins
évidemmment l'épargne S.
2°- Les ressemblances formelles des deux circuits
L'injection est une variable autonome dans
les deux modèles. Cela signifie qu'elle s'impose
dans les flux du circuit. Soit elle est
l'investissement I; soit elle est l'offre de monnaie.
La fuite est par contre une variable induite par Y. Pour l'épargne, c'est très
simple. Il suffit d'une équation linéaire à une variable pour en rendre compte:
S S sY
AUT
= +
avec s constante représentant la propension marginale à épargner.
Pour l'accumulation monétaire, c'est un peu plus compliqué. Elle dépend aussi de Y
puisqu'elle en est un pourcentage: AM = m
Y; mais le coefficient m n'est pas
constant. Aussi il faudra expliquer l'instabilité de cette propension moyenne à
accumuler de la monnaie. Pour le moment, on écrit: AM = m(x1, x2, xi,...)
Y. Et
nous retenons que les deux fuites sont des fonctions de Y.
3°- Les deux multiplicateurs
Les deux modèles vont permettre l'établissement de deux relations de
multiplication de la variable autonome qui donnent la valeur de Y. Formellement on
peut écrire:
1 / 17 100%