constatant que les entreprises peuvent accumuler de la monnaie et que les ménages
peuvent obtenir des crédits bancaires monétisés. Mais dans les faits, ces réserves n'ont
aucune importance parce que la monnaie créée est offerte à un sous-ensemble restreint
d'agents économiques mais est demandée par la totalité des agents économiques.Pour
justifier ce schéma, ajoutons que les entreprises, à l'inverse des ménages, se voient
offrir beaucoup de monnaie mais n'en demandent que peu.
Donc nous constatons que l'injection monétaire dans le circuit des dépenses
monétaires est disjointe et en conséquence indépendante de la fuite monétaire dans ce
même circuit des dépenses.
Aussi on peut imaginer qu'existera naturellement un déséquilibre entre l'offre
et la demande de monnaie puisqu'elles ne sont pas branchées l'une sur l'autre. On peut
noter que c'est une particularité de la monnaie. Les autres flux résultent d'une
confrontation directe entre l'offre et la demande, confrontation parfois bloquée par
l'existence d'un prix bloqué politiquement.
3°- Le déséquilibre monétaire
La considération du schéma ci-dessus pourrait nous inciter à croire qu'il y a
déséquilibre monétaire si on constate -ce qui apparaît infiniment probable-:
∆M#∆AM. L'ennui est que cette inégalité écrite sous cette forme est impossible. En
effet ∆M est identique à ∆AM. Cette identité est évidente: quand la monnaie est créée,
elle est nécessairement détenue par un agent quelconque. Il n'y a pas de monnaie sans
propriétaire. Ce fait indiscutable oblige à comprendre que les grandeurs économiques
sont doubles: elles possèdent une valeur effective dite ex post et une valeur anticipée
dite ex ante.
C'est en retenant ces valeurs ex ante que l'on peut faire apparaître les
déséquilibres. En effet ex post, il n'y a que des équilibres. Ces équilibres ex post sont
des équilibres comptables, nécessaires, obligatoires. Chaque année, les Comptes de la
Nation donnent les équilibres de la Nation; que la conjoncture soit bonne ou
mauvaise.
Pour la monnaie, les choses sont simples. L'offre de monnaie étant
indépendante de la demande, elle s'impose aux agents économiques pour son montant
effectif ∆M. C'est au niveau de la demande de monnaie qu'apparaît cette valeur ex