Réflexions sur l’expression de l’agent
en latin et en grec ancien
Bernard Jacquinod
Professeur émérite
Université de Saint-Etienne
Quoi de plus fréquent que la mention d’une action dans le
discours ? Dès lors, l’expression de l’agent occupe nécessairement une
place prépondérante dans la constitution de la phrase. Or, dans nos
grammaires, cette notion capitale est réduite à la portion congrue, qu’il
s’agisse du grec ancien, du latin ou des langues indo-européennes
vivantes. Peut-être en irait-il autrement si les langues sur lesquelles
ont été bâties nos conceptions grammaticales occidentales étaient des
langues ergatives. Le caractère non ergatif de toutes les langues indo-
européennes a sans doute beaucoup contribué à cette bizarrerie. A cela
s’ajoute la méconnaissance à peu totale jusqu’à une époque très
récente de la pensée grammaticale indienne. Toujours est-il que la
notion d’agent n’apparaît souvent qu’à propos de l’expression de
l’agent avec un verbe passif. Les articles sur l’expression de cette
notion en latin et en grec sont restés confidentiels, en tout cas n’ont
modifié ni nos manuels ni, pour autant que je sache, notre
enseignement. Et la réflexion de la sémantique générative moderne
n’est pas parvenue à une description globale d’une langue. Je propose
ici seulement quelques réflexions sans présupposés théoriques sur
l’expression de l’agent en partant du rôle sémantique auquel renvoie
ce mot.