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Économie
ÉCONOMIE
Ce cas a été rédigé par l’ESC Pau.
Sujet Durée : 2 heures
Dans la période récente, la France a enregistré une évolution défavorable puis favo-
rable de l’emploi.
En vous appuyant sur vos connaissances et sur les documents ci-joints, vous présen-
terez, selon un plan logique et clair, les principaux déterminants du niveau de l’em-
ploi dans une économie en ne manquant pas de mobiliser, à cette occasion, les outils
d’analyse couramment utilisés en science économique pour l’étude de cette question.
Les documents sont présentés dans un ordre quelconque.
N.B. : Documents et calculatrices non autorisés.
Documents
Document I
Depuis quelques années, la croissance est devenue nettement plus créatrice d’emplois :
pour un même taux de croissance, la progression de l’emploi est plus forte que par le
passé. Plusieurs facteurs se conjuguent pour l’expliquer. Tout d’abord, la part du tertiaire
augmente dans l’économie; or les gains de productivité potentiels y sont généralement
faibles. Par ailleurs, le temps partiel se développe plus rapidement, encouragé par les
baisses de cotisations sociales mises en place en 1992. Enfin, la réduction des charges
sur les salaires proches du SMIC a fait baisser le coût du travail non qualifié. Les délais
de réaction à ces deux mesures font qu’elles n’ont produit leurs effets que progressivement.
INSEE, Rapport sur les Comptes de la Nation, 1999, Le Seuil
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Document II
Olivier Blanchard et Jean-Paul Fitoussi expliquent la montée du chômage par la suc-
cession de plusieurs séquences. Du début des années soixante-dix jusqu’au milieu des
années quatre-vingts, l’aggravation du chômage fut la conséquence de revendications
salariales excessives, ne s’adaptant pas au ralentissement de la productivité potentielle et
aux chocs pétroliers. Depuis le milieu des années quatre-vingts, le chômage n’a pas
diminué pour deux raisons. Tout d’abord les entreprises ont, à la fois, reconstitué leurs
marges et réduit leurs besoins en emploi pour un niveau donné de production, cette
double évolution pouvant être en partie expliquée par celle des taux d’intérêt réels.
Ensuite, l’augmentation du chômage depuis le début des années quatre-vingt-dix résulte
d’une insuffisance de la demande, liée à une politique monétaire anormalement restric-
tive suivie d’une politique budgétaire également restrictive aux fins de réduire les défi-
cits publics. De ce fait, le chômage effectif est actuellement plus élevé que le chômage
structurel, ce qui laisse de la place pour une politique d’expansion de la demande avant
que la baisse du chômage ne réveille les tensions inflationnistes. […]
Les politiques économiques préconisées par les auteurs pour baisser le chômage portent
à la fois sur la demande, pour réduire la composante keynésienne du chômage, et sur l’offre,
pour réduire le chômage d’équilibre. La réduction des cotisations sociales sur les bas
salaires, à la fois celles payées par les salariés afin de stimuler la demande et celles à la
charge des employeurs pour abaisser le chômage d’équilibre, répond à ce double objectif.
«Conseil d’analyse économique», Croissance et chômage,
La Documentation française, 1998
Document III
En trois ans – de début 1998 à fin 2000 –, l’économie française devrait créer au total
1,09 million d’emplois, selon l’Observatoire français des conjonctures économiques. […]
Cette très forte poussée de l’emploi provient du cumul de trois facteurs. Tout d’abord,
et c’est l’essentiel, une progression soutenue et vraisemblablement durable de l’activité
qui incite les entreprises à embaucher, d’autant que les réductions de cotisations sociales
pour les bas salaires (actuellement jusqu’à 1,3 fois le SMIC) ont réduit le coût du travail.
[…] Deuxième facteur, l’emploi dans le secteur non marchand (administrations
publiques, mais aussi hôpitaux, organismes sociaux, emplois de proximité créés par les
ménages) devrait progresser. […] Bien entendu les emplois jeunes représentent une
bonne part de cette progression. […] Enfin, la réduction du temps de travail a apporté sa
contribution […].
Denis Clerc, Alternatives économiques, n° 177, janvier 2000
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Document IV
La France connaîtra dans la décennie à venir une expansion plus soutenue que par le
passé. Premièrement parce que l’économie française s’est débarrassée, après deux
décennies d’efforts, des déséquilibres qui lui interdisaient une politique expansionniste :
l’inflation et le déficit extérieur. […]
L’autre événement majeur, c’est l’arrivée de l’euro. Durant la décennie quatre-vingt-
dix, la mise en place de la monnaie unique a joué comme un frein à la croissance et à
l’emploi. La réduction à marche forcée des déficits publics, la succession de crises moné-
taires malgré l’alignement des taux d’intérêt pratiqués par la Banque de France sur ceux
de la Bundesbank allemande, tout cela a plombé la France pour plusieurs années. […]
À cela s’ajoute le bénéfice des nouvelles technologies de l’information, qui comptent
à présent pour 20 % de la croissance, à en croire les statistiques de Bercy. Et qui vont
probablement améliorer la productivité des entreprises et créer de nouveaux secteurs.
Lionel Steinmann, L’Expansion, n° 607, décembre 1999
Document V
La flexibilité est-t-elle anti-économique?
[…] Il faut dire que certains secteurs, comme l’automobile ou le bâtiment, ne se gênent
pas pour employer à tour de bras contrats à durée déterminée (CDD) et intérimaires. Les
entreprises ont trouvé là un moyen facile d’ajuster leurs effectifs au rythme de production.
Huit embauches sur dix se font aujourd’hui sous ce type de contrat. […]
Les sacrifices exigés des salariés auraient à moyen terme des conséquences sur la
croissance. De plus en plus de salariés, obligés de gérer l’incertitude, doivent renoncer à
des projets, préfèrent mettre de l’argent de côté. Le taux d’épargne reste ainsi «anorma-
lement élevé» compte tenu de la reprise. « La flexibilité est peut-être bonne pour les
affaires, à court terme, mais elle généralise un sentiment d’insécurité parmi les salariés
qui, au bout de compte, n’est pas positif pour l’économie», défend Robert Reich, ancien
secrétaire américain à l’emploi de Bill Clinton. «La plupart des gens ont besoin de s’en-
detter pour réaliser leurs projets. Pour cela il faut prévoir l’avenir…»
Marie-Béatrice Baudet et Laurence Caramel,
Le Monde Économie, 7 septembre 1999
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