Document II
Olivier Blanchard et Jean-Paul Fitoussi expliquent la montée du chômage par la suc-
cession de plusieurs séquences. Du début des années soixante-dix jusqu’au milieu des
années quatre-vingts, l’aggravation du chômage fut la conséquence de revendications
salariales excessives, ne s’adaptant pas au ralentissement de la productivité potentielle et
aux chocs pétroliers. Depuis le milieu des années quatre-vingts, le chômage n’a pas
diminué pour deux raisons. Tout d’abord les entreprises ont, à la fois, reconstitué leurs
marges et réduit leurs besoins en emploi pour un niveau donné de production, cette
double évolution pouvant être en partie expliquée par celle des taux d’intérêt réels.
Ensuite, l’augmentation du chômage depuis le début des années quatre-vingt-dix résulte
d’une insuffisance de la demande, liée à une politique monétaire anormalement restric-
tive suivie d’une politique budgétaire également restrictive aux fins de réduire les défi-
cits publics. De ce fait, le chômage effectif est actuellement plus élevé que le chômage
structurel, ce qui laisse de la place pour une politique d’expansion de la demande avant
que la baisse du chômage ne réveille les tensions inflationnistes. […]
Les politiques économiques préconisées par les auteurs pour baisser le chômage portent
à la fois sur la demande, pour réduire la composante keynésienne du chômage, et sur l’offre,
pour réduire le chômage d’équilibre. La réduction des cotisations sociales sur les bas
salaires, à la fois celles payées par les salariés afin de stimuler la demande et celles à la
charge des employeurs pour abaisser le chômage d’équilibre, répond à ce double objectif.
«Conseil d’analyse économique», Croissance et chômage,
La Documentation française, 1998
Document III
En trois ans – de début 1998 à fin 2000 –, l’économie française devrait créer au total
1,09 million d’emplois, selon l’Observatoire français des conjonctures économiques. […]
Cette très forte poussée de l’emploi provient du cumul de trois facteurs. Tout d’abord,
et c’est l’essentiel, une progression soutenue et vraisemblablement durable de l’activité
qui incite les entreprises à embaucher, d’autant que les réductions de cotisations sociales
pour les bas salaires (actuellement jusqu’à 1,3 fois le SMIC) ont réduit le coût du travail.
[…] Deuxième facteur, l’emploi dans le secteur non marchand (administrations
publiques, mais aussi hôpitaux, organismes sociaux, emplois de proximité créés par les
ménages) devrait progresser. […] Bien entendu les emplois jeunes représentent une
bonne part de cette progression. […] Enfin, la réduction du temps de travail a apporté sa
contribution […].
Denis Clerc, Alternatives économiques, n° 177, janvier 2000
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