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l’ancienne Yougoslavie
8
; déplacement forcé de populations ;
mouvements migratoires contemporains. Sur ce dernier point il
faut constater qu’en Europe, il est souvent possible de
remarquer au sein d’une même population issue des migrations,
une différence juridique entre citoyens et non-citoyens alors que
cette différence ne se constate pas sociologiquement sur le
terrain. Par ailleurs, il est difficile de ne pas accepter comme
minorités nationales les groupes russophones des pays baltiques
qui ne possèdent pas la citoyenneté de l’Etat où ils résident. Et
enfin il ne faut pas négliger non plus les apatrides, nombreux au
lendemain des deux guerres mondiales, qui ne correspondent
pas à ce critère de citoyenneté. Et enfin on peut faire une
dernière distinction selon ce critère de citoyenneté entre les
« minorités nationales », c’est-à-dire des groupes qui se
rattachent à un autre nation organisée en Etat (les Turcs de
Bulgarie, les Grecs de Turquie, les Albanais de Yougoslavie
9
,
etc) ; et les « minorités ethno-culturelles » c’est-à-dire des
groupes à forte conscience identitaire sans Etat externe comme
les Basques ou les Corses
10
. Alors que la lutte pour la
reconnaissance de ces dernières a été relativement tardive, les
minorités nationales ont été elles l’objet de luttes et de
négociations dès l’instauration des Etats nations. Prises entre les
sollicitations d’allégeance souvent incompatibles de la part de la
nation externe et de la nation environnante, les minorités sont
vite devenues des enjeux, des instruments voire des victimes
8
Decaux Emmanuel, Pellet Alain (dir.), Nationalité, minorités et succession
d’Etats en Europe de l’Est, Paris : Montchrestien, 1996.
9
« […] la communauté albanaise de Yougoslavie appartient à ce type de
minorité qui constitue le prolongement, sur le territoire d’un Etat, d’une
nation qui possède par ailleurs son propre Etat. » Roux Michel, Les Albanais
en Yougoslavie : minorité nationale territoire et développement, Paris : Editions de la
Maison des Sciences de l’Homme de Paris, 1992, p. 18.
10
Eide Asbjorn, « National Movements, Protection of Minorities and the
Prevention of Discrimination » in Eide Asbjorn, Helgesen Jan, The Futur of
Human Rights Protection in a Changing World, Oslo : Norvegian University
Press, 1991, p. 213-216.