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LA MAGIE D’UNE REPRÉSENTATION AUTHENTIQUE
Par le Pr Wilfried Seipel, égyptologue et ancien directeur général du musée de l’histoire de
l’art de Vienne.
Les trésors trouvés dans le tombeau de Toutankhamon
constituent une des découvertes les plus considérables
de l’archéologie. Depuis 1922, année où Howard Carter
découvrit le tombeau (au terme d’une quête longue et difficile), jamais
n’a faibli la fascination qu’exercent les milliers d’objets présents dans
le tombeau, les cercueils en or et les chapelles, les masques et les
bijoux du roi. De nombreuses expositions sur les trésors de
Toutankhamon, organisées depuis les années 1960 en Europe et aux
États-Unis, ont attiré des millions de visiteurs. En 2008,
d’innombrables visiteurs ont manifesté cette même fascination lors de
deux nouvelles expositions d’importance sur Toutankhamon à
Londres et Vienne. Ils ont fait la queue par milliers, pendant des
heures, afin d’acheter des billets à durée limitée et réaliser une visite restreinte du tombeau
du pharaon égyptien. Au musée égyptien du Caire, la clameur des visites guidées suivies
simultanément par des douzaines de groupes, dans de nombreuses langues différentes, est
écrasante, et le célèbre masque en or du jeune roi génère un attroupement permanent.
Les répliques, une solution à de nombreux problèmes de conservation
Les expositions ne peuvent jamais présenter plus qu’une partie de la vaste étendue des
trésors trouvés dans ce tombeau : un grand nombre d’objets sont trop fragiles, trop précieux
ou trop lourds pour résister aux exigences d’un voyage. De même, les peintures semblables à
des fresques, qui figurent dans la chambre funéraire de la Vallée des Rois, sont menacées par
l’humidité engendrée par les hordes de visiteurs. Il est donc devenu absolument essentiel que
son accès soit restreint.
Pour les scientifiques, la principale préoccupation doit être désormais, la préservation de ces
trésors, afin de les léguer aux générations futures. La solution réside en partie dans la
reproduction détaillée réalisée sous la supervision d’un comité scientifique.
De nombreuses années durant, les copies de sites tels que la grotte de Lascaux
ou divers tombeaux privés égyptiens, comme ceux de Sennefer ou de
Senedjem, ont été présentés au public. La reproduction de l’armée d’argile du
mausolée de l’empereur Qin a été et continue d’être admirée par un grand nombre de
visiteurs et transmet parfaitement la diversité, la majesté et le grand talent dont témoignent
les tombes impériales chinoises. Il n’est désormais plus possible de voir les pièces originales
que de manière exceptionnelle. De plus, elles sont généralement présentées aux côtés de
répliques dans des vitrines mixtes, comme au British Museum à Londres. C’est justement la
pléthore de répliques mêlées aux originaux qui permet de susciter la véritable impression de
richesse dégagée par les tombeaux impériaux chinois !