Les virus sont responsables de 90 % des épisodes de bronchite
aiguë. Chez les patients atteints de bronchite chronique, les
infections aiguës se partagent entre infections d’origine virale
et bactérienne (50 %) (5). Au cours d’une bronchite, le prélè-
vement le plus souvent réalisé est un crachat, dont l’analyse n’a
aucun intérêt pour le diagnostic virologique (15). En effet, ces
prélèvements sont souvent purement salivaires, pauvres en cel-
lules épithéliales, et ne peuvent donc pas être informatifs (16).
Au cours des épisodes de bronchite aiguë d’origine virale, le
patient présente une toux sèche, irritative et non productive.
Lorsque la bronchite est accompagnée d’une toux grasse, cela
peut être le signe d’une surinfection bactérienne. Chez les
patients atteints de bronchite aiguë non productive, le diagnostic
virologique sera possible sur un prélèvement de nez et de gorge.
L’objectif de l’ensemble de ces techniques est de prélever des
cellules épithéliales infectées en nombre suffisant pour per-
mettre la réalisation du diagnostic ; les prélèvements paucicel-
lulaires sont à l’origine de faux négatifs.
Le délai d’acheminement des échantillons au laboratoire condi-
tionne aussi le résultat. Afin d’avoir les meilleures chances de
diagnostic, les prélèvements doivent arriver le plus rapidement
possible. Qu’il s’agisse d’un prélèvement de nez ou de gorge,
la détection des virus est excellente lorsque les écouvillons sont
placés dans des milieux de transport adaptés. Ces prélèvements
peuvent attendre 48 à 72 heures à température ambiante avant
d’être traités par le laboratoire de virologie, cela sans réduction
des possibilités de détection de la plupart des virus respiratoires.
Ainsi, les prélèvements effectués en ville par les médecins des
GROG sont adressés aux laboratoires de virologie par la poste,
dans des conteneurs spécifiques. Pour les liquides de lavage
nasal, il n’y a pas de milieu de transport possible. Toutefois, il
est possible de mélanger le liquide collecté avec un milieu de
survie simple, ce qui permet de conserver l’échantillon à 4 °C
pendant quelques heures avant de l’envoyer au laboratoire dans
un délai maximum de 8 heures.
Techniques de détection des virus respiratoires
(tableau I)
Le diagnostic virologique au laboratoire est généralement réa-
lisé en combinant des techniques de détection antigénique
rapide et de mise en culture sur lignée cellulaire.
Les premières mettent en évidence des protéines virales direc-
tement dans le prélèvement, généralement par ELISA ou par
immunofluorescence (IF). Ces techniques rapides (2 heures en
moyenne) ont souvent une sensibilité correcte, parfois bonne
(17-19), et permettent au laboratoire de donner une première
réponse le jour même du prélèvement. C’est sur la base de ces
techniques que se développent les doctor-tests, tests simplifiés
et rapides (en général moins de 15 minutes), réalisables par un
médecin dans son cabinet (voir plus loin).
Il existe aussi des tests unitaires rapides utilisables au labora-
toire (environ 10 à 20 minutes). Le principe de ces tests est habi-
tuellement un ELISA sur membrane. Ils n’existent que pour la
détection des virus de la grippe [par exemple Flu A-B Directi-
gen, Beckton Dickinson (20), ou le VRS (Directigen)]. Ils per-
mettent la différenciation entre influenza A et influenza B, mais
pas le sous-typage des virus de type A (20). Leur évaluation par
rapport aux techniques classiques les place à équivalence avec
certains tests ELISA conventionnels.
Pour obtenir une bonne sensibilité, ces tests de diagnostic direct
sont en général couplés à la culture (7). La culture des virus
demande un environnement technique important dont ne dis-
posent pas la grande majorité des laboratoires privés. En effet,
la culture virale nécessite l’utilisation de hottes à flux laminaire
de classe II (ou postes de sécurité microbiologique), de micro-
scopes inversés, de centrifugeuses à plaques et d’étuves à CO2.
Outre l’aspect purement technique, le second facteur qui limite
l’utilisation de la culture est la nécessité d’avoir un personnel
ayant la connaissance et la maîtrise de ces techniques délicates.
La culture des virus respiratoires nécessite l’entretien de diffé-
rentes lignées, car il n’existe pas de lignée cellulaire permet-
tant l’isolement de l’ensemble de ces virus. Certaines cellules
sont plus sensibles pour certains virus respiratoires (par
exemple : MDCK pour virus influenza ; HEp2 pour VRS ou
Adénovirus). Ces cultures sont réalisées dans des plaques et
centrifugées, ou bien dans des tubes, ces derniers étant mis sur
des rollers afin d’améliorer la sensibilité de la culture (17). Les
prélèvements respiratoires sont habituellement incubés à 34 °C.
Les méthodes diagnostiques utilisables pour la détection ou la
culture des virus dépendent du pathogène recherché. Ainsi, une
détection antigénique par ELISA et/ou IF est utilisable pour
VRS, influenzaA et B et para-influenza 1, 2 et 3. Pour les Enté-
rovirus, les Rhinovirus, les Adénovirus respiratoires et les Coro-
navirus, il n’existe pas d’anticorps adaptés à leur détection.
Hormis les Coronavirus, les virus respiratoires sont bien isolés
en culture cellulaire. Ainsi, dans un laboratoire expérimenté, la
culture reste la technique de référence pour la détection des
virus respiratoires. En utilisant un panel de lignées cellulaires,
il est possible d’organiser la détection concomitante de plu-
sieurs virus dans un prélèvement. Ainsi, le CNR des virus
influenza (région Sud) assure un diagnostic assez élargi sur des
prélèvements réalisés en pratique communautaire (figure 2).
La Lettre de l’Infectiologue - Tome XVIII - n° 6 - novembre-décembre 2003
215
MISE AU POINT
Tableau I. Liste des techniques utilisables pour le diagnostic des
infections à virus respiratoires.
Virus Diagnostic direct PCR Culture
IF ELISA TDR
Influenza A +++++
Influenza B +++++
VRS A + + + + +
VRS B + + + + +
Rhinovirus - - - + +
Adénovirus - - - + +
Para-influenza 1 + +* - + +
Para-influenza 2 + +* - + +
Para-influenza 3 + +* - + +
Para-influenza 4+ + + +
Coronavirus** - - - + -
Entérovirus + - - + +
Métapneumovirus - - - + ±
* Les différents types peuvent être détectés par une réaction unique couplant
les AC anti-1+2+3.
** Hors souches Urbani et TOR.