PREPARER ENSEMBLE LE GRAND AGE PRESENTATION par Mme AUGIER – responsable de la commission Retraités Le Grand Age ! que faire de cette vie gagnée grâce aux progrès de la médecine ? Quel sens pour la vieillesse ? Il est fréquent d’entendre ces réflexions et ces questions autour de nous. Ce qui nous interpelle : nous, nos proches, les soignants et les aidants.. qui écoutent et accompagnent au quotidien les plus âgés d’entre nous, leur apportant simplement une qualité de vie la plus digne. Donner de la vie au temps ! Nous abordons là une terre inconnue. C’est la première fois, dans l’Histoire de l’Humanité, que 5 générations vont cohabiter de façon significative. Et si l’allongement de la vie était plutôt une bonne nouvelle ! L’Humanité ne seraitelle pas tout simplement en train de grandir ? Le jeunisme proclamé de notre Société serait une erreur fondamentale. Le point d’équilibre de l’Humanité ne serait-il pas plutôt celui que nous allons connaître avec des êtres humains promis à une longévité moyenne de 1 siècle ? Nous pouvons nous demander si notre Société actuelle est suffisamment adaptée pour répondre aux problèmes posés par cet allongement de la durée de vie. Cela nécessitera sans doute encore de nombreuses évolutions. Pour nous aider à réfléchir et à répondre à nos premières interrogations, nous avons demandé leur concours à des professionnelles particulièrement qualifiées, dont nous apprécions déjà l’action à leur grande valeur. Ce sont : Madame GUIDOLLET , directrice du Service de Soins à Domicile (SSAD) du 6è. Madame CREUZIL, assistante sociale à la Maison du Département (MDR) du 6è. Madame DAUMUR, administrateur du Centre de Coordination médico-social (CCMS) Mme GUIDOLLET – Au siècle dernier, le Grand Age était une histoire de solidarité familiale. Actuellement, l’éclatement des familles, le travail des femmes, les appartements plus petits.. disons tout simplement : la vie moderne, ont changé le cours des choses. Le déferlement de la « vague grise » , dont on parle beaucoup, ne fait que commencer. Il faut réagir vite. Et j’ai presque envie de dire : est-ce que ce n’est pas déjà tard ? Au niveau national, on parle beaucoup du Plan Alzheimer. Mais , quand commence le Grand Age ? On sait que l’espérance de vie augmente. Au siècle dernier, on était « vieux » à 60 ans. Maintenant, moi qui suis dans la gériatrie depuis bientôt 30 ans, je ne saurais répondre. On parle de 4è, voire de 5è âge.. Au niveau de mon Service, la moyenne d’âge est de 88 ans. Mais comment bien vivre chez soi, en sécurité, en harmonie avec son environnement ? Le maintien à domicile ? oui, mais : jusqu’où ? Il ne faut pas diaboliser l’entrée en institution. Il faut la préparer, préparer le patient, préparer la famille. Pourquoi, comment rentre-t-on en institution ? A quel prix ? La personne qui devient dépendante des autres, cela ne peut-il pas entraîner des maltraitances physiques, psychologiques, aussi bien au domicile de la part de la famille, qu’en institution de la part des soignants ? A toutes ces interrogations, nous allons essayer de répondre. Mme CREUZIL – J’ai 58 ans. J’ai la maladie de Parkinson depuis 14 ans et je continue à travailler...Nous sommes10 assistantes sociales à la MDR de Lyon, et 2 plus spécialisées pour les personnes âgées(PA) Quelques éléments de démographie – La population seniors, en France, compte 30% de plus de 50 ans. Les femmes représentent 55% de la population âgée de 60 à 75 ans, et 80% des plus de 85 ans. L’espérance de vie est de 83 ans pour les femmes et de 75 ans pour les hommes. Statistiques de 2002 – Il y a, en France, environ 850.000 personnes de plus de 60 ans dépendantes – dépendance psychique, physique, ou les deux. Elle augmente avec l’âge. Mais on peut rester autonome au moins jusqu’à 80 ans. Le logement - Jusqu’à 85 ans, 90% des personnes habitent à leur domicile, comme 80% de 85 à 90 ans , et 54% des plus de 90 ans. Donc tout le monde n’est pas concerné par la vie en établissement. Il y a d’autres alternatives comme l’accueil de jour, l’accueil familial, l’hébergement temporaire... Dans le Rhône, toutes les Collectivités territoriales – municipalités, département sont concernées par les EPAD (établissements pour PA dépendantes) . Le Conseil Général est responsable de l’ADPA (allocation départementale personnalisée d’autonomie) – loi de juillet 2001, application au 1er janvier 2002 – qui déclare : « toute PA, résidant en France, qui se trouve dans l’incapacité d’assumer les conséquences du manque ou de la perte d’autonomie liés à son état physique ou mental, a droit à une allocation permettant une prise en charge adaptée à ses besoins ». Cette allocation est versée par le département, sous condition de dépendance et de revenus. Le médecin traitant détermine le degré de dépendance, suivant une grille. Les personnes peuvent avoir une allocation mensuelle qui varie de 509 euros à 1189 euros par mois pour payer une aide à domicile. Un barème tient compte des revenus. Tout le monde peut prétendre à cette allocation. Cela permet le maintien à domicile un certain temps dans de bonnes conditions. En 2002, dans le Rhône, 14.000 personnes touchaient cette allocation. Actuellement, il y en a 20.000. Sur le 6è arr., au 31 Août, on comptait 352 allocataires à domicile, 404 en établissements. Mme DAUMUR – Je suis ancienne directrice d’école d’infirmières, en retraite. Tout d’abord, la formation des infirmières et des aides-soignantes réserve, aujourd’hui, une très large part aux P.A., compte-tenu de l’évolution des problèmes de santé. Je vais parler d’une formule intermédiaire entre le domicile et la maison de retraite : l’hébergement temporaire. Une maison des familles à Villeurbanne a été construite par Habitat et Humanisme. Nous y avons, maintenant, une formule d’hébergement temporaire. L’hébergement temporaire est un lieu dans lequel on peut accueillir des personnes de plus de 60 ans – avec conditions particulières pour des gens qui seraient en invalidité, à partir de 55 ans. Les conditions d’accès sont relativement souples ; cela peut être un conjoint qui va se faire hospitaliser, qui est malade, alors que l’autre conjoint ne peut plus répondre complètement à ses besoins ; on peut donc accueillir 2 conjoints ou 1 seul si l’autre est hospitalisé. Cela peut être : laisser souffler la famille quand elle est fatiguée par une P.A. difficile, en train d’entrer dans la dépendance, mais sur une période relativement courte ( été, vacances..). Cela peut être la sortie de l’hôpital de quelqu’un qui est seul, avant son retour à son domicile, qui n’est pas forcément passé par la maison de convalescence ; etc.. Ici, la durée de l’hébergement temporaire est très strict : 3 mois, renouvelables 1 fois. On ne peut rester au-delà de 6 mois – ce qui donne, quand même, un peu de temps aux familles pour s’organiser. Car l’objectif est bien le retour à domicile. Il est assuré par des professionnels de santé (infirmières, aides soignantes, bénévoles) car cette Maison reçoit d’autres types de patients. Ce qui implique de faire provisoirement ce que les hébergés ne peuvent pas faire et faire avec eux tout ce qu’ils savent faire pour retourner au domicile. Ce n’est donc pas une maison de repos, ni une maison de retraite. L’objectif est bien de garder des habitudes en vue du retour à la maison. Un autre objectif : les attentes pour l’entrée en maisons pour P.A. sont souvent un peu longues. L’hébergement temporaire peut être, provisoirement, une façon d’attendre entre le domicile et l’EPAD. D’autres Maisons, en particulier les EPAD, font de l’hébergement temporaire, avec souvent peu de places. Aussi cette formule est assez demandée, parce qu’elle rend service et qu’on peut répondre dans l’urgence, dans les 3 jours. Mais ne sont pas concernés les gens de grande dépendance. L’ADPA est attribuée en fonction du degré de dépendance. Les gens situés dans la Grille aux niveaux 1 et 2 ne peuvent être reçus en hébergement temporaire, car l’offre de soins ne serait pas suffisante pour eux, puisqu’on se situe dans les soins de la vie courante. L’accueil de jour – il existe de plus en plus. Ce lieu reçoit des personnes à la journée. Elles sont prises en charge le matin et rentrent chez elles le soir. Cela touche beaucoup de gens atteints de la maladie d’Alzheimer, mais pas seulement. Cela soulage un peu la famille. Les personnes accueillies dans chaque lieu ne sont pas très nombreuses - souvent de 10 à 15 - ce qui permet des activités intellectuelles, ou gestuelles.. et cela permet aussi de garder un lien social, avec, parfois, le partage du repas ou du goûter, ce qui incite la PA à bien se situer en tant que PA, mais pas forcément dépendante. Quand c’est bien organisé, il y a une prise en charge dès le matin en véhicule, et, le soir, la PA est ramenée chez elle. Cette formule, très intéressante, aura besoin d’être développée. Cela aide, parfois, à envisager l’hébergement temporaire ou définitif, en ayant permis une petite adaptation à ce que peut être la vie en collectivité quand on ne peut plus rester chez soi. Mais une des difficultés de l’accueil de jour, c’est souvent le financement : qui paie ? Mme C – L’accueil de jour pour le 6è arr. présente 3 possibilités qui se situent dans le 3è arr ; il faut donc se déplacer. Un est situé 7 cours Gambetta ; un nouveau rue Guillou ; et un Centre de jour pour PA, situé au centre médico-psychologique, 236 cours Lafayette, avec prise en charge par la Sécurité Sociale , y compris le transport. Dans le cadre de l’ADPA, on peut prendre en charge les transports. Mme G – On voit qu’avant l’entrée en maison de retraite, il y a d’autres alternatives. car toutes les personnes souhaitent rester le plus longtemps possible chez elles. Comme j’ai été DRH en maison de retraite médicalisée pendant 10 ans, en région parisienne, j’ai connu les deux systèmes et, vraiment, il ne faut pas diaboliser le placement en institution. Le domicile a ses limites , et il y a des maisons de retraite, des institutions où il fait bon vivre. Vieillir chez soi – ce que l’on souhaite tous, c’est vivre à son domicile en sécurité, en harmonie avec l’environnement extérieur. C’est en éprouver un certain bien-être, malgré la vieillesse, peut-être la maladie, qui vont réduire peu à peu les capacités motrices et intellectuelles. C’est accepter, (j’y insiste) avant que la dépendance ne devienne trop importante, des aides des auxiliaires de vie, ou des Services de soins à domicile, ou des infirmières libérales. Il est important de comprendre qu’il faut mettre en place, à domicile, un préventif. Pourquoi ? parce que des liens vont s’installer entre la PA, les aidants professionnels et la famille. Un climat de confiance va s’installer ; alors on va pouvoir accompagner le patient jusqu’au bout. J’hésite toujours, dans le Service que je dirige, à prendre en charge une personne très dépendante, qui est déjà à la limite du domicile ; parce que la famille est épuisée, on voit que cette personne ne pourra pas rester encore très longtemps chez elle, qu' il faut préparer un placement rapidement. Une aide un peu utopique de maintien à domicile se fait dans de mauvaises conditions. Au domicile, l’aide-soignante entre dans l’intimité de la personne : on entre dans sa maison, dans son histoire, à un moment de sa vie où elle devient vulnérable. Il faut beaucoup de savoir-faire et de savoir-être. La bonne volonté ne suffit pas...J’insiste sur l’importance des formations, des groupes de parole pour la famille, pour les soignants, du travail en réseau avec les différents intervenants. A domicile, on est nombreux à intervenir ! D’abord, il y a le médecin, puis l’infirmière, l’assistante sociale, le kiné, parfois l’orthophoniste, les auxiliaires de vie, les aides-soignantes des services de soins, les bénévoles, la télé-assistance, les magasins de matériel médical. Il faudra penser au portage du repas, parfois au foyer-restaurant .. Dans mon Service, j’ai 60 patients à domicile et beaucoup ont toutes ces personnes qui interviennent chez elles ! C’est énorme. Avec l’avancée de l’âge et de la solitude, les risques de ne plus pouvoir rester au domicile augmentent au premier incident. Il faut bien en prendre conscience. Si les personnes aspirent à vivre chez elles, encore faut-il leur donner les moyens de le faire en toute sécurité. Les PA éprouvent un besoin de sécurité vis-à-vis des risques, qui, à domicile, sont importants : les chutes, les malaises, le sentiment de solitude – on le voit à la tombée de la nuit – et la peur des agressions. .. Pour favoriser le maintien à domicile, il faut 2 choses essentielles : mobiliser l’intérêt de la PA et maintenir les relations sociales. Lorsque les PA sont isolées, elles subissent une atteinte morale qui influe sur le physique ; et, là, on voit arriver des phénomènes de glissement . Il faut proposer à la PA et à la famille les services présents dans leur arrondissement. Dans chaque arrondissement de Lyon, vous avez la Mairie où on vous donnera les renseignements nécessaires, et la MDR. En cas de problème, si vous avez frappé à ces deux portes, des professionnels vous seront indiqués qui pourront répondre à vos interrogations. Vivre chez soi semble être l’idéal, mais cela peut être au détriment de la qualité de la vie – j’y insiste. L’effort peut être trop important pour la PA ou pour les possibilités d’aide familiales ou celle des professionnels ; on en arrive à ce que l’on appelle, en psychologie, le burn out, c’est-à-dire qu’on n’en peut plus. C’est là où les familles et les aidants professionnels peuvent être entraînés vers de la maltraitance. Celle-ci, ce ne sont pas forcément des coups, mais toute la maltraitance psychologique : la personne qu’on laisse dans son coin ; à qui on ne donne plus ses médicaments, ou à boire, ou à manger.. sur laquelle on fait une pression permanente : on lui fait sentir qu’elle est de trop ; on lui prend son argent... Tout cela, c’est de la maltraitance. Quand on voit que, à domicile, la PA est trop dépendante pour rester chez elle, c’est à nous, les professionnels, d’aider à prendre la décision. Il faut aider la famille et aider le patient. Ce n’est pas toujours facile, et on y passe beaucoup de temps – j’y passe du temps, comme les aides-soignantes qui, tous les matins, vont faire des soins. On essaie de préparer. Pour les professionnels, quels sont les critères qui peuvent nous faire penser qu’un maintien à domicile a atteint ses limites ? Ils sont nombreux, et un seul d’entre eux peut aider à déterminer que la limite du maintien à domicile est atteinte. C’est : - quand la sécurité à domicile est insuffisante – quand le coût est trop élevé : avec une auxiliaire de vie, 24hx24h, on arrive à 3 ou 4.000 euros par mois. Alors que, pour les institutions les plus chères, c’est 100 euros par jour, avec une sécurité.. - quand la solitude est trop grande – quand la PA ne s’alimente plus – quand il y a des risques sur le voisinage, avec les incendies, les fuites de gaz – quand le patient désorienté (type Alzheimer) fait des fugues répétées (c’est, hélas ! un problème auquel on est de plus en plus souvent confronté) – quand l’entourage est épuisé dans sa bonne volonté et va devenir maltraitant ; dans ce cas, c’est l’aidant qui va flancher avant le patient , qu’il s’agisse d’un enfant ou d’un conjoint – quand il y a excès des aides, la multiplication des acteurs : imaginez la personne qui voit entrer chez elle, toute la journée, ces différentes personnes qui ont la clé ! – quand arrivent des excès d’hospitalisation en urgences, phénomène fréquent, toujours traumatisant, par ex. pour des chutes à répétition ; on sait comment cela se passe : aux urgences, on attend des heures sur un brancard, sans boire, sans manger .on est examiné.. on n’a pas grand chose.. on donne un petit traitement.. et on revient chez soi. Mais c’est un traumatisme, quand on est âgé, d’avoir passé une journée, une nuit sur un brancard.. on revient chez soi, et c’est l’aide-soignante ou l’infirmière qui, le lendemain, va prendre le relais. C’est dur ! Quand c’est répété plusieurs fois, je dis au patient et à la famille : Là, non, ce n’est plus possible. Tous ces critères doivent nous alerter, nous les professionnels et nous devons aider à décider. Mais il faut recueillir l’avis et les désirs de la PA. J’insiste parce que, bien souvent, c’est la famille qui décide pour la PA du lieu où elle va aller terminer sa vie. Non ; vraiment, la PA doit être prise en considération. Il faut parler avec elle. Et, même avec les patients atteints d’Alzheimer, quand on prend le temps de leur parler, de les écouter, on arrive à percevoir ce qu’ils souhaitent. Vraiment, il faut en tenir compte. Il n’y a rien de plus traumatisant qu’un passage en institution comme ça, sans que la personne ait été préparée. Cette semaine, une famille n’a rien voulu entendre ; la personne part ce week-end, quitte la région lyonnaise, va au fin fond d’une campagne...Quand je dis aux enfants : vous l’avez préparée ? – Ah, non ! elle verra quand elle sera sur place !...Une situation pareille est beaucoup plus fréquente qu’on ne le pense : on met la PA devant le fait accompli, comme si elle n’était pas capable de réfléchir.. Qu’on l’aide à prendre sa décision ? bien sûr...Que les enfants aillent visiter l’établissement d’abord ? oui. Et qu’on en parle avec la personne ensuite ? oui. En ce qui concerne le niveau du maintien à domicile, je veux dire que, au cours de ces 13 années où je suis à Lyon, un effort important a été fait concernant l’ADPA, les aides. Les places en Services de soins ont été augmentées ; ces Services existent dans tous les arrondissements ; celui du 6è est le plus important : on y prend en charge 60 à 65 PA, contre 20 il y a 13 ans, et il n’y a pas de trop longues listes d’attente, alors qu’il y a 8 ans, elles étaient souvent de 30 personnes. Si vous appelez, peut-être que je ne pourrai pas répondre favorablement dans les 3 jours, mais dans les 15 jours ou 1 mois, on aura trouvé une solution, sauf si la dépendance est trop importante. Si on demande pour un patient un passage matin et soir, 7 j / 7j, je répondrai : non, parce que j’ai en attente, au Service, des patients où on ne passe que le matin et qui auraient besoin en plus d’un passage le soir et le week-end. Evidemment, puisque je m’engage à accompagner ces patients jusqu’au bout, c’est à eux que je donnerai la priorité. Les assistantes sociales, les auxiliaires de vie, les services de soins à domicile, les infirmières libérales, les médecins, ce sont des professionnels de santé qui, de plus en plus, travaillent ensemble. Il y a quelques années, on se regardait un peu de travers.. Quand je suis arrivée en 82, on m’a dit que quand on avait décidé de créer des SSAD, les infirmières ont levé le bouclier en disant : on va prendre notre place,.même chose quand on a vu arriver les auxiliaires de vie.. Non : il y a de la place pour tout le monde ; mais chacun doit rester à sa place : une auxiliaire de vie, ce n’est pas une aide-soignante, qui n’est pas une infirmière. L’auxiliaire de vie dépend d’une association ; normalement, elle doit avoir une formation ; elle est au service de la PA pour aider aux actes essentiels de la vie : un peu de ménage, les courses, les repas, une toilette simple. Elle est rémunérée par la PA et par l’ADPA . Les services d’auxiliaires de vie, cela « fleurit » partout ! Donc, attention à bien choisir. Reportez-vous au Guide du 6è, qui en répertorie quelques uns de sérieux. Avant de faire appel à un Service d’auxiliaires de vie, renseignezvous auprès de la Mairie, de la MDR ou de mon Service. Au niveau du Service de soins, dans le 6è il n’y a pas le choix, puisqu’il n’y en a qu’un : le SSAD, que je dirige. Il emploie des aides-soignantes. Mme X – A la MDR ou à la Mairie, on vous donne la liste de tous les Services existants, sans marquer de préférence. C’est aux familles de faire leur choix. Mme X – En fait, il faut une bonne entente entre la PA et la professionnelle qui va intervenir. Dans la pratique, cela se fait à l’usage ! Mme G – C’est vrai que le lien qui va se créer entre l’auxiliaire de vie et le patient est important. Si vous êtes mécontent, vous avez la possibilité d’un recours auprès du responsable/employeur. Pour le SSAD, les aides-soignantes ont toutes un diplôme, qui bientôt sera un diplôme d’Etat. Donc, elles reçoivent une formation et, à domicile, elles travaillent sous la responsabilité de l’infirmière. Les SSAD dépendent du Ministère de la Santé, localement de la DDASS, et ils sont financés par la CPAM, qui fixe un prix de journée. Dans mon Service, je le multiplie par 60 (quantité pour laquelle je suis agréée) et par 365 j, ce qui me donne mon budget annuel pour faire tourner ma « PME ». La prise en charge est totale, mais sur prescription médicale : le médecin traitant me remplit un imprimé que j’envoie au médecin de la CPAM pour accord. Cette prescription médicale est à faire renouveler tous les 3 mois. C’est donc un service de « soins » = nursing : toilette, hygiène, surveillance des traitements médicamenteux, toute la surveillance et la prévention des troubles de santé, la surveillance des constantes : pouls, température, etc.. avec le soutien psychologique et le maintien d’un lien social. Entre le patient et le SSAD, il y a un contrat de soins fixé au moment de la prise en charge, qui sera réactualisé si l’état de dépendance devient plus important. Tout cela pour permettre aux PA de rester chez elles le plus longtemps possible, dans les meilleures conditions d’hygiène et de confort possibles, avec des professionnels qui ont envie de ce maintien à domicile et qui ont envie de collaborer entre eux intelligemment. Réponses à des questions (partiel) Mme X – Je veux signaler qu’il y a, maintenant, une formation pour les auxiliaires de vie. Elle est de 6 mois. Egalement, toutes les personnes qui travaillent depuis des années auprès de PA peuvent demander une validation de leurs acquis. Il est effectivement très important que ces personnes aient une formation. N’importe qui ne peut pas rentrer au domicile des PA. Mme G – Cette formation n’est pas encore obligatoire. Mais, depuis quelques années, on voit un changement, avec une qualité de la prise en charge par des auxiliaires de vie qui n’existait pas au départ. Mme X – On doit tenir compte de la qualité du 1er accueil quand on prend contact avec un service d’auxiliaires de vie... et, dans 1 an ou 2, ceux qui ne seront pas « sérieux » ne tiendront pas le coup ! Et il y a la validation des acquis. On a eu bien des personnes qui s’occupaient bien des PA, même avec une très petite formation de base. Il faut les inciter à demander la validation de leurs acquis. Mme X – Devient progressivement obligatoire l’agrément des associations. Mme G – On arrive progressivement à légiférer là-dessus. C’est à nous d’y travailler pour obtenir la qualité indispensable. Mme X – J’ai eu affaire au SSAD pendant plusieurs mois...J’en ai été enchantée ! Mr X – Quand une PA est en établissement ; si elle ne peut plus payer, car les tarifs sont de l’ordre de 2 à 3.000 euros par mois. Que se passe-t-il ? Mme C – Si la maison de retraite n’est pas habilitée à l’Aide Sociale, il n’y a pas de solution. Si la PA a un patrimoine, elle va le vendre. Si l’établissement est habilité, jouera l’obligation alimentaire par les enfants, qui doivent participer en fonction de leurs revenus . Mme X – Où s’adresser pour connaître les possibilités d’hébergement temporaire ? Mme D – A la Mairie, à la MDR, etc.. et beaucoup d’établissements pour PA en font. Parfois, on a besoin de cet hébergement pour faire des améliorations dans le logement afin de rendre possible le maintien à domicile. Mme C – Le CRIAS peut donner une foule de renseignements – 1 cours Albert Thomas – Lyon 3 – T° 04 78 62 98 24 – Internet. Mme X – La Mairie, la MDR peuvent également donner tous les renseignements utiles. Et il peut être bon de se renseigner avant d’avoir besoin sur toutes les questions que l’on se pose. Il ne faut pas hésiter à prendre un rendez-vous, par ex. à la MDR, ou à y passer...Cela vaut mieux que de traiter des situations dans l’urgence, car, là, on est tellement content de trouver une solution qu’on ne prend pas la précaution de se renseigner complètement. Mme G – On en revient toujours au préventif : ne nous alertez pas trop tard ! L’urgence, c’est souvent la catastrophe aussi bien pour le patient que pour la famille, et on ne trouve pas la solution que l’on aurait aimée.. On n’ose pas, parce que cela ne va pas si mal.. Non, n’attendez pas que cela aille trop mal. Au niveau du coût : la prise en charge se fait à partir d’une grille du niveau de dépendance de la PA. Mais, pour le SSAD, quel que soit le niveau de dépendance, la prise en charge est totale. Par contre, la prise en charge d’une auxiliaire de vie dépend du niveau de la Grille : plus vous êtes dépendant, plus vous êtes pris en charge. Mme X assistante sociale – La prise en charge de l’hébergement en maison de retraite. Préparer le Grand Âge, c’est préparer aussi les questions financières – et, par ex, faire une épargne. .. Et quand, par ex, on entre en urgence à l’hôpital et qu’il faut trouver une solution très rapidement. je mets en garde les familles, car la décision rapide se fait d’abord en fonction des questions financières. Il faut faire une évaluation de son budget et du coût de l’établissement, surtout savoir s’il est agréé aide sociale ou non.. sinon, on court à une catastrophe à court ou long terme. Dans mon travail, je me trouve devant des situations catastrophiques parce que les gens ne se sont pas préparés. ..Il faut un changement de mentalités et se préparer à ce coût de l’hébergement qui va de 1.500 à 3.000 euros par mois...Alors que les gens que je rencontre ont souvent aux alentours de 1.200 euros de revenus par mois... Comment combler la différence ? L’établissement intervient sur le forfait dépendance.. mais c’est très souvent insuffisant...Et la PA a besoin d’un minimum de revenus pour payer de petites dépenses : la cotisation mutuelle, le coiffeur, les achats de vêtements, etc...Il faut aussi compter avec la durée de séjour : la moyenne est actuellement de 4,5 ans...mais elle peut être de 10 ans et plus.. cela dépend beaucoup de l’âge d’entrée dans l’établissement. Pour arriver à payer, on va regarder l’obligation alimentaire des enfants : peuvent-ils ou non participer ? le calcul étant très compliqué, on ne peut chiffrer à l’avance. Il faut attendre la décision de l’Aide Sociale. Mme X – L’Aide Sociale est un chapitre de la loi des années 30, qui a continué à se structurer ; c’est une avance consentie à des personnes quand elles ne peuvent pas, sur le moment, assumer certaines dépenses. Elle est liée à l’obligation alimentaire (ascendants et descendants). Elle fait toujours l’objet d’une enquête financière et sur le patrimoine. L’Aide sociale fixe le montant de la contribution des enfants, mais on peut le contester. On peut se trouver dans des situations familiales très compliquées ; alors on « suggère » la participation. Un enfant peut demander au Juge des Tutelles que soit fixé, par décision judiciaire, le montant de la participation de chacun. La loi a toujours prévu les enfants. Ensuite, ce sont les Conseils Généraux qui décident. Certains Départements ont recours même aux petits-enfants (ce n’est pas le cas dans le Rhône). Puisqu’il s’agit d’une avance que l’Etat consent, les Départements procèdent à des récupérations. C’est parfois difficile à entendre quand on a voulu constituer un patrimoine pour ses enfants...Peut-être faudrait-il parler avec ses enfants et petitsenfants de comment vous imaginez votre vieillissement et les coûts financiers... Mme G – Pourquoi garde-t-on à domicile des personnes qui devraient être en institution ? parce que le patient n’a pas les moyens de prendre en charge un prix de journée...Alors, on garde des personnes qui ne sont pas en sécurité.. Peut-être qu’on fera évoluer les mentalités et envisager les utilisations éventuelles du patrimoine , mais on n’en est pas encore là On me dit : « on fait appel à votre Service de soins parce que c’est gratuit.. » Mais qu’est-ce que cela veut dire « gratuit » ? Pour la génération actuelle des 80 ans, cela ira encore. Mais pour celle qui a 60 ans, dans 20 ans, qu’est-ce que cela donnera ? Mme X – Pour les célibataires qui ont une petite retraite – ex : 1.000 euros par mois. si le coût de l’hébergement est de 1.500 euros.. on demande l’aide Sociale, qui verse la différence, en laissant 10% de sa retraite à l’intéressé pour divers frais.... ---------------