Dans mon Service, j’ai 60 patients à domicile et beaucoup ont toutes ces personnes
qui interviennent chez elles ! C’est énorme.
Avec l’avancée de l’âge et de la solitude, les risques de ne plus pouvoir rester au
domicile augmentent au premier incident. Il faut bien en prendre conscience. Si les
personnes aspirent à vivre chez elles, encore faut-il leur donner les moyens de le
faire en toute sécurité. Les PA éprouvent un besoin de sécurité vis-à-vis des
risques, qui, à domicile, sont importants : les chutes, les malaises, le sentiment de
solitude – on le voit à la tombée de la nuit – et la peur des agressions. ..
Pour favoriser le maintien à domicile, il faut 2 choses essentielles : mobiliser
l’intérêt de la PA et maintenir les relations sociales. Lorsque les PA sont isolées,
elles subissent une atteinte morale qui influe sur le physique ; et, là, on voit arriver
des phénomènes de glissement . Il faut proposer à la PA et à la famille les services
présents dans leur arrondissement. Dans chaque arrondissement de Lyon, vous
avez la Mairie où on vous donnera les renseignements nécessaires, et la MDR. En
cas de problème, si vous avez frappé à ces deux portes, des professionnels vous
seront indiqués qui pourront répondre à vos interrogations.
Vivre chez soi semble être l’idéal, mais cela peut être au détriment de la qualité
de la vie – j’y insiste. L’effort peut être trop important pour la PA ou pour les
possibilités d’aide familiales ou celle des professionnels ; on en arrive à ce que l’on
appelle, en psychologie, le burn out, c’est-à-dire qu’on n’en peut plus. C’est là où les
familles et les aidants professionnels peuvent être entraînés vers de la maltraitance.
Celle-ci, ce ne sont pas forcément des coups, mais toute la maltraitance
psychologique : la personne qu’on laisse dans son coin ; à qui on ne donne plus ses
médicaments, ou à boire, ou à manger.. sur laquelle on fait une pression
permanente : on lui fait sentir qu’elle est de trop ; on lui prend son argent... Tout
cela, c’est de la maltraitance.
Quand on voit que, à domicile, la PA est trop dépendante pour rester chez elle, c’est
à nous, les professionnels, d’aider à prendre la décision. Il faut aider la famille et
aider le patient. Ce n’est pas toujours facile, et on y passe beaucoup de temps – j’y
passe du temps, comme les aides-soignantes qui, tous les matins, vont faire des
soins. On essaie de préparer.
Pour les professionnels, quels sont les critères qui peuvent nous faire penser qu’un
maintien à domicile a atteint ses limites ? Ils sont nombreux, et un seul d’entre eux
peut aider à déterminer que la limite du maintien à domicile est atteinte. C’est :
- quand la sécurité à domicile est insuffisante – quand le coût est trop élevé : avec
une auxiliaire de vie, 24hx24h, on arrive à 3 ou 4.000 euros par mois. Alors que, pour
les institutions les plus chères, c’est 100 euros par jour, avec une sécurité..
- quand la solitude est trop grande – quand la PA ne s’alimente plus – quand il y a
des risques sur le voisinage, avec les incendies, les fuites de gaz – quand le patient
désorienté (type Alzheimer) fait des fugues répétées (c’est, hélas ! un problème
auquel on est de plus en plus souvent confronté)
– quand l’entourage est épuisé dans sa bonne volonté et va devenir maltraitant ;
dans ce cas, c’est l’aidant qui va flancher avant le patient , qu’il s’agisse d’un enfant
ou d’un conjoint – quand il y a excès des aides, la multiplication des acteurs :