Entre Renaissance, Réformes et absolutisme XVIe-XVIIe siècles Le XVIe Siècle est marqué par la Renaissance, magnifique floraison d'un art nouveau, qui connaît alors son sommet. Partout en Europe, elle se diffuse grâce à de très grands créateurs comme Léonard de Vinci, Raphaël, Michel-Ange ou Titien et profite de la découverte de l'Amérique (1492) et de ses trésors (l'or et l'argent). L'Humanisme exalte la dignité de l'homme et sa liberté. Parallèlement, la Réforme est propagée par des croyants qu'angoisse le problème de leur statut, Luther en Allemagne (1517), Calvin en France et à Genève, ou imposée par un souverain, Henri VIII d'Angleterre , qui veut rompre avec Rome. Cela finira par mettre un terme à l'unité du christianisme occidental. La Réforme provoque également un déchirement de l'Europe chrétienne. Ces instabilités européennes poussent des monarques comme Louis XIV en France, Pierre le Grand en Russie, Charles Ier au Royaume-Uni à installer des monarchies absolues. Néanmoins les îles britanniques sont soumises à une révolution et les Pays-Bas proclament leur indépendance sous le nom de ProvincesUnies : c'est une liberté qui apporte un important progrès économique notamment par le commerce maritime. Le XVIIe Siècle est accentué par la crise démographique, des famines, des guerres incessantes, et des épidémies. Cependant, des améliorations scientifiques et un essor artistique (l'art baroque), en rupture avec la Renaissance sont à noter. L'Espagne et l'Angleterre voient cette époque comme le « Siècle d'Or», alors que la France est au classicisme. I- LA RENAISSANCE : L'EUROPE A L'ECOLE DE L'ITALIE 1) L'essor En 1600, la population européenne compte près de 100 millions d'habitants, libérés des épidémies de peste du Moyen-Age, au lieu de 70 millions en 1500. Même si cette population reste essentiellement rurale, le développement des villes comme Paris et Londres qui comptent deux cent mille habitants est concrétisé au XVIe siècle. Les zones urbaines connaissent une expansion supérieure à la croissance moyenne de la population. L'essor économique européen développe le système bancaire. Les opérations de change font partie de ce mouvement. La croissance européenne est avant tout faite par les échanges, avec la découverte de nouvelles mines d'argent (Tyrol, Bohème, Hongrie). 2) L'héritage de Charles Quint En 1515, François Ier , le nouveau roi de France, remporte la bataille de Marignan, et reconquiert le Milanais. Mais Charles Quint , empereur germanique, menace désormais la France à ses frontières. En effet, Charles Quint , fils de Jeanne la Folle et Philippe le Beau, a reçu un héritage conséquent. Né à Gand en 1500, c'est un prince bourguignon par sa naissance et son éducation. A la mort de son père, il reçoit les Pays-Bas et la Franche-Comté, le duché autrichien, ce qui lui permet d'être élu Empereur du Saint-Empire Romain Germanique en 1519. Par sa mère, Charles Quint hérite des royaumes d'Espagne, de Sicile, de Naples et de Sardaigne. Il a également d'immenses colonies en Amérique. Une première guerre éclate entre François Ier et Charles Quint en 1521, ce qui enflamme toutes les frontières. François Ier est fait prisonnier au cours de la bataille de Pavie (février 1525), et signe le Traité de Madrid le 14 janvier 1526. Il abandonne la Bourgogne et Tournai à l'Espagne, le Milanais au connétable de Bourbon et cède sa suzeraineté sur la Flandre et l'Artois. La défaite française provoque un bouleversement des alliances. Les Etats italiens, qui sont conduits par le pape Clément VII, s'allient à la France : c'est la ligue de Cognac contre Charles Quint . Une nouvelle guerre éclate et se termine par le Traité de Cambrai, dit «La Paix des Dames» car établi entre Louise de Savoie (mère de François Ier ) et Marguerite d'Autriche (tante de Charles Quint ). C'est une querelle incessante qui vit entre un roi de France qui exprime sa volonté d'indépendance et de modernité face à un Maître régnant d'Empire sur lequel «le soleil ne se couche jamais». L'une des grandes menaces sur l'Europe au XVIe Siècle est l'Empire Ottoman qui s'étend toujours plus. Il met même en danger l'Empire de Charles Quint . Cependant, ce dernier réussit à sauver Vienne en contrant l'avance des Turcs en 1529. Pendant toute la seconde moitié du XVIe Siècle, jusqu'à la bataille navale de Lépante en 1571, l'Empire Ottoman reste une menace réelle pour l'Europe. 3) La Renaissance au sommet A la fin du XVe et au XVIe Siècle, les artistes italiens s'enthousiasment pour l'art gréco-romain. Les architectes reviennent aux formes antiques comme la coupole, le fronton ou les chapiteaux antiques ; les peintres et les sculpteurs s'inspirent de la mythologie. Les artistes des XVe et XVIe Siècles vont cependant plus loin que les artistes gréco-romains. Ils représentent aussi des sujets tirés de la Bible et inventent l'art du portrait (la Joconde, peinte par Léonard de Vinci, illustre notamment ce changement). Les peintres mettent au point les règles de la perspective ; ils utilisent la peinture à l'huile et peignent parfois sur des toiles ; ils parviennent à mieux rendre les effets de la lumière. Cette période artistique prend le nom de Renaissance parce que l'art connaît une nouvelle naissance. Au XVIe Siècle, les villes, les grandes familles, les dirigeants italiens cherchent à montrer leur puissance et leur richesse à leurs voisins ; c'est pourquoi ils veulent acquérir les plus beaux monuments et les plus belles oeuvres d'art. Ils passent des commandes à des artistes et assurent leur entretien. Au XVe Siècle, c'est Florence, dirigée par la famille des Médicis, qui est le centre de la Renaissance artistique. Mais au XVIe Siècle, affaiblie par les guerres et les troubles intérieurs, elle perd de son importance et c'est la Rome des Papes puis Venise, qui passent au premier plan. L'Italie attire des voyageurs nombreux ainsi que des peintres désireux de se perfectionner. La splendeur des palais provoque l'admiration des monarques européens. Plusieurs pays d'Europe subissent alors l'influence artistique de l'Italie. Sculpteur, Michel-Ange (1475-1564) orne plusieurs tombeaux. Peintre, il décore la voûte puis, longtemps après, le mur du fond de la chapelle Sixtine. Architecte, il conçoit le dôme de la basilique Saint-Pierre de Rome. Les rois français découvrent la Renaissance à l'occasion des guerres menées contre l'Italie e 1494 à 1516. Les rois de France Charles VIII (roi de 1483 à 1498), Louis XII (1498-1515) et François Ier (1515-1547) achètent en Italie des tableaux, des statues antiques et font venir en France des artistes italiens. Ils sont imités par les nobles. L'influence artistique de l'Italie se fait d'abord sentir sur les châteaux de la Loire (le plus vaste des châteaux de la Loire, Chambord est construit par François Ier entre 1519 et 1540 environ). Ils gardent un aspect médiéval avec leurs tours et leurs toits pointus, mais ils sont de style renaissance par des motifs décoratifs italiens. La Renaissance triomphe à l'intérieur du château de Fontainebleau, dont François Ier veut faire une nouvelle Rome et surtout dans la façade du Louvre, à Paris, construite par l'architecte Pierre Lescot à partir de 1546. Certains peintres et sculpteurs français participent à la Renaissance. Les sculptures de Jean Goujon ressemblent à des sculptures grecques. Nombreux sont les artistes d'Allemagne ou des Pays-Bas qui font le «voyage d'Italie». Ils adoptent les techniques de la Renaissance tout en réalisant des oeuvres originales. -Aux Pays-Bas, l'art est stimulé par les riches marchands qui commandent des peintures, achètent des objets de luxe, font construire des hôtels particuliers. Les peintres font surtout des portraits et des paysages. Pierre Bruegel l'Ancien (1530-1569) peint les fêtes de village et la vie des paysans des Flandres. -L'Allemagne connaît aussi une renaissance artistique. Le plus grand artiste allemand est Albert Dürer. Ses peintures ou ses gravures sont d'une grande précision. Il fait surtout des portraits. La Renaissance touche dans une moindre mesure les autres régions d'Europe, à l'écart des grands courants commerciaux. II- LA REFORME RELIGIEUSE La révolution religieuse, déclenchée par Martin Luther en 1517, bouleverse l'unité catholique en Europe. Cette réforme tant souhaitée depuis plusieurs siècles, prend racine au XVe Siècle. Au XVe Siècle, les Européens sont victimes de graves famines, épidémies et guerres. On se tourne alors toujours vers Jésus-Christ, la Vierge Marie, et le culte des saints. Les «indulgences», qui excusent ou pardonnent les fautes d'autrui, sont fréquemment accordées pour les plus riches, c'est-à-dire ceux qui peuvent faire de larges aumônes, par le Pape Léon X (15131521) qui doit financer la fin de la construction des travaux de la basilique Saint-Pierre de Rome. Ce malaise, développé facilement avec le Grand Schisme d'Orient (1378-1417), conflit durant lequel l'Eglise est divisée, donne lieu à la propagation de nouvelles formes d'hérésie, comme en Tchécoslovaquie avec Jan Hus. Parallèlement, les clercs sont de plus en plus critiqués : les curés sont accusés d'être ignorants et sans moralité ; les évêques et les abbés de chercher à s'enrichir ; les Papes d'agir comme des chefs de Gouvernements laïcs et d'entretenir une cour luxueuse. Les humanistes réclament une réforme dans le but de mettre fin a ces abus. Erasme (1469-1536), humaniste hollandais et grand voyageur, plaide pour l'intériorisation de l'acte religieux conçu comme un dialogue entre l'homme et Dieu. Il est partisan de la tolérance et d'une religion plus personnelle en recourant aux langues vivantes pour mettre le christianisme à la portée de tous. Le Français Lefèvre d'Etaples propose des méthodes voisines. En Allemagne, les hauts dignitaires de l'Eglise mettent un frein au courant réformateur représenté par Nicolas de Cuse et par d'autres humanistes. En Italie, le mouvement qui encourage la rénovation du clergé trouve moins d'obstacles. Enfin, des Espagnols conduisent un mouvement réformateur dirigé par le cardinal Cisneros. Le Pape Léon X se révèle incapable de répondre aux idées de génération religieuse qui parcourent l'Europe. Martin Luther lance publiquement sa révolte contre l'Eglise en 1517. 1) La réforme luthérienne Si l'Allemagne est le pays le plus propice au lancement de la révolte religieuse, c'est parce que partout en Allemagne, un ras-le-bol général (paysans, artisans, noblesse, bourgeoisie) dû à la richesse, à la vie de luxe et aux impôts du Saint-Siège se fait sentir. De plus, Charles Quint est régulièrement provoqué par des princes qui l'ont élu, ce qui diminue son autorité. Martin Luther (1483-1546) profite donc de cette crise pour lancer sa Réforme. Issu de la petite bourgeoisie, il étudie le droit à l'université d'Erfurt puis entre au couvent des Augustins. Docteur en théologie, il devient professeur à l'université de Wittenberg en 1512. Luther pense que seule la foi peut donner le paradis aux hommes et dénonce les indulgences. Il affiche 95 thèses dans l'université de Wittenberg où il conteste la valeur des indulgences et qualifie leur vente de scandaleuse le 31 octobre 1517. Beaucoup d'Allemands suivent Luther. En dépit des menaces du Pape, Luther ne veut pas reculer. Il est excommunié en 1520 et rejette l'autorité papale. Il traduit ensuite la Bible en Allemand pour que chacun, dans les pays allemands, puisse la lire. Enfin, il condamne le culte des saints et de la Vierge. le clergé est supprimé mais des pasteurs sont chargés de commenter la Bible avec les fidèles et de donner les sacrements ; à la différence des clercs, ils peuvent se marier. La réforme protestante de Luther a aussitôt un grand succès ; elle gagne les pays scandinaves et la France. L'agitation religieuse dans l'Empire germanique se fait sentir. Les divisions religieuses au sein de l'Empire menacent Charles Quint . Les paysans se révoltent contre les seigneurs. Beaucoup de princes de l'Empire suivent les idées luthériennes. Le prince électeur de Saxe et le landgrave de Hesse adhèrent rapidement au luthéranisme, donnant l'exemple au Brandebourg et au grand maître de l'ordre Teutonique, qui crée le duché de Prusse en s'appropriant les terres de l'ordre. Charles Quint tente l'instauration d'un compromis permettant le libre culte des princes luthériens dans la limite de leur Etat. Mais accaparé par la guerre contre la France, Charles Quint néglige le problème. Après la paix avec la France en 1544, il décide de se battre contre les princes luthériens, et remporte notamment la bataille de Mühlberg (1547). En échange de Metz, Toul et Verdun (territoires de l'Empire), le roi de France Henri II accepte d'apporter son soutien à la Ligue des princes. Charles Quint est tenu en échec à Innsbruck. Fatigué, l'Empereur signe la paix d'Augsbourg en 1555, et abandonne ses fonctions en abdiquant en faveur de son frère et de son fils. Les princes allemands sont parvenus à imposer leur volonté à l'Empereur. 2) Le Suisse Zwingli Alors que Luther entreprend la Réforme en Allemagne, le Suisse Ulrich Zwingli (1484-1531) milite pour une doctrine semblable. Zwingli est un prêtre et humaniste érudit qui admire Pluton et Erasme. Sa doctrine consiste en la libre interprétation de la Bible. En 1518, Zwingli prêche à Zurich et a le soutien de la bourgeoisie la plus influente. En 1523, sa réforme est adoptée par le conseil de Zurich, et se propage vers Berne et Bâle. Cependant, des rivalités entre cités suisses conduisent à la défaite des Protestants à la bataille de Kappel (1531), où Zwingli meurt ; ce sont les catholiques les vainqueurs. 3) Le calvinisme Dans le milieu du XVIe Siècle, le calvinisme se forme, plus austère et plus sévère que le luthéranisme. En France, les protestants sont rapidement persécutés. le Français Jean Calvin (15091564 qui s'est rallié aux idées défendues par Luther s'enfuit et s'installe à Genève en 1541 où il crée une Eglise protestante, fruit d'un esprit logique et rationnel, très différent de celui de Luther. L'Eglise calviniste est dirigée selon des principes démocratiques : les pasteurs sont nommés par les fidèles et la hiérarchie est abolie. L'Etat et l'Eglise entretiennent de très étroites relations. Calvin est très rigoureux et élimine toute personne pouvant entraver ses idées de se répandre. D'ailleurs, la diffusion du calvinisme est rapide : en Suisse et en Angleterre, la doctrine se propage et d'importants foyers calvinistes s'installent en Italie et en Espagne. En France et aux Pays-Bas, elle nourrit les guerres de religion. En Ecosse, l'Eglise presbytérienne, créée par John Knox, s'impose à la reine Marie Stuart en 1561 puis arrive dans le Nord de l'Irlande au début du XVIIe Siècle. Le calvinisme gagne la Hongrie, la Bohême et la Pologne. Jalouse de la richesse de l'Eglise, la bourgeoisie soutient activement la doctrine de Calvin, accordant bénédiction au profit et au commerce. 4) La Réforme anglaise En Angleterre, c'est le roi Henri VIII (1497-1547) qui lance la Réforme. Toujours sans héritier mâle, le Roi demande l'accord du Pape pour l'annulation de son premier mariage avec Catherine d'Aragon afin d'épouser Ann Boleyn. Après les conseils de ses proches, Henri VIII prononce lui-même son divorce et, par l'Acte de suprématie de 1534, devient chef suprême de l'Eglise d'Angleterre. Henri VIII élimine tous les rebelles catholiques qui refusent de se mettre aux services de la nouvelle religion. Les monastères sont vidés et vendus et leurs richesses sont récupérées par l'Etat. Ainsi le Roi confirme la Réforme anglaise. Pourtant, à travers les règnes de Marie Tudor (1553-1558) et d' Elisabeth Ire (1558-1603), filles d' Henri VIII , la réaction catholique est sanglante, même si l'Eglise anglicane n'est pas remise en question. Des catholiques opposés au système appelés puritains sont, tout d'abord, tolérés avant d'être pourchassés et emprisonnés. Certains émigrent en Amérique et dans les Provinces-Unies. Ils participeront sérieusement à la révolution anglaise qui porte Cromwell au pouvoir (1649-1660) avant que soient rétablis la dynastie des Stuarts et, par conséquent, l'anglican. III- LA REACTION CATHOLIQUE Face à la menace protestante, l'Eglise catholique combat les thèses réformistes mais entreprend une profonde redéfinition de son dogme grâce au Concile réuni à Trente en 1545-1563. En effet, l'Eglise engage la Contre-réforme, changements opérés par l'Eglise catholique en réaction aux réformes protestantes. En 1532, Ignace de Loyola fonde un nouvel ordre religieux, l'ordre des jésuites, qui se met directement au service du Pape et se charge de défendre la foi catholique surtout pas l'enseignement. En 1542, le Pape Paul III rétablit les tribunaux de l'Inquisition ; puis, le Concile de Trente réaffirme les croyances fondamentales de la religion catholique et crée un séminaire (école où sont formés les futurs prêtres) par diocèse pour remédier à l'ignorance des curés. Le successeur de Paul III, Paul IV crée l'Index (catalogue des livres interdits aux catholiques). IV- L'EUROPE DIVISEE PAR LES GUERRES DE RELIGION 1) Philippe II, champion de l'Eglise catholique Face au protestantisme, le roi d'Espagne Philippe II (1556-1598), fils de Charles Quint , est le grand partisan du catholicisme révisé au Concile de Trente. Néanmoins, la reprise de la guerre contre Henri II (1547-1559) , roi de France, n'a aucun motif religieux. Désirant chasser les Espagnols d'Italie, le Pape Paul IV soutient même la France. Cette guerre s'achève par le Traité de Cateau-Cambrésis, signé en 1559, par lequel la France conserve Metz, Toule et Verdun, récupère Calais mais doit abandonner ses prétentions sur les Pays-Bas, l'Italie et la Savoir. A l'époque, la première puissance d'Europe occidentale est l'Espagne. Mais des conflits, venant de la politique espagnole même, voient l'implantation dangereuse du calvinisme aux PaysBas et la menace de plus en plus grande des Turcs, qui osent bousculer l'Empire des Habsbourg. Ils sont tout de même repoussés à Lépante en 1571. 2) Les Pays-Bas se révoltent Alors que Philippe II veut gouverner les Pays-Bas en maître absolu, des nobles réclament l'autonomie et la liberté de culte, ce qui enflamme tout le pays, de nombreuses églises catholiques étant détruites par des fanatiques de classes populaires. Une très dure répression est menée par le duc d'Albe, impitoyable : les comtes d'Egmont et de Hornes sont condamnés à mort (1567). Le calviniste Guillaume de Nassau, dit « le Taciturne », prince d'Orange et gouverneur de Hollande et de Zélande réagit violemment en provoquant une révolte générale. Le pays est coupé en deux ; sur les dix-sept provinces que compte les Pays-Bas, dix provinces catholiques du Nord sont reprises par le successeur du duc d'Albe, Alexandre Farnèse (Union d'Arras, 1579) alors que les sept provinces protestantes du Nord créent l'Union d'Utrecht, qui deviendra la république des Provinces-Unies en 1588. La France et plus encore l'Angleterre viennent soutenir les Pays-Bas insurgés, les navires anglais attaquant les possessions espagnoles d'Amérique. Outré par l'exécution de Marie Stuart en 1587, Philippe II tente d'envahir l'Angleterre, sans succès. Pratiquement acquise en 1609, l'indépendance des Provinces-Unies ne sera reconnue par l'Espagne qu'à la Paix de Westphalie, en 1648. 3) Les guerres de religion en France Henri II , fils de François Ier , essaie désespérément de diminuer l'importance du nombre de « huguenots » -c'est-à-dire les calvinistes français-. Ils forment un parti religieux mené par la puissante famille des Bourbon. Les Guise, autre grande famille française, est le centre de ralliement des catholiques afin de se poser contre les huguenots. Tandis que l'intolérance fait rage et que le pouvoir après la mort d'Henri II est très affaiblie, ce sont les deux familles qui se disputes le contrôle politique du pouvoir. Les guerres de religion bouleversent la France entre 1562 et 1589, avec notamment un événement concrétisant le malheur, le massacre de la Saint-Barthélemy, qui se passe dans la nuit du 23 au 24 août 1572, où plus de trois mille huguenots sont massacrés à Paris. A la mort du roi de France Henri III (1574-1589), la dynastie des Valois s'éteint et la couronne passe au roi de Navarre, Henri de Bourbon, chef des huguenots. Indignés, les catholiques français s'y opposent : non seulement c'est une guerre de religion qui fait rage mais maintenant complétée par une guerre de succession. Faisant valoir les droits de sa fille Isabelle, petite-fille par sa mère d' Henri II , le roi d'Espagne Philippe II apporte une aide militaire aux catholiques. Le 25 juillet 1593, Henri de Navarre, roi sous le nom d' Henri IV abjure la foi calviniste en l'église Saint-Denis, ce qui termine le conflit de succession. Les guerres de religion s'achèvent par la signature de l'Edit de Nantes, en 1598, qui instaure en France la liberté de conscience en matière religieuse, tandis que la paix est rétablie avec l'Espagne. Après quarante ans de guerre civile, la France pratique la tolérance. 4) La guerre de Trente Ans La guerre de Trente Ans est un conflit dans lequel se trouvent engagés de façon continue ou momentanée, entre 1618 et 1648, la plupart des Etats d'Europe, et dont les principaux théâtres d'opérations sont l'Allemagne et l'Empire des Habsbourg. La guerre de Trente Ans est dans le prolongement du conflit Catholiques-Protestants et l'affrontement entre la France et les Habsbourg qui ont imprégné le siècle dernier. Débutée en Allemagne par l'opposition entre catholiques et protestants, et par celle des princes allemands à l'autorité impériale, elle aboutit à une guerre généralisée des puissances pour la suprématie en Europe. Le conflit religieux et politique éclate en Bohême ; Mathias II, Empereur germanique, a ordonné la destruction des temples protestants. En réponse, des nobles jettent deux représentants du souverain et leur secrétaire par les fenêtres du château royal de Prague. Ils souhaitent ainsi protester contre la politique catholique de l'Empereur et la restriction des libertés dans le pays. C'est la « défenestration de Prague ». Dans le pays de la couronne, la Contre-Réforme catholique est soutenue avec le plus grand zèle par Ferdinand de Styrie (qui devient Empereur en mars 1619 sous le nom de Ferdinand II) et Maximilien de Bavière, qui ont été formés par les jésuites. En août 1619, la confédération des pays de la Couronne de Bohême (constituée de la Bohême, de la Moravie, de la Silésie et de la Lusace) refuse de reconnaître Ferdinand II Empereur et désigne un roi protestant, l'Electeur palatin Frédéric V. C'est la rupture et le début de la guerre de Trente Ans. Le 8 novembre 1620, les troupes de Moravie et de Hongrie sont écrasées par les Impériaux à la bataille de la Montagne Blanche, près de Prague. Il s'ensuit une sévère répression dont sont victimes les protestants. Pour trois siècles, la Bohême est dominée par les Habsbourg. En 1625, le conflit s'élargit au Danemark qui intervient aux côtés des protestants, poussé et aidé financièrement par le cardinal de Richelieu. Cependant, le roi de Danemark est battu le 22 mai 1629 par les troupes impériales et menacé d'invasion, il signe la paix de Lübeck, renonçant à intervenir en Allemagne. Parallèlement, Ferdinand II promulgue l'édit de Restitution qui impose aux protestants la restitution des biens de l'Eglise sécularisés dont la paix d'Augsbourg leur avait reconnu la possession en 1555. Cette politique, soutenue par l'Espagne, va à l'encontre de tout apaisement, vise à imposer la domination absolue de la Maison d'Autriche et inquiète la France. En 1631, la France de Richelieu pousse le roi de Suède Gustave Adolphe II à entrer en guerre. Il devient l'arbitre du conflit en remportant de brillantes victoires, comme celle de Breitenfeld (1631) mais trouve la mort au cours de la bataille de Lützen, le 16 novembre 1632. Le septembre 1634, les troupes impériales commandées par le frère de Philippe IV d'Espagne, battent les armées suédoises. Inquiète, la France de Louis XIII décide d'intervenir directement en déclarant le 19 mai 1635 la guerre à l'Espagne. Bien que les premiers combats soient indécis pour la France, qui n'arrive par à s'imposer, les insurrections en Catalogne (juin 1640) et au Portugal (décembre) changent considérablement la situation. Le 19 mai 1643, le duc d'Enghien, fils du duc de Condé, remporte la victoire à Rocroi et le coup fatal est donné par la victoire du Grand Condé le 20 août 1649, où l'armée espagnole est écrasée. L'Empereur Ferdinand III, menacé par l'offensive franco-suédoise et pressé par ses alliés allemands, décide d'abandonner l'Espagne et de signer la paix avec la France et la Suède. 5) La paix retrouvée en Europe Mettant fin à la guerre de Trente Ans en Allemagne, les traités de paix sont signés le 24 octobre 1648 à Münster pour les puissances catholiques et à Osnabrück pour la Suède et les princes protestants. Les premières rencontres entre les représentants des différents belligérants en vue d'une prochaine paix ont lieu en 1644 à Münster. Complétées par les négociations d'Osnabrück, elles prennent la forme d'un grand congrès européen au cous duquel s'élabore le nouvel ordre politique de l'Europe moderne. Les traités de Westphalie imposent à l'Empereur Habsbourg de respecter le culte protestant et confient aux différents princes et électeurs de l'Empire des pouvoirs qui affaiblissent la puissance du Saint-Empire. La France obtient la reconnaissance officielle des Trois-Evêchés (Metz, Toul et Verdun) ainsi que la cession de Brisach et de la plus grande partie de l'Alsace (sauf Strasbourg et Mulhouse). La France qui reçoit aussi Pignerol sur le versant italien des Alpes et la Suède, intègrent la Diète ; ensemble elles ont démonté le système stratégique hispano-germanique. L'Empereur renonce à l'édit de Restitution et les sécularisations réalisées jusqu'en 1624 sont confirmées. Les Provinces-Unies et les cantons suisses obtiennent officiellement leur indépendance. La Suède, quant à elle, consolide sa position en Allemagne ; le Brandebourg obtient la Poméranie orientale et s'agrandit vers l'ouest. C'est la fin de la guerre de Trente Ans, mais la France, affaiblie par la Fronde, reste en conflit avec l'Espagne, pour encore onze années. Vaincue aux Dunes, l'Espagne signe la paix des Pyrénées, le 7 novembre 1659, par lequel elle cède l'Artois, le Rousillon, la Cerdagne et plusieurs places fortes en Flandre à la France. La paix des Pyrénées prévoit en outre le mariage du roi de France Louis XIV et de l'infante d'Espagne, gage de l'entente des deux grandes puissances catholiques. La cérémonie est repoussée au 9 juin 1660. L'équilibre issu des traités de Westphalie se modifie donc à l'avantage de la France d'un roi qui va dominer et influencer l'Europe, Louis XIV. V- L'ABSOLUTISME EN EUROPE 1) La monarchie absolue de Louis XIV Par les traités de Westphalie (24 octobre 1648) et celui des Pyrénées (7 novembre 1659), la position de la France sort renforcé, le pays jouissant d'un prestige considérable. Elle n'a plus d'ennemi puisque l'Empire et l'Espagne ont été vaincus. La pays compte près de 18 millions d'habitants, c'est le pays le plus peuplé d'Europe. Disposant d'une industrie extrêmement développée, la France se suffit à elle-même pour les produits agricoles. Sous le roi Louis XIII (1610-1643), et grâce au cardinal de Richelieu, les protestants et les nobles ont une influence très réduite et doivent obéir. Le fils de Louis XIII n'ayant que cinq ans lorsqu'il accède au trône, c'est le successeur de Richelieu, le cardinal de Mazarin, qui aide Louis XIV pendant sa minorité à sortir des troubles de la Fronde, aguerri et conforté dans l'idée de la réussite d'une obéissance absolue à l'autorité royale. Le roi concentre entre ses mains tous les pouvoirs. Mazarin, tuteur et parrain de Louis XIV , meurt le 9 mars 1661 au château de Vincennes ; Louis XIV , âgé de vingt-trois ans, déclare le lendemain à quelques hauts personnages de l'Etat : «Il est temps que je gouverne moi-même». Il décide de ne plus avoir de Premier ministre. Louis XIV considère qu'il tient son pouvoir de Dieu et qu'il n'a de comptes à rendre à personne sauf à Dieu : on parle donc de monarchie absolue de droit divin pour décrire son pouvoir. La haute position de la France en Europe lui en donne les moyens. Dans les Mémoires pour l'Instruction du Dauphin , Louis XIV expose le métier de roi vu par lui-même. Il incarne le monarque au pouvoir absolu, dans la limite du respect des lois fondamentales du royaume et de la responsabilité devant Dieu. Le roi travaille avec ardeur aux affaires de l'Etat : il veut être informé et décider de tout. Majestueux, toujours maître de lui-même, il sait se faire redouter. les nobles sont appelés à sa cour pour le servir et, soumis à son autorité, perdent progressivement leur pouvoir politique dans les provinces. Tous doivent obéir au roi. Louis XIV est aidé par des conseils spécialisés comme le Conseil d'En-haut (politique générale) ou le Conseil des Finances. Il s'entoure des ministres choisis par la noblesse de robe, plus docile ; les principaux sont le Chancelier (justice), le contrôleur général des Finances, les secrétaires d'Etat à la guerre et aux affaires étrangères. Ses principaux collaborateurs sont Colbert (contrôleur général des Finances et chargé du commerce) et Louvois (ministre de la guerre). Colbert veut doter la France d'une puissante économie ; il s'occupe aussi des affaires intérieures de l'Etat. Il considère que la richesse d'un pays est constituée par l'or et l'argent qu'il possède et impose une grande rigueur économique. De plus, la France doit produire tout ce que les pays étrangers fabriquent. La création de manufactures est donc encouragée. Cette politique est appelée mercantilisme. L'importation de produits étrangers est payé avec l'or et l'argent, les métaux précieux, et appauvrit le pays. Pour décourager les importations, le roi fait taxer les produits les plus coûteux et moins attractifs. On encourage plutôt aux exportations. Roi par la grâce de Dieu, Louis XIV veut diriger l'Eglise française, et défie le Pape. Mieux, il interdit le culte protestant en révoquant l'édit de Nantes, en 1685 ; de nombreux protestants émigrent à l'étranger, tandis que d'autres pratiquent leur religion en cachette ou se révoltent, comme les Camisards des Cévennes de 1702 à 1704. Les temples sont fermés. L'absolutisme gagne les lettres et les arts. Louis XIV protège les artistes et les savants qui peuvent servir sa gloire. Versailles, résidence du roi et de la Cour, est un cadre somptueux pour les fêtes royales : l'Italien Lulli introduit l'opéra en France, le théâtre est admirablement servi par les comédies de Molière et les tragédies de Racine ; d'autres genres littéraires brillent d'un vif éclat : les fables, avec La Fontaine, etc. Peintres et sculpteurs célèbrent la gloire du Roi-Soleil. 2) Les Provinces-Unies, terre de liberté Alors que beaucoup d'Etats européens ont plongé dans l'absolutisme, les Provinces-Unies et la Grande-Bretagne sont dotées d'assemblées. Puissances commerciales, ces deux pays rassemblent de grandes fortunes, ce qui attire les aristocrates et les bourgeois. Cette prospérité économique s'accompagne d'une grande liberté de pensée et d'expression : de nombreux intellectuels, comme le philosophe français Descartes, vivent en Grande-Bretagne et aux Provinces-Unies et y publient leurs ouvrages. Ces penseurs apportent des propositions pour la paix, par exemple. Thomas Hobbes considère que la paix sera assurée par le despotisme et un pouvoir fort. Au contraire, John Locke condamne la monarchie absolue. Ce dernier a une influence sur les penseurs européens du XVIIIe Siècle. Les Provinces-Unies sont une république composée de sept provinces ; chacune a son gouvernement propre. L'autorité fédérale est constituée par les «Etats-Généraux» représentant les provinces ; ils siègent à La Haye. Le Grand-pensionnaire dirige les travaux des Etats tandis que stathouder, choisi dans la famille d'Orange-Nassau, joue le rôle de chef de l'Etat et commande l'armée. Celui-ci, appuyé par les paysans, le peuple, la noblesse, les marins et les calvinistes est partisan d'un pouvoir fort proche de la monarchie. A l'inverse, le Grand-pensionnaire représente les intérêts de la bourgeoisie commerçante, attachée à la paix et à la tolérance religieuse dans le cadre d'une république. Ces deux tendances s'affrontent et provoquent de grandes crises politiques. Tandis que le stathouder prévaut en temps de guerre ou de tension extérieure, celle du Grand-pensionnaire domine au moment de la paix. En 1619, le stathouder Maurice de Nassau destitue le Grand-pensionnaire Oldenbarneveldt et entraîne le pays dans la guerre contre l'Espagne et dans la guerre de Trente Ans. Mais la paix signée en 1648 se fait au contraire en faveur de la bourgeoisie dont les intérêts sont soutenus par le gouvernement du Grand-pensionnaire Jan de Witt (1653-1672). Les Provinces-Unies sont alors à l'apogée. La prospérité économique s'accompagne d'un développement culturel, surtout de la peinture hollandaise : des artistes, Rembrandt, Vermeer ou Frans Herls renouvellent les sujets de peinture. Ils représentent des scènes d'intérieur, le spectacle des rues, des paysages, des portraits commandés... Jan de Witt se laisse cependant surprendre par l'invasion française de 1672 dont il est un des responsables. Jan de Witt est déposé et le pouvoir revient entre les mains du stathouder Guillaume III (1672-1703). 3) Les révolutions anglaises En 1603, à la mort de la reine Elisabeth Ire , la couronne anglaise revient aux Stuart, d'origine écossaise : Jacques Ier (1603-1625) et Charles Ier (1625-1649) montent successivement sur le trône avec l'idée de conduire une politique absolutiste. Le roi est le représentant de Dieu sur terre, il est la source de la loi. Or, depuis la Grande Charte de 1215, selon les coutumes anglaises, le Parlement contrôle les levées d'impôts et garantit les libertés, en se permettant de critiquer les excès de la politique royale. Il est constitué par la Chambre des Lords où siègent la haute noblesse et le haut clergé anglican et la Chambre des Communes composée des représentants de la gentry (petite noblesse de propriétaires terriens et de la bourgeoisie d'affaires dont les intérêts convergent. A partir de 1629, l'absolutisme des rois provoque un conflit religieux : chefs de l'Eglise anglicane, ils veulent l'unité religieuse du pays et persécutent les catholiques et les puritains (protestants qui rejettent les églises catholique et anglicane et pratiquent une morale austère -le puritanisme-) qui refusent la hiérarchie de l'Eglise et prônent une morale austère : observance du dimanche, suppression des divertissements. Ils se retrouvent dans toutes les couches sociales et même au Parlement. En 1640, face à la révolte des Ecossais qui veulent garder leur église presbytérienne, Charles Ier convoque le Parlement pour pouvoir lever une armée. Les parlementaires adressent au roi une Grande Remontrance, où sont consignées toutes leurs revendications. Charles Ier tente d'arrêter les principaux opposants. C'est le début de la guerre civile. Elle oppose les partisans du roi, les Cavaliers, aux partisans du Parlement, les Têtes rondes. L'Angleterre du Sud-Est, riche par l'activité de ses ports et de sa capitale, Londres, soutient le Parlement. Le roi reçoit l'appui du Nord et de l'Ouest, régions plus traditionnelles. Son principal atout est sa légitimité : sacré et respecté de tous, il défend l'ordre et la tradition. L'équilibre des forces bascule pourtant en faveur des parlementaires, dont l'armée, menée par Cromwell, animée d'une grande ferveur religieuse, bien entraînée, écrase les troupes royales le 14 juin 1645 à Naseby. Après s'être réfugié en Ecosse, Charles Ier est livré aux Anglais. Les parlementaires se divisent, mais le roi est finalement jugé et exécuté en 1649. Après l'exécution du roi, la République est proclamée et les libertés triomphent. Cromwell s'impose. Le Parlement le charge de réprimer le soulèvement des catholiques irlandais, qu'il réduit à l'obéissance par les massacres de Drogheda ; déportés à l'ouest de l'île, ils perdent leurs terres, distribuées à des colons anglais. le culte catholique est interdit. L'Ecosse soumise à son tour, Cromwell réalise l'union des trois royaumes. Ils fait voter en 1651 l'Acte de Navigation, qui réserve aux navires anglais le transport des marchandises importées en Angleterre et provoque une guerre navale contre les Hollandais. La victoire anglaise consacre la toute-puissance de Cromwell. En 1653, il se sépare du Parlement et, sous le titre de «Lord Protecteur», établit une dictature puritaine : fermeture des théâtres, interdiction des combats de coqs... Il meurt en 1658, laissant un pays lassé par l'exercice du pouvoir personnel et qui envisage même le retour du fils de Charles Ier. En 1660, les Anglais rétablissent la monarchie et l'anglicanisme comme religion officielle, mais ils souhaitent que le Parlement retrouve ses attributions. Charles II, admirateur de la monarchie absolue Louis XIV , dont il reçoit l'appui, est un partisan de l'absolutisme et du catholicisme. Le conflit reprend : le roi cherche à étendre ses pouvoirs, le Parlement veut préserver ses droits. Quand en 1672, par l'édit de Tolérance, Charles II favorise les catholiques, le Parlement revendique aussitôt par le Bill du Test, qui oblige les fonctionnaires civils et militaires à prêter un serment professant qu'ils ne sont pas catholiques. Pour préserver les libertés individuelles contre l'arbitraire royal, le Parlement vote l'Habeas Corpus (1679), qui interdit toute arrestation non suivie d'un jugement. C'est également sous le règne de Charles II que se constituent deux courants politiques, les tories, partisans de la prérogative royale, et les whigs, attachés aux droits du Parlement. Néanmoins, Charles II réussit à gouverner jusqu'à sa mort, en 1685, sans convoquer le Parlement et sans heurter les Anglais. Les problèmes politiques et religieux non résolus s'aggravent avec l'avènement de Jacques II . Catholique intransigeant, il dissout le Parlement pour éviter toute opposition et recommence la vente des monopoles commerciaux. Il fait l'unanimité contre lui, mais le protestantisme de ses filles, Marie et Anne, héritières du trône, aide à le supporter. C'est sans compter avec la naissance d'un fils en 1688, aussitôt baptisé dans la foi catholique. Les parlementaires lancent alors un appel à Marie et Guillaume d'Orange , son époux, champion du protestantisme et stathouder des Provinces-Unies. Ils débarquent en Angleterre, marchent sur Londres, avec en bannière leur programme : «Pour la religion protestante, pour le libre Parlement». Proclamés conjointement roi et reine d'Angleterre, ils jurent de respecter la Déclaration des Droits, qui limite les pouvoirs du roi. La monarchie de droit divin, le catholicisme ont échoué en Angleterre. la Glorieuse Révolution fonde pacifiquement une monarchie libérale qui annonce la monarchie parlementaire. La révolution de 1688 a consacré la puissance politique des propriétaires fonciers et de la bourgeoisie, attachés à toutes les formes de liberté. La pensé économique évolue : Adam Smith combat le mercantilisme et prône la libre entreprise. C'est le début du libéralisme qui favorise l'essor économique. Depuis 1701, l'Acte d'Union rassemble l'Angleterre et l'Ecosse en un seul royaume. 4) L'Europe de Louis XIV Louis XIV déploie sur l'Europe une politique hégémonique à l'origine d'une longue période de guerre. Pendant la première moitié du XVIIe Siècle, la monarchie française combat les Habsbourg de Vienne et de Madrid qui menacent le royaume. Richelieu intervient dans la guerre de Trente Ans. Louis XIV , par gloire personnelle et prestige de l'Etat, veut encore agrandir le royaume, assurer la sécurité des frontières du nord et de l'est et être l'arbitre de l'Europe. Appuyé par l'essor économique et démographique, Louis XIV lève une puissante armée, organisée par le ministre Louvois. Les troupes sont dirigées par de grands chefs militaires comme Condé, Turenne, ou Vauban, qui protège les frontières du royaume en construisant de nombreuses places fortes. Correspondant à la jeunesse du roi et à son appétit pour la guerre, les premières guerres (la Guerre de Dévolution de 1667 à 1668 et la Guerre de Hollande de 1672 à 1678)ont alors des visées expansionnistes. Louis XIV envahit les Pays-Bas espagnols (1665) et les Provinces-Unies (1672). Surnommé Louis le Grand, il procède à l'annexion de Lille (1668), Strasbourg (1681), Colmar, du Luxembourg et de la Franche-Comté (1678). Louis XIV aime la guerre et donne à son pays l'image d'une puissance à son apogée. Les Habsbourg sont impuissants d'autant plus que les Turc ottomans qui progressent depuis le XVIe Siècle et font la conquête de la Hongrie en 1526, menacent directement l'Empire. Lors du siège de Vienne en 1683, ils sont vaincus à la bataille de Kahlenberg. La politique d'annexions que la France nomme «réunions» provoque la formation de la ligue d'Augsbourg (1686), coalition de presque tous les Etats européens contre la France. La guerre reprend en 1689. Elle s'achève en 1697 avec la paix de Ryswick ; c'est le déclin de la France, qui sort épuisée de ce conflit. En 1700, le dernier roi Habsbourg d'Espagne lègue son trône au petitfils de Louis XIV, Philippe V. Toute l'Europe se dresse à nouveau contre la France. La Guerre de Succession d'Espagne (1701-1714) marque me recul de la prépondérance française et les débuts de la puissance anglaise. La guerre se termine par les traités d'Utrecht (1713) et de Rastadt (1714). La France conserve sa suprématie mais est très amoindrie. L'union des puissances européennes met donc fin à l'hégémonie de la France de Louis XIV. 5) «Siècle de fer» ou «Siècle d'or» Au XVIIe Siècle, le nombre total d'habitants s'établit aux alentours de 100 millions d'habitants ; l'Europe connaît une stagnation générale de la population, malgré une France dynamique. Cela s'explique notamment par un fort taux de mortalité dans l'ensemble des Etats européens. Ce phénomène s'explique par diverses causes : les guerres et les dévastations, les grandes famines liées à des récoltes mauvaises, enfin, une série d'épidémies dont la variole, le typhus, le choléra et la peste noire font trembler l'Europe. Une période de stagnation économique se fait sentir, sauf pour la Grande-Bretagne et les Provinces-Unies. A cause du mauvais temps, de moyens techniques pauvres, de la baisse des prix et de la crise démographique, l'agriculture connaît de graves difficultés. Mais l'essor du commerce est profitable aux européens. Il est caractérisé par la mise en place du mercantilisme, doctrine économique qui se caractérise par l'industrialisation, adopté par Colbert en France. Les Hollandais dominent l'Atlantique et l'océan Indien, contrôlent le commerce des épices et fondent un vaste empire colonial. Enrichis par les échanges avec l'Inde, les Hollandais dominent le marché des capitaux grâce à la création de la Banque d'Amsterdam : développement de leur industrie. L'Angleterre adopte le même chemin que les Provinces-Unies. Elle va jusqu'à supplanter la Hollande en 1700. Forte de ses colonies établies en Amérique et en Inde, l'Angleterre multiplie ses échanges commerciaux par dix. La Banque d'Angleterre, ouverte en 1694, est appelée à devenir le premier centre financier du monde et la livre sterling la monnaie la plus forte d'Europe. Ailleurs en Europe, on assiste tout au long du XVIIe Siècle à des famines, à des situations pénibles pour les classes inférieures, à des récoltes désastreuses... C'est le début d'un autre conflit, cette fois entre les patrons et les ouvriers, qui s'affrontent au sujet des salaires et de la journée de travail. Les impôts amputent considérablement les ressources économiques des petits agriculteurs. Cela vient compléter la crise économique. 6) Baroque et classicisme Le mot «baroque» viendrait de l'espagnol barruco qui désigne une perle irrégulière (d'après le latin verruca , verrue). Cette idée d'irrégularité a donné une valeur péjorative au mot qui est alors synonyme de bizarre ou d'étrange. L'art baroque s'affirme d'abord en Italie au XVIIe Siècle. C'est avant tout un art religieux, lié à la Contre-Réforme qui veut ramener les fidèles à la religion catholique en édifiant des églises somptueuses, alors que les protestants insistent sur la simplicité et l'austérité des lieux de culte. Le chrétien doit être émerveillé par la richesse de la décoration, où les marbres de couleur et les dorures abondent. L'architecture et la sculpture veulent recréer le mouvement. La ligne courbe domine, les façades d'église ne sont plus rectilignes. L'art s'inspire de théâtre : les édifices sont des décors pour les cérémonies religieuses, mais, à leur tour, les spectacles et les fêtes expriment bien le goût nouveau pour le merveilleux et le pittoresque. L'oeuvre du Bernin (1598-1680) en témoigne : il est sculpteur mais aussi architecte (colonnade de Saint-Pierre de Rome), peintre et metteur en scène. L'art classique qui s'impose en France au XVIIe Siècle est une exception en Europe où règne plutôt l'art baroque. Les goûts nouveaux s'affirment d'abord dans de grandes demeures seigneuriales comme Vaux-le-Vicomte, propriété du surintendant Fouquet. L'art classique s'inspire des modèles de l'Antiquité que les artistes vont copier à Rome. Un idéal commun est présent partout : la création artistique doit être simple, ordonnée et noble. L'architecture est harmonieuse et majestueuse, les proportions des édifices font l'objet de savants calculs. La symétrie doit renforcer l'impression d'ordre, la ligne droite est choisie de préférence, la construction doit être de belle pierre, les façades sont ornées de colonnades régulières et de hautes fenêtres. Les jardins sont dessinés selon des lignes géométriques et ornés de belles sculptures. L'opposition entre baroque et classicisme apparaît bien lorsque Louis XIV préfère, pour la façade Louvre, le projet de Claude Perrault à celui de l'architecte italien, le Bernin. Surtout l'art classique s'exprime parfaitement dans le château de Versailles. A Mouvaux le mardi 20 juillet 2004, Benjamin HUS SOURCES : Histoire de l'Europe par 14 historiens, Hachette Editions