JURY DU CONSENSUS: J. BOULLIAT, P. BOURRIER, J.-M. HAEGY, J.-F. HEAUTOT, P.
HOFLIGER, S. LAVERE, P. LEBRIN, R. SWINNEN, S. TIMSIT
Question 1: Les accidents vasculaires cérébraux : quels en sont la définition,
le pronostic, l'épidémiologie, le retentissement en terme de santé publique ?
L' OMS définit l'accident vasculaire cérébral (AVC) comme " le développement rapide de signes
cliniques localisés ou globaux de dysfonction cérébrale avec des symptômes durant plus de 24 heures,
pouvant conduire à la mort, sans autre cause apparente qu'une origine vasculaire ". L' accident
ischémique transitoire (AIT) est défini comme " la perte brutale d'une fonction cérébrale ou oculaire
durant moins de 24 heures supposée due à une embolie ou à une thrombose vasculaire ".
Les définitions de 1'OMS ne sont pas adaptées dans la pratique de l'urgence où l'on préférera faire appel
à des critères cliniques et radiologiques (cf Question 2).
Les AVC représentent la troisième cause de mortalité générale dans les pays industrialisés après les
cancers et les cardiopathies ischémiques mais la première cause de mortalité pour les femmes. Ils
représentent la première cause de handicap physique acquis.
L'incidence de 1'AVC est en France de 145 pour 100 000 habitants. Ce chiffre recouvre la totalité des
AVC, accidents ischémiques constitués ou transitoires, accidents hémorragiques. Elle augmente
nettement avec l'âge. L'âge moyen de survenue est de 73 ans, mais 5 à 6 p. 100 des patients ont moins de
55 ans.
Les registres hospitaliers mis en place depuis quelques années ont permis de préciser les mécanismes des
AVC: 80 p. 100 correspondent à des infarctus cérébraux, 15 p. 100 à des hémorragies cérébrales, 5 p.
100 à des hémorragies méningées.
Le consensus qui suit ne concerne pas la prise en charge de ces hémorragies méningées.
L'athérosclérose représente la cause essentielle des AVC ischémiques (40 p. 100). Les infarctus
secondaires à une cardiopathie emboligène représentent 20 à 30 p. 100 des cas. Environ un tiers des
infarctus cérébraux ont une cause indéterminée (causes potentielles multiples) ou inconnue.
La mortalité globale augmente nettement avec l'âge. Il existe une surmortalité masculine ainsi que dans
certaines catégories socioprofessionnelles; en effet, la mortalité est trois fois plus élevée pour la catégorie
sociale " ouvriers-employés " que pour la catégorie " cadres supérieurs-professions libérales ". La
mortalité des AVC hémorragiques est supérieure à celle des AVC ischémiques. La correction des
facteurs de risque (HTA, diabète, hyperlipidémie, tabac) pourrait expliquer la diminution du taux de
mortalité constaté depuis 1981.
La mortalité précoce après un AVC ischémique constitué est estimée à environ 20 p. 100 à un mois. Ce
taux est de 25 à 40 p. 100 à un an, et passe de 32 à 60 p. 100 à 3 ans. Ces dernières années, une
diminution de 30 p. 100 de la mortalité précoce a été constatée. En l'absence de révolution thérapeutique,
cette amélioration est due en partie à une prise en charge médicale et paramédicale active, à l'utilisation