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Cueillir. Cueillettes. Citations… 
 
 «  Au sens strict, la cueillette est définie comme l’acte par lequel on détache un fruit ou une fleur de sa tige, 
c’est-à-dire comme un geste. En fait, toutefois, un tel geste n’est pas fait gratuitement : il tend à s’inscrire 
dans une activité pratique destinée à récolter un bien déterminé en vue d’une utilisation précise. […]Celle-ci 
ne saurait donc se réduire à un geste isolé, individuel et abstrait ; au contraire elle constitue une conduite 
concrète  qui  s’inscrit  dans  des  rapports  sociaux  dont  elle  tire  sa  place  et  sa  signification.  Conduite 
d’appropriation des ressources  d’un « territoire »,  la  cueillette fait  partie  des  « ces formes d’action sur  la 
nature (qui) sont toujours des formes sociales, qu’elles soient individuelles ou collectives ». 
J.-L. Coujard, 1980, citant M. Godelier 
 
Questionnant les activités de chasse et de cueillette en France, Christian Bromberger et Gérard Lenclud 
remarquaient que ces deux domaines présentaient tous les signes de richesse d’un véritable domaine 
d’étude  anthropologique :  « Il  n’y  manque  ni  profondeur  historique,  ni  diversité  des 
espaces, ni variété  des manifestations. Il  y est question de l’homme et de la nature dans 
toute  leur  gamme  de  relations :  utilitaires,  cognitives,  symboliques.  Il  y  est,  par  là-
même,  question  des  rapports  des  hommes  entre  eux :  pour  organiser  et  réglementer  les 
activités, partager  le  territoire,  en  gérer  les ressources ;  mais  aussi  pour  connaître  et 
se  représenter  les  gestes,  les  animaux,  les  plantes,  finalement  établir  des  relations 
symboliques,  et  ce  faisant,  énoncer  des  propositions  sur  eux-mêmes  et  le  monde. » 
Bromberger et Lenclud, 1982 
 
Evoquant l’étude qu’ils menèrent en Margeride, Raphaël Larrère et Martin de la Soudière notaient que 
« Malgré  ces  précautions  méthodologiques,  les  difficultés  restèrent  nombreuses ;  elles  tenaient 
principalement à la discrétion des cueilleurs sur leurs revenus, à l’irrégularité de leur pratique et à son 
inégale  diffusion  d’un  village  à  l’autre.  Nous  avions  aussi  parfois  l’impression  que  l’essentiel  nous 
échappait et se situait au-delà de nos observations et de nos interprétations : les motivations les plus 
profondes des cueilleurs, leur opiniâtreté, leur imaginaire. Plus que d’autres activités, la cueillette en 
effet  oppose  une  résistance  à  l’analyse,  résistance  qu’aucune  discipline,  économie,  sociologie, 
ethnologie…, ne parvient à contourner ni à surmonter complètement. » R. Larrère et M.de La Soudière, 
1985 
 
 « Activité  aléatoire  et  ambulatoire,  la  cueillette  est  difficile  à 
définir ; difficile aussi d’en classer les acteurs (Larrère et La Soudière, 
1985). […] existe néanmoins […] un « esprit de cueillette », qui réunit ces 
pratiques  toutes  géographiquement  et  socialement  situées  dans  une  marge : 
marge  de  la  ville  ou  des  territoires  cultivés ;  marge  des  activités 
économiques dominantes. »   
M. de La Soudière et Védrine, 2003 
 
« La  cueillette est  un  geste simple  d’appropriation  qui transforme  le  végétal en  ressource  économique, en 
manne inespérée, en trophée, en trésor, en symbole…  Sous ses apparences anodines, dans la diversité de ses 
manifestations,  elle  témoigne  d’un  rapport  complexe  et  ancien  au  végétal,  et  de  fait  questionne  notre 
relation à la nature : une relation ambiguë – entre adoration et prédation amnésique. »  
C. Julliand, 2008