La phytothérapie Dans la prise en charge Des

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Année 2010-2011
LA PHYTO-AROMATHERAPIE
A L’OFFICINE
NIVEAU 2
MEMOIRE DE FIN DE CYCLE 2
La phytothérapie
Dans la prise en charge
Des Troubles Veineux
A l’Officine
Par Melle VACHERON Sophie
Docteur en Pharmacie
1. Définition
Le terme « Phytothérapie », provient du grec « phyton », qui signifie
« plante », et « therapein », « soigner ». La Phytothérapie correspond donc à
l’usage des plantes médicinales en thérapeutique.
La législation Française estime qu’une plante est médicinale à une
condition : « toute plante présentée comme ayant une action thérapeutique est
un médicament » (Code de la santé publique, article 512). La Pharmacopée
Française précise que les plantes médicinales sont « des drogues végétales qui
possèdent des propriétés médicamenteuses ». A ce titre, elles ne peuvent être
vendues qu’en pharmacie, sauf dérogations. Le 26 août 2008, un nouveau
décret publié au « Journal Officiel » fait sortir du monopole pharmaceutique
115 nouvelles plantes, portant ainsi le nombre d’espèces végétales en vente
libre à 148.
2. Historique
2.1. D’Hier…
L’histoire de la phytothérapie se confond avec celle de la médecine. Dés
les origines, l’homme a su puiser dans le monde végétal qui l’entourait des
aliments, des remèdes, et sans aucun doute des poisons. Cependant, le simple
fait d’avoir utilisé quelques plantes à usage thérapeutique ne confère pas à
l’homme préhistorique le privilège d’avoir fondé la phytothérapie. Il existe une
longue période, depuis plusieurs dizaines de milliers d’années, jusqu’à « - 4000
ans environs », au cours de laquelle « le savoir » se constitue peu à peu.
L’empirisme a joué un grand rôle dans le développement de la
phytothérapie. En effet, c’est un savoir fondé sur l’expérience, par opposition à
celui qui découle de l’instinct, basé sur des essais et des erreurs successifs.
Ainsi, l’observation et l’expérimentation, non sans de fréquents incidents et
accidents sans doute, ont pu fournir les premiers éléments d’une mise en
mémoire collective des fondements de la phytothérapie.
Les premiers textes médicaux mésopotamiens, égyptiens, indiens,
chinois remontent à « - 3000, - 4000 ans » avant l’époque actuelle.
Avec Hippocrate (Vème siècle avant J-C), commence la médecine
scientifique. Considéré comme le « père de la médecine », il consacra une
grande partie de son existence à l’étude de la médecine par les plantes : le
« Corpus Hippocraticum » fut publié en 280 avant J-C, et traitait de 250
« simples ».
Diocorides, au début de l’ère Chrétienne, écrivit un ouvrage « De
Materia Medica », véritable « best-seller » médical, ou il décrit la préparation et
les propriétés de plus de mille substances naturelles, dont 600 « simples », et
reste à l’origine des Pharmacopées.
A Rome, la grande figure médicale, fut sans conteste Galien. En effet, il
dominera la pensée médicale jusqu’à la Renaissance, et donnera son nom à la
« Galénique », qui correspond à l’art de confectionner des médicaments.
Puis, vint Paracelse, médecin alchimiste, qui s’efforça à décrypter les
analogies mystiques unissant l’homme au végétal (et au minéral). Ainsi, naissait
la fameuse « théorie des signatures »
L’héritage de la Grèce Antique est également parvenu au Moyen-Orient,
en Perse et chez les Arabes, et sans doute jusqu’en Inde. Avant la Renaissance,
l’Occident ne connaissait d’ailleurs la science médicale Grecque qu’au travers
d’ouvrages arabes, traduits en latin.
2.2. …à Aujourd’hui
A partir du XIXème siècle, la recherche vise à isoler de la plante, le
principe actif, c'est-à-dire la substance active pour une pathologie donnée. C’est
une nouvelle ère des médicaments qui commence, avec le développement de la
synthèse chimique à partir des végétaux, qui permet d’obtenir des molécules de
plus en plus complexes et de plus en plus actives.
Puis, survint au début de notre siècle, une longue période de
désaffectation de la Phytothérapie. La médecine accorda de plus en plus
d’importance aux nouvelles molécules, comme les antibiotiques. Ainsi,
progressivement, la Botanique fut écartée des études de médecine et les
pharmaciens se détournèrent eux aussi de cette discipline.
Depuis quelques années, la phytothérapie connaît un regain d’intérêt.
Ceci s’explique d’une part par l’évolution des mentalités. Certes, l’écologie est
dans l’air du temps, mais on craint surtout les effets indésirables à long terme
des médicaments allopathiques. Or, les plantes sont efficaces, et leur utilisation
est pour un grand nombre d’entres elles sans danger du fait de l’ancienneté de
l’expérimentation. Ainsi, aujourd’hui, prés d’une personne sur quatre se dit
intéressée par la Phytothérapie.
Ainsi, la Phytothérapie peut revendiquer le titre de « plus ancienne des
disciplines médicales », les plantes médicinales ayant été employées depuis la
nuit des temps, et surtout, partout sur la planète, ce qui constitue une
convergence étonnante. Aujourd’hui encore, partout où sont les hommes, on
retrouve la plante médicinale. On pouvait la penser oublier, elle est belle et bien
présente. De tous temps, et dans tous les pays, la matière première principale de
la pharmacopée est restée végétale. En effet, environ 40 % des médicaments du
Vidal sont directement tirés des plantes, et de très nombreux autres sont
fabriqués par hémi synthèse.
3. Les Plantes Veinotoniques
Les plantes veinotoniques sont à l’origine de nombreux médicaments de
synthèse ou d’hémisynthèse (Veinotoniques), indiqués dans le traitement de la
Maladie veineuse chronique. Cependant, au même titre que les Veinotoniques,
les plantes médicinales soulagent les symptômes provoqués par les troubles
veineux (jambes lourdes), et permettent de ralentir l’aggravation de la Maladie
veineuse. Mais en aucun cas, elles ne permettent de guérir la Maladie veineuse
ou de faire disparaître les varices. Ce sont donc des traitements
« symptomatiques », et non « curatifs ».
La plante toute entière est rarement utilisée. Habituellement, on
sélectionne la partie active, c'est-à-dire le rhizome (Fragon), la feuille (Vigne
rouge, Hamamélis), l’écorce (Marronnier d’Inde) ou encore la sommité fleurie
(Mélilot), que l’on broie finement. On obtient ainsi des gélules de poudre de
plante. On peut également grâce à certaines techniques chimiques, extraire la
totalité des principes actifs et les concentrer. On parle alors de gélules d’extraits
secs de plantes. Les gélules doivent être titrées (poudreS ou extraits) pour le
principe actif le plus important.
Activités des principaux constituants des plantes
veinotoniques
3.1.
Trois types de composants principaux sont retrouvés chez les plantes
veinoactives :
 Les polyphénols (tannins et flavonoides) : ils protègent les vaisseaux
 Les saponosides : ils stimulent la paroi musculaire des veines
 Les coumarines : ils fluidifient le contenu sanguin par un effet antiagrégant
et rhéologique
Les facteurs « vitaminiques P »
Les propriétés veinotoniques et vasculoprotectrices étaient autrefois
qualifiées d’action vitaminique P. Aujourd’hui, un « facteur P » désigne des
molécules polyphénoliques ayant un effet de protection vasculaire et
veinotonique. Ce sont les flavonoides, les anthocyanes (baies de myrtille ou
de cassis), les tannins (pépins de raisins, feuilles de vigne rouge ou
d’hamamélis) et les coumarines (esculosides).
Après absorption, les polyphénols se localisent préférentiellement dans
les membranes cytoplasmiques, notamment des cellules endothéliales et de la
membrane basale des vaisseaux. Par leur action anti-inflammatoire, anti-
radicalaire puissante, et par inhibition, à des degrés divers, des enzymes
responsables de la dégradation du tissu conjonctif, ils ont un rôle fondamental
dans la protection des parois vasculaires. Ils diminuent la perméabilité et
augmentent la résistance capillaire. De plus, en inhibant la COMT
(Catécholamine-O-Méthyl-Transférase), ils favorisent et prolongent l’action
vasoconstrictrice des catécholamines. Enfin, ils complètent l’action de la
vitamine C, en augmentant l’absorption intestinale de l’acide ascorbique, en le
protégeant de l’oxydation et en catalysant sa régénération sous forme réduite,
qui est nécessaire à la synthèse du collagène.
3.2. Les plantes utilisées en Phlébologie
Les plantes utilisées en Phlébologie, peuvent être réparties en deux
catégories : les plantes majeures et les plantes complémentaires.
3.2.1. Les plantes majeures
Parmi les plantes majeures, on distingue deux classes qui diffèrent par
leur mode d’action :
 Les vasoconstricteurs veineux : de par leur effet vasoconstricteurs, ces
plantes augmentent la contractilité de la veine, facilitent le retour veineux, et
donc diminuent la sensation de « jambes lourdes ».
 Les stimulants de la circulation lymphatique : en augmentant le débit
lymphatique, ces plantes s’opposent à l’hypoxie tissulaire et à la formation
d’œdème.
a) Les vasoconstricteurs veineux
Cette famille de plantes peut être divisée en trois catégories. Chaque
catégorie étant basée sur la composition en principe actif des plantes :
 Les plantes à saponosides
 Les plantes à tannins condensés
 Les plantes à flavonoides
a’) les plantes à saponosides
Le Marronnier d’Inde (Aesculus hippocastanum)
Originaire des Balkans, le Marronnier d’Inde est connu dans le monde
entier. Arbre d’ornement dans les parcs, l’utilisation de son écorce et de sa
graine présente un intérêt majeur dans la prise en charge des troubles veineux.
En effet, l’écorce renferme de l’ « esculoside » (hétéroside
coumarinique), qui augmente la résistance des veines et diminue la perméabilité
des vaisseaux. La graine, brune et brillante, connue sous le nom de « marron »,
n’est pas comestible dans l’état, mais transformée, elle constitue un remède
efficace par la présence d’ « escine », qui à une action anti-inflammatoire. Son
action décongestionnante due à la présence de flavonoides, justifie son usage
thérapeutique contres les problèmes circulatoires, et en particulier contre les
troubles hémorroïdaires.
On l’emploie le plus souvent sous forme de comprimés ou de gélules,
mais il s’utilise aussi en application locale sous forme de lotion, de pommade
ou de gel. Il ne doit pas être appliqué sur une plaie ouverte ou sur un ulcère.
Cependant, cette plante est réservée à l’adulte, et déconseillée chez la
femme enceinte, ainsi qu’aux personnes présentant une insuffisance rénale. De
plus, elle est susceptible d’entraîner des irritations des voies digestives, à
l’exception des formes gastro-résistantes.
L’efficacité du marronnier d’Inde a été démontrée par de nombreuses
études cliniques dans la prise en charge à court terme de la Maladie veineuse.
Le Petit-Houx ou Fragon (Ruscus aculeatus)
Ce buisson épineux toujours vert est commun dans nos sous-bois. Ses
« feuilles » épineuses sont en fait des rameaux aplatis (cladodes) ; chacune
d’elles porte en son centre une minuscule fleur se muant à l’automne en une
jolie baie ronde et rouge. Utilisé depuis longtemps comme diurétique, son
efficacité dans la prise en charge des symptômes veineux n’est plus à
démontrée.
La partie active de la plante est la racine. De nombreuses expériences ont
pu mettre en évidence ces propriétés veinotoniques. Les composants actifs du
Fragon sont des saponines et des hétérosides qui lui sont propres : ruscogénines.
En effet, ils facilitent la contraction des fibres musculaires de la paroi veineuse,
ce qui entraîne un resserrement des veines. Il a également un effet antiinflammatoire. Ainsi, ses propriétés veinotoniques, anti-inflammatoires et antioedemateuses le place au premier rang dans le soulagement des « jambes
lourdes », des varicosités et des troubles hémorroïdaires. De plus, la sensation
de « jambes lourdes » a pour origine la dilatation des veines sous l’effet de la
pesanteur et/ou de la chaleur. D’où l’intérêt des actifs vasoconstricteurs présents
en grande quantité dans le Fragon, qui est de ce fait particulièrement indiqué
pour les femmes qui souffrent de « jambes lourdes » en été.
Il est principalement utilisé par voie orale sous forme de gélule, mais
aussi en teinture. Il n’est pas toxique si l’on se conforme à la posologie.
a’’) Les plantes à tannins condensés
Le Cyprès (Cupressus sempervirens)
Originaire du pourtour de la mer Egée, il est largement cultivé à des fins
ornementales dans le sud de l’Europe. Ses cônes fructifères sont également
appelés « galbules ». A maturité, les écailles des cônes s’écartent, libérant les
graines.
La partie active est constituée par les cônes. En effet, ils sont riches en
flavonoides, polyphénols et en oligomères procyanidoliques, qui leur confèrent
une
action anti-inflammatoire. De plus, les OPC (Oligomères
proanthocyanidoliques) qu’ils renferment tonifient les veines. En se fixant sur la
paroi des vaisseaux, ces substances assurent une meilleure dynamique
vasculaire en empêchant le sang de stagner dans les jambes. Le cyprès prévient
et soulage les symptômes fonctionnels de la maladie veineuse (hémorroïdes,
jambes lourdes, varices…).On l’utilise surtout par voie orale, et il ne présente
pas de toxicité aux posologies usuelles.
Hamamélis (Hamamelis virginiana)
L’hamamélis est originaire de la côte Est d’Amérique du Nord, en
particulier dans les états de Pennsylvanie et de Virginie. Ces rameaux flexueux
rappellent ceux du noisetier, mais les fleurs ne s’épanouissent qu’à l’automne,
après la chute des feuilles. Du fait de sa ressemblance avec le noisetier, et des
pouvoirs magiques que lui attribuent les sorciers indiens, cet arbrisseau porte
également le nom de « noisetier de la sorcière ».
Il doit ses effets de renforcement de la tonicité veineuse à sa richesse en
tannins condensés, plus de 10%, qui lui confèrent un fort pouvoir astringent. En
effet, les tannins s’opposent à la distension du réseau veineux, ce sont surtout
des vasoconstricteurs, puissamment astringents et anti-oedémateux. Ces
propriétés vasoconstrictrices et veinotoniques sont renforcées par la présence de
flavonoides protecteurs des parois capillaires.
Son usage ne présente pas de contre-indication, et est prescrit sous forme
de gélules dans la plupart des cas, ou sous forme distillée (« eau
d’Hamamélis »).
L’Hamamélis peut donc être utilisé dans le traitement des varices, jambes
lourdes, hémorroïdes, ainsi que dans les troubles de la fragilité capillaire
(couperose…). De plus, en usage cosmétique, l’eau d’Hamamélis, obtenue par
distillation des rameaux et des feuilles, est un excellent tonique et nettoyant
pour les peaux sensibles. On lui prête également des propriétés hémostatiques,
asséchantes et anti-virales dans les poussée d’herpès.
b) Les stimulants de la circulation lymphatique
Le Mélilot (Melilotus officinalis)
Le mélilot ou « petit trèfle jaune » est une petite plante herbacée, à
feuilles trifoliées, dont les petites fleurs jaunes sont réunies en grappes
allongées. Son nom vient du grec, « melilotos », qui signifie « fleur à miel ».
Ces fleurs ont une odeur de foin coupé, caractéristique des coumarines.
Les sommités fleuries du mélilot constituent la partie active de la plante.
Elles sont riches en flavonoides, ainsi qu’en acides phénoliques et tannins. Ses
composés lui confèrent des propriétés vasculaires, soit une augmentation des
débits veineux et lymphatique, et une diminution de la perméabilité capillaire.
Ceci explique son effet anti-oedémateux marqué. Le mélilot possède également
des propriétés anti-spasmodiques, sédatives et diurétiques. Il renferme
également une substance : la coumarine. Celle-ci ne possède pas de propriétés
anti-coagulantes, cependant, elle stimule le système réticulo-endothélial,
augmente le pouvoir de protéolyse des macrophages, et accélère la cicatrisation.
En cas de contamination par des champignons, le mélilot peut produire
des phyto-alexines, qui peuvent donner naissance au dicoumarol, responsable
d’intoxication dans les troupeaux, et à l’origine des anti-coagulants de synthèse
(substances absentes, si les conditions de séchage sont respectées).
Ainsi, ses propriétés veinotoniques et vasculoprotectrices interviennent
essentiellement dans le domaine de la fragilité capillaire (ecchymose,
couperose, pétéchies…).
3.2.2. Les plantes complémentaires
La Vigne Rouge (Vitis vinifera)
L’alliance de l’homme et de la vigne remonte à plus de 3500 ans. Née en
Grèce, la culture de la vigne s’étendit rapidement à tout le monde antique. Ce
sont eux qui, 600 ans avant J-C, ont introduit la vigne en France. La Vigne
Rouge est une plante ligneuse à tiges grimpantes munies de vrilles, dont le fruit
est une baie, le raisin. Surnommée « Vigne des teinturiers », elle prend une
couleur splendide en automne, due à sa richesse en pigments rouges-violets, les
anthocyanes.
Toute la plante est extrêmement riche en polyphénols. La coloration des
feuilles est liée à une richesse importante en anthocyanosides, flavonoides,
tannins hydrolysables et pro-anthocyanidols. La composition du raisin est
également très riche en composés actifs. Les oligomères proanthocyanidoliques (OPC) du grain sont contenus dans des spécialités bien
connues et actives sur le plan micro-circulatoires (Endotelon®).
Les propriétés de la feuille de Vigne rouge sont celles des polyphénols :
propriétés dite « Vitamine P », soit une diminution de la perméabilité capillaire
(action sur le collagène de la paroi vasculaire) et une augmentation de la
résistance des capillaires, une action veinotonique et anti-oedémateuse,
angioprotectrice par diminution des enzymes protéolytiques de dégradation
(élastase, colagénase), piégeur des radicaux libres (flavonoides). Les oligomères
procyanidoliques sont également anti-hypertenseurs par effet d’inhibition de
l’enzyme de conversion de l’angiotensine.
Utilisée sous forme de gélules ou en application locale, la Vigne rouge ne
présente pas de contre-indications si l’on respecte les posologies.
La Vigne est réellement un trésor de bienfait. En effet, l’efficacité de ses
feuilles dans la prise en charge des troubles circulatoires (jambes lourdes,
hémorroïdes…) n’est plu à démontrée. De plus, les effets bénéfiques du vin
rouge sur le cœur et la circulation sont bien connus, mais le jus de raisin rouge
est aussi bon, voire meilleur, pour la santé. Des études ont confirmé les
propriétés anti-oxydantes des pigments rouges présents dans le raisin rouge. Ces
anti-oxydants puissants, extraits du pépin de raisin, soutiennent les tissus,
augmentent la teneur en vitamine C des cellules, et renforcent les vaisseaux
sanguins, en particulier les petites artères. Ainsi, ils constituent un complément
intéressant dans les troubles de la circulation, dont l’athérome, les troubles de la
circulation périphériques, les varices, la fragilité capillaire et la neuropathie
périphérique du diabète.
La Myrtille (Vaccinium myrtillus)
La Myrtille commune est un sous-arbrisseau vivace et rampant, à petites
feuilles caduques, finement dentées, de couleur vert vif, qui rougissent à
l’automne. On le trouve essentiellement dans les montagnes de l’Eurasie, et de
l’Amérique du Nord. Le nom de Myrtille désigne aussi bien le végétal, que son
fruit. Les fruits sont des bais globuleuses, qui d’abord vertes, deviennent
violettes puis bleu-noires.
Sa richesse en polyphénols (flavonoides, anthocyanosides, tanins, proanthocyanidols, acides-phénols) lui procure des propriétés de réparation et de
protection des micro-vaisseaux, et l’indiquent pour la vaso-protection, surtout
des petits capillaires dans les couperoses, les varicosités, les hémorragies
conjonctivales et la protection de la rétine. Ainsi, la baie ou « myrtille »,
possède des propriétés anti-inflammatoires, anti-oedémateuses, anti-oxydantes,
astringentes, et toniques circulatoires.
Cependant, des doses très élevées risquent de potentialiser l’action des
médicaments anti-coagulants.
La Myrtille participe à l’amélioration de la circulation périphérique, et
diminue la perméabilité des vaisseaux sanguins. Elle a une action bénéfique sur
de nombreux troubles circulatoires, dont les hémorroïdes et les varices, la
maladie de Raynaud, la claudication intermittente, la tendance aux hématomes,
et en outre pour les altérations micro-vasculaires rétiniennes avec œdème, telles
que la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA).
Le Cassis (Ribes nigrum)
Le cassis est un arbrisseau touffu, à feuilles odorantes, lobées et dentées,
dont le fruit est une baie noire, regroupée en grappes sucrées. Cet arbrisseau est
cultivé depuis le XVI ème siècle, notamment en Bourgogne, région d’origine de
la fameuse liqueur mise à la mode par le chanoine Kir.
Les feuilles de cassis contiennent une grande quantité de polyphénols,
surtout des flavonoides, ainsi que des tannins. La saveur acide des baies traduit
leur teneur élevée en vitamine C. Leur coloration intense est due à la présence
de molécules complexes, les anthocyanes, qui se comportent comme des
piégeurs de radicaux libres, et s’opposent ainsi à la lipopéroxydation.
Reconnu comme étant un anti-oxydant puissant, le cassis s’oppose au
vieillissement des parois des vaisseaux sanguins. Il possède également des
propriétés anti-inflammatoires et astringentes.
Absolument atoxique, le jus ou l’extrait de cassis peuvent être pris
quotidiennement pendant plusieurs mois pour améliorer des troubles
circulatoires comme la fragilité capillaire et les varices.
Les baies et les feuilles constituent un traitement de fond efficace pour
renforcer la résistance des vaisseaux sanguins, et en particulier des capillaires,
d’où leur utilisation dans le traitement des manifestations fonctionnelles de la
fragilité capillaire (couperose, pétéchies…).
3.2.3. Cas particulier : Le Ginkgo Biloba
Le Ginkgo est un grand arbre dioïque (mâle et femelle séparés), d’origine
orientale, et de remarquable longévité, portant des feuilles plus ou moins
bilobées, en forme d’éventails, appelé « arbre aux 40 écus », ou « aux 100
écus », du fait de la belle couleur jaune que prennent les feuilles en automne.
Véritable fossile vivant, le Ginkgo est le plus ancien des arbres de notre
planète. En effet, les premiers fossiles de sa classe ont été trouvés dans les
roches de l’ère primaire, datant de 300 millions d’années, époque à laquelle les
dinosaures, eux-mêmes, n’étaient pas encore apparus. Les ginkgos que les
scientifiques occidentaux croyaient autrefois éteints, ont été redécouverts au
Japon en 1961. Des arbres avaient poussé au pays du « Soleil Levant », à la
suite d’une dissémination des graines à partir de la Chine, là où le Ginkgo était
cultivé pour ses vertus médicinales depuis l’an 1100 environ.
En effet, le Ginkgo est étonnamment résistant à toute sortes d’agressions
(froid, sécheresse, pollution, bactéries, virus, parasites, insectes). Mais le plus
impressionnant, c’est sa résistance à la bombe atomique larguée sur Hiroshima
le 6 août 1945. En effet, toute la végétation autour de la zone de l ‘épicentre est
détruite, à l’exception d’un arbre, un Ginkgo, situé devant un temple en ruine,
qui bourgeonne au printemps 1946.
L’extrait standardisé de Ginkgo obtenu à partir des feuilles, contient des
proportions précises de principes actifs. La chimiotaxonomie qui sélectionne
des familles de substances chimiques en fonction de leur appartenance
botanique, n’a pas pu trouver ailleurs certaines des molécules que nous allons
citer. Jusque dans sa composition, le Ginkgo reste donc unique. On y trouve des
diterpènes (ginkgolides A, B, C, J et M), sesquiterpènes (bilobalides),
flavonoides et biflavonoides, des pro-anthocyanidols, ainsi que des traces
d’acides ginkgoliques potentiellement allergisants.
Comme c’est la règle dans les plantes médicinales, et plus encore pour le
Ginkgo, c’est la multiplicité et l’originalité des principes actifs qui vont
expliquer ses propriétés biologiques. Le bilobalide active le métabolisme du
cortex cérébral, en augmentant le captage du glucose et de l’oxygène par les
neurones. Les ginkgolides A et B, et le bilobalide permettent une meilleure
résistance du cerveau à l’hypoxie et à l’ischémie, et relaxent les parois des
vaisseaux cérébraux. Les ginkgolides (surtout B), sont antagonistes du PAF
(Platelet Activating Factor), médiateur phospholipidique intercellulaire
impliqué dans l’agrégation plaquettaire et la formation des thromboses,
l’inflammation, et l’allergie. Les flavonoides protègent les cellules cérébrales de
l’agression par les radicaux libres, et relaxent et renforcent la résistance
capillaire. Le ginkgolide A et le bilobalide empêchent la péroxydation des
lipides cérébraux par augmentation de la glutathion-transferase (enzyme
puissamment anti-oxydante). Sous Ginkgo, la sérotonine augmente dans les
synapses, et l’hippocampe augmente son activité (c’est l’organe d’intégration
de la mémoire). Le Ginkgo possède en outre des propriétés adaptogènes antistress.
Attention néanmoins, à ce que les extraits de feuilles de Ginkgo soient
concentrés et normalisés pour contenir des principes actifs et éliminer certaines
substances allergisantes (acides ginkgoliques). Ainsi, le Tanakan®, contient un
extrait sec standardisé en flavonoides (24%) et en ginkgolides (6%) de Ginkgo
Biloba. Il s’utilise au long court dans les troubles liés à la sénescence cérébrale.
Remarquons en effet, que les ginkgolides ne sont présents dans la feuille qu’à
des taux allant de 0,02% à 0,2%, d’où l’intérêt d’utilisé des produits
standardisés.
Le Ginkgo est donc surtout indiqué dans les déficits cérébraux et les
pertes de mémoire, dans la prévention des démences cérébrales, et même de la
maladie d’Alzheimer, les troubles auditifs (acouphènes, vertiges, baisse
d’acuité), les troubles visuels et olfactifs de cause vasculaire, ainsi que certains
états dépressifs en gérontologie, dans la maladie de Raynaud et les
artériopathies des membres inférieurs. Dans le cadre de la maladie veineuse, on
peut l’utiliser dans la prise en charge des troubles veineux avec diminution du
tonus de la paroi veineuse (insuffisance veineuse, crise hémorroïdaire…).
4. Des plantes veinotoniques pour chaque situation
La Plainte
Jambes lourdes
Maladie Veineuse
Chronique
Voie Orale
 Vasoconstricteurs veineux :
Marron d’Inde (graine) ;
Petit-Houx ; Hamamélis ;
Noisetier ; Ginkgo
 Stimulant de la circulation
sanguine : Mélilot
La solution
 En complément,
Phytothérapeutique vasculoprotecteurs : Vigne
rouge ; Myrtille ; Cassis
Voie Locale
 Plantes à tannins :
Cyprès ;
Hamamélis ;
Marron d’Inde (écorce et
graine) ; Mélilot ; PetitHoux
Conseils de Prise
Pas de tisane pour Marron
d’Inde et Petit-Houx.
A prendre en cure régulière (1
à 3 mois) renouvelable si les
symptômes persistent et à
débuter dès les premiers
signes fonctionnels.
Fragilité capillaire
Voie Orale
 Protecteurs
capillaires :
Marron d’Inde ;
Vigne rouge ;
Myrtille, Cassis ;
Mélilot
 En complément :
Hamamélis
Voie Locale
 Couperose :
Eau
d’Hamamélis ;
Marron d’Inde
(écorce et
graine) ; Mélilot
Pas en tisane pour les
fruits de myrtille et
cassis : préférer les
fruits frais. Pas en
tisane pour Marron
d’Inde
5. Exemples de préparations magistrales destinées
à la prise en charge des troubles veineux
5.1. Par voie orale
En tisane : (Jambes lourdes)
Cyprès
Hamamélis
Vigne rouge
Mélilot
120g
150g
120g
60g
Posologie 5g / 250ml d’eau
Infusion 10 minutes à raison d’une tasse
Trois fois par jour, 20 jours par mois,
pendant 3 mois
En Solution buvable (Jambes lourdes)
Extrait fluide de Marron d’Inde
Extrait fluide d’Hamamélis
Extrait fluide de Mélilot
20ml
15ml
15ml
20 à 30 gouttes, trois fois par
jour diluées dans de l’eau
En teinture-mère (TM) (Hémorroïdes)
TM de Marron d’Inde
TM de mélilot
TM d’Hamamélis
TM de Petit-Houx
Alcoolat de Mélisse
10g
10g
10g
10g
50 gouttes dans de l’eau,
30 minutes avant les repas
QSP 120ml
En gélules (extraits secs) (Jambes lourdes et Hémorroïdes)
Nébulisât de Vigne rouge
Nébulisât d’Hamamélis
Nébulisât de Marron d’Inde
150mg
150mg
150mg
1 gélule, trois fois par jour
QSP une gélule
Poudre de Cyprès
Poudre de Vigne rouge
200mg
100mg
QSP une gélule
1 gélule à chaque repas
(matin, midi, soir)
Extrait sec de Petit-Houx
Extrait sec de Mélilot
Extrait sec de Vigne rouge
200mg
50mg
50mg
2 gélules, matin, midi et
soir
5.2. Par voie locale
A base de teinture mère (Jambes lourdes)
TM d’Hamamélis
TM de Cyprès
TM de Petit-Houx
Excipient transcutané non gras
aa QSP 10g
Une application matin et soir
sur les jambes
40g
A base d’extraits hydroglycoliques (EHG) (Jambes lourdes)
EHG de Cyprès
EHG de Marron d’Inde
EHG de Vigne rouge
EHG d’Hamamélis
Gel neutre d’absorption
10g
10g
10g
10g
50g
Deux applications par jour
6. Conclusion
Du fait du déremboursement des veinotoniques, l’usage des plantes
médicinales et de leurs extraits redevient concurrentiel et il est infiniment plus
pertinent que la prescription automatique de quelques spécialités
monomoléculaires. Pour le praticien attentif à l’adéquation entre la
physiopathologie et le mode d’action des principes actifs, le choix d’un
veinotonique dans le Vidal est très restreint, contrairement aux apparences.
Avec un seul principe actif, comment couvrir une pathologie aussi diverse ? La
prescription magistrale est alors un choix très pertinent, en s’attachant à éviter
les redondances pharmacologiques.
Et justement, pour ce qui est de la Maladie veineuse, il existe des plantes
remarquablement efficaces. D’ailleurs, la plupart des médicaments chimiques
proposés actuellement sont dérivés de ces plantes médicinales. L’avantage que
présentent les plantes médicinales, est qu’elles possèdent dans leur partie active
des milliers de substances. Chacune d’entre elles étant présente en quantité très
faible et agissant à son niveau en synergie avec les autres. Ainsi, l’action d’une
plante ne se résume pas à un constituant isolé, mais résulte de l’action de tous
ses constituants. A l’opposé de la plante médicinale, le médicament chimique
est, lui, constitué d’un seul principe actif, présent en grande quantité. Ce
principe actif isolé est souvent moins efficace et parfois plus toxique que s’il est
uni aux autres constituants.
La thérapeutique par les plantes est la mère de la médecine. Elle est le
socle solide sur lequel presque toute notre pharmacologie actuelle s’est
construite. Elle doit donc tout simplement être réhabilitée dans la thérapeutique
moderne. Formation et information sont les « maîtres mots » en matière de
thérapeutique d’extraction naturelle. L’Humanité débute sa révolution
écologique, après la révolution industrielle des deux siècles précédents. Dans
cette grande vague de fond que représente la prise de conscience de l’urgence
d’un développement durable, l’emploi des plantes médicinales, lui aussi, trouve
légitimement sa place.
Figure 1 : Le Marron d’Inde
Figure 4: L’Hamamélis
Figure 7 : Le Cassis
Figure 2 : Le Fragon
Figure 5 : La Vigne Rouge
Figure 8: Le Mélilot
Figure 3 : Le Cyprès
Figure 6: La Myrtille
Figure 9 : Le Ginkgo Biloba
EXEMPLES DE MEDICAMENTS VEINOTONIQUES ISSUES DES
PLANTES MEDICINALES
Origine : Extrait de Ginkgo Biloba
Origine : Extraits fluide d’Hamamélis, de
Viburnum, de Calamus et de Piscidia
Origine : Extrait sec de Petit-houx et Hespéridine
méthyl chalcone extraite de l’écorce d’Orange
Origine : Extraits purifiés de pépins de raisins
(Oligomères procyanidoliques)
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