dimension queer du conflit israélo-palestinien... ou

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DIMENSION QUEER
DU CONFLIT ISRAÉLO-PALESTINIEN...
OU DIMENSION ISRAÉLOPALESTINIENNE
DU CONFLIT QUEER?
SOUS LE REGARD DE JEAN GENET
Conférence donnée le 1er novembre 2014
lors du salon Free Palestine
de St-Denis - La Plaine (Île-de-France)
par Laurent Baudoin
& David Sar Auerbach Chiffrin,
rédacteurs de l’«Appel LGBT
pour une paix juste & durable
entre Palestinien/ne/s & Israélien/ne/s»
publié par Politis le 20 octobre 2014
--Samedi 1er novembre 2014
Communication n°TRF2014-18N8
du collectif Queers for Palestine (France) |
LGBT pour la Palestine (France)
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SOMMAIRE
POURQUOI UN REGARD QUEER
SUR LE CONFLIT ISRAÉLOPALESTINIEN?
(INTRODUCTION)
3
I. UNE BRÈVE HISTOIRE
DU CONFLIT ISRAÉLOPALESTINIEN
4
I.A. L’Antiquité, du premier
au troisième Exode du peuple juif
I.B. Des prémisses à la proclamation
de l’État contemporain d’Israël
I.C. De la Guerre des Six-Jours à nos jours:
l’expansion sans fin du colonialisme israélien
6
II. LE PINKWASHING: SON CONTEXTE,
SON MÉCANISME, SA SUBVERSION
7
4
5
II.A. La difficile situation des personnes queers
dans le monde arabo-musulman
II.B. Le pinkwashing, un outil
de propagande israélien
II.C. La contestation du pinkwashing
& les initiatives «Queer BDS» ou «Queers for Palestine»
10
1. Déconstruction palestinienne du pinkwashing
2. Déconstruction occidentale du pinkwashing
11
11
7
9
III. JEAN GENET, UN PRÉCURSEUR INCLASSABLE
13
III.A. Genet & la révolution palestinienne
III.B. Les raisons d’un engagement
III.C. La postérité de Jean Genet:
une initiative Queer BDS française?
13
14
ET MAINTENANT?
(CONCLUSION)
16
17
ANNEXES
QUESTIONS POSÉES PAR LE PUBLIC
18
RÉFÉRENCES
18
I. Références relatives au conflit israélo-palestinien
II. Références relatives au pinkwashing
III. Références relatives à Jean Genet
18
18
20
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POURQUOI UN REGARD QUEER
SUR LE CONFLIT ISRAÉLOPALESTINIEN?
(INTRODUCTION)
§1.
Pourquoi sommes-nous ici? Pourquoi une présence queer - c’est-à-dire, pour
faire simple, homosexuelle ou LGBT (lesbienne, gaie, bi & trans) - lors des
manifestations nationales pour une paix juste & durable entre Palestinien/ne/s &
Israélien/ne/s, qui ont lieu à Paris depuis le début de la mal-nommée «opération
Bordure protectrice», le 8 juillet dernier? Pourquoi notre présence lors d’un salon
culturel, associatif & politique qui entend, selon son intitulé, œuvrer à la «libération de la
Palestine»? (Remercions d’ailleurs, dès à présent, les organisateur/e/s de ce salon, en
particulier l’association Euro-Palestine, pour leur invitation.)
§2.
Les diverses raisons qui expliquent cette présence sont fondées sur la
conception que nous avons de notre double qualité d’êtres humains & de
personnes queers ou LGBT. Nous avons indiqué certaines de ces raisons dans l’«Appel
LGBT pour une paix juste & durable entre Palestinien/ne/s & Israélien/ne/s», publié le 20
octobre dernier par le magazine Politis & qui dénonce en particulier le «pinkwashing»,
cette stratégie de communication de l’État d’Israël qui consiste en substance à se
prétendre le meilleur ami des queers & donc à vouloir, à ce titre:
- d’une part, que les queers du monde entier excusent ou approuvent la politique
d’occupation & de colonisation que l’État d’Israël exerce à l’encontre d’une population
supposément hostile aux queers (en la circonstance, la population palestinienne);
- d’autre part, que les queers palestinien/ne/s n’aient pour seule perspective que
de se détacher peu à peu de leur patrie pour servir directement ou indirectement les
intérêts de l’État d’Israël (récemment, des militaires israélien/ne/s ont même révélé &
dénoncé le fait que leur hiérarchie leur ait demandé de rechercher puis d’utiliser
l’orientation sexuelle de certain/e/s Palestinien/ne/s pour les faire chanter & en obtenir
des renseignements).
§3.
Avant d’évoquer plus en détail le contexte, le mécanisme & la subversion du
pinkwashing (II) puis la figure, centrale dans notre démarche, du poète
contestataire Jean Genet, ce «paria magnifique» (III), nous poserons brièvement le
décor de notre exposé en rappelant, à l’usage des personnes qui ne l’auraient pas
déjà étudié mais qui seront peut-être ici peu nombreuses (principalement, notre
public LGBT), quelques dates du conflit israélo-palestinien (I).
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I. UNE BRÈVE HISTOIRE
DU CONFLIT ISRAÉLOPALESTINIEN
§4.
L’histoire du conflit israélo-palestinien est un champ disciplinaire à part entière
& ne constitue pas le cœur de notre apport au salon Free Palestine. Ainsi, nous
limiterons notre exposé à quelques dates qui nous ont semblées clefs, sans nier l’aspect
arbitraire de ce choix. Nous aborderons trois grandes périodes: l’Antiquité (A), qui vit
apparaître puis disparaître plusieurs États «juifs» ou «hébreux» (nous utiliserons ici ces
termes comme synonymes); l’articulation du XIXème & du XXème siècles (B), qui vit la
résurgence d’un État juif ou prétendu tel; enfin, la période contemporaine (C), qui voit
cet État aux prises avec sa propre identité autant qu’avec un État palestinien qui
s’efforce d’émerger.
I.A. L’Antiquité, du premier
au troisième Exode
du peuple juif
§5.
Dans la Genèse (XVII, 8), l’espace compris entre la Méditerranée & le
Jourdain, dénommé Canaan, est promis par l’Éternel à l’ancêtre commun des Juifs
& des Arabes, Abraham: «À toi & à ta race après toi, je donnerai le pays où tu
séjournes.» (Notons que les termes de Juif & d’Arabe n’ont pas ici, paradoxalement, de
connotation religieuse prédominante mais désignent prioritairement des peuples: c’est
d’ailleurs à ce dernier sens, sauf exception signalée, que nous les utiliserons.) Le texte
biblique semble ensuite perdre les Arabes de vue & nous retrouvons cette terre
doublement promise dans l’Exode (VI, 4), où l’Éternel la promet cette fois aux seuls Juifs:
«J’ai aussi établi mon alliance avec eux pour leur donner le pays de Canaan.»
§6.
Ce premier Exode du peuple juif, le voyant sortir d’Égypte & conquérir
Canaan (au détriment notamment du peuple philistin), constituerait ainsi un
«premier Retour» & serait historiquement situé quelque part entre 1200 & 1600 avant
Jésus-Christ. Toujours en suivant le texte biblique, auquel il convient cependant de ne
pas donner une valeur historique absolue (un ancien Premier ministre de l’État
contemporain d’Israël, assassiné par un extrémiste juif, a ainsi déclaré que la Bible
n’était pas un «titre de propriété»), le peuple juif aurait à son tour subi la conquête de ce
territoire par l’Empire babylonien puis un deuxième Exode, cette fois vers Babylone époque de rédaction du psaume «Si je t’oublie, Jérusalem, que ma main droite se
dessèche...», qui a donné cet hymne immortel du disco sur lequel des générations
d’homosexuel/le/s ont dansé: «By the Rivers of Babylon...»
§7.
Un nouveau Retour est décrit au terme de cet épisode mais se trouve suivi
d’une nouvelle conquête, cette fois par l’Empire romain, qui s’achève en 135 après
Jésus-Christ au terme d’une ultime résistance des Juifs alors chassés de Jérusalem & de
ses environs - c’est leur troisième Exode. La province romaine de Judée est renommée
Palestine, d’après le nom du peuple philistin, afin d’humilier le peuple juif (une sorte de
match-retour, en quelque sorte...). C’est l’apparition de ce terme de Palestine qui persiste
de nos jours car lorsque les Empires arabo-musulmans conquirent à leur tour la région
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(Jérusalem est prise en 637), ils conservèrent dans les faits son appellation romaine. À
cette époque naît la prière juive: «L’an prochain à Jérusalem...», qui trouvera une
traduction politique dans le mouvement sioniste que nous allons maintenant évoquer.
I.B. Des prémisses à la proclamation
de l’État contemporain d’Israël
§8.
En 1897, se tient le premier Congrès sioniste mondial à Bâle, en Suisse.
Après plusieurs siècles de domination & souvent de persécution romaine, chrétienne ou
musulmane (nous utilisons ici ces deux derniers termes non pour désigner les
tenant/e/s des religions correspondantes mais, par souci de simplification, les différents
États qui se sont succédés en Europe & en Asie occidentale au nom, le plus souvent, de
ces religions), certain/e/s descendant/e/s ou héritier/e/s de ces Juifs chassé/e/s de
Palestine se donnent pour objectif politique d’y revenir. Notons au passage l’absence de
caractère religieux de cet objectif; au contraire, il constitue dès cette époque une hérésie
aux yeux des Juifs les plus religieux qui considèrent que seul le Messie - le vrai, c’est-àdire, à leurs yeux, pas Jésus - pourra conduire le peuple juif vers la «Terre promise». Des
colonies juives s’établissent en Palestine ottomane. En 1917, Lord Balfour, ministre
britannique des affaires étrangères, propose d’y établir un «foyer national juif»: au
terme de la Première Guerre mondiale, l’Empire ottoman est démembré & la Palestine
passe sous mandat britannique.
§9.
Début 1942, en pleine Seconde Guerre mondiale, le régime nazi tient la
conférence de Wannsee afin de planifier, selon le titre du livre de l’historien Raul
Hilberg, la «destruction des Juifs d’Europe» (qui fera environ six millions de morts entre
1942 & 1945). Pour autant, la Shoah n’est pas directement liée au confit israélopalestinien: l’État contemporain d’Israël n’existait pas, la Palestine était sous mandat
britannique, la Shoah ne s’est pas déroulée sur le sol palestinien. Malgré ces évidences,
l’histoire & plus précisément la mémoire de la Shoah sont instrumentalisées voire
détournées par l’État d’Israël pour justifier sa fondation et, parfois, sa prétention à être
un «État juif».
§10.
Le 29 novembre 1947, les Nations unies votent la résolution 181 qui prévoit
un plan de partage de la Palestine mandataire entre un «État juif» & un «État
arabe». Le 9 avril 1948, le village arabe de Deir Yassin, près de Jérusalem, est attaqué
par des unités militaires juives: entre 100 & 120 Palestinien/ne/s, parmi lesquel/le/s
des combattants faits prisonniers mais aussi des femmes & des enfants, sont
exécuté/e/s. Ce massacre est emblématique de la période dénommée «Nakbah» au
cours de laquelle les Arabes sont largement chassé/e/s des territoires qui deviendront
israéliens. Il suscite une indignation (qui restera purement verbale) de la communauté
internationale: le 2 décembre 1948, plusieurs personnalités juives étatsuniennes dont
Albert Einstein - que l’on qualifiera difficilement d’antisémite - dénoncent «l’apparition
d’un parti politique étroitement apparenté dans son organisation, ses méthodes, sa
philosophie politique & son appel social aux partis nazi & fascistes».
§11.
Le 14 mai 1948, Ben Gourion déclare l’indépendance de l’État d’Israël. Au
terme d’une première guerre, cet État qui devait initialement se voir attribuer un peu
plus de la moitié de la Palestine mandataire en conquiert plus des deux tiers, s’étendant
sur le territoire qui lui est reconnu aujourd’hui par les cartes à la fidélité discutable que
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l’on observe dans les médias occidentaux (on parle de l’État d’Israël «dans les frontières
de 1967» car c’est alors qu’elles seront militairement franchies). Restent, entre 1948 &
1967, la Cisjordanie & Jérusalem-Est (administrées par la Jordanie), la bande de Gaza
(administrée par l’Égypte) & les camps de réfugié/e/s palestinien/ne/s en Jordanie, au
Liban & en Syrie. L’État arabe prévu par la résolution 181 n’est pas instauré. Cette
situation demeure relativement stable pendant deux décennies, jusqu’à la Guerre des
Six-Jours.
I.C. De la Guerre des Six-Jours
à nos jours: l’expansion sans fin
du colonialisme israélien
§12.
En 1967, Israël attaque l’Égypte & la Jordanie & prend le contrôle de la
Cisjordanie, de Jérusalem-Est & de la bande de Gaza, lesquels font depuis l’objet d’un
colonialisme de peuplement juif qui ne paraît pas borné dans ses objectifs: les zones de
peuplement arabes, de plus en plus résiduelles, s’y trouvent réduites au statut de
bantoustans (ces pseudo-États créés par l’Afrique du Sud pour mieux limiter les libertés
fondamentales des populations noires, à commencer par la liberté de circulation) & le
but ultime de l’État d’Israël semble être en réalité d’expulser simplement les Arabes hors
de ces territoires ou d’en conserver un nombre réduit à l’extrême, à l’image des réserves
indiennes instaurées par les États-Unis d’Amérique.
§13.
Quant aux Arabes résidant à l’intérieur des frontières dites de 1967 (c’est-àdire reconnues par les pays occidentaux à l’État d’Israël entre 1948 & 1967), leur statut
administratif est morcelé & leur statut politique bridé; la légitimité de leur présence
pourtant millénaire est violemment contestée jusqu’au plus haut sommet de l’État
israélien (encore récemment, la présidente du Parlement israélien a coupé la parole en
séance à un député arabe de nationalité israélienne, lui reprochant un manque supposé
de patriotisme...).
§14.
Nous n’évoquerons pas ici les différentes guerres conduites par Israël au Liban,
les deux Intifadas & les multiples agressions du style «Plomb durci» (sic) ou «Bordure
protectrice» (re-sic) qui s’apparentent à une politique prédéfinie d’élimination
périodique des éléments les moins soumis du peuple palestinien - un peu comme un
éleveur de moutons qui en tondrait régulièrement la laine. Le décor étant posé, venonsen au cœur de notre objet: le pinkwashing.
--NB - Il n’a finalement pas été donné
lecture de cette première partie lors de la
conférence du 1er novembre, étant considéré que
l’ensemble du salon Free Palestine constituait un
rappel suffisant de l’histoire du conflit israélopalestinien, d’une part; personne parmi le public
de cette conférence n’ayant sollicité un rappel de
cette histoire, d’autre part.
---
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II. LE PINKWASHING:
SON CONTEXTE,
SON MÉCANISME,
SA SUBVERSION
§15.
Il convient d’abord de rappeler la situation difficile des personnes queers dans le
monde arabo-musulman (A), d’autant plus qu’un amalgame est souvent opposé à notre
démarche - puisque l’on nous dit que ces personnes vivent mieux en Israël qu’en
Palestine & qu’il conviendrait donc à leur comparses à travers le monde, soit
d’approuver la politique de l’État d’Israël en Palestine, soit à tout le moins de se taire à
son sujet. Nous détaillerons ensuite la construction d’un discours supposément LGBTfriendly - le pinkwashing - au sein du discours colonialiste israélien (B). Enfin, nous
exposerons plus avant la façon de déconstruire ce discours (C).
§16.
NB - Précisons auparavant que le terme
de pinkwashing est difficilement traduisible en
français & d’ailleurs ne se traduit généralement
pas mais qu’on pourrait le rendre, littéralement,
par les expressions «laver en rose» ou «peindre
en rose». Ce terme s’applique également au
marketing de certaines industries qui
prétendent lutter contre le cancer du sein & se
trouve ainsi construit en imitation du terme de
«greenwashing», lequel qualifie pour sa part une
pratique consistant pour les entreprises les plus
polluantes à mettre en avant une communication
visant à camoufler leurs méfaits sous une
apparence «écolo-friendly»: ainsi, le nouvel
aéroport de Notre-Dame des Landes doit
détruire des centaines d’hectares de terres
cultivables de façon parfaitement inutile
puisqu’il existe déjà un aéroport parfaitement
adapté (outre que l’industrie aéronautique est
condamnée à brève échéance puisque le pétrole
disparaît) mais tout va bien, nous dit-on, puisque
les toits des bâtiments de cet aéroport seront
«couverts d’une couche de gazon»... de quelques
centimètres d’épaisseur.
II.A. La difficile situation
des personnes queers
dans le monde arabo-musulman
§17.
Notre objet ne sera pas ici de décrire de façon exhaustive la situation des
personnes queers dans le monde arabo-musulman mais simplement de donner quelques
éléments d’information ou de compréhension. Cette situation est difficile & contrastée,
marquée dans la plupart des pays par une réprobation sociale voire une répression
policière & judiciaire ou extrajudiciaire qui peut conduire à la prison, à la violence
physique voire à la mort. La montée puissante, depuis les années 1970, d’une religiosité
musulmane rigoriste - financée par les pétromonarchies qui y voyaient un rempart face
à leurs opposants démocrates mais aussi par les États-Unis d’Amérique qui y voyaient
un rempart face à des mouvements anticolonialistes ou socialisants - n’a évidemment
pas simplifié cette situation.
§18.
Pourtant, la question queer dans le monde arabo-musulman contemporain
doit être lue à la lumière d’une histoire millénaire de l’homoérotisme arabomusulman (c’est-à-dire de l’érotisme, de la sensualité ou des amitiés particulières qui se
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peuvent nouer de façon voilée - plus ou moins - entre personnes de même sexe, sans
pour autant relever de l’homosexualité au sens plus ou moins strict du terme, c’est-àdire de relations sexuelles ou conjugales qui se noueraient de façon affichée - plus ou
moins - entre ces mêmes personnes).
§19.
En témoigne la présence récurrente de l’amour homoérotique dans la
littérature arabo-musulmane, à travers notamment la figure du grand poète
arabo-persan Abû-Nuwâs, libertin & amateur déclaré de garçons; en témoignent aussi
les récits de voyageurs occidentaux du XVIème au XIXème siècle qui font état d’une
homophilie ouvertement assumée dans les sociétés musulmanes. L’homophobie en terre
musulmane serait ainsi, en partie, un accident de l’Histoire, apparu aux XIXème & XXème
siècles, & résulterait de l’imitation d’une «modernité» occidentale violemment
homophobe (imposée comme modèle lors de son expansion coloniale), autant que de la
montée des nationalismes arabes qui se sont construits en opposition mais aussi en
référence par rapport à cette modernité, dans des sociétés où les notions d’orientation
sexuelle & d’identité de genre étaient traditionnellement plus floues ou plus mouvantes
qu’en Occident.
§20.
Il faut souligner l’importance, dans les cultures arabo-musulmanes, du nondit & de la préservation de la sphère privée, cachée (parfois mais pas uniquement
sous la contrainte sociale ou politique), qui peut se révéler un espace de liberté
individuelle. Cette conception de la vie sociale s’oppose à l’impératif occidental de
visibilité, lui-même en partie héritier de l’obligation occidentale ou chrétienne de
confession publique de ses péchés (une notion qui semble inconnue en terre d’Islam).
Peut-être l’Orient musulman contemporain connaît-il moins que l’Occident le besoin
d’institutionnaliser les comportements sociaux & en particulier sexuels auquel l’Europe
a répondu en créant le terme pseudo-scientifique d’«homosexuel» en 1868 (dont la
diffusion généralisée en Occident, notamment par la médecine & la justice, dans une
perspective stigmatisante, a pu contribuer à élargir le fossé entre les conceptions
occidentale & orientale de l’homoérotisme traditionnel & à faire émerger, depuis la fin
du XIXème siècle, une homophobie institutionnelle dans les sociétés arabo-musulmanes
qui ensuite, contrairement au mouvement enclenché en Occident, n’a que peu évolué ou
s’est même aggravée selon les lieux & circonstances).
§21.
Une question qui se pose à nous, militants queers occidentaux, est celle de
l’articulation entre notre plaidoyer & celui des militant/e/s queers nonoccidentaux voire, en l’occurrence, palestinien/ne/s. La question de la visibilité est
centrale: elle fut peut-être une conquête des militant/e/s queers occidentaux mais il
convient de se demander s’il s’agit d’une aspiration universelle ou, au contraire, d’une
particularité occidentale. S’est-on déjà posé la question en Occident de savoir si, par
exemple, la revendication d’une généralisation du «coming out» ou du mariage pour
tou/te/s à des cultures & des sociétés non-occidentales ne serait pas contre-productive
voire dangereuse pour les personnes LGBT de ces pays? En un mot, est-il pertinent de
prôner aujourd’hui une Gay Pride à Alger ou Ramallah? Nos amis algérien/ne/s ou
palestinien/ne/s ont des idées sur la question; ne serait-il pas judicieux de les consulter
avant d’agir?
§22.
La question queer en Palestine présente ses particularités. La relation à
Israël y est évidemment omniprésente, puisqu’Israël est omniprésent en Palestine & s’y
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trouve fantasmé aussi bien que vécu comme agent & lieu de libération (en tant que
queer) autant que d’oppression (en tant que Palestinien/ne). Nous connaissons peu à ce
jour le lien des organisations queers israéliennes avec leurs homologues palestiniennes
mais nous avons observé que les sites Internet des deux principales («The Jerusalem
Open House for Pride & Tolerance» & «The Gay Center of Tel Aviv») ne mentionnent pas
même, dans leurs versions anglophones, la question palestinienne. En revanche, depuis
quelques années, chez les militant/e/s LGBT palestinien/ne/s, semble se développer
une tendance visant à s’émanciper de la tutelle du mouvement LGBT israélien moralement pesante & politiquement ou socialement dangereuse - pour rejoindre le
mouvement national de libération palestinien.
§23.
En Palestine même, la situation des queers semble confuse. En Cisjordanie,
dans les territoires sous contrôle de l’Autorité palestinienne, l’homosexualité masculine
est décriminalisée depuis 1951; la bande de Gaza en revanche a conservé un article du
code criminel du mandat britannique de 1936, qui fait encourir une peine de 10 ans de
prison aux hommes s’adonnant à des pratiques sexuelles qualifiées de «contre-nature»
(le silence étant fait sur l’homosexualité féminine). Plus important peut-être, comme
dans bien des pays en lutte pour leur indépendance, une sexualité hors-norme semble
menacer la cohésion du groupe social et, dans le cas de l’homosexualité, symboliser - à
tort nous l’avons entrevu - l’occidentalisation de la société palestinienne donc aussi son
«israélisation». C’est dans ce contexte que se développe le pinkwashing.
II.B. Le pinkwashing, un outil
de propagande israélien
§24.
L’universitaire Valérie Pouzole rappelle, en octobre 2012, dans le numéro 41 de
la revue «Tumultes» (p. 166), que «dans le contexte détérioré qui a suivi la seconde
Intifada, la classe politique israélienne a dès 2007 décidé de se lancer dans une politique de
réhabilitation de l’image du pays au niveau international mais également national [...]. Des
opérations de communication d’abord pilotées depuis les États-Unis en 2005, puis d’Israël
en 2007, ont été destinées à promouvoir l’image du pays comme enclave démocratique
mais aussi comme puissance économique, technologique & culturelle. Dans ces opérations
de marketing, la question de la tolérance toute particulière dont bénéficient les minorités
sexuelles a particulièrement été mise en avant. [...] L’émergence d’un nouveau discours
inclusif étatique, relayé par une majorité de militants, est à replacer dans un nouveau
contexte idéologique international qui, à la suite des attentats du 11 septembre 2001, a
associé choc des civilisations & choc des sexualités, le monde occidental & tolérant entrant
en guerre contre un monde musulman violent, sexiste & homophobe. Cet argumentaire
idéologique [...] a eu un impact important sur le positionnement des mouvements gays
occidentaux dont beaucoup, à partir de cette date, se sont mis à soutenir les
positionnements internationaux de leurs États.»
§25.
Ainsi, à travers sa diplomatie culturelle & touristique & sa communication
militaire, l’État d’Israël se présente comme une «oasis LGBT-friendly au milieu
d’un désert LGBT-phobe». Or, un tel discours place les personnes & organisations
LGBT palestiniennes (comme l’association «Al-Qaws for Sexual & Gender Diversity in
Palestinian Society») en porte-à-faux avec leur société, puisqu’il tend à créer ou favoriser
un amalgame entre leurs revendications & l’affirmation décomplexée par l’État d’Israël
de la supériorité de sa culture pour ne pas dire de sa civilisation. (Notons ici que c’est
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dans ce cadre qu’est apparu récemment, avec une intensité inusitée, le terme de culture
ou civilisation «judéo-chrétienne», auparavant confiné à quelques cénacles
universitaires & qui se retrouve désormais, paradoxalement, jusque dans la bouche ou
sous la plume de représentant/e/s politiques conservateur/e/s s’inscrivant dans la
lignée de mouvements historiquement antisémites comme antijuifs! L’alliance ainsi
opérée par la propagande israélienne avec des mouvements politiques parmi les plus à
droite & les plus racistes possibles, au nom d’une forme de sacro-sainte union contre les
Arabes - c’est-à-dire d’une nouvelle forme de croisade - constitue-t-elle réellement un
succès pour l’État d’Israël, notamment sur le plan moral?)
§26.
L’amalgame ainsi suscité par l’État israélien entre ses intérêts & les intérêts
des populations queers, notamment de la population queer palestinienne,
coïncide aisément avec le chantage désormais avéré pratiqué par l’armée
israélienne à l’encontre des queers palestinien/ne/s afin de leur extorquer des
renseignements (ce qui tend inévitablement à les faire passer pour des traîtres/ses aux
yeux de la population palestinienne, avec l’humiliation & les dangers que cela représente
pour elles & eux: on peut ainsi parler non seulement de pinkwashing mais aussi de
«pinkmailing», en référence au terme «blackmailing» qui signifie «chantage»). De plus, le
pinkwashing contribue à occulter la participation queer à la Résistance palestinienne
clairement revendiquée, par exemple, par les groupes «Palestinian Queers for BDS
(Boycott, Divestment & Sanctions)» ou «Pinkwatching Israel».
§27.
L’argument de la visibilité queer dans l’armée israélienne a ainsi été
avancée - naïveté ou provocation? - par un responsable associatif queer juif français,
afin de diffamer nos initiatives. Poussons cet argument jusqu’à ses limites extrêmes: le
fait que le pilote d’un hélicoptère ou d’un char israélien puisse être queer devrait-il
constituer un motif de soulagement voire d’excitation pour les queers palestinien/ne/s
placé/e/s sous ses bombes? L’orgasme est-il atteint par ces dernier/e/s lorsqu’une telle
bombe leur explose à la face?
§28.
En conséquence de cette situation qu’on peut considérer comme trompeuse
& discriminatoire, les queers palestinien/ne/s ont commencé à faire entendre
leurs voix. Comme l’écrit encore Valérie Pouzole: «Très rapidement s’est posée la
question des frontières & de l’appartenance nationale, amenant les militants
Palestinien/ne/s à reconfigurer leur propre engagement.»
§29.
Comme toute arme de guerre, le pinkwashing a provoqué des réponses
défensives.
II.C. La contestation du pinkwashing
& les initiatives «Queer BDS»
ou «Queers for Palestine»
§30.
Le pinkwashing a commencé par être combattu par ses premières victimes, les
queers palestinien/ne/s (1); il fait ensuite l’objet d’une réflexion ou d’actions chez
certains queers occidentaux (2).
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1. Déconstruction palestinienne
du pinkwashing
§31.
Dans cette complexité, le nouveau pari des associations queers palestiniennes est
d’établir une connexion entre les différents niveaux d’oppression. Elles cherchent à
tracer des frontières politico-nationales claires afin de lier leur lutte contre l’oppression
sexuelle à celle conduite par leur peuple contre l’oppression nationale. Cette
préoccupation des queers Palestinien/ne/s a des conséquences sur leurs stratégies
militantes: la sortie du placard n’est plus une priorité car elle revient à valider la thèse
israélienne de «l’amour sans frontières», effaçant toute revendication territoriale des
Palestinien/ne/s. Au contraire, comme le note Valérie Pouzole, «les militants queers
affichent clairement leur soutien à la cause palestinienne en rendant cette dernière non
seulement compatible avec mais encore coextensive à la lutte contre l’oppression sexuelle».
Cette prise de conscience a conduit les militant/e/s palestinien/ne/s à créer le groupe
«Palestinian Queers for BDS» (PQBDS), précité, qui s’inscrit clairement dans la lutte sur le
terrain politique, en faisant de la délimitation des frontières nationales, ethniques &
sexuelles le thème central de leurs discours & stratégies.
2. Déconstruction occidentale
du pinkwashing
§32.
Comme nous l’évoquions en introduction, trois raisons au moins doivent selon
nous conduire les personnes LGBT occidentales à contester le pinkwashing israélien.
§33.
La première de ces raisons est que le pinkwashing de l’État d’Israël se
pratique en notre nom & en notre direction, puisqu’il fait de nous les complices
objectifs de sa politique coloniale voire, si nous nous taisons, ses complices actifs.
§34.
La deuxième de ces raisons est que l’État d’Israël traite les Palestinien/ne/s
en citoyen/ne/s de «seconde zone». De nouveau, cela nous concerne, puisque nousmêmes sommes souvent, à travers le monde, traité/e/s de la sorte. Nous reconnaissant
dans la situation faite au peuple palestinien, nous avons un devoir moral de solidarité.
§35.
Enfin, la troisième de ces raisons est que l’État d’Israël oppose un amalgame
aux revendications palestiniennes ou favorables aux Palestinien/ne/s, qui serait
la supposée équivalence entre la critique de l’État d’Israël ou l’antisionisme &
l’antisémitisme. Cela nous concerne encore, puisque nous sommes nous-mêmes, à
travers le monde ou à travers l’histoire, victime d’un autre amalgame (cette fois-ci entre
l’homosexualité & la pédophilie). De nouveau, cette communauté de situation entraîne à
nos yeux un devoir moral de solidarité.
§36.
NB - Revenons un instant sur cet
amalgame entre antisionisme & antisémitisme.
Notre démarche n’est en rien antisémite ou plus
correctement antijuive (puisque le terme
d’antisémitisme est utilisé de façon biaisée:
littéralement parlant, l’antisémitisme vise les
descendants de Sem, c’est-à-dire aussi bien les
Juifs que les Arabes, lesquels peuvent en outre
être aussi bien chrétiens que musulmans ou,
d’ailleurs, athées). Notre démarche est-elle, en
revanche, antisioniste? Il est plus difficile de
répondre à cette question, d’autant qu’il existe
différentes formes d’antisionisme. Il en est des
antijuives, incontestablement, & Dieudonné par
exemple en est souvent aux lisières ou plus
qu’aux lisières: nous les condamnons sans
faiblesse. Il en est d’autres qui se répartissent en
deux branches:
- soit celles qui condamnent par principe
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la création de l’État d’Israël & prônent un État
unique,
dénommé
Palestine,
entre
la
Méditerranée & le Jourdain (que cet État puisse
être celui de toutes les personnes qui se trouvent
actuellement sur ce territoire ou qu’il soit
uniquement sinon celui des Palestinien/ne/s, ce
qui supposerait d’en chasser les Juifs ou à tout le
moins celles & ceux arrivé/e/s après la création
de
l’État
d’Israël
ainsi
que
leurs
descendant/e/s);
- soit celles qui prônent ce qu’il est
convenu d’appeler une «solution à deux États».
Nous inclinons pour cette dernière,
davantage susceptible d’ailleurs d’être qualifiée
de «post-sioniste» que d’antisioniste au sens
littéral du terme, car elle nous semble la plus
propice à l’arrêt le plus rapide des violences &
du cycle des vengeances & contre-vengeances;
pour autant, nous reconnaissons que nous ne
sommes pas concerné/e/s au premier chef &
qu’il
devrait
d’abord
revenir
aux
Palestinien/ne/s de décider ce qu’il convient de
faire de terres qui leur ont été dérobées & dont
ils ont été chassé/e/s avec parfois la plus
extrême violence.
§37.
Ces trois raisons touchent à notre condition queer: nous n’avons pas encore
évoqué une quatrième raison qui les domine toutes & justifierait à elle seule nos
présences aux côtés des Palestinien/ne/s & de leurs ami/e/s: notre qualité
fondamentale d’être humain, que l’on nous dénie bien souvent & que nous devons à ce
titre réaffirmer constamment, qui fait de nous des êtres sensibles, n’étant pas
sociopathes, étant ainsi profondément touché/e/s, choqué/e/s, révolté/e/s par la
condition palestinienne & notamment par le bombardement sans distinction de
populations civiles.
§38.
Conscientes de ces convergences, conscientes que le pinkwashing se
pratique en leur direction autant qu’en leur nom, diverses personnes &
organisations LGBT - signalées sur Internet par le mot-clef #queersforpalestine se soulèvent déjà contre l’injustice faite au peuple palestinien. Elles se manifestent
en Palestine même (comme on l’a vu) mais encore en Israël, au Canada, en Italie ou en
France. Elles ont parfois pris la forme de comités «Queer BDS», du nom de la campagne
BDS (Boycott, désinvestissement, sanctions) lancée en 2005 sur le modèle des
campagnes lancées dès les années 60 contre l’Afrique du Sud & son régime d’apartheid
(campagnes dont l’État d’Israël fut l’un des rares à se désolidariser, faut-il observer en
passant).
§39.
Nous aurions pu, à l’intersection de ces diverses justifications, en ajouter
une cinquième, qui nous conduira d’ailleurs à évoquer la figure de Jean Genet, à
savoir notre qualité de minoritaires, de personnes minorées qui devraient soit
accepter de vivre couchées, humiliées ou dominées, soit se révolter contre l’oppression
quel qu’en soit le visage (qu’il s’agisse d’oppression raciale, coloniale ou homophobe).
Avec Jean Genet, nous pourrions soutenir qu’une personne homosexuelle doit être
révolutionnaire ou n’est pas digne sinon d’être homosexuelle (avec Jean-Paul Sartre,
nous pourrions presque ajouter qu’elle n’est d’ailleurs, sinon, pas digne même d’être une
personne...). Force est cependant de constater que cette vision est loin de prévaloir &
que l’esprit petit-bourgeois, individualiste & consumériste, tout à fait compatible avec
une bonne dose de racisme ou d’essentialisme plus ou moins conscient, tout à fait
compatible aussi, en la circonstance, avec la propagande de l’État d’Israël, est au
contraire dominant - c’est d’ailleurs sa fonction sinon sa nature - dans la population
queer française aussi bien que dans la population française générale.
§40.
Une évocation plus poussée de la figure de Jean Genet & de son combat aux côtés
du peuple palestinien constituera maintenant le dernier volet de notre propos.
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III. JEAN GENET,
UN PRÉCURSEUR
INCLASSABLE
§41.
Des années 1960 aux années 1980, l’écrivain & dramaturge français Jean Genet a
croisé la route des Palestinien/ne/s & des Black Panthers africains-américains (A).
Enfant de l’Assistance publique, homosexuel, voleur, vagabond, prostitué, révolté,
chantre des marges, il ne pouvait la manquer (B). Ce qui l’intéresse le plus est l’injustice
faite à toute personne & non spécifiquement aux personnes homosexuelles: pour autant,
quelles suites donner aujourd’hui à son élan? (C)
III.A. Genet & la révolution
palestinienne
§42.
Le lien de Jean Genet à la Palestine & à la révolution sociale palestinienne
déborde à ses yeux sur le monde arabe voire sur le monde entier. Sans tomber dans
un esthétisme, il parle d’amour entre feddayins, de relations tendres entre combattants
au moment de mourir, dans une forme d’hommage à la tradition grecque d’Achille &
Patrocle ou du bataillon des Thébains - rappelant que l’Empire ottoman s’est dit héritier
de la Grèce antique. Pour autant, Jean Genet évoque aussi la libération des femmes
palestiniennes dans & par la résistance.
§43.
L’érotisation de la lutte palestinienne à travers la figure du feddayin
qu’introduit Jean Genet n’est pas disjointe d’un soutien désintéressé aux
Palestinien/ne/s: nous sommes dans les années 60/70, années de révolution sexuelle,
de libération puis de liberté sexuelle. Tout est sexuel, la révolution est sexuelle: «Plus je
fais la révolution & plus j’aime faire l’amour, plus je fais l’amour & plus j’aime faire la
révolution», affirme un slogan de Mai-68. Le discours érotisant de Jean Genet s’inscrit
dans son époque comme doublement révolutionnaire, voyant une unité profonde dans la
lutte contre toutes les normes conservatrices ou répressives - & d’ailleurs comment lui
donner tort? - même si aujourd’hui, avec l’explosion d’un tourisme sexuel déshumanisé
& néocolonialiste, avec l’expansion de lectures rigoristes des textes religieux, son
discours probablement ne serait plus le même ou serait moins audible. Il est loisible
d’établir un parallèle lointain entre cette double révolution & la double révolution des
queers palestinien/ne/s, évoquée plus haut, contre la colonisation israélienne & pour la
reconnaissance de leur identité au sein du peuple palestinien.
§44.
À partir de 1968, Jean Genet, mêlé par le destin à l’histoire autant que
poussé par une nécessité intérieure, remet tout en jeu: son nom, le sens de son
œuvre littéraire, sa sécurité. D’homme de théâtre avant-gardiste de réputation mondiale,
il devient un écrivain engagé. Lui qui n’a jamais revendiqué d’autre titre que celui de
vagabond veut «retourner au réel», au côté des exclu/e/s du monde & des peuples en
révolte. Mis à part son engagement en 1971 auprès des travailleur/e/s immigré/e/s en
France, Genet choisit de s’investir exclusivement à l’étranger, aux frontières de
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l’Occident, de crainte de passer pour un «intellectuel» alors qu’il ne revendique que la
posture de poète, même en politique.
§45.
En 1970, il découvre le combat des Black Panthers contre la ségrégation
raciale aux États-Unis d’Amérique & la résistance palestinienne qui se structure
autour de Yasser Arafat. À ses yeux, Panthères noires & Palestinien/ne/s sont
engagé/e/s dans un combat inégal & utopique, vivant «une féerie à contenu
révolutionnaire». Sa défense des Palestinien/ne/s le marginalise un peu plus au sein de
la gauche française, encore dans l’admiration inconditionnelle de l’État d’Israël. Sur
proposition de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine), Genet visite les bases &
camps palestinien/ne/s de Jordanie pour témoigner du drame qui se joue. Expulsé par
les Jordaniens en 1972, il entreprend la rédaction d’un ouvrage sur ses séjours chez les
Black Panthers & les Palestinien/ne/s: «Un captif amoureux», qui sera publié en 1986.
Présent à Beyrouth les 16 & 17 septembre 1982, il découvre avec son amie Leïla Shahid aujourd’hui ambassadrice de la Palestine auprès de l’Union européenne - le massacre
des Palestinien/ne/s des camps de Sabra & Chatila, commis par les phalanges
chrétiennes libanaises avec la complicité de l’armée israélienne. Pour témoigner, il
rédige le plus important de ses textes politiques, «Quatre heures à Chatila».
III.B. Les raisons
d’un engagement
§46.
Pourquoi Genet a-t-il délaissé le terrain littéraire pour s’engager auprès des
mouvements de libération? Pour ce pupille de l’assistance publique qui a passé son
adolescence dans un bagne pour enfants, lutter contre l’injustice est un impératif moral
& existentiel: «C’est dans le fait même de se révolter qu’il y a affirmation d’une existence»
(L’Ennemi déclaré). Pour Genet, les homosexuels ont un devoir spécifique de s’engager;
ils doivent mettre à profit leur sens aigu de l’injustice: «Si un pédé ne reconnaît pas le plus
petit commun dénominateur à toutes les oppressions, c’est qu’il est pédé pour rien.»
§47.
Pourquoi Genet a-t-il choisi les Black Panthers & les Palestinien/ne/s? Parce
que lui, le grand écrivain contestataire, on est venu le chercher: «J’ai été tout de suite vers
les gens qui m’ont demandé d’intervenir. [...] Évidemment, j’ai été vers les peuples qui se
révoltaient. Mais tout naturellement, parce que moi-même j’ai besoin de remettre en
question toute la société» (L’Ennemi déclaré). En 1975, il confie au quotidien allemand
Die Zeit qu’en plus de la justesse des causes défendues, il a aussi été motivé par un
critère lié à son orientation sexuelle: «Ce qui est plus difficilement avouable, c’est que les
Panthers sont des Noirs américains, les Palestiniens des Arabes. J’aurais du mal à expliquer
pourquoi les choses se font comme ça, mais ces deux groupements ont une charge érotique
très forte» (L’Ennemi déclaré).
§48.
Son engagement auprès des Palestinien/ne/s appartient aussi pleinement à
la «révolution poétique» qui l’inspire & qui a pour composantes essentielles le goût du
jeu & de la provocation, l’effronterie, la marginalité, la défense du plus faible. Le soutien
de Genet puise dans sa révolte sociale alliée à son désir d’élever son homosexualité à un
paroxysme poétique. En cela, il se différencie radicalement d’une certaine frange de la
population homosexuelle occidentale aisée, qui a souvent manifesté & manifeste encore
souvent un intérêt d’une sincérité politique douteuse envers les marges sociales. Ainsi, il
y a peu encore, certains homosexuels riches ou célèbres pouvaient se proclamer
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«ami/e/s de la Tunisie & des Tunisiens» ou «de la Thaïlande & des Thaïlandais/es», avec
tout ce que cela supposait d’ambiguïté proprement sexuelle, sans pour autant se signaler
une seconde par leur soutien aux forces démocrates & anticoloniales dans ces pays - se
signalant même parfois par leur amitié tout aussi proclamée avec les potentats locaux:
n’est pas Jean Genet qui veut.
§49.
En mettant son art au service des Palestinien/ne/s (des hommes & des
femmes impertinent/e/s & courageux), Genet veut donner d’elles & eux une image
différente de celle de «terroristes» présentée par les médias dominants: «Sur les
bases, parmi les feddayins, entre chacun & les responsables, circule une sorte de
camaraderie d’arme, pas encore le socialisme, mais plutôt une nouvelle fraternité
quotidienne» (L’Ennemi déclaré). Pour Genet, Palestinien/ne/s & Black Panthers ne
luttent pas seulement pour la justice & la liberté mais aussi pour une sorte de beauté,
«l’insolence rieuse qui nargue la misère passée, les systèmes & les hommes responsables de
la misère & de la honte». Quand on lui demande comment il peut voir de la beauté même
dans les circonstances tragiques, Genet a ce mot: «J’ai été aussi dans des banques. Je n’ai
jamais vu de banquier qui soit beau» (L’Ennemi déclaré).
§50.
La résistance à l’oppression engendre la liberté & la dignité d’où naît la
beauté: «La beauté des révolutionnaires est visible par une espèce de désinvolture & même
d’insolence à l’égard du peuple qui les a humiliés. N’oubliez pas que vous parlez à un
homme qui a vécu 73 ans en France, dans un pays qui a eu un empire colonial immense.
Donc personnellement j’ai été écrasé par le concept de France. Tout naturellement j’ai été
vers les peuples révoltés qui m’ont demandé mon adhésion. [...] Cette beauté réside dans le
fait que d’anciens esclaves se débarrassent de l’esclavage, de la soumission, pour acquérir
une beauté vis-à-vis de la France, ou pour les Noirs, de l’Amérique, ou pour les
Palestinien/ne/s, je dirais du monde arabe en général» (L’Ennemi déclaré).
§51.
Beauté physique mais aussi beauté des gestes du quotidien, vrais & sans
affectation, comme un produit de leur révolte: «Les jeunes Palestiniennes devinrent
très belles quand elles se révoltèrent contre le père & cassèrent leurs aiguilles & les ciseaux
à broder. [...] Les feddayin sans s’en rendre compte - est-ce vrai? - mettaient au point une
beauté neuve: la vivacité des gestes & leur lassitude visible, la rapidité de l’œil & sa
brillance, le timbre de la voix plus claire s’alliaient à la promptitude de la réplique & à sa
brièveté. À sa précision aussi. Les phrases longues, la rhétorique savante & volubile, ils les
avaient tuées» (L’Ennemi déclaré).
§52.
Genet est fasciné par l’intensité des liens affectifs qui existent entre certains
combattant/e/s palestinien/ne/s. La proximité de la mort fait tomber leurs tabous. En
témoigne son dialogue avec le jeune feddaï Kassem qui s’inquiète du sort de son ami
Mohamed parti en mission dangereuse. Genet: «Et l’amitié dont tu parles, tu oserais
l’appeler amour?» - Kassem: «Oui. C’est de l’amour. En ce moment, à cette minute, tu crois
que j’ai peur des mots? Amitié, amour? Une chose est vraie, s’il meurt cette nuit, un trou
sera toujours à côté de moi, un trou où je ne devrai jamais tomber» (Un captif amoureux).
§53.
Par ailleurs, Jean Genet voit dans la résistance palestinienne non seulement
un combat légitime pour l’indépendance nationale, mais aussi le ferment d’une
révolution du monde arabe: «Pour les Palestiniens, l’ennemi, s’il ne fait qu’un, a deux
visages: le colonialisme israélien & les régimes réactionnaires du monde arabe» (L’Ennemi
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déclaré). Cette révolution souhaitée & annoncée sera sociale: «Au Moyen-Orient, un
homme nouveau va peut-être naître, & le feddaï, par certains côtés, en serait pour moi la
préfiguration & l’esquisse» (L’Ennemi déclaré).
§54.
Aujourd’hui & ceci exposé, comme le disait Lénine, que faire? La postérité de Jean
Genet, en matière de soutien queer au peuple palestinien, c’est à nous de la construire.
III.C. La postérité de Jean Genet:
une initiative Queer BDS française?
§55.
En France, depuis le 5 septembre 2013 & le 18 février 2014 encore, la Fédération
Total Respect (Tjenbé Rèd) propose régulièrement de lancer une initiative Queer BDS en
France, à la suite d’une conférence donnée en 2012 par des représentant/e/s d’une
association queer palestinienne, dans le cadre de la Semaine anticoloniale & antiraciste
organisée par le réseau Sortir du colonialisme. En 2014, les 13, 16, 23, 26 & 31 juillet, les
2 & 9 août encore, Total Respect assurait une visibilité queer dans les manifestations
organisées en soutien à la Palestine, à l’aide d’un parapluie arc-en-ciel puis d’une
pancarte & de tracts distribués au public exposant les raisons de notre présence: une
présence isolée cependant, réduite à une ou deux personnes. Dès le 24 juillet, Total
Respect appelait à la constitution de cortèges LGBT lors de ces manifestations: elle
n’obtenait cependant aucune réponse du tissu associatif (si ce n’est quelques réactions
plus ou moins fielleuses d’une association LGBT juive française), retrouvant par hasard
lors des manifestations quatre ou cinq personnes ayant décidé d’arborer également une
banderole explicitement queer, en dehors de tout cadre associatif.
§56.
Les représentants de Total Respect croisaient également une dizaine de
personnes exprimant spontanément leur solidarité & leur orientation sexuelle
minoritaire, sans pour autant avoir décidé de l’afficher politiquement lors de ces
cortèges. Fin juillet puis le 4 août dernier, deux réunions avaient lieu avec trois d’entre
eux, par ailleurs membres d’une association LGBT chrétienne. Il en résultait finalement
l’appel précité pour une paix juste & durable entre Palestinien/ne/s & Israélien/ne/s
puis, à l’invitation de l’association Euro-Palestine, notre présente participation au salon
Free Palestine.
§57.
La question qui se pose à nous mais aussi à vous est désormais de savoir quelle
initiative nous pouvons continuer à porter avec des personnes & organisations LGBT,
avec aussi des personnes & organisations solidaires, «LGBT-friendly», pour exprimer
une solidarité avec la Palestine & déconstruire le pinkwashing de l’État d’Israël.
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ET MAINTENANT?
(CONCLUSION)
§58.
Notre démarche ne concerne pas seulement la Palestine. La question
palestinienne ne concerne pas seulement la Palestine. Il s’agit, plus largement, de
désaliéner l’Occident & notamment la France de leurs attitudes colonialistes &
exotisantes. Il s’agit de décoloniser les esprits, d’arrêter le tourisme complaisant et, pour
les queers, le «sex tourism» érotique & exotique en Israël. Il s’agit, nous concernant, de
ne pas laisser le colonialisme & le racisme se développer en notre nom, tout en
réaffirmant le caractère universel de la diversité des orientations sexuelles & identités
de genre. Des études universitaires sur les traditions homoérotiques en terre d’Islam
existent ou sont en cours. Il est important que ce mouvement, lequel ne fait que
commencer, se place aussi sur le terrain de la culture que nos ami/e/s LGBT (peut-être
happé/e/s par le quotidien & l’immédiateté des revendications) négligent trop souvent.
À bien des égards, le regretté & contesté mouvement Arcadie était, dans les années 60,
plus «culturel» & ce faisant plus percutant que le mouvement LGBT français aujourd’hui,
devenu tout aussi petit-bourgeois mais bien moins contestataire qu’Arcadie.
§59.
Comment poursuivre notre démarche de soutien queer à la Palestine? Fautil lancer un comité Queer BDS en France? Pour cela, il nous faut des allié/e/s, il
nous fait aussi des soutiens financiers car une telle initiative a un coût. Nous vous
proposons désormais, nous proposons au mouvement LGBT français, francophone
& transnational de réfléchir aux formes non-violentes que pourrait prendre la
suite de notre démarche. Merci de votre attention & merci par avance de votre
soutien.
Queers for Palestine (France) |
LGBT pour la Palestine (France)
http://lgbtpourlapalestine.org
#queersforpalestine
#lgbtpourlapalestine
#pinkwashing
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ANNEXES
QUESTIONS POSÉES
PAR LE PUBLIC
§60.
1. La société israélienne est-elle vraiment LGBT-friendly? - Réponse: Le
pinkwashing est une tentative désespérée de l’État d’Israël de redorer son blason.
Comme toutes les opérations de relations publiques, son objectif principal n’est pas de
décrire une réalité mais au contraire d’en dissimuler une. En l’occurrence, la société
israélienne est certainement plus libérale, globalement parlant, que ses voisines en ce
qui concerne les orientations sexuelles ou identités de genre minoritaires. Pour autant,
le mariage entre couples de même sexe reste impossible & plusieurs agressions LGBTphobes violentes voire mortelles ont eu lieu ces dernières années à Tel Aviv ou
Jérusalem. Par ailleurs, cette libéralité est principalement réservée aux ressortissant/e/s
de confession juive ou aux touristes pourvoyeurs de devises & de soutien politique: en
Israël, les queers arabes ou palestinien/ne/s restent soumis/es aux discriminations qui
frappent l’ensemble des Arabes ou des Palestinien/ne/s & sont en particuliers sujet/te/s
au chantage de l’armée israélienne qui n’hésite pas à utiliser leur condition pour tenter
d’en faire des informateur/e/s.
§61.
2. Que faire lorsque des festivals de films («méditerranéens», «LGBT» ou
autres) diffusent des films israéliens ou sont officiellement soutenus par
l’ambassade d’Israël? - Réponse: Il est possible de sensibiliser les organisateurs de ces
festivals, d’alerter l’opinion publique voire d’organiser des actions non-violentes de
protestation.
§62.
3. Est-il normal que l’État d’Israël participe à l’Eurovision ou au
championnat d’Europe de football? - Voir réponse précédente.
RÉFÉRENCES
I. Références relatives au conflit israélo-palestinien
[I.2] BDS France
http://www.bdsfrance.org
[I.1] Conflit israélo-palestinien (Wikipédia)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Conflit_isra%C3%A9lo-palestinien
II. Références relatives au pinkwashing
[II.11] 1er novembre 2014 - Non au pinkwashing. Exposition du collectif Queers for Palestine
(France) | LGBT pour la Palestine (France)
http://www.tjenbered.fr/2014/20141101_free_palestine_pinkwashing_expo.pdf
http://tjenbered.fr/2014/20141101_q4p_conference_lgbt_pour_la_palestine.pdf | Page 18 sur 20
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[II.10] 31 janvier 2009 / 1er novembre 2014 - Palestine 2004/2014. Dossier documentaire du
Cégom & de la Fédération Total Respect (Tjenbé Rèd)
http://www.tjenbered.fr/dossiers/palestine_dossier_documentaire.pdf
https://www.facebook.com/notes/onziemedom/262152187311220
[II.9] 12 septembre 2014 - «Any Palestinian is exposed to monitoring by the Israeli Big Brother».
Testimonies from people who worked in the Israeli Intelligence Corps tell of a system where there were no
boundaries
http://www.theguardian.com/world/2014/sep/12/israeli-intelligence-unit-testimonies
http://www.tjenbered.fr/2014/20140912_the_guardian_any_palestinian_is_exposed.pdf
http://yagg.com/2014/09/15/quand-larmee-israelienne-fait-chanter-les-palestinien-ne-shomos-et-bi-e-s
[II.8] 25 juillet 2014 - Palestine, Israël: samedi à Paris, LGBT pour la paix - Communiqué de presse
de la Fédération Total Respect (Tjenbé Rèd) - Communiqué de presse n°TRF2014-18C3
https://www.facebook.com/events/674239516002947
http://www.tjenbered.fr/2014/20140725_tr_israel_palestine_2.pdf
http://www.tjenbered.fr/2014/20140726_palestine_israel_lgbt_pour_la_paix.jpg (pancarte)
https://www.facebook.com/10152249856348693 (album-photos)
[II.7] 27 novembre / 19 décembre 2013 - Eight questions Palestinian queers are tired of hearing
(Les 8 questions que les queers palestinien/ne/s ne veulent plus entendre. «Est-ce que tous les
Palestinien/ne/s ne sont pas homophobes?», «Est-ce que se battre pour les droits des LGBT n’est pas plus
urgent que le pinkwashing?»... Les réponses de l’organisation LGBTQ palestinienne Al-Qaws)
http://electronicintifada.net/content/eight-questions-palestinian-queers-are-tiredhearing/12951
[II.6] 13 mars 2012 - Combattre le pinkwashing. Au coeur du mouvement queer arabe. Rencontredébat avec Haneen Maikey & Ramzy Kumsieh, mardi 20 mars 2012 (La Revue des livres)
http://www.revuedeslivres.fr/combattre-le-pinkwashing-au-coeur-du-mouvement-queer-arabe
http://www.tjenbered.fr/2012/20120313-99.pdf
[II.5] 13 juillet 2014 - LGBT pour la Palestine / Queers for Palestine (par le Collettivi
«SomMovimento nazioAnale»)
http://sommovimentonazioanale.noblogs.org/post/2014/07/13/queers-for-palestine
http://www.tjenbered.fr/2014/20140713_queers_for_palestine_fr_en_it.pdf
[II.4] 3 août 2014 - Gays pour une paix juste en Palestine, contre le racisme & l’islamophobie
http://yagg.com/2014/08/03/gays-pour-une-paix-juste-en-palestine-contre-le-racisme-etlislamophobie-par-thierry-schaffauser-et-tarik-safraoui
http://www.tjenbered.fr/2014/20140803_yagg_gays_pour_une_paix_juste_en_palestine.pdf
[II.3] 20 août 2011 - Homonationalisme & impérialisme sexuel, par Clémence Garrot & Oury
Goldman (La Revue des livres)
http://www.revuedeslivres.fr/homonationalisme-et-imperialisme-sexuel
http://www.tjenbered.fr/2011/20110820-99.pdf
[II.2] Octobre 2013 - Valérie Pouzol, Stratégies, discours & mise en scène des militantismes LGBTQ
en Israël & en Palestine, in «Dire les homosexualités d’une rive à l’autre de la Méditerranée», revue Tumultes,
éd. Kimé, n° 41
[II.1] 2009 - Khaled el-Rouayheb, «L’amour des garçons en pays arabo-islamique, XVIème-XVIIIème
siècle», éd. Epel
II.A. Sites Internet palestiniens
[II.A.5] 30 septembre 2014 - Al-Qaws for Sexual & Gender Diversity in Palestinian Society
http://www.alqaws.org (à jour au 20 septembre 2014)
http://tjenbered.fr/2014/20141101_q4p_conference_lgbt_pour_la_palestine.pdf | Page 19 sur 20
- DIMENSION QUEER DU CONFLIT ISRAÉLO-PALESTINIEN... -
[II.A.4] 30 juillet 2014 - Aswat (Palestinian Gay Women)
http://www.aswatgroup.org/en (à jour au 30 juillet 2014)
https://twitter.com/AswatGroup
[II.A.3] 21 décembre 2012 - Pinkwatching Israel
http://www.pinkwatchingisrael.com (à jour au 21 décembre 2012)
[II.A.2] 18 juin 2012 - Palestinian Queers for BDS (Boycott, Divestment & Sanctions)
http://www.pqbds.com (à jour au 18 juin 2012)
[II.A.1] 28 novembre 2013 - Palestinian Queers for BDS (Boycott, Divestment & Sanctions)
https://www.facebook.com/PQBDS (à jour au 28 novembre 2013)
II.B. Sites Internet israéliens
[II.B.3] 18 septembre 2014 - Jerusalem Open House
http://www.joh.org.il (à jour au 18 septembre 2014)
[II.B.2] 1er novembre 2014 - Gay Center (Tel Aviv - Yafo)
http://www.gaycenter.org.il (non-daté)
[II.B.1] 2 janvier 2012 - Israeli Queers for Palestine
http://israeliqueersforpalestine.wordpress.com (à jour au 2 janvier 2012)
II.C. Autres sites Internet
[II.C.4] 1er novembre 2014 - No to Pinkwashing
http://www.nopinkwashing.org.uk
[II.C.3] 1er novembre 2014 - Stop al pinkwashing di Israele
https://twitter.com/NoPinkwashing
https://www.facebook.com/stoppinkwashingisraele
[II.C.2] 1er novembre 2014 - Aswat Magazine LGBT
https://twitter.com/MagazineAswat
https://www.facebook.com/magazine.aswat
[II.C.1] 16 août 2014 - Quit! Queers Undermining Israeli Terrorism
http://quitpalestine.org (à jour au 16 août 2014)
III. Références relatives
à Jean Genet
[III.6] 1er novembre 2014 - Jean Genet, le marginal absolu. Exposition du collectif Queers for
Palestine (France) | LGBT pour la Palestine (France)
http://www.tjenbered.fr/2014/20141101_free_palestine_genet_expo.pdf
[III.5] Jean Genet, L’ennemi déclaré - Textes & entretiens choisis (1970-1983), édition établie &
commentée par Albert Dichy, éd. Folio Gallimard (2010)
[III.4] Jean Genet, Un captif amoureux (1986), éd. Gallimard
[III.3] Arnaud Malgorn, Jean Genet, portrait d’un marginal exemplaire, Gallimard, 2002
[III.2] Caroline Daviron, Jean Genet, une passion méditerranéenne, éd. Encre d’Orient, 2010
[III.1] Revue d’études palestiniennes (n°6, hiver 1983; n°21, automne 1986)
http://tjenbered.fr/2014/20141101_q4p_conference_lgbt_pour_la_palestine.pdf | Page 20 sur 20
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