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DIMENSION QUEER
DU CONFLIT ISRAÉLO-PALESTINIEN...
OU DIMENSION ISRAÉLO-
PALESTINIENNE
DU CONFLIT QUEER?
SOUS LE REGARD DE JEAN GENET
Conférence donnée le 1
er
novembre 2014
lors du salon Free Palestine
de St-Denis - La Plaine (Île-de-France)
par Laurent Baudoin
& David Sar Auerbach Chiffrin,
rédacteurs de l’«Appel LGBT
pour une paix juste & durable
entre Palestinien/ne/s & Israélien/ne/s»
publié par Politis le 20 octobre 2014
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Samedi 1
er
novembre 2014
Communication n°TRF2014-18N8
du collectif Queers for Palestine (France) |
LGBT pour la Palestine (France)
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SOMMAIRE
POURQUOI UN REGARD QUEER
SUR LE CONFLIT ISRAÉLO-
PALESTINIEN?
(INTRODUCTION) 3
I. UNE BRÈVE HISTOIRE
DU CONFLIT ISRAÉLO-
PALESTINIEN 4
I.A. L’Antiquité, du premier
au troisième Exode du peuple juif 4
I.B. Des prémisses à la proclamation
de l’État contemporain d’Israël 5
I.C. De la Guerre des Six-Jours à nos jours:
l’expansion sans fin du colonialisme israélien 6
II. LE PINKWASHING: SON CONTEXTE,
SON MÉCANISME, SA SUBVERSION 7
II.A. La difficile situation des personnes queers
dans le monde arabo-musulman 7
II.B. Le pinkwashing, un outil
de propagande israélien 9
II.C. La contestation du pinkwashing
& les initiatives «Queer BDS» ou «Queers for Palestine» 10
1. Déconstruction palestinienne du pinkwashing 11
2. Déconstruction occidentale du pinkwashing 11
III. JEAN GENET, UN PRÉCURSEUR INCLASSABLE 13
III.A. Genet & la révolution palestinienne 13
III.B. Les raisons d’un engagement 14
III.C. La postérité de Jean Genet:
une initiative Queer BDS française? 16
ET MAINTENANT?
(CONCLUSION) 17
ANNEXES
QUESTIONS POSÉES PAR LE PUBLIC 18
RÉFÉRENCES 18
I. Références relatives au conflit israélo-palestinien 18
II. Références relatives au pinkwashing 18
III. Références relatives à Jean Genet 20
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POURQUOI UN REGARD QUEER
SUR LE CONFLIT ISRAÉLO-
PALESTINIEN?
(INTRODUCTION)
§1.
Pourquoi sommes-nous ici? Pourquoi une présence queer - c’est-à-dire, pour
faire simple, homosexuelle ou LGBT (lesbienne, gaie, bi & trans) - lors des
manifestations nationales pour une paix juste & durable entre Palestinien/ne/s &
Israélien/ne/s, qui ont lieu à Paris depuis le début de la mal-nommée «opération
Bordure protectrice», le 8 juillet dernier? Pourquoi notre présence lors d’un salon
culturel, associatif & politique qui entend, selon son intitulé, œuvrer à la «libération de la
Palestine»? (Remercions d’ailleurs, dès à présent, les organisateur/e/s de ce salon, en
particulier l’association Euro-Palestine, pour leur invitation.)
§2.
Les diverses raisons qui expliquent cette présence sont fondées sur la
conception que nous avons de notre double qualité d’êtres humains & de
personnes queers ou LGBT. Nous avons indiqué certaines de ces raisons dans l’«Appel
LGBT pour une paix juste & durable entre Palestinien/ne/s & Israélien/ne/s», publié le 20
octobre dernier par le magazine Politis & qui dénonce en particulier le «pinkwashin,
cette stratégie de communication de l’État d’Israël qui consiste en substance à se
prétendre le meilleur ami des queers & donc à vouloir, à ce titre:
- d’une part, que les queers du monde entier excusent ou approuvent la politique
d’occupation & de colonisation que l’État d’Israël exerce à l’encontre d’une population
supposément hostile aux queers (en la circonstance, la population palestinienne);
- d’autre part, que les queers palestinien/ne/s n’aient pour seule perspective que
de se détacher peu à peu de leur patrie pour servir directement ou indirectement les
intérêts de l’État d’Israël (récemment, des militaires israélien/ne/s ont même révélé &
dénoncé le fait que leur hiérarchie leur ait demandé de rechercher puis d’utiliser
l’orientation sexuelle de certain/e/s Palestinien/ne/s pour les faire chanter & en obtenir
des renseignements).
§3.
Avant d’évoquer plus en détail le contexte, le mécanisme & la subversion du
pinkwashing (II) puis la figure, centrale dans notre démarche, du poète
contestataire Jean Genet, ce «paria magnifique» (III), nous poserons brièvement le
décor de notre exposé en rappelant, à l’usage des personnes qui ne l’auraient pas
déjà étudié mais qui seront peut-être ici peu nombreuses (principalement, notre
public LGBT), quelques dates du conflit israélo-palestinien (I).
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I. UNE BRÈVE HISTOIRE
DU CONFLIT ISRAÉLO-
PALESTINIEN
§4.
L’histoire du conflit israélo-palestinien est un champ disciplinaire à part entière
& ne constitue pas le cœur de notre apport au salon Free Palestine. Ainsi, nous
limiterons notre exposé à quelques dates qui nous ont semblées clefs, sans nier l’aspect
arbitraire de ce choix. Nous aborderons trois grandes périodes: l’Antiquité (A), qui vit
apparaître puis disparaître plusieurs États «juifs» ou «hébreux» (nous utiliserons ici ces
termes comme synonymes); l’articulation du XIX
ème
& du XX
ème
siècles (B), qui vit la
résurgence d’un État juif ou prétendu tel; enfin, la période contemporaine (C), qui voit
cet État aux prises avec sa propre identi autant qu’avec un État palestinien qui
s’efforce d’émerger.
I.A. L’Antiquité, du premier
au troisième Exode
du peuple juif
§5.
Dans la Genèse (XVII, 8), l’espace compris entre la Méditerranée & le
Jourdain, dénommé Canaan, est promis par l’Éternel à l’ancêtre commun des Juifs
& des Arabes, Abraham: «À toi & à ta race après toi, je donnerai le pays où tu
séjournes.» (Notons que les termes de Juif & d’Arabe n’ont pas ici, paradoxalement, de
connotation religieuse prédominante mais désignent prioritairement des peuples: c’est
d’ailleurs à ce dernier sens, sauf exception signalée, que nous les utiliserons.) Le texte
biblique semble ensuite perdre les Arabes de vue & nous retrouvons cette terre
doublement promise dans l’Exode (VI, 4), l’Éternel la promet cette fois aux seuls Juifs:
«J’ai aussi établi mon alliance avec eux pour leur donner le pays de Canaan.»
§6.
Ce premier Exode du peuple juif, le voyant sortir d’Égypte & conquérir
Canaan (au détriment notamment du peuple philistin), constituerait ainsi un
«premier Retou & serait historiquement situé quelque part entre 1200 & 1600 avant
Jésus-Christ. Toujours en suivant le texte biblique, auquel il convient cependant de ne
pas donner une valeur historique absolue (un ancien Premier ministre de l’État
contemporain d’Israël, assassiné par un extrémiste juif, a ainsi déclaré que la Bible
n’était pas un «titre de propriété»), le peuple juif aurait à son tour subi la conquête de ce
territoire par l’Empire babylonien puis un deuxième Exode, cette fois vers Babylone -
époque de rédaction du psaume «Si je t’oublie, Jérusalem, que ma main droite se
dessèche...», qui a donné cet hymne immortel du disco sur lequel des générations
d’homosexuel/le/s ont dansé: «By the Rivers of Babylon...»
§7.
Un nouveau Retour est décrit au terme de cet épisode mais se trouve suivi
d’une nouvelle conquête, cette fois par l’Empire romain, qui s’achève en 135 après
Jésus-Christ au terme d’une ultime résistance des Juifs alors chassés de Jérusalem & de
ses environs - c’est leur troisième Exode. La province romaine de Judée est renommée
Palestine, d’après le nom du peuple philistin, afin d’humilier le peuple juif (une sorte de
match-retour, en quelque sorte...). C’est l’apparition de ce terme de Palestine qui persiste
de nos jours car lorsque les Empires arabo-musulmans conquirent à leur tour la région
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(Jérusalem est prise en 637), ils conservèrent dans les faits son appellation romaine. À
cette époque naît la prière juive: «L’an prochain à Jérusalem...», qui trouvera une
traduction politique dans le mouvement sioniste que nous allons maintenant évoquer.
I.B. Des prémisses à la proclamation
de l’État contemporain d’Israël
§8.
En 1897, se tient le premier Congrès sioniste mondial à Bâle, en Suisse.
Après plusieurs siècles de domination & souvent de persécution romaine, chrétienne ou
musulmane (nous utilisons ici ces deux derniers termes non pour désigner les
tenant/e/s des religions correspondantes mais, par souci de simplification, les différents
États qui se sont succédés en Europe & en Asie occidentale au nom, le plus souvent, de
ces religions), certain/e/s descendant/e/s ou héritier/e/s de ces Juifs chassé/e/s de
Palestine se donnent pour objectif politique d’y revenir. Notons au passage l’absence de
caractère religieux de cet objectif; au contraire, il constitue dès cette époque une hérésie
aux yeux des Juifs les plus religieux qui considèrent que seul le Messie - le vrai, c’est-à-
dire, à leurs yeux, pas Jésus - pourra conduire le peuple juif vers la «Terre promise». Des
colonies juives s’établissent en Palestine ottomane. En 1917, Lord Balfour, ministre
britannique des affaires étrangères, propose d’y établir un «foyer national juif»: au
terme de la Première Guerre mondiale, l’Empire ottoman est démembré & la Palestine
passe sous mandat britannique.
§9.
Début 1942, en pleine Seconde Guerre mondiale, le régime nazi tient la
conférence de Wannsee afin de planifier, selon le titre du livre de l’historien Raul
Hilberg, la «destruction des Juifs d’Europe» (qui fera environ six millions de morts entre
1942 & 1945). Pour autant, la Shoah n’est pas directement liée au confit israélo-
palestinien: l’État contemporain d’Israël n’existait pas, la Palestine était sous mandat
britannique, la Shoah ne s’est pas déroulée sur le sol palestinien. Malgré ces évidences,
l’histoire & plus précisément la mémoire de la Shoah sont instrumentalisées voire
détournées par l’État d’Israël pour justifier sa fondation et, parfois, sa prétention à être
un «État juif».
§10.
Le 29 novembre 1947, les Nations unies votent la résolution 181 qui prévoit
un plan de partage de la Palestine mandataire entre un «État juif» & un «État
arabe». Le 9 avril 1948, le village arabe de Deir Yassin, près de Jérusalem, est attaqué
par des unités militaires juives: entre 100 & 120 Palestinien/ne/s, parmi lesquel/le/s
des combattants faits prisonniers mais aussi des femmes & des enfants, sont
exécuté/e/s. Ce massacre est emblématique de la période dénommée «Nakbah» au
cours de laquelle les Arabes sont largement chassé/e/s des territoires qui deviendront
israéliens. Il suscite une indignation (qui restera purement verbale) de la communauté
internationale: le 2 décembre 1948, plusieurs personnalités juives étatsuniennes dont
Albert Einstein - que l’on qualifiera difficilement d’antisémite - dénoncent «l’apparition
d’un parti politique étroitement apparenté dans son organisation, ses méthodes, sa
philosophie politique & son appel social aux partis nazi & fascistes».
§11.
Le 14 mai 1948, Ben Gourion déclare l’indépendance de l’État d’Israël. Au
terme d’une première guerre, cet État qui devait initialement se voir attribuer un peu
plus de la moitié de la Palestine mandataire en conquiert plus des deux tiers, s’étendant
sur le territoire qui lui est reconnu aujourd’hui par les cartes à la fidélité discutable que
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