L’HOMME EN GÉNÉRAL
N’EXISTE PAS
Danièle Masson Notre époque vit sous
le double signe d’un idéal marqué par le cos-
mopolitisme et d’une réalité faite de réac-
tions identitaires exacerbées. Que pensez-
vous de cet abîme grandissant entre l’idée
et le réel ?
Jean-Marie Paupert – Je pense d’abord que -
comme on dit parfois joliment de la langue,
glissant sur un mauvais aiguillage de proximité
- votre plume a "fourcher". Par son usage
le plus connu, et le plus métaphysique aussi,
l’idéal est un modèle ontologique, fondé pro-
fondément dans le réel et le fondant, il ne
s’oppose pas au réel, il le forme à son image,
comme il est formé aussi par abstraction de
la réalité. Ça n’est ni une coquecigrue, ni
une de ces "chimères bourdonnant dans le
vide" dont Rabelais se demandait drôlement
au chapitre 7 de son Pantagruel, si elles pou-
vaient se "nourrir de secondes intentions"
(c’est-à-dire, d’êtres de raison) […]
C’est donc bien plut, avant comme après
Marx, l’idéologie qui est à sa place en ce rôle
chimérique où elle peut et doit en effet, être
opposée à la alité. Napoléon, le saviez-
vous ?, usait couramment de trois épithètes
drôlement accolées, et souvent enfilées les
unes à la suite des autres comme des syno-
nymes - pour cataloguer ce genre de person-
nages, songe-creux, nourris de fumées nébu-
leuses et de vides abstractions dogmatiques :
"C’est un idéologue, disait-il, un janséniste,
un jacobin". Quand il avait ainsi parlé d’un
homme, il en avait tout dit, et il ne pouvait
être question de le faire revenir sur son exé-
cution définitive.
C’est bien l’idéologie qui est "marquée par
le cosmopolitisme" et qui se heurte partout
dans le monde aux "réactions identitaires exa-
cerbées" : aussi fortement en Europe Centrale
qu’en Europe de l’Est, et, d’une façon géné-
rale, sur les cinq continents.
Pourquoi ce heurt, et "cet abîme" me de-
mandez-vous, "entre l’idéologie et le réel"?
Tout simplement, ma chère amie, parce
que l’idéologie n’existe pas dans la réalité.
Elle est, comme disaient les anciens scolas-
tiques, sine ullo fundamento in re. Elle est le
fruit de rêve de la crise nominaliste, véritable
séisme des esprits, constaté et entériné, au
14è siècle, par le génial et délétère moine
franciscain Guillaume d’Occam : après quoi
le concept, coupé de toute attache avec le
réel, flotte à l’air libre, pur flatus vocis, vivant
pour et par lui-même sa propre vie, purement
"phénoménale". A partir de là, le monde des
idées et de la re-présentation n’a plus ni souci
ni obligation de coller au monde de la simple
présentation du réel. C’est un monde de mé-
Classement : 2Ge22 1995, 2010
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Déclin ou retour du sacré
2/2 -
Retrouver l’harmonie
Jean-Marie Paupert
interrogé par Danièle Masson
e20
UX TEXTES MÉCONNUS OCCULTÉS OUBLIÉS RETOUR AUX TEXTES MÉCONNUS OCCULTÉS OUBLIÉS MÉCON
Lire l’introduction
cano imaginaire construit avec des pièces fic-
tives, un puzzle dont chaque pièce peut être
créée par son joueur pour la création d’un
paysage imaginaire.
Et c’est précisément en ce monde nomi-
naliste, "phénoménal" et conceptologique,
qu’est née l’idéologie dite des Lumières, sans
doute parce qu’elle est la plus obscurantiste
et la plus niaise de toutes les idéologies de
structure nominaliste, au siècle dit des "phi-
losophes" précisément, on l’imagine, parce
que les dits "philosophes" - Voltaire, d’Alem-
bert, Diderot, d’Holbach, Helvétius et tutti
quanti avaient autant de rapport avec la phi-
losophie que de vieilles savates avec la pan-
toufle de vair de Cendrillon. […]
C’est l’idéologie des Lumières obscures,
des prétendus "philosophes" et de la Révolu-
tion aux "immortels principes", qui inventa
l’homme en général dont le bon Joseph de
Maistre - qui compte aussi, et à juste titre, au
nombre de vos "hommes-clefs" ou "auteurs-
clefs" de l’Ecritoire - disait qu’il ne l’avait ja-
mais rencont. Et pour cause puisqu’il
n’existe pas (c’est donc du Frossard à rebours).
Le cosmopolitisme résulte directement de
cette idée de l’homme en général, il en est le
paysage, la demeure, la ville, la terre.
L’homme en général, en effet, n’a pas une
langue, fruit d’un antique et complexe héri-
tage et dans laquelle il rêverait ; d’ailleurs il
ne rêve pas, sinon d’un atroce meilleur des
mondes habité seulement d’hommes en gé-
néral, qui n’aient ni histoire, ni mémoire, ni
foi ni loi (autre que celles qu’ils créent chaque
jour selon leurs besoins et convenances) ni
Dieu ni maître (autres que les vedettes de la
politique et de la télévision) ni racines ni pa-
trie, autres que celles du monde en général,
c’est-à-dire aucune. L’homme en général ne
peut vivre que n’importe et en n’importe
quel point de la cosmopolis : il ne mange
pas français, ni allemand, ni italien, ni espa-
gnol, ni rien de national - il mange en général.
Il parle en général, la langue des hannetons,
des lemmings et des coquecigrues ; ou plutôt
des ordinateurs et des téléviseurs. Il ne prie
pas parce que n’ayant pas trouvé de Dieu en
général, il doute de son existence, au motif
que les dieux particuliers - d’Abraham,
d’Isaac, de Jacob, de Jésus-Christ, de Maho-
met, de Bouddha, du Sanatama Dharma, et
autres - ne sauraient être que fumées d’opium
ou mirage de déserts. Ne se nourrissant d’au-
cune des racines qui font l’homme el,
l’homme en général n’est habité par aucune
culture autre que la culture "en général" qui
ne risque pas d’être confondue avec la culture
générale, laquelle requiert de toute nécessité
l’enracinement en une culture spécifique par-
ticulière et la connaissance de beaucoup
d’autres. Tant et si bien - ou si mal - que la
culture en général est absence de toute cul-
ture : on s’en aperçoit tous les jours.
Il n’y a qu’un malheur pour ces petits et
grands messieurs cosmopolites des Lumières
ténébreuses - et pour nous un grand bonheur
- c’est que l’homme en général, disais-je,
n’existe pas !
Il n’existe que des hommes particuliers,
bien concrets, issus de familles charnelles et
de traditions nationales, avec leurs cultures
propres. Des gens qui habitent de telles fa-
çons, mangent de telles cuisines, parlent telles
langues, pensent selon tels schémas, prient
de tels dieux : que non point tels ou telles
autres.
Et plus outre : qui n’entendent pas qu’on
vienne leur casser les pieds avec telles dé-
marches ou comportements qui les déran-
gent ; les oreilles avec tels propos, discours
ou musiques qui les assourdissent ou les
agressent ; les couilles avec telles mœurs qui
leur sont odieuses ; ni qu’on offusque leurs
narines avec de telles cuisines ou tels encens
qui les dégoûtent en leurs cuisines ou leurs
oratoires. Et ainsi de suite.
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Vous tenez là, ma chère amie, le secret
des malheurs de notre temps : les gens des
fausses Lumières qui - peu ou prou, tous partis
confondus - nous régissent sont tout étonnés
que leur recette miracle - qui est une recette
fictive, nominaliste, de l’homme en général,
ne "fonctionne" pas comme disent les gens
de publicité. Partout on s’étripe, partout s’af-
frontent les nationalismes exacerbés et les in-
tégrismes affolés. La question d’Orient et le
réveil des nationalités - qui faisaient "ques-
tions de cours" quand j’étais en culottes
courtes - sont sous les feux brûlants de l’ac-
tualité la plus quotidienne.
Eh ! oui, mes bons amis, croyez-en notre
Pascal, "l’homme n’est ni ange ni bête, et qui
veut faire l’ange fait la bête". L’homme en
général qui n’existe pas et dont vous préten-
dez imposer le fantôme - avec les polycultu-
ralismes, les cosmopolitismes, les plurieth-
nismes et autres babelismes, les popotes
omnibus des melting-pot, et toutes ces sortes
de billevesées obscurantistes, pseudo-univer-
salistes - nous conduit à l’embrasement gé-
néral et, en particulier à la plus sauvage des
barbaries.
Tant il est vrai, que la seule harmonie uni-
verselle possible et à peu près humaine ne
peut résulter que de l’entente consentie de
nations, de religions et de cultures différentes,
opposées autant que complémentaires, dis-
tinctes en leurs frontières la culture établie
par l’Histoire en dominante doit être respec-
tée en tant que telle en ses usages, tout en
admettant à leur place minoritaire les autres
cultures.
Cette harmonie humaine et autant que pos-
sible pacifique n’effacera jamais., d’ailleurs,
tous les conflits : le pacifisme bêlant est une
vue de l’esprit bêta engendrant iniquités et
monstruosités, avec, en fin de compte, les
pires sauvageries. Je ne connais rien de plus
beau que la fraternité chrétienne, catholique
des Français et des Allemands qui s’affron-
taient cruellement les armes à la main, en
14-18 et en 39-45. Par delà les frontières, les
haines et les ruisseaux de sang versé, ils se
reconnaissaient pour frères et, dans toute la
mesure permise par la fidélité et la loyauté à
l’égard de la patrie charnelle, ils s’efforçaient
de s’aimer, de se secourir et de s’aider.
Il n’existe aucune autre solution, et tout le
reste n’est que rêveries criminelles et délé-
tères.
GNOSES RÉDUCTRICES
D.M. Ne sentez-vous pas dans les extré-
mistes actuels, la volonté orgueilleuse de
plier le foisonnement du réel aux normes
réductrices de l’esprit, qui fut jadis la volonté
de Marcion, que vous condamniez "pour
son refus du mystère, du paradoxe, du scan-
dale chrétien et de la Croix"? N’y a-t-il pas
là une réédition du péché originel, sans
lequel on ne peut rien comprendre ?
J.-M. P. Marcion était essentiellement gnos-
tique, et toute gnose est, par essence - par sa
prétention à tout comprendre clairement -
forcément simplificatrice, réductrice, évacua-
trice du mystère global. La réduction de Mar-
cion consistait à évacuer les livres de l’Ancien
Testament et même certains du Nouveau,
comme absurdes, contradictoires, scandaleux
ou ridicules et donc dus à l’inspiration d’un
Dieu imparfait ou même mauvais. Ce genre
d’hérésie forme tentation perpétuelle dans
l’Eglise : le montanisme, le manichéisme, le
quiétisme de Molinos et autres relèvent tous,
de façon ou d’autre, de cette tendance sim-
plificatrice et perverse.
Le péché originel est un profond Mystère,
dont nul ne peut dire clairement en quoi il
consiste exactement ; mais à travers les textes
fondateurs il apparaît lié essentiellement au
prométhéisme : "Vous serez comme des
dieux" siffle le serpent tentateur à l’oreille
d’Eve - "connaissant le bien et le mal".
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En ce sens, vous avez raison de noter que
le marcionisme, comme toute gnose préten-
dant épuiser le Mystère et le réduire aux li-
mites de la simple raison, est une "réédition
du péché originel".
Or, il n’y a pas de christianisme catholique
sans reconnaissance et adoration du Mystère.
Le "myste", c’est-à-dire l’adorateur du Mystère
chrétien, dit : "etet…", il tient les deux bouts
de la chaîne, comme disait Bossuet. L’héré-
siarque en général, le gnostique en particulier,
voulant tout comprendre, réduit tout sur le lit
de Procuste de ses "ou bien… ou bien…".
C’est pourquoi Marcion, ptendant -
duire la Révélation chrétienne à l’Evangile de
Luc et à un choix des épîtres de Paul expurgé,
est en fait en contradiction formelle avec saint
Paul qui avait tellement, au contraire, le sens
du Mystère et de la cohésion profonde, en ce
Mystère, des lumières opposées et complé-
mentaires, des trois Capitales Saintes, entre
lesquelles il a vécu !
ÉLÉVATION
SURNATURELLE
D.M. Aux pensées ductrices vous opposez
la fusion qui n’est ni confusion ni syncrétisme,
la tension qui est appropriation dans l’altitude
et non conflit meurtrier. Manière de prendre
en compte toute la condition de l’homme
tragique mais promis à la gloire, humilité
devant Dieu qui choisit tout, quand l’homme
ne choisit que lui-même.
Pour retrouver "l’harmonie sous la ten-
sion", toujours menacée, que vous évoquez
dans vos Mères-Patries, ne faut-il pas une
élévation surnaturelle, que les cultures
gréco-romaine et judéo-chrétienne, réduites
à elles-mêmes sont incapables d’atteindre ?
J.-M. P. Vous parlez d’or et, précisément, si
vous me permettez cette confidence de tris-
tesse, ce qui me manque le plus - ce qui m’a
toujours manqué et qui fit que mes directeurs
successifs m’ont vivement poussé à ne point
poursuivre finalement la voie sacerdotale ou
religieuse - c’est cette "élévation surnaturelle"
que je connais (cognosco) mais à quoi je ne
goûte pas (sapio). […]
Je n’écrirai sans doute jamais - et pour
maintes raisons - le Jésus que j’ai jadis rêvé
d’écrire et pour quoi j’ai, voici bien long-
temps, colligé bien des lectures et recueilli
bien des notes. Si je l’avais fait, je me serais
surtout attaché à bien rendre le caractère am-
bigu du Personnage. C’était un petit juif dis-
cuteur, prompt à la colère, habile au pilpoul,
un cœur ultra sensible, tout donné, un esprit
fulgurant, au caractère trempé aussi rapide à
l’emportement voulu qu’imperturbable dans
la provocation inutile : au total, un homme
étrange et incomparable, aussi simplement
que mystérieusement attachant et qui sut, de
fait, aussi bien s’attacher de petits groupes
d’amis et de disciples, que frapper et remuer
des foules. Un petit rabbi itinérant comme il
y en avait tant ; avec quelque chose en plus :
car c’était le Fils Unique de Dieu le Père, son
propre Verbe Incarné.
J’aurais souhaité que ce récit-portrait creusât
un lit coulant au confluent des données de
l’histoire de la Palestine au ler siècle avec ses
divers courants, et des aperceptions théolo-
giques que le traité "du Verbe Incarné" permet
de hasarder. Vous savez que depuis des siècles
les Pères et Docteurs de l’Eglise ont accumulé,
par milliers de pages, thèses et hypothèses sur
la Psychologie du Christ, sa Connaissance, sa
Conscience, son Ame, bref sur la forme et les
conséquences de ce qu’on nomme l’union hy-
postatique entre la personne divine et la per-
sonne humaine de Jésus.
Avec une petite minorité de théologiens
avertis, j’incline à penser que Jésus n’avait
pas toujours et à tous moments une claire
conscience de sa nature divine et des privi-
lèges exorbitants à Elle attachés. Je pense au
contraire que l’Incarnation elle-même - de
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par la prodigieuse, inhumaine distorsion
qu’elle imposait à la personnalité humaine
du petit rabbi Jeshuâh valait à elle seule déjà
Passion, prodigieuses souffrances et Rédemp-
tion par le sang : laquelle sera consommée
au Calvaire. On oublie trop souvent le sens
profond de maints épisodes ou "dits" capitaux
du Christ, tels la sueur de sang au Jardin des
Oliviers, les épreuves de la tentation au dé-
sert, et bien d’autres.
Il est excessivement délicat de concilier,
dans l’orthodoxie la plus rigoureusement com-
mune, les effets unifiants de l’union hyposta-
tique du Verbe Incarné-laquelle, bien loin de
la superposition, formait une véritable fusion
avec ses effets non point séparants mais per-
turbants, souffrants. Si j’osais - à titre d’image
et de référence lointaine en en retirant toute
implication pathologique, réductrice et sacri-
lège - risquer une image empruntée à la psy-
chologie des psychiatres, je dirais que Jésus le
Christ Fils de Dieu, Sauveur, Verbe Incarné -
vivait communément sa vie - aussi bien la plus
usuelle de l’alimentaire que la plus élevée de
l’oraison en passant par les discours et propos,
dans une sorte d’unification déchirante - et de
déchirement unifque j’appellerais volontiers
meta-schizophrénique.
Et c’est à mon avis ce qui confère aux
Evangiles et à toutes les vies de Jésus ce ca-
ractère exceptionnel et étonnant de familiarité
et d’étrangeté, de naturel et de surnaturel.
Tout se passe de façon commune, banale, et
puis tout-à-coup on décolle. Dès l’enfance,
c’est - j’allais dire "le môme" - Jésus affinant
le pilpoul avec les Docteurs de la Loi subju-
gués, et, dans la foulée, le bon petit répliquant
aux parents affolés : "Ne saviez-vous pas que
je devais être aux affaires de mon Père ?"
Même irruption soudaine, étrange et dure
aux noces de Cana : "Qu’importe à moi et à
toi, femme ? Mon heure n’est pas encore ve-
nue…", dans l’épisode des vendeurs chassés
du Temple, dans la prédiction de la résurrec-
tion en 3 jours, l’affirmation de sa filiation
divine, et ainsi de suite tout au long de la vie
de Jésus qui se déroule tissée de figures ex-
travagantes sur une trame ordinaire.
On n’a pas assez médité sur la vie quoti-
dienne de Jésus le Christ, Fils de Dieu qui,
tout-à-coup, éprouvait en quelque sorte, l’ir-
ruption hors de sa bouche charnelle du Verbe
de Dieu et s’entendant prononcer des mots
étonnants dont le petit rabbi Jeshuâh n’avait
pas forcément, toujours à tous moments,
claire conscience.
C’est que je voulais en venir en évo-
quant mon rêve impossible d’un portrait vi-
vant et vécu de Jésus : afin d’illustrer les der-
nières lignes, très perspicaces et très justes
de votre dernière question. Oui vous avez
raison : le patrimoine culturel des Trois res-
Patries ne peut revivre en efficace vérité que
par l"’élévation surnaturelle", celle-là même
qui prenait tout-à-coup tout l’être du petit
rabbi Jeshuâh, transfigurant sa Personne et
son Verbe.
D.M. Pour quelqu’un qui se plaint de man-
quer d’élévation surnaturelle, vous ne semblez
pas vous débrouiller si mal !
J.-M. P. Peut-être, mais, ainsi que vous le
dites très justement, je me débrouille, c’est-
à-dire que je tire sur l’écheveau embrouillé
de mes lectures infinies et de mes réflexions
incessantes. J’essaie de brouiller l’écheveau,
je m’en débrouille. Mais ce n’est pas du
vécu, il y manque l’intériorité spirituelle. J’en
parle aussi savamment qu’un aveugle des
couleurs sur lesquelles il aurait beaucoup lu
en déchiffrant du doigt son Braille.
Cependant, j’essaie de me consoler en me
disant que peut-être - et sans rien ôter de ma
responsabilité et de mes fautes personnelles
- Dieu l’a voulu ainsi pour moi. Et que la sur-
din’a pas empêc Beethoven de composer
de belles musiques.
Mais il se trouve que je préfère Bach…
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