cano imaginaire construit avec des pièces fic-
tives, un puzzle dont chaque pièce peut être
créée par son joueur pour la création d’un
paysage imaginaire.
Et c’est précisément en ce monde nomi-
naliste, "phénoménal" et conceptologique,
qu’est née l’idéologie dite des Lumières, sans
doute parce qu’elle est la plus obscurantiste
et la plus niaise de toutes les idéologies de
structure nominaliste, au siècle dit des "phi-
losophes" précisément, on l’imagine, parce
que les dits "philosophes" - Voltaire, d’Alem-
bert, Diderot, d’Holbach, Helvétius et tutti
quanti avaient autant de rapport avec la phi-
losophie que de vieilles savates avec la pan-
toufle de vair de Cendrillon. […]
C’est l’idéologie des Lumières obscures,
des prétendus "philosophes" et de la Révolu-
tion aux "immortels principes", qui inventa
l’homme en général dont le bon Joseph de
Maistre - qui compte aussi, et à juste titre, au
nombre de vos "hommes-clefs" ou "auteurs-
clefs" de l’Ecritoire - disait qu’il ne l’avait ja-
mais rencontré. Et pour cause puisqu’il
n’existe pas (c’est donc du Frossard à rebours).
Le cosmopolitisme résulte directement de
cette idée de l’homme en général, il en est le
paysage, la demeure, la ville, la terre.
L’homme en général, en effet, n’a pas une
langue, fruit d’un antique et complexe héri-
tage et dans laquelle il rêverait ; d’ailleurs il
ne rêve pas, sinon d’un atroce meilleur des
mondes habité seulement d’hommes en gé-
néral, qui n’aient ni histoire, ni mémoire, ni
foi ni loi (autre que celles qu’ils créent chaque
jour selon leurs besoins et convenances) ni
Dieu ni maître (autres que les vedettes de la
politique et de la télévision) ni racines ni pa-
trie, autres que celles du monde en général,
c’est-à-dire aucune. L’homme en général ne
peut vivre que n’importe où et en n’importe
quel point de la cosmopolis : il ne mange
pas français, ni allemand, ni italien, ni espa-
gnol, ni rien de national - il mange en général.
Il parle en général, la langue des hannetons,
des lemmings et des coquecigrues ; ou plutôt
des ordinateurs et des téléviseurs. Il ne prie
pas parce que n’ayant pas trouvé de Dieu en
général, il doute de son existence, au motif
que les dieux particuliers - d’Abraham,
d’Isaac, de Jacob, de Jésus-Christ, de Maho-
met, de Bouddha, du Sanatama Dharma, et
autres - ne sauraient être que fumées d’opium
ou mirage de déserts. Ne se nourrissant d’au-
cune des racines qui font l’homme réel,
l’homme en général n’est habité par aucune
culture autre que la culture "en général" qui
ne risque pas d’être confondue avec la culture
générale, laquelle requiert de toute nécessité
l’enracinement en une culture spécifique par-
ticulière et la connaissance de beaucoup
d’autres. Tant et si bien - ou si mal - que la
culture en général est absence de toute cul-
ture : on s’en aperçoit tous les jours.
Il n’y a qu’un malheur pour ces petits et
grands messieurs cosmopolites des Lumières
ténébreuses - et pour nous un grand bonheur
- c’est que l’homme en général, disais-je,
n’existe pas !
Il n’existe que des hommes particuliers,
bien concrets, issus de familles charnelles et
de traditions nationales, avec leurs cultures
propres. Des gens qui habitent de telles fa-
çons, mangent de telles cuisines, parlent telles
langues, pensent selon tels schémas, prient
de tels dieux : que non point tels ou telles
autres.
Et plus outre : qui n’entendent pas qu’on
vienne leur casser les pieds avec telles dé-
marches ou comportements qui les déran-
gent ; les oreilles avec tels propos, discours
ou musiques qui les assourdissent ou les
agressent ; les couilles avec telles mœurs qui
leur sont odieuses ; ni qu’on offusque leurs
narines avec de telles cuisines ou tels encens
qui les dégoûtent en leurs cuisines ou leurs
oratoires. Et ainsi de suite.
Classement : 2Ge22 1995, 2010
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