
La fécondité – Représentation, causalité, prospective
Actes du XV
e
colloque national de démographie
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L’analyse des comportements féconds dans un contexte de
maladie rare : l’exemple de la mucoviscidose
Gil
B
ELLIS
,
Marie-Hélène
C
AZES
,
Alain P
ARANT
Institut national d’études démographiques (Ined)
En Europe, sur 100 000 habitants, approximativement 12 sont malades de la
mucoviscidose, 8 sont atteints d’hémophilie et 6 ont la maladie de Huntington.
Mucoviscidose, hémophilie, maladie de Huntington sont des affections dites « rares », non
parce qu’elles sont peu nombreuses – on estime, actuellement, leur nombre total à près de
7 000 –, mais parce qu'elles ne concernent chacune qu’un nombre restreint de personnes, leur
prévalence étant inférieure à 50 pour 100 000.
Ces trois affections ont une origine génétique, origine la plus fréquente des maladies
rares qui peuvent également avoir une cause infectieuse, auto-immune ou cancéreuse. La
mucoviscidose est représentative des maladies à hérédité autosomique récessive : les
personnes atteintes sont indifféremment de sexe masculin ou féminin ; la mutation
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responsable de la maladie leur a été transmise à la fois par leur père et par leur mère, ces
derniers ne présentant aucun des traits de la pathologie. Pour ce type d’hérédité, la probabilité
pour que le couple parental – couple de porteurs sains
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– ait un enfant malade est de 0,25 à
chaque conception, les symptômes de la mucoviscidose se manifestant, le plus souvent,
durant la première année de vie, voire dès la naissance. L’hémophilie est une maladie
récessive liée au chromosome X : seuls les garçons sont atteints, la mutation
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étant transmise
par les mères. La probabilité, pour un couple dont la femme est porteuse mais non malade,
d’avoir un garçon atteint est de 0,5 à chaque conception masculine, les premières
manifestations hémorragiques intervenant généralement durant l’apprentissage de la marche.
La maladie de Huntington est typique des maladies à hérédité autosomique dominante :
hommes et femmes sont indistinctement touchés ; ils ont reçu une mutation
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transmise par
leur père ou par leur mère, le parent concerné étant lui-même malade. La probabilité pour un
couple dont un des membres est malade de donner naissance à un enfant atteint est de 0,5 à
chaque conception, les troubles de la maladie se manifestant à l’âge adulte, habituellement
entre 35 et 60 ans.
On retrouve chez nombre de maladies rares des caractéristiques identiques : elles sont
souvent graves, chroniques, évolutives et peuvent mettre en jeu le pronostic vital des
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Le gène en cause est situé sur le chromosome 7, en position 7q31 ; ce gène comporte en fait plus de
1 600 mutations, toutes responsables de la mucoviscidose mais pouvant donner lieu à des formes plus ou moins
sévères de la maladie.
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On estime que les porteurs sains de la mucoviscidose représentent, tous âges confondus, près de 3 %
de la population française, sous l’hypothèse d’une population en équilibre de Hardy-Weinberg pour le gène
responsable de cette maladie.
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Sur le chromosome X, la mutation du gène en position Xq28 est responsable de l’hémophile A, la
mutation en position Xq27 est responsable de l’hémophilie B.
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Pour cette maladie, la mutation est celle d’un gène situé sur le chromosome 4, en position 4p16.