La mémoire juive du Maroc.
Ils étaient 300000 en 1948; aujourd’hui, la communauté juive marocaine se réduit à 4000
personnes, mais en dépit des chiffres, c’est la vivacité d’une culture, la force de son ancrage et
de son rayonnement qui demeurent gravés dans l’empreinte culturelle du Maroc. Arrivés
vraisemblablement au Vème siècle après J.C, après la destruction du premier Temple de
Jérusalem, donc bien avant la conquête arabe, ils vivent au Maroc depuis 16 siècles… A
l’époque, les villes de Sala et d’Ifrane étaient des centres importants de négoce, où l’on
pratiquait le commerce de l’or et du sel. Au début de l’ère chrétienne, lorsque les Romains
envahirent la région, de nombreuses mesures restrictives envers les Juifs furent mises en place
et le christianisme devint religion d’État. Puis sous les Vandales et les Byzantins la
communauté juive marocaine connut, au Ve et au VIe siècle une alternance de périodes de
répit et d’oppression, jusqu’à l’arrivée des arabes et de la première dynastie musulmane qui,
lorsqu’elle s’installa au pouvoir en 788, les soumit à la dhimma. C’étaient des protégés du
sultan. Ils pouvaient pratiquer leur religion mais reconnaissaient la suprématie de l'islam et
payaient un impôt particulier.
Si l’on doit fixer un premier âge d’or pour la communauté juive du Maroc, c’est entre le IX et le
XIIième siècle, lorsque Fès, qui venait d’être fondée, s’imposa comme la capitale culturelle et
spirituelle du judaïsme marocain. Une période brillante marquée par la poésie de Juda Halévy,
la science hébraïque d’El-Fassi, et la pensée de Maïmonide. La situation des Juif s’améliore
ainsi progressivement sous la dynastie berbère, jusqu’au XVème siècle, mais la création du
mellah, quartier réservé aux Juifs, entrave cependant le dialogue judéo-musulman. Et lorsqu’en
1465, le sultan est assassiné, les Juifs du mellah de Fès seront massacrés.
En 1492, arrivèrent tous ceux qui, provenant d’Espagne, fuyaient les persécutions d’Isabelle la
Catholique, en 1492. D’où le fait que cette communauté compte deux sous-ensembles
ethnico-culturels : les toshavim, qui se déclarent être les "autochtones" et les megorashim, qui
sont les descendants des "expulsés (d'Andalousie)". Ces Juifs venus d’Espagne font renaître le
judaïsme marocain et contribuent grandement à l’essor économique du pays. On crée un
second mellah à Marrakech, capitale du Maroc. Puis Au XVIIe siècle, la communauté juive
participe à la construction de Meknès, qui devient la nouvelle capitale.
Ainsi, progressivement, dès le 18ème siècle, les Juifs de l’Atlas vont également descendre et
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