CONFRONTATIONS EUROPE LA REVUE Numéro 110 – Juillet-Septembre 2015
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La Transition écologique et énergétique :
une chance pour le projet européen
Loin d’être une contrainte, la Transition énergétique et écologique (TEE) représente au contraire
une immense opportunité pour l’Europe et figure au premier rang des priorités stratégiques du groupe
Caisse des Dépôts (CDC). Le risque climatique est pris en compte dans les relations avec ses partenaires
et ses clients, au premier rang desquelles les entreprises et les collectivités locales.
L’Union européenne et ses États membres ont toujours affiché
un leadership dans la lutte contre le réchauffement climatique.
L’engagement de réduction de 40 % des émissions de Gaz à
effet de serre (GES) d’ici 2030, et de 80 à 95 % d’ici 2050, en
vue des négociations internationales sur le climat qui se
dérouleront à Paris en décembre 2015 (COP21), l’illustre une fois de
plus. L’accord, qui sera signé pour contenir le réchauffement global
en deçà des 2 °C d’ici la fin du siècle, sera néanmoins conditionné à
la puissance financière que les acteurs publics et privés parviendront
à déployer. En France, le groupe Caisse des
Dépôts est mobilisé au service de la transition
énergétique et écologique qui figure au
premier rang de ses priorités stratégiques.
Responsabilité historique des pays
industrialisés dans le réchauffement
La transition vers une économie bas-carbone
requiert en effet des investissements très
significatifs dans la rénovation de l’immo-
bilier, la construction de nouvelles infra-
structures (énergies renouvelables, réseaux de
chaleur...), la promotion de solutions de
transports intelligentes et propres et dans
le financement des «entreprises de la tran-
sition». Rien que pour la France, 60 milliards
d’euros par an sont estimés nécessaires.
L’enjeu de ce siècle est d’engager la trans-
formation rapide des économies, au Nord
comme au Sud, pour les rendre compatibles
avec la préservation d’un climat vivable pour
les prochaines générations. Les pays en déve-
loppement soulignent la responsabilité histo-
rique des pays industrialisés dans le réchauf-
fement global ; or, sans leur aide financière,
l’accord de la COP21 apparaît difficile. Le
leadership européen passera donc à la fois par l’exercice de cette
responsabilité et par la capacité des États membres à mobiliser massi-
vement des capitaux publics et privés pour tenir leurs propres objec-
tifs climatiques. Tout cela dans un contexte financier et budgétaire fort
contraint.
Créer un « new deal »
Pourtant, la transition vers une économie bas carbone est une oppor-
tunité formidable pour créer un «new deal» à même d’insuffler
une croissance qualitative et durable. Elle impose néanmoins une
mobilisation sans faille de tous les acteurs de la communauté finan-
cière. C’est pourquoi, avec la Banque européenne d’investissement,
le groupe Caisse des Dépôts a pris l’initiative d’organiser le 22 mai 2015
le Climate Finance Day. Ce colloque international, labellisé COP21,
a permis d’accroître la prise de conscience du caractère « systé-
mique» des risques climatiques pour le secteur financier.
Un projet fédérateur
En tant que banque publique, investisseur et opérateur à travers ses
filiales présentes dans de nombreux pans de
l’économie (transport, immobilier, ingé-
nierie, énergie, etc.), le groupe Caisse des
Dépôts a pour objectif de renforcer sa capa-
cité d’entraînement pour accélérer la tran-
sition énergétique et écologique. À cet égard,
il est en mesure de mobiliser 15 milliards
d’euros au service de cette priorité d’ici 2017,
dont une grande partie pour des projets de
niveau territorial. Parallèlement, il détermi-
nera, d’ici fin 2015, un objectif de réduc-
tion de l’empreinte carbone de ses porte-
feuilles d’actions. Pour cela, la CDC entame
un renforcement de son engagement sur
l’intégration du risque climatique dans la
gestion des entreprises dont elle est action-
naire (dont la quasi-totalité du CAC 40 et du
SBF120). À défaut d’obtenir une réduction
suffisante des émissions des sociétés déte-
nues, le groupe procédera à des réallocations
au sein de ses portefeuilles afin de tenir l’ob-
jectif qu’il s’est fixé.
La crise financière et économique a
montré la fragilité des approches de court
terme. C’est pourquoi nous devons
renforcer notre coopération avec nos homo-
logues européens (KfW en Allemagne, Casa Depositi e Prestiti en
Italie, etc.) pour contribuer au finan cement de la tran sition à long
terme. Une plus forte mobili sation européenne passera aussi par une
meilleure inté gration des « réseaux bas-carbone» (transports,
énergie, etc.), une recherche européenne, et l’émergence de «cham-
pions européens». En ce sens, la transition énergétique et écologique
est un grand projet fédérateur capable de donner un nouveau
souffle à l’Europe. V
Pierre-René Lemas,
directeur général du groupe Caisse des Dépôts
« Les États membres doivent
mobiliser massivement
des capitaux pour contenir
le réchauement global
de la planète »