La Transition écologique et énergétique : une chance pour le projet européen Loin d’être une contrainte, la Transition énergétique et écologique (TEE) représente au contraire une immense opportunité pour l’Europe et figure au premier rang des priorités stratégiques du groupe Caisse des Dépôts (CDC). Le risque climatique est pris en compte dans les relations avec ses partenaires et ses clients, au premier rang desquelles les entreprises et les collectivités locales. L ’Union européenne et ses États membres ont toujours affiché un leadership dans la lutte contre le réchauffement climatique. L’engagement de réduction de 40 % des émissions de Gaz à effet de serre (GES) d’ici 2030, et de 80 à 95 % d’ici 2050, en vue des négociations internationales sur le climat qui se dérouleront à Paris en décembre 2015 (COP21), l’illustre une fois de plus. L’accord, qui sera signé pour contenir le réchauffement global en deçà des 2 °C d’ici la fin du siècle, sera néanmoins conditionné à la puissance financière que les acteurs publics et privés parviendront à déployer. En France, le groupe Caisse des Dépôts est mobilisé au service de la transition énergétique et écologique qui figure au premier rang de ses priorités stratégiques. mobilisation sans faille de tous les acteurs de la communauté financière. C’est pourquoi, avec la Banque européenne d’investissement, le groupe Caisse des Dépôts a pris l’initiative d’organiser le 22 mai 2015 le Climate Finance Day. Ce colloque international, labellisé COP21, a permis d’accroître la prise de conscience du caractère « systémique » des risques climatiques pour le secteur financier. Un projet fédérateur © European Union 2015 / Echard Cristof En tant que banque publique, investisseur et opérateur à travers ses filiales présentes dans de nombreux pans de l’économie (transport, immobilier, ingénierie, énergie, etc.), le groupe Caisse des Dépôts a pour objectif de renforcer sa capacité d’entraînement pour accélérer la tranResponsabilité historique des pays sition énergétique et écologique. À cet égard, industrialisés dans le réchauffement il est en mesure de mobiliser 15 milliards La transition vers une économie bas-carbone d’euros au service de cette priorité d’ici 2017, dont une grande partie pour des projets de requiert en effet des investissements très niveau territorial. Parallèlement, il détermisignificatifs dans la rénovation de l’immonera, d’ici fin 2015, un objectif de réducbilier, la construction de nouvelles infrastructures (énergies renouvelables, réseaux de tion de l’empreinte carbone de ses portefeuilles d’actions. Pour cela, la CDC entame chaleur...), la promotion de solutions de un renforcement de son engagement sur transports intelligentes et propres et dans le financement des « entreprises de la tranl’intégration du risque climatique dans la gestion des entreprises dont elle est actionsition ». Rien que pour la France, 60 milliards naire (dont la quasi-totalité du CAC 40 et du d’euros par an sont estimés nécessaires. SBF120). À défaut d’obtenir une réduction L’enjeu de ce siècle est d’engager la transformation rapide des économies, au Nord suffisante des émissions des sociétés déte« Les États membres doivent nues, le groupe procédera à des réallocations comme au Sud, pour les rendre compatibles mobiliser massivement au sein de ses portefeuilles afin de tenir l’obavec la préservation d’un climat vivable pour jectif qu’il s’est fixé. les prochaines générations. Les pays en dévedes capitaux pour contenir La crise financière et économique a loppement soulignent la responsabilité histole réchauffement global montré la fragilité des approches de court rique des pays industrialisés dans le réchaufde la planète » terme. C’est pourquoi nous devons fement global ; or, sans leur aide financière, renforcer notre coopération avec nos homol’accord de la COP21 apparaît difficile. Le logues européens (KfW en Allemagne, Casa Depositi e Prestiti en leadership européen passera donc à la fois par l’exercice de cette Italie, etc.) pour contribuer au financement de la transition à long responsabilité et par la capacité des États membres à mobiliser massiterme. Une plus forte mobilisation européenne passera aussi par une vement des capitaux publics et privés pour tenir leurs propres objecmeilleure inté gration des « réseaux bas-carbone » (transports, tifs climatiques. Tout cela dans un contexte financier et budgétaire fort énergie, etc.), une recherche européenne, et l’émergence de « chamcontraint. pions européens ». En ce sens, la transition énergétique et écologique est un grand projet fédérateur capable de donner un nouveau Créer un « new deal » souffle à l’Europe. V Pourtant, la transition vers une économie bas carbone est une opportunité formidable pour créer un « new deal » à même d’insuffler une croissance qualitative et durable. Elle impose néanmoins une Pierre-René Lemas, directeur général du groupe Caisse des Dépôts CONFRONTATIONS EUROPE LA REVUE 29 Numéro 110 – Juillet-Septembre 2015