Lycée Louis-Le-Grand, Paris Pour le 19/10/2016
MPSI 4 – Mathématiques
A. Troesch
DM no5 : Combinatoire
Problème 1
Dans tout le problème, ndésigne un entier naturel. Le but de ce problème est de répondre au problème des ménages
de Lucas, qui se pose en ces termes :
On dispose d’une table circulaire de 2nplaces autour de laquelle on veut placer ncouples de sorte que :
on ait alternance entre les hommes et les femmes
aucune femme ne soit assise à côté de son conjoint (et réciproquement bien sûr).
Combien existe-t-il de façons de faire ?
On appelle un placement une répartition des convives autour de la table satisfaisant ces deux critères. On suppose que
deux répartitions admissibles obtenues par rotation l’une de l’autre correspondent au même placement (autrement dit,
on n’a pas de repère initial sur la table ronde, les places sont indiscernables, à leur ordre près).
On note µ(n)le nombre de placements. Le but du problème est de calculer µ(n).
Partie I – Lemme de Kaplansky (cas linéaire)
Soit N, et nN. Dans cette partie, on compte le nombre bnde sous-ensembles de [[1, n]] dont les éléments sont
séparés d’au moins autres éléments de [[1, n]]. Autrement dit, si i1<··· < iksont les éléments de E, rangés par
ordre croissant, on doit avoir, pour tout j[[1, k 1]],ij+1 ij> ℓ.
Pour kN, on appelle bn,k le nombre de ces sous-ensembles dont le cardinal est k.
1. Montrer que bn,k =n(k1)
k.
2. Montrer par un raisonnement combinatoire que (bn)nNest la suite déterminée par :
i[[0, ℓ]], bi=i+ 1,et n>+ 1, bn=bn1+bn1.
Partie II – Lemme de Kaplansky (cas circulaire)
On considère maintenant npoints répartis sur un cercle, numérotés de 1àndans le sens des aiguilles d’une montre.
On recherche maintenant le nombre de façons de choisir un sous-ensemble Econstitué de kde ces points de sorte que
deux points quelconques de ce sous-ensemble soient séparés par au moins autres points (sur le cercle). Autrement dit,
si x0,...,xksont les kpoints de E, rangés par ordre croissant, il faut avoir, pour tout i[[1, k 1]],xi+1 xi> ℓ,
mais il faut aussi avoir x1+ (nxk)> ℓ (distance entre x1et xksur le cercle).
Pour tout nN,k[[0, n]], et N, on note A(n, k, ℓ)l’ensemble des sous-ensembles de [[1, n]] vérifiant ces
conditions. On note également
B(n, k, ℓ) = {(E, x)EA(n, k, ℓ)et xE}
1. Montrer que |B(n, k, ℓ)|=nnk1
k1.
2. En déduire que |A(n, k, ℓ)|=n
nknk
k.
Partie III – Le problème des ménages de Lucas
On suppose que n > 1. Dans un premier temps, on suppose que les places autour de la table sont numérotées dans
le sens des aiguilles d’une montre (donc il y a un point de départ), et on décide d’attribuer les places impaires aux
dames, les places paires aux messieurs.
1. On commence par placer les dames sur les places impaires, dans le sens des aiguilles d’une montre.
Combien y a-t-il de façons de faire ?
1
2. Les dames étant placées, il faut repartir les messieurs. On numérote les dames de 1àndans le sens des aiguilles
d’une montre ; on numérote également les messieurs en leur donnant le même numéro que leur épouse. Enfin,
on renumérote les places vides, en crétant que pour tout i[[1, n]], la place située à droite de la dame iest la
place i. Ainsi, la place à gauche de la dame iest la place i+ 1 si i < n, et la place 1si i=n.
On définit la famille de sous-ensembles de Snsuivante :
i[[1, n]], E2i1={σSn|σ(i) = i}
i[[1, n 1]], E2i={σSn|σ(i) = i+ 1}et E2n={σSn|σ(n) = 1}
Exprimer le nombre Nde façons de placer les hommes en fonction des Ei, et en déduire :
N=n!
n
X
k=1
(1)k12n
2nk2nk
k(nk)!.
3. Montrer que le nombre de placements possibles sur une table non numérotée est :
µ(n) = (n1)!
n
X
k=0
(1)k2n
2nk2nk
k(nk)! (Formule de Touchard, 1953)
Problème 2 Nombres de Stirling
Partie I – Cycles et permutations de [[1, n]]
Soient net kdeux entiers positifs
Soit P={P1,...,Pk}une partition de [[1, n]]. Une répartition cyclique des éléments de [[1, n]] de support est la donnée
d’un rangement « circulaire » des éléments dans chaque part de la partition P, donc la donnée, pour chaque part Pi,
d’un objet qu’on notera
[x1,··· , x],
dont les éléments sont les éléments de Pi, et déterminant un rangement cyclique de ces éléments. Formellement, un
tel objet peut être vu comme classe d’équivalence sur {x1,...,x}associée à la fermeture transitive de la relation
(x1,··· , x)(x2,··· , x, x1).
On rappelle que la fermuture transitive de est la relation tdéfinie par :
XtY⇒ ∃kN,Z1,...Zk, X Z1Z2 · · · ZkY.
Ainsi, deux rangements cycliques d’une part donnée sont égaux si on obtient l’un de l’autre par permutation circulaire.
Par exemple, [1,3,4,2] = [4,2,1,3], mais [1,3,4,2] 6= [4,2,3,1].
On note Cl’ensemble des rangements en cycles des entiers de [[1, n]], de support quelconque.
1. Montrer que test une relation d’équivalence sur {x1,...,x}. Ceci justifie la définition précédente.
2. Étant donnée une partition P={P1,...,Pk}de [[1, n]], on note pour tout i[[1, n]],nile nombre de parts de
cardinal i.
(a) Que vaut
n
X
i=1
ini?
(b) Déterminer le nombre de rangements en cycles de support P.
(c) Déterminer le nombre de rangements en cycles dont le support a des parts de même taille que P.
3. Étant donné Cun rangement cyclique d’entiers de [[1, n]], de partition support P, on appelle successeur de
x[[1, n]] l’élément qui suit xdans l’unique cycle contenant x. Par exemple, dans le cycle [1,4,3], le successeur
de 1est 4, le successeur de 3est 1. Pour un cycle de longueur 1, par exemple [1],1est successeur de lui-même.
On note σCl’application de [[1, n]] dans lui-même associant à un élément xde [[1, n]] sont successeur dans le
rangement en cycles C.
(a) Montrer que σCest bien défini
(b) Montrer que σCSn.
(c) Montrer que Φ : C7→ σCest une injection de Cdans Sn.
4. Montrer que Φest bijective.
2
Partie II Nombres de Stirling
Soit net kdeux entiers strictement positifs. On définit n
k, le nombre de façons de ranger les nentiers de 1àndans
kcycles, dont la somme des tailles est n(mais la taille de chaque cycle n’est pas imposée). On précise que les cycles
ne sont pas ordonnés entre eux. Les nombres n
ksont appelés nombres de Stirling de première espèce.
On note également n
kle nombre de partitions de l’ensemble [[1, n]] en kparts. Ces nombres n
ksont appelés
nombres de Stirling de deuxième espèce.
On pose par convention n
0=n
0= 0 si nN, et 0
0=0
0= 1.
1. Premières propriétés
(a) Justifier que si k > n, alors n
k= 0 et n
k= 0
(b) Calculer 2
1,2
2,3
1,3
2,3
3.
(c) Montrer que pour tout nN,n
1= (n1)!
(d) Montrer que pour tout n>2,n
2= 2n11.
(e) Soit nN, Que vaut n
n?n
n?
(f) Montrer que pour tout n>2,n
n1=n
n1=n
2.
(g) Montrer que pour tout (n, k)(N)2,n
k>n
k, avec égalité si et seulement si k>n1.
(h) En utilisant la partie I, montrer que
n
X
k=0 n
k=n!
2. Des relations de récurrence de type « Pascal »
(a) Montrer que pour tout n>2, et pour tout k[[1, n]],n
k=kn1
k+n1
k1.
(b) Montrer que pour tout n>2, et pour tout k[[1, n]],n
k= (n1) n1
k+n1
k1.
Indication : classer les répartitions en cycle suivant que [n]est à lui seul un cycle ou non.
3. Des formules de conversion entre puissances
Pour tout réel xet tout entier n, on note :
xn=x(x1) ···(xn+ 1) (puissance factorielle descendante)
xn=x(x+ 1) ···(x+n1) (puissance factorielle ascendante).
(a) Montrer que pour tout xRet tout nN,xn=
n
X
k=1 n
kxk.
(b) Qu’obtient-on pour x=n? Justifier combinatoirement cette dernière égalité.
(c) Justifier combinatoirement la formule obtenue avec x=1dans la question (a).
(d) Démontrer de même que pour tout xRet tout nN,xn=
n
X
k=1 n
kxk.Que retrouve-t-on pour x= 1 ?
(e) En exprimant xnen fonction de (x)n, en déduire que pour tout xRet tout nN,xn=
n
X
k=1 n
k(1)nkxk.
(f) Déduire des questions précédentes que, pour tout (m, n)(N)2,
n
X
k=mn
kk
m(1)nk=1m(n),
1m(n)prend la valeur 1si m=n, et la valeur 0sinon.
3
4. Deux autres formules amusantes :
(a) Pour tout (m, n)(N)2,n+ 1
m+ 1=
n
X
k=mn
kk
m.
(b) Pour tout (m, n, ℓ)(N)3,n
+m+m
=
n
X
k=1 k
nk
mn
k.
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