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Correspondances en Nerf & Muscle - Vol. I - n° 1 - janvier-février-mars 2006
TRANSVERSAL
S
YNDROME D
’
HYPERMOBILITÉ
DE L
’
ARTICULATION PÉRONÉOTIBIALE
SUPÉRIEURE
: P
ENSER À RECHERCHER
UN TIROIR PÉRONIER
+++
Le patient (souvent un adolescent) consulte pour
des douleurs de la région externe du genou,
descendant parfois vers la face externe de la
jambe. Elles sont d’horaire mécanique, surve-
nant à la marche, à la course ou au cours d’un
sport comportant des sauts. Certains patients
signalent des impressions de ressaut, de cla-
quement, voire des épisodes d’instabilité.
L’examen de la région externe du genou retrouve
une douleur de la région de la tête du péroné. Il
révèle l’absence de signes d’entorse du ligament
latéral externe du genou, de tendinite bicipitale
ou tendinite poplitée, de lésion méniscale ou de
lésion du point d’angle postéro-externe (nappe
fibreuse située à la partie postéro-externe du
genou associant le ligament poplité arqué, la
coque condylienne externe, le tendon du muscle
poplité, l’expansion méniscale du tendon poplité
et la corne postérieure du ménisque externe).
C’est la recherche du tiroir péronier qui donne le
diagnostic. Le patient est installé en décubitus
dorsal, genoux fléchis à 90°, pieds sur le plan du
lit. La mobilisation en arrière et en dedans, puis
en avant et en dehors, de la tête du péroné, sai-
sie entre le pouce et l’index, retrouve une laxité
anormale, c’est-à-dire supérieure à 1 cm, indolore
et souvent bilatérale. La recherche d’un tiroir
antérieur sera plus aisée si le patient s’agenouille,
genoux à 90° de flexion, pieds en dehors de la
table, en appuyant sur la face postérieure de la
tête du péroné.
Les radiographies bilatérales et comparatives
des genoux de profil en extension, pieds en posi-
tion neutre puis en flexion dorsale et plantaire
maximale, mettent en évidence le déplacement
anormal de la tête du péroné par rapport au côté
opposé en cas d’unilatéralité ou un déplacement
de plus de 1 cm en cas de laxité bilatérale.
Le traitement associe des infiltrations intra-arti-
culaires de corticoïdes à but anti-inflammatoire
et antalgique et la stabilisation de la tête du
péroné au cours du sport par strapping (non
compressif pour le nerf sciatique poplité
externe). Très exceptionnellement, chez des
sportifs de haut niveau, une intervention chirur-
gicale est envisagée (résection de la tête du
péroné, ou arthrodèse péronéotibiale supé-
rieure isolée ou associée à une résection de la
tête du péroné).
Sur plusieurs années de pratique sportive,
l’hypermobilité de l’articulation péronéotibiale
supérieure peut évoluer vers une arthropathie
mécanique dégénérative. Les douleurs de siège
identique sont plus intenses, plus fréquentes,
et peuvent gêner la vie quotidienne. Elles sont
reproduites à l’examen par la pression sur l’arti-
culation péronéotibiale supérieure. Les signes
radiographiques s’enrichissent des stigmates
des arthropathies dégénératives : ostéocondensa-
tion des berges articulaires, érosions et géodes.
L
UXATION DE L
’
ARTICULATION
PÉRONÉOTIBIALE SUPÉRIEURE
C’est une luxation rare, souvent antéro-externe.
Elle est favorisée par des sports à hautes
contraintes pour le genou : football, football
américain, parachutisme, judo, etc.
La luxation de l’articulation péronéotibiale supé-
rieure provoque une douleur intense de la
région externe du genou, associée parfois à des
paresthésies dans le territoire du nerf sciatique
poplité externe (à l’examen, rechercher systé-
matiquement des signes de souffrance du nerf
sciatique poplité externe).
L’examen révèle dès l’inspection une saillie
anormale de la tête du péroné. La flexion passive
du genou est normale. En revanche, l’extension
peut être limitée.
La douleur est déclenchée par la contraction iso-
métrique résistée du biceps (extension résistée
de la jambe sur le fémur en partant d’une flexion
de 100° environ) et par les mouvements de
flexion/extension du pied.
Les radiographies de face montrent le déplacement
en dehors de la tête du péroné, qui n’apparaît
plus superposée en partie sur le tibia.
Le traitement précoce consiste en une réduction
suivie d’une immobilisation du genou en exten-
sion pendant 2 à 3 semaines. La chirurgie peut
être indiquée pour les formes vues tardivement
(résection de la tête du péroné).
M
ALPOSITION DE L
’
ARTICULATION
PÉRONÉOTIBIALE POSTÉRIEURE
Il s’agit d’une position anormale de la tête du péroné
en haut et en arrière, retrouvée à l’examen clinique
comparatif motivé par des douleurs externes du
genou, sans signe de luxation ni d’hypermobilité.