_________________________________________________________ TraitementActualités 215 — vol. 28 nº 4 Page 11 Tous les médicaments ont été administrés pendant 12 semaines consécutives. Résultats ABT-493 + ABT-530 : 19 personnes sur 22 (86 %) ont guéri. Chez un participant, le traitement a réussi initialement à supprimer la charge virale, mais celle-ci a fini par redevenir détectable. Deux autres personnes ont arrêté de retourner à la clinique de l’étude après la cessation du traitement. Les deux avaient une charge virale indétectable. ABT-493 + ABT-530 + ribavirine : 20 personnes sur 22 (91 %) ont guéri. Un participant n’est plus retourné à la clinique de l’étude après la sixième semaine de celle-ci. Sa charge virale était indétectable à ce moment-là. Chez l’autre personne, le traitement a supprimé initialement la charge virale, mais cette dernière a resurgi après la cessation du traitement. Résistance Il vaut la peine de mentionner que, parmi les participants présentant deux mutations ou davantage associées à la résistance médicamenteuse, 92 % (23 sur 25) ont guéri. Effets indésirables Aucun des participants n’a éprouvé d’effet indésirable grave ou n’a été obligé de quitter l’étude à cause d’effets indésirables. La plupart (83 %) des effets secondaires ont été décrits comme légers. Voici la répartition des effets secondaires selon le régime : Maux de tête • ABT-493 + ABT-530 : 23 % • ABT-493 + ABT-530 + ribavirine : 36 % Fatigue inattendue et/ou manque d’énergie • ABT-493 + ABT-530 : 18 % • ABT-493 + ABT-530 + ribavirine : 36 % Nausées • ABT-493 + ABT-530 : 14 % • ABT-493 + ABT-530 + ribavirine : 27 % Problèmes de sommeil • ABT-493 + ABT-530 : 0 % • ABT-493 + ABT-530 + ribavirine : 27 % Tests sanguins Les analyses de sang ont révélé que les anomalies étaient peu courantes. Chez trois personnes traitées par la triple association, le taux du produit de déchets bilirubine était modérément élevé. Vers l’avenir Un essai appelé Magellan-1, Partie 2, est en cours pour évaluer un groupe plus nombreux de participants ayant déjà reçu des AAD et atteints des génotypes 1, 4, 5 ou 6. Certains des participants ont également subi de graves dommages au foie (cirrhose). RÉFÉRENCE : Poordad F, Gordon SC, Asatryan A, et al. High-efficacy of ABT493 and ABT-530 in HCV genotype-1-infected patients who have failed direct-acting antiviral-containing regimens: the Magellan-1 study. The International Liver Congress, 13-17 April 2016, Barcelona. Abstract GS11. J. France : événements après la guérison du VHC L’infection chronique au virus de l’hépatite C (VHC) augmente le risque de lésions hépatiques graves. Si elle n’est pas traitée, l’infection chronique peut entraîner de graves complications, y compris la perte graduelle de la fonction hépatique, un risque accru d’infections bactériennes, l’insuffisance hépatique et le cancer du foie. Les antiviraux à action directe (AAD) sont des entités relativement nouvelles dans l’histoire du traitement du VHC. Ils guérissent très efficacement l’infection au VHC et la durée du traitement est relativement courte, soit environ 12 semaines habituellement (notons qu’un traitement de plus longue durée peut être nécessaire dans les cas de lésions hépatiques graves). Il est essentiel de faire un suivi à long terme des patients guéris par les AAD afin de comprendre l’évolution subséquente de leur santé. On se demande, par exemple, dans quelle mesure leur Page 12 TraitementActualités 215 — vol. 28 nº 4 _________________________________________________________ risque de complications hépatiques, dont le cancer du foie, est réduit? Des chercheurs de France ont passé en revue des données de santé recueillies auprès de 2 156 patients qui avaient suivi un traitement comportant au moins un AAD en 2013 et 2014. Avant de faire partie de cette étude, aucun des participants en question n’avait subi de greffe hépatique ou n’avait fait de cancer du foie. Résultats clés Les résultats de cette étude par observation française révèlent que la vaste majorité des patients traités par AAD bénéficient d’une amélioration durable de leur santé. Au total, 3,5 % des participants ont souffert d’un cancer du foie après avoir guéri du VHC. Il est fort probable que ces cancers étaient déjà présents lorsque les patients ont commencé leur traitement contre le VHC. De plus, il est possible que certaines personnes atteintes de cirrhose qui guérissent du VHC courent des risques de complications hépatiques; un suivi rigoureux et régulier pourrait donc être nécessaire. Détails de l’étude • sofosbuvir + daclatasvir avec ou sans ribavirine : 1 048 personnes • sofosbuvir + siméprévir avec ou sans ribavirine : 597 personnes Résultats Les participants ont été suivis pour une période moyenne de deux ans après avoir guéri du VHC. Cancer du foie Le nombre de cas de cancer du foie a baissé considérablement au fil du temps. Les diagnostics ont le plus souvent été posés durant les 12 mois suivant la cessation du traitement, et très peu de diagnostics ont été posés deux ans après la cessation du traitement. Les taux de cancer du foie étaient plus élevés parmi les personnes souffrant de cirrhose. Voici la répartition des cas de cancer du foie : Cancers du foie diagnostiqués dans les 12 mois suivant la cessation du traitement : • personnes ayant la cirrhose : 66 cas • personnes n’ayant pas la cirrhose : 6 cas Le profil moyen des participants au début de l’étude était le suivant : Cancers du foie diagnostiqués entre le 18e et le 24e mois suivant la cessation du traitement : • âge : 58 ans • 62 % d’hommes, 38 % de femmes • 63 % des participants avaient la cirrhose (cicatrisation grave du foie) • personnes ayant la cirrhose : 4 cas • personnes n’ayant pas la cirrhose : 1 cas Voici la répartition des génotypes du VHC : • • • • • génotype 1 : 65 % génotype 2 : 6 % génotype 3 : 13 % génotype 4 : 14 % génotype 5 ou 6 : 1 % (La somme des pourcentages n’est pas 100 parce que les chiffres ont été arrondis.) Les traitements suivants ont été utilisés : • sofosbuvir + ribavirine : 283 personnes • sofosbuvir + peginterféron + ribavirine : 228 personnes Il ne faut pas mal interpréter ces données en pensant que le traitement par AAD a en quelque sorte causé le cancer du foie. Il est possible que le dépistage du cancer du foie ait été effectué de façon irrégulière chez certains participants (aucun détail n’a été fourni), mais des rapports français antérieurs portent à croire que le dépistage a tendance à avoir lieu tous les six mois dans le cadre des programmes de recherche. Vu que la majorité des participants avaient la cirrhose, ils auraient été plus à risque de faire un cancer du foie. En général, les tumeurs ont tendance à se former lentement et mettent habituellement plusieurs années à croître. Dans l’ensemble, on a recensé 77 cas de cancer du foie après la cessation du traitement. Ce chiffre équivaut à 3,5 % des participants, ce qui reflète un taux global relativement faible de cancer du foie. _________________________________________________________ TraitementActualités 215 — vol. 28 nº 4 Page 13 Les AAD peuvent guérir le VHC, mais le système immunitaire doit se remettre de l’infection au VHC et s’attaquer à la tumeur. Un tel rétablissement prend du temps. Il est rassurant de constater que le nombre de cas de cancer du foie a baissé au fil du temps. Dans l’ensemble, les résultats de l’étude française soulignent la nécessité de faire un suivi intensif des personnes atteintes de cirrhose afin que tout cancer puisse être décelé et traité tôt. des cas de cirrhose décompensée en fonction de la période écoulée depuis la fin du traitement : Décès de causes liées au foie Entre le 12e et le 18e mois suivant la cessation du traitement : • 6 cas de décompensation Comme nous l’avons mentionné plus tôt, les AAD sont très efficaces comme moyen de guérir le VHC. Il n’empêche que de nombreux problèmes de santé sous-jacents mettent du temps à se résoudre pendant que le foie se répare lentement à la suite de la guérison du VHC. Les personnes qui sont très malades à cause de problèmes de santé liés au foie auront besoin d’un suivi rigoureux pour maximiser leurs chances de survie à la suite de la guérison du VHC. Les décès attribuables aux complications hépatiques se sont produits le plus couramment dans les 18 mois suivant la cessation du traitement. (Aucun décès lié au foie ne s’est produit dans les six derniers mois de l’étude.) Voici la répartition des décès en question : Décès liés à des complications hépatiques pendant les 18 mois suivant la cessation du traitement : • personnes ayant la cirrhose : 10 personnes • personnes n’ayant pas la cirrhose : 10 personnes Symptômes graves de la cirrhose Lorsqu’une cicatrisation importante du foie se produit (cirrhose), la dysfonction hépatique qui s’ensuit nuit de plus en plus à d’autres parties du corps, entraînant des complications additionnelles. Lorsque cela arrive, on parle de cirrhose décompensée. Dans les six mois suivant la cessation du traitement, les chercheurs ont recensé des cas de cirrhose décompensée, mais leur nombre a baissé rapidement et est demeuré faible. Tous les cas de décompensation se sont produits chez des personnes atteintes de cirrhose. Voici la répartition Durant les six mois suivant la cessation du traitement : • 33 cas de décompensation Entre le 6e et le 12e mois suivant la cessation du traitement : • 8 cas de décompensation Entre le 18e et le 24e mois suivant la cessation du traitement : • 1 cas de décompensation RÉFÉRENCE : Carat F. Clinical outcomes in HCV-infected patients treated with direct-acting antivirals—18 months post-treatment follow-up in the French ANRS CO22 Hepather cohort study. The International Liver Congress, 13-17 April 2016, Barcelona. Abstract LBP 505. K. Une étude américaine examine la durabilité à long terme de la guérison, le risque de rechute et de cancer du foie Des chercheurs dans plusieurs pays, dont la France, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et les ÉtatsUnis, ont passé en revue les dossiers de plusieurs milliers de personnes qui avaient guéri du VHC sous l’effet d’antiviraux à action directe (AAD). Les chercheurs ont constaté des taux de guérison très élevés qui se maintenaient jusqu’à trois ans après la fin du traitement. Autrement dit, une fois guéris, la vaste majorité des participants restaient guéris. Les taux de rechute, de réinfection et de cancer du foie étaient très faibles après l’atteinte de la guérison. Détails de l’étude Les participants aux études commanditées par la compagnie Gilead Sciences ont été encouragés à s’inscrire à une étude par observation qui les a suivis pendant une période allant jusqu’à trois ans après la guérison d’une infection au VHC. Dans le cadre de cette étude par observation, les participants devaient visiter régulièrement les