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Les Visites de chantier sont organisées par l’association Renaissance des cités d’Europe,
Visite animée par Serge Nouel, Nelly Perrier, Edith Berth, Fanny Brouillet, Estelle Trotignon, Marc Cauty
La Promenade Sainte Catherine
Coexistence du neuf et de l’ancien au cœur du centre-ville de Bordeaux
Présentée par :
Michel Landois, directeur de l’entreprise Laroche Restauration.
Sébastien Landois, directeur adjoint de l’entreprise Laroche Restauration.
Bruno Trait, gérant de l’entreprise BTPierre.
Fanny Brouillet, médiatrice culturelle, chargée de mission Renaissance des cités d’Europe.
En présence de :
Anne-Marie Civilise,
présidente de Renaissance des
cités d’Europe.
Benoît Martin,
conseiller municipal délégué
pour l'animation du patrimoine
et les monuments historiques,
représentant de Monsieur
Alain Juppé.
Vincent Mauvage,
directeur de la Promenade
Sainte Catherine.
Sylvain Schoonbaert,
architecte urbaniste, historien,
chef de projet pour la révision
du Secteur Sauvegardé de
Bordeaux.
8 place Saint Christoly 33000 Bordeaux — 06 20 81 02 32 — contact@renaissancedescites.org
Des maisons en pierre et un vaste hangar métallique, tel était le quartier de la Promenade
Sainte Catherine avant travaux.
Le hangar, c'était le quotidien « Sud Ouest » avec les bureaux de la rédaction et des journalistes,
et surtout l'imprimerie qui en faisait une véritable zone industrielle au cœur de la cité.
Une fois le journal délocalisé sur la rive droite, comment redonner vie à ce quartier ?
C'est le défi devant lequel se sont trouvés la maitrise d’ouvrage, les architectes de l’agence
Valode et Pistre et les pouvoirs publics.
Le choix a été fait de créer un centre commercial, mais pas seulement. Le quartier qui a été
conçu accueille, en outre, ses propres habitants et intègre la construction de plusieurs dizaines
de logements dont des logements sociaux.
Aujourd'hui, ce n'est plus un chantier (l'inauguration a eu lieu en octobre 2015) et le
quartier est désormais fréquenté quotidiennement par des centaines de chalands.
Cette visite est donc particulière. Elle a pour but de découvrir les éléments qu'il a fallu combiner
pour faire de cet ensemble une réussite économique, et au-delà des modes, pour créer un lieu de
vie agréable tant pour les promeneurs que pour les nouveaux habitants.
Nous verrons comment il a été possible d’édifier des immeubles contemporains au sein d'un
patrimoine historique.
Les dirigeants des entreprises Laroche Restauration et BTPierre nous feront également revivre la
période des travaux, dont l'ampleur et la complexité, ont nécessité une implication considérable
des services de sécurité pour l’accès à un quartier nouveau en plein cœur de Bordeaux.
Jeudi 3 mars 2016
Photo: Fanny Brouillet
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Le site de la Promenade Sainte Catherine se situe
en plein cœur historique de Bordeaux. Il est encadré par
deux des rues les plus importantes de la ville, à savoir
la rue Sainte Catherine, rue commerçante et plus longue
rue piétonne d’Europe, et la rue Porte Dijeaux.
La ville antique de Burdigala, s’est construite à partir de
ces deux axes majeurs: le cardo maximus (axe nord-
sud) et le decumanus (axe est-ouest), autour desquels
s’est ensuite développée la ville au cours des siècles.
Ce secteur est également marqué par la présence de
l’ancien port de la ville qui, à l’époque, ne se situait pas
sur la Garonne, mais sur les rives de la Devèze, petite
rivière qui traversait la ville de la Place Pey Berlan à la
rue Margaux et à la rue de la Devise.
Plus récemment, une partie de l’espace de l’actuelle
Promenade Sainte Catherine était investie par les
jardins de l’hôtel de la Tresne.
La construction de l’hôtel de la Tresne, situé au n°8 de la rue de Cheverus, date de 1739. Son
propriétaire, Jean-Baptiste Lecomte (1695-1768), marquis de la Tresne et conseiller au Parlement de
Bordeaux, demande à l’architecte André Portier (1702-1770) d’y construire un hôtel particulier, entre
cour et jardin.
En 1827, l’hôtel est acquis par l’Etat et affecté au logement des archevêques. Jean de Cheverus (1768
-1838), nommé archevêque de Bordeaux en 1826 s’y installera. La rue (anciennement appelée rue
Judaïque) prendra son nom quelques années plus tard.
Son successeur considère le lieu comme insalubre, les jardins étant régulièrement inondés par les
crues de la Devèze, qui n’avait alors pas encore été détournée vers le grand collecteur du cours
Alsace-Lorraine.
En 1859, l’hôtel de Cheverus est acheté par Gustave Gounouilhou (1821-1912), imprimeur
bergeracois, qui y installe les bureaux de son journal « la Gironde », puis, à partir de 1872, « la Petite
Gironde », qui disparait à la Libération en 1944.
La vocation journalistique du lieu perdurera cependant avec la création du journal « Sud Ouest » cette
même année par Jacques Lemoîne (1895-1968). D’abord de petite ampleur, il se développera
considérablement jusqu’à devenir le deuxième quotidien régional français.
Les jardins de l’hôtel particulier (et par la suite quelques unes des parcelles attenantes) ont été
investis par les ateliers d’imprimerie de Gustave Gounouilhou, puis par ceux du journal « Sud
Ouest ». Un vaste hangar métallique accueillait alors des bureaux, les presses rotatives, l’imprimerie
et la cantine pour le personnel.
En décembre 2001, le centre d’impression est transféré quai de Brazza, puis en juin 2009, les
bureaux des collaborateurs du journal sont installés au 23 quai des Queyries, sur la rive droite de
Bordeaux.
Progressivement, les locaux du journal sont abandonnés et mis en vente. Cet emplacement, au cœur
du centre ville est alors prêt à accueillir de nouveaux projets. Tandis que l’hôtel de la Tresne est
réhabilité pour abriter des logements, le hangar sera finalement détruit et remplacé par un nouveau
quartier commerçant, la Promenade Sainte Catherine.
Bibliographie:
FAVREAU Bertrand, Une promenade dans Bordeaux, Les Hôtels Parlementaires, 2013, p.55-56
JEAN-COURRET Ezéchiel (dir.), LAVAUD Sandrine, Bordeaux, Atlas historique des villes de France, 2009
« Adieu Cheverus », supplément du journal « Sud Ouest » du 11 juin 2009
Site internet: Sud-Ouest, Les grandes dates de Sud Ouest, consulté le 22 février 2016
Situaon de la Promenade Sainte Catherine au cœur
du centre ville de Bordeaux.
Image: Agence d’architecture Valode et Pistre
Histoire
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Les fouilles archéologiques
Lorsqu'un nouveau projet d’aménagement est situé dans une zone susceptible de contenir des
vestiges archéologiques (zone définie par un arrêté préfectoral), l’intervention du service régional de
l’Archéologie (SRA) est obligatoire.
Il est chargé de faire un diagnostic permettant la détection d’un patrimoine archéologique, et, dans le
cas échéant, peut demander à ce que soit réalisées des fouilles. Il peut également adresser des
prescriptions à l’aménageur, afin d’assurer la conservation et la sauvegarde d’éventuels vestiges.
Ainsi, le service régional de l’Archéologie a été l’un des acteurs importants du projet de la Promenade
Sainte Catherine.
_______________________________
En 2007, l’entreprise Redevco, spécialisée dans la réalisation de structures commerciales gagne
l’appel à projet lancé par le groupe du journal « Sud Ouest ». Elle s’est adjointe les services du
cabinet des architectes Denis Valode et Jean Pistre.
Le premier permis de construire est déposé en décembre 2009 et sera validé en janvier 2011. Des
ajustements ont, en effet, dû être apportés afin que le programme respecte les lieux faisant partie du
cœur de développement de la ville, et ce dès l’Antiquité.
Les études devaient alors porter sur l’ensemble du terrain mis en vente, soit une surface de près de
5000m2. Face à l’ampleur de cette tâche, il a finalement été déci de réduire les fouilles à quatre
secteurs, de 8m par 4m: deux en bordure de la rue Margaux et deux autres à proximide la rue
Guiraude. Une cinquième zone a été rajoutée lors de la phase des travaux.
Ces zones ont été fouillées sur près de 4m de profondeur, cette distance ne pouvant pas être
dépassée pour des raisons de sécurité.
Ces quelques espaces ont fourni un résultat particulièrement riche en objets archéologiques, ce qui a
permis de valider plusieurs hypothèses scientifiques et historiques concernant les lieux, établies lors
de précédentes campagnes de fouilles du centre ville.
Les sondages archéologiques ont fait état de la présence de l’ancien bassin portuaire de Bordeaux: le
cours de la Devèze et les aménagements du port antique de la ville, aujourd'hui situés sous l’espace
de la Promenade Sainte Catherine.
Plans du centre ville de Bordeaux.
A gauche : Le port anque sur la Devèze — A droite: La ville médiévale enserrée dans ses remparts anques
Le point rouge marque l’emplacement actuel de la Promenade Sainte Catherine.
Plans: Bordeaux, Atlas historique des villes de France, p.43 et p.111
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Les fouilles archéologiques (suite)
Après plusieurs années d’études et de concertations entre l’aménageur immobilier et le service
régional de l’Archéologie, les fouilles ont été réalisées entre septembre et novembre 2012 par le
bureau d’investigations archéologiques Hadès.
Sous les strates plus récentes, les couches médiévales étaient constituées majoritairement de terres,
laissant présumer la présence de jardins. Les couches correspondant à la période du Bas-Empire gallo
-romain ont permis la mise au jour d’objets en tout genre: fragments de céramiques, verres, pièces
de monnaies, objets métalliques... Et d’autres plus insolites, comme une culotte en cuir en excellent
état!
Afin de respecter et de conserver ce sous-sol, important pour l’histoire de la ville, le projet des
architectes a été quelque peu modifié. Les trois niveaux de sous-sols prévus initialement pour une
partie des espaces commerciaux et les parkings souterrains ont été supprimés. Le mode de
construction des bâtiments a été revu. Ces derniers reposent sur des structures dites busées, soit sur
des cylindres étanchéifiés de 21 mètres de profondeur dans lequel est coulé le béton. Ainsi, ce dernier
ne s’infiltre pas dans l’ensemble du sous-sol marécageux et permet de préserver les restes
archéologiques qui s’y trouvent.
Le rapport de ces fouilles est aujourd’hui en cours de finalisation et sera communiqué dans quelques
mois, suivi d’une publication.
Bibliographie:
BARRAUD Dany, REGALDO Pierre, « Bordeaux, un projet immobilier sur les vestiges du port antique », acte
du colloque « L’archéologie préventive, une démarche responsable », 21-22 novembre 2012, Grand
auditorium de la Bibliothèque nationale de France.
FOURMENT Nathalie, « Ilot Sud Ouest, future place Sainte Catherine. Note à l’attention de Redevco sur les
résultats de la fouille d’archéologie préventive », 9 décembre 2013
Murs appartenant à des bâments
des XVIIIe et XIXe siècles.
Photo: Service régional de l’Archéologie.
Maçonnerie inclinée, probablement à mere en
relaon avec les aménagements du port anque.
Photo: Service régional de l’Archéologie.
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La Promenade Sainte Catherine a été inaugurée en octobre 2015 après trois années de
conception et quatre ans de travaux. Elle comprend un centre commercial de 19.000 m2, à ciel
ouvert, dans lequel s’insèrent boutiques, espaces de restauration, mais aussi 9.000 m2 de logements,
le tout autour d’une place centrale.
L’enjeu a été de concevoir ce projet comme un véritable lieu de vie. La mixité des opérations, alliant
surfaces commerciales et logements, contribue à rendre le lieu plus humain.
Il a été pensé comme un espace d’interactions entre habitants et simples visiteurs, entre espace pri
et espace public.
L’élaboration d’un programme évènementiel (en partenariat avec les acteurs locaux) illustre
également cette démarche.
Le défi de ce nouveau projet résulte essentiellement de l’intégration et du respect de ce
nouveau quartier commercial en plein centre ville de Bordeaux, ce que rappelle l’agence
d’architecture Valode et Pistre: « un des enjeux majeurs […] est de produire un projet
authentiquement contemporain qui s’insère dans un contexte urbain et architectural traditionnel et
historique ».
L’histoire du lieu est subtilement évoquée par un jeu de
superposition de références architecturales.
Au sol, le bassin rappelle la Dévèze, rivière historique
autour de laquelle s’est développé le port romain de
Burdigala et qui fera sa renommée.
Les façades de ce premier espace, en moellons et arcs en
briques évoquent l’origine du quartier, avec le
développement de boutiques d’artisans, de forgerons et de
charpentiers durant l’Antiquité et le Moyen Âge.
Au niveau supérieur, les façades blanches en pierres de
taille illustrent le XVIIIème siècle, le siècle d’or de la ville.
Enfin, le dernier étage, composé de logements bardés de
bois, rappelle les préoccupations écologiques actuelles.
Le projet de la Promenade Sainte Catherine
Image de synthèse présentant le projet de la Promenade Sainte Catherine.
Image: Agence d’architecture Valode et Pistre
Vue des diérents niveaux de la
Promenade Sainte Catherine
Photo: Fanny Brouillet
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