Arma virumque. Les coalisés armoricains face à César, 57-56 av.J.-C.
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dans les relations romano-gauloises du poids des à-priori, de l’état des connaissances
géographiques, des flux économiques… L’auteur s’attache ensuite à la présentation des peuples
armoricains qui vont être impliqués dans le conflit (p.25-47) : Vénètes, Osismes, Coriosolites,
Namnètes… sont dominés par une aristocratie guerrière, étayant ses prérogatives par le contrôle de
la production et de la circulation des biens de consommation locaux et importés – l’ensemble de la
région étant en particulier engagée dans d’actifs échanges avec la Bretagne insulaire. Il est dès lors
possible que le dynamisme croissant des marchands romains déjà présents dans le sud de la Gaule
ait nourri, entre autres causes, un climat propice à l’affrontement, dont l’auteur décrit ensuite les
différentes phases (p.49-77). Des malentendus, des excès quant à la livraison d’otages et de blé
servent dans les premiers mois de –56 de prétextes au soulèvement contre Rome des Armoricains
théoriquement soumis par Publius Crassus l’année précédente, lors des campagnes de César contre
les peuples de Belgique. La riposte de celui-ci à la menace représentée par la vaste coalition qui
s’érige est rapide : tandis que ses lieutenants protègent ses flancs, le proconsul marche par voie de
terre sur le pays vénète, menant tout l’été des opérations indécises contre les promontoires barrés
littoraux où les Gaulois se sont réfugiés. C’est finalement sur la mer que se déroule le combat
décisif : menée par Brutus, l’hétéroclite flotte qu’il a fait spécialement construire et réunir vient
s’opposer aux lourds navires des Vénètes et de leurs alliés ; et sa mobilité lui donne finalement la
victoire sur ses adversaires quasi-immobilisés par la chute du vent. Un très court dernier chapitre
(p.79-84) rappelle que des peuples armoricains continueront, de manière épisodique, à participer
aux soulèvements contre Rome jusqu’au terme de la conquête, en 51 av.J.-C. ; mais les sources de
la richesse de leur aristocratie paraissent dès lors pour l’auteur irrémédiablement taries, l’axe
commercial Loire-Bretagne étant en particulier détourné au profit de la voie Rhône-Saône-Seine-
Rhin.
« Chanter les armes et l’homme… »
« Chanter les armes et l’homme… »
Si le sujet traité par l’ouvrage pourrait, à la différence de ceux d’autres fascicules d’Illustoria,
paraître manquer d’originalité, sa lecture laisse finalement une impression très favorable. C’est en
effet un tableau fort complet, tout en restant accessible, qui est tracé par P.Galliou de
l’affrontement : le détail des opérations militaires est bien rendu, et il est appuyé par une
séduisante analyse des conditions politiques, morales, économiques… qui les conditionnent.
L’auteur sait se montrer précis et nuancé, et il appuie son exposé sur une très bonne connaissance
des sources littéraires et archéologiques concernées (on ne s’en étonnera guère), qu’il met
constamment en relation. Encore une fois, les compléments apportés au texte sont de qualité :
cahier central comprenant une trentaine d’illustrations en couleur, pertinentes et auxquelles de
clairs renvois sont faits, chronologie, lexique, présentation concise des lieux à visiter en rapport
avec les événements, bibliographie…
Avec ses dernières parutions de grande qualité, Illustoria semble indéniablement avoir trouvé son
rythme de croisière. Il ne reste qu’à lui souhaiter… bon vent !
Stéphane Moronval ©