Qui osera réhabiliter Beljanski

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Mirko Beljanski dans son laboratoire à Châtenay-Malabry en 1982.
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Qui
osera
réhabiliter Beljanski ?
© The Beljanski Foundation, Inc.
T
raitement du cancer : quatre études
récentes menées aux États-Unis ont
confirmé les résultats obtenus par Mirko
Beljanski. Il est resté vingt-huit ans à
l’Institut Pasteur, mais a été entravé,
persécuté, et l’on a tout fait pour détruire
ses années de recherches et les produits
qu’il avait mis au point. Focus sur ses
découvertes et un scandale à la française.
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Haro
sur le savant
hérétique !
U
n matin d’octobre
1996, une opération
policière d’envergure
nationale est lancée
contre Mirko Beljanski…
Le point d’orgue d’une
carrière marquée par un
véritable harcèlement
institutionnel.
L
e 9 octobre 1996, à 6 heures du matin, une vaste opération policière dont le nom de code est ISA 2 commence. Quatre-vingts
gendarmes et policiers, dont des membres du GIGN (Groupe d’intervention
de la gendarmerie nationale), sont mobilisés près du village de Saint-Prim
(Isère). En quelques minutes, le lieu cible, le laboratoire du docteur en
biochimie Mirko Beljanski, est investi. Dans les locaux, les dossiers, la correspondance, les cahiers d’expérience ainsi que le matériel – matières premières, échantillons pour analyse, ordinateurs, etc. – sont emportés (aucun
procès-verbal des objets et des documents saisis ne sera jamais remis aux
intéressés). Comme une lettre anonyme dénonçait des caches secrètes, les
murs sont auscultés et les caves sondées. Des scellés sont posés partout,
seule une partie du laboratoire reste accessible. Au fur et à mesure de leur
arrivée, les membres du personnel sont arrêtés et interrogés. Certains sont
conduits au dépôt de Vienne pour être interrogés et quelques-uns mis en
garde à vue.
Mirko Beljanski, 73 ans, est arrêté, menotté et conduit à Paris pour être mis
au dépôt. Le même jour et à la même heure, Monique Beljanski, qui se trouve
dans la capitale, reçoit la visite de quatre policiers qui fouillent tout, saisissent des papiers, des documents, du matériel informatique et des gélules.
Dates clés de la vie de Beljanski
M
irko Beljanski est né le 27 mars
1923 à Turija (Yougoslavie) d’un père
mécanicien et d’une mère couturière. Il
obtient une bourse de l’OMS pour poursuivre
ses études, et choisit pour ce faire la France
(il s’y installe en 1945 et obtiendra la
nationalité française en 1966).
En 1948, il entre à l’Institut Pasteur
dans le service de chimie biologique du
professeur Michel Macheboeuf. Il y prépare
sa thèse de doctorat d’État : Étude de
souches bactériennes résistantes à des
antibiotiques ; comparaison avec des
souches sensibles de même espèce.
En 1951, il devient docteur ès sciences et
est engagé comme biologiste et chercheur
au CNRS pour travailler à l’Institut Pasteur.
Au CNRS, il sera successivement : attaché,
maître, directeur de recherche, puis directeur
de recherche honoraire (à sa retraite en
1988).
42
Toujours en 1951, il épouse Monique, fille
du professeur René Lucas. Elle passe un
diplôme de technicienne de laboratoire pour
travailler avec son mari.
Août 1952, décès du professeur
Macheboeuf, qui est remplacé par Jacques
Monod, ce qui marquera le début des
difficultés pour les époux Beljanski.
De 1956 à 1958, Beljanski travaille à
l’université de New York comme chercheur
associé du professeur Severo Ochoa,
Prix Nobel de médecine (1959) pour ses
découvertes sur la synthèse des acides
ribonucléique et désoxyribonucléique.
En 1960, il reçoit avec Roger Monier le prix
Charles-Léopold-Mayer de l’Académie des
sciences de l’Institut de France pour leur
travail sur le rôle de l’ARN dans le processus
de synthèse des protéines.
1971, Jacques Monod devient directeur
de l’Institut Pasteur et le restera jusqu’à
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Le soir, elle est conduite à Fontainebleau dans une petite maison de
campagne, celle de ses parents. Une
lettre anonyme affirmait qu’il s’y
trouvait une unité de fabrication
cachée dans la cave, mais « il n’y
avait que des araignées », commente
Monique Beljanski1, qui fut interrogée toute la nuit, toute la journée
du lendemain et gardée au dépôt de
Créteil la nuit suivante.
Mirko Beljanski à Châtenay-Malabry en 1982.
sa mort en 1976. François Gros lui
succédera jusqu’en 1981.
En 1972, Mirko Beljanski et Pierre
Manigault publient leur découverte sur
la transcriptase inverse de l’ADN.
En 1975-1976, Beljanski met au point
l’Oncotest, qu’il présente en 1979.
En mars 1978, Monique Beljanski (alors
aide-chimiste et bactériologiste au
CNRS), écœurée par la façon dont son
mari est traité (on lui interdit l’accès à
divers services), a une altercation avec
Michel Goldberg, conseiller scientifique
de l’Institut Pasteur. Le lendemain,
l’accès à l’Institut Pasteur lui est interdit
et Mirko Beljanski est sommé de quitter
son laboratoire à la fin du mois.
De 1978 à sa retraite professionnelle
en 1988, Mirko Beljanski travaille au
sein de la faculté de pharmacie de
Châtenay-Malabry, qu’il a rejointe avec
une équipe de quatre personnes, dont
son épouse. On met à leur disposition
deux grandes salles, mais aucun crédit,
si ce n’est les 3 000 francs annuels
alloués par le CNRS.
En 1980, Beljanski met au point un
anticancéreux, le PB-100, issu du pao
pereira.
À partir de la fin de 1986, Beljanski
poursuit ses travaux comme directeur
scientifique du Centre de recherche
biologique (CERBIOL), et il est président
du Centre d’innovations, de recherches
et d’informations scientifiques (CIRIS) à
Saint-Prim dans l’Isère, des laboratoires
privés créés pour son activité.
Mirko Beljanski décède le 27 octobre
1998. Il laisse une œuvre importante
recensée dans 133 publications
scientifiques, la plupart dans des revues
à comité de lecture.
Même les malades…
Toujours ce 9 octobre, une soixantaine de perquisitions et de saisies
sont effectuées simultanément dans
toute la France. La police fait irruption au domicile de malades pour
saisir livres, cassettes, documents,
gélules… Certains patients sont interrogés au commissariat une bonne
partie de la nuit, tel ce malade âgé
de 75 ans, souffrant d’un cancer
(dix-huit ans de recul pour ce premier cas traité par Mirko Beljanski),
et à qui l’on confisque ses gélules
et qu’on relâche en pleine nuit. De
même pour le président de l’association CCS (Collectif cancer sida),
Marc Crouzier, qui, bien que gravement malade du sida, sera détenu
dix heures. Ce type d’expérience est
déjà éprouvant pour des personnes
en bonne santé, que dire pour des
malades !
Quant à Mirko Beljanski, après
48 heures de garde à vue, il est placé
sous contrôle judiciaire, son passeport est confisqué, et il lui est
interdit de parler de ses produits,
de publier des articles scientifiques,
de rencontrer des journalistes, d’assister à des colloques scientifiques,
etc. On demande au couple Beljanski
une caution de 350 000 francs. Mirko
vend ses brevets à sa fille, avocate
aux États-Unis, via Natural Source,
pour payer sa caution. Il assura également ainsi la survivance de ses
brevets.
Parcours d’un combattant
L’opération ISA 2, même si elle est un
épisode déterminant dans la vie de
Beljanski, parce qu’à sa suite le chercheur a déclaré une leucémie myéloïde aiguë dont il décédera deux
ans plus tard, n’a pas été le seul de
ses obstacles. Elle a été précédée de
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décennies de freins et d’empêchements qui ont commencé en 1953,
à l’Institut Pasteur, quand Jacques
Monod devint le supérieur direct de
Beljanski. Que ce soit avec Monod ou
avec François Gros, qui lui succédera
en 1976, et qui est tristement célèbre
pour son rôle actif dans l’affaire du
sang contaminé2, Beljanski a affronté
des restrictions de toutes sortes (en
collaborateurs, en espace, en équipement, en budget, etc.), mais aussi des
intimidations, du chantage, des campagnes de dénigrement, des mises en
accusation, et ainsi de suite. Freiner
sa recherche ne suffisait pas, il fallait aussi étouffer ses résultats ; pire,
les faire disparaître. Le 7 août 1997,
dans la conclusion de son procès-verbal de synthèse3, l’officier de police
judiciaire Kentzinger écrit : « Il serait
souhaitable que les dossiers médicaux
saisis ainsi que les documents relatifs
à ces essais, les courriers des malades,
les fichiers (adhérents-malades) soient
détruits pour éviter une réitération des
faits, mais surtout pour garantir le secret
médical et ainsi respecter la confidentialité de ces renseignements. » Alors que,
comme le fait remarquer Monique
Beljanski4, la fonction de cet officier
« Ce qui est frappant
dans l’œuvre de la justice
française, c’est la volonté
concertée non pas de
faire justice mais de faire
disparaître l’œuvre de
Mirko. »
Monique Beljanski
de police est de veiller à la conservation des preuves, lesquelles étaient
constituées de documents fournis par
les malades eux-mêmes, qui ne sont
nullement tenus au secret médical.
Plus tard, en février 2001 au tribunal
de Créteil, en conclusion d’un procès
pour exercice illégal de la médecine,
la condamnation consistera en 18
mois de prison avec sursis pour Monique Beljanski, deux cent mille francs
d’amende et la destruction des carnets
scientifiques de Mirko Beljanski, ainsi
que des témoignages des malades et
des pièces du dossier d’autorisation de
mise sur le marché (AMM) !
Cependant, le 27 septembre 2002, le
jugement du tribunal d’appel de Paris
annule toutes les poursuites (fraude
sur les produits, fraude fiscale, etc.)
autres que l’exercice illégal de la médecine et de la pharmacie, mais la France
sera condamnée. En effet, le 7 février
2002, la Cour européenne des droits de
l’homme, dans un arrêt rendu à l’unanimité et intitulé « Beljanski contre
France », a condamné cette dernière
pour ne pas avoir respecté un délai
raisonnable qui aurait dû permettre à
Mirko Beljanski de faire reconnaître la
valeur scientifique de ses travaux.
Comme le fait remarquer Monique
Beljanski : « Ce qui est frappant dans
l’œuvre de la justice française, c’est la
volonté concertée non pas de faire justice mais de faire disparaître l’œuvre de
Mirko5. »
Une vie de découvertes
Qu’a donc fait cet homme pour mériter un tel traitement ? Il a, en premier
lieu, découvert la transcriptase inverse de l’ADN chez la bactérie, autrement dit l’ARN6 peut transmettre de
l’information à l’ADN. Mirko Beljanski
et Pierre Manigault7 publient cette
découverte en 19728 alors que Jacques
Monod avait écrit deux ans auparavant dans Le Hasard et la Nécessité : « Il
n’est ni observé, ni d’ailleurs concevable,
que de “l’information” soit jamais transférée dans le sens inverse, c’est-à-dire de
protéine à ADN. Cette notion repose sur un
ensemble d’observations si complètes et si
sûres, aujourd’hui, et ses conséquences
en théorie de l’évolution notamment sont
si importantes, qu’on doit la considérer
comme l’un des principes fondamentaux
de la biologie moderne. » Ce principe
fondamental, Monod ne supportait
pas qu’on le remît en cause. Il fit tant
pour que la trouvaille de Beljanski soit
occultée que c’est à des chercheurs
44
américains, principalement Howard
Temin, que l’on attribue l’entière paternité de cette découverte. Ce dernier a, en effet, découvert quelques
mois avant Beljanski la transcriptase
inverse, mais chez les virus, un organisme plus simple et surtout plus loin
de l’homme que la bactérie. En 1975,
Temin reçoit le prix Nobel de physiologie ou médecine pour sa découverte. Cependant, le 7 décembre 1989,
il publie une note dans la revue Nature
(volume 342, p. 624) pour déclarer
que c’est Mirko Beljanski le véritable
découvreur de la transcriptase inverse. Il faut dire que, si la France ne
voulait rien entendre des travaux du
chercheur, ils recevaient à l’étranger
un bel accueil, notamment aux ÉtatsUnis et au Japon…
Deuxième pavé dans la mare
Alors que les recherches sur le cancer étaient cloisonnées, chaque
chercheur restant dans sa spécialité,
et se portaient sur les variations de
séquençage de l’ADN, Beljanski prit
une voie différente. Avec son équipe,
il a d’abord rassemblé, pour les comparer, une vaste gamme d’ADN de
cellules saines et de cellules cancéreuses provenant de plantes, d’animaux et d’humains. En analysant les
ADN sains et les ADN cancéreux de
cellules provenant de tissus de même
catégorie (poumon sain/poumon
cancéreux, etc.), il fit une constatation d’importance : tous les ADN
cancéreux, quelle que soit leur provenance (humaine, animale ou végétale), sont, comme Beljanski l’a qualifié, « déstabilisés », car beaucoup
des liaisons hydrogène qui maintiennent entre elles les hélices de
l’ADN sont rompues sur une certaine
longueur. De ce fait, des portions
de brins d’ADN simple se retrouvent
à nu, exposées à toutes sortes de
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Complexe enzymatique de réplication
1 molécule
d’ADN
2 molécules
d’ADN
identiques
nucléotides précurseurs
Schéma de réplication d’ADN
molécules, étrangères ou produites
par l’organisme, qui accentuent la
déstabilisation. Cette accentuation de
la déstabilisation constitue la première étape de la cancérisation de
la cellule ou peut mener à d’autres
maladies. Il faut comprendre que
Beljanski a découvert que la différence entre ADN sain et cancéreux
ne réside pas nécessairement dans
une mutation de la séquence de la
chaîne des nucléotides (la structure
primaire, qui forme les hélices de
l’ADN), mais dans une déstabilisation
des liaisons entre deux nucléotides se
faisant face dans chacune des hélices
(la structure secondaire).
Un test innovant
Beljanski constate également qu’un
ADN déstabilisé ne donne naissance
qu’à des ADN déstabilisés, mais surtout qu’il se reproduit beaucoup
plus vite. En effet, les agents déstabilisants, en écartant les brins d’ADN,
exposent des zones d’initiation normalement inactives, multipliant les
occasions de réplication. C’est ainsi
que Beljanski met au point un nouveau test, l’Oncotest, qu’il présente
en 19799 et qui est radicalement différent du test en vigueur d’Ames.
Jusqu’au début des années 70, le seul
moyen dont on disposait pour évaluer le potentiel cancérogène d’une
substance consistait en des tests sur
Alors que les recherches
sur le cancer étaient
cloisonnées, chaque
chercheur restant dans sa
spécialité, et se portaient
sur les variations de
séquençage de l’ADN,
Beljanski prit une voie
différente.
les animaux (longs, coûteux et difficilement extrapolables à l’homme). En
1973, Bruce Ames, de l’université de
Californie (Berkeley, États-Unis), met
au point un test biologique fondé sur
l’idée, dominante à l’époque, que les
cancers provenaient d’une mutation
génétique qui transforme un ADN
normal en ADN tumoral. Cependant,
Ames lui-même s’était rendu compte
que 20 % des cancérogènes connus
ne sont pas mutagènes. Le test de
Beljanski, qui ne se fonde pas sur la
mutagenèse des cancérogènes, mais
sur la cancérogenèse elle-même, permet de détecter tous les types de
cancérogènes. Sur le plan pratique,
ce test consiste à comparer la réplication in vitro de l’ADN de cellules
saines et de cellules cancéreuses d’un
organe de même type en présence de
la substance à tester. Si le produit est
cancérogène, la réplication de l’ADN
cancéreux se fait cinq à dix fois plus
rapidement que celle de l’ADN sain.
Ce test, outre sa rapidité (deux à
quatre heures contre une semaine
environ pour le test d’Ames) et le peu
de produits qu’il nécessite, est très
sensible. Il peut déceler un centième
de microgramme d’aflatoxine B1, un
dangereux cancérogène capable de
provoquer des cancers du foie, et
pointe des substances (méthionine,
actinomycine D ou bléomycine) qui
sont identifiées comme cancérogènes par les tests sur l’animal, mais
échappent à celui d’Ames. Il a également confirmé que les hormones stéroïdes, qui ne donnent pas de réponse
positive dans le test d’Ames, peuvent,
quand elles sont présentes en quantités supérieures aux taux physiologiques, se comporter comme des cancérogènes vis-à-vis de leurs organes
cibles (sein ou ovaire, par exemple) ;
il indique également si une molécule est « neutre » (elle n’agit
pas sur la réplication de l’ADN) ou
toxique tout en étant non cancérogène (elle inhibe alors l’action de
l’ADN polymérase10, ce qui stoppe
la réplication). Ce test n’a pourtant
pas retenu l’attention des laboratoires parce qu’il détecte trop de
toxiques, ce qui est risqué pour les
intérêts de trop nombreuses industries, y compris pharmaceutiques.
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Jamais deux sans trois
Beljanski ne s’arrête pas là. Après
avoir lu dans une revue scientifique
un article dans lequel deux chercheurs rapportaient avoir trouvé des
traces d’oligonucléotides (ARN très
courts) sur les molécules d’ADN venant d’achever leur réplication, le
chercheur se dit que la présence de
ces ARN-fragments est probablement
utile à la réplication de l’ADN. C’est
ainsi qu’il montre que le segment
terminal de l’ARN-fragment est déterminant pour catalyser la duplication d’ADN et qu’il met au point
la fabrication, à partir de la bactérie
Escherichia coli K-12 (non pathogène et
hôte de l’intestin humain), de petits
fragments d’ARN (sous le nom de RLB
– pour Remonte leucocytes Beljanski
– ou Real Build) capables d’amorcer
la synthèse des globules blancs et des
plaquettes tels qu’en produit un corps
En 1994, François
Mitterrand, bien que
déjà très affaibli par son
cancer de la prostate,
son opération et ses
traitements, commence
à prendre du PB-100. Il
pourra, avec les forces
retrouvées, aller jusqu’au
bout de son mandat, et
même un peu au-delà.
Mitterrand, le plus célèbre patient à avoir opté pour le traitement de Beljanski.
46
en bonne santé11. Ce produit s’avéra très efficace pour restaurer les
défenses des patients immunodéprimés ou pour rétablir la formulation
sanguine des malades sous chimiothérapie et radiothérapie. L’Institut
Mérieux travailla quatre ans avec
Beljanski sur les ARN-fragments RLB,
mais la fusion entre l’Institut Mérieux
et l’Institut Pasteur sonna le glas de
cette collaboration, alors qu’un bref
essai clinique avait déjà eu lieu12.
Anticancéreux non toxiques
Depuis longtemps, Beljanski traque
les molécules anticancéreuses. En
toute logique, il s’était dit que si
des substances stimulent sélectivement la réplication des ADN cancéreux, il doit exister des molécules
qui les inhibent et empêchent leur
réplication… tout aussi sélectivement.
Grâce à l’Oncotest, Beljanski trouve
effectivement des anticancéreux
dans deux plantes : Rauwolfia vomitoria (une plante à fleurs d’Afrique)
et pao pereira (un arbre d’Amazonie).
En 1980, il met au point le PB-100
(actuellement Pao V FM), issu du pao
pereira, dont une molécule (la flavopéréirine) possède, en plus d’un pouvoir
anticancéreux, un pouvoir antiviral
sur les virus dont le génome est un
ARN (le VIH, par exemple). Cette molécule est également capable de franchir la barrière hémato-encéphalique
pour agir uniquement sur les cellules
cancéreuses. En 1994, François Mitterrand, bien que déjà très affaibli par
son cancer de la prostate, son opération et ses traitements, commence
à prendre du PB-100. Il pourra, avec
les forces retrouvées, aller jusqu’au
bout de son mandat, et même un
peu au-delà. L’existence de cet illustre
malade protégera un temps Beljanski
de toute attaque.
Bien que les travaux de Beljanski aient
démontré l’absence de toxicité de ses
produits, on lui rétorqua qu’un médicament non toxique ne pouvait être
efficace. Dans cette ligne, en 1989,
Claude Evin, ministre de la Solidarité
et de la Santé, a écrit à propos des
produits de Beljanski : « Il faut savoir
que tout médicament efficace a des effets
secondaires. Il n’y a absolument aucune
exception à cette règle13. » Qu’il soit possible de photographier et de filmer la
flavopéréirine ou l’alstonine (extraite
de Rauwolfia), naturellement fluorescentes, pénétrant dans le noyau et
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les nucléoles des cellules cancéreuses
alors qu’elles n’entrent pas dans les
cellules saines14 n’infléchissait pas les
certitudes de tout ce beau monde.
Cette sélectivité a des explications
biochimiques. L’une d’elles est que
la flavopéréirine et l’alstonine sont
des alcaloïdes qui possèdent un azote
chargé positivement et un azote chargé négativement, ce qui leur donne
la capacité de reconnaître la majorité des cellules cancéreuses, dont la
membrane est chargée négativement,
alors que la membrane des cellules
saines est très généralement chargée
positivement.
Résister aux rayons
Le ginkgo biloba appartient à la plus
ancienne famille d’arbres connue. Il
serait apparu il y a plus de 270 millions
d’années en Chine. Au Japon, il y avait
des ginkgos biloba à Hiroshima et
Nagasaki. Après avoir été détruits, ces
arbres ont repoussé spontanément.
Leurs racines avaient donc résisté aux
rayons. Beljanski démontra que certaines des molécules du ginkgo biloba
à feuilles dorées, différent des extraits
traditionnels de ginkgo vert, étaient
des régulateurs des enzymes cellulaires et des initiateurs du processus
naturel de réparation15, contrecarrant
ainsi le dérèglement des enzymes induit par des situations de stress cellu-
Ginkgo biloba à feuilles dorées.
Bien que les travaux
de Beljanski aient
démontré l’absence de
toxicité de ses produits,
on lui rétorqua qu’un
médicament non toxique
ne pouvait être efficace.
laire, comme lors d’une radiothérapie.
Grâce à un contrat avec l’armée, qui a
demandé à Beljanski de ne pas publier
sur le sujet (secret défense !), Mirko
put également étudier l’effet des radiations et de la radioprotection, et
il démontra que les ARN-fragments
(Real Build) et un extrait du ginkgo
biloba à feuilles dorées permettent
de se prémunir en grande partie des
effets nocifs des radiations (effet préventif et curatif)… ⚗
Kim-Anh Lim
Notes
1. Beljanski Monique, Mirko Beljanski, Chronique d’une « fatwa » scientifique, Guy
Trédaniel Éditeur, 2003, p. 206.
2. Le 9 mai 1985, François Gros – qui n’est plus directeur de l’Institut Pasteur (depuis
1981), mais conseiller du Premier ministre Laurent Fabius – demande, lors d’une
réunion interministérielle qu’il préside à Matignon, de retarder au Laboratoire national
de la santé l’enregistrement du test de dépistage du VIH de l’entreprise pharmaceutique
étasunienne Abott (histoire de permettre la finalisation du test Élisa, de Sanofi
Diagnostics-Pasteur). Cet enregistrement sera accordé le 23 juillet 1985, soit sept mois
après la demande du laboratoire étasunien (déposée le 8 janvier 1985). Sept mois
durant lesquels les contaminations se poursuivront au rythme de cent à deux cents par
mois selon les estimations de l’Institut national de veille sanitaire.
3. Procès-verbal de synthèse numéro 470/96, en date du 7 août 1997, rédigé
par l’officier de police judiciaire Kentzinger, chargé de la commission rogatoire nº
215/11/1994.
4. Beljanski Monique, op. cit., p. 218.
5. Idem, p. 216.
6. L’ARN, l’acide ribonucléique, est une molécule présente chez pratiquement tous les
êtres vivants, y compris certains virus. L’ARN est très proche chimiquement de l’ADN et
il est d’ailleurs en général synthétisé dans les cellules à partir d’une matrice d’ADN dont
il est une copie. Les cellules vivantes utilisent en particulier l’ARN comme un support
intermédiaire des gènes pour synthétiser les protéines dont elles ont besoin.
7. Pierre Manigault (1906-1996), biologiste français, fut chef de laboratoire, puis chef
du service de microphotographie et d’oncologie végétale de l’Institut Pasteur (19481973) avant de travailler au laboratoire CNRS de physiologie cellulaire végétale de
Gif-sur-Yvette (1976-1994).
8. M. Beljanski, P. Manigault, « Genetic transformation of bacteria by RNA and loss
of oncongenic power properties of Agrobacterium tumefaciens. Transforming RNA
as template for DNA synthesis », Sixth Miles International Symposium on Molecular
Biology. Éd. F. Beers and R.C. Tilghman. The Johns Hopkins University Press, Baltimore,
1972, p. 81-97.
9. M. Beljanski, « Oncotest: a DNA assay system for the screening of carcinogenic
substances ». IRCS Medical Science, 1979, 7, p. 476.
10. L’ADN polymérase est un ensemble d’enzymes qui participe à la réplication
de l’ADN, c’est-à-dire à la copie des chromosomes. L’ADN polymérase intervient
pour produire deux molécules identiques à la molécule de départ, mais elle ne
peut qu’ajouter des nucléotides (molécules qui constituent la base de l’ADN) en
complémentarité de ceux déjà existants. Elle est incapable de créer à elle seule un brin
d’ADN.
11. M. Beljanski, M. Plawecki, P. Bourgarel, M. S. Beljanski, « Nouvelles substances
(R.L.B.) actives dans la leucopoïese et la formation des plaquettes », Bull. Acad. Nat.
Med., 1978, 162, volume n° 6, p. 475-781, et M. Beljanski, « Overview: BLRs as
Inducers of In Vivo Leucocyte and Platelet Genesis ». Deutsche Zeitschrift für Onkologie,
24, 2, 1992, p. 41-46.
12. D. Donadio, R. Lorho, J. E. Causse, T. Nawrocki, M. Beljanski, « RNA Fragments
(RLB) and Tolerance of CytostaticTreatments in Hematology: A Preliminary Study about
Two Non-Hodgkin Malignant Lymphoma Cases ». Deutsche Zeitschrift für Onkologie,
23, 2, 1991, p. 33-35.
13. Beljanski Monique, Mirko Beljanski, Chronique d’une « fatwa » scientifique, Guy
Trédaniel Éditeur, Annexe n° 21, page 260.
14. Toute modification de liaison chimique induit une modification du spectre
d’absorption de la lumière visible ou ultraviolette. Le docteur en biochimie qu’est
Beljanski sait cela. S’appliquant à mettre en évidence ce point, il constate que l’ADN
d’une cellule déstabilisée a une absorption de l’ultraviolet plus élevée de 30 % que
celle de l’ADN d’une cellule saine. Cette hyperchromaticité permet de suivre l’évolution
des cellules cancéreuses ou de distinguer les cellules cancéreuses des cellules saines.
15. J. E. Causse, T. Nawrocki, M. Beljanski, « Human Skin Fibrosis RNase Search for
a Biological Inhibitor-Regulator ». Deutsche Zeitschrift für Onkologie, 26, 5, 1994, p.
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recherche/cancer
La recherche continue
et confirme
les résultats
S
E
n mai 2014, une étude, la quatrième
publication de la collaboration scientifique
entre le centre médical de l’université du Kansas
(University of Kansas Medical Center, États-Unis)
et la Fondation Beljanski – qui, pour toutes les
expériences dont nous allons parler ici, fournit les
gélules manufacturées par Natural Source LTd. (il
existe de nombreuses contrefaçons) – confirme les
recherches de Mirko Beljanski et les approfondit1.
Cellules humaines
Cette étude porte sur l’efficacité de l’extrait de
Rauwolfia vomitoria (sans réserpine2) in vitro et in vivo
sur les cellules cancéreuses du pancréas, « l’une des
malignités les plus létales, avec des possibilités de traitement
très limitées ». Elle met en lumière l’efficacité sélective
de l’extrait de Rauwolfia vomitoria employé seul ou
en synergie avec la gemcitabine, la chimiothérapie
privilégiée du cancer du pancréas, et l’innocuité de cet
extrait sur les cellules saines.
« La gemcitabine, en tant qu’agent unique, reste le traitement
de première ligne du cancer du pancréas métastatique, liton dans le rapport d’étude. La gemcitabine est efficace
à des stades précoces de la maladie. Toutefois, elle a peu
d’impact sur la survie globale moyenne pour les patients
ayant une maladie localement avancée ou métastatique. »
Pour cette étude, quatre groupes de souris
auxquelles on avait greffé des cellules humaines du
pancréas résistantes à la gemcitabine ont été traités
respectivement avec une solution saline – pour le
groupe de contrôle –, la gemcitabine seule, l’extrait de
Rauwolfia seul et l’association gemcitabine et extrait
de Rauwolfia. Le résultat est sans appel : à l’autopsie,
la gemcitabine seule n’a abouti à aucune réduction du
poids des tumeurs. Le Rauwolfia seul, avec une dose
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©T he Beljanski Foundation, Inc.
i la France néglige
les découvertes de Mirko Beljanski, les États-Unis
se font un plaisir de vérifier l’efficacité et l’innocuité
des substances qu’a mises
au point le chercheur.
quotidienne de 20 mg/kg, a entraîné une diminution
du poids de la tumeur de 53 %, et de 46 % avec une
dose quotidienne de 50 mg/kg ; l’association Rauwolfia
(utilisé avec les 2 dosages) et gemcitabine a diminué le
poids de la tumeur de 56 %.
Pas de métastases
Plus intéressant encore, chez deux souris (sur huit) du
groupe ayant reçu 50 mg/kg de Rauwolfia associé à la
gemcitabine, les tumeurs ont complètement régressé.
Cela n’a été observé dans aucun des trois autres
groupes.
De plus, 12 % des souris du groupe de contrôle
(traité avec une solution saline) et du groupe ayant
reçu 20 mg/kg de Rauwolfia n’ont pas développé de
métastases, alors que toutes les souris du groupe
traité avec la gemcitabine en ont développé. Avec
une dose de 50 mg/kg de Rauwolfia utilisé seul ou en
combinaison avec la gemcitabine, le pourcentage de
souris sans métastases a augmenté de 40 %. De plus,
chez l’ensemble des souris, aucune toxicité associée
aux traitements n’a été observée sur des organes
comme le rein, le foie et la rate, que ce soit avec
Rauwolfia vomitoria utilisé seul ou en combinaison avec
la gemcitabine.
Des résultats toujours positifs
Un an auparavant, une autre équipe s’était également
penchée sur le cancer du pancréas, mais avec l’extrait
de pao pereira in vitro et in vivo3. Les résultats ont
montré que l’extrait de pao pereira supprime la
résistance des cellules cancéreuses au traitement par
gemcitabine et permet d’administrer cette dernière
à doses inférieures, donc moins toxiques (la même
chose a été constatée avec l’extrait de Rauwolfia sur
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cancer/recherche
Récolte du pao pereira en Amazonie.
le cancer du pancréas). Pao pereira
a réduit jusqu’à 72 % la croissance
tumorale. Tout cela conforte une
précédente recherche de 2012
mettant en évidence l’efficacité et
l’innocuité des extraits de pao pereira
et Rauwolfia vomitoria in vitro sur
les cellules de cancers du pancréas
et de l’ovaire4. Il résultait que ces
deux extraits végétaux inhibaient
les cellules cancéreuses, même
chimiorésistantes.
Pour l’homme et la femme
Plusieurs études ont été menées par
des universités étasuniennes sur le
cancer de la prostate. La dernière en
date5, en 2013, montre que l’extrait
de pao pereira est non seulement
efficace sur les cellules cancéreuses
de la prostate qui sont devenues,
avec le temps et les traitements,
résistantes aux anti-hormones, mais
qu’il agit sur un centre de contrôle
régulant la survie, la prolifération et
l’invasion cellulaire.
Tout comme le cancer du pancréas,
le cancer de l’ovaire est souvent
diagnostiqué tardivement, et il est
difficile à traiter. Les chercheurs
du Kansas University Medical
Center (États-Unis) ont étudié le
pouvoir anticancéreux de l’extrait
de Rauwolfia vomitoria sur ce cancer.
Leur étude a été publiée en novembre
20136. Elle fait état de l’efficacité
du Rauwolfia vomitoria seul et en
combinaison avec le carboplatine,
une molécule très toxique employée
pour traiter le cancer des ovaires.
Utilisé en synergie, il diminue de
87 à 90 % la taille des tumeurs chez
l’animal. Le pao pereira est également
efficace contre ce cancer7. In vivo,
utilisé seul, il diminue la croissance
tumorale de 79 % et le volume de
l’ascite (accumulation de liquide
dans l’abdomen) de 55 %. Quand il
est associé à une chimiothérapie,
l’inhibition de la tumeur atteint 97 %
et l’ascite disparaît complètement.
D’autres études du même ordre,
qui confirment notamment la
synergie que Beljanski a trouvée,
dès 19868, entre ses extraits et les
chimiothérapies classiques, sont
disponibles en ligne9.
Que vive l’immunité !
Le centre de traitement du cancer de
Chicago (Cancer Treatment Centers
of America - CTCA) a réalisé un essai
clinique avec les ARN-fragments
Beljanski (Real Build®) sur des patients
cancéreux sous chimiothérapie.
Grâce à ces ARN-fragments, ces
malades ont recouvert leur immunité
et sont parvenus à supporter des
protocoles thérapeutiques lourds10.
Le CTCA a testé deux types de
fragments d’ARN : les fragments
d’ARN d’Escherichia coli K-12
méthode Beljanski, et ceux obtenus
à partir de levure. Les fragments
à base de levure ne conduisent à
aucune augmentation du nombre de
plaquettes, contrairement au Real
Build, qui entraîne en quelques
heures une hausse spectaculaire du
nombre de plaquettes et de globules
blancs après la baisse induite par la
chimiothérapie.
Un grand gaspillage
Au vu de ces résultats, outre le
préjudice pour les malades dont
le nombre ne cesse de croître, on
comprend que la politique française
en matière de médicaments
mériterait un sérieux coup de balai,
notamment parce que, comme
le souligne Monique Beljanski,
« trop de passerelles ont été jetées
entre le monde de l’argent (industrie
pharmaceutique), le monde politique et
le monde scientifique11 ». Comprenonsnous bien, il ne s’agit pas ici de faire
l’apologie des produits Beljanski, mais
de mettre en lumière un scandale
– car c’en est un – scientifique. Or,
il est impossible de le faire sans
parler du scientifique, de ses
travaux et de ce qui en a résulté. Les
détracteurs de Beljanski passent sous
silence ses années de recherches,
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recherche/cancer
ses distinctions, ses découvertes,
affirment qu’il n’a rien publié, que
ses travaux n’ont pas été validés (en
avançant la fameuse étude de l’ANRS,
l’Agence nationale de recherche
sur le sida12) ou que ses produits
sont interdits en France (ce qui est
faux). Si des expertises financières
ont été lancées, c’est parce qu’il ne
se trouvait pas de malade pour se
plaindre de ces produits. Certes, il
y a exercice illégal de la médecine
et de la pharmacie, mais comment
dire non à des médecins qui ont
eu vent des résultats de Beljanski
et lui ont demandé de ses gélules ?
De plus, Beljanski n’avait rien d’un
charlatan. Le docteur en biochimie
qu’il était, travaillant sur les tissus
cancéreux depuis des décennies,
savait ce qu’il faisait. Bref, comme le
déplore la veuve de Mirko Beljanski,
qui fut aussi sa collaboratrice la
plus proche, la France a payé par
le truchement du CNRS les salaires
des deux chercheurs pendant des
années, mais ils ont dû s’exiler aux
États-Unis pour pouvoir développer
leur travail. « Je trouve ça ubuesque et
vraiment triste et dommage », regrettet-elle dans une interview13.
Quel avenir ?
Nous avons voulu savoir si un
quelconque organisme de santé ou de
recherche français s’intéressait aux
études faites aux États-Unis sur les
extraits de Beljanski. Les réponses
et les silences n’augurent rien de
Nous avons voulu
savoir si un quelconque
organisme de santé ou
de recherche français
s’intéressait aux études
faites aux États-Unis sur
les extraits de Beljanski.
Les réponses et les
silences n’augurent rien
de bon.
Rauwolfia vomitoria
bon. Parmi les silencieux, on trouve
l’Institut Pasteur ou l’Oncopole de
Toulouse. Quant aux réponses, le
CNRS nous a dit que, pour ce sujet
très médical, nous devions nous
orienter vers d’autres organismes
plus axés « recherche médicale ».
Quant à l’Institut national du cancer,
il nous a, entre autres choses,
expliqué qu’un certain nombre de
chimiothérapies anti-cancéreuses
sont issues d’extraits de plante et
qu’une plante ait éventuellement
une activité anti-cancéreuse et soit
utilisée en chimiothérapie n’est pas
une nouveauté. De plus, « afin de ne
pas donner de faux espoirs aux patients
et à leurs familles, l’Institut national du
cancer est toujours prudent face à des
annonces faites par des chercheurs ou des
industriels alors que nous sommes encore à
des phases très précoces du développement
de ces nouveaux traitements ». De toute
évidence, l’autorité anonyme auteur
de ce message, transmis par Florence
Priolet, la responsable presse, ne
connaît pas les travaux de Beljanski,
sinon parlerait-elle de « phase très
précoce du développement ». Bref, mieux
vaut que les malades ne comptent que
sur eux-mêmes, et pour ceux et celles
qui n’ont pas les moyens financiers,
la famille et les amis cotiseront de
bon cœur si on le leur propose ; qui
10, 20 ou 50 euros par mois. Une
belle application de financement
participatif. ⚗
Kim-Anh Lim
Notes
1. Jun Yu, Qi Chen, « Antitumor Activities of Rauwolfia vomitoria Extract and
Potentiation of Gemcitabine Effects Against Pancreatic Cancer », University
of Kansas Medical Center, Kansas City, KS, USA, avril 2014.
2. La réserpine, présente dans le rhizome et la racine de Rauwolfia, est
à faible dose un hypotenseur et, à plus forte dose, un apaisant utilisé en
psychiatrie pour les cas de manie, de névrose, d’anxiété et d’obsession.
3. Jun Yu, Jeanne Drisko, Qi Chen, « Inhibition of pancreatic cancer and
potentiation of gemcitabine effects by the extract of Pao Pereira », Oncology
Reports Journal (doi : 10.3892/or.2013.2461), mai 2013.
4. Jun Yu, Jeanne Drisko, Qi Chen. « Anti-cancer activity of extracts from
Rauwolfia vomitoria and Pao Pereira », International Research Congress on
Integrative Medicine and Health 2012, Portland, Oregon, USA. 15-18 mai
2012.
5. Cunjie Chang, Wei Zhao, Bingxian Xie, Yongming Deng, Tao Han,
Yangyan Cui, Yundong Dai, Zhen Zhang, Jimin Gao, Hongqian Guo, and
Jun Yan, « Pao pereira Extract Suppresses Castration-Resistant Prostate Cancer
Cell Growth, Survival and Invasion Through Inhibition of NFkB Signaling »,
Integrative Cancer Therapies 2013, Vol XX(X) 1–10.
6. Jun Yu, Yan Ma, Jeanne Drisko, Qi Chen, « Antitumor Activities of
Rauwolfia Vomitoria Extract and Potentiation of Carboplatin Effects Against
Ovarian Cancer », Current Therapeutic Research, volume 75, p. 8-14,
décembre 2013.
7. Jun Yu, Qi Chen, « The plant extract of Pao pereira potentiates
carboplatin effects against ovarian cancer », Department of Pharmacology,
Toxicology and Therapeutics, KU Integrative Medicine, University of Kansas
Medical Center, Kansas City, KS, USA, août 2013.
50
8. M. Beljanski, M. S. Beljanski, « Three Alkaloids as Selective Destroyers of
Cancer Cells in Mice. Synergy with Classic Anticancer Drugs », Oncology,
43, 1986, p. 198-203.
9. « La recherche continue », sur beljanski.org.
10. Robert D. Levin, MaryAnn Daehler, James F. Grutsch, John L. Hall,
Digant Gupta and Christopher G Lis, « Dose escalation study of an
anti-throbocytopenic agent in patients with chemotherapy induced
thrombocytopenia », BMC Cancer, 2010.
11. Beljanski Monique, Mirko Beljanski, Chronique d’une « fatwa »
scientifique, Guy Trédaniel Éditeur, p. 68 et 69.
12. En 1993, Jean-Paul Lévy, directeur de l’ANRS (Agence nationale de
recherche sur le sida), demande que soient effectuées des recherches sur
les propriétés antivirales du PB-100. Les recherches sont placées sous la
responsabilité de plusieurs professeurs de l’Inserm de Marseille. Plusieurs
laboratoires publics implantés à Strasbourg et à Paris sont également
mobilisés. Le rapport, non signé (!), est remis le 16 juin 1994 et le résultat
est catastrophique : non seulement le PB- 100 est totalement inefficace sur le
VIH, mais il est toxique et sa sélectivité faible. Le produit avait été manipulé
par les prétendus experts de l’ANRS, et leur rapport tellement bâclé que
des malades portèrent plainte contre l’ANRS pour faux, usage de faux et
trafic d’influence ! Une contre-expertise réalisée avec le même lot de produit
au service de virologie de l’armée américaine à Washington (Walter Reed
Army Institute of Research) montre que le PB-100 inhibe in vitro des souches
de VIH sensibles ou fortement résistantes à l’AZT.
13. Interview de Monique Beljanski sur Égalité et Réconciliation,
5 septembre 2014.
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Interview
cancer/recherche
Monique Beljanski :
© The Beljanski Foundation, Inc.
« L’industrie pharmaceutique
trouve plus lucratif de ne s’occuper
que de ses propres molécules » 
Monique Beljanski en 2014.
M
onique Beljanski, scientifique elle-même, fut la fille du professeur
René Lucas1 et l’épouse de Mirko Beljanski, dont elle a été la
plus proche collaboratrice. Aujourd’hui, à plus de 80 ans, elle continue à
répondre inlassablement à toutes les sollicitations relatives aux travaux
de son mari, avec précision, sans éluder une question et, loin de toute
polémique, sans chercher à convaincre qui que ce soit.
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recherche/cancer
À l’heure actuelle, je pense qu’ils ne
souhaitent toujours pas utiliser ce
test, et c’est bien regrettable.
© The Beljanski Foundation, Inc.
Y a-t-il des recherches en cours ?
Absolument ! À ce jour, elles portent
essentiellement sur le glioblastome.
C’est le cancer du cerveau le plus fréquent chez l’enfant, et le plus agressif. Comme vous le savez peut-être,
Mirko Beljanski a montré que son
extrait de pao pereira, outre son pouvoir anticancéreux et antiviral, était
capable de franchir la barrière hémato-encéphalique pour agir contre
les cellules cancéreuses, en synergie
avec les traitements classiques. Pour
l’instant, je ne peux vous en dire
plus.
Mirko Beljanski avec Monique Beljanski en 1982.
Nexus : Est-ce que les études étasuniennes de ces dernières années ont
suscité des réactions ou un intérêt
de la part de laboratoires ou d’organismes de santé français ?
Monique Beljanski : Sylvie, ma fille,
qui vit aux États-Unis, a été invitée
dans plusieurs manifestations professionnelles à New York, en Californie et ailleurs, mais rien n’est venu
de la France. D’ailleurs, nous ne sollicitons personne non plus. Les seuls
contacts que nous avons en France
viennent de médecins ou de naturopathes qui s’intéressent aux travaux
de Mirko.
Est-ce que l’Oncotest est utilisé dans
d’autres laboratoires que le vôtre, et
quelles sont ses limites ?
Les limites de l’Oncotest sont celles
de tous les tests in vitro. Cela dit, il
n’est jamais arrivé qu’une substance
révélée comme anticancéreuse avec
l’Oncotest ne le soit pas in vivo. Le
brevet étant désormais périmé, il est
publié et accessible sur Internet2. Au
début, nous avions pensé que ce test
pouvait intéresser les laboratoires
qui s’en serviraient comme gage de
qualité et d’innocuité de leurs produits, mais on nous a ri au nez !
52
Dans un premier temps,
nous proposons aux
patients de recommander
une formation à leur
médecin référent si celuici ne connaît pas notre
approche.
Justement, les dernières études publiées visaient le pouvoir anticancéreux des produits Beljanski, mais
qu’en est-il de leur pouvoir antiviral ? À l’époque, vous avanciez que
vos extraits étaient efficaces sur le
VIH, mais aussi sur l’herpès ou la
grippe.
Effectivement, à l’époque de l’affaire
du sang contaminé, nous avions fait
état du pouvoir antiviral du PB-100
(actuellement Pao V FM). Et cela
avait été confirmé sur de nombreux
malades atteints du VIH ou de l’hépatite C. Mais l’industrie pharmaceutique trouve plus lucratif de ne
s’occuper que de ses propres molécules. Les trithérapies sont un net
progrès par rapport à ce qu’était
l’AZT, mais il y a encore des effets secondaires. L’association avec le Pao
V FM permet encore un net progrès.
Nos moyens étant très limités, nous
consacrons l’essentiel de nos efforts
au cancer et aux maladies dégénératives. Il n’y a donc pas d’autres
études en cours.
Comment trouver en France les
médecins qui emploient les produits
Beljanski ?
Dans un premier temps, nous proposons aux patients de recommander
une formation à leur médecin référent si celui-ci ne connaît pas notre
approche. Des formations en ligne
sont d’ailleurs dispensées à de plus
en plus de professionnels de santé.
Autrement, les patients peuvent envoyer un e-mail à Natural Source International. Nous ne diffusons pas de
liste, mais quand une demande nous
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cancer/recherche
est faite, nous pouvons indiquer un
médecin formé et exerçant dans la
région du demandeur.
Certaines personnes
profitent de la bonne
réputation de nos
produits pour distribuer
des produits de bien
moindre qualité.
Compte tenu de vos résultats thérapeutiques, j’imagine que vos ventes
sont en constante augmentation.
Est-il envisageable qu’une production plus importante puisse conduire
à une diminution des prix ? La crise
aidant, de plus en plus de malades
n’ont pas les moyens de s’offrir ce
traitement.
Les produits Beljanski, manufacturés
aux États-Unis, ne sont pas chers en
valeur absolue, mais ils le sont par
rapport à tous les produits qui bénéficient des subventions d’État. La fabrication de ces produits, complexe,
requiert de nombreuses interventions : achat de matières premières,
transport, extractions, contrôles
qualité, conditionnement, etc. Auxquelles s’ajoutent tous les coûts inhérents à la vie normale d’une entreprise. Les marges de Natural Source
International sont bien inférieures
aux standards de l’industrie pharmaceutique. La recherche continue
aussi, et nécessite des fonds.
Y a-t-il un point que vous auriez
aimé aborder ?
Oui, il y a aussi une découverte
de Mirko dont on parle peu parce
qu’elle n’a pas trait à la maladie, mais
touche l’évolution : la synthèse de novo3 d’un ADN. Normalement, toutes
les duplications d’ADN ou d’ARN que
l’on fait en laboratoire sont comme
des photocopies. On a une matrice
ADN ou ARN, que l’enzyme duplique.
En 1959, Severo Ochoa4 a reçu le
prix Nobel de physiologie ou médecine pour avoir synthétisé de l’ARN
­­de ­novo, sans matrice. Or, Mirko a
trouvé que dans des conditions différentes l’enzyme pouvait synthétiser
de novo un ADN. Ainsi, la polymérase
– l’enzyme qui est capable d’enchaîner
des nucléotides en polymère d’ADN ou
d’ARN – prend les éléments, telles des
1. Le physicien français René Lucas (1898-1990) fut directeur de l’École
supérieure de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris (19471968), professeur titulaire de chaire de physique générale à la faculté des
sciences de l’université de Paris (1956-1968) et membre de l’Académie des
sciences.
2. M. Beljanski, « Oncotest: a DNA assay system for the screening of
carcinogenic substances ». IRCS Medical Science, 1979, 7, p. 476.
L. Le Goff, M. Beljanski, « Cancer/anti-cancer dual action drugs in crown-gall
tumors ». IRCS Medical Science, 1979, 7, p. 475.
M. Beljanski, « Oncotest : dépistage des potentiels cancérogènes et
spécifiquement anti-cancéreux. Conceptions et perspectives nouvelles en
briques initiales, et construit d’ellemême ARN ou ADN, selon le milieu.
Du point de vue de l’évolution, c’est
très important. On dit toujours qu’il
y a eu un monde ARN qui a précédé
un monde ADN, parce qu’on n’avait
jamais trouvé de conditions de synthèse d’ADN. Or, c’est ce que Mirko
a trouvé… et publié5, mais curieusement cela ne semble intéresser
personne !
Et il y a un autre point, la contrefaçon. Certaines personnes profitent
de la bonne réputation de nos produits pour distribuer des produits
de bien moindre qualité. De plus, ils
n’investissent pas dans la recherche.
Ils trompent leur monde en usurpant le nom Beljanski®, et parfois
même en reprenant à leur compte
les confirmations scientifiques
faites aux États-Unis. Or, celles-ci
ont toutes été réalisées avec les
produits de Natural Source Ltd. à
New York. Tout cela me choque
profondément. ⚗
Propos recueillis
par Kim-Anh Lim
Pour
aller
plus
loin
. Liste des publications de Mirko Beljanski :
www.beljanski.com
. Entretien avec Monique Beljanski :
http://beljanski.org/francais/
. Monique Beljanski, Mirko Beljanski,
Chronique d’une « fatwa » scientifique, dossier
des découvertes interdites, Guy Trédaniel
Éditeur, 2003.
. Monique et Mirko Beljanski, La Santé
confisquée, Guy Trédaniel Éditeur, 1989.
. Chervet Sophie, Enquête sur un survivant
illégal, l’affaire Gérard Weidlich, Guy
Trédaniel Éditeur, 2002.
. Monique et Mirko Beljanski, Christian
Marcowith, Hervé Janecek, Cancer :
l’approche Beljanski, Guy Trédaniel Éditeur,
2011.
. Monique Beljanski, Beljanski et la
cancérogenèse. Dogmes, mensonges et
nouvelles pistes, éditions de Broca, 2012.
Notes
cancérologie ». Environnement et nouvelle médecine. n° 2, 1982, p. 18-23.
3. De novo est une locution latine signifiant « rafraîchi », « renouvelé »,
« recommençant ». En biologie, de novo signifie nouvellement synthétisé.
Par exemple, une protéine (ou une autre molécule) nouvellement synthétisée.
De novo se rapporte aussi à la création de molécules complexes à partir de
molécules simples de manière spontanée.
4. Severo Ochoa de Albornoz (1905-1993) était un scientifique espagnol,
Prix Nobel de physiologie ou médecine en 1959, avec son élève Arthur
Kornberg, pour leurs recherches sur la synthèse de l’ARN.
5. M. Beljanski, « De Novo Synthesis of DNA – Like Molecules by
Polynucleotide Phosphorylase In Vitro ». J. Mol. Evol. 1996, 42:493-499.
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