Dès lors que cette probabilité est indépendante de a, mais dépend uniquement de la différence
b – a, nous voyons que toutes les valeurs du coordonné sont équiprobables.
Une valeur définie du coordonné, pour une particule dans un état donné par l’équation (2),
n’est plus prédictible, elle ne peut être obtenue que par mesure directe. Mais une telle mesure
perturbe de toutes façons la particule, et altère son état. Une fois le coordonné déterminé, la
particule ne sera plus dans l’état donné par l’équation (2). La conclusion habituelle de la
mécanique quantique à ce sujet, c’est que lorsque le moment d’une particule est connu, son
coordonné n’a pas de réalité physique.
Plus généralement, on montre en mécanique quantique, que si les opérateurs correspondant à
deux quantités physiques, disons A et B ne sont pas commutatifs, c’est à dire si AB ≠ BA, alors,
la connaissance précise de l’un d’eux exclut une connaissance équivalente de l’autre. Bien plus,
toute tentative de déterminer expérimentalement le dernier altèrera l’état du système de façon à
annihiler la connaissance du premier.
De là suit que ou bien (1) la description quantique de la réalité donnée par la fonction d’onde
n’est pas complète ou (2) lorsque les opérateurs correspondant à deux quantités physiques ne
sont pas commutatifs, les deux quantités ne peuvent avoir de réalité simultanée. Car si les deux
ont réalité simultanée – et donc une valeur définie – ces valeurs entreraient dans la description
complète, en accord avec la condition de complétude. Si donc la fonction d’onde offre une telle
description complète de la réalité, elle contiendrait ces valeurs. Celles-ci seraient donc
prévisibles. Mais comme ce n’est pas le cas, nous sommes réduits à l’alternative énoncée.
La mécanique quantique pose habituellement que la fonction d’onde contient effectivement une
description de la réalité physique d’un système, dans l’état auquel il correspond. A première
vue, cette position est parfaitement raisonnable car l’information accessible par la fonction
d’onde semble correspondre exactement à ce qui peut être mesuré sans altérer l’état du
système. Nous verrons cependant que cette position, associée au critère de réalité donné ci-
dessus, conduit à une contradiction.
2
Dans cette intention, supposons que nous ayons deux systèmes, I et II, auxquels nous
permettons d’interagir entre l’instant t = 0 et l’instant t = T. temps après lequel nous supposons
qu’il n’y a plus aucune interaction entre les deux parties. Nous supposons ensuite que les états
des deux systèmes avant t = 0 étaient connus. Nous pouvons alors calculer, à l’aide de
l’équation de Schrödinger, l’état du système combiné I + II à n’importe quel moment
consécutif. En particulier pour n’importe quel t > T . Désignons la fonction d’onde
correspondante par
Q
. Nous ne pouvons cependant pas calculer l’état dans lequel l’un des deux
système est laissé après l’interaction. Cela ne peut se faire, conformément à la mécanique
quantique, qu’à l’aide de mesures ultérieures, selon un procédé connu sous le nom de
réduction du paquet d’onde. Voyons l’essentiel de ce procédé.
Soient a1, a2, a3, … des valeurs eingen d’une quantité physique A appartenant au système I et
u1(x1), u2(x1), u3(x1), …, les fonctions eingein correspondantes où x1 remplace les variables
utilisées pour décrire le premier système. Alors
Q
, considéré comme une fonction de x1, peut se
formuler ainsi :